Lucie Castets a-t-elle laissé passer sa chance ?

  • le mois dernier
Avec Benjamin Lucas, député de la 8e circonscription des Yvelines et Jean Garrigues, politologue

Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry
______________________________________

Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/
______________________________________

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr

##LES_GRANDS_DEBATS_DU_MATIN-2024-08-23##

Category

🗞
News
Transcript
00:00Vous écoutez Sud Radio, il est 9h10, la France n'a qu'un gouvernement démissionnaire.
00:04C'est un record qui est en passe d'être battu, un record qui tenait depuis la quatrième république.
00:08Mais Emmanuel Macron promet que la nomination de l'autre de Matignon sera rapide à partir de mardi
00:14au terme de ses consultations avec les différentes forces politiques.
00:17Consultation aujourd'hui à l'Elysée avec notamment les représentants du Nouveau Front Populaire,
00:22chef de groupe, de parti et prétendante à Matignon en la personne de Lucie Castet.
00:26On parle du Nouveau Front Populaire et ça tombe bien, on a un représentant du Nouveau Front Populaire qui est avec nous.
00:30C'est Benjamin Lucas, bonjour !
00:32Bonjour à vous.
00:33Député du groupe écologiste et social, membre du Nouveau Front Populaire.
00:38Bon, vos forces seront les premières à être reçues aujourd'hui à l'Elysée.
00:42On est d'accord aussi qu'elles seront les premières à en ressortir en ayant compris qu'elles n'auraient pas de Premier Ministre.
00:48Je n'en sais rien, vous savez le Président de la République est surprenant,
00:50c'est le moins qu'on puisse dire si on veut être gentil en ce début de journée.
00:53Moi je crois que la réalité, la réalité de la composition du Parlement,
00:57la réalité de la vie politique française va s'imposer à Emmanuel Macron.
01:00Et donc nous n'allons pas lui demander quoi que ce soit, nous n'entrons pas en négociation avec lui.
01:04Nous allons avec la ferme intention d'abord de lui rappeler les devoirs de sa charge
01:08et de lui rappeler la réalité de la composition du Parlement.
01:11Il n'y a de majorité absolue disponible pour personne, je le répète, pour personne.
01:15Et donc la règle, la logique, c'est d'aller regarder qui a une majorité relative.
01:19Et nous avons la majorité relative, comme lui l'avait d'ailleurs entre 2022 et 2024.
01:23Sauf que vous avez quand même une majorité, cette majorité elle est contre vous.
01:26C'est la majorité de députés qui sont prêts à censurer tout gouvernement
01:29dans lequel il y aurait un minima des insoumis, mais peut-être même des écologistes, c'est-à-dire vous.
01:34Mais ça on ne peut pas le savoir avant qu'il dépose le vote du motion de censure.
01:36Le Rassemblement national l'a dit, la majorité présidentielle l'a dit aussi.
01:41Moi je vais vous dire que j'étais celui qui a présenté la motion de rejet
01:46contre la loi immigration de M. Darmanin,
01:48trois minutes avant le vote on ne savait pas ce qu'allait faire Mme Le Pen.
01:50Tout ça pour vous dire que je me fie assez peu à la parole de ces gens-là.
01:53Vous êtes en train de me dire que peut-être qu'un gouvernement, le Nouveau Front Populaire
01:57pourrait tenir grâce à Mme Le Pen qui changerait d'avis ?
01:59Non, je prends cet exemple-là pour vous dire que le Parlement est une sorte de sable mouvant.
02:02Et donc je vais venir à ceux dont, à mon avis, ils ne censureront pas le gouvernement.
02:06Les macronistes, pour une grande partie d'entre eux, je pense,
02:10n'assumeraient pas d'avoir à censurer un gouvernement
02:13dont la première décision serait d'abroger la réforme des retraites.
02:15Surtout quand ils ont été élus face au Rassemblement national
02:17dans des circonscriptions où la gauche s'est désistée en leur faveur.
02:20Et donc chacun... Oui mais attendez, tout le monde s'exprime à tort et à travers.
02:23Vous l'avez dit vous-même, il y en a qui disent
02:26on censure s'il y a des insoumis, il y en a qui disent on censure s'il y a des insoumis et des écologistes.
02:29Et puis il y en avait un sur votre plateau tout à l'heure qui disait
02:32on va faire le tri parmi les écologistes.
