Les informés du matin du 13 septembre 2024
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00:00Bienvenue dans Les Informés de France Info à la radio et sur le canal 27 de la TNT,
00:10votre émission de décryptage comme chaque jour, jusqu'à 9h30 avec vous, Renaud Dely.
00:16Bonjour Renaud.
00:17Toujours un plaisir de vous retrouver.
00:18Partagé bien sûr.
00:19Et un plaisir de retrouver ce matin Roselyne Fèvre, bonjour.
00:22Bonjour.
00:23Vous êtes chef du service politique de France 24 et bien sûr Henri Vernet, rédacteur en
00:26chef adjoint au Parisien, aujourd'hui en France.
00:28Bonjour Henri.
00:29Et nous commençons avec le sujet, le sujet qui va nous occuper ces prochaines semaines,
00:34c'est le débat et ce casse-tête auquel va être confronté Michel Barnier.
00:37Le premier défi effectivement qui a priori semble très difficile à relever, qui va
00:42s'imposer au futur gouvernement Barnier.
00:45Alors le Premier ministre Michel Barnier a annoncé que le gouvernement ce serait pour
00:48la semaine prochaine.
00:49On n'a donc pas encore sa composition mais on sait déjà qu'en haut de la pile, en urgence
00:53figure donc le projet de loi de finances dans un calendrier extrêmement contraint puisque
00:59rappelons qu'il doit arriver ce texte à l'Assemblée nationale au début du mois d'octobre.
01:03Comment trouver une majorité pour faire adopter ce budget dans le contexte politique qu'on
01:08sait, cette Assemblée nationale extrêmement éclatée ? Et puis dans une situation des
01:12finances publiques assez dégradée, surtout dès lors que les gouvernants qui se succèdent
01:18se heurtent à un casse-tête là aussi, celui de vouloir à la fois résorber les déficits
01:25sans baisser les dépenses et sans augmenter les impôts, un casse-tête qui est assez compliqué
01:30à résoudre, au dire même du ministre de l'économie et des finances démissionnaire
01:35sortant Bruno Le Maire qui organisait en quelque sorte un pot de départ en toute sobriété
01:40avec des centaines d'invités hier à Bercy.
01:43Tout le monde veut le désendettement mais personne ne soutient les réductions de dépenses.
01:50C'est l'hypocrisie française.
01:53On veut de la dette en moins et des dépenses en plus.
01:58Forcément, ça ne marche pas.
02:01Pourtant, ce sont des sommes d'ambules, ce qui propose de dépenser toujours plus d'argent public.
02:08Le réveil sera douloureux, pas pour les sommes d'ambules mais pour la France.
02:14Et il en sait quelque chose Bruno Le Maire puisqu'en quittant Bercy, il laisse après
02:197 ans au ministère de l'économie et des finances un déficit record qui devrait atteindre
02:225,6% du budget à la fin de l'année, une dette record elle aussi de plus de 1300 milliards,
02:28une trajectoire des finances publiques extrêmement inquiétante.
02:32Alors, est-ce que ce premier budget de l'ère Barnier, on verra combien de temps durera
02:36cette ère, peut contribuer à remédier à cette situation et est-ce que le Premier ministre
02:42sera en mesure de boucler ce budget avec les contraintes financières qu'on connaît d'une
02:45part, et puis la situation politique extrêmement complexe d'autre part ?
02:49Roselyne Fèvre, on dit toujours que c'est assez facile de trouver une majorité pour
02:52faire des dépenses, ça l'est un peu plus de trouver une majorité pour faire des économies,
02:57est-ce que c'est faisable de faire des économies ?
02:59Ça me paraît extrêmement compliqué dans la situation actuelle, d'autre part, il faut
03:03trouver des économies à hauteur de 25 milliards d'euros pour commencer à se remettre dans
03:10une courbe d'amélioration en quelque sorte.
03:13Là, sur le bureau de tous les ministères, il y a des coupes égales, c'est-à-dire ce
03:19qu'on appelle le rabot, tous les budgets ont été rabotés, on comprend bien évidemment
03:24que ça ne suffit pas et que le Premier ministre va devoir faire des choix, des choix difficiles,
03:31extrêmement compliqués, sur la question 1, vous l'avez dit, des dépenses, mais aussi
03:35des recettes, c'est tout aussi délicat.
