Faut-il fermer les plateformes comme Telegram ?

  • le mois dernier
Avec Fabrice Epelboin, spécialiste des médias sociaux / enseignant à Sciences Po et Nathalie Loiseau, eurodéputée Renew et membre du parti Horizons, auteur de "La guerre qu’on ne voit pas venir" aux éditions de l’Observatoire

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##LES_GRANDS_DEBATS_DU_MATIN-2024-08-30##

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00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-10h, Jean-Marie Bordry.
00:04Il est 9h12 sur Sud Radio, notre débat faut-il fermer ou à tout le moins sanctionner les plateformes comme Télégramme ?
00:10Nous en parlons avec vous, 0826-300-300, vous êtes peut-être des utilisateurs de cette plateforme, appelons-la comme ça.
00:16Appelez-nous, tiens, prenez la parole, qu'est-ce que vous y faites, qu'est-ce qu'on y voit ?
00:20On est avec nos deux invités, Nathalie Loiseau, bonjour !
00:23Bonjour !
00:24Soyez la bienvenue sur Sud Radio, vous êtes eurodéputée, Renew Europe, membre du parti Horizon et auteur notamment de ce livre
00:32« La guerre qu'on ne voit pas venir », c'est publié aux éditions de l'Observatoire.
00:37Quelle guerre ? Vous nous le redirez sur Sud Radio.
00:39Nous sommes aussi avec notre autre invité, Fabrice Eppelboin, bonjour !
00:42Bonjour !
00:44Spécialiste des médias sociaux, vous êtes par ailleurs enseignant à Sciences Po.
00:48Il est 9h13 sur Sud Radio, petit rappel des faits, ce grand débat.
00:52Aujourd'hui, faut-il fermer ses plateformes comme Télégramme ?
00:54On revient sur ce qui s'est passé les jours derniers, ma chère Laurie Leclerc.
00:58Le PDG de Télégramme, Pavel Durov, qui est mis en examen, placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire français,
01:045 millions d'euros de caution, avec son frère Nicolas, éco-fondateur de Télégramme en 2013.
01:09Il leur est reproché de ne pas agir contre la diffusion de contenu criminel sur cette messagerie.
01:14La procureure de Paris, Laure Bécuot, explique que Télégramme apparaît dans de multiples dossiers
01:20portant sur différentes infractions avec une quasi-totale absence de réponse aux réquisitions judiciaires,
01:25permettant donc l'interpellation de suspects dans des affaires comme le trafic de stupéfiants,
01:30la pédocriminalité, l'escroquerie ou encore le blanchiment en mode organisé, mais également des organisations terroristes.
01:36Alors ça, c'est pour ce qui circule dans les messages scriptés de cette application.
01:40Revenons maintenant à ce créateur, Pavel Durov.
01:43Quel lien a-t-il avec Emmanuel Macron ?
01:45C'est la question qui a commencé à se poser à tel point que le président a été obligé d'y répondre.
01:48Pavel Durov a rencontré plusieurs fois le président Macron en 2018.
01:52Au cours de l'une de ses rencontres, le sujet de sa naturalisation française est abordé.
01:56Pavel Durov qui obtient ensuite son passeport français en 2021 grâce donc au chef de l'État.
02:01Hier, depuis la Serbie, Emmanuel Macron assume cet octroi de nationalité,
02:04mais a totalement démenti être au courant de la présence du milliardaire la semaine dernière sur le sol français.
02:09Il est faux que j'avais procédé à quelque invitation que ce soit.
02:13C'est totalement faux. Je ne m'étais pas supposé voir M. Durov
02:16ni en fin de semaine dernière, ni dans les jours à venir.
02:18Je n'étais pas au courant qu'il allait arriver en France.
02:22Et c'est une action indépendante de la justice française.
02:25Enfin, pour ce qui est de la naturalisation,
02:27c'est en effet une décision que nous avons prise en 2018 de mémoire
02:32et que j'assume totalement.
02:34Et le Kremlin, de son côté, a mis en garde la France contre une persécution politique.
02:38Voilà, dénonce une tentative de restriction de la liberté de communication,
02:41une arrestation qui pourrait devenir un outil de propagande russe contre l'Occident,
02:45selon le journal Le Parisien.