02:33C'était un centriste, il n'était pas macroniste.
02:34Oui, c'est vrai que la nuance est difficile à trouver en la matière.
02:38Bref, en tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'il y a une logique,
02:41et ce n'est pas au Président de la République pour le coup d'interpréter le Parlement,
02:44c'est au Parlement de s'interpréter lui-même.
02:46Il y a un truc qui s'appelle la séparation des pouvoirs.
02:48Monsieur Macron n'est pas un monarque.
02:50Monsieur Macron n'est pas parlementaire.
02:51Monsieur Macron a perdu les élections législatives.
02:53Et donc ce n'est pas à celui qui a perdu de désigner le gagnant.
02:56Et ce n'est pas à celui qui a perdu,
02:58ce n'est pas au pouvoir sortant de dire qui incarne l'alternance.
03:01L'alternance, elle est incarnée par la force arrivée en tête.
03:03Et il n'y aura pas de cohabitation si ce n'est pas le Nouveau Front populaire
03:06qui choisit le nouveau Premier ministre.
03:07Le Parlement est un sable mouvant.
03:09Nous avez vous dit, ça tombe bien,
03:10on a probablement l'un des meilleurs spécialistes que compte ce pays du Parlement.
03:15Nous sommes avec notre autre invité, Jean Garrigue.
03:17Bonjour.
03:17Bonjour.
03:18Historien, spécialiste d'histoire parlementaire notamment.
03:22Est-ce que pour vous, un gouvernement,
03:24on va commencer par ce scénario-là,
03:27puisque c'est le premier dans l'ordre chronologique,
03:28un gouvernement surprise du Nouveau Front populaire peut tenir plus de deux jours ?
03:33Écoutez, bon, d'abord, moi je suis un observateur.
03:35Je ne suis pas un acteur politique.
03:37Et d'ailleurs, je n'ai plus grand respect pour tous ceux qui s'engagent dans cette action
03:41et qui ne sont pas assez reconnus à leur juste valeur par l'ensemble des citoyens.
03:46Ça, c'est une première chose.
03:51Nous sommes dans une situation totalement inédite sous la Ve République
03:56et qui appelle, à mon sens, des solutions inédites
04:00et une adaptation de la classe politique et des citoyens.
04:05Je m'adresse aussi, d'ailleurs, à cette nouvelle réalité.
04:07De manière assez, comment dirais-je, le bon sens me fait dire
04:15qu'a priori, un gouvernement issu du Nouveau Front populaire,
04:20Lucie Castex, pour être clair,
04:24aurait assez peu de chances de survivre plus de quelques semaines à une motion de censure
04:31dans la mesure où le Rassemblement national s'est dit décider à voter une telle motion de censure.
04:38Donc, on a deux choix.
04:40Soit on tente cette expérience, ce qui peut se justifier par cette tradition républicaine
04:47qui fait qu'en cas de cohabitation, on propose Maxignon à la formation qui est arrivée en tête,
04:55même si cette victoire du Nouveau Front populaire n'est que très relative.
04:59Il faut le reconnaître.
05:01Soit on essaye autre chose.
05:03Moi, il me semble que l'intérêt national, en l'occurrence, pousserait à une autre solution
05:11qui serait, évidemment, rechercher les bases d'un accord politique sur un certain nombre de thématiques
05:19et notamment sur ce qui va être quand même le gros morceau, la loi de finances,
05:25pour trouver un gouvernement qui soit susceptible.
05:28Non pas d'avoir une majorité absolue, mais de ne pas être renversé par une motion de censure
05:34dans l'année, au moins dans l'année qui vient.
05:38C'est-à-dire un gouvernement éventuellement de transition,
05:41mais qui pourrait éviter justement de pénaliser finalement la France
05:46par de nouveaux bouleversements, un nouveau changement de doctrine.
05:52Une forme de paralysie politique en tout cas.
05:54Benjamin Lucas, il n'est pas dans l'intérêt de la nation
05:57si on comprend bien qu'un gouvernement Nouveau Front populaire arrive au pouvoir.
06:00Non pas parce que c'est Nouveau Front populaire, mais parce qu'il tomberait.
06:03Et dans ce cas-là, il appartient à celles et ceux qui pensent que la stabilité est indispensable
06:07pour les mois qui viennent de ne pas censurer ce gouvernement du Nouveau Front populaire.
