Comment mieux protéger les forces de l’ordre ?

  • le mois dernier
Avec Alexis Izard, ancien député "Renaissance" de l’Essonne et Jean-Christophe Couvy, secrétaire national du syndicat de police Un1té

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##LES_GRANDS_DEBATS_DU_MATIN-2024-08-28##

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00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-10h, Jean-Marie Bordry.
00:04Il est 9h10 sur Sud Radio, comment mieux protéger nos forces de l'ordre,
00:08notamment face au refus d'obtempérer, refus d'obtempérer de certains suspects
00:13qui sont appréhendés mais refusent de s'arrêter,
00:16événement qui a coûté la vie à un gendarme il y a un peu plus de 24 heures,
00:20Éric Comines, qui a été tué dans la ville de Cannes.
00:23Alors on va en parler avec nos deux invités qu'on accueille avec plaisir.
00:26Nous sommes avec notre invité qui est également député, Alexis Isard, bonjour.
00:31Bonjour.
00:32Député Renaissance de l'Essonne, nous sommes aussi avec un policier.
00:35Ancien député Renaissance de l'Essonne.
00:36Ancien député Renaissance de l'Essonne.
00:37Nous sommes aussi avec Jean-Christophe Couville, bonjour.
00:40Bonjour.
00:40Vous êtes vous-même secrétaire national du syndicat de police Unité,
00:45l'ancien Unité SGP Police Force Ouvrière.
00:47Vous avez raccourci votre nom, vous avez bien fait.
00:49D'abord j'aimerais qu'on raconte un petit peu ce qui s'est passé,
00:53qu'on vienne sur les faits et qu'on rappelle aussi les règles.
00:55Dans ce cas-là, on est avec Laurie Leclerc qui nous rejoint.
00:57Comment mieux protéger les forces de l'ordre, Laurie ?
01:00Et on en parlait donc lundi, un gendarme de 54 ans, Eric Comines, père de deux enfants,
01:03est mort percuté par un automobiliste lors de ce refus d'obtempérer
01:07qui s'est passé à Mougins, près de Cannes.
01:10Le suspect est un homme de nationalité capverdienne en situation régulière en France,
01:14connu de la justice pour violences, outrages, rébellions et ports d'armes
01:17sous l'emprise de l'alcool au moment des faits.
01:19La France enregistre 25 000 refus d'obtempérer par an en moyenne
01:23selon le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, soit un toutes les 20 minutes.
01:27Un sur cinq est un délit aggravé qui met en danger forces de l'ordre,
01:31autres conducteurs ou bien piétons.
01:32Alors je précise qu'un hommage sera rendu aujourd'hui à partir de 17h
01:36à ce gendarme par la mairie de Cannes, évidemment.
01:39Revenons au suspect, qu'est-ce qu'il risque comme sanction aujourd'hui ?
01:42Alors en cas de mise en danger de la vie d'autrui,
01:45les chauffards risquent jusqu'à cinq ans de prison, 75 000 euros d'amende,
01:48le retrait du permis de conduire, mais pour les délits de refus d'obtempérer,
01:52c'est simple, si on peut dire, ils sont passibles d'une peine de deux ans de prison,
01:5615 000 euros d'amende, un retrait de six points sur le permis de conduire,
01:58à savoir le groupe des députés à droite d'Eric Ciotti annonce déposer
02:02une proposition de loi pour durcir les peines.
02:04On passerait donc de deux ans à trois ans de prison,
02:06l'amende serait doublée à 30 000 euros, plus une annulation obligatoire du permis
02:10et une confiscation du véhicule.
02:11Mais voilà, alors est-ce que ce serait efficace ?
02:13C'est une des questions qu'on peut se poser.
02:15Vous nous écoutez sur Sud Radio, vous êtes peut-être dans un quartier
02:17ou un endroit où on constate parfois des refus d'obtempérer.
02:21Vous êtes peut-être aussi policier, prenez la parole sur Sud Radio.
02:24Alors, anonymement, seuls les syndiqués ont le droit de parler publiquement,
02:27mais vous avez tous la parole sur Sud Radio, parlons vrai,
02:29on est avec nos invités, je le rappelle.
02:31Avant ça, Jean-Christophe Kouvis, j'aimerais vous poser la question.
02:33Manifestement, cet homme, le suspect, était en état de récidive un certain nombre de fois.
