Avec Bertrand Mathieu, professeur émérite de droit constitutionnel à la Sorbonne, auteur de la Justice en questions aux éd. Dialogues (2024) et Luc Gras, politologue
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NewsTranscription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 8h-10h, Benjamin Gleize.
00:05Et Sud Radio, 9h15, parlons horaires et partitions des postes-clés de l'Assemblée Nationale.
00:10Ça a agité toute l'actualité politique ce week-end.
00:13Y a-t-il eu un déni de démocratie ? Une forme de déni.
00:16Aucun poste pour le RN, Marine Le Pen le dit.
00:19Il n'y a plus de règle à l'Assemblée, c'est devenu une zone de non-droit.
00:22Dans le même temps, la France Insoumise saisit le Conseil Constitutionnel.
00:27Les ministres démissionnaires n'auraient pas dû prendre part au vote pour ces postes-clés de l'Assemblée,
00:32notamment pour la présidence de l'Assemblée.
00:34Alors, le règlement de l'hémicycle a-t-il été respecté ?
00:37La constitution a-t-elle été bafouée ?
00:39On en débat avec vous.
00:41Appelez-nous 0826-300-300.
00:43C'est Manu qui nous attend au standard.
00:46Et puis, vous réagissez sur nos réseaux sociaux.
00:48Laurie Leclerc, on rappelle la question qu'on vous pose, la question du jour, sur le Twitter de Sud Radio.
00:53L'Assemblée nationale est-elle devenue une zone de non-droit ?
00:56Qu'est-ce que vous pensez de ces propos de Marine Le Pen ? Est-ce qu'elle a raison ?
00:59Oui à 90%, non à 7%, sans avis à 3%.
01:03Avec ce commentaire, sans aucun doute, effectivement.
01:06Et l'alliance nauséabonde NFP-LFI ajoute ce sentiment à l'Assemblée nationale.
01:10Je vous rappelle notre numéro pour débattre avec nous, 0826-300-300.
01:14Et je vous présente nos invités ce matin, Bertrand Mathieu, bonjour.
01:18Bonjour.
01:19Et merci d'être avec nous ce matin.
01:20Vous êtes professeur émérite du droit constitutionnel, de droit constitutionnel à la Sorbonne,
01:25auteur de La Justice en question, cette heureuse édition Dialogue.
01:29Et puis, Lugra, bonjour.
01:31Bonjour.
01:32Merci à vous aussi d'être avec nous ce matin sur Sud Radio politologue.
01:35Bertrand Mathieu, pour commencer, je le disais, aucun poste pour le RN,
01:39ni au sein des instances du Bureau de l'Assemblée, ni au sein du Bureau des commissions permanentes.
01:44Il n'y a plus de règles à l'Assemblée, dénonce Marine Le Pen.
01:48Le règlement de l'Assemblée a-t-il été bafoué ?
01:52En tout cas, il a été bafoué dans son esprit, parce que la logique du système veut que,
01:58dans les postes de décision de l'Assemblée nationale,
02:02il y ait une représentation qui soit non pas strictement proportionnelle,
02:07mais qui tienne compte de la composition de l'Assemblée nationale.
02:11Et c'est incontestablement pas le cas,
02:13puisque le premier groupe de l'Assemblée nationale a été privé de représentation
02:19dans les postes les plus importants des instances dirigeantes.
02:23Et donc, il y a en effet une violation, non pas forcément des textes,
02:28parce que le règlement est interprété très largement par le Bureau,
02:32et le Bureau, on le sait, est composé d'une majorité de gauche,
02:37mais il y a incontestablement une violation de l'esprit des institutions
02:42avec, on en reparlera probablement, le retour des combinaisonnés de la IVe République.
02:49Justement, parlons-en, le Graalhoeren qui a obtenu, je le rappelle,
02:52plus de 10 millions de voix aux législatives,
02:54comment expliquer tout simplement son absence dans les instances de l'Assemblée ?
02:59Vous savez, les Français ne posent plus véritablement de cordon sanitaire
03:06avec le Rassemblement national,
03:08et alors ce sont les élus qui se sont autoproclamés pour essayer de poser ce cordon sanitaire.
