Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Jacques Serais pour débattre des actualités du jour.
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00:00 Alors nous sommes à un peu moins de 5 heures de la fin de cette campagne des européennes,
00:05 ça se termine à 23h59 et hier soir, à la veille de cette clôture de campagne,
00:12 nous avons pu voir Emmanuel Macron accorder une interview à la télévision
00:17 à nos confrères de TF1 et de France 2 et il ne s'est pas privé, on peut le dire,
00:22 de s'expliquer sur cette campagne, sur cette démarche d'intervenir.
00:26 Je vous propose de l'écouter, c'était hier soir.
00:28 Si demain, la France envoie une très grande délégation d'extrême droite,
00:33 si d'autres grands pays le font, l'Europe peut se retrouver bloquée.
00:37 Parce que c'est quoi une Europe où l'extrême droite sera forte ?
00:40 S'il y a à nouveau une pandémie, c'est une Europe qui ne vous protégera pas.
00:43 Et donc si demain l'extrême droite a une minorité de blocage en Europe,
00:47 vous n'aurez pas une Europe des vaccins ?
00:49 Ce sont des gens qui vous donneront la chloroquine ou le vaccin Spoutnik ?
00:52 Du président chef de la nation, père de la nation, qu'on avait pu voir lors de la cérémonie internationale hier à Omaha Beach,
01:01 on est passé au chef de campagne, Jules Torres.
01:04 C'est drôle parce que toute la semaine, on a été ici à commenter les prises de parole, de porte-parole,
01:09 de la renaissance de certains ministres qui parlaient en off et qui disaient que le président de la République
01:13 ne parlerait pas de ces élections européennes.
01:15 Il nous a fait la preuve hier, certes, sur la moitié de l'interview,
01:18 qu'il parlait des élections européennes,
01:22 mais ce qui est intéressant quand même, c'est qu'il se veut être le grand chef de file de ces élections européennes
01:29 parce qu'il a bien constaté la nullité crasse de sa candidate Valérie Hayé, qui n'est pas faite pour ça.
01:34 Il a constaté que même Gabriel Attal n'arrivait pas lors de son débat avec Jordan Bardella à faire gagner des points avec la Macronie.
01:39 Donc Emmanuel Macron, il lance les dernières forces dans la bataille hier soir sur France 2 et TF1.
01:45 Yves Tréhard, vous en avez suivi des présidents ?
01:47 Ça vous a surpris cette intervention ?
01:49 Ou en tout cas cette manière envers les présidents ?
01:51 C'est le personnage, ça ne m'a pas surpris.
01:53 Mais moi, je vais être beaucoup plus indulgent avec Mme Meillet que Jules,
01:56 mais beaucoup plus sévère avec le président de la République.
01:59 Alors Mme Meillet d'abord, je trouve qu'elle a fait des progrès pendant cette campagne.
02:02 Ce n'est pas évident pour elle.
02:04 On lui a fait le reproche, et c'est un reproche qui à mon avis est un peu déplacé d'être anonyme,
02:09 mais sa prédécesseur l'était également, Mme Loiseau.
02:14 Et j'ai trouvé qu'elle avait réussi à avoir le juste ton à la fin de la campagne.
02:20 Et je trouve d'ailleurs que le meeting qu'elle a fait samedi dernier
02:22 était de ce point de vue pas mal du tout.
02:25 Lui en revanche, lui, le monarque de l'Elysée,
02:30 il y a une chose qu'il n'a pas comprise.
02:33 C'est que plus il parle de politique intérieure et surtout du Rassemblement National,
02:39 pourtant il devrait le savoir depuis 50 ans,
02:41 enfin il n'a pas 50 ans justement, c'est le problème,
02:43 et plus le Rassemblement National monte.
02:46 Il suffit qu'il ouvre la bouche pour qu'il monte.
02:49 Il suffit qu'il dise que le Rassemblement National est un danger fasciste pour la France
02:54 pour que de plus en plus de Français votent pour lui.
02:58 C'est mathématique.
03:01 Et ça c'est quand même incroyable que dans la majorité présidentielle,
03:05 tout comme jadis d'ailleurs chez ce qui était le RPR et l'UMP,
03:11 y compris au Parti Socialiste,
03:14 ils n'ont pas voulu comprendre que plus il parlait, plus il le faisait monter.
03:18 Alors il le faisait monter pour ennuyer l'adversaire direct
03:22 qui était à l'époque ou la droite ou la gauche,
03:24 mais ils l'ont tellement fait que quand le serpent sort de sa cage
03:30 ou quand le dentifrice sort du tube, vous ne pouvez plus le remettre dedans.
03:33 - Et si je peux ajouter un mot, ce qui est intéressant dans cette interview,
03:35 c'est que la seule question à laquelle Emmanuel Macron ne répond pas,
03:39 c'est quand les journalistes lui demandent pourquoi lui, en 7 ans de présidence,
03:42 il n'a pas réussi à endiguer le RN.
03:44 - La question qui est posée par un de ses députés.
03:46 - Absolument. Et il n'y répond pas alors que pour le coup, en 2017,
03:49 il a promis, il avait fait une promesse, c'est qu'il endiguerait le RN.
03:52 Visiblement, Jordan Bardella a 32%.
03:54 - C'est son discours devant le Louvre le soir de son élection en 2017, c'est ça ?