06:10Il faut prendre les choses dans l'ordre.
06:11D'abord, on désigne un gouvernement qui a pour charge de gouverner.
06:13Et ensuite, le Parlement vit sa vie de Parlement et c'est tant mieux.
06:17Et donc, il appartiendra effectivement à ceux qui ont perdu les élections lourdement,
06:22qui ont été sanctionnés lourdement, c'est-à-dire les macronistes,
06:24de prendre leurs responsabilités.
06:26Mais vraiment, je le dis, moi je suis assez confiant dans notre capacité
06:32à construire des majorités texte par texte, sujet après sujet.
06:35Mais c'est un autre sujet que celui de la composition du gouvernement.
06:38Juste d'un mot, je ne vois pas comment Emmanuel Macron réussirait en 2024
06:41ce qu'il a échoué à faire depuis 2022.
06:43Parce que depuis 2022, quand il s'est retrouvé en situation de majorité relative,
06:48M. Macron a cherché à élargir sa coalition, notamment à la droite.
06:52Sauf que ça n'a pas fonctionné.
06:55Il n'y a pas de raison qu'il y arrive aujourd'hui alors qu'il est encore plus faible
06:58et qu'il est aujourd'hui en minorité absolue alors qu'il était hier en majorité relative.
07:01Il est tout à fait possible qu'il l'élargisse vers la gauche, c'est-à-dire votre camp,
07:05et que pourquoi pas des socialistes qui sont officiellement membres du NFP aujourd'hui,
07:09et même, tiens, des écologistes finissent par soutenir un gouvernement au centre.
07:14Je vous fais gagner du temps, ça n'arrivera pas.
07:16Ça n'arrivera pas, nous sommes une coalition cohérente liée par un programme politique.
07:21Le Parlement, ce n'est pas l'arrière d'une cuisine ou d'une épicerie.
07:24Le Parlement, c'est sérieux, c'est des convictions.
07:27Parce que nos projets sont antagonistes.
07:29Moi, je ne peux pas gouverner avec M. Darmanin qui a fait la loi Immigration,
07:32que j'ai combattue parce que c'est une loi qui vient de l'extrême droite.
07:34Mais moi et mon groupe, nous ne pouvons pas travailler avec Mme Aurore Berger et M. Casbarian
07:38qui détestent les pauvres et qui ont tout fait pour affaiblir les pauvres dans notre pays.
07:41M. Casbarian déteste les pauvres ? Vous parlez du ministre du Logement, pourquoi il déteste les pauvres ?
07:44Oui, parce qu'il a fait une loi contre les locataires.
07:46Non, non, non, il a fait une loi anti-scolaires.
07:48Je termine, nous ne pouvons pas. Je prends un autre exemple si vous voulez.
07:51Nous ne pouvons pas gouverner avec Mme Bord qui a eu un usage du 49.3 compulsif
07:55et qui a fait la réforme des retraites, qui est une réforme d'une grande injustice et d'une profonde brutalité.
08:00Voilà, donc je prends aussi la réalité. Je regarde le Parlement tel qu'il est.
08:03Et quand je vois le Parlement tel qu'il est, je ne vois pas de coalition alternative à celle du Nouveau Front Populaire.
08:08J'en veux pour preuve que s'il n'y en avait une, M. Macron l'aurait trouvé pendant ses parties de jet-ski à Brégançon
08:13et n'aurait pas attendu ses consultations.
08:15Mais je vais me référer à M. Wauquiez, dont on se doute bien que je ne suis pas le porte-parole.
08:19M. Wauquiez lui-même dit, nous ne voulons pas participer à une coalition gouvernementale avec les macronistes.
08:23Il a dit en tout cas qu'il était prêt à soutenir, sans y participer, un gouvernement qui porterait les mesures qu'il a demandées.
08:29C'est ça qu'il a dit aussi.
08:30Donc en fait, la question pour les macronistes, et je ne crois pas, puisque vous parlez des divisions potentielles au sein du NFP,
08:36qu'il ne sait pas diviser. On a tenté de nous mettre M. Cazeneuve dans les pattes, on ne s'est pas divisé.
08:39C'est pas fait encore.
08:40Donc la question, mais on ne se divisera pas, on y va ensemble à l'Élysée.
08:43Oui, mais aujourd'hui, oui, je parle de la semaine prochaine.
08:45Mais vous verrez, à chaque fois qu'on a prédit la division du NFP, il s'est tenu.