03:14C'est évidemment complexe, monsieur Mathieu a bien raison,
03:18il y a 10,6 millions des électeurs qui ont testé leur choix pour le Rassemblement national,
03:23et en application de l'article 10, aligné à 6 du règlement intérieur de l'Assemblée nationale,
03:29l'idée de proportionnalité n'a pas été respectée.
03:31Donc évidemment, il y a un vrai problème démocratique,
03:34ça peut faire tâche sur cette 17e législature qui s'ouvre.
03:38Oui, ça peut créer une forme de frustration, très clairement,
03:41de la part des électeurs du Rassemblement national Lugra.
03:44Bien sûr, alors toute la question est de savoir
03:47si ça va avoir un effet de démobilisation en disant « on n'y arrivera jamais »
03:51avec ce plan de guerre,
03:53ou si ça va mobiliser les électeurs qui existent encore
03:58et qui sont des personnes qui n'ont pas encore fait le pas
04:01de voter pour le parti dit Le Pen.
04:04Et donc c'est tout ça la question.
04:06Est-ce que ça va permettre au Rassemblement national
04:08de passer de 33-34% à 40%
04:11et ainsi devenir véritablement incontournable ?
04:14C'est toute la question.
04:15Il ne s'agit pas de s'intéresser véritablement directement sur ce fait-là
04:20aux électeurs du Rassemblement national qui déjà votent pour lui,
04:23mais sur est-ce qu'il y a encore une marge de progression
04:25pour le Rassemblement national ?
04:26Évidemment que ce fait joue en la faveur du Rassemblement national.
04:30Bertrand Mathieu, sur cette attribution des postes clés à l'Assemblée nationale,
04:34est-ce qu'il y a un recours possible pour Marine Le Pen, pour le RN ?
04:38Non, pas directement.
04:41On a aussi la question du vote des ministres
04:45lors de l'élection de la présidente de l'Assemblée nationale.
04:50Mais je crois qu'il faut éviter.
04:52On est face à une crise de nature politique.
04:55Et je crois, au-delà du sort du Front national,
04:58ce qui a été très justement expliqué,
05:00il y a véritablement un problème de nos institutions et de notre démocratie.
05:06Dans une démocratie représentative,
05:08il doit y avoir véritablement une représentation des électeurs.
05:11Une représentation la plus fidèle possible au vote.
05:14Ce n'est pas le cas.
05:15Mais je crois qu'il faut...
05:17J'allais dire, Marine Le Pen tombe dans un travers
05:21de ce qu'elle dénonce à juste titre assez souvent.
05:24C'est de ne pas faire du juge l'arbitre des questions politiques,
05:30de toutes les questions politiques.
05:31Il est extrêmement dangereux, me semble-t-il,
05:34de transférer au juge le règlement de débats
05:38qui sont essentiellement des débats de nature politique.
05:41Le juge peut être un arbitre,
05:43mais il n'est pas arbitre de toute la vie politique.
05:45Et en l'occurrence, je ne crois pas
05:47qu'un certain nombre de ces recours
05:49pourront être tranchés par le Conseil constitutionnel.
05:52Alors, elle-même, Marine Le Pen ne l'a pas fait.
05:54Le RN n'a pas justement fait appel au juge,
05:57au Conseil constitutionnel.
05:58On y reviendra, parce que c'est la France insoumise
06:00qui a fait cette démarche.
06:02On y revient dans un instant.
06:03Mais d'abord, Lugras, un mot.
06:05C'est Philippe Juvin de la droite républicaine
06:08qui était mon invité tout à l'heure
06:09et qui disait qu'il dénonçait une forme d'hypocrisie,
06:12de victimisation de la part du RN
06:14qui, quoi qu'il en soit, aura un point important
06:17dans les discussions à l'Assemblée en commission.
06:19Est-ce que vous partagez cette analyse de Philippe Juvin ?
06:24D'abord, il y a un point important,
06:26c'est qu'on ne comprend pas bien stratégiquement
06:29pourquoi le RN s'est mis un petit peu en retrait,
06:33notamment en permettant l'élection
06:35des deux vice-présidents issus de LFI.
06:38Cette stratégie n'a pas été clairement expliquée
06:42et, par conséquent, pas comprise.
06:44Pour le reste, le Bureau a quand même un rôle très important.