02:47Et, en effet, de cette mise en lumière de Télégramme,
02:49selon le média américain TechCrunch,
02:51les téléchargements de l'application ont augmenté de 4% en Amérique,
02:55mais également dans le monde entier, depuis l'arrestation de son créateur.
02:58Exactement. Merci, Laurie Leclerc.
03:00Nous sommes avec nos deux invités,
03:02Nathalie Loiseau, je le disais, eurodéputée Renew Europe.
03:05J'imagine que vous aussi, lorsque vous avez lu ce communiqué de presse du Kremlin
03:08qui dénonce un risque de persécution politique, vous avez dû vous étouffer.
03:13Parole d'expert, parce que pour ce qui est de la persécution politique,
03:16le Kremlin en est familier, en particulier vis-à-vis des journalistes,
03:20vis-à-vis des activistes, vis-à-vis de quiconque
03:23contrarie les vues de Vladimir Poutine.
03:27Là, on est face à une affaire de justice,
03:29donc je ne vais pas interférer dans l'affaire de justice elle-même.
03:33Mais ce qu'on comprend, et en tout cas ce que je partage,
03:35c'est que ce n'est pas parce que vous êtes une plateforme en ligne
03:41que ce qui se passe en ligne ne doit pas respecter les règles,
03:45la loi de ce qui se passe dans la vraie vie.
03:48Ce qui est illégal dans la vie réelle doit être illégal en ligne.
03:52Et donc abriter des trafics de pédocriminalité,
03:58abriter des trafics de stupéfiants en ligne,
04:01ne pas coopérer avec la justice, ça a forcément des conséquences.
04:06Dans un pays qui respecte l'état de droit, c'était le cas de la France,
04:10c'est à la justice de décider,
04:12c'est la justice qui a demandé l'arrestation de Pavel Durov.
04:18Il est mis en examen, il est libéré sous contrôle judiciaire étroit,
04:22et c'est la justice qui tranchera.
04:25Mais je ne suis en rien choqué du principe selon lequel
04:29ce qui est illégal dans la vie doit être illégal en ligne de la même manière.
04:32Alors notre autre invité qui est avec nous, Fabrice Eppelbouin,
04:35spécialiste des médias sociaux,
04:37l'arrestation en France de Pavel Durov a été un coup de tonnerre mondial
04:42en quelque sorte, qui a fait réagir dans de nombreux pays.
04:45Tiens, exemple avec le patron de X, Elon Musk.
04:49C'est comme si la France avait été la première à briser un tabou.
04:52Fabrice Eppelbouin, pourquoi ?
04:55Parce que Pavel Durov est une cible facile.
04:59Typiquement, les Brésiliens en ce moment tentent de s'attaquer à Elon Musk
05:03et ils se sont aperçus pas plus tard qu'hier.
05:07Suite à un communiqué de l'armée, que sans Starlink,
05:11l'armée brésilienne était totalement incapable de communiquer.
05:14On rappelle que c'est le réseau de satellites lancé par Elon Musk par ailleurs.
05:17Absolument. Et pour ce qui est de l'Europe,
05:19il n'y a pas de programme spatial européen sans Starlink.
05:22Rien n'est passé.
05:22C'est bien incapable d'assurer le lancement des satellites européens ou raisonnables.
05:27Il n'y a pas de transition écologique,
05:29sauf à se résigner à adopter des voitures électriques chinoises.
05:33Donc, on est sur un rapport de force qui est beaucoup plus facile avec Pavel Durov.
05:37Et puis surtout, il y a un contexte géopolitique qui est plus simple,
05:41on va dire, avec Pavel Durov.
05:42Il est détenteur de quatre passeports.
05:44Alors, si on fait exception d'un petit passeport,
05:46d'un petit paradis fiscal, qu'il partage d'ailleurs avec Patrick Drahi,
05:49il a la nationalité russe, la nationalité française et la nationalité émiratie.
05:54Et le Wall Street Journal a révélé la semaine dernière
05:56que la France et les émiraties, en 2016,
06:00avaient mis sous écoute Pavel Durov
06:02et les relations cyber entre la France et les émiraties,
06:05on n'a pas fini d'en entendre parler.
06:08Donc, on est là dans quelque chose qu'il est difficile de ne pas voir comme un piège.