02:40Comment expliquer que cet homme ait eu quand même neuf points sur son permis de conduire,
02:45qu'il ait pu encore une fois conduire sous l'emprise de l'alcool,
02:48alors même que, manifestement, ses actes, il les a commis plusieurs fois ?
02:51Je ne parle pas du refus d'obtempérer, mais en tout cas, les délits routiers.
02:55Alors, en fait, il faut voir ça.
02:57Effectivement, moi, ça nous gêne.
02:58A nous, c'est pareil, quand on voit que l'individu a ses neuf points.
03:01Bon, après, ça peut s'expliquer avec l'administration, en fait,
03:06parce que quand vous perdez des points, vous pouvez les récupérer en faisant des stages.
03:08Vous pouvez même repasser un permis.
03:10Enfin, je veux dire, voilà.
03:11Donc, je ne connais pas son histoire ni son CV routier, de délits routiers.
03:17Néanmoins, effectivement, il faut l'étaler dans le temps.
03:19Après, ce qui m'interpelle, en fait, c'est son CV,
03:25c'est-à-dire, c'est le cursus délinquant de cet homme-là,
03:28qui est connu pour dix affaires dans sa carrière de délinquant, j'allais dire.
03:35Et en fait, quel était le message de la justice ?
03:37Est-ce qu'il en a compris, vraiment, le message ?
03:39Qu'est-ce qu'il a eu comme punition ?
03:41Et la vraie question, c'est pourquoi il ne respecte pas ?
03:45C'est-à-dire, pourquoi il récidive ?
03:46Ça, c'est important de savoir aussi.
03:48Pourquoi la peur du gendarme, en l'occurrence, n'existe pas ?
03:50Alors, la peur, c'est parce qu'en fait, aujourd'hui,
03:53on a une partie de la population qui est, moi, que je qualifie de sociopathe.
03:56C'est-à-dire qu'ils vivent en dehors de notre société, en dehors de nos règles.
04:00Ils refusent d'ailleurs de vivre dans nos règles.
04:02Ils refusent d'autorité.
04:03Ils sont dans une espèce de microcosme entre eux.
04:06Et du coup, le policier, les policiers sont nuisibles, en fait, à leur vie.
04:11Voilà, c'est-à-dire que nous, on est là pour les embêter.
04:13Et eux, ils sont là, c'est en toute liberté, ils sont débridés.
04:16Et ça, on le voit un peu partout.
04:18Exactement, mais quand on a un profil pareil,
04:20condamné dix fois pour des faits divers et variés,
04:22comment imaginer, tiens, monsieur l'ancien député,
04:26pour reprendre la proposition d'Éric Ciotti,
04:28que durcir la peine de deux à trois ans de prison, ça pourrait lui dire
04:30« Oh là là, attention, c'est plus deux ans, c'est trois ans,
04:32je vais faire attention et je vais m'arrêter. »
04:34Alors, d'abord, pour remettre le contexte,
04:38ici, on n'est même plus sur un refus de tempérer.
04:40Je crois qu'on est sur une tentative d'homicide et un homicide avéré.
04:43Donc, il sera puni pour ce fait-là.
04:45Ça, c'est clair.
04:47Pour ce qui est de la peine, pourquoi pas ?
04:48Moi, je ne suis pas contre qu'ils se prennent trois ans de prison
04:51en cas de refus d'obtempérer simple au lieu de deux ans.
04:53Sauf que la réalité, c'est qu'on a déjà augmenté cette peine
04:55de six mois à deux ans en début 2022.
05:00Le nombre de refus d'obtempérer, il a légèrement diminué.
05:03Je ne pense pas que ce soit dû à ça.
05:04La réalité, c'est que ça diminue légèrement,
05:05mais que les faits sont de plus en plus graves.
05:08À chaque fois qu'il y a un refus d'obtempérer,
05:09il met souvent la vie d'un policier en danger,
05:13voire la vie d'un citoyen sur la route.
05:14C'est ça qui est dangereux.
05:15Et on remarque aussi que je crois que deux tiers ou trois quarts
05:18des défaits de refus d'obtempérer sont commis par des jeunes de moins de 30 ans.
05:23Donc, on a un vrai problème avec le respect de l'autorité.
05:27C'est à ça, je crois, qu'il faut s'attaquer.
