Tous les soirs, Pierre de Vilno reçoit un invité qui fait l’actualité politique. Ce soir, Julien Aubert, vice-président des Républicains.
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00:00Europe 1 Soir, 19h21, Pierre de Villeneuve.
00:04Et jusqu'à 20h, notre premier invité politique, le vice-président des Républicains.
00:08Bonsoir Julien Aubert.
00:09Bonsoir.
00:10Et merci d'être à distance avec nous sur Europe 1 pour vous interroger avec moi Jacques
00:15Serret.
00:16Bonsoir Jacques.
00:17Bonsoir Pierre.
00:18Journaliste politique à Europe 1.
00:19Bonsoir Antonin André.
00:20Bonsoir Pierre.
00:21Chef du service politique du Journal du Dimanche.
00:22Julien Aubert et Eric Ciotti restent le président des Républicains.
00:25C'est une nouvelle décision du tribunal de Paris qui l'a confirmée ce soir.
00:28C'est donc lui qui passera ses législatives à la tête des Républicains.
00:32Est-ce que c'est une décision qui vous convient ?
00:34Moi j'aurais préféré si vous voulez que cette affaire n'aille pas devant les tribunaux
00:40parce que ce n'est pas une question juridique, c'est une question politique et j'avais d'ailleurs
00:45refusé de m'exprimer dans un sens ou dans l'autre au bureau politique.
00:49Je m'étais abstenu en disant que mon avis, ça allait nous poursuivre comme le sparadrap
00:54du capitaine Haddock.
00:56Donc en fait, quand on lit la décision, le juge a considéré qu'il n'était pas possible
01:02d'exclure Eric Ciotti car ça l'aurait handicapé pour son élection de manière irrémédiable
01:06puisqu'il s'était présenté comme candidat à les Républicains.
01:09Donc moi je formule, je pense si vous voulez que sur la forme, Eric Ciotti a pris une décision
01:13très lourde de conséquences pour les Républicains sans consulter personne et que donc effectivement
01:19sa légitimité comme président est en question.
01:22Mais je pense que ce sont nos adhérents qui doivent trancher cette question comme dans
01:25n'importe quelle association.
01:26Mais en attendant, ça reste votre président, Julien Aubert ?
01:29Oui, ça reste le président des Républicains, oui.
01:32Est-ce que vous estimez que c'est une victoire pour lui, une défaite pour vous ?
01:36Je vous dirais que c'est plutôt une défaite pour tout le monde parce que même si lui
01:43est président, on voit bien qu'il n'a pas présenté de candidat à les Républicains
01:47et avec un autre logo, donc quelque part, sur le fond, il sait que sa position est
01:52vacillante.
01:53Et de l'autre côté, pour tous ceux qui espéraient que la justice clarifie les choses
01:57avant le premier tour, on voit bien que ça, loin de clarifier, ça complexifie.
02:02Donc ce sont les Républicains qui sont perdants et dans cette affaire, leurs électeurs, donc
02:07nos électeurs.
02:08Donc voilà, je ne sais pas s'il y a un gagnant ou un perdant.
02:10En réalité, cette décision de justice ne donne pas raison sur le fond.
02:15Ils constatent simplement que le juge est incapable de trancher.
02:18Vous confirmez, Julien Aubert, que vous n'allez pas suivre Éric Ciotti dans son aventure.
02:23Il y a eu une rumeur qui a été lancée par un candidat de la cinquième circonscription
02:26du Vaucluse, Mathieu Lefebvre, qui disait que vous alliez rejoindre le parti de Marine
02:30Le Pen.
02:31Vous continuez à...
02:32En fait, le problème, c'est que dès le mardi 12 juin, avant d'ailleurs qu'Éric Ciotti
02:39ait lancé, je dirais, son appel, j'avais expliqué sur ma page Facebook pourquoi je
02:45ne me représenterais pas, quelles que soient les conditions dans cette circonscription.