03:37On a bien vu qu'Emmanuel Macron et Michel Barnier étaient sur la même longueur d'onde,
03:42c'est-à-dire pas d'augmentation d'impôts, pas d'augmentation de taxes pour les entreprises
03:47ni les ménages, alors est-ce qu'il y aura des super-taxes, peut-être pour les super-riches,
03:54pour plaire à la gauche, ce n'est pas totalement impossible, ce qui pourrait peut-être améliorer
03:59le déficit et permettre à Bruxelles de patienter, donc voilà, pour remettre la France dans
04:04les clous, ça va être extrêmement difficile, il va falloir faire des économies beaucoup
04:08plus fortes.
04:09Une autre proposition, et ça montre la radicalité de la chose, je fais vite, c'est la proposition
04:13de l'ancien directeur du FMI, Jacques Delarosière, qui propose 200 milliards d'économies sur
04:1910 ans.
04:20Alors Henri Vernet, quand on entend ce que vient de dire Roselyne, en gros, on a l'impression
04:24que la gauche est prête, effectivement, à avoir plus de recettes, que la droite est
04:29prête à enlever plus de dépenses, bon, ça paraît complètement insoluble.
04:33Oui, c'est insoluble, d'ailleurs, Pierre Moscovici, le président des comptes, avertissait
04:38dans le Parisien en disant que le budget qui arrive sera sans aucun doute le plus
04:42difficile de toute la cinquième, donc c'est dire, il prévoyait d'ailleurs, pourquoi
04:47pas, de laisser un peu plus de temps, parce qu'on dit toujours début, absolument début
04:50octobre, c'est-à-dire qu'en principe, ça devrait être le premier, mais après
04:53tout, s'il faut prendre, disait-il, en tant que, j'allais dire, gardien du temple financier
04:58budgétaire, en tout cas que contrôleur, que s'il le faut, autant prendre une semaine,
05:03deux semaines de plus, le tout, c'est que ça puisse être contrôlé, que ça puisse
05:06être sincère et qu'en effet, des parties puissent se réunir avant que tout cela soit
05:12jeté d'un seul coup.
05:13Alors, évidemment que c'est difficile de réunir, enfin, d'éviter la censure sur
05:20un tel projet.
05:21C'est vrai que les économies, si vraiment la trajectoire qui est indiquée, c'est-à-dire
05:26la réduction du difficile pour 2027, ça voudrait dire 100 milliards en moins, donc
05:29c'est même au-delà des 25 milliards que vous évoquiez, ça voudrait dire en théorie
05:3330 milliards.
05:34Donc, où est-ce qu'on rabote ? Où sont les marges de main d'œuvre ? Où est-ce qu'on
05:42peut raboter ? C'est très difficile à dire, d'autant plus que le gouvernement n'attend
05:45pas formé.
05:46Les ministres qui seront tutélaires et qui ont l'habitude de défendre pied à pied
05:49leur chacun, leur dossier, se mettront à l'œuvre une fois qu'ils seront là.
05:54Sur le calendrier, c'est vrai, Henri Werner a raison, on peut assouplir un petit peu le
05:57calendrier, gagner un petit peu de temps, rajouter 15 jours, 3 semaines, etc. de délais.
06:03Le problème, c'est que même en ajoutant un petit peu de temps pour le débat parlementaire,
06:06ça ne participe pas forcément à la résolution de l'équation politique.
06:10Quand on a d'un côté la gauche qui pose une ligne rouge qui est pas de coupe dans
06:13les dépenses publiques, la droite et le Bloc central, mais aussi le RN d'ailleurs qui
06:17en pose une autre qui n'est pas d'augmentation d'impôts, ce sera le cas le 1er octobre,
06:23le 10, le 15 et le 25 si j'ose dire.
06:25Donc ça ne résout pas d'une part l'équation parlementaire qui va être complète sur d'autres
06:29sujets, sur tous les textes présentés par le gouvernement Barnier, mais qui évidemment
06:31déterminant déjà sur le sort du budget, il y a peut-être un élément qui peut permettre
06:35d'aller de faciliter la résolution de cette équation de façon un peu provocatrice, c'est
06:42si le futur ministre des Finances est en quelque sorte débarrassé de la tutelle du Président
06:45de la République.