06:47Imaginez que demain, un élu de LFI
06:50sorte un keffieh ou un drapeau palestinien
06:55et c'est le Bureau qui est saisi
06:57et qui doit apporter une sanction.
07:00À partir du moment où il y a une majorité
07:03du nouveau Front populaire
07:06au sein du Bureau de l'Assemblée nationale,
07:09quelle va être la position du Bureau ?
07:11Vous voyez, ça ouvre quand même une nouvelle instabilité
07:14au sein de l'Assemblée nationale
07:16dont elle n'avait pas besoin.
07:18Pour le reste, sur la...
07:20C'est-à-dire ? Allons au bout des choses, Lugra.
07:22Ça veut dire qu'aujourd'hui,
07:2412 des 22 membres majorité absolue
07:26sont du nouveau Front populaire.
07:28Ça veut dire qu'ils pourraient bloquer
07:30des sanctions éventuelles
07:32contre leurs élus, leurs députés ?
07:35Et est-ce que, je vais aller encore plus loin,
07:38ça donne carte blanche aux élus,
07:41notamment de la France insoumise, dans l'hémicycle ?
07:45Ça va dans ce sens-là, bien sûr,
07:47puisque c'est le Bureau qui décide
07:49de la sanction ou pas.
07:51Bien sûr, ça va dans ce sens-là.
07:52Après, sur la représentation,
07:54c'est un petit peu tiré par les cheveux,
07:56parce que Juvin fait partie de ce groupe
07:58qui a été le mieux servi.
07:59La droite républicaine...
08:01Deux vice-présidents et une femme aussi
08:04à la caissure de la droite républicaine.
08:06C'est vrai que pour 47 députés,
08:08c'est assez inédit.
08:1046 députés, je crois, tout compris.
08:12Ils ont moins de 8 % des élus
08:16et plus de 18 % des 35,5 points
08:19correspondant à la proportionnalité.
08:21Donc, ils sont représentés à plus de 18 %
08:23avec moins de 8 % des électeurs.
08:25Ceci dit, sur le fond,
08:27c'est vrai que c'est dommageable
08:28de ne pas avoir des représentants au Bureau,
08:30mais c'est vrai qu'en tant que présidente
08:32du groupe Rassemblement National,
08:34elle fait partie de la conférence des présidents.
08:36Et à ce titre, évidemment,
08:37elle est associée à de nombreuses décisions.
08:40Et puis pour la réalité du Parlement
08:42et la vie pratique du Parlement,
08:44chacun sait que les décisions se prennent
08:46parfois dans les couloirs
08:48ou dans le bureau du président
08:50de l'Assemblée Nationale,
08:51en dehors des structures stricto sensu.
08:53Mais la réalité, c'est que démocratiquement,
08:55et j'ai tout à fait d'accord avec ce qui a été dit,
08:57c'est dommageable que dans notre République,
09:00il y ait autant d'électeurs
09:02qui ne soient pas, par l'intermédiaire
09:04de leurs représentants,
09:05présents au sein de l'institution
09:07qui est le Bureau.
09:08Bertrand, Mathieu,
09:10c'est important aussi de se poser de ces questions-là,
09:12finalement, sur le Bureau de l'Assemblée Nationale,
09:15majorité absolue des députés de gauche.
09:19Concrètement, ces sanctions,
09:21il doit y avoir...
09:22C'est quoi ?
09:23C'est une décision qui se prend
09:24à la majorité absolue,
09:26relative au sein du Bureau de l'Assemblée Nationale ?
09:29Est-ce qu'on sait exactement
09:30ce qu'il en est à ce niveau-là ?
09:31Oui, ça peut varier
09:33selon la nature des sanctions.
09:36Mais, en tout cas,
09:37les sanctions les plus importantes
09:39ne pourront pas,
09:41si elles visaient des députés
09:43en effet de la France insoumise,
09:45ne pourraient pas,
09:47finalement, être prises.
09:48Et donc, on va vers une certaine forme
09:51d'impunité.
09:52Et si vous me permettez,
09:53je dirais qu'en fait,
09:54on a une triple crise.
09:55On a une crise démocratique
09:58de représentation.
09:59On a une crise d'efficacité.
10:01On se demande comment cette Assemblée
10:03va pouvoir fonctionner.
