Olivier de Keranflec’h - Insécurité : Les Français en quête de réponse

  • il y a 3 mois

Aujourd'hui dans "Punchline", Olivier de Keranflec’h et ses invités débattent du sentiment d'insécurité en France qui pourrait fortement influencer le vote des Français pour les Législatives.
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00:00Et de retour sur le plateau de Punchline sur CNews et sur Europe 1, bienvenue si vous nous
00:17rejoignez autour de ce plateau Véronique Jacques et Vincent Roy, Louis Dragnel, Nathan Devers.
00:22Nous parlions il y a un instant de la question de la binationalité qui fait polémique. Alors
00:26cette question est au cœur du débat. Effectivement, ces dernières heures restent qu'il ne s'agit pas
00:31là d'une question prioritaire pour les Français. On va en parler dans un instant. Mais avant,
00:34peut-être cette petite précision Véronique Jacques, puisque vous avez tenu, vous avez mis
00:39des propos dans la bouche de Gérald Darmanin qui n'était pas les bons, c'était en fait Valéry
00:42Boyer. Peut-être cette petite précision pour les auditeurs qui nous rejoignent.
00:45Oui, tout à fait. Tout à fait. J'ai pris en exemple l'exemple de Karim Benzema,
00:50franco-algérien, dont le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, pensait qu'il pouvait éventuellement
00:57avoir des accointances avec les frères musulmans. Il s'est posé la question de la déchéance de
01:03sa nationalité parce qu'il avait donc deux nationalités. Et cette question n'a pas été
01:08soulevée par Gérald Darmanin. Je me suis trompé, mais par Valéry Boyer, la sénatrice à l'air.
01:13Alors précision faite. Et à l'époque, donc, il avait fait débat. Voilà, le débat qui va se
01:17poursuivre, bien évidemment, dans les prochaines heures. En tout cas, la question de sécurité,
01:22elle, elle est vraiment prioritaire pour les Français. La délinquance du quotidien,
01:26ces fameux trafics de drogue, ces règlements de comptes qui pourrissent la vie des habitants.
01:30Je vous propose cet exemple à Cavaillon, dans le sud-est de la France, petite ville de plus
01:35de 26 000 habitants, réputée jadis comme une commune paisible. Stéphanie Routier s'est rendue
01:40sur place et vous allez l'entendre, les habitants en ont vraiment ras-le-bol et ils sont désespérés.
01:45Regardez, écoutez.
01:46Mercredi soir, vers 19h, en plein centre de Cavaillon, deux jeunes hommes ont été blessés
01:53par balle. Transportés rapidement à l'hôpital, leurs jours ne sont pas en danger. Des violences
01:59et agressions qui sont récurrentes dans la ville. Les habitants sont exaspérés.
02:04Oui, il y en a plus que morts. Franchement, on n'ose plus sortir, en fait.
02:09On est dans l'insécurité, donc forcément, on a peur de se balader dans les rues,
02:13même en pleine journée. Là, c'est l'été, les jours rallongent, il fait clair tard le soir et
02:20ouais, c'est de pied en pied. Alors, qu'attendent ces habitants pour leur sécurité avec les
02:26législatives anticipées ? Il faut de la sécurité, ça se voit. Au quotidien, on est agressés,
02:31au quotidien. Je vais aller voter parce que c'est mon devoir de citoyenne, mais le reste,
02:36je ne vais pas dire que je n'ai plus d'espoir, j'espère qu'il y en aura. Quelque chose va
02:41pointer, mais quand, je ne sais pas. De toute façon, maintenant, c'est la racaille qui fait
02:47la loi. Ce n'est plus la démocratie, ce n'est plus les politiques. Alors, je ne sais pas ce qu'il
02:54faut qu'on fasse. Des habitants peu optimistes pour l'avenir. Aux élections européennes,
03:00le taux de participation à Cavaillon était à 45 %, inférieur à la participation nationale.
03:0755 % de taux d'abstention à Cavaillon pour les européennes. Et précision,
03:12l'URN qui arrive en tête avec 43 % devant LFI à 13 %, Renaissance à 9 % dans la petite ville
03:19de Cavaillon aux européennes, Vincent Roy. Nous comprenons bien que cette question d'insécurité,
03:24en tout cas lorsque nous faisons un zoom sur cette ville de Cavaillon, elle profite largement
03:28au Rassemblement national. Aujourd'hui, s'il explique... Insécurité et immigration sont
03:34les deux impensées de la politique de Macron. Ce n'est pas pour la rime, c'est une réalité. En fait,
03:39c'est les deux choses que le président de la République n'a pas voulu prendre à bras le corps,
03:46ce sont les deux choses qu'avant lui, François Hollande n'a pas voulu prendre à bras le corps,
03:51et par conséquent, vous vous retrouvez maintenant avec un Rassemblement national
03:55qui fait ses scores. Si vous aviez eu des gouvernements successifs qui s'étaient emparés
04:01de ces questions, vous n'en seriez pas là. Alors le gouvernement s'est emparé un peu de ces
04:06questions, on va en parler, c'est la fameuse opération place nette. Dans le verbe plus que
04:10dans les actes. Dans le verbe peut-être plus que dans les actes, la communication. Mais avant,
04:13Véronique Jacquy, est-ce que vous avez le sentiment que pendant cette campagne, donc depuis la
04:17dissolution, ces problématiques du quotidien, ces problématiques qui pourrissent la vie de certains
04:21habitants, elles sont suffisamment traitées par les candidats ? Exemple, nous parlions de ce débat,
04:26de cette polémique au cœur, autour de la binationalité il y a un instant. Mais au fond,
04:30ce qu'attendent les Français, c'est peut-être plus de concrets, plus de réponses très concrètes