05:30Je pense que monsieur sera plus à même d'en parler que moi,
05:32mais on a un réel problème pour nos forces de l'ordre
05:35de savoir comment réagir face à un refus d'obtempérer,
05:37parce que pour eux, ça devient extrêmement difficile
05:40quand on voit que si on est mis face à un refus d'obtempérer,
05:43on sait très bien qu'on va mettre possiblement la vie de personne en danger.
05:47Donc, on se demande, est-ce qu'on a raison de le suivre ?
05:50Est-ce qu'on a raison de partir pour essayer d'arrêter cette personne-là ?
05:56Et finalement, beaucoup s'en vont.
05:58Mais beaucoup semblent en tout cas perplexes,
06:00surtout que vous n'avez pas beaucoup de secondes pour décider.
06:03Mais ce qui est intéressant, c'est que là,
06:05on se pose la question de l'attitude que doivent avoir les forces de l'ordre.
06:08On se pose même plus la question de l'attitude que devraient avoir ces personnes,
06:13parce que malgré tout, moi, ça m'interpelle.
06:15Si vous avez un refus d'obtempérer toutes les 20 minutes,
06:17c'est que toutes les 20 minutes dans ce pays,
06:19il y a quelqu'un qui se dit, le policier me dit de m'arrêter,
06:21mais il aurait des questions que je le fasse, quoi qu'il arrive.
06:23Et ça, manifestement, quelle que soit la peine,
06:26ce n'est pas de nature à faire changer d'avis ces gens.
06:28Et d'autant que le policier, finalement, il a le droit d'utiliser son arme
06:32si le véhicule met en danger la vie d'autrui.
06:34Ce qui est souvent le cas, il a le droit de poursuivre cette personne-là.
06:37La réalité, c'est que le policier, il sait qu'à partir du moment
06:40où il va se mettre en poursuite de ce véhicule-là,
06:43il sait qu'il a une chance de faire perdre la vie à quelqu'un.
06:48Il a une chance de se retrouver dans les bandeaux des news le lendemain.
06:50Et donc, la décision, comme vous le dites, qui doit être prise en quelques secondes,
06:53elle est extrêmement compliquée.
06:54Donc, on va faire le mode d'emploi.
06:55Vous allez nous mettre en condition.
06:57Vous êtes policier, Jean-Christophe Kouvi.
06:59Vous effectuez un barrage routier.
07:02Je suis au volant.
07:03Vous me dites de m'arrêter.
07:04Vous voulez vérifier mon permis, mon assurance.
07:07Je fais mine de m'arrêter, puis j'accélère.
07:09Je force le barrage.
07:10Je ne vous touche pas, mais je force, je vous esquive et je pars à toute allure.
07:12Qu'est-ce que vous faites ?
07:13Qu'est-ce qu'on fait ?
07:14Déjà, effectivement, on annonce à la radio la direction de fuite du suspect.
07:21En fait, on explique qu'il y a un refus d'obtempérer.
07:23Nous, ce qu'on fait, on monte dans les véhicules.
07:25Effectivement, on prend en charge, ce qu'on appelle.
07:27Certains disent oui, c'est une chasse.
07:28Non, ce n'est pas une chasse.
07:29C'est-à-dire qu'on suit le véhicule, on essaie de le rattraper.
07:32Et en fait, au fur et à mesure, on donne la direction de fuite
07:35pour essayer justement d'avoir d'autres véhicules de police qui arrivent en renfort
07:40et à un moment donné, d'arriver à le coincer.
07:41Si on n'y arrive pas, on essaie déjà avec la salle de direction de savoir s'il y a
07:47un point de chute avec une habitation, parce que souvent aussi, les personnes, et c'est
07:51un réflexe, reviennent chez eux.
07:53Quand quelqu'un a picolé, par exemple, il dit mais de toute façon, moi, je veux rentrer
07:56à la maison.
07:57Je prends ma voiture et je rentrerai à la maison, quoi qu'il en coûte.
08:00Et donc, des fois, effectivement, on va les cueillir directement chez eux.
08:03Quand ça se passe bien, ça c'est quand ça se passe bien.
08:05Est-ce qu'il y a des moments où vous dites c'est trop dangereux, il y a trop de monde,
08:08il y a le marché à 500 mètres, on ne va pas même le poursuivre parce qu'au moins
08:13il ralentira, il sera moins dangereux ?