10:04Et le problème des sanctions,
10:05que vous soulevez à juste titre,
10:07en est une illustration flagrante.
10:09Et puis, il y a un troisième problème,
10:11c'est qu'il y a un jeu de dupe.
10:12Il y a un jeu de dupe
10:13parce qu'on voit
10:14qu'il y a des stratégies
10:16un peu souterraines
10:17et qu'en fait,
10:18tout le monde pense,
10:19beaucoup, en tout cas,
10:20pense à la prochaine élection présidentielle
10:22et qu'un certain nombre
10:23de comportements
10:24sont obligés à être positionnés.
10:25Pour une prochaine législative ?
10:27Prochaine législative
10:29ou prochaine présidentielle.
10:31Ou prochaine présidentielle.
10:32Et donc là,
10:33il y a une certaine forme
10:34de jeu de dupe.
10:36Vous restez avec nous,
10:37Bertrand Mathieu,
10:38professeur émérite du droit constitutionnel,
10:40de droit constitutionnel à la Sorbonne,
10:42auteur de La Justice en question,
10:43je le rappelle,
10:44aux éditions Dialogue
10:45et puis Lugra, politologue.
10:46On vous retrouve dans un instant,
10:48tous les deux.
10:49Puis vous nous appelez,
10:50vous le savez, 0 826 300 300,
10:52au standard.
10:53Vous prenez la parole,
10:54vous posez vos questions
10:55ou alors vous donnez votre opinion.
10:56C'est à suivre.
10:57A tout de suite sur Sud Radio.
10:58Le Grand Matin Sud Radio,
11:008h-10h,
11:01Benjamin Glez.
11:039h28,
11:04sur Sud Radio,
11:05cette question,
11:06notre débat du jour,
11:070 826 300 300,
11:08répartition des postes clés
11:10à l'Assemblée Nationale.
11:11Y a-t-il eu un déni de démocratie ?
11:13On poursuit le débat.
11:14Donc vous nous appelez,
11:150 826 300 300,
11:16et puis avec nos invités,
11:17Bertrand Mathieu,
11:18professeur émérite de droit constitutionnel
11:20à la Sorbonne,
11:21Lugra, politologue.
11:22J'aimerais qu'on en vienne
11:23à cette saisine du Conseil constitutionnel
11:25de la part de la France Insoumise,
11:27qu'on a évoqué rapidement tout à l'heure,
11:29qui conteste le fait
11:30que les ministres démissionnaires
11:32aient pu prendre part au vote,
11:33notamment pour la réélection de Yael Brown-Pivet.
11:36Que disent les textes à ce sujet,
11:38Bertrand Mathieu ?
11:39C'est clair ou pas ?
11:40Pas du tout.
11:41Pas du tout.
11:42La Constitution pose un principe,
11:45un principe de séparation des pouvoirs
11:47qui voudrait que les membres du gouvernement
11:51ne participent pas à l'activité de l'Assemblée.
11:54On a une loi organique
11:55qui prévoit la situation inverse,
11:58c'est-à-dire lorsque un député devient ministre.
12:03Donc on a des textes
12:05qui ne sont pas clairs du tout
12:07sur cette hypothèse.
12:08Mais je crois qu'il y a quand même
12:10un principe d'interprétation.
12:12Ce principe d'interprétation
12:14qui est lié à la séparation des pouvoirs
12:16voudrait qu'un ministre,
12:18même démissionnaire,
12:19qui garde un certain nombre
12:21de fonctions exécutives,
12:23de fonctions réglementaires,
12:25ne puisse pas participer à une élection
12:30et à une élection du bureau de l'Assemblée.
12:33D'autant plus qu'en fait,
12:35l'Assemblée nationale a pour mission
12:38de contrôler le gouvernement.
12:40Même si ce gouvernement est démissionnaire,
12:42encore une fois,
12:43il est susceptible de prendre des décisions
12:45et il ne peut pas être renversé.
12:47Donc on est dans une confusion,
12:49et pardonnez-moi ces propos confus
12:50qui ne sont que la traduction
12:52de la confusion dans laquelle nous sommes.
12:54C'est clair, dans la confusion, Bertrand Mathieu,
12:56on aura compris en tout cas,
12:58d'une certaine manière,
13:00si je puis ajouter, préciser.
