Un gouvernement du NFP peut-il tenir dans la durée ?

  • il y a 2 mois
Avec Arnaud Benedetti, professeur à la Sorbonne, rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire

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Transcript
00:00Bonjour Arnaud Benedetti.
00:03Bonjour à vous.
00:04Merci d'être avec nous, vous êtes professeur à la Sorbonne, rédacteur en chef de la revue politique et parlementaire.
00:09Avec vous, on va parler de ce nom, de ce nom qui monte sur les réseaux, celle qu'on n'avait pas vu venir,
00:15Huguette Bello, la présidente du conseil régional de la Réunion qui est proposée par le PC et qui coche de nombreuses cases selon Jean-Luc Mélenchon.
00:26Qu'est-ce que vous en pensez vous ? Un nom qui pourrait faire consensus au sein du NFP ou pas ?
00:32Non mais le vrai problème aujourd'hui c'est qu'on est face, si vous voulez, à une sorte, je vais être un peu sévère, de réalité alternative.
00:41Le nouveau Front populaire qui certes est arrivé en siège à l'Assemblée nationale avec un peu moins de 100 sièges, n'a pas les moyens sur la durée de pouvoir gouverner.
00:54Ça c'est déjà une réalité qui est une réalité arithmétique.
00:58Imaginons que demain Madame Bello, puisqu'on parle d'elle aujourd'hui, soit investie.
01:03Il est clair qu'elle sera très vite exposée à une motion de censure de l'ensemble des oppositions.
01:12Donc la vraie difficulté aujourd'hui, au-delà de ce que l'on entend évidemment autour de la gauche,
01:19et ce qui est une difficulté qui a été initiée par le Président de la République,
01:26c'est qu'il n'y a pas de majorité aujourd'hui qui permette de pouvoir disposer d'un gouvernement.
01:34On est dans une situation qui est tout à fait unique sous la Ve République.
01:38Personne n'a les moyens de gouverner alors ?
01:41Qui a les moyens de gouverner ?
01:43Aujourd'hui à ce stade, dans l'état des rapports de force politique à l'Assemblée nationale,
01:49dans l'état de ce que l'on sait des négociations entre les uns et les autres,
01:53aujourd'hui il n'y a pas de possibilité de construire un gouvernement qui soit durable.
02:00Alors ça peut peut-être évoluer dans les heures et dans les jours qui viennent,
02:04mais à l'heure où nous parlons, on se retrouve dans une situation qui est d'impasse,
02:09parce que finalement personne ne dispose des clés qui permettraient à une majorité
02:16de pouvoir mettre en place un gouvernement qui soit un gouvernement qui s'installe dans la durée.
02:21C'est aussi simple que cela.
02:23On voit bien que du côté de la gauche, il y a la volonté, si vous voulez,
02:28de dire oui on est arrivé en tête au nombre de sièges, certes,
02:33mais encore une fois, moins de 200 sièges à l'Assemblée nationale,
02:37ça ne permettrait pas de gouverner.
02:39On l'a vu, vous savez, avec une majorité très relative,
02:42durant ces deux dernières années à l'Assemblée nationale,
02:45le parti présidentiel, avec Horizon, avec Renaissance,
02:52avec le modem disposait d'environ 250 députés.
02:56On a vu les difficultés qui étaient celles de ce gouvernement
02:59pour pouvoir caboter entre les différentes oppositions.
03:03Finalement, le président de la République en a tiré les conséquences,
03:06certainement activement en l'occurrence, il a décidé de dissoudre.
03:10En voulant dissoudre, il a certainement voulu clarifier la situation.
03:14La réalité c'est que, comme le disait un grand sociologue, Max Weber,
03:18le résultat de l'action correspond rarement à l'intention initiale de l'acteur.
03:21On se retrouve dans une situation qui est d'une très grande complexité
03:26à laquelle la Ve République n'avait pas été manifestement,
03:29c'est le moins qu'on puisse dire, préparée.
03:31Parce que, tout simplement, les institutions de la Ve République
03:34reposent sur un fait qui est assez simple pour qu'elles puissent fonctionner,
03:39c'est le fait majoritaire.