06:13Parce que, très honnêtement, comment imaginer un instant que le service de renseignement
06:17n'ait pas averti le président de la République
06:19qu'un mandat d'arrêt courait sur l'un de ses protégés
06:22et que celui-ci, bien bénéficiant d'une immunité totale s'il l'avait fait,
06:26n'ait pas averti Pavel Durov d'éviter de mettre les pieds en France.
06:30Là-dessus, il faut arrêter de prendre des gens pour des idiots.
06:32Mais au-delà de ça, Fabrice Eppelbouin,
06:34si cet homme est visé par un mandat d'arrêt pour des faits qui sont graves,
06:36on les a rappelés à l'antenne sur Sud Radio,
06:38il met le pied sur le sol français.
06:40Concrètement, c'est la logique qu'il soit à tout le moins interpellé et mis en examen ?
06:45Dans ce cas-là, il faut interpeller Mark Zuckerberg
06:47parce que vous pouvez également trouver de la prostitution infantile
06:50et de la drogue sur Facebook, tout comme Snapchat,
06:53dont le patron a également bénéficié d'un passeport français.
06:56Et Dieu sait que vous pouvez trouver
06:57et de la drogue et de la prostitution infantile sur Snapchat.
07:01Donc à un moment, on est plus dans l'arbitraire que dans la justice.
07:04Mais d'accord, mais ça nous amène, ça tombe très bien, à notre débat.
07:07Et notre débat, c'est faut-il sanctionner les plateformes comme Télégram
07:11qui laissent circuler des contenus manifestement illégaux et illicites ?
07:14Et ça, c'est le débat fondamental.
07:16C'est pour ça que c'est très bien qu'on l'ait avec vous, Fabrice Eppelbouin,
07:18et avec Nathalie Loiseau.
07:19Nathalie Loiseau.
07:21Écoutez, c'est ce que l'Union européenne a cherché à faire
07:24en votant les premières régulations du numérique,
07:27et en particulier la loi sur les services numériques.
07:30C'est ce que je rappelais tout à l'heure,
07:32c'est-à-dire ce qui est illégal dans la vie est illégal en ligne.
07:35Et je reprends ce que vient de dire Fabrice Eppelbouin.
07:36Alors, je ne suis pas dans sa théorie du complot,
07:38c'est-à-dire le Président savait et il a prévenu ou pas.
07:43La justice en France est indépendante.
07:45Ce n'est pas une théorie du complot, madame.
07:46C'est un risque à la responsabilité de l'enseignement.
07:50Si, vous n'en savez rien.
07:52Et je peux vous dire autre chose,
07:53c'est que la justice ne demande pas la permission
07:55et que les services de renseignement en France respectent la loi.
07:58Heureusement, nous ne sommes pas en Russie,
08:00nous sommes en France et faisons bien la différence.
08:03Alors justement, mais revenons malgré tout sur les autres plateformes.
08:06Est-ce que c'est le début ?
08:08La loi sur les services numériques a été adoptée par l'Union européenne.
08:11Et pourquoi c'est important de l'avoir fait à 27 ?
08:13C'est parce que pour peser face à un Elon Musk,
08:16face à un Mark Zuckerberg, face à TikTok,
08:19on est plus fort à 27 que l'on l'est à niveau national.
08:25C'est demander à ces plateformes de respecter nos règles.
08:29Respecter nos règles, ça veut dire modérer les contenus,
08:32s'assurer qu'il n'y a pas de manipulation de l'information délibérée et malveillante,
08:39et évidemment traquer la criminalité en ligne.
08:44La loi a été adoptée par l'Union européenne.
08:47Maintenant, tout est dans la mise en œuvre.
08:49C'est long, c'est lent.
08:50Les pays européens prennent beaucoup de temps pour désigner
08:54qui dans chaque pays doit être en charge de cette mise en œuvre.
08:58C'était le cas en France, mais ce n'est pas le cas en Belgique.
09:02Et puis surtout maintenant, il faut arrêter les discours,
09:04il faut passer à l'acte.
09:06Thierry Breton a dit à plusieurs reprises
09:08que l'État ne respectait pas le Digital Service Act.
09:16Il y a des sanctions qui sont possibles, qui frappent au portefeuille.
09:19Le but, ce n'est pas forcément de mettre les gens en prison,
09:21mais c'est en tout cas de les convaincre
09:23qu'ils ont intérêt à respecter nos règles
09:25et que nous avons les moyens de les faire respecter.
