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00:00Générique
00:07Bienvenue dans Les Informés, l'émission de décryptage de l'actualité de France Info.
00:12On est en direct jusqu'à 9h30. Bonjour Renaud Dely.
00:14Bonjour Salia.
00:14Et bonjour à nos informés autour de la table aujourd'hui.
00:17Alix Bouillaguet, éditorialiste politique à France Info TV.
00:20Je signale l'interview politique à 7h45 tous les matins.
00:23Bonjour Alix.
00:23Bonjour Salia.
00:24Et bonjour à vous François-Xavier Bourmeau, journaliste politique à L'Opinion.
00:28Renaud Dely, on commence tout de suite avec les discussions sur le budget
00:30qui ont commencé dès hier à l'Assemblée nationale.
00:33Et en matière fiscale, tout est mis sur la table,
00:35même le retour de la taxe d'habitation.
00:37Pourquoi pas, c'est effectivement une hypothèse qui est avancée
00:39par un certain nombre d'élus, en particulier évidemment de collectivités locales.
00:42On sait que ce projet de loi de finances est extrêmement compliqué
00:45à adopter d'une part, faute de majorité.
00:47Et puis d'autre part, qu'il y a un effort considérable,
00:4960 milliards d'économies, dont 20 milliards d'impôts supplémentaires.
00:52Ça, c'est l'échelle que veut porter le gouvernement.
00:56Parmi ces mesures d'économie ou d'effort,
00:59le gouvernement commence à en amender certaines.
01:01Par exemple, le report de l'indexation de six mois des pensions
01:05dont seraient exemptées les petites retraites.
01:08Ça, c'est une annonce hier soir du ministre du Budget, Laurent Saint-Martin.
01:12En revanche, d'autres députés et d'autres élus locaux aussi
01:16plaident pour de nouvelles recettes fiscales.
01:17Et effectivement, vous le disiez, pourquoi pas le retour de la taxe d'habitation.
01:22qui a été supprimée sur les résidences principales par Emmanuel Macron.
01:27Jean-François Copé, lui, serait favorable à un retour de cette impôt.
01:30C'est ce que disait sur l'antenne de France Info ce matin le maire LR de Meaux.
01:35J'ai bien conscience qu'en vous parlant de ce problème,
01:36j'irrite forcément tous ceux qui nous écoutent et qui se disent
01:39« mince, encore une taxe ».
01:40Il ne s'agit en rien d'accroître bêtement les impôts
01:46en donnant le sentiment qu'on va rajouter une nouvelle taxe.
01:49En fait, il faut que les Français sachent qu'ils se sont fait avoir.
01:51Il faut que chacun comprenne que lorsque la taxe d'habitation a été supprimée,
01:55les Français ont continué de la payer autrement
01:58puisque ça a été compensé par l'État.
02:00C'est-à-dire que les 21 milliards, 21 milliards,
02:03c'est l'État, c'est le budget de l'État qui les a pris en charge.
02:06Ça, c'est le contribuable.
02:08Effectivement, l'État a compensé en quelque sorte la suppression de la taxe d'habitation,
02:12ce qui d'ailleurs écorne au passage l'argument d'un certain nombre de collectivités locales
02:15qui disent qu'elles sont privées de moyens, en tout cas peut-être d'autonomie,
02:18mais en termes de quantité, ce n'est pas le cas.
02:21Bref, est-ce qu'on peut imaginer dans cette grande foire fiscale
02:24qui s'ouvre pour un certain temps à l'Assemblée nationale
02:27tout au long de la discussion du budget,
02:29voir refleurir un certain nombre de nouvelles taxes, de nouveaux impôts
02:32et pourquoi pas la taxe d'habitation ?
02:34– Alix ?
02:35– Oui, c'est un peu le retour à l'envoyeur.
02:37C'est Michel Barnier lui-même qui a ouvert le fameux tabou de la hausse d'impôts
02:42qui était vraiment le tabou suprême pour Emmanuel Macron
02:45qui les a déjà d'ailleurs baissés de 50 milliards depuis sa première élection.