13:02Allez-y, je vous ai coupé,
13:04excusez-moi Bertrand Mathieu.
13:06Le problème, c'est qu'en fait,
13:09c'est une situation...
13:11Un gouvernement démissionnaire,
13:13théoriquement,
13:15et d'ailleurs la pratique,
13:17n'est fait que pour durer quelques jours.
13:19Et donc, en réalité,
13:20le problème, généralement,
13:22ne se pose pas.
13:23Ici, on se trouve dans une situation
13:25tout à fait nouvelle,
13:27dans laquelle,
13:28nouvelle sous la Vème République,
13:30dans laquelle,
13:31on a un gouvernement démissionnaire
13:33dont la durée
13:36est absolument imprévisible,
13:39et qu'il n'a pas de limite.
13:41Et là donc, on se trouve
13:42dans un véritable système de confusion.
13:44Et je crois que si
13:46la contestation de LFI
13:48devant le Conseil constitutionnel,
13:50théoriquement, ne devrait pas aboutir
13:52parce que le Conseil constitutionnel
13:54n'est pas compétent,
13:55il n'en reste pas moins,
13:57qu'on a là un comportement
14:01qui n'est pas véritablement conforme
14:03à la logique de la Constitution.
14:05Et imaginons, Bertrand Mathieu,
14:07avant de vous retrouver,
14:08que le Conseil constitutionnel
14:10donne raison à la France insoumise.
14:13Que se passe-t-il dès lors ?
14:15Dans ce cas-là,
14:16il est évident que l'élection
14:18serait invalidée,
14:19et qu'il faudrait procéder
14:21à une nouvelle élection
14:22sans que puissent y participer
14:24les membres du gouvernement démissionnaire.
14:27Ce qui, bien évidemment,
14:28est ce qu'aurait changé totalement
14:30le résultat du vote,
14:31si l'on regarde la manière
14:33dont il s'est passé.
14:34Oui, puisque à Lugra,
14:36ça s'est joué finalement
14:37à ces 17 voix-là
14:39de ministres démissionnaires
14:40à la réélection de Gaël Braune-Pivet.
14:42C'est vrai que c'est un enjeu
14:43très important, finalement, tout cela.
14:45Oui, ça s'est passé.
14:47Il y a eu 17 ministres,
14:4917 ministres députés,
14:51on pourrait les appeler comme ça,
14:52et ça s'est passé à 13 voix.
14:54Mais moi, je ne crois pas
14:55que la saisine par LFI,
14:58du Conseil constitutionnel,
14:59ait de nature à prospérer,
15:01puisque déjà,
15:02le Conseil constitutionnel
15:03a eu à se prononcer
15:04lors d'une précédente majorité relative.
15:07On était dans une situation
15:09sensiblement comparable,
15:11et il s'était déclaré,
15:12comme il vient d'être dit,
15:14pas compétent.
15:15Donc, je pense que cette hypothèse-là
15:17ne va pas prospérer.
15:18Il faut comprendre,
15:19pour les auditeurs,
15:20pourquoi on est un petit peu
15:21dans cette situation compliquée.
15:24C'est parce que la Vème République
15:26a été créée pour reposer
15:28sur l'efficacité.
15:29On sortait d'un certain nombre
15:31de difficultés,
15:32et on allait affronter
15:33de nouvelles difficultés
15:34dans ces années 58-60.
15:37Eh bien, Michel Debray,
15:40les Constituants,
15:41ont décidé de donner à la France
15:43une majorité,
15:44une possibilité de majorité
15:46effective reposant
15:47sur le parlementarisme
15:48rationalisé.
15:49Par des vagues successives,
15:51on a de plus en plus
15:52renoncé à tout cela.
15:53Tout d'abord,
15:54avec la cohabitation.
15:55Rappelez-vous, à l'époque,
15:56on se posait déjà la question
15:57est-ce que la cohabitation
15:58est possible
15:59sous la Vème République ?
16:00Elle a été possible
16:01avec une majorité absolue.
16:03On a ensuite expérimenté,
16:04en 88,
16:05la majorité relative,
16:06mais au moins,
16:07le Premier ministre
16:08dans la même couleur politique
16:09que le Président.
16:10Et cette fois-ci,
16:11on additionne les deux.