09:28Justement, on va en parler avec vous dans un instant,
09:30si vous le permettez bien, Nathalie Loiseau,
09:32si vous le voulez bien, restez avec nous.
09:34Et vous tous qui nous écoutez au 0826 300 300,
09:36est-ce que vous utilisez Telegram ?
09:38Qui faites-vous ? Qui voyez-vous ?
09:40Qu'en pensez-vous ?
09:41On est avec Nathalie Loiseau et Fabrice Eppelboin
09:44dans un instant, question très simple
09:46et en même temps presque philosophique.
09:48Qui doit faire la police sur les plateformes ?
09:50Les plateformes elles-mêmes ou les différents États ?
09:52C'est ce qu'on verra avec nos invités à tout de suite.
09:599h25 sur Sud Radio, nous sommes ensemble jusqu'à 10h.
10:02Nous parlons de l'application Telegram,
10:04une plateforme d'échange dans laquelle
10:06vous pouvez vous envoyer des messages,
10:08mais qui sont cryptés tous en voix, des mots d'amour,
10:10évidemment, des messages, des conversations sportives
10:12et aussi des actes qui font froid dans le dos
10:14comme par exemple des messages
10:16dans le cadre de trafic d'enfants.
10:18C'est arrivé des messages à caractère pédocriminel,
10:20des messages à caractère terroriste.
10:22Voilà ce que la justice française
10:24reproche à l'application Telegram
10:26et voilà ce pourquoi a été arrêté
10:28en France il y a quelques jours
10:30son fondateur Pavel Durev.
10:32Alors on pose cette question très simple.
10:34Qui doit faire la police sur ces plateformes ?
10:36Est-ce à l'État de le faire
10:38ou est-ce à ces plateformes elles-mêmes ?
10:40On en débat avec nos deux invités
10:42qui sont toujours avec nous, Fabrice et Pelleboin,
10:44spécialiste des médias sociaux, Nathalie Loiseau,
10:46eurodéputée RIGNOU et membre du parti
10:48HORIZON. Nous sommes aussi
10:50au 0826 300 300. Tiens, avec un
10:52informaticien qui nous appelle,
10:54c'est Johan depuis Marseille. Bonjour Johan !
10:56– Bonjour ! – Bienvenue
10:58sur Sud Radio. Bonne rentrée à vous
11:00si vous l'avez déjà eue.
11:02Tiens, question qu'on vous pose mon cher Johan,
11:04vous qui êtes informaticien. D'abord, est-ce que vous utilisez Telegram ?
11:06– Non.
11:08– C'est une bonne chose.
11:10– J'ai une autre plateforme,
11:12mais pas Telegram.
11:14– Au moins on le saura.
11:16Que vous l'utilisez ou non, la question reste la même.
11:18Qui doit faire la police sur ces plateformes ?
11:20– Écoutez,
11:22moi si j'adapte
11:24à mon métier,
11:28quand je donne un accès
11:30internet à mes collaborateurs,
11:32je suis responsable de
11:34la navigation qu'ils vont avoir dessus.
11:36Pour moi,
11:38ce sont les plateformes
11:40qui doivent modérer
11:42le contenu de celles-ci
11:44et qui doivent s'assurer
11:46que les échanges qu'ils ont dessus respectent
11:48le cadre de leur droit. – Si on reste dans le cadre du travail,
11:50par exemple, vous avez des collaborateurs, s'ils vont
11:52sur un site interdit, délictueux
11:54ou autre depuis le poste que vous leur
11:56fournissez, vous, vous considérez
11:58que c'est votre responsabilité, c'est ça ?
12:00– Ah, c'est pas que je considère, c'est que
12:02légalement c'est ma responsabilité.
12:04Ainsi que celle de mon dirigeant.
12:06Et donc, je suis dans l'obligation,
12:10parce que je suis considéré comme un fournisseur
12:12d'accès internet, je suis dans l'obligation
12:14si la justice vient me demander
12:16des comptes, de leur fournir
12:18des relevés, des connexions de mes
12:20collaborateurs et prouvant qu'ils se sont
12:22bien connectés ou non, d'ailleurs
12:24à des plateformes qui pourraient
12:26être effectivement illégales.