02:51Et c'est vrai qu'on pouvait se dire, c'est justifié,
02:53il y a une dette abyssale, pourquoi pas les plus aisés pourraient payer ?
02:57Mais c'est vrai que c'est la boîte de Pandore qui est désormais ouverte,
03:00et ouverte non seulement pour beaucoup de secteurs,
03:03l'entreprise, le capital, les hauts revenus, l'épargne, les assurances,
03:08les résidences principales et tout et quanti.
03:10Donc non seulement pour plein de secteurs,
03:11mais en plus, ce n'est pas juste l'apanage de la gauche qui a…
03:15qui effectivement, Éric Coquerel, le patron de la commission des finances,
03:19se rengorge du fait d'avoir augmenté de 60 milliards d'impôts ce prochain budget,
03:25c'est l'apanage de tout le monde.
03:26C'est-à-dire que même le verrou sur le socle commun,
03:29le fameux socle commun, les alliés supposés de Michel Barnier a complètement sauté.
03:32On voit le EPR qui veut alourdir la taxe sur les successions,
03:36le Modem qui veut lui pérenniser les taxes sur les plus aisés,
03:42mais également rendre plus forte la flat tax sur les revenus du capital.
03:48La droite qui veut, on l'a entendu avec Jean-François Copé,
03:51renouer avec la taxe d'habitation.
03:53Donc oui, il y a une frénésie fiscale.
03:55Ce qui va être intéressant, c'est de voir est-ce que la commission des finances
03:59et ce qui s'y est passé, c'est une anomalie, merci Salia,
04:04ou au contraire, c'est quelque chose qui va se répéter en séance.
04:07Parce qu'il faut rappeler effectivement que le budget qui est à l'étude dans l'hémicycle,
04:11ce n'est pas le résultat final de la commission avec tous ces impôts qui ont été rajoutés.
04:18François-Xavier ?
04:19Oui, c'est assez fascinant cette commission.
04:23On a l'impression d'avoir laissé les enfants enfermés dans la classe
04:24avec une boîte de crayons de couleur.
04:26Ils en ont profité pour barbouiller toute l'école.
04:27Est-ce que Michel Barnier va le nettoyer ?
04:30C'est l'enjeu maintenant.
04:32Il y a une forme d'exultation des députés à augmenter les impôts.
04:37Quant au finaliste, c'est vraiment fascinant, tous les projets de hausse d'impôts.
04:43Les expatriés, les armateurs, les hors-bord, les super-riches, les super-dividendes,
04:47les résidences secondaires, principales, enfin tout.
04:49Après sept ans de stabilité fiscale durant lesquels Emmanuel Macron
04:54et Bruno Le Maire avaient résisté à toutes les propositions de hausse d'impôts.
04:57Et même des baisses d'impôts en fait.
04:59Et elles ont été nombreuses.
05:00On a ouvert les tiroirs de Bercy, qui sont pleins de projets en tous sens.
05:04Ça rappelle un peu ce que disait la citation de Ronald Reagan, qui était assez fameuse.
05:09C'est tout ce qui bouge, je le taxe.
05:12Quand ça ne bouge plus, je le réglemente.
05:14Et quand c'est mort, je le subventionne.
05:17Voilà, on en est là.
05:17Il faut espérer quand même qu'il sortira de cette...
05:20Enfin que ces projets de hausse d'impôts ne passeront pas la Commission des finances.
05:25Parce qu'au bout du bout, on y reviendra peut-être,
05:27mais ce qui est en jeu, c'est le consentement à l'impôt.
05:30Et le consentement à l'impôt, c'est une question qui est essentielle
05:33dans le fonctionnement d'une démocratie.
05:34On y reviendra peut-être plus tard.
05:35Mais est-ce que les élus, justement, ils ne proposent pas à tout va des augmentations d'impôts
05:40parce que la baisse, elle a été trop importante depuis 2017
05:43et que l'objectif voulu par Emmanuel Macron de relancer l'économie,
05:47qui est de beaucoup plus de croissance, ça n'a pas marché ?