03:57 - Absolument. Et pour revenir à Valérie Hayé,
03:59 le problème c'est qu'elle a été, en effet j'ai peut-être été un peu dur,
04:02 mais c'est qu'elle est envoyée dans une campagne où finalement,
04:04 Jordan Bardella il est au niveau d'aucun autre candidat.
04:07 C'est-à-dire qu'il y avait deux campagnes dans cette campagne.
04:09 Jordan Bardella, lui, il est quand même dans les 10 personnalités politiques préférées des Français,
04:13 il n'est pas du tout dans la même catégorie que Glucksmann, Hayé ou Bellamy.
04:16 Et c'est peut-être ça le problème initial de cette campagne.
04:19 - Donc c'était une erreur, si je comprends bien.
04:21 Il n'aurait jamais dû parler, et encore moins parler d'Europe.
04:23 - C'est vrai que c'était compliqué.
04:24 Et ce n'est pas lui qui a fixé la date des élections européennes,
04:26 ce n'est pas lui qui a fixé la date du débarquement.
04:28 - Non.
04:29 - Il devait faire une expression pour débarquement,
04:32 ce qui me paraissait tout à fait normal.
04:34 - Un discours, une cérémonie.
04:37 - Il ne devait surtout pas faire le petit pas de côté qu'il a fait sur,
04:41 attention, la menace d'extrême droite, en plus en Europe.
04:45 Mais c'est complètement contre-productif quand on le croit et on le pense.
04:53 - Donc vous, votre conviction, c'est-à-dire d'après le dernier sondage
04:55 qui a été publié ce matin par Opinion We pour Europe 1, JDD, CNews,
04:59 Jordan Bardella est à 33%.
05:01 - Son record dans ce baromètre-là.
05:02 - En fait, avant l'intervention d'Emmanuel Macron hier soir,
05:05 vous pensez que cette intervention d'Emmanuel Macron va avoir l'effet inverse
05:07 et que dimanche on peut se retrouver avec un score de Jordan Bardella
05:10 au-dessus de ce que les sondages prévoyaient ?
05:12 - Il y a deux choses. Par exemple, le Rational, ils sont quasiment persuadés
05:14 que quand Emmanuel Macron est visible, quand Emmanuel Macron parle,
05:17 il gagne des voix.
05:18 En revanche, il y a aussi les stratèges macronistes qui disent
05:21 qu'Emmanuel Macron, par ses prises de position,
05:23 par une sorte de volonté de regain d'intérêt de ce sujet de l'Ukraine
05:27 qui intéresse ses électeurs, va réveiller ses électeurs
05:29 qui sont un petit peu endormis, qui ne sont pas passionnés
05:32 par ces élections européennes qui sont finalement très nationales.
05:35 On a rarement vu ça.
05:36 Et donc, il y a vraiment ces deux analyses-là qu'on peut faire.
05:39 Aujourd'hui, on ne peut pas voir la virilité, on l'aura dimanche à 20h.
05:42 - Alors, Emmanuel Macron parle à la place de Valérie Ayé
05:44 et Marine Le Pen parle à la place de Jordan Bardella.
05:47 Elle était ce matin sur RTL et elle a réagi au propos d'Emmanuel Macron.
05:50 - Avec Emmanuel Macron, le pire est toujours sûr.
05:52 Il avait dit qu'il était un président sans limite.
05:54 On le savait pour la dette, les déficits, l'insécurité, l'immigration, le mépris.
05:58 On le sait maintenant que même la Constitution n'est pas en capacité
06:02 de limiter Emmanuel Macron.
06:03 Mais il fait fi de cela.
06:05 Donc moi, je viens de dire aux électeurs, mettez-lui des limites.
06:07 - Il n'aurait pas dû prendre la parole hier soir ?
06:09 - Il aurait pu prendre la parole, mais il n'aurait pas dû appeler à voter pour untel,
06:13 comme il l'a fait quasiment pour Mme Ayé sans la citer,
06:16 ou appeler à voter contre untel, parce qu'il est le président de tous les Français
06:20 et il doit être au-dessus, précisément, des considérations partisanes.
06:23 - Est-ce que vous diriez, Yves Tréhard, que l'analyse de Marine Le Pen
06:27 est juste ?
06:28 - Oui, l'analyse est bonne.
06:30 Vous voyez, autant moi, je pense que le Rassemblement National
06:34 dit beaucoup de bêtises, beaucoup de facilités, beaucoup de démagogie,
06:39 autant là, c'est rempli de bon sens.
06:41 Elle dit ce qu'on vient de dire avec Jules, c'est-à-dire qu'il n'avait pas à s'exprimer
06:44 sur ce scrutin, à dire ni de voter pour sa candidate, ni de voter contre,
06:48 ce qu'il a plutôt fait d'ailleurs, contre Bardella, en l'occurrence.
06:53 Donc là, elle est dans le juste ton.
06:56 - Ce qui est intéressant, c'est la présence de Marine Le Pen ces dernières semaines.
06:59 C'est qu'on avait la petite musique que ce serait la grande victoire de Jordan Bardella,
07:02 et si on regarde bien, on voit que Marine Le Pen a multiplié les interviews,
07:06 que ce soit dans la presse écrite, dans la radio ou à la télévision ces dernières semaines,
07:09 pour qu'on dise aussi, c'est la victoire de Marine Le Pen.
07:11 Et d'ailleurs, dans l'appel au vote de ce soir de Jordan Bardella,
07:13 qu'il a publié sur ses réseaux sociaux, c'est une vidéo où il parle aux côtés de Marine Le Pen.