Les chroniqueurs du jour :
Olivier Dartigolles, chroniqueur politique
Gilles Boutin, Chef des informations au Figaro
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00:00On va parler politique à présent. Toujours aucun Premier ministre à l'horizon, l'attente commence à se faire longue.
00:05On n'avait pas le nom, tu vois.
00:07Moi non, vous l'avez Olivier D'Artigolle.
00:09Non, personne de là.
00:10Écoutez, personne de là autour de la table.
00:11Ce délai n'est pas sans conséquences puisque le budget qui fixe les dépenses et les recettes de l'État pour 2025 a lui une date butoir, Olivier D'Artigolle, ça vous le savez.
00:19Oui, un budget très contraint puisqu'il faudrait de nouveau aller chercher 25 milliards d'économies.
00:26Normalement, les choses se passent ainsi.
00:29Le Bercy, les ordi à Bercy devraient tourner à plein pendant les mois d'été.
00:34Et en plus, le Haut Conseil des finances publiques devrait avoir une proposition de budget pour le 11 septembre.
00:41Ce budget doit passer en Conseil des ministres le 25 septembre.
00:46Et puis, il y a la discussion parlementaire qui est très importante, qui doit amener à un vote avant le 31 décembre.
00:53C'est un calendrier très strict.
00:56Et nous sommes en plus sous le coup d'une procédure de déficit excessif au niveau de l'Union européenne
01:03qui amène en plus à la nécessité de présenter une trajectoire budgétaire aux instances européennes dans les toutes prochaines semaines.
01:13Le président de la commission des finances à l'Assemblée nationale, Éric Coquerel, dit
01:18le calendrier peut être tenu s'il y a un premier ministre d'ici le 20 août.
01:24Sinon, après, on tombe dans un agenda qui peut paraître quasiment impossible.
01:30On sait par ailleurs que le ministre des finances démissionnaire a travaillé à un scénario budgétaire.
01:40Et à Bercy, il commence à porter l'idée que, de toute manière, quel que soit le gouvernement,
01:46ils seront tenus de rester dans les clous de ce qui est aujourd'hui travaillé.
01:51Sauf que ça pose un problème concernant la vie démocratique.
01:54Il s'agit d'un gouvernement démissionnaire, donc ça ne rentre pas normalement dans l'ordre.
01:58Et sur un sujet qui est le vote au Parlement, l'un des plus importants votes au Parlement sur une année,
02:07est décidé du budget de la nation et celui de la Sécurité sociale pour l'année prochaine.
02:11Un mot sur ce sujet, Gilles Boutin, et on en reparlera juste après la pause.
02:15Le seul aspect qui est relativement rassurant là-dedans, c'est que la tambouille ministérielle et administrative
02:20pour préparer justement ce budget fonctionne malgré l'immobilisme supposé d'un gouvernement démissionnaire.
02:26Maintenant, comme vous le dites, soit on peut dire que ça dépolitise cet exercice,
02:32soit c'est le gouvernement sortant qui finalement l'emporte, puisque d'après ce qu'on entend pour l'instant,
02:38on est sur une espèce d'imitation du budget précédent, à ce suprême que l'on sert encore plus la vis pour faire des économies.
02:44Donc ça veut dire que le futur gouvernement aura très peu de temps pour imprimer sa marque, ça risque d'être symbolique.
02:51Et vous avez raison de rappeler que de toute façon, à l'arrivée, on a des contraintes européennes
02:55qui font que les marges de manœuvre sont extrêmement réduites.
02:59On va continuer de se poser la question quand même.
03:01Quelles pourraient être les conséquences pour le pays si le budget ne pouvait pas être voté en temps et en heure ?
03:06Un scénario inédit dans la Ve République, on en parle dans un instant.
03:14Toujours aucun Premier ministre à l'horizon, l'attente commence à se faire longue.
03:18Et ce délai, on le disait, n'est pas sans conséquences puisque le budget qui fixe les dépenses et les recettes de l'Etat pour 2025
03:25doit être voté d'ici la fin de l'année et plus précisément le 31 décembre.
03:29Alors, quelles pourraient être les conséquences pour le pays si le budget ne pouvait pas être voté en temps et en heure ?
03:35Ça n'est jamais arrivé, je crois, dans la Ve République, Olivier Dardigolles.
03:39Non, vous avez raison de rappeler la date du 31 décembre.
03:42Alors, ça a été prévu, on n'est pas en France dans un scénario à la shutdown comme aux Etats-Unis,
03:48avec ce spectre chaque fois qu'on voit arriver dans les débats politiques américains
03:53où on joue à se faire peur, qui amènerait à une paralysie budgétaire très importante.
03:59Oui, parce que c'est arrivé aux Etats-Unis, c'est-à-dire l'arrêt des opérations gouvernementales,
04:03les fonctionnaires se retrouvent du jour au lendemain à ne plus être payés.
04:06Alors, pas de shutdown à la française parce qu'il y a donc l'article 45 de la Constitution
04:11qui prévoit une procédure exceptionnelle pour assurer justement la continuité du financement de l'Etat.
04:17Pour résumer, l'Etat peut percevoir chaque mois un douzième des recettes du budget de l'année passée.
04:25C'est un peu technique, mais c'est la manière dont cela est prévu.
04:29Mais il faut bien se dire le niveau de crise politique,
04:32parce que jamais, au grand jamais, on ne s'est posé cette question au cours des dernières années.
04:39Ce qui devrait amener quand même le président à hâter le pas,
04:46à accélérer pour désigner quand même dans les prochains jours un Premier ministre,
04:54encore faut-il qu'il gagne une situation à l'Assemblée nationale qui n'expose pas une censure.
05:06On a basculé avec la dissolution des résultats des élections dans quelque chose dont on n'a pas l'expérience.