05:49Je ne crois pas.
05:50Je ne crois pas en fait.
05:51Ça, c'est le discours officiel qui est tenu en particulier par la gauche.
05:53Il y a un certain nombre de décisions qui évidemment sont contestables,
05:56dont les faits contestables qui peuvent être corrigés à la marge,
05:59bien entendu, pour ce qui est de la taxe d'habitation, d'ailleurs, un point en pression.
06:03On a du mal à imaginer que le gouvernement rétablisse la taxe d'habitation
06:08sur la résidence principale tellement c'est un emblème, un totem du bilan du macronisme.
06:14Et ça serait effectivement, je pense, une pilule extrêmement lourde à avaler
06:19pour le Bloc central, justement.
06:21D'ailleurs, le gouvernement a déjà fait savoir qu'il était hostile
06:23autour de la taxe d'habitation.
06:25Mais je ne pense pas que ce soit simplement pour corriger
06:27d'éventuels échecs de la politique économique macroniste
06:31qu'on voit naître, fleurir cette grande foire fiscale,
06:35que ces 100 fleurs fiscales s'épanouissent, comme disait le président Mao.
06:38Et c'est plutôt parce que là, ça ne fait pas mal,
06:40parce que personne ne pense que ça ira au bout.
06:42Pourquoi ? Parce que Michel Barnier devrait faire normalement
06:44le coup de l'ardoise magique, c'est-à-dire le 49-3.
06:47Donc, vous pouvez présenter tous les amendements que vous voulez
06:50pour vous manifester auprès de votre électorat en disant
06:52« Regardez, je suis contre telle hausse ou pour telle hausse,
06:55je veux taxer telle ou telle catégorie ou je veux supprimer
06:58telle ou telle dépense publique. »
07:00Le 49-3, s'il est effectivement dégainé comme c'est probable
07:03par le Premier ministre, effacera tout ça.
07:06On reviendra au texte initial au sein duquel le gouvernement
07:09ne conservera que les amendements adoptés qui lui conviendront.
07:13Et donc, ça veut dire que là, ça explique, y compris que le groupe
07:17Ensemble pour la République a déposé 500 amendements,
07:20le groupe de Laurent Wauquiez, 700, alors qu'ils sont supposés
07:23soutenir Michel Barnier, ça permet de manifester son mécontentement,
07:27de se faire entendre, ça ne fait pas mal.
07:28C'est un peu comme François-Xavier Bourbeau parlait tout à l'heure
07:31de l'école et des enfants qui barbouillent.
07:33Là, ils jouent à la dînette un peu les députés.
07:35Vous savez, c'est pour de faux.
07:36Voilà, ils jouent à la marchande.
07:38Je voudrais totalement chambouler le budget.
07:40Je ne suis pas content du tout, mais de toute façon,
07:42normalement, le 49-3, ils le savent très bien, arrivera derrière.
07:45Et ensuite, en tout cas, pour ce qui est du bloc central macroniste
07:48des deux LR, évidemment qu'ils ne voteront pas la motion de censure
07:51derrière pour faire tomber le gouvernement.
07:53Donc, on peut proposer tout et n'importe quoi
07:55en sachant que ça ne prêtera pas à conséquence.
07:57À 9h14 sur France Info, dans un instant, on va évoquer la relation
08:00entre le gouvernement et les partenaires sociaux.
08:02Mais d'abord, cette alerte enlèvement.
08:05Soyez attentifs.
08:08Ceci est une alerte enlèvement.
08:11Santiago, nouveau-né de sexe masculin, âgé de 17 jours,
08:15cheveux blonds, habillé d'un t-shirt marron de taille 6 mois
08:18et d'un pyjama blanc en velours épais, a été enlevé à la maternité
08:22de l'hôpital Robert Balanger d'Aunes-sous-Bois, Seine-Saint-Denis,
08:25le 21 octobre 2024, entre 23h et 23h30.
