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00:00Il est 19h46, je suis toujours avec Paul Melun, Paul Melun qui a écrit un livre, j'en parle régulièrement, y compris de votre prix littéraire, mon cher Paul, c'est vrai, le prix de la pensée libre, le prix littéraire, le prix de la pensée libre.
00:12Pour les essaisistes en liberté.
00:13Voilà, donc vous faites partie.
00:15Oui, moi j'espère être un auteur plutôt en liberté et j'espère qu'on est encore beaucoup en France dans ce cas-là.
00:21On va faire un petit débat.
00:22Philippe Viguier déplace, bonjour, vous êtes grand reporter au Figaro et vous êtes le co-auteur de ce livre que j'ai à côté de moi.
00:27Et si le prochain président était un roi ?
00:29C'est un débat intéressant que vous nous proposez là ce soir, je pense que ça va interpeller les auditeurs d'Europe 1.
00:36Effectivement, notre République est fatiguée.
00:39On le dit beaucoup à votre micro.
00:40Oui, notre République va mal, pourquoi pas un roi ?
00:44Alors ça, c'est génial parce que le livre, effectivement, vous répondez, vous êtes pro-républicain, Paul Melun, le contraire m'est étonné.
00:52Philippe Viguier déplace, vous la monarchie, pourquoi pas ?
00:55Ça, ça m'interpelle parce qu'on n'a plus de roi, on a coupé la tête à nos rois quand même en France et nous en sommes fiers, c'est la révolution française.
01:01Pourquoi une monarchie constitutionnelle ?
01:05Alors ceux qui ont un roi en Europe sont assez contents de leur roi.
01:10Mais ils se plaignent pas que ça coûte cher et que ça sert à rien ?
01:13Non, précisément, ça coûte beaucoup moins cher qu'une République.
01:18Déjà, un roi en France, ça voudrait dire que d'abord aucun homme politique ne pourrait se prendre pour un roi.
01:25Donc déjà, vous voyez, ça couperait quand même quelques ambitions.
01:31Et après, ça économiserait une élection présidentielle.
01:35Une élection présidentielle, ça coûte très cher aux Français.
01:37Et ça économiserait aussi ce débat et ça nous priverait de cette obsession de l'élection présidentielle
01:46qui est vraiment une obsession française, une obsession politique et qui pourrit quand même en grande partie nos institutions.
01:53Parce qu'aucun homme politique, peut-être même Paul Melun, n'imagine entrer dans un débat politique sans penser un jour devenir président de la République.
02:04C'est vrai, Paul Melun.
02:05Non mais là où Philippe a raison, c'est que toute notre vie politique tourne autour de l'élection présidentielle.
02:11Mais d'ailleurs, c'était un souhait du général de Gaulle.
02:13Quand en 1962, il fait le suffrage universel direct pour le président, ce qu'il veut de Gaulle, c'est les grands plébiscites d'autrefois.
02:19C'est-à-dire le président de la République qui est au centre du jeu.
02:22Regardez Emmanuel Macron.
02:23Il habite parfaitement cette fonction d'homme qui vraiment se prend un peu pour un roi.
02:28Pour paraphraser Philippe, moi je pense que c'est une richesse.
02:30C'est le maître des horloges.
02:31C'est le maître des horloges, regardez.
02:32Vous vous souvenez de nos débats ici sur la dissolution, etc.
02:34On disait, mais qu'est-ce qui va se passer à l'Élysée ?
02:36Qui est-ce qui va nommer Amatignon ?
02:39C'est véritablement ça et je crois que c'est le cœur battant de notre démocratie, l'Élysée.
02:42Ce qui est paradoxal, c'est que dans notre République, le président est une sorte de monarque absolu.
02:48Ce que précisément les Français ont rejeté en coupant la tête de Louis XVI.
02:55La proposition que moi je fais dans ce livre, c'est au contraire la proposition d'une monarchie constitutionnelle.