08:14De toute façon, à un moment donné, on laisse un écart parce qu'effectivement, la vie humaine
08:18chez nous est importante.
08:20Et de toute façon, aussi, on a la station directrice qui nous dit à un moment donné,
08:24lâchez l'affaire.
08:25C'est-à-dire, vous lâchez la course poursuite, ce n'est pas grave, entre guillemets, il
08:30vaut mieux pas d'incident.
08:32Donc, en fait, il y a aussi une frustration, effectivement, quand vous faites ce métier.
08:35C'est-à-dire que vous êtes là pour attraper les méchants et à un moment donné, on vous
08:39dit, non, lâchez parce que de toute façon, ça ne vaut pas le coup.
08:41Et ce qui est vrai, quand on prend le recul nécessaire, on se dit que par exemple, si
08:46une voiture roule à fond, percute une poussette, une maman qui passe, etc.
08:50Est-ce que ça vaut vraiment la peine ou pas ?
08:52On peut le faire à l'américaine, comme on peut le voir sur certaines images, mais
08:56on en parlera.
08:57Mais après, il nous faut des effectifs parce que si on a des effectifs avec des voitures
08:59et qu'on fait un système de NAS, à un moment donné, on va pouvoir le bloquer.
09:03Il faut être assez nombreux en d'autres termes.
09:04Et pourtant, la France est un des pays qui a rapporté à la population le plus grand
09:08nombre de membres des forces de l'ordre.
09:09Donc, ça veut dire que ça ne suffit plus face à la situation.
09:12Mais j'ai une question subsidiaire, un chiffre dont on ne parle jamais.
09:15On dit un refus d'obtempérer à peu près toutes les 20 minutes.
09:17Mais sur tous ces refus d'obtempérer, combien de suspects sont arrêtés pour ce refus d'obtempérer ?
09:23Combien de fois vous laissez l'affaire ?
09:25Combien de fois vous dites...
09:27Non, mais dans la proportion...
09:28Mais oui, mais les statistiques, on ne les aura pas parce que...
09:30Non, mais c'est aux flics que je parle.
09:31C'est votre expérience.
09:32Je ne peux pas vous le dire parce que, enfin, honnêtement, souvent, quand ça devient trop
09:36dangereux, la station nous dit, la station directrice, et donc derrière, la hiérarchie,
09:40parce que ce n'est pas l'opérateur radio qui vous dit, oh là là, on lâche l'affaire.
09:43J'essaye de faire preuve de bon sens et j'ai tendance à me dire, s'il y en a un toutes
09:46les 20 minutes...
09:47Je ne veux pas donner des statistiques parce qu'on arrive quand même aussi à en interpeller.
09:49Non, mais je sais, mais s'il y en a un toutes les 20 minutes, c'est que ceux qui le font
09:52se disent, statistiquement, d'après ce qu'on me dit, j'ai de bonnes chances, je devais
09:56semer.
09:57Donc, manifestement, c'est ce qui se passe.
09:58Oui, mais, alors après, on les interpelle et puis des fois, il y a aussi la poursuite,
10:01j'allais dire, de la justice.
10:03Et il y a des classements d'affaires aussi parce qu'on estime que le préjudice n'est
10:06pas trop élevé, etc.
10:07Enfin, voilà.
10:08En fait, pour revenir tout à l'heure à ce qu'on disait, il y a la sanction qui est
10:12durcie.
10:13Effectivement, le législateur a durci cette sanction de deux ans de prison.
10:15Et de l'autre côté, en fait, on est un peu schizophrène parce que l'autre côté,
10:19on permet des aménagements de peine.
10:20Donc, du coup, la prison, la personne ne la connaîtra jamais.
10:23Il va avoir un bracelet électronique, faire un stage de distribution de repas pour les
10:27personnes âgées.
10:28On va lui faire repeindre deux, trois bricoles.
10:30Mais en fait, ce n'est pas ça.
10:32On voit bien que ça ne rentre pas dans le cerveau.
10:34Et pour les délinquants, ce n'est pas une réponse.
10:37Et donc, la justice est faible pour eux.
10:39Et en tout cas, la certitude de la peine n'est pas là.
10:42On va en reparler dans un instant avec vous deux et nos auditeurs 0826-300-300.
10:46Un aspect dont on n'a pas encore parlé.