08:29Le nourrisson étant prématuré, une prise en charge médicale
08:32constante est indispensable.
08:33Les suspects sont ses parents, un homme âgé de 23 ans,
08:36habillé d'un jean sombre, d'un t-shirt blanc, d'un blouson
08:39en jean bleu clair et d'un sur-blouson noir, et une femme âgée
08:42de 25 ans, habillée d'un pull blanc, d'un blouson sans manche,
08:45bleu clair et d'une jupe verte.
08:47Si vous localisez l'enfant, n'intervenez pas vous-même.
08:50Appelez immédiatement le 197 ou envoyez un courriel à
08:54pppj.alerte.enlèvement.intérieur.gouv.fr.
09:069h15 sur France Info, le fil, l'info Maxime Glorieux.
09:10L'examen du budget à l'Assemblée nationale avec parmi les points
09:13de tension le gel temporaire des pensions de retraite.
09:17Le ministre du Budget veut faire un geste, un seuil sous lequel
09:20les petites retraites ne seront pas concernées.
09:23La proposition doit être débattue dans l'hémicycle.
09:25Un député arrêté pour avoir acheté de la drogue à un mineur.
09:29L'insoumis Andy Kerbrat a été pris en flagrant délit jeudi soir
09:33à Paris.
09:34Le député de Loire-Atlantique présente ses excuses et annonce
09:37entamer un protocole de soins.
09:39Couvre-feu prolongé en Martinique pour une semaine supplémentaire
09:42après un regain de violence et de nouveaux barrages contre
09:46la vie chère.
09:47Le mouvement dure depuis début septembre.
09:49Lors de la rentrée en NBA, le championnat américain de basket
09:53de retour la nuit prochaine.
09:5514 Français dont Rudy Gobert jouera ce soir avec les Timberwolves.
09:59Face à lui, les Lakers et un duo historique.
10:03Le père, Lebron et le fils, Brony James.
10:07Les informés continuent avec Alix Bouillaguet, éditorialiste politique
10:20à France Info TV, le Canal 27, avec François-Xavier Bourbeau,
10:24aussi journaliste politique à l'Opinion.
10:26On parlait du budget juste avant le fil info et l'alerte enlèvement.
10:30La multitude de propositions de nouveaux impôts,
10:34est-ce que ça montre un côté irresponsable des élus
10:37qui sont dans cet hémicycle à l'Assemblée nationale ?
10:40D'autant plus que ça fait un peu plus d'une dizaine d'années
10:43qu'on frôle la limite du consentement à l'impôt.
10:45Le premier à l'avoir souligné, c'était Pierre Moscovici en 2013,
10:48après les débuts du quinquennat de François Hollande.
10:51Qui était ministre de l'économie.
10:52Pierre Moscovici qui était ministre de l'économie et qui avait alerté
10:55sur un ras-le-bol fiscal après 22 milliards de hausses d'impôts
10:58en 2012 et 23 en 2013.
11:01Et à ce moment-là, il y a eu un petit problème.
11:02Le consentement à l'impôt, c'est très important.
11:04C'est inscrit dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen.
11:06C'est l'article 14.
11:07Ça a débouché.
11:09Et pourquoi c'est inscrit dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen ?
11:11C'est parce que ça a débouché sur la Révolution en 1789.
11:16En 2013, le ras-le-bol fiscal,
11:18il intervient après une hausse de la taxe carbone.
11:20Et on se souvient que la taxe carbone,
11:23c'est également ce qu'avaient mis les Gilets jaunes dans la rue.
11:25Donc quand vous frôlez la limite du consentement à l'impôt,
11:27vous vous entrez dans une zone assez dangereuse
11:30où les citoyens commencent à pouvoir se mobiliser pour descendre dans la rue
11:34Ils le savent nos politiques, alors pourquoi ils vont dans ce sens, Alex ?