03:02C'est-à-dire un roi qui est encadré par une constitution dont les pouvoirs sont effectivement limités,
03:08qui donne de l'oxygène à la démocratie.
03:10Et c'est un roi qui réinvente avec le peuple une proximité qui aujourd'hui a complètement disparu.
03:17Qui pour prendre ce rôle-là ? Pardon, mais alors ça, moi je suis très intriguée.
03:20C'est la grande question.
03:21C'est rare ce type de discours aujourd'hui, c'est très intéressant.
03:23Vous savez, quand on est dans un dîner en ville et qu'on parle de la monarchie,
03:28tout le monde s'agit, tout le monde dit « mais c'est formidable, ce serait une très bonne idée ».
03:32On n'a pas dans les mêmes dîners avec nous.
03:34C'est tout à fait vrai.
03:36Et puis, dès que l'on aborde la question « qui ? », à ce moment-là, tout le monde se déchire.
03:44Vous remettez une dynastie à la tête de la France.
03:47Oui, mais ce n'est pas ce qu'il y a de plus important.
03:51Ah si, c'est très important, je vous jure.
03:54C'est la dernière question qu'on se pose.
03:56Je vais répondre à votre question, mais je fais juste un petit préalable.
04:04Pour dire que l'idée de ce livre, puisqu'on parle du livre, c'est de proposer une monarchie constitutionnelle.
04:14Après, c'est de jeter les bases.
04:16Après, on trouvera bien toujours quelqu'un pour s'asseoir sur le trône.
04:20Non, mais c'est parce que ce n'est pas quelqu'un par hasard.
04:23Oui, mais je ne suis pas partie de cette idée-là.
04:27Parce que justement, tous les livres qui ont été faits sur la monarchie ont tous pris parti pour l'un des trois.
04:34Et je vais y venir.
04:35L'un des trois prétendants actuels au trône de la France.
04:39Moi, j'en comptais 100. Il y a Adore Léali, c'est un bonbon, mais c'est qui le troisième ?
04:41Ah ben, je vais vous dire.
04:43C'est Paul Mollin.
04:45Le premier, c'est effectivement le Comte de Paris, qui est le plus connu peut-être en France.
04:55Ça, c'est des orléanistes.
04:56Donc ça, c'est un descendant du frère de Louis XIV.
05:00Et donc ça, ce sont les orléans.
05:03Ensuite, vous avez le dernier roi qui a régné en France, c'est Louis-Philippe.
05:09Et l'actuel Comte de Paris est un descendant direct de Louis-Philippe.
05:13Et Louis-Philippe, c'était déjà un premier essai de monarchie constitutionnelle.
05:17Deuxième prétendant, un prétendant bourbon qui vit en Espagne, effectivement,
05:24et qui est Louis de Bourbon et qui a été très mis à la mode dans les années 80
05:28par un livre de Thierry Ardisson qu'ils appelaient Louis XX.
05:32Et puis le troisième, c'est le prince impérial.
05:37C'est Charles d'Apollon.
05:40Monarchie et empire, ce n'est pas la même chose pour moi.
05:44Ah non, ça n'a rien à voir.
05:48Je me permets quand même, je ne veux pas vous donner...
05:50Monarchie et empire ?
05:52Non, je ne veux pas vous donner une leçon.
05:54Non, non, mais une monarchie.
05:56Ce n'est pas mon genre.
06:01L'empire est une monarchie.
06:03L'empire est une monarchie.
06:04Qu'est-ce qu'ils font d'une monarchie ?
06:06C'est la succession au trône par la naissance.
06:10Par le sang.
06:12Par ce qu'on appelle la primogéniture des mâles.
06:15Mais ça, aujourd'hui, ça ne passait pas.
06:17Je suis pas sûr qu'il y ait des places.
06:19Je vous aime beaucoup, j'adore votre discours.
06:21Oui, oui, oui, mais alors attendez.
06:23Justement là-dessus, parce que je vois Paul Melun arriver.
06:26Oui, moi je vais faire le discours féministe maintenant.
06:28Contredire mon ami Philippe.