16:12Pas de majorité cohabitation,
16:15sans majorité absolue,
16:16et même pire que cela,
16:17sorte d'archipélagisation
16:20de la vie politique
16:21où on a plusieurs masses,
16:23trois masses
16:24qui sont elles-mêmes
16:25divisées au sein
16:26de leur propre groupe
16:27sauf le Rassemblement national.
16:29Donc on a une situation
16:30inextricable
16:31qui probablement
16:32se tranchera
16:33par la mer des batailles
16:34qu'est l'élection présidentielle
16:35en attendant
16:36aux gérés
16:37au jour le jour.
16:38Et vous rejoignez
16:39Bertrand Mathieu
16:40sur cette importance capitale
16:41de l'élection présidentielle
16:42pour dénouer,
16:43d'une certaine manière,
16:44cette situation.
16:450826 303
16:46sans Bertrand Mathieu Lugras.
16:47On a un certain nombre
16:48d'auditeurs
16:49qui veulent réagir.
16:50Peut-être vous interroger
16:51à ce sujet.
16:52Arnaud d'abord
16:53qui nous appelle
16:54du Morbihan.
16:55Bonjour Arnaud.
16:56Oui, bonjour.
16:57Bonjour.
16:58Merci beaucoup
16:59Sud Radio.
17:00Oui, moi,
17:01je suis un peu inquiet
17:02parce qu'effectivement,
17:03il faut qu'on m'explique
17:04comment 10 millions
17:05d'électeurs
17:06sont tenus à l'écart
17:07du paysage politique
17:08parce que,
17:09effectivement,
17:10on est dans
17:11une situation
17:12où il y a
17:13un paysage politique
17:14parce qu'avec 140 députés,
17:15c'est un peu juste,
17:16comme on dit.
17:17Donc, voilà,
17:18moi,
17:19je comprends
17:20qu'il y ait
17:21un mécontentement
17:22global
17:23dans la population
17:24puisque 10 millions,
17:25140 députés,
17:26ça ne fait pas le compte,
17:27quoi.
17:28C'est ce qu'on disait
17:29tout à l'heure,
17:30d'ailleurs.
17:31Merci Arnaud.
17:32C'est ce qu'on disait
17:33tout à l'heure,
17:34Lugras,
17:35finalement,
17:36sur cette difficulté
17:37pour les électeurs,
17:38finalement,
17:39du RN
17:40ou pour les sympathisants,
17:41voire même au-delà
17:42de comprendre
17:43ce décalage
17:44entre le nombre de voix
17:45obtenues aux législatives
17:46et puis, derrière ça,
17:47le nombre de députés
17:48et puis l'absence
17:49de représentation
17:50au sein du bureau.
17:51Oui,
17:52vous savez,
17:53la logique politique,
17:54pour avoir été longtemps
17:55dans les années
17:56de l'Assemblée nationale,
17:57la logique politique
17:58n'est pas la logique
17:59de l'électeur de base.
18:00Il y a des comportements
18:01qui font que,
18:02finalement,
18:03très vite,
18:04quand on rentre
18:05à l'Assemblée nationale,
18:06on est un peu coupé,
18:07parfois,
18:08de la réalité de terrain
18:09et la politique
18:10tambouille un petit peu,
18:11reprend le dessus.
18:12Alors,
18:13avec les institutions
18:14de la Saint-Germain-en-Brique,
18:15c'était un petit peu encadré
18:16et là,
18:17ça donne libre cours
18:18vraiment de tambouille
18:19un petit peu.
18:20Donc,
18:21on comprend
18:22l'amertume
18:23des gens
18:24qui ont été votés,
18:25qui se sont mobilisés
18:26en masse
18:27et d'ailleurs,
18:28ce qui est vrai
18:29pour le RN
18:30peut être vrai aussi
18:31pour les électeurs
18:32du Nouveau Front populaire
18:33qui ont espéré aussi
18:34de leur côté
18:35voir éventuellement,
18:36à partir du moment
18:37où ils arrivent
18:38au Nouveau Front,
18:39à partir du moment
18:40où ils arrivent en tête
18:41un premier ministre
18:42issu de leur camp,
18:43mais c'est une réalité
18:44qu'il y a
18:45une véritable amertume.