12:28– Mais c'est très intéressant la comparaison que vous faites,
12:30Johan, rester en ligne avec nous, 0800 26 300 300,
12:32ça vaut pour nous aussi, tiens, sur Sud Radio.
12:34Si moi je laisse quiconque tenir
12:36des propos à caractère terroriste ou des appels
12:38à la haine, j'en suis moi-même comptable.
12:40Fabrice Eppelboin,
12:42pourquoi les patrons de plateformes
12:44ou les plateformes elles-mêmes seraient les seules à ne pas
12:46avoir à assumer ce
12:48qu'elles permettent de faire sur leurs propres
12:50plateformes ?
12:52– En vertu de différentes lois comme la LCEN
12:54ou plus proche de nous le fameux Digital Service Act
12:56qui ne prévoit pas du tout ça, qui prévoit
12:58que si on signale aux
13:00plateformes un contenu délicieux, celles-ci
13:02doivent se saisir du problème et
13:04acter. Ce qui est très bien et
13:06le DSA est plutôt bien fictue
13:08à ce niveau-là, il a même prévu
13:10de mettre en place dans chaque nation européenne
13:12des signaleurs
13:14de confiance, c'est-à-dire des entités,
13:16on n'a pas la moindre idée de qui c'est en France,
13:18c'est un vrai problème, mais qui sont désignées
13:20par l'autorité, typiquement en France l'ARCOM,
13:22et qui ensuite vont signaler
13:24un contenu terroriste, un contenu pédophile,
13:26à partir de là, les plateformes doivent s'en saisir.
13:28Ce n'est pas du tout la même preuve que faire
13:30la police chez SPA à la façon d'un État ou d'une
13:32entreprise avec ses employés.
13:34Là, par contre, on a un exemple très clair, c'est la Chine.
13:36La Chine fait ça,
13:38mais pour modérer 800 millions
13:40d'utilisateurs, c'est-à-dire grosso modo le double
13:42du nombre d'utilisateurs qu'on a en Europe,
13:44ils ont 2 millions de modérateurs
13:46payés en large partie par l'État, donc ça ne pèse
13:48pas sur le modèle économique des plateformes locales.
13:502 millions de modérateurs, vous faites une règle de 3,
13:52ça voudrait dire que Facebook devrait avoir 1 million
13:54d'employés juste pour la zone Europe. C'est
13:56invraisemblable au regard de leur modèle économique
13:58et de toute façon, le DSA ne leur demande pas ça,
14:00soyons clairs. Il n'est pas question
14:02de dire aux plateformes, faites
14:04la police chez vous, il est question de dire aux plateformes,
14:06écoutez-nous quand on vous signale
14:08un contenu et prenez acte.
14:10Et n'écoutez pas tout le monde, parce que
14:12si 400 millions d'Européens commencent à signaler
14:14dans tous les sens qu'on va avoir des raids de trolls,
14:16des mouvements d'activistes qui vont se saisir de
14:18cette opportunité, écoutez des gens
14:20qui ont été désignés au sein de chaque
14:22nation européenne comme signaleurs
14:24de confiance. Et c'est là qu'il y a un gros
14:26loup, parce que ces shérifs de la liberté d'expression,
14:28en France, c'est l'opacité
14:30la plus totale. On ne sait pas qui
14:32est en charge de jouer les shérifs
14:34sur la nation française.
14:36Problème d'organisation en France, Nathalie Loiseau ?
14:38Opacité !
14:40On a choisi en
14:42Europe, je crois,
14:44le juste milieu entre ce que Fabrice
14:46et Belmoine décrivaient sur la Chine,
14:48c'est-à-dire un pays où c'est le Parti
14:50communiste qui décide ce qu'on peut voir ou ce qu'on
14:52ne peut pas voir en ligne. Et qui,
14:54d'un côté, déverse de la propagande
14:56et de l'autre, interdit
14:58toute expression critique.
15:00Et le but, c'est certainement pas
15:02de limiter la liberté d'expression.
15:04Et puis de l'autre côté, les Etats-Unis, qui sont
15:06à l'origine de la plupart des grandes plateformes,
15:08et qui restent dans
15:10cette espèce de mythe un peu
15:12libertaire du début
15:14de la création de Facebook et des autres,
15:16qui disent, en gros,
15:18laisser les plateformes décider,
15:20elles s'autoréguleront très bien
15:22toutes seules. On a attendu, on l'a cru.