08:48Mais attendez, juste un mot, pardon, mais c'est dans la Macronie qu'il va se passer des choses.
08:54Parce que je ne suis pas certain qu'il y ait un certain nombre de macronistes qui sont vaguement progressistes,
08:59qui ont été élus grâce au report des voix de gauche, qui ont envie de s'aligner sur les propositions politiques de la droite radicalisée.
09:04Donc vous appelez des macronistes de gauche à supposer qu'ils existent, je le dis parce que Jean-Luc Mélenchon en doute.
09:08Moi j'en doute aussi.
09:09Vous les appelez, est-ce qu'ils rejoignent le NFP carrément ?
09:11Non, j'appelle à rien, j'appelle à ce que chacun prenne ses responsabilités.
09:13Et je vous dis que quand je regarde, en observateur aussi, puisque je suis parlementaire,
09:16donc je vois ce qu'il se passe dans ce Parlement,
09:18quand je regarde la réalité de la composition de l'Assemblée Nationale,
09:20je ne vois pas de coalition alternative au Nouveau Front Populaire.
09:23Jean Garrigue, vous êtes toujours avec nous, je le rappelle, historien spécialiste de l'histoire parlementaire.
09:27S'il fait la liste de tous ceux dont Benjamin Lucas a dit qu'il ne voulait pas gouverner avec,
09:31on a une majorité contre lui en fait, tout simplement.
09:34C'est pour ça qu'on se dit que le Nouveau Front Populaire est numériquement minoritaire à l'Assemblée Nationale.
09:40Oui, je vous avoue que je suis un peu attristé par ce que j'entends,
09:44parce qu'à mon sens, et là encore je parle en observateur,
09:48c'est à mon sens exactement ce qu'il ne faut pas faire aujourd'hui dans la situation actuelle.
09:54Décrier de manière aussi caricaturale ses adversaires,
10:00brutaliser des oppositions qui en réalité, on le sait bien,
10:06ne sont pas aussi violentes qu'on le dit.
10:11Je rappelle quand même qu'une grande partie des élus d'aujourd'hui, de renaissance,
10:18viennent du Parti Socialiste.
10:20A commencé par Elisabeth Borne.
10:22A commencé par Elisabeth Borne, ça veut dire que les différences ne sont pas aussi fortes qu'on veut bien le dire.
10:28Et en revanche, on sait bien que l'alliance du Nouveau Front Populaire,
10:33je suis désolé de le dire, là aussi elle s'est fracturée du temps de la Nupes,
10:39et elle a montré quand même des divisions, y compris au sein même de la France Insoumise,
10:44qui montrent qu'en fait on est en présence de gauches très différentes les unes des autres.
10:49Et on sait bien fondamentalement que le problème c'est notamment l'ambition présidentielle de Jean-Luc Mélenchon,
10:58qui évidemment perturbe ce qui devrait être cette recherche de compromis,
11:03cette recherche de rapprochement qui pourrait nous faire sortir de la crise actuelle.
11:09Donc moi je suis un peu triste parce que c'est aller comme ça vers une logique
11:16qui est celle de la logique traditionnelle de l'horizon présidentiel de 2027,
11:23de se dire que si jamais on s'oppose à la France Insoumise, aux prochaines élections législatives,
11:28des sièges seront perdus par les socialistes ou les écologistes.
11:32Tout ça c'est une cuisine un peu traditionnelle de la Vème République,
11:36elle a sa justification, mais je pense qu'aujourd'hui on a besoin d'autre chose.
11:41On a besoin de trouver des solutions comme l'avaient trouvées d'ailleurs nos ancêtres députés et sénateurs
11:49de la IIIème ou de la IVème République.
11:51Je rappelle qu'à plusieurs reprises sous la IIIème et la IVème République,
11:58et même parfois sous la Vème, mais de manière très très presque systématique
12:04sous la IIIème et la IVème République, des gens qui ne pensaient pas à la même chose,
12:08des gens qui venaient de la droite et de la gauche,
12:11je pense au gouvernement d'Union Nationale de Raymond Poincaré.
12:14En 1926, Raymond Poincaré, le chef de la droite, il prend comme numéro 2 de son gouvernement,
12:19le chef de la gauche de l'époque qui s'appelait Édouard Hériot.
12:22Ils avaient des différences, et des différences très sensibles,
12:25sur des tas de sujets sociaux, économiques, sociétaux.