06:46Pourquoi ? Parce que quand on écoutait le discours de Bruno Le Maire dont on a passé
06:49un extrait tout à l'heure, c'est vrai qu'il y a un petit côté un peu cocasse que le ministre
06:52de l'Économie et des Finances au terme d'un septennat à Bercy donne des leçons en expliquant
06:56évidemment on ne peut pas à la fois résoudre les dépenses...
06:58C'est sûrement le bilan du ministre de l'Économie.
07:01Sauf que ce n'était pas forcément une autocritique visiblement dans les propos de Bruno Le Maire,
07:06mais c'était peut-être un message adressé à l'endroit aussi de l'Élysée et du chef
07:09de l'État parce qu'on sait aussi que depuis des années, effectivement Bruno Le Maire
07:12lui a plaidé pour la sortie du quoi qu'il en coûte, il a à plusieurs reprises tiré
07:15la sonnette d'alarme sur l'état des finances publiques, souhaitait justement qu'on ralentisse
07:20les dépenses ou qu'on baisse un certain nombre de dépenses, qu'il prône aussi d'avoir
07:22un certain nombre d'augmentation d'impôts, en l'occurrence par exemple la taxation des
07:25rachats d'actions ou les super profits des énergéticiens et à chaque fois c'est plutôt
07:30Emmanuel Macron qui a mis le sujet sous la table, qui fait preuve d'une forme de dilettantisme
07:34sur ce sujet-là.
07:35Évidemment du côté de l'Élysée, du côté d'Emmanuel Macron, en gros on pense que les
07:39bidons vont s'arranger tout seuls si j'ose dire sur le plan des finances publiques et
07:41aujourd'hui on est effectivement face à un mur.
07:43Si jamais Michel Barnier et le futur ministre de l'Économie et des Finances n'ont plus
07:46de rendre à compte de ce point de vue-là directement à Emmanuel Macron, peut-être
07:50que ça facilitera un petit peu la résolution de l'équation.
07:53D'un mot Roselyne Fèvre, parce qu'on va aller au fil info juste après, est-ce que
07:56ça veut dire que ce budget on ne pourra pas le faire adopter autrement que par 49-3 si
08:01tenter que Michel Barnier parvienne ?
08:03Oui ça c'est bien possible, encore un 49-3 ce qui ne serait pas de très bon augure pour
08:11commencer son magistère.
08:14Je dis ça parce que de ce que je comprends depuis tout à l'heure, il n'y a pas de majorité
08:16possible.
08:17Oui comme il n'y a aucune majorité et que le Parlement est divisé en trois, non mais
08:23c'est surtout la complexité de la chose, c'est de faire des choix où on taille, qu'est-ce
08:27qu'on fait.
08:28Je vous parlais tout à l'heure de Jacques Delarossière, lui il dit, dans une interview
08:32au point d'ailleurs, l'ancien directeur du FMI, il dit en fait on n'a qu'à supprimer
08:37180 000 emplois dans la fonction publique sur 10 ans et ça fait des économies de 200
08:45milliards d'euros.
08:46Ça a l'air facile.
08:48Oui ça a l'air facile.
08:50Mais c'est surtout que la gauche va crier évidemment au loup et ce sont des vieilles
08:55recettes de droite, on se souvient de Fillon sur les suppressions des gauches.
08:59Et la RGPP de Nicolas Sarkozy à l'époque.
09:01Voilà, à l'entendre il a l'air de dire que c'est fastoche et que c'est comme ça qu'il
09:04faut faire.
09:05Alors on va parler d'un autre sujet difficile en cette rentrée, quoique peut-être plus
09:09consensuel parmi les oppositions, c'est l'abrogation de la réforme des retraites, c'est juste
09:14après le fil info de 9h15, Claire Chekaglini.
09:19L'autorisation pour l'Ukraine d'utiliser des armes longue portée afin de frapper le
09:23sol russe tème au cœur des discussions aujourd'hui entre le Premier ministre britannique et le
09:27président américain.
09:28Hier, Vladimir Poutine a réitéré ses mises en garde.
09:31Si un missile occidental est employé pour détruire un site en Russie, alors Moscou
09:36entrera en guerre contre l'OTAN.
09:38Les écologistes rencontreront Michel Barnier avant son discours de politique générale,
09:43annonce ce matin de Marine Tondelier, la patronne des Verts, le PS préfère lui attendre le
09:48premier grand oral du Premier ministre face aux députés.