06:29Justement, la République, dont vous êtes un fervent supporter,
06:33elle n'a jamais réussi, en 170 ans, à mettre une femme à la tête de l'État.
06:38Un point pour Philippe Higuier des places, grand porteur au Figaro.
06:41Alors que les monarchies n'ont pas attendu...
06:44Pas en France.
06:46Ah non, ce n'était pas la reine qui avait le pouvoir.
06:48Non, en France, non.
06:49Ce sont nos amis britanniques.
06:52Non, non, non, mais là, dans les trois prochaines monarchies,
06:57ce sera une femme qui sera reine.
06:59Trois prochaines monarchies, c'est-à-dire ?
07:01Dans trois prochaines monarchies, en Europe,
07:04en Espagne, ce sera, après Philippe, une reine.
07:08Aux Pays-Bas, ce sera une reine.
07:10Et en Belgique, ce sera une reine.
07:11Il y a trois filles.
07:12Donc, vous voyez, on ne peut pas dire que la monarchie soit...
07:16Et en France, on aura peut-être une femme présidente, on ne sait jamais.
07:18Oui, mais enfin, pour l'instant, on ne la voit pas venir.
07:21Et c'est quand même assez loin, comme idée.
07:25Bon, moi je vais mettre tout le monde d'accord.
07:27Je vais mettre les trois prétendants au trône d'accord.
07:28Je pense que la Vème République est ce qui se fait de mieux,
07:31parce que je crois qu'une des forces de la Vème République,
07:33voulue par le général de Gaulle,
07:35c'est précisément cette réconciliation entre l'aspiration populaire à la démocratie
07:39et il a concilié de Gaulle, quand même, des traits, des caractéristiques de l'Ancien Régime.
07:43Non, mais là, vous employez des mots d'un espèce de romantisme hugolien.
07:47Mais ça ne correspond plus du tout à la réalité.
07:51Vous décrivez, d'ailleurs, dans le livre où vous êtes mon contradicteur,
07:54vous décrivez une république qui est une république rêvée,
07:58mais qui n'est plus la république, qui n'est pas en tout cas la république du général de Gaulle,
08:03et qui n'est plus la république avec le mélange.
08:05Qui est la république du général de Gaulle,
08:06mais qui aujourd'hui a subi un certain nombre de déconvénients.
08:08Mais qui est une république rêvée.
08:10Quand vous parlez d'égalité des chances que donne la République,
08:15il n'y a plus d'égalité des chances.
08:16Est-ce que la République, Paul Melun...
08:18J'en suis un peu la preuve qu'il y en a, mais...
08:20Pourquoi ? Dans une monarchie, Margaret Thatcher, fille d'un épicier...
08:23Oui, c'est bien mon modèle, Margaret Thatcher.
08:25Oui, mais ce n'est pas votre modèle.
08:27Mais ça, c'est une réponse de...
08:29Attendez, j'ai une question qui m'intrigue, Philippe Lavigné Despas.
08:31Imaginez, pourquoi pas, une monarchie constitutionnelle.
08:33Mais vous mettez ça au vote des Français, vous pensez que ça passe ?
08:36Comment vous la mettez en place, votre monarchie ?
08:38Je pense que là, c'est très minoritaire.
08:40Non, mais c'est d'ailleurs très intéressant,
08:42parce qu'effectivement, il y a eu deux tentatives de restauration en France.
08:47Une en 1871, avec le comte de Chambord,
08:50et qui a avorté parce que le comte de Chambord voulait un drapeau blanc à la place du drapeau tricolore.
08:55Et l'autre, qui est sous le général de Gaulle, avec le comte de Paris.
08:59Le grand-père de l'actuel comte de Paris.
09:01Et cette restauration-là, c'est assez amusant,
09:05parce qu'Alain Perfit rapporte des conversations du général de Gaulle,
09:08et le général de Gaulle aurait dit,
09:10« Oui, pourquoi pas, mais comment faire ? »
09:12Et effectivement, c'est quand même, c'est effectivement toute la question.