12:28Ils se sont mis d'accord et ils ont fait un gouvernement...
12:30Pardon Jean-Garrick, mais c'est ce qu'Emmanuel Macron essayait de faire depuis 2017,
12:33ce mythe du dépassement du clivage entre la gauche et la droite.
12:36Le seul résultat qu'il a eu, c'est de mettre deux fois Mme Le Pen au second tour de l'élection présidentielle
12:40et lui donner le plus grand nombre de députés qu'elle a jamais eu dans son histoire.
12:42On va en parler dans un instant Jean-Garrick.
12:45Sauf que précisément, ce n'était pas un véritable dépassement des différences,
12:51ça n'était pas ce que sont capables de faire les Allemands, les Néerlandais et bien d'autres,
12:56réfléchir à une plateforme commune qui permette de gouverner ensemble.
13:00Alors si on me dit qu'effectivement, il aurait dû le faire en 2022,
13:04moi je pense profondément que c'était en 2022 qu'il fallait essayer de créer
13:08les conditions d'un rapprochement entre les...
13:11Et il ne l'a pas fait effectivement, et c'est peut-être ça qu'on paye aujourd'hui.
13:14En tout cas, un humoriste célèbre nous dirait aussi qu'on n'est pas des Allemands,
13:17mais ça on en parlera dans un instant.
13:19Restez avec nous, 0826-300-300, on vous donne la parole sur Sud Radio.
13:23Le Grand Matin Sud Radio, 7h-10h, Jean-Marie Bordry.
13:27Qui pour aller à Matignon et surtout qui pour faire tenir un gouvernement
13:31au moins pendant un an, le temps qu'on puisse retourner aux urnes ?
13:33C'est la question qu'on se pose avec nos invités, Benjamin Lucas, député écologiste
13:38et Jean-Garrick, historien parlementaire.
13:410826-300-300, direction Boulogne-Billancourt, on donne la parole à Baptiste.
13:45Bonjour à vous, mon cher Baptiste.
13:47Bonjour à tous les trois.
13:49Quelle option serait la plus préférable pour que le gouvernement,
13:53le prochain gouvernement, soit stable, Baptiste ?
13:56Il n'y en a pas. Voilà, c'est ça le problème, c'est qu'on nous enferme là-dedans
13:59depuis le début en disant qu'il faut une majorité stable.
14:03Je suis désolé, mais Macron vient de gouverner deux ans sans majorité stable.
14:07La personne n'a une majorité absolue.
14:10Donc en fait, à un moment donné, on respecte la Constitution.
14:13Il y a une coalition qui s'est créée, j'insiste, avant les élections législatives
14:17sur un programme. Cette coalition est arrivée en tête,
14:21c'est la seule d'ailleurs à avoir publié un programme, j'attire votre attention là-dessus,
14:24au cas où.
14:25Je l'ai dit à peu près une demi-heure sur Sud Radio.
14:27Je n'écoutais pas une demi-heure, je crois simplement que je l'entends peu souvent.
14:31On a l'impression que le NSP ne pourrait pas constituer un gouvernement
14:34parce qu'ils ne sont d'accord sur rien.
14:35Pardon, ils sont d'accord sur un programme.
14:37Ils sont d'accord sur un programme et sur une candidate maintenant.
14:40Et c'est les seuls, voilà.
14:41Donc à un moment donné, je ris de voir Macron essayer de bricoler une majorité
14:46avec les députés LR pour arriver dans la même situation que celle du NSP aujourd'hui.
14:51Même avec une coalition LR, il n'aura pas la majorité absolue.
14:54Ça fait un mois et demi qu'il nous dit que ce n'est pas clair,
14:56qu'il n'y a pas de majorité absolue.
14:58Et il est en train de se bricoler une majorité relative.
15:01Un peu contre nature, il faut bien le dire quand même.
15:04Quoique, n'a-t-il pas toujours été de droite ?
15:06Ça, c'est une autre question.
15:07Donc voilà, à un moment donné, l'esprit de ce pays,
15:11l'esprit républicain de ce pays, depuis toujours,
15:14depuis la construction de la Ve République évidemment,
15:16mais même bien avant puisque la IVe République fonctionnait
15:19par des accords de parti et par des accords de gouvernement.