10:48Ça n'a pas été le cas, d'ailleurs, avec les gendarmes il y a un peu plus d'un jour.
10:52Il n'y a pas eu usage d'armes à feu par les gendarmes quand le barrage a été forcé.
10:56En tout cas, le contrôle.
10:57En revanche, dans quel cas les policiers et les gendarmes doivent faire usage de leurs
11:00armes à feu dans ces cas-là ?
11:01C'est notamment ce qui avait déclenché la mort du jeune Naël.
11:04On va en parler dans un instant.
11:06Le Grand Matin Sud Radio, 7h-10h, Jean-Marie Bordry.
11:100826-300-300.
11:12Comment mieux protéger nos forces de l'ordre ?
11:14Comment doivent-ils réagir, je dis, les gendarmes ou les policiers,
11:17lorsque quelqu'un qu'ils souhaitent appréhender refuse d'obtempérer ?
11:21On va donner la parole à Cédric qui nous appelle depuis Béziers.
11:24Dans un instant.
11:25Juste avant, j'aimerais vous préciser que les hommages à ce gendarme
11:28qui a été tué il y a un peu plus de 24 heures et qui commine ses hommages
11:31ont commencé du côté de la ville de Mougins.
11:34Aucun mot, aucun geste ne peut vraiment apaiser la sidération et la tristesse
11:38dit l'un des officiels qui rend cet hommage.
11:41Je rappelle que cet homme, depuis de 50 ans, laisse derrière lui
11:44une femme et deux enfants, deux adolescents,
11:47alors même qu'il souhaitait simplement effectuer un contrôle routier.
11:51Bref, qu'aurait-il dû faire ? Qu'aurait-il pu faire ?
11:54C'est la question qu'on va se poser avec nos deux invités
11:57qui sont toujours avec nous, un ancien député et un policier.
11:59Mais avant ça, Cédric, bonjour.
12:02Bonjour.
12:03Bienvenue sur Sud Radio.
12:04Vous nous appelez de Béziers au 0826-300-301.
12:08Refus d'obtempérer toutes les 20 minutes, c'est un chiffre,
12:11mais il vaut ce qu'il vaut.
12:12Ça vous évoque quoi ?
12:14Ça m'évoque en fait ce que je disais en 1996,
12:17en fait arrive aujourd'hui,
12:19c'est-à-dire qu'il y a de plus en plus de dégâts en ce routier
12:22et je pèse bien mes mots dans ce que je dis,
12:25la voiture est devenue une arme, tout simplement.
12:28Donc ça veut dire que si c'est une arme, c'est simple,
12:31les peines de prison lorsqu'il y a la délinquance routière
12:34doivent être triplées ou quadruplées.
12:36Je pense que ça calmerait les gens et puis voilà.
12:39Moi, quand j'étais plus jeune,
12:41effectivement, ça m'est arrivé de faire des infractions du style,
12:44faire des économies, donc pas être rassuré.
12:46Je me fais attraper une fois, je me fais attraper deux fois.
12:49Après, j'ai dit bon, on va peut-être arrêter
12:51parce que ça fait mal au portefeuille.
12:53Donc, j'ai décidé de devenir un papa réglo.
12:58Effectivement, maintenant, les peines doivent être gravissimes.
13:02Pas graves, mais doivent être très, très lourdes.
13:05C'est de la peine pour ce...
13:09Et c'est vrai que tout le monde, en fait,
13:11dit qu'il laisse derrière lui,
13:13mais même s'il ne laisse personne derrière lui,
13:15il ne mérite pas, au vu des salaires qu'ils ont,
13:17il ne mérite pas de mourir lors d'un refus d'obtempérer.
13:21Je trouve ça complètement aberrant
13:23que le gouvernement ne fasse pas passer ses lois
13:27On verra ça plus tard pour le gouvernement.
13:29Il faut qu'ils le fassent,
13:31parce qu'ils font passer des lois à 1h ou 2h du matin
13:34pour le remboursement de leurs propres lunettes
13:37ou des trucs comme ça, ou pour la calvitie.
13:39Mais par contre, pour des trucs comme ça,
13:41en fait, ils ne le font pas.
13:42Je trouve ça complètement aberrant.
13:43Laissez les chauves et les futures chauves tranquilles.
13:45S'il vous plaît, penchez à Cédric.
13:47Laissons les chauves et les futures chauves tranquilles.