11:37C'est sûr que la France est déjà championne des prélèvements, donc c'est vrai.
11:40Mais ils y vont parce que, comme le dit Renaud,
11:42chacun peut se faire plaisir à peu de frais, chacun peut parler à son électorat
11:46en sachant qu'il n'y aura pas d'incidence
11:48puisque tout ça n'ira pas jusqu'au bout.
11:50La question du 49-3, effectivement,
11:52il n'y a pas de mystère sur le fait que Michel Barnier le déposera à un moment ou à un autre.
11:57La question, c'est quand ?
11:58Alors il faut toujours voir qui conseille quoi.
12:01En l'occurrence, en ce moment, celui qui conseille d'aller assez vite, c'est Gabriel Attal.
12:05Alors on sait qu'il a beau faire partie de ce fameux socle commun,
12:09peut-être qu'il a des arrières-pensées,
12:10où il se dit, finalement, si Michel Barnier s'en fait,
12:13comme tous les précédents premiers ministres sur l'histoire de budget,
12:16c'est peut-être pas plus mal.
12:17Et bien, Michel Barnier, pour l'instant, il semble ne pas vouloir écouter cette fois.
12:20Il veut donner du temps.
12:20Il veut donner du temps.
12:22Pourquoi pas même laisser courir les débats à l'Assemblée nationale
12:25avec ses propositions farfelues,
12:27après, avec le risque qu'il y ait certains amendements voulus par le gouvernement
12:33qui soient rejetés,
12:34mais se dire qu'après tout, la copie, elle est révisée.
12:36Dès lors que ce texte repassera au Sénat,
12:39il y a une majorité de macronistes,
12:40il y a une majorité de droite,
12:42et Michel Barnier pourra retrouver un texte à sa main,
12:46en sachant qu'il a quand même envie de donner des signaux
12:48et donc garder les amendements qui viennent des oppositions.
12:50Notamment en R.L. par exemple, il va falloir donner des gages, ou pas ?
12:53Oui, alors juste un tout petit point.
12:54Pourquoi est-ce que les députés ont tendance plus spontanément
12:58à se tourner en gros vers de nouveaux impôts, quels qu'ils soient ?
13:03Il y a le contexte politique, on est OK.
13:04Puis il y a deux raisons, me semble-t-il.
13:06C'est d'abord que c'est plus rapide.
13:09Il y a un contexte d'urgence.
13:10C'est-à-dire que si on veut résorber le déficit,
13:13c'est beaucoup plus facile de créer un nouvel impôt
13:15pour faire entrer de l'argent tout de suite
13:16que de s'attaquer aux dépenses publiques.
13:19Ça, c'est à la fois beaucoup plus compliqué
13:21et ce serait beaucoup plus risqué politiquement, en quelque sorte.
13:25Et on voit bien, c'est aussi parce que dans ce budget,
13:27il n'y a pas de réforme de l'État,
13:28il n'y a pas de véritable réforme de l'État pour un État plus efficace
13:33que les députés, spontanément, se tournent plus volontiers
13:36sur l'accréhension d'éventuelles nouvelles taxes,
13:38quelles que soient les catégories concernées.
13:40Et ça, ça renvoie au sujet de fond sur le consentement à l'impôt
13:44qu'évoquait François-Xavier Bombeau tout à l'heure.
13:45C'est que je pense qu'on est dans une situation aussi
13:47qui n'est pas née cette année.
13:49Il y a une longue évolution qui fait qu'il y a un taux de prélèvement obligatoire
13:52qui est toujours extrêmement élevé en France,
13:53au regard de la plupart de nos voisins, de la moyenne de l'OCDE, etc.
13:57Et qu'il y a, de la part des contribuables,
14:00quels qu'ils soient, quels que soient les impôts qu'ils payent,
14:02le sentiment de ne plus en avoir vraiment pour leur argent,
14:04c'est-à-dire une dégradation du service public
14:06qui n'est pas liée à la compétence des agents en question,
14:09mais pour l'essentiel, à un mode d'organisation,
14:12probablement des modes de fonctionnement
14:13qui, peut-être, n'ont pas été suffisamment réformés ces dernières décennies.