15:22Vous parlez sous le contrôle d'un des meilleurs spécialistes de la question,
15:25qui est Jean Garry, qui est avec nous en direct sur Sud Radio.
15:27J'espère que je n'ai pas dit une bêtise, M. Garry.
15:30J'ai l'impression qu'on n'a certes pas l'habitude, sous la Ve,
15:33de fonctionner à la coalition, mais ça a existé dans ce pays quand même.
15:37Donc c'est possible.
15:39À condition qu'elle ne soit majoritaire, pour l'instant, il n'y en a pas.
15:41C'est justement la question des alliances supplémentaires.
15:43Mais écoutez, merci en tout cas, Baptiste.
15:45Merci à vous.
15:47C'est passé entre 2022 et 2024 du coup,
15:49parce que j'ai l'impression qu'il n'y avait pas de majorité absolue.
15:51Beaucoup de 49.3, il y avait ce que la gauche appelait
15:54une minorité présidentielle qui était au gouvernement.
15:56Et cette minorité présidentielle, dite minoritaire,
15:59a fini par être dissoute, précisément,
16:01parce qu'il n'y avait pas de budget qui pouvait arriver.
16:04On en reparlera.
16:06Merci beaucoup Baptiste, au 0826 300 300.
16:08Vous avez bu du petit lait, Benjamin Lucas.
16:10Mais si on fait avancer un peu le débat.
16:12Maintenant qu'on a dit que tout le monde était minoritaire,
16:14et qu'il fallait voir s'il n'y avait pas une majorité possible pour tenir.
16:18Il n'y a pas de majorité entre les macronistes et la droite.
16:20En revanche, il y en a une qui va.
16:22Des socialistes à la droite, en passant par les macronistes.
16:25Un accord de non-censure autour d'une politique.
16:28On a des prétendants à Matignon, en tout cas officieux.
16:31On a Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre socialiste,
16:35à l'époque où vous étiez vous-même membre du PS.
16:37D'ailleurs, il faut le rappeler Benjamin Lucas.
16:38Oui, j'ai manifesté contre la loi Travail.
16:40J'ai combattu le TSCG,
16:42qui était le grand renoncement européen
16:44sur la croissance d'un certain Bernard Cazeneuve,
16:46ministre des Affaires Européennes, et l'austérité budgétaire.
16:48Qu'est-ce que vous dites à ces socialistes
16:50qui sont tentés par une coalition de gouvernement ?
16:53Mais il n'y en a pas à l'Assemblée nationale ?
16:55Non, écoutez, le groupe socialiste, le parti socialiste,
16:58les parlementaires socialistes soutiennent Mme Castey
17:01et vont ensemble avec les autres formations politiques à Matignon.
17:03Le journal Le Monde disait la semaine dernière
17:05qu'une bonne partie des caciques du PS
17:07étaient quand même tentés par l'hypothèse Bernard Cazeneuve.
17:09Moi, je veux bien que vous nous disiez que ça n'arrivera pas,
17:11mais je vais faire comme votre patronne Marine Tondelier.
17:13La semaine prochaine, je vous réinvite,
17:15je vais faire arbitrage vidéo,
17:16et il y aura un gouvernement avec un socialiste dedans,
17:18et vous nous direz que vous vous êtes trompé.
17:20Non, mais je vous dis qu'il n'aura pas le soutien
17:22du groupe socialiste.
17:23Et je vais vous dire une chose.
17:25Vous appeliez à élever le débat.
17:27Je considère qu'aujourd'hui,
17:29le président de la République n'a pas à faire un casting,
17:31il n'a pas à faire son marché parmi les forces politiques
17:33qui ne sont pas la sienne.
17:35Voilà, ça ne se passe pas comme ça.
17:36Dans aucune démocratie, c'est le perdant qui choisit
17:38celui qui incarne l'alternance.
17:40Dans aucune cohabitation, c'est le président de la République
17:42qui a choisi, qui avait sa préférence
17:44parmi les prétendants à Matignon.
17:45Or, les Français ont souhaité une cohabitation.
17:47Et pourquoi est-ce qu'il ne peut pas...
17:48Qu'est-ce qui vous dit qu'un Bernard Cazeneuve
17:50serait au doigt et à l'œil à Emmanuel Macron ?
17:52Ce n'est pas le caractère de l'homme.
17:53Parce que si Emmanuel Macron ne veut pas nommer
17:55Madame Castex, ce n'est pas par inimitié personnelle.