13:49Restons quand même dessus.
13:51Non, mais je vous le dis parce que c'est passé réellement.
13:54Ce n'est pas des bêtises.
13:55C'est passé dans des lois à 2h ou 3h du matin.
13:57Alors que ça, c'est très important.
13:59Il en va de la sécurité des citoyens,
14:03mais il en va de la sécurité aussi
14:05de nos gardiens de la paix, de la gendarmerie.
14:07Et je trouve ça impératif.
14:09Durcir les peines, en tout cas, j'ai bien compris.
14:11C'est votre message.
14:13On va en parler avec nos invités.
14:14Merci mon cher Cédric.
14:16Et puis passez une belle journée à vous du côté de Béziers.
14:18Vous tous qui nous écoutez, 0826-300-300.
14:20Vous êtes peut-être policiers ou gendarmes.
14:22Vous pouvez parler sous un faux nom ou anonymement.
14:24On vous donne la parole pour témoigner.
14:26Parlons de l'usage de l'arme.
14:28Avec notre autre invité, Alexis Isard.
14:30Ancien député Renaissance de l'Essonne précisément.
14:33Dans quel cas aujourd'hui,
14:35les policiers peuvent se permettre,
14:37je parle aussi des gendarmes,
14:39de faire usage de leur arme ?
14:41Lorsque leur vie ou la vie d'un autre
14:43est mise en danger.
14:45Et d'ailleurs, il a été rajouté un alinéa
14:47dans la loi, dans le code de la sécurité routière
14:49pour pouvoir l'utiliser en cas
14:51si un véhicule est dangereux.
14:53Ça a été rajouté suite aux attentats de Nice.
14:55Donc, donner la possibilité
14:57pour le policier d'immobiliser un véhicule
14:59qui foncerait à toute allure
15:01et qui pourrait commettre des meurtres.
15:03On se rappelle effectivement
15:05cet attentat épouvantable du 14 juillet.
15:07Ce camion...
15:09C'est pour ça que sur
15:11l'augmentation des peines légiférées
15:13à chaque fait divers.
15:15Moi, je ne suis pas contre augmenter
15:17les peines qui sont encourues.
15:19On le fait à chaque fois et
15:21ce qu'il faudrait, c'est appliquer les peines qui sont déjà prévues
15:23dans la loi. Je le répète,
15:25on l'a dit tout à l'heure, mais si vous commettez un refus
15:27d'obtempérer et que vous mettez la vie
15:29en danger d'un policier ou de quelqu'un d'autre,
15:31ce qui arrive très rapidement, parce que quand vous la relâchez auprès du policier
15:33et que vous redémarrez, c'est 50 prisons.
15:3575 000 euros d'amende.
15:37Dans les faits, c'est ce qui arrive ou pas ?
15:39Dans les faits, non. Ce n'est pas ce qui arrive et c'est ça le problème.
15:41C'est ça le problème, c'est qu'il faut que les peines
15:43prévues dans la loi soient appliquées. On peut les doubler, les tripler
15:45tant qu'elles ne sont pas appliquées,
15:47ça ne sert à rien. Et pourquoi elles ne le sont pas dans ces cas-là ?
15:49C'est ensuite le juge qui
15:51décide des peines. Et pourquoi le décide-t-il ?
15:53Je pense, entre nous, vous savez
15:55qu'il y a une séparation des pouvoirs en France, donc je n'ai pas
15:57à commenter. Mais vous n'êtes plus député, donc vous avez le droit de dire ce que vous voulez.
15:59Vous avez raison, ça me rend ma liberté.
16:01Pourquoi les juges
16:03ne décident pas de condamner
16:05précisément à 50 prisons et 75 000 euros d'amende ?
16:07Ce que je crois, c'est qu'on l'a dit tout à l'heure,
16:09un refus d'obtempérer toutes les 20 minutes.
16:11Dans ce refus d'obtempérer toutes les 20 minutes,
16:13je pense qu'il n'y a pas que des grands délinquants dedans.