04:34de la part des candidats. Est-ce que vous avez le sentiment qu'elles ont été suffisamment traitées
04:37ces derniers jours ? Alors, il y a deux choses. Je pense qu'à l'exemple de Cavaillon, on voit qu'il
04:43y a quand même un syndrome Crépole et que les Français ont été traumatisés qu'il y a une
04:47France, la France de Crépole, avec une mère emblématique, une mère courageuse, Madame
04:54Thoraval, qui je pense a employé les bons mots. Madame Thoraval, maire de Romain-sur-Isère.
04:59Qui s'applique au quotidien des Français, qui a dit qu'il n'y a plus de quartier populaire,
05:04il y a des quartiers communautaires où le trafic de drogue fait vivre bien des familles. C'est une
05:10économie parallèle qui n'est pas suffisamment combattue. Elle est combattue bien entendu au
05:14niveau policier, elle est combattue comme les maires le peuvent avec leurs petits moyens. Mais
05:18cette mère de Crépole se plaignait de ne pas être suffisamment entendue par le chef de l'État. Donc
05:22on a des tas de petits maires extrêmement valeureux dans des tas de petites communes qui font ce
05:27qu'ils peuvent pour rassurer leurs concitoyens, mais ce n'est pas suffisant. Maintenant, est-ce
05:30que, quels que soient les partis politiques, on a les armes pour y répondre ? Pas forcément. On
05:36voit qu'on a des maires RN qui sont en place. Ont-ils pour autant bouleversé le quotidien de
05:42leurs administrés ? Je ne suis pas sûre. Du côté de la France Insoumise, c'est un impensé. Du côté
05:48évidemment de la Macronie, on voit que le sujet n'a pas été pris en accord depuis 2017. Donc là,
05:54il y a tout à faire. Mais il y a tout à faire parce qu'il faut changer de logiciel sur ces
05:58questions tout simplement. Il faut que les Français soient prêts également. Les gens
06:03demandent de l'autorité. Louis Dragnel, en quelques mots, et Nathan Devers ensuite avant
06:08de partir Outre-Atlantique, le gouvernement, notamment Gérald Darmanin, s'est emparé de la
06:13question du trafic de drogue avec ses fameuses opérations Placenet. Elles étaient aussi XXL
06:18parfois. On comprend bien qu'il y avait derrière la communication. Néanmoins, on voit que les
06:23résultats à court terme étaient là, mais à moyen long terme, ça ne sert absolument à rien. Donc
06:28c'est effectivement le logiciel qu'il faut changer. Il y a plusieurs sujets. Le premier sujet,
06:33je vais commencer par un exemple. Vous savez combien de containers sont contrôlés par les
06:39autorités européennes et françaises ? 5%. Donc vous avez beau faire toutes les opérations Placenet
06:45que vous voulez, dans la mesure où on accepte un commerce international qui va vite et on n'a
06:51pas de procédures aujourd'hui qui permettent de contrôler de manière systématique ou de
06:54manière beaucoup plus importante et de manière assez rapide aussi tous les containers qui arrivent
06:59et qui partent d'Europe et plus précisément qui arrivent en France. Globalement, on n'y arrivera
07:05pas parce qu'il y a beaucoup de drogue qui arrive quand même par bateau. Ensuite, s'agissant,
07:08je trouve, de la stratégie qui est mise en place. Aujourd'hui, on a l'impression que l'objectif est
07:14plus d'afficher une fermeté que de réellement faire la guerre aux trafiquants de drogue. Et on
07:20peut pour le coup s'appuyer sur l'exemple italien, l'État italien qui a fait sa mue, qui a adopté des
07:27lois antimafia qui sont extrêmement dures et qui fonctionnent. C'est assez efficace. C'est une
07:30logique de guerre. Oui, mais ça se supposerait aujourd'hui de sortir de l'actuel état du droit.
07:37Voilà. Donc il y aurait plein de défenseurs du droit qui dirait que c'est une atteinte aux
07:42libertés. Et je termine simplement d'un mot. On sort de la question de trafic de drogue,
07:45mais sur la sécurité. Le problème aujourd'hui, c'est pour ça que je rebondis ce que disait
07:49Véronique Jacqui à l'instant, c'est que la logique politique, mais ça, c'est peu importe
07:54la couleur politique. Tous les ministres de l'Intérieur depuis 15 ans maintenant disent
07:57on va essayer de mettre plus de bleu sur le terrain, plus de policiers. Et en fait,
08:01moi, j'ai rien contre le fait de mettre plus de policiers, mais c'est le degré zéro de la
08:05stratégie policière. C'est le degré zéro de la stratégie de règlement du problème. La police,
08:09elle intervient quand tout a échoué avant, quand la cellule familiale a explosé, quand l'école a
08:14échoué et quand tout le système social a échoué. Et donc, je pense que maintenant, on voit bien,
08:19on ne va pas mettre un policier derrière chaque habitant. On ne va pas mettre des polices
08:23municipales à tout va partout, partout, tout le temps. Ce n'est pas ça la solution. La solution,
08:27elle est en amont. Et pour aller en amont, il faut briser quelques tabous. Il faut briser des tabous
08:32sur l'immigration. Il faut assumer une politique beaucoup plus ferme. Ça veut dire assumer des
08:37expulsions. Il faut assumer de changer l'actuel état du droit. Et ça, ça demande du courage,
08:43parce que les conséquences des décisions qui doivent être prises seront peut-être terribles.
08:48Il y aura des gens qui ne supportent pas expulser une famille. Ce n'est pas marrant. Humainement,
08:53ce n'est pas facile, mais il faut le faire pour l'intérêt supérieur de la nation et l'intérêt
08:57supérieur des Français.

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