09:51C'est une première depuis trois ans, l'inflation repasse sous le seuil symbolique des 2%.
09:57Confirmation de l'INSEE ce matin, les prix n'ont augmenté d'août 2023 à août de
10:02cette année que de 1,8%, un résultat obtenu grâce à un très net ralentissement des
10:08prix de l'énergie.
10:09Deux à trois fois plus de mises qu'un jour ordinaire, la FDJ décroche le gros lot en
10:14ce vendredi 13, environ 25 millions de joueurs vont tenter leur chance aujourd'hui, indique
10:20sur France Info ce matin Rémi Lattaste de la FDJ.
10:34Et toujours Roselyne Fèvre, chef du service politique de France 24, ainsi qu'Henri
10:40Vernet, rédacteur en chef au Parisien, aujourd'hui en France.
10:43Bruno, notre deuxième débat est un petit peu lié au premier puisqu'il s'agit de
10:47la réforme des retraites et tout le monde lui en veut à cette réforme des retraites.
10:50Rien ne vous écharpe effectivement Henri Hervé, dans ce contexte budgétaire extrêmement
10:54complexe qu'on évoquait à l'instant, eh bien il y a effectivement le sort de la réforme
10:57des retraites qui est en jeu, en jeu d'ailleurs depuis la nomination du Premier ministre,
11:01et même dans la recherche du Premier ministre par le chef de l'État pendant plusieurs
11:06jours, c'était un sujet qu'il mettait dans ses entretiens avec les postulants en
11:09quelque sorte, on sait que Michel Barnier lui a priori ne veut pas remettre en cause
11:13l'âge de départ, le report de l'âge de départ à 64 ans, mais il a parlé d'amélioration
11:17possible du texte, on en est là pour l'instant, du côté de l'Elysée on évoque des aménagements
11:23qui pourraient être acceptables, alors lesquels on le verra, mais du côté des oppositions
11:27c'est beaucoup plus clair, on réclame l'abrogation, c'est la position de l'ensemble de la gauche,
11:32du nouveau Front Populaire, mais aussi du Rassemblement National, le parti d'extrême
11:36droite qui a présenté d'ailleurs, qui a déposé hier une proposition de loi qui
11:39sera étudiée dans sa niche parlementaire le 31 octobre prochain, qui a été défendue
11:44ici même il y a quelques minutes par le vice-président du parti Sébastien Chenu, est-ce que la gauche
11:50votera ou pas la proposition de loi présentée par l'ORN ? Voici ce qu'en disait Sébastien
11:54Chenu.
11:55Nous, nous disons aux français, nous mettons sur la table l'abrogation de la réforme
11:59des retraites qui est souhaitée par une majorité de français, nous mettons ça sur la table,
12:04le votera, qui souhaitera le voter et rendra compte à ses électeurs ? Si la gauche ne
12:09peut pas le voter, ça veut dire qu'il privilégie la petite tambouille politicienne à l'intérêt
12:12des français.
12:13Henri Vernet, c'est ça, chacun va essayer de se compter, parce qu'on a effectivement
12:18l'ORN qui dépose sa proposition de loi, on dit que les insoumis envisagent peut-être
12:23des amendements ou leur propre proposition de loi, c'est ça l'idée, c'est qu'il y
12:26aura le scalp ?
12:27Oui, d'ailleurs c'est un piège assez habile, la manière dont l'ORN a amené cette proposition,
12:32et donc en profitant de sa niche parlementaire, ils sont les premiers à bénéficier de niches
12:36parlementaires dans cette nouvelle mandature, pourquoi c'est assez habile ? Parce que d'abord
12:41leur projet, il n'est pas le même que celui de la NFP, dans leur proposition il est question
12:44de ramener l'âge de la retraite à 62 ans, 42 annuités, alors avec des possibilités
12:49pour ceux qui ont commencé très tôt, donc à 60 ans, mais disons que c'est moins, j'allais
12:53dire, c'était moins radical que celui du NFP, qui lui voulait purement et simplement
12:57un retour à 60 ans.