16:15Je pense, on en discutait tout à l'heure, d'ailleurs,
16:17en attendant de rentrer sur le plateau, il y a aussi
16:19des gens tout à fait respectables
16:21qui ont peut-être bu un verre
16:23de trop et qui se disent « oula, je suis en
16:25panique ». Lui aussi, il a eu une minute pour se décider
16:27et il se dit « bah mince, je vais accélérer, peut-être que je vais
16:29m'en sortir ». Et cette personne-là, peut-être qu'elle ne mérite
16:31pas d'aller cinq ans en prison, mais par contre, elle mérite
16:33quand même une peine, parce qu'il faut qu'elle se rende compte que
16:35ce qu'elle a commis là, elle pourrait renverser
16:37quelqu'un. Donc, il faut que la personne qui
16:39a bu son verre de trop, qui se retrouve dans sa voiture,
16:41à se faire arrêter, elle ne se dise pas « j'ai peut-être
16:43deux chances sur trois de m'en sortir en accélérant ».
16:45Sachant que le rapport bénéfice-risque
16:47est très négatif, vous risquez beaucoup
16:49plus en ne vous arrêtant pas qu'en
16:51vous laissant interpeller. Et ça, c'est important
16:53de le dire, parce que quand on a ces débats-là, on a vraiment l'impression
16:55qu'à partir du moment où la police nous suit, on a juste à
16:57accélérer et qu'on risque rien. Ce n'est pas le cas, parce que
16:59la police va prendre votre plaque d'immatriculation et que
17:01dans la plupart des cas, vous êtes le propriétaire de ce véhicule
17:03donc ils vont vous retrouver. Il faut faire attention à ça,
17:05il ne faut pas laisser croire que vous pourrez vous en sortir.
17:07Et en plus de ça, vous risquez des peines de prison
17:09fermes et des très grosses amendes,
17:11et l'immobilisation de votre véhicule, la perte de votre permis.
17:13Ça, c'est des rappels de bon sens qui n'enlèvent rien au fait que
17:15ça augmente, malgré tout.
17:17En fait, il y a quelques temps, on avait demandé
17:19à notre syndicat, on avait demandé
17:21l'observatoire de la réponse pénale. On nous avait
17:23dit « pas de souci, on l'a trouvé, ça y est,
17:25ça a duré un an ». Et après, hop, terminé,
17:27on n'a plus de chiffres. Donc en fait, ce qu'on dit,
17:29parce qu'il y a l'individualisation de la peine, effectivement,
17:31le juge, il a un quantum de peine,
17:33et en fait, en fonction de l'individu,
17:35en fonction de
17:37son CV, de qui il est, etc.,
17:39il choisit pour lui...
17:40Ce qui est logique d'ailleurs, après tout, on n'est pas jugé
17:42par une machine.
17:43Voilà, ce n'est pas une machine, c'est l'humain qui juge d'autres humains.
17:45Donc du coup, effectivement,
17:47les victimes ne sont jamais d'accord avec la peine
17:49qui est prononcée à l'auteur. C'est toujours comme ça,
17:51c'est jamais assez fort
17:53quand on est victime. Donc le juge
17:55prend en âme et conscience.
17:57Sauf que derrière, effectivement,
17:59il y a des aménagements de peine. Donc quand vous avez la certitude
18:01d'avoir une peine derrière,
18:03ça devrait vous faire réfléchir. C'est Beccaria
18:05qui disait ça, d'ailleurs, au XVIIIe siècle.
18:07C'est très, très vieux, vous voyez, la certitude de la peine.
18:09Et aujourd'hui, on a des aménagements de peine.
18:11C'est-à-dire que quand on vous dit
18:13« Voilà, vous êtes condamné à deux ans de prison »,
18:15en fait, il y a une
18:17note, c'est Mme Belloubet d'ailleurs
18:19qui avait donné aussi cette note pour aménager les peines,
18:21pour éviter justement la prison.
18:23La prison, c'est l'exception.
18:25Donc du coup, il va falloir remettre un petit peu
18:27l'église au milieu du village
18:29et se dire « Il y a des courtes peines, il faut peut-être les faire aussi,
18:31dans de bonnes conditions. » Parce qu'effectivement
18:33aujourd'hui, on voit bien que...
18:35Le milieu carcéral, c'est vraiment aussi...
18:37Même si on a des images TikTok
18:39où on voit des gars qui se mettent en scène,
18:41etc., c'est quand même pas non plus la réalité.
18:43On précise d'ailleurs, vous avez des images TikTok
18:45parce qu'ils se filment avec des téléphones,
18:47ils devraient pas en avoir.