03:40Et aujourd'hui, il n'y a pas de fait majoritaire en ce moment à l'Assemblée nationale.
03:43La Ve République n'est pas habituée aux coalitions et aux compromis aussi ?
03:47Oui, parce que la Ve République est un régime parlementaire d'un type particulier.
03:53C'est-à-dire que quand on fait la comparaison et qu'on nous dit
03:56« oui, regardez ce qui se passe chez nos voisins »,
03:58oui, certes, chez nos voisins, ils ont des régimes parlementaires
04:01qui, en effet, favorisent ce type de coalitions,
04:04parfois des coalitions d'ailleurs totalement improbables.
04:06Je prendrais l'exemple de l'Italie.
04:08L'Italie, vous avez parfois des coalitions qui peuvent allier la droite et la gauche,
04:12voire l'extrême droite et l'extrême gauche,
04:14ou en tout cas, peut-être pas l'extrême gauche,
04:16mais en tout cas, des partis qui n'ont en tout cas strictement rien à voir,
04:20en apparence, sur le papier.
04:21Quand M. Salvini s'allie, il y a quelques années, en Italie,
04:25avec le Mouvement 5 étoiles, c'est Pompon,
04:27comme si, par exemple, en tirant un peu, bien évidemment, le trait,
04:31le Rassemblement national s'alliait avec la France insoumise.
04:34Donc, la grande difficulté, si vous voulez, c'est que le régime qui est le Nord,
04:39c'est un régime qui est certes parlementaire,
04:41mais c'est un régime aussi qui est semi-présidentiel,
04:44comme le disait le constitutionnaliste Maurice Duverger.
04:46Et ce qui ne facilite pas les coalitions,
04:49au-delà de la question de l'impossibilité aujourd'hui de construire une majorité,
04:54c'est que beaucoup d'acteurs politiques ont l'œil qui est, j'allais dire,
05:02concentré vers l'horizon de la présidentielle.
05:04Oui, déjà, 2027.
05:05Vers 2027.
05:06D'ailleurs, c'est pour ça que le président Macron a dénoncé le spectacle des Astrodessiens,
05:10en disant qu'on n'est pas en 2027 déjà.
05:12Oui, mais regardez, par exemple, sans parler de la majorité,
05:16enfin de l'ancienne majorité, regardez l'attitude de M. Wauquiez.
05:20M. Wauquiez se fait réélire,
05:22il prend la présidence du groupe parlementaire droite républicaine, je crois maintenant,
05:26à l'Assemblée nationale.
05:28Il refuse une coalition, en fait, pour l'instant en tout cas,
05:31avec les amis de M. Macron,
05:33tout simplement parce qu'il a un agenda vraisemblablement personnel,
05:37qui est l'agenda de la présidentielle de 2027,
05:40et il juge qu'aujourd'hui, en tout cas à l'heure où nous parlons,
05:42qu'une coalition avec la majorité battue, la majorité défaite,
05:49constituerait pour lui vraisemblablement un handicap dans, j'allais dire,
05:53ce propre agenda personnel.
05:55Donc c'est ça la réalité.
05:57C'est vrai que depuis plusieurs jours, on parle du nouveau Front populaire.
06:01Le coup de génie de Mélenchon, c'est d'avoir imposé dès 20h05
06:04cette idée que le nouveau Front populaire avait gagné.
06:07Mais la réalité, c'est que le nouveau Front populaire n'a pas gagné.
06:09La réalité, c'est que le nouveau Front populaire, certes, arrive en tête, en siège,
06:12mais la réalité, c'est qu'aussi le nouveau Front populaire
06:14n'est pas majoritaire en voix dans le pays.
06:16Le paradoxe, si vous voulez, ça serait que par exemple,
06:19le pays qui a voté plutôt majoritairement à droite
06:21se retrouve avec un gouvernement de gauche.
06:23Parce que c'est ça quand même aussi le résultat des urnes.
06:25Le rapport de force politique, quand on fait une analyse un peu serrée,
06:28on voit que le pays est plutôt à droite.
06:30Donc cette difficulté aujourd'hui est telle que je ne vois pas,
06:35à l'heure où nous parlons, de solution en tout cas immédiate.
06:39Et on va s'orienter vraisemblablement dans les jours qui viennent
06:42vers un gouvernement qui va gérer les affaires courantes.
06:44Voilà, à suivre en tout cas. On en reparlera avec vous.
06:47Merci beaucoup pour vos lumières, Arnaud Beneniti.

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