12:59Donc en disant cela, en mettant la gauche au pied du mur, c'est vrai, est-ce qu'elle
13:02va voter avec l'ORN, ce qui est une opposition de principe déjà, par exemple, pour deux
13:08composantes au moins du NFP, qui sont les écologistes et qui est le PS, pour eux il
13:12ne sera pas question, mais même les Insoumis ont déjà dit qu'à priori ils ne voteraient
13:15pas une proposition, et maintenant de leur part, pourquoi c'est un piège ? Parce que
13:20c'est vrai que l'ORN, on voit bien que désormais, leur cible principale c'est le NFP, c'est
13:24la gauche, c'est-à-dire que le match dans la tête de Mélenchon, parce que c'est quand
13:27même de lui qu'il s'agit quand on parle des Insoumis, et puis un petit peu du NFP
13:31aussi, c'est vraiment en 2027, et donc l'idée que le match se jouerait entre eux et Marine
13:36Le Pen, entre eux et l'ORN, et donc cibler là immédiatement la gauche, parce que c'est
13:42vrai que la gauche serait gênée, malgré tout, dans la tête des électeurs, il y aurait
13:46quelque chose, voilà, vous avez une opportunité de mettre fin à cette réforme, qui quand
13:50même...
13:51Oui, l'ORN pourra prendre à témoin l'opinion...
13:52Exactement, et dernier point, c'est vrai que cette retraite de 74 ans, elle était largement
13:56dans la tête des gens quand ils ont voté le 30 juin et le 7 juillet, donc aux législatives,
14:01en souhaitant une alternance politique au sommet, donc évidemment que c'est un enjeu
14:06qui passionne les Français, et ils regarderont bien qui vote à quoi.
14:10Roselyne Fèvre.
14:11Alors, moi je pense que tout ça c'était si magré, parce que...
14:14Vous ne parlez pas des propos d'Henri Werner en ce moment.
14:18Oui, c'est sympa, c'est vrai, c'est ce que vous venez de dire, mais tout ce qu'il est
14:21en train de se passer, c'est en vérité du théâtre, pourquoi ? Parce que l'ORN dit
14:27qu'effectivement on défouraille les premiers, on est les premiers, mais il faut savoir que
14:32toute proposition de loi émanant du Parlement doit être budgétairement à l'équilibre.
14:39Et donc recevable.
14:40Oui, étant donné que la loi a été votée, et qu'elle engage des économies engagées
14:50de 15 milliards d'euros, il va falloir les compenser.
14:54C'est ça, c'est qu'en fait on ne peut pas voter une loi, ni même présenter une loi
14:57si elle n'est pas compensée, si la dépense n'est pas compensée par des économies, c'est ça ?
15:02Ou des recettes, pardon.
15:04Quelle est la proposition du Rassemblement National pour compenser tout ça ? On n'a pas la réponse.
15:12Et bien évidemment, comme le disait Henri, il n'y aura pas les mêmes propositions.
15:19C'est-à-dire que le NFP va dire qu'il faut prendre aux ultra-riches.
15:22C'est ça, eux ont des recettes.
15:24Et l'extrême droite va dire qu'on va piquer dans le portefeuille de leur ami Vincent Bolloré.
15:31Je ne suis pas sûre.
15:32Donc c'est pour ça que je vous dis que, non pas ce que disait Henri de Simmagré,
15:37mais que c'est du théâtre politique.
15:38Parce qu'en vérité, rien ne se passera.
15:41C'est ça qu'il faut dire aux Français.
15:43Je ne suis pas sûr qu'enfin, rien ne se passera.
15:44En tout cas, au Parlement, rien ne se passera.
15:46Alors là aussi, je ne suis pas totalement sûr, mais je suis assez d'accord et un peu en désaccord avec vous deux.
15:51C'est-à-dire que l'abrogation, effectivement, ça semble inimaginable pour la raison que vous avez évoquée.
15:55Certes, c'est un piège qui est tendu par le RN au NFP.
15:58En même temps, il y a une porte de sortie dans ce piège, si j'ose dire.
16:01C'est qu'effectivement, comme le disait Henri Vernet, ce n'est pas la proposition du NFP.
16:04C'est-à-dire que 62 ans, ce n'est pas 60.
16:06Donc il y a un argument de fond politique qui peut permettre de dire à la gauche,
16:08non, ce n'est pas l'abrogation que nous souhaitons.
16:10Ce n'est pas la retraite que nous souhaitons.