14:17Et donc, c'est ça qui nuit et qui menace le consentement à l'impôt,
14:20c'est que beaucoup de contribuables ou de citoyens
14:22ont le sentiment de payer des impôts
14:24et déplorent de voir un certain nombre de services publics,
14:27dont les transports ou ailleurs, par exemple,
14:29se dégrader, la santé, etc.,
14:31ne plus en avoir, en quelque sorte, pour leur argent.
14:33C'est ça, le cœur du problème.
14:35Et ça, ce n'est pas avec un budget bouclé en 15 jours
14:39et une grande foire fiscale
14:40que ce sujet-là éminemment démocratique,
14:42qui pose la question du pacte démocratique, sera résolu.
14:46– Renaud, on va maintenant parler…
14:47Ah, vous lui avez rajouté quelque chose, François-Xavier.
14:49– En sortant de cette commission, aucune proposition d'économie, rien.
14:52Sur le volet économique, rien.
14:53– Ça, c'est beaucoup plus risqué, de dire, on va couper là ou là,
14:56là, on entend moins.
14:57En général, les élus disent, il faudrait réduire les dépenses publiques,
15:00mais ils ont plus de mal à dire où et comment.
15:03– Renaud, on va maintenant parler d'une promesse de Michel Barnier,
15:06dès son arrivée à Matignon, il veut réactiver le dialogue social.
15:10– Oui, alors, le dialogue social en panne,
15:11on s'en souvient, sous les gouvernements Elisabeth Borne et Gabriel Attal,
15:13en particulier avec l'épisode de la réforme des retraites,
15:16qui a profondément fâché les partenaires sociaux,
15:19les syndicats avec le gouvernement.
15:21Michel Barnier, dès ses premières déclarations,
15:23s'est voulu l'apôtre d'une restauration du dialogue social,
15:27il l'a fait aussi dans son discours de politique générale.
15:29Et le gouvernement entend d'ailleurs rouvrir les discussions
15:32autour de la réforme de l'assurance chômage,
15:34en redonnant la main, pour un certain temps, aux partenaires sociaux,
15:37à charge pour eux, donc, d'arriver à un accord.
15:39Rouvrir les négociations aussi, dans ce cadre-là, sur l'emploi des seniors.
15:41Les premières discussions doivent commencer aujourd'hui,
15:43à 16h, entre syndicats et patronat.
15:46Mais dans quel but ?
15:47Est-ce que c'est simplement pour restaurer le dialogue social ?
15:49Voici l'analyse, ce matin, de Clément Carbonnier,
15:51qui est économiste et chercheur à l'université Paris 8-Saint-Denis,
15:54qui s'exprimait sur France Info.
15:56L'assurance chômage, on a eu, ces dernières années,
15:58beaucoup de réformes qui ont très fortement diminué, en fait,
16:01la couverture contre le risque chômage.
16:04Et en même temps, là, j'ai envie de dire,
16:06les possibilités de négociations sont assez limitées,
16:09puisque la ligne d'horizon de cette négociation,
16:11c'est, à nouveau, de faire des économies.
16:14Donc, d'aller encore plus loin dans la diminution des protections,
16:17d'une certaine manière, de la couverture des chômeurs.
16:20Alors, est-ce que le but premier, effectivement, là aussi,
16:22c'est de faire des économies ?
16:23Est-ce que ça ne réduit pas, de fait, les marges de manœuvre
16:25des partenaires sociaux invités à discuter ?
16:29Rappelons, pourtant, qu'ils ne partent pas d'une page blanche.
16:32Il y avait un premier accord qui avait été conclu en novembre 2023,
16:35mais qui, finalement, comme il avait capoté précisément
16:38sur le dossier de l'emploi des seigneurs,
16:40avait permis au gouvernement et à Gabriel Attal
16:42de présenter derrière une réforme beaucoup plus radicale.