15:24Il y a eu pendant longtemps un code
15:26de bonne conduite des plateformes
15:28à qui on disait, voilà, écoutez, faites les choses
15:30du mieux possible et on vous fait confiance.
15:32En fait, on s'est aperçu qu'il ne se passait pas grand-chose.
15:34Pour une raison simple, et là encore, Fabrice et Belmoine
15:36l'ont dit, c'est qu'avoir des modérateurs,
15:38ça coûte de l'argent pour les plateformes.
15:40Et c'est un peu plus bonheurant.
15:42Il y avait, par exemple, un certain
15:44nombre de modérateurs sur les contenus en langue
15:46anglaise, déjà beaucoup moins sur
15:48les contenus en langue française, alors pas du tout
15:50sur les langues peu parlées
15:52dans l'Union Européenne. Et on s'est aperçu
15:54que dans des pays comme la Slovénie, la Slovaquie,
15:56la manipulation de l'information,
15:58les contenus illégaux,
16:00étaient absolument pas contrôlés par les plateformes.
16:02Donc on a cherché le juste milieu
16:04en disant, en effet,
16:06écoutez, on vous demande, vous, plateforme,
16:08de veiller à ce qui n'est pas
16:10de manipulation, à ce qui n'est pas
16:12d'opération manifestement artificielle.
16:14On vous demande aussi de nous dire
16:16comment est-ce que
16:18vos algorithmes mettent en avant certains contenus
16:20par rapport à d'autres.
16:22Et on sait tous que les contenus en gros
16:24les plus scandaleux sont ceux qui ont
16:26le plus de visibilité. Est-ce que c'est ça
16:28le modèle de débat public
16:30dont on rêve en Europe ? Je crois pas.
16:32Donc on a ce débat
16:34qui ne va pas une seule
16:36seconde à l'encontre de la liberté d'expression,
16:38mais qui refuse de considérer
16:40qu'un milliardaire américain
16:42a la main
16:44sur la manière dont
16:46il organise notre débat
16:48public dans un espace
16:50public en Europe.
16:52Et je pense que
16:54on avance pas à pas, avec
16:56beaucoup de prudence. Les débats qu'on a eu
16:58au Parlement européen sur la régulation
17:00l'ont montré. On est très
17:02attentifs à ne pas avoir
17:04la main inutilement
17:06lourde, mais on ne veut plus
17:08voir un Elon Musk ou un patron
17:10de TikTok décider de ce qu'on regarde
17:12et de ce qu'il ne faut pas que l'on voit.
17:14J'ai une question toute bête, très concrète
17:16pour vous Nathalie Loiseau, malgré tout.
17:18Des échanges à caractère antisémite,
17:20on en lit tous les jours sur Twitter,
17:22sur X maintenant. Est-ce que ça signifie que la prochaine
17:24fois qu'Elon Musk posera le pied
17:26sur le sol français, il faudra
17:28qu'il soit interpellé pour être comptable
17:30de ce qu'il laisse échanger sur sa plateforme,
17:32au même titre que Pavel Durov sur Telegram ?
17:34Il faudrait déjà qu'il réponde
17:36aux interpellations de la Commission européenne
17:38et que la Commission européenne
17:40entre dans un rôle qu'elle a rarement
17:42joué jusqu'à présent,
17:44consistant, si
17:46les
17:48dérives sont établies,
17:50à imposer des sanctions.
17:526% du chiffre d'affaires mondial
17:54de n'importe quelle plateforme,
17:56je pense que ça fait réfléchir
17:58un Elon Musk ou un autre.
18:00Donc il faut qu'on soit absolument capable
18:02de faire ce que nous avons
18:04décidé que nous ferions.
18:06Moi je constate effectivement
18:08que depuis qu'Elon Musk a pris
18:10la tête de X,
18:12on a vu changer cette plateforme.
18:14On a parfois l'impression
18:16d'ouvrir une poubelle
18:18quand on ouvre ce réseau social.
18:20Moi j'ai constaté, alors de manière très
18:22anecdotique et très personnelle,
18:24j'ai signalé des contenus
18:26qui consistaient en des menaces de mort
18:28me concernant.