02:48C'est une question qui est personnelle, mais il y a deux ans, lorsque j'ai perdu, j'ai
02:54réalisé que le lien démocratique que je voulais établir avec les citoyens, aujourd'hui,
02:58sur une législative, il est compliqué parce que c'est un vote d'étiquette et moi, j'ai
03:02besoin d'aller sur des scrutins où c'est la personnalité et le travail qui comptent.
03:05Et donc, je m'étais dit que je ne repartirais pas dans cette circonscription.
03:09Donc, le candidat qui se présente à ma suite s'est excusé.
03:12Il a reconnu d'ailleurs que j'avais présenté ma position avant, mais vous savez, j'ai
03:16l'habitude parce que ça fait dix ans qu'à chaque élection, on dit qu'il va rejoindre
03:19le Rassemblement National, car en bas, c'est encore raté.
03:22Oui, on ne parlera pas des circonscriptions jusqu'à la fin de cette interview pour les
03:26questions de temps de parole et je m'excuse d'avoir en tout cas ouvert cette petite brèche
03:30qui est immédiatement refermée.
03:32Antoine Alain André.
03:33Oui, Julien Aubert.
03:34Comment est-ce que vous envisagez la suite, du coup, pour Le Républicain parce qu'on
03:37voit bien que se dessinent ces trois blocs et qu'Éric Ciotti a fait ce choix de rejoindre
03:41l'alliance avec le Rassemblement National.
03:44Comment se situer demain, dans les jours qui viennent pour Les Républicains, dans un climat
03:49où on voit qu'une partie de la gauche et du centre espèrent recomposer un Front Républicain
03:56et qu'il n'y a plus tellement d'espace pour vous ? Est-ce qu'il vaut mieux se tourner
03:59vers le bloc central ou est-ce qu'il faut continuer à exister par vous-même ? Est-ce
04:02que Laurent Wauquiez doit reprendre le flambeau et refaire exister cette famille des Républicains
04:07qui aujourd'hui se retrouvent, comme vous le dites vous-même, dans une forme de difficulté
04:13intrinsèque ?
04:14Je pense, si vous voulez, qu'il y a un travail radical de reconstruction.
04:19Après le 7 juillet, nous aurons probablement deux groupes parlementaires avec des brisures
04:25et des cassures et des problèmes de stratégie, mais sur le fond, ces gens qui seront quelque
04:30part dans des groupes différents pensent grosso modo pareil.
04:34Donc il y aura une situation tactique de court terme, c'est-à-dire se positionner par rapport
04:39à la coalition qui aura remporté les élections, et je dirais que notamment sur des textes
04:43sur l'immigration, je ne vois pas pourquoi les Républicains, y compris ceux qui n'ont
04:45pas suivi Eric Ciotti, demain se pourraient être défavorables à des textes venant d'Ursula
04:52de Migration si c'est une coalition RN-LR-Ciotti au pouvoir.
04:56Et puis ensuite, il y a un travail de moyen thème qui est de se demander comment on en
05:01est arrivé là, comment un parti héritier du général de Gaulle a pu se retrouver satellisé
05:06et coupé en deux comme la tunique du Christ lors d'une élection nationale.
05:10Et moi, ça fait des années que je plaide pour un retour aux sources, je pense que c'est
05:14parce que nous avons abandonné le gaullisme, la souveraineté, la défense de la nation
05:19que certains de nos adversaires politiques historiques s'en sont emparés avec succès,
05:23parce que les Français aujourd'hui attendent le retour d'un État fort, d'une autorité
05:28de l'État et d'une certaine idée de la France.
05:30Tout le monde se dit gaulliste aujourd'hui sur l'échiquier politique.
05:33JLM, il va falloir trouver autre chose comme argument.
05:35Oui, mais moi, je ne suis pas là pour distribuer des brevets de gaullisme.
05:39Je peux vous donner ce que j'ai compris du message du général de Gaulle et je pense
05:44que si vous voulez, c'est ce que disait Philippe Séguin, je pense qu'il n'est pas possible
05:47aujourd'hui d'être fédéraliste européen et de se dire gaulliste.
