Olivier de Keranflec’h - Quels risques sécuritaires au soir du second tour des élections législatives ?

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Aujourd'hui dans "Punchline", Olivier de Keranflec’h et ses invités débattent des risques de violences le soir du second tour des élections législatives.
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00:00condition. Punchline sur CNews et sur Europe 1, c'est donc jusqu'à 19h.
00:04Pour vous accompagner ce soir autour de ce plateau, Sandra Buisson, bonsoir ma
00:08chère Sandra, journaliste police, justice CNews. A vos côtés, Véronique
00:12Jacquier, bonsoir Véronique. Gabrielle Cluzel nous accompagne également, bonsoir
00:16ma chère Gabrielle. A vos côtés, Louis Dragnel, la journaliste politique, mon
00:20cher Louis, bonsoir. Bonsoir Olivier. Nathan Devers, écrivain, est également avec nous.
00:23Bonsoir Olivier. Bonsoir Nathan. Et Arnaud Benedetti, politologue. On va avoir besoin
00:27de vos analyses ce soir mon cher Arnaud. Bonsoir. Et pour commencer justement, nous
00:31sommes donc dans la dernière ligne droite des législatives à partir de ce
00:35soir minuit. La campagne s'est terminée et le
00:39suspense demeure, l'incertitude quant aux résultats, mais une crainte persiste.
00:43Ces derniers jours, celle d'éventuels débordements de violences, notamment en
00:48cas de majorité absolue pour le RN. On va faire le point tout de suite avec
00:52Dunia Tengour et nous en parlons ensuite notamment avec Sandra Buisson. Vous avez
00:56des remontées du terrain. À quelques jours seulement des résultats du second
01:02tour des législatives, l'exécutif craint les débordements. Le ministre de
01:07l'Intérieur Gérald Darmanin a évoqué la possible implication de l'ultra gauche.
01:12Il y a des rendez-vous devant l'Assemblée nationale.
01:14J'ai demandé au préfet de police de les interdire. Des débordements qui sans
01:17doute viennent plutôt de l'ultra gauche. Selon les autorités, des risques réels de
01:22violence et de dégradation sont donc attendus dans la soirée, dans de
01:26nombreuses villes de France. Des affrontements entre ultra droite et
01:29ultra gauche sont également redoutés, parmi les cibles visées, les symboles de
01:34l'état, les permanences politiques ou encore les sièges de partis.
01:38Il y a d'autres débordements possibles dans certaines villes qu'on connaît bien,
01:41évidemment Paris, mais ça peut être le cas à Lyon, à Rennes, à Nantes, où il y a des
01:45foyers d'ultra droite ou d'ultra gauche. D'après nos informations, les autorités
01:50n'ont pas encore détecté de mouvements liés aux élections dans les quartiers
01:54dits sensibles. Pour assurer la sécurité ce dimanche, 30 000 policiers et gendarmes
01:58seront déployés sur tout le territoire, dont 5000 à Paris et dans sa banlieue.
02:04Alors Sandra Buisson, vous vous entretenez depuis plusieurs jours avec
02:08des policiers. Quelles sont les remontées que vous avez, les remontées de terrain ?
02:11Alors jusque là, entre les deux tours des élections, les consignes notamment du
02:16côté de l'ultra gauche et aussi de l'ultra droite, c'était de ne pas faire
02:20de vagues, de ne pas se laisser aller à des violences, pour ne pas handicaper de
02:25chaque côté bien les chances de son mouvement politique dans le scrutin.
02:30À partir de maintenant et pour le soir du deuxième tour, notamment dans l'ultra
02:34gauche, les mots d'ordre qui circulent, c'est garder les urnes, on prend la rue.
02:37Sans la rue, pas de front populaire ou encore le barrage efficace, c'est la rue.
02:42Donc en cas de majorité du rassemblement national, selon nos informations, il y aura
02:46des violences plus nombreuses, plus intenses et dans des villes plus nombreuses aussi,
02:51contrairement au premier tour. Les villes les plus touchées, vous l'avez entendu,
02:56sont celles où la mouvance de l'ultra gauche est la plus implantée, Lyon, Nantes, Rennes,
02:59notamment. Il y a déjà des appels à se rassembler. On sait que le rassemblement
03:04qui avait été annoncé devant l'Assemblée nationale à 20 heures dimanche a été interdit
03:09par le préfet de police de Paris, mais les services s'attendent à ce qu'il y ait des
03:13appels à des rassemblements spontanés juste après l'annonce des élections. Et il faut
03:20garder en tête aussi, et c'est ce qui était dit dans le sujet, ce risque assez important
03:24d'affrontement entre les deux mouvances d'ultra gauche et d'ultra droite. Il y a des villes plus
03:29précises sur lesquelles ça pourrait advenir, à Nancy, Angers ou Bordeaux.
03:32Et est-ce que, Sandra, ces violences, elles pourraient être massives, des mouvements
03:36massifs ou ce seront des groupuscules, finalement, avec des effectifs assez limités ?