18:30Et c'est malheureusement pas rare pour des hommes et des femmes
18:32politiques aujourd'hui.
18:34Quand vous signalez ces contenus à une plateforme comme X,
18:36vous avez des réponses qui vous disent
18:38que le contenu n'est pas contraire aux règles de la communauté.
18:40Là il y a quand même un problème.
18:42Oui, on a tous fait l'expérience.
18:44Donc ça on peut le confirmer, je pense que Fabrice Epelboin le confirme.
18:46J'en parle pas parce que j'ai envie de parler de moi,
18:48mais parce que c'est très général.
18:50Il est aujourd'hui temps que si X
18:52ou d'autres veulent
18:54bénéficier du marché européen,
18:56ils respectent les règles que nous avons décidées en commun
18:58au niveau de l'Union Européenne.
19:00Le mot de la fin pour Fabrice Epelboin.
19:02Une petite mise en contexte.
19:04Elon Musk a dénoncé, après son arrivée
19:06chez Twitter, une ingérence dans la campagne
19:08américaine, une censure des
19:10militants et des candidats
19:12et délus républicains,
19:14ce qui n'est pas sans rappeler des récents déboires
19:16de choses similaires
19:18sur Meta récemment.
19:20Et tout ça a été
19:22taxé de théorie du complot.
19:24Il se trouve que Mark Zuckerberg
19:26vient de confirmer ses propos, pas plus tard
19:28qu'avant-hier, auprès
19:30de la commission judiciaire du Sénat américain,
19:32ce qui montre très clairement une ingérence
19:34de Twitter et une censure.
19:36D'où le fait qu'effectivement, après sa
19:38prise de pouvoir, vous ayez eu l'impression que tout d'un coup
19:40l'extrême droite explosait sur Twitter.
19:42C'est tout simplement du fait qu'elle était censurée avant.
19:44Par ailleurs, Elon Musk a fait
19:46acte de transparence. Tous les algorithmes de Twitter
19:48sont disponibles publiquement et sont
19:50open source. Vous pouvez désactiver
19:52l'algorithme, contrairement aux autres réseaux
19:54sociaux. C'est un onglet. Vous prouvez
19:56l'onglet abonnement. Vous désactivez
19:58l'algorithme. Vous avez accès en permanence
20:00à toutes les modifications d'algorithmes qui sont
20:02publiques et commentées.
20:04Et là-dessus, je conviens tout à fait
20:06qu'effectivement, l'arrivée d'Elon Musk
20:08a donné suite à une explosion de l'extrême droite
20:10aussi bien aux Etats-Unis qu'en France.
20:12Et pas seulement.
20:14Ça correspondait à une censure
20:16précédemment et à de multiples ingérences
20:18de Twitter dans
20:20une quantité de régime politique.
20:22Il en est question également au Brésil.
20:24Et lors d'une récente passe d'armes avec
20:26Thierry Breton, Elon Musk a
20:28sous-entendu qu'il était exactement
20:30le même.
20:32Alors, on est en train de perdre la ligne de Fabrice
20:34Eppelbouin. J'espère que ça ne passera pas pour une censure
20:36cachée parce que ce n'est pas du tout notre attention.
20:38Ça, c'est des choses qui arrivent sur la bande passante.
20:40En tout cas, on a compris, pour résumer
20:42votre propos, mon cher Fabrice Eppelbouin, à la fin
20:44de votre intervention, que l'ingérence
20:46n'était pas toujours derrière ce qu'on croyait.
20:48Si je peux résumer votre propos.
20:50J'aimerais vous remercier l'un et l'autre d'avoir
20:52pris la parole sur Sud Radio.
20:54Nathalie Loiseau, eurodéputée RIGNOU
20:56et membre du Parti Horizon. Merci à Fabrice
20:58Eppelbouin qu'on entendait à l'instant, spécialiste
21:00des médias sociaux. Et merci à Joanne
21:02de Marseille au 0826
21:04300 300. Allez, il est 9h36
21:06sur Sud Radio. Quelle que soit la plateforme
21:08sur laquelle vous êtes, vous allez
21:10avoir froid dans le dos en entendant ce que
21:12vous entendrez dans un instant sur Sud Radio.
21:14Place aux grandes histoires criminelles
21:16françaises.
21:18Parlons vrai.

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