18:46La question
18:47qui est intéressante
18:48au niveau de la science politique,
18:49c'est comment elle va se traduire.
18:50Est-ce qu'elle va se traduire
18:51par un supplément
18:52de mobilisation
18:53de ces électeurs déçus
18:55contre le système actuel
18:57et par la voix,
18:58bien sûr,
18:59et l'expression démocratique
19:00et le vote
19:01aux prochaines élections
19:02ou est-ce que
19:03ça va finalement
19:04avec l'écume du déjour
19:07se calmer ?
19:08Je ne crois pas
19:09vu les tendances
19:11électorales
19:12depuis maintenant
19:13bientôt 20 ans,
19:14je ne crois pas
19:15que ça va se calmer.
19:16Je crois que ça ne peut
19:17que renforcer
19:18ce sentiment
19:19qu'il y a
19:20une injustice
19:21par rapport au RN
19:22et renforcer
19:23ce sentiment-là.
19:24Bertrand Mathieu,
19:25on vous retrouve
19:26dans un instant.
19:27Peut-être pour réagir,
19:28justement,
19:29on retourne au standard
19:30à ce qu'il va nous dire
19:31Abdélak de Mont-de-Marsan.
19:32Bonjour Abdélak.
19:33Oui, bonjour.
19:34Bonjour.
19:35Bienvenue, rapidement.
19:36Oui,
19:37je suis agacé, en fait.
19:38Les gens se pleuraient
19:39des 10%
19:40et des 10 millions
19:41d'électeurs.
19:42Alors je suis désolé,
19:43mon cher Abdélak,
19:44mais non,
19:45on ne vous entend pas du tout.
19:46Ça ne capte pas très bien.
19:47Décalez-vous peut-être
19:48d'un pas ou deux.
19:49J'entends,
19:50mais je ne sais pas.
19:51Désolé, Abdélak.
19:52Véritablement,
19:53on ne vous entend
19:54pas du tout.
19:55Je vous propose,
19:56Abdélak,
19:57peut-être
19:58d'être de nouveau
19:59avec nous demain matin
20:00sur Sud Radio.
20:01On aura l'occasion,
20:02bien sûr,
20:03de revenir sur tous
20:04ces sujets.
20:05Bertrand Mathieu,
20:06j'aimerais revenir
20:07à cette question-là.
20:08On se rend compte,
20:09c'est le point positif
20:10qu'on a de plus en plus
20:11de Français
20:12qui s'intéressent au règlement
20:13de l'Assemblée
20:14et à la Constitution.
20:15C'est peut-être
20:16le point positif
20:17de cette période-là
20:18qu'on vit.
20:19Oui,
20:20vous avez raison.
20:21Pour les constitutionnalistes,
20:22c'est un moment
20:23tout à fait particulier
20:24puisque,
20:25face à une situation
20:26politique particulièrement
20:27désordonnée,
20:28on va essayer
20:29de rechercher
20:30quelques points d'ancrage
20:31dans l'histoire
20:32de l'Assemblée.
20:33C'est-à-dire
20:34qu'il y a
20:35quelques points
20:36d'ancrage
20:37dans la Constitution.
20:38Je voudrais,
20:39si vous le permettez,
20:40répondre à un mot
20:41à votre auditeur
20:42dont je comprends
20:43parfaitement la question.
20:44Le problème,
20:45c'est qu'on a
20:46577 élections,
20:47en fait.
20:48Et donc,
20:49on n'est pas
20:50dans une élection
20:51où il y a
20:52un lien direct.
20:53On n'est pas
20:54à la proportionnelle.
20:55Il n'y a pas
20:56un lien direct
20:57entre le nombre
20:58d'électeurs
20:59pour un courant politique
21:00et le nombre
21:01de députés.
21:02Ce sont des élections
21:03locales
21:04qui ont un résultat
21:05national.
21:06Mais j'ajouterais
21:07quelque chose
21:08qui conduit
21:09ou qui ajoute
21:10au désordre.
21:11On ne sait pas
21:12aujourd'hui
21:13où est la majorité,
21:14où est l'opposition.
21:15Par exemple,
21:16la gauche
21:17revendique
21:18à la fois
21:19d'être majoritaire
21:20et elle revendique
21:21à la fois,
21:22et elle obtient,
21:23le poste de président
21:24de la Commission des Finances
21:25qui est attribué
21:26à l'opposition.