03:41La question est de savoir si les ultras auront emmené avec eux une masse de citoyens lambda,
03:47à créer une espèce d'engouement populaire pour cette contestation qu'ils veulent débrider.
03:52Pour l'heure, il semble que ce ne soit pas le cas selon les remontées dont on a connaissance. On sait,
03:57par exemple, que l'ultra gauche avait échoué l'an dernier à récupérer le mouvement,
04:02les émeutes qui avaient suivi la mort de Nahel. Et puis, c'est ce que précise également notre
04:06reportage du côté des quartiers sensibles, les services n'ont pas détecté de signes
04:09annonciateurs d'une mobilisation en rapport avec ces élections. On ne peut pas écarter quand même
04:14un phénomène possible de mimétisme, notamment avec le 14 juillet en ligne de mire. Et on sait
04:20que dans certains quartiers, les réserves sont déjà faites de mortiers d'artifice pour cette date.
04:24Effectivement, et on se souvient de cette chanson de rap, cette semaine, qui éventuellement peut
04:30attiser Louis Dragnel, cette jeunesse. Je vais citer quelques paroles que l'on a pu entendre.
04:36On vote contre les porcs, Jordan Témor. S'il est fâche au passe, je vais sortir avec un Big Calibre.
04:41Je recharge la Kadachnikov en Louis Vuitton comme Ramzan Kadirov. Voilà, on voit qu'il y a eu
04:46effectivement des appels aussi à la violence cette semaine, des pressions sur la démocratie
04:52incontestable, si je puis dire. Bien sûr, il y a eu ça. Et puis, il y a eu le clou du spectacle,
04:56si on peut parler comme ça, c'était l'agression de l'équipe de campagne de Priska Tevno. Et donc,
05:02qui a donné lieu d'ailleurs à des interpellations. Et je crois que deux des quatre personnes qui
05:06avaient été placées en garde à vue ont été placées en détention provisoire. Donc, on voit
05:11que c'est quand même encore monté d'un cran. Et ce qui est vrai, c'est qu'il faut faire la part
05:16des choses entre ce qui relève des tensions de campagne habituelles. De tout temps, il y a eu des
05:22collages, des collages d'affiches, des tensions devant les panneaux électoraux. Et je me souviens
05:26même, il y avait une vieille recette que tous les partis politiques connaissent, en tout cas ceux
05:30qui ont l'habitude de coller, souvent mettre du verre pilé dans la colle pour être sûr qu'on ne
05:35décolle pas leurs affiches. Et ça, c'est des techniques qui existent depuis la nuit des temps.
05:39En revanche, ça, c'est une chose. Et l'autre chose, effectivement, c'est l'ultra-violence,
05:44l'incitation au meurtre, carrément des équipes qui sont prises à partie, qui sont comme l'équipe
05:50de campagne de la secrétaire d'État Priska Tevno. Et là, on bascule dans autre chose. Et de ce point
05:56de vue, j'ai l'impression qu'il y a quelque chose. Voilà, c'est un phénomène qui est nouveau,
05:59qui est inédit et qui montre l'état de grandes, grandes tensions à la fois politiques,
06:05mais aussi d'après les éléments dont on dispose, s'agissant de ce qui est arrivé à l'équipe de
06:10campagne de Priska Tevno. C'est de la violence gratuite avec des gens qui ne sont pas forcément
06:14politisés. Effectivement. Alors justement, Arnaud Benedetti. Mais qui sont connus en
06:18revanche des services de police et de la justice pour trafic de stupéfiants. Parmi les quatre
06:23personnes qui ont été interpellées, il y en a deux d'entre eux qui sont connues et qui ont
06:26déjà été condamnées. Arnaud Benedetti, 51 agressions, c'est ce que dit le ministère de
06:30l'Intérieur pendant cette campagne des législatives. Qu'est-ce qui change ? Louis
06:35Draynel le disait, ça a toujours existé les violences lors des campagnes de collage. Ça
06:39faisait partie, alors je ne sais pas si le terme est le bon, mais un peu du folklore finalement
06:42des campagnes. Qu'est-ce qui change cette fois par rapport à ce qu'on a vu, ces violences que
06:47l'on a vues, constatées ces derniers jours ? On a une polarisation qui est beaucoup plus forte et
06:52une brièveté de la campagne qui en plus, quelque part, vient exacerber les tensions avec, si vous
06:59voulez, une forme d'inconnue quant au résultat, quant à l'issue de ce résultat. Donc, si vous
07:05voulez, tous ces ingrédients, d'une certaine manière, ne peuvent que, quelque part, hystériser
07:09la campagne que nous sommes en train de vivre. Mais je rejoins ce que dit Louis Draynel. On a
07:15connu par le passé, en effet, des campagnes, notamment municipales, dans les années 60-70,
07:21où il y avait des affrontements entre couleurs d'affiches, entre couleurs d'affiches, à l'époque
07:28c'était l'UDR et du Parti Communiste. C'était, j'allais dire, pas une tradition, mais dans un
07:32certain nombre de villes, d'ailleurs, de la ceinture parisienne, il y a, en effet, des événements, avec
07:38parfois des morts, en effet. Mais là, si vous voulez, on est vraiment dans un autre schéma, parce qu'on
07:42est dans un schéma où on s'est aperçu, depuis déjà de très nombreuses années, que notamment les élus
07:48deviennent des cibles, et ça, ça a été documenté, notamment les élus locaux, qui sont très souvent
07:53pris à partie de manière très violente par leurs administrés, mais tout cela dit finalement, au-delà
07:58de l'extrême tension de notre société, il dit quelque chose sur les fracturations de notre
08:02société. En fait, le politique ne fait que refléter ce qui se passe dans les tendances lourdes de la
08:08société auxquelles nous sommes confrontés, et cette campagne électorale, encore une fois, en plus,
08:14bon, si vous voulez, on a, disons, dans le vocabulaire, dans la sémantique, un certain
08:18nombre de responsables politiques, là aussi un élément supplémentaire qui vient, quelque part,
08:23rendre plus nerveux le débat. Même le président de la République, quand il parle de guerre civile,
08:28d'une certaine manière, il met une pièce dans la machine, aussi de son côté.