16:45– Alix ?
16:46– Oui, alors, il y a sans doute une double volonté de Michel Barnier,
16:49oui, travailler et lancer des signaux clairs sur le dialogue social,
16:53dire, ben voilà, cette réforme a été gelée, je pourrais la remettre.
16:57Et c'est ce que lui conseille encore Gabriel Attal,
16:59toujours réfléchir à deux fois avant de l'écouter,
17:02il lui dit, elle est clé en main, tu peux la remettre au 31 décembre.
17:07Lui se dit, ben voilà, ce n'est pas un bon signal.
17:09Et de la même manière que pour la réforme des retraites,
17:11il décide, là encore, de remettre sur le tapis les carrières longues,
17:15les carrières des femmes, pour, effectivement,
17:17avoir estampillé ce saut du dialogue social.
17:22C'est vrai qu'il y a un vrai problème sur le travail des seigneurs,
17:27le sous-emploi des seigneurs, la mise du travail, elle parle de mal français.
17:31Mais quand on regarde, par rapport à nos voisins européens,
17:34le taux d'emploi des 55 sur les 4 ans,
17:36c'est, effectivement, bien inférieur à la moyenne de l'Union européenne.
17:40Et les seigneurs sont moins au chômage que la moyenne européenne,
17:44mais ils ont plus de mal à retrouver un emploi.
17:46Donc, on peut comprendre que Michel Barnier ait envie de travailler
17:50sur ce saut de dossier-là, en sachant que, alors, cette réforme,
17:56elle fait 400, il demande un effort supplémentaire au syndicat
17:59de 400 millions par an.
18:03Je n'arrive pas à comprendre si c'est en plus...
18:06Enfin, si ça détruit complètement les 4 milliards.
18:08La réforme ATAL, c'était 4 milliards.
18:10Est-ce que ça s'ajoute ? Est-ce que ça se conditionne ?
18:12Ça se soue ? Voilà.
18:15– Parce que, pour le moment, il n'est pas question de reprendre
18:16la réforme de l'assurance-chômage de Gabriel ATAL.
18:19C'est d'où la demande aux partenaires sociaux de renégocier entre eux.
18:24– Oui, non, ils leur redonnent la main.
18:26En gros, c'est toujours la même histoire.
18:28Vous voulez refaire du dialogue social,
18:30il faut redonner du grain à moudre au syndicat.
18:31Donc là, ils ont un thème de négociation.
18:35D'ailleurs, ils sont plutôt contents de se remettre à négocier.
18:39Renaud disait tout à l'heure que le dialogue social
18:42n'avait pas été très développé avec Elisabeth Borne et Gabriel ATAL,
18:46mais même avant eux, même sous Édouard Philippe et Jean Castex.
18:50– La ministre du Travail, c'était Elisabeth Borne aussi.
18:53– C'était une façon...
18:54Parce qu'Emmanuel Macron, lui, voulait rompre
18:55avec toutes ces histoires de grand messe où on donne la parole au syndicat.
18:59Pour lui, c'était le Nouveau Monde d'arrêter les grenelles de ceci,
19:03les grenelles de cela et donner la main au syndicat
19:05pour négocier des réformes sociales.
19:07Donc là encore, c'est aussi une façon de solder l'héritage Macron
19:12comme le budget avec les attaques sur les hausses d'impôts ou l'apprentissage,
19:16et une façon de rompre avec les allées Macron.
19:20Les syndicats, bon, ils vont forcément se mettre autour de la table,
19:23aller tout ça, négocier cette réforme.
19:26Mais pendant qu'ils négocient,
19:27ils ne sont pas occupés à manifester ou à contester autre chose.
19:30Donc c'est aussi une façon d'essayer de ramener un peu de calme dans le...
19:34– Ah, vous voyez ça comme une stratégie ?
19:35– En même temps, c'est fini mi-novembre, ou fin novembre.
19:36– Oui, c'est toujours ça de gagné.