21:27Donc,
21:28j'allais dire,
21:29personne ne peut
21:30s'y retrouver
21:31aujourd'hui
21:32dans ce système
21:33de la parlementaire.
21:34Une situation
21:35complètement inédite.
21:36Alors, je précise
21:37qu'Éric Coquerel,
21:38président LFI
21:39de cette Commission
21:40des Finances,
21:41a dit que
21:42si le président
21:43de la République
21:44nommait un gouvernement
21:45ici du Nouveau Front Populaire,
21:46eh bien,
21:47il se retirerait
21:48de ce poste
21:49de président
21:50de la Commission
21:51des Finances.
21:52Bertrand Mathieu,
21:53un mot aussi
21:54sur la suite,
21:55la suite très directe
21:56dans les prochains jours
21:57de l'Assemblée Nationale.
21:58A priori,
21:59Philippe Juvin,
22:00qui était à mon invité
22:01tout à l'heure
22:02et qui était
22:03le président,
22:04n'avait pas encore
22:05statué sur une date
22:06pour poursuivre
22:07les débats,
22:08pour se rassembler de nouveau
22:09au niveau des députés
22:10dans l'hémicycle.
22:11Est-ce que ça veut dire
22:12que tant qu'il n'y a pas
22:13de gouvernement,
22:14il est impossible
22:15de réunir à nouveau
22:16les députés à l'Assemblée,
22:17Bertrand Mathieu ?
22:18Écoutez,
22:19sauf situation
22:20d'urgence,
22:21le Parlement
22:22ne peut pas
22:23voter la loi.
22:24Ce qui veut dire
22:25que le gouvernement
22:26ne peut pas
22:27déposer
22:28de projet de loi,
22:29s'agissant d'un gouvernement
22:30démissionnaire.
22:31Et on est donc
22:32dans une situation
22:33où pour que
22:34l'ensemble
22:35de la machine
22:36institutionnelle
22:37fonctionne,
22:38il faut qu'il y ait
22:39un gouvernement.
22:40Mais pour qu'il y ait
22:41un gouvernement,
22:42il faut quand même
22:43que se dessine
22:44une forme
22:45de majorité
22:46relative.
22:47Et donc,
22:48c'est
22:49du point de vue
22:50politique
22:51que va se dénuer
22:52éventuellement
22:53la crise institutionnelle.
22:54Et de toute manière,
22:56la prochaine étape
22:57importante,
22:58et ça je crois
22:59que c'est dans le calendrier
23:00qui va se lever,
23:01c'est la préparation
23:02du budget.
23:03La préparation d'un budget
23:04ne peut pas être
23:05l'oeuvre
23:06d'un gouvernement
23:07démissionnaire.
23:08Et donc,
23:09l'heure de vérité
23:10est à la rentrée
23:11lorsqu'il s'agira
23:12de travailler
23:13sur le budget.
23:14Merci beaucoup
23:15Bertrand Mathieu,
23:16professeur émérite
23:17de droit constitutionnel
23:18à la Sorbonne.
23:19Je le rappelle,
23:20auteur de la justice
23:21en question
23:22aux éditions
23:23Dialogue.
23:24Ça vient de sortir.
23:25Merci beaucoup
23:26Lugra,
23:27politologue,
23:28d'avoir été avec nous
23:29aujourd'hui.
23:30On fait un point aussi
23:31sur notre question du jour.
23:32On conclut,
23:33Laurie Leclerc,
23:34cette question
23:35qu'on vous posait
23:36sur nos réseaux sociaux.
23:37L'Assemblée nationale
23:38est devenue une zone
23:39de non-droit
23:40selon Marine Le Pen.
23:41Pensez-vous
23:42qu'elle a raison ?
23:43Eh bien oui,
23:44à 90%,
23:45non à 7%.
23:46Merci beaucoup.
23:47Allez,
23:48on termine les débats
23:49sur Sud Radio.
23:50Dans un instant,
23:51le soleil,
23:52les cocotiers,
23:53peut-être !
23:54En tout cas,
23:55on ouvre notre page ET
23:56sur Sud Radio,
23:57à tout de suite.