08:31En tout cas, peut-être pour clore ce chapitre, on va marquer une pause, mais Sandra Huisson,
08:35la menace, elle vient de l'extrême gauche, principalement.
08:38Alors, en fait, le scénario le plus probable, à l'heure actuelle, c'était effectivement cette
08:45question de majorité ou non absolue pour le Rassemblement national. Il était quasi acquis que
08:50du côté du Nouveau Front populaire, il n'y ait pas de majorité. Effectivement, du côté des
08:57débordements anti-résultats, ça sera davantage sur ceux qui s'opposent au Rassemblement national,
09:02puisque c'est ce parti qui est en passe d'avoir la majorité.
09:05Non mais pardon, on va être clair, il n'y a pas du tout la même violence organisée
09:13qu'on voit à chaque manifestation venant de l'extrême droite et de l'extrême gauche.
09:17Moi, je veux bien qu'on essaie de mettre un signe égal pour renvoyer dos à dos,
09:22mais ce n'est pas vrai. Ce n'est pas vrai. D'ailleurs, qui a été agressé pendant cette
09:26campagne et par qui ? Faisons les comptes. Et si tout le monde s'inquiète des violences à venir,
09:31ce n'est pas parce que le Front populaire pourrait arriver en tête et que des nervis d'extrême
09:37droite mettraient la France à sac. Moi, je pense qu'on a besoin de vérité. Ce n'est pas vrai.
09:42C'est vrai qu'il y a des gens d'extrême droite, il y a le but qui a été dissous, etc. Mais on ne peut
09:48pas faire une égalité entre les deux parce que ce ne serait pas honnête.
09:51Sandra Buisson.
09:52D'accord. C'est très bien. Je suis d'accord avec vous, alors.
09:54Nathan Devers, en un mot, je vous vois lever le doigt. Allez-y.
09:59Je voulais juste dire une toute petite chose. Quand on parle de la violence,
10:02on peut avoir l'impression que les élites chics n'en font pas partie puisque c'est la violence
10:07dans les rues, etc.
10:08Si. On a vu la bordélisation à l'Assemblée nationale.
10:10Oui, mais ce n'est pas que ça. La violence sur les réseaux sociaux,
10:13quand vous avez des responsables politiques qui participent à des harcèlements sur Twitter,
10:17parfois quotidiennement, qui n'ont pas de problème à rentrer dans ce déchaînement de violence.
10:22Alors, ce n'est pas une violence qui fait couler du sang, mais c'est une violence quand même.
10:25Évidemment qu'ils ont une responsabilité dans la montée de la violence. Combien de
10:28personnes en France ont eu la vie brisée parce qu'ils ont été victimes de harcèlement pendant
10:34des jours et des jours sur les réseaux sociaux, entretenus parfois par des personnalités
10:38politiques. Ça fait partie aussi de la violence et ça peut être fait par des gens en cravate,
10:41très bien, qui n'ont jamais cassé une poubelle de leur vie. Mais c'est de la violence quand même.
10:44Et en tout cas, on a vu effectivement depuis le 7 octobre, notamment et pendant cette campagne,
10:48les Français de confession juive faire face à la hausse de la violence, de l'antisémitisme.
10:53Et d'ailleurs, une centaine de personnalités ont signé une tribune dans les colonnes du Figaro
10:58et ils appellent à faire barrage, non pas au RN, mais au Nouveau Front populaire.
11:02On va en parler dans un instant. Sandra Luisson, merci beaucoup pour vos éclairages.
11:07On fait une très courte pause sur ces news et sur Europe 1 et nous revenons dans un instant.
11:11A tout de suite. Europe 1, punchline, 18h, 19h.

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