Olivier de Keranflec’h - Bi-nationalité : Le RN fait-il fausse route ?

  • il y a 3 mois

Aujourd'hui dans "Punchline", Olivier de Keranflec’h et ses invités débattent des propos de Roger Chudeau concernant la bi-nationalité.
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Transcript
00:00Punchline, nous sommes ensemble jusqu'à 19h pour vous accompagner sur CNews et sur Europe 1 autour de ce plateau.
00:06Véronique Jacquier, bonsoir ma chère Véronique.
00:09Bonsoir Olivier, bonsoir à tous.
00:10Vincent Roy est également avec nous, bonsoir mon cher Vincent.
00:13Bonsoir.
00:13L'écrivain Nathan Devers, également bonsoir Nathan.
00:16Bonsoir Vincent.
00:17Louis Dragnel, journaliste politique, nous s'accompagne jusqu'à 19h.
00:21Écoutez, fort bien, et vous-même ?
00:22Moi je suis en pleine forme avec vous.
00:23Eh bien, vous avez intérêt puisque l'actualité est fortement chargée et on a besoin de vos décryptages, de vos analyses.
00:29Alors pour démarrer, je vous propose de revenir sur cette polémique à deux jours du premier tour des élections législatives.
00:34Je vous rappelle le contexte.
00:35Le Rassemblement national veut interdire des emplois sensibles aux personnes ayant la double nationalité.
00:40Alors de quel poste parlons-t-on ?
00:43Le flou demeure, en tout cas, pas le poste de ministre puisque Marine Le Pen a désavoué un député RN.
00:49Ce dernier avait pris comme exemple celui de Najat Vallaud-Belkacem, l'ancienne ministre de l'éducation sous François Hollande.
00:55Et les réactions, eh bien, ne se sont pas faites attendre.
00:58On voit les précisions de Régine Delfour et on en parle ensuite.
01:01Hier soir, Roger Sudot, le député sortant RN du Loire-et-Cher, a assuré que certains postes seraient interdits aux citoyens titulaires d'une double nationalité par le RN.
01:12Qualifiant d'erreur la nomination de Najat Vallaud-Belkacem comme ministre de l'éducation sous le gouvernement Hollande.
01:19Najat Vallaud-Belkacem, franco-marocaine, qu'a-t-elle fait ?
01:22Elle a détruit le collège public et surtout elle a voulu instituer au CP des cours d'arabe.
01:27Les propos tenus par Roger Sudot sur la binationalité suscitent l'indignation de la classe politique, notamment dans son propre parti.
01:35Marine Le Pen s'est dit offusquée.
01:37Je suis un peu estomaquée que notre collègue Sudot, qui est pourtant inspecteur d'académie,
01:42qui a été en cabinet ministériel auprès du premier ministre François Fillon, puisse exprimer un avis qui est un avis personnel,
01:49mais qui est totalement contraire en réalité au projet du RN.
01:52La principale intéressée a quant à elle interpellé le camp présidentiel.
01:57Question simple à l'adresse des candidats Renaissance Emmanuel Macron, cautionnez-vous cela.
02:02Sinon, vous savez ce qu'il vous reste à faire.
02:04Vous engagez à chaque fois que vous arriverez troisième à vous désister en faveur du candidat qui respecte les valeurs de la République.
02:10Le premier ministre s'est dit lui aussi scandalisé.
02:13Un ministre qui a deux nationalités a deux loyautés.
02:16Derrière ça veut dire quoi ?
02:18Le message qui est envoyé c'est que vous êtes binational, vous n'êtes pas totalement français.
02:22A gauche, les condamnations sont aussi unanimes.
02:26Condamnation unanime à gauche donc, dans le Bloc Central, mais aussi au sein du RN.
02:30On va écouter Marine Le Pen justement qui s'exprimait à ce sujet, et puis on vous écoute ensuite.
02:37Je suis un peu estomaquée que notre collègue Schudo, qui est pourtant inspecteur d'académie,
02:41qui a été en cabinet ministériel auprès du premier ministre François Fillon,
02:46puisse exprimer un avis qui est un avis qui lui est personnel,
02:50qui est totalement contraire en réalité au projet du RN.
02:55Je pense que Jordan Bardella, qui est le président du parti, ne laissera pas les choses en l'état,
03:01car encore une fois, il a été, comme moi, extrêmement mécontent
03:07que le projet du RN soit ainsi et par ses propos dénaturé.