18:49C'est un problème politique parce que nos collègues, par exemple,
18:51de la pénitentiaire, ça fait très longtemps
18:53qu'ils demandent d'avoir des brouilleurs et des chiens stups
18:55dans les prisons. Et là, ça y est, au miracle,
18:57on va l'avoir. Enfin, en espérant
18:59maintenant qu'un nouvel gouvernement...
19:01Parlons quand même de l'usage de l'arme, malgré tout.
19:03Parce que vous parliez tout à l'heure, je l'évoquais aussi,
19:05la mort du jeune Naël. Donc,
19:07deux de vos collègues, dont un,
19:09ont fini par ouvrir le feu, quasiment à bout portant.
19:11Ils expliquent qu'il était dangereux,
19:13il avait déjà mis en danger la vie
19:15de certains passants et il allait recommencer.
19:17C'est pour ça qu'on l'a fait.
19:19Est-ce que, précisément,
19:21dans ce cas-là, si je vous écoute, leur place est en prison
19:23ou pas ? La place de celui qui...
19:25En fait, ça va être tout l'enjeu
19:27de ce procès.
19:29Parce que la ligne,
19:31effectivement, de défense de mes collègues,
19:33c'est de dire, nous, on a respecté à la lettre
19:35le Code de Sécurité Intérieure qui prévoit
19:37qu'effectivement, quand un véhicule est dangereux,
19:39il faut le neutraliser. Non, mais si vous êtes dangereux
19:41maintenant, mais pas dans 30 secondes,
19:43si vous êtes pas dangereux à l'instant et que vous le serez
19:45dans 30 secondes, tout est...
19:47Mais le problème, c'est que cette loi a été créée pour un périple
19:49meurtrier en 2017.
19:51Donc, effectivement, il y avait de l'émoi, il y a eu des attentats
19:53et, en fait, on avait vu qu'il y avait un vide juridique
19:55pour les policiers. Pas pour les gendarmes,
19:57parce que c'était déjà prévu. Mais pour les policiers,
19:59il y avait un vide juridique. On n'avait que la légitime défense.
20:01Et la légitime défense ne prévoyait pas l'usage
20:03de l'arme de la fonction. C'est-à-dire que
20:05vous pouvez vous défendre avec les moyens du bord.
20:07Un caillou, une hache... Mais pas l'arme. Pardon ?
20:09Pas l'arme. Mais non, pas l'arme administrative. Et donc,
20:11on a créé, entre autres,
20:13cet article-là, dans le Code de sécurité intérieure,
20:15pour prévoir l'arme, de l'usage de l'arme
20:17administrative, en fait.
20:19Et ce qu'il faut aller plus loin, ce serait le mot de la fin ?
20:21Ce que dit ce texte-là, c'est que cet alignéat rajoute
20:23le fait que vous pouvez utiliser votre arme, mais ça vient
20:25en dessous d'un texte qui dit qu'il faut que ce soit strictement proportionnel
20:27et c'est là-dessus que le juge va regarder
20:29est-ce que le tir était
20:31proportionnel au fait de ce que pouvait
20:33engendrer ce véhicule qui roulait à toute allure
20:35en pénible ? Ce qui veut dire quand même qu'il y a beaucoup
20:37de contingences sur une décision
20:39qui doit être prise dans l'espace d'une seconde
20:41par un policier ou un gendarme.
20:43C'est très dur pour le policier qui doit prendre cette décision.
20:45Merci en tout cas d'être venu en débattre.
20:47L'un et l'autre, d'ailleurs, sur Sud Radio.
20:49Alexis Isard, ancien député, Renaissance
20:51de l'Essonne. Alors, on dit ensemble pour la République
20:53mais vous, c'était Renaissance.
20:55Merci à vous également,
20:57Jean-Christophe Couvy, d'être venu
20:59sur Sud Radio. Je rappelle que vous êtes secrétaire nationale
21:01du syndicat de police
21:03unité. Il est 9h34 sur Sud Radio.
21:05Restez avec nous, c'est pour vous.
21:07Merci à Jean-Christophe Couvy. Dans un instant,
21:09on va parler des grandes histoires criminelles
21:11françaises. Parfois, vos collègues arrivent
21:13à retrouver les coupables, mais pas toujours. C'est ce qu'on verra
21:15avec Julie Rigoulet, du Nouveau Détective.
21:17A tout de suite.

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