17:58Je pense qu'ils ne se connaissent pas.
18:00C'est parce qu'il veut préserver ce que sont les acquis.
18:02C'est ce que j'ai lu, puisque vous citiez le journal Le Monde,
18:04ce que j'ai lu dans la presse aussi ce matin.
18:05Parce qu'il veut conserver sa politique économique et sociale.
18:08Il veut conserver sa réforme des retraites.
18:10Il veut conserver sa loi immigration,
18:11qui sont, de mon point de vue,
18:13des coups de canif portés au contrat républicain.
18:15Mais je vais vous dire une chose
18:17Je pense qu'il y a effectivement une stabilité
18:19qui est quasi impossible à trouver.
18:20Pourquoi ?
18:21Parce que les projets politiques qui sont présents
18:23par bloc à l'Assemblée nationale
18:25sont antagonistes.
18:26Ce n'est pas, vous disiez,
18:28me reprocher une forme de caricature
18:30des projets de mes adversaires.
18:32Pardon, mais la loi immigration,
18:34oui, j'ai vécu ça,
18:36comme citoyen français,
18:37comme une profonde brutalité
18:39à l'égard des principes républicains.
18:40La preuve, c'est que Madame Le Pen a dit
18:42que c'était une victoire idéologique majeure pour elle
18:44et que cela reprenait des pans entiers
18:46du programme du père et de la fille Le Pen.
18:48La réforme des retraites,
18:49ce n'est pas moi qui la trouve brutale et injuste.
18:51C'est 90% de la société française.
18:53Donc, on voit bien qu'à un moment donné,
18:55la politique, ce sont aussi des idées.
18:56Les idées, ça compte.
18:57Les convictions, ça compte.
18:58Ce n'est pas que de la tambouille
18:59et du calcul parlementaire.
19:00Et donc, oui, ces projets sont antagonistes
19:02et inconciliables.
19:04Et je ne vois pas des socialistes sincères,
19:06des parlementaires socialistes que je connais.
19:07Moi, j'ai quitté le Parti socialiste.
19:09Je l'ai quitté à cause de la déchéance de nationalité.
19:11Je l'ai quitté à cause de la loi travail.
19:12Je l'ai quitté à cause du renoncement européen des socialistes.
19:15Voilà, je l'ai quitté pour toutes ces raisons-là.
19:17Mais je vois aujourd'hui ce qui a été fait depuis 2017
19:20et je vois surtout des socialistes
19:21qui se sont retrouvés derrière le programme
19:23du Nouveau Front Populaire,
19:24qu'ils ont contribué à écrire,
19:25qui ont combattu avec nous l'austérité,
19:27l'attaque contre les services publics,
19:29la réforme des retraites, la loi immigration.
19:31Je ne les vois pas aujourd'hui
19:32se mettre dans une coalition
19:33avec les gens qui ont construit cette politique.
19:35Avant de redonner la parole
19:36et le mot de la fin à Jean Garrigue,
19:37qu'est-ce que vous dites au maire de Saint-Ouen,
19:39maire socialiste, Karim Bouamrane,
19:40manifestement poussé par beaucoup vers Matignon,
19:43présenté comme le Obama de la Seine
19:45dans la presse allemande,
19:46encensé par le communicant de François Hollande
19:48quand il était à l'Élysée,
19:49Gaspard Ganser,
19:50qui dit « Star is born ».
19:51Qu'est-ce que vous lui dites ?
19:52N'y va pas ?
19:53Lui-même a dit qu'il soutenait Mme Castet.
19:55Ce que je veux dire,
19:56c'est qu'il n'y a pas de sens à discuter...
19:58Pardon, mais à un moment il faut respecter aussi
20:00les forces politiques.
20:01Mme Castet est soutenue par 192 parlementaires.
20:04C'est la seule candidate à Matignon
20:06qui peut se targuer de cela.
20:07Donc je veux bien qu'on spécule
20:08sur des coalitions alternatives.
20:10Alors qui, non pas aurait du soutien,
20:12mais qui serait le moins censurable, etc.
20:14Je vous dis, ce bricolage-là ne tiendra pas.
20:16Dans une période de confusion comme celle que nous vivons,
20:18il faut de la clarté.
20:19La clarté, ce sont les principes.
20:20Et le principe, il est simple.
20:21D'abord, on nomme un gouvernement.