03:16Finalement, Louis Draynel, est-ce que le RN ne s'est pas embourbé en mettant en avant
03:21cette question de la binationalité pour les postes stratégiques au sein de cette campagne ?
03:26Puisqu'on le sait, l'attente des Français, c'est le pouvoir d'achat, la sécurité,
03:29notamment la question de la binationalité arrive bien après.
03:31Vous posez une bonne question, parce qu'en fait, l'idée initiale du RN n'était pas idiote,
03:37l'idée c'était d'entériner une situation de fait.
03:41Dans les faits, toutes les personnes qui travaillent à la DGSI, à la DGSE,
03:46dans le premier même, le deuxième cercle du renseignement,
03:49font l'objet d'une enquête d'habilitation plus ou moins poussée.
03:53Par exemple, tous les collaborateurs, même du ministre de l'Intérieur, du ministre des Armées,
03:58même d'autres ministères, font l'objet d'enquêtes.
04:01À l'occasion de ces enquêtes sont questionnés un certain nombre de points,
04:05votre environnement personnel, la situation familiale,
04:09et est-ce qu'il y a des problèmes d'ingérence possibles,
04:12si vous êtes marié avec une Russe, par exemple,
04:16c'est un point d'attention pour les services d'enseignement.
04:18La binationalité peut être un point d'attention.
04:20C'est un point d'attention, particulièrement en ce moment,
04:23quand vous travaillez dans un service d'enseignement.
04:25De toute façon, les enquêtes d'habilitation sont faites,
04:28et c'est fait de manière très scrupuleuse.
04:32J'en parlais en mai de votre part.
04:34Dans la réalité, il n'y a quasiment aucun binationaux
04:37à la tête de ces services d'enseignement,
04:39dans les services de contre-espionnage,
04:41en raison de ce qu'on vient d'évoquer.
04:43Ensuite, le député RN a étalé sur un autre sujet,
04:49qui n'est pas du tout la question des postes stratégiques,
04:52mais la question des portefeuilles ministériels.
04:54Est-ce qu'on peut les confier à des gens qui sont binationaux ?
04:57Moi, ce que je pense, c'est que dans l'idéal,
04:59si on peut le confier à des Français,
05:01tant mieux, c'est plutôt mieux.
05:03Dans tous les pays du monde, on cherche à avoir des gens de sa nationalité
05:06pour conduire l'action de l'État.
05:08Ensuite, pour de nombreux portefeuilles ministériels,
05:11moi, je ne vois pas d'incompatibilité.
05:13Si vous avez quelqu'un qui est talentueux,
05:15qui est n'importe quoi franco-britannique
05:17pour être ministre des Sports,
05:19honnêtement, je ne vois pas le problème.
05:21Mais est-ce que derrière la question,
05:23est-ce que vous y voyez du racisme derrière ?
05:25Puisque Emmanuel Macron et également Gabriel Attal,
05:27aujourd'hui, c'est ce qu'ils pensent de cette situation.
05:30Alors, on va les écouter, et Nathan Devers,
05:32je vous donne la parole ensuite.
05:34C'est infamant et ridicule.
05:36Mais c'est surtout infamant.
05:38Vous savez, il y a les articles de la Constitution,
05:40ils ont été rappelés acquis de droit.
05:42Il y a aussi notre devise républicaine,
05:44liberté, égalité, fraternité.
05:46La France s'est construite par des grandes figures.
05:50Je rappelle que parmi les premiers,
05:52c'est celui de la République,
05:54il y a eu des non-français,
05:56qui ont fait notre République,
05:58notre amour de la liberté, Garibaldi en était, et beaucoup d'autres.
06:00En arriver là,
06:02de pouvoir dire cela aujourd'hui,
06:08c'est une dissolution des esprits et des consciences.
06:12Le Rassemblement National reste un parti
06:14qui veut prier nos concitoyens
06:16selon leurs origines
06:18ou leur race, leur dite race.
06:20C'est ça qui est terrible.
06:22Regardez ce qu'ils ont dit hier.
06:24Un ministre qui a deux nationalités
06:26a deux loyautés.
06:28Derrière, ça veut dire quoi ?
06:30Vous êtes binational,
06:32vous n'êtes pas totalement français.
06:34Voilà pour Gabriel Attal
06:36et Emmanuel Macron,
06:38qui s'exprimaient et qui y voient tous les deux
06:40du racisme désinhibé dans cette question de la binationalité.
06:42Vincent Roy.