05:14C'est sur quoi on s'arrache tous les cheveux,
05:17puisqu'on fait des calculs en permanence en faisant des additions de députés
05:21pour tenter de voir comment on va réussir à avoir un gouvernement avec une majorité suffisante.
05:28Et on n'y arrive jamais.
05:31La seule inconnue dans tout ça, et je dirais plutôt le non-dit politique,
05:37c'est comment un gouvernement de centre droit,
05:41puisque c'est quand même l'hypothèse la plus raisonnable sur laquelle on peut s'orienter,
05:45va faire pour faire passer ses lois.
05:48Et nous en discutions.
05:50Pour moi, le non-dit, c'est le rôle du RN dans tout ça.
05:55Partageons cette vue.
05:58Dans quelle mesure le RN va se positionner comme un parti responsable
06:03et va être le faiseur de droit permanent du gouvernement ?
06:11C'est-à-dire le faiseur de droit sur le budget et le faiseur de droit sur chaque loi.
06:15Ce qui va contraindre le gouvernement à satisfaire les aspirations de droite
06:20qui, malgré tout, se sont exprimées dans les votes.
06:24Puisqu'on ne peut pas faire comme si le vote pour le RN n'existait absolument pas.
06:29Simplement, ce qui est frappant dans toutes les équations et les discours politiques qu'on entend,
06:34c'est que ce n'est absolument pas évoqué.
06:37Mais ce sont des équations, vous le disiez, Gilles Boutin,
06:40des équations totalement impossibles, puisqu'on ne sait pas de quel gouvernement est-ce qu'on parle aujourd'hui.
06:44C'est certain, parce que là, c'est sur une hypothèse.
06:47Après, si on part sur l'hypothèse de gauche, on peut être encore plus certain que ce sera ingouvernable.
06:51La liste continue de s'allonger.
06:53Lucie Castex, Xavier Bertrand, Bernard Cazeneuve et maintenant Valérie Pécresse.
06:56Est-ce que le Président de la République n'essaie pas de brouiller les pistes, Gilles Boutin ?
07:00Je pense qu'il adore faire ça, c'est certain.
07:03Maintenant, on peut toujours être surpris.
07:06C'est toujours la surprise du chef.
07:09C'est impossible de savoir.
07:12Je pense qu'il cherchera encore une fois à nous surprendre.
07:14D'ailleurs, est-ce qu'il a une réelle obligation, dans les textes, de nommer un premier ministre dans un délai précis ?
07:20Le gouvernement est démissionnaire de mémoire depuis le 17 juillet,
07:28puisqu'il fallait que les ministres députés puissent aller voter pour assurer l'élection de Gaëlle Braun-Pivot au perchoir le lendemain.
07:38Il est, en tout cas, tenu politiquement, plus que constitutionnellement, à accélérer le pas.
07:49D'autant plus que lui-même a donné ce calendrier en parlant d'une trêve olympique et politique.
07:55Il pourrait tenter de faire la bascule en disant que la ferveur va rebondir sur les Jeux Paralympiques et rendez-vous le 8 septembre.
08:03Le seul problème, c'est qu'il prendrait, lui, la responsabilité d'une aggravation de la crise parlementaire et politique.
08:10Mais ce soir, s'est-il lui-même arrêté son choix ? Personne ne le sait.
08:16On en parle peu, mais ça commence à beaucoup discuter, dans les milieux informés, d'un profil technique.
08:25Peut-être une ancienne personnalité de la Cour des Comptes ou de la Banque de France, que sais-je.
08:34Est-ce qu'en réalité, tout est possible ? Est-ce qu'il ne pourrait pas même nommer quelqu'un de la Macronie ? Dans les faits, il a le droit de le faire.
08:41Oui, mais il a quand même dit, et Gérald Darmanin a beaucoup insisté là-dessus sur la dernière période, qu'il fallait...
08:47Bon, il y a quand même une défaite aux européennes, il y a une défaite aux élections législatives.
08:51Il a quand même, dans l'un des critères qu'il a énoncé dans ses prises de parole publiques, notamment sur son interview télévisée,
08:59qu'il fallait que ce Premier ministre donne un parfum de cohabitation.
09:04Donc, tout le monde voit bien que s'il sortait du chapeau macroniste dans les murs,
09:09ou quelqu'un véritablement très associé aux sept premières années d'Emmanuel Macron à l'Élysée,
09:16ça passerait comme un grand bras d'honneur gigantesque à l'expression du suffrage universel.
09:23Je pense qu'il ne va pas faire ça. Il a donné un peu le profil.
09:29Un parfum de cohabitation, une personne pouvant rassembler la gauche régalienne et la droite sociale,
09:35une personne qui connaît le Parlement et qui ne se présenterait pas aux prochaines élections présidentielles.
09:42C'est à peu près le portrait qui est donné par les conseillers de l'Élysée.
09:47Gilles Boutin, un dernier mot.
09:48Ce serait une erreur politique considérable de reconduire un membre de la Macronie.
09:53Simplement, derrière, tout le monde y verra quand même une manœuvre qui ne change pas grand-chose au paysage politique.
10:01C'est-à-dire qu'on passerait d'un bloc dit central à un bloc de centre droit si on s'oriente vers Pécresse, Bertrand.
10:08Oui, complètement. C'est ça que je cherche à dire.
10:10C'est-à-dire qu'on a une dissolution pour rien et pour beaucoup plus d'ennuis et de découvertes parlementaires
10:20sur les textes, sur des choses totalement inédites qui, espérons-le, n'auront pas lieu.
10:25Mais Emmanuel Macron a contribué à complexifier les choses pour, à l'arrivée, ne rien changer en termes de résultats.
10:32Ce qui fait que les Français ont l'impression que leur vote ne sert à rien.