20:22Et ensuite, je vais vous dire,
20:23nous, nous serons capables, je pense,
20:25je l'espère,
20:26de respecter le Parlement et de le faire vivre.
20:28Et donc, parfois nous gagnerons des votes,
20:29parfois nous les perdrons.
20:30C'est ainsi que vit la démocratie.
20:32Et c'est tant mieux.
20:33Et moi, je n'ai pas de problème
20:34à être mis en minorité à l'Assemblée nationale
20:35parce que je respecte la démocratie parlementaire.
20:37Elle est précieuse.
20:38Elle est liée à vos insoumis.
20:39On verra s'ils ont le même problème.
20:41Jean Garrigue, vous êtes toujours avec nous,
20:43historien parlementaire.
20:44Quel profil, quelle que soit sa couleur politique,
20:47pourrait arriver à gouverner
20:49et à tenir un Parlement aussi fragmenté ?
20:51Est-ce qu'il faut un vieux lot de mer ?
20:52Ou alors, est-ce qu'il faudrait un nouveau visage ?
20:55Il me semble en tout cas
20:57qu'étant donné ce qui est en train de se passer
21:00et l'éclivage qu'on voit ici et là,
21:03l'idée, ce serait d'avoir quelqu'un
21:06qui soit au maximum déconnecté
21:08de la logique partisane
21:10et de la logique présidentielle.
21:12On parle de gouvernement technicien,
21:14d'expert, je ne sais pas.
21:16Mais en tout cas, avoir un gouvernement
21:18au moins de transition
21:20qui nous fasse sortir de cet impasse.
21:23Or, cette impasse, on le voit bien,
21:25elle vient des logiques partisanes
21:27et surtout de la logique présidentielle de 2027.
21:31Donc, essayons de trouver une personnalité
21:34qui, finalement,
21:36plaise à une majorité de Français
21:39et qui évite surtout d'avoir une motion de censure
21:42dans les semaines, dans les mois qui viennent.
21:45Ça me paraît du bon sens.
21:47Quand la gauche remporte les élections de 1936
21:50ou de 1997,
21:52grand moment de l'histoire de la gauche,
21:55ils ont une majorité absolue.
21:57C'est tout naturellement que les Français
21:59leur demandent d'appliquer leur politique.
22:01Aujourd'hui, il y a deux tiers des Français
22:03qui ne veulent pas de la politique
22:05du Nouveau Front Populaire.
22:07Donc, il faut en tenir compte aussi.
22:09Ce qui veut dire qu'il faut trouver
22:11une autre solution, d'autres pratiques.
22:13Et je le répète, dans notre histoire parlementaire,
22:15on a déjà trouvé des solutions
22:17de coalition,
22:19des solutions de défense républicaine,
22:21d'intérêt républicain,
22:23de concentration républicaine,
22:25d'union nationale parfois,
22:27pour essayer de sortir
22:29de crises comme nous vivons,
22:31comme celles que nous vivons aujourd'hui.
22:33J'attendrais plutôt que
22:35des personnalités comme ça se dégagent,
22:37qu'elles ne fassent pas la politique
22:39d'Emmanuel Macron, surtout pas
22:41qu'on soit vraiment dans une cohabitation,
22:43mais que cette politique
22:45convienne à une majorité de Français,
22:47tout simplement.
22:49Merci Jean Garrigue. Pour cet éclairage,
22:51on se retrouvera avec plaisir. Justement, je rappelle
22:53les rendez-vous politiques de la journée.
22:55Le nouveau Front populaire reçu à l'Elysée
22:57pour consultation avec notamment Lucie Casté,
22:59mais aussi la majorité présidentielle
23:01et les Républicains,
23:03et le reste de la droite républicaine.
23:05Le Rassemblement national et ses alliés d'Eric Ciotti
23:07seront pour leur part reçus lundi.
23:09Emmanuel Macron a promis une nomination
23:11rapide d'un nouveau gouvernement après
23:13ses consultations, c'est-à-dire pourquoi pas à partir
23:15de mardi. Merci également à Benjamin Lucas.
23:17Merci à vous. Député écologiste,
23:19il est 9h36 sur Sud Radio.
23:21Après la politique,
23:23place au crime, justement.
23:25On vous raconte une histoire qui fait froid dans le dos dans un instant.
23:27Ce sera avec Julie Rigoulet,
23:29du Nouveau Détective.

Recommandée