06:44Mais il est encore complètement à côté de la plaque, Emmanuel Macron.
06:46Ses arguments ne tiennent pas.
06:48Ce sont les étrangers qui ont fait la France.
06:50Il y a encore peu de temps,
06:52il n'y avait pas de culture française.
06:54Maintenant, ce sont les étrangers qui ont fait la France.
06:56Il ne sait plus par quel bout prendre le problème.
06:58Je peux tout à fait comprendre
07:00qu'il critique,
07:02et pour part,
07:04il a bien raison de critiquer
07:06ce qu'a dit
07:08le type,
07:10on va dire comme ça,
07:12du député du RN.
07:14Ça s'entend,
07:16mais pas avec ces arguments-là.
07:18On ne répond pas.
07:20Effectivement, la question ne se pose pas.
07:22Il faut aller au fond du problème.
07:24En réalité, que vous ayez comme ministre
07:26un franco-australien,
07:28ça ne dérangera personne.
07:30Si vous avez un franco-algérien,
07:32ça dérangera les gens.
07:34Voilà ce que voulait dire le député du RN.
07:36C'est précisément là que c'est inquiétant ?
07:38Ce n'est pas une raison.
07:40Ce n'est pas une raison pour répondre
07:42que ce sont des étrangers qui ont fait la France
07:44et de nous sortir Garibaldi.
07:46C'est précisément là que c'est raciste.
07:48C'est lui qui a cité l'exemple
07:50de Najat Vallaud-Belkacem.
07:52Ce n'était pas Benjamin Duhamel,
07:54c'est lui qui a pris cet exemple.
07:56Il n'a pas pris l'exemple de Manuel Valls,
07:58franco-espagnol ou de Aguidalgo, etc.
08:00Il a pris exprès quelqu'un qui est franco-marocaine,
08:02si je ne me trompe pas.
08:04Deuxièmement, il a le droit de trouver
08:06que ce n'était pas une bonne ministre,
08:08mais il dit qu'elle a détruit l'éducation nationale
08:10en obligeant d'apprendre l'arabe
08:12à l'école, en CP,
08:14parce qu'elle était franco-marocaine.
08:16C'est ça, ce qu'il dit.
08:18Entre ça et les déclarations de Jadis...
08:20Il laisse entendre qu'il pouvait y avoir des ponts
08:22dans le texte littéral.
08:24Entre ça et les déclarations Jadis
08:26de Jean-Marie Le Pen contre Lionel Stolérud
08:28sur la double nationalité supposée
08:30franco-israélienne, on est exactement pareil.
08:32Il y a une chose que je ne comprends pas.
08:34Quand Marine Le Pen dit que les déclarations
08:36de ce député raciste
08:38ne sont pas compatibles
08:40avec le projet du Rassemblement national.
08:42Excusez-moi, mais si.
08:44Quand le Rassemblement national nous fait savoir
08:46que l'abinationalité est un problème,
08:48quand Jordan Bardella nous répète
08:50que l'abinationalité est un problème
08:52pour la fonction publique...
08:54Ils s'y sont mal pris.
08:56Ils l'ont expliqué très clairement.
08:58Pour la fonction publique...
09:00Louis Draguel, on n'a pas tendu
09:02au nid de jacquard.
09:04Ils ont dit que ça concernait 50 postes
09:06de directeur de centrale nucléaire,
09:08de service de renseignement.
09:10En plus, dans les faits, 50, c'est assez peu
09:12par rapport à ce qui se pratique dans la...
09:14Deputé européenne de Reconquête
09:16qui, elle aussi, a donné son avis
09:18sur les propos d'Emmanuel Macron, cette fois.
09:20On l'écoute.
09:22Je suis pas du tout d'accord avec le chef de l'État
09:24quand il parle de racisme désinhibé.
09:26J'ai l'impression qu'aujourd'hui,
09:28on veut faire passer pour raciste
09:30le simple fait de vouloir faire une différence
09:32entre les Français et les étrangers.
09:34Et je parle pas du tout de Mme Vallaud-Belkacem,
09:36sur laquelle je reviendrai.
09:38Je parle de la proposition sur la double nationalité.
09:40Je pense que faire une différence
09:42entre les Français et les étrangers,
09:44c'est précisément ce qu'a fait la République
09:46par exemple, je citerai Léon Blum, puisqu'on parle
09:48beaucoup de nouveaux fronts populaires en ce moment.