16:13Outre, effectivement, les modes de financement, les recettes ensuite,
16:16qui ne sont pas les mêmes, effectivement, pour compenser l'éventuelle abrogation du texte actuel.
16:19Donc c'est un piège, mais la gauche peut s'en sortir et expliquer pourquoi elle ne vote pas,
16:25indépendamment même de la nature du RN, ce texte-là.
16:29Ça ne se passera pas forcément au Parlement, mais du côté de la majorité,
16:33enfin, si tant est qu'elle existe, d'ailleurs, il n'y a pas vraiment de majorité,
16:36mais on va dire du côté de Matignon comme, d'ailleurs, du côté de l'Élysée,
16:38l'idée d'aménagement, d'amélioration, y compris d'un point de vue politique,
16:41d'ailleurs, ça peut être utile.
16:42Alors après, est-ce que ça va concerner la situation des femmes qui ont été pénalisées,
16:46par la retraite, par la réforme qui a été adoptée l'année dernière,
16:49la question des carrières longues, la question de l'intégration, de la pénibilité ?
16:53D'autres aussi, dans le camp présidentiel, évoquent, pourquoi pas,
16:57l'idée de ressortir le projet de système à point, de réforme par point.
17:02Le système n'avait pas particulièrement bien fonctionné.
17:04Ça n'avait pas bien fonctionné, et ça pose un autre problème.
17:06Mais les syndicats étaient pour.
17:07Voilà, mais ça pose un autre problème, et ça posera y compris un autre problème
17:11au sein de ce texte-camp, c'est qu'on se souvient que ce système avait été, en fait,
17:13torpillé par Edouard Philippe, par le Covid certes, enterré par le Covid,
17:17mais torpillé d'abord par Edouard Philippe.
17:19Mais en revanche, ça permettrait effectivement, peut-être, de renouer le débat
17:22avec les syndicats et au premier chef, avec la CFDT,
17:25ce qui me semble être une intention de Michel Barnier,
17:27et ce qui ne serait pas inutile au regard du lourd passif de l'exécutif à l'envers de la CFDT.
17:31C'est effectivement évoqué dans son discours de passation.
17:34Est-ce qu'il y a du mou, Henri Vernet, pardon pour le terme un peu trivial,
17:38mais du grain à moudre même, devrais-je dire,
17:41sur des améliorations de cette réforme des retraites,
17:43quand on connaît le contexte, ça fait écho à notre débat précédent,
17:47le contexte financier ?
17:48Oui, en plus l'organisme qui gère, qui surveille tout cet mécanisme-là,
17:53lui-même a donné l'alerte en disant d'ailleurs que la réforme,
17:55elle-même, à 64 ans, ne suffirait pas à garantir l'équilibre à long terme.
17:59Donc c'est vrai que, comme vous le diriez, sur le mou, à priori, il y en a très très peu.
18:02Sauf justement si on joue à la marge, parce qu'en réalité,
18:05il y a quand même un test politique qui est très important pour Michel Barnier,
18:08c'est-à-dire, alors qu'on sait que lui-même était plutôt arc-bouté sur 65 ans
18:12quand il était candidat aux primaires LR il y a deux ans,
18:15et quand un Macron, pour lui, c'est vraiment le totem des 64 ans.
18:18Néanmoins, quand je dis que c'est un test politique vraiment important,
18:23c'est que ce sera la capacité de Michel Barnier à mettre en application
18:27ce pour quoi il est réputé, c'est-à-dire négocier.
18:29Et donc négocier, notamment, vous l'avez dit, au premier chef, avec les partenaires sociaux,
18:32et donc là, oui, il faut quand même qu'il y ait du mou.
18:34Alors, est-ce que, en effet, ce mou concernera la situation des femmes en longue carrière,
18:39des longues carrières, des métiers les plus pénibles ?
18:42Tout ça, pour l'instant, c'est quand même resté très flou
18:44dans la bouche de Michel Barnier vendredi dernier.
18:48Néanmoins, c'est vrai qu'il faudra bien rentrer là-dedans.
18:50Et, en effet, est-ce que pourrait venir une nouvelle discussion sur pourquoi pas définir,
18:57alors pas le système à points en tant que tel,
18:59mais c'est vrai, sur des pistes d'amélioration qui pourraient être,
19:02comment dire, moins mécaniques, moins systémiques que des simples mécanismes d'âge ?