19:38– Mais c'est vrai que vous avez raison,
19:39il y a en quelque sorte un vice de forme dans le macronisme de l'origine.
19:42Bien sûr, si on remonte à 2017, ce qui semble être aujourd'hui la préhistoire,
19:45quasiment, vu l'évolution de l'éducation politique
19:47ces derniers mois, ces dernières années.
19:48On se souvient qu'Emmanuel Macron se présentait lui-même, plus ou moins,
19:52comme un disciple de Michel Rocard, un héritier de la deuxième gauche,
19:55que certains y voyaient là un apôtre, justement,
19:58d'un dialogue social fécond et constructif.
20:02Très rapidement, on s'est rendu compte que ce n'était pas le cas,
20:04qu'il y avait justement un mode de gestion extrêmement vertical,
20:07par-delà les partenaires sociaux, par-delà les syndicats.
20:09Le premier qui s'en est rendu compte de façon spectaculaire,
20:11c'est Laurent Berger, à l'époque à la tête de la CFDT.
20:13Il a, lui, pris conscience rapidement du fait qu'il y avait un problème
20:19dans le mode de fonctionnement d'Emmanuel Macron vis-à-vis des syndicats.
20:21Effectivement, Emmanuel Macron considérait, en gros,
20:23que les syndicats étaient une forme de perte de temps,
20:25ce qui était d'ailleurs lié, là aussi, en partie au règlement de comptes
20:28qu'il continuait de perpétuer à l'endroit de son prédécesseur, François Hollande.
20:31Il reprochait, en gros, à François Hollande d'avoir trop écouté les syndicats,
20:34en général, et la CFDT en particulier.
20:36Donc, de très longue date, effectivement, le dialogue social est en panne,
20:39quasiment depuis le début du premier quinquennat, ça c'est clair.
20:42Et c'est vrai que ça, c'est le principal atout
20:44dont peut bénéficier aujourd'hui Michel Barnier.
20:46En quelque sorte, c'est le changement de climat.
20:48C'est l'état d'esprit, justement, des partenaires sociaux
20:50qui sont tellement remontés contre les prédécesseurs,
20:52et en l'occurrence, les tout derniers prédécesseurs,
20:54Gabriel Attal et Elisabeth Borne,
20:56qu'ils ont plutôt ouvert la discussion.
20:57Reste que le cadre est contraint, c'est-à-dire celui des économies,
21:00le cadre du calendrier, comme l'a rappelé Alix Bouillaguet.
21:02Donc, les marges de manœuvre restent quand même extrêmement étroites.
21:05Du côté du ministère du Travail, de la ministre du Travail,
21:07Astrid Panneus et Ambouvé,
21:10on a pris soin de ne pas édicter une lettre de cadrage, justement, très précise
21:13pour laisser une marge de manœuvre aux partenaires sociaux.
21:16Mais il y a des pistes qui sont évoquées,
21:18qu'il s'agisse des retraites progressives, du cumul emploi-retraite,
21:21ou aussi du dossier des travailleurs frontaliers,
21:23qui pour nombre d'entre eux bénéficient d'un système d'indemnisation particulier
21:27et assez onéreux qui pourrait être justement réformé et source d'économie.
21:31On va donc suivre les négociations entre partenaires sociaux, syndicats et patronats.
21:35Merci beaucoup à tous les trois, Alix Bouillaguet,
21:37éditorialiste politique à France Info Télé.
21:39Je rappelle qu'on vous retrouve tous les matins pour l'interview politique
21:41à 7h45 sur le Canal 27.
21:44François-Xavier Bourbeau, journaliste politique à l'Opinion, merci à vous.
21:47On en profite pour jeter un coup d'œil à la une de l'Opinion du jour,
21:50les retraites, le coup faramineux de l'abrogation,
21:54c'est à lire ce matin dans l'Opinion.
21:56Merci à vous, Renaud, et les informés du soir,
21:58c'est à partir de 20h avec Agathe Lambret et Jean-Emile Baudot.