09:50Léon Blum, c'était celui qui voulait justement
09:52la préférence nationale, qui disait qu'il fallait
09:54réserver les emplois des Français
09:56aux Français dans les usines. La CGT,
09:58par exemple, la CGT, si on reprend l'exemple en 36,
10:00c'est celle qui veut imposer
10:02des quotas d'étrangers dans les usines.
10:04Alors, nous pouvons souligner, effectivement,
10:06Véronique Jacquet, que nous parlons des binationaux,
10:08et non pas des étrangers, dans ce dossier-là.
10:10Peut-être est-ce,
10:12là aussi, une précision à apporter
10:14à Saragneau ? Oui, bien sûr, tout à fait,
10:16mais pour revenir sur ce qui a été dit,
10:18on a l'exemple de Manuel Valls,
10:20Premier ministre de la France,
10:22d'origine espagnole,
10:24catalan, et qui porte fièrement
10:26et les couleurs catalanes et les couleurs
10:28françaises. Voilà, donc on peut
10:30avoir des membres du gouvernement
10:32qui sont binationaux, ça ne pose pas de problème.
10:34Après, bien entendu, moi je trouve que
10:36le débat se pose pour les postes sensibles,
10:38et Louis Dragonel a très bien expliqué
10:40qu'il était pertinent
10:42de mener des enquêtes et peut-être de dire
10:44non à certains postes, on ne veut pas de binationaux.
10:46Moi, je pense que ça, ça s'entend.
10:48En revanche, il y a toujours un débat,
10:50et ce n'est pas la première fois, la droite l'a posé,
10:52ce débat d'ailleurs, sur la déchéance de nationalité.
10:54Ça veut bien dire qu'on a
10:56certains problèmes avec certains binationaux,
10:58notamment quand
11:00certains binationaux sont partis
11:02en Syrie faire le djihad,
11:04on s'est dit, mais qu'est-ce qu'on fait de ces gens-là ?
11:06Elle est là la question majeure,
11:08la problématique. Est-ce qu'on a le droit
11:10de leur binationalité ?
11:12La droite n'a jamais été capable
11:14de trancher, d'aller jusqu'au bout, notamment les LR,
11:16qui avaient essayé de porter la question.
11:18C'est le sujet tabou suprême.
11:20La polémique en date, Karim Benzema,
11:22et c'est Gérald Darmanin qui avait mis le sujet
11:24sur la table en disant qu'il est franco-algérien
11:26et il y a soupçon de connivence
11:28avec les frères musulmans, et j'aimerais qu'on arrive
11:30à le déchoir de sa nationalité.
11:32Alors voilà, quand c'est l'ERN qui en parle,
11:34on n'a même plus le droit d'en débattre.
11:36Quand c'est d'autres qui mettent le sujet sur la table,
11:38c'est tout à fait normal que ça devienne un sujet.
11:40Bon voilà, je pense qu'il faut faire la part des choses
11:42et apporter un peu de nuance dans ce débat.
11:44Et pour conclure,
11:46un peu de nuance, mais on le voit bien,
11:48la question reste taboue tout de même aujourd'hui,
11:50comme vous l'avez souligné à l'instant, Louis Draguel.
11:52On va faire une pause sur CNews et sur Europe 1.
11:54Nous parlions de la question de la binationalité
11:56au coeur de ce débat, mais on va le voir
11:58dans un instant. Les Français ont d'autres attentes,
12:00notamment sur la sécurité. On va faire
12:02un détour par la petite commune de Cavaillon.
12:04On va entendre ces Français
12:06qui sont désespérés, puisque 26 000
12:08habitants, peut-être...
12:10Ah oui, parce que vous le rappelez, effectivement,
12:12c'est la capitale du Melon, Cavaillon.
12:14Alors, effectivement, c'était au jadis,
12:16tout à fait...
12:18Et maintenant, c'est la capitale de quoi ?
12:20Il faut mettre en valeur notre terroir.
12:22Exactement, mais vous allez le voir.
12:24Est-ce qu'ils essaient de faire un temps de verre avec un certain nombre
12:26de difficultés ? Mais moi, j'y vais.
12:28Mais vous allez voir, Vincent Roy, on va entendre ces Français
12:30malheureusement désespérés. Merci pour ce trait d'humour,
12:32ça fait du bien en cette période.
12:34Un peu compliqué, Vincent Roy.
12:36Et on compte sur votre humour pour la suite de l'émission
12:38sur CNews et sur Europe 1. Restez avec nous.

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