05:50À un moment donné, on peut faire dire ce qu'on veut au mot, il n'en reste pas moins
05:56que le gaullisme, c'est l'héritier d'un courant politique, bonapartiste également,
06:01qui est à la fois social pour l'État et en même temps favorable à une autorité
06:05sur l'État et la souveraineté.
06:06Le gaulliste que vous êtes, lorsqu'il entend Marine Le Pen expliquer que le principe de
06:12chef des armées pour le président de la République est purement honorifique.
06:15Quand vous entendez Marine Le Pen prononcer cette phrase et annoncer une forme de délégitimation
06:22du rôle du président de la République et de son domaine réservé, est-ce que vous
06:26pensez qu'il y a un risque là, une ligne rouge qui pour vous n'est pas acceptable ?
06:30Je pense que c'est une erreur.
06:32D'abord, c'est une erreur parce que lorsqu'on lit la constitution, chef des armées,
06:36ce n'est pas honorifique et d'ailleurs, s'il a la possibilité de lancer le feu nucléaire,
06:41ça montre bien qu'il a un rôle opérationnel en réalité et que le cœur de la défense
06:45française est dans les mains du président de la République.
06:48Je pense que c'est une erreur de vouloir tordre la constitution parce que si demain
06:52il y a une cohabitation, rappelez-vous les mots de François Mitterrand et Jacques Chirac
06:55en 1986, la constitution, rien que la constitution, toute la constitution, c'est ce texte avec
07:01ses finesses, avec parfois ses approximations qui doit servir de ligne de démarcation
07:06dans la structuration, dans la répartition des tâches entre le président et le Premier
07:11ministre et on ne parle pas d'une page blanche, il y a eu trois cohabitations donc avec une
07:15forme de coutume institutionnelle qui s'est établie.
07:18Donc pour le bien du pays, je pense que déjà une cohabitation c'est compliqué, je crois
07:22que la France est dans une situation très complexe, socialement, économiquement, la
07:26dernière chose dont nous avons besoin c'est d'avoir une crise au sommet de l'État avec
07:30une bataille larvée de droits.
07:32À un moment donné, les Français auront souhaité ceci, je ne pense pas que ce soit
07:37utile aujourd'hui de vouloir amoindrir le rôle du président de la République,
07:40qu'il est constitutionnellement défendu.
07:42Oui, Jordan Bardella a annoncé qu'il ne prendrait pas, qu'il n'accepterait pas
07:46Matignon sans majorité absolue.
07:48Ma question c'est dans le cadre d'une majorité relative du RN, vous évoquiez tout à l'heure
07:52le fait qu'il puisse y avoir deux groupes LR, un groupe LR pro-Siotti et l'autre
07:57groupe LR anti-Siotti, dans le cadre d'une majorité relative, si Jordan Bardella fait
08:04appel à ses députés LR qui ne sont pas sur la ligne directe Siotti mais pour gouverner
08:08dans le cadre d'un gouvernement du nom national pour parer à l'urgence sur les questions
08:14de sécurité et d'immigration, est-ce que vous seriez favorable à cela, à participer,
08:19à travailler avec Jordan Bardella dans ce cadre-là d'un gouvernement d'union nationale ?
08:23D'abord, moi le gouvernement d'union nationale, je n'y crois pas trop parce qu'un vrai
08:28gouvernement d'union nationale, c'est un gouvernement qui irait de Jean-Luc Mélenchon
08:31à Marine Le Pen, ce n'est pas du tout ce qui va être fait, on utilise ce mot utilisé
08:36pendant la première guerre mondiale pour des réalités qui sont en fait des coalitions
08:40plutôt conservatrices ou du bloc national.
08:43Mais si Jordan Bardella a besoin des 20, 30, 40 députés potentiellement élus, s'il
08:47a besoin de ces députés, de cet apport-là pour