19:07Donc, malgré tout, le chantier semble quand même revenir un petit peu sur la table
19:11avec la seule, comment dire, les limites du mou,
19:14c'est qu'en effet, il faudra pas que ça coûte plus cher.
19:15D'autant plus, Roselyne Pfeffre, que Michel Barnier a plutôt été accueilli,
19:20alors positivement, je dirais peut-être pas jusque-là,
19:23mais en tout cas, voilà, avec un peu d'attente de la part des syndicats
19:28qui ont effectivement entendu ce qu'il a pu dire pendant son discours de passation
19:32qui était, voilà, il faudra parler avec les partenaires sociaux.
19:34Oui, c'est-à-dire qu'il va pas les prendre pour des ustensiles vieillots
19:39qui ne servent plus à rien, comme l'avait fait un petit peu Emmanuel Macron
19:42tout au début de son mandat, donc c'est un homme de discussion.
19:47Mais ce qui, moi, m'ennuie un petit peu,
19:50c'est que est-ce que Michel Barnier va pouvoir avoir une marge de manœuvre
19:56s'il fait un pacte avec la droite, avec notamment les Républicains,
20:00comme ça a l'air d'en prendre le chemin ?
20:02On a vu que ce soit le Wauquiez, Retailleau, etc.
20:05Voilà, il est hors de question pour la droite de toucher à la retraite.
20:10Et d'autant que la droite est très arqueboutée là-dessus
20:14parce que nous sommes, je vous le rappelle, sous l'œil quand même des marchés
20:18et que la retraite fait partie de cette but témoin,
20:21c'est-à-dire de la volonté de la France de maîtriser ses comptes publics.
20:27Donc il y a ça qui se joue aussi et la droite là-dessus va être très sourcilleuse.
20:32Vous avez raison sur l'âge de départ.
20:34On n'imagine pas que Michel Barnier revienne sur l'âge de départ à 64 ans.
20:39Effectivement, ça c'est une ligne rouge tant pour Matignon que pour l'Elysée.
20:42Et pour la droite qui sera l'un des soutiens de Michel Barnier.
20:46Mais sur le reste de la réforme, je pense qu'il y a des aménagements
20:51et des discussions qui peuvent reprendre,
20:53qu'il s'agisse des femmes, encore une fois, des carrières longues,
20:55de la pénibilité et d'autres sujets extrêmement importants.
20:58Sur la justice en fait.
21:00C'est une question de justice et de justice sociale.
21:02Ça ne plomberait pas excessivement les comptes, si j'ose dire,
21:05surtout au regard de la situation actuelle.
21:07Et je pense que c'est un intérêt aussi à la fois politique et presque sociétal.
21:11C'est-à-dire d'abord pour Michel Barnier et pour les partenaires sociaux
21:14de retrouver le chemin de la discussion
21:16au regard de ce qui s'est passé ces dernières années.
21:18Ce qui explique d'ailleurs l'indulgence avec laquelle Michel Barnier a été accueilli,
21:21comme vous le disiez, Adrien Beck, par certains syndicats en tout cas,
21:24c'est que quand il y a un changement, on sait ce qu'on perd,
21:27on ne sait pas forcément ce qu'on trouve.
21:29Mais en l'occurrence, ils ne regrettent pas le temps du macronisme triomphant,
21:32les syndicats, et notamment ceux qui sont plus peut-être rompus
21:36à la négociation et à la discussion,
21:38comme un syndicat réformiste comme la CFDT.
21:40– C'est ça. – En deux mots, Henri Vernet.
21:42– On veut vraiment montrer, puisque visiblement il n'y a pas de rupture,
21:44il ne s'agit pas d'une cohabitation, mais montrer pour Michel Barnier
21:47qu'il y a au moins un changement de méthode,
21:49et donc comme il a dit à son discours de la tronisation,
21:51qu'on écoute les gens et qu'on discute.
21:53– Henri Vernet, merci rédacteur en chef aux Parisiens,
21:57aujourd'hui en France, merci Roselyne Fèvre,
21:59chef du service politique de France 24,
22:01et bien sûr, merci à vous Renaud Delis, bonne fin de semaine.
22:04– Merci à vous aussi.
22:05– Les informés reviennent ce soir sur France Info.