09:15Car, aujourd'hui, la dernière monarchie en Europe qui a été restaurée,
09:19c'est la monarchie espagnole,
09:21et cette monarchie-là, elle a été restaurée via un processus démocratique.
09:27Donc, il n'est pas imaginable qu'en France,
09:31une monarchie puisse être imposée autrement...
09:36On a coupé la tête de tous les aristos à la chaîne, on a oublié ça !
09:39Oui, oui, mais là, vous faites un amalgame, c'est Sissi Impératrice...
09:46C'est quoi le rapport Sissi Impératrice ?
09:48C'est Sissi Impératrice, parce que la noblesse française est totalement déconnectée,
09:54et la noblesse en général est totalement déconnectée
09:57de l'outil institutionnel qu'est la monarchie dans des pays où il y a une monarchie.
10:02Non, mais je parle de l'inconscient français, je parle des citoyens français,
10:05je ne parle pas de l'institution française.
10:07Vous pensez que l'inconscient français, il est favorable à la République ?
10:10C'est d'avoir coupé des têtes et d'avoir fait la révolution française !
10:15Si je peux dire un mot, parce que toute la contradiction au livre,
10:19c'est que moi je ne suis pas un admirateur B.A. de la République dans ses dysfonctionnements actuels,
10:23moi je propose l'exact opposé de Philippe, c'est-à-dire renouer avec encore plus de République,
10:28c'est-à-dire encore plus de voix pour le peuple, la res publica,
10:31donner encore plus de démocratie directe, donner encore plus les outils qui viennent...
10:35Non, référendum d'initiative citoyenne, référendum d'initiative citoyenne, référendum,
10:40c'est ce qui a été demandé par les Gilets jaunes,
10:42et le Président de la République par exemple en propose,
10:44ça veut bien dire que mon idée n'est peut-être pas si ringarde que ça,
10:47en tout cas pas si ringarde pour quelqu'un qui prône la monarchie,
10:50qui ça est un concept pour le coup plutôt ringard.
10:52Alors c'est pas du tout un concept ringard, je vais vous donner un exemple de modernité.
10:56Je vais vous donner un exemple de modernité.
10:58Souvenez-vous, très récemment, les événements qui ont eu lieu en Espagne à Peporta.
11:04Ah oui, les inondations.
11:06Le roi s'est fait huer.
11:08Ah il est allé, pardon, excusez-moi.
11:10Mais attendez, je peux terminer mon...
11:12Je vous en prie, allez-y.
11:14Le roi s'est fait huer,
11:16mais le Président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, socialiste,
11:22a été évacué.
11:24Il n'a jamais pu aller au contact de la foule.
11:27Seul le roi y est allé.
11:29Il est allé au contact de la foule.
11:31Il est rentré dans la foule.
11:33Il s'est fait bousculer, il s'est fait effectivement injurier.
11:36Il s'est fait couvert debout,
11:38mais il est rentré dans la foule.
11:40Il est allé au contact.
11:42Même scène avec le Président Macron à Mayotte.
11:46Le Président Macron à Mayotte a harangué derrière une barrière de CRS
11:51une foule qui le conspuait,
11:53mais il n'est jamais allé au contact.
11:55Et c'est ça toute la différence.
11:57Et si le prochain Président était un roi ?
12:01J'y crois peu, mais je trouve que l'idée est intéressante.
12:04Je suis comme vous, Pascal.
12:06C'est pour ça que j'ai accepté de faire ce livre.
12:08Vous savez, d'un mot...
12:10Je vais me faire taper sur les doigts.
12:13À Louis XV, qui voulait mener une action,
12:18un de ses ministres lui dit
12:20« Vous serez seul. »
12:22Et lui a répondu « Non, je serai le premier. »
12:24C'est pas mal, c'est de l'ambition, effectivement.
12:26C'est très intéressant.
12:28Le prochain Président est un roi.
12:30Merci beaucoup.
12:3219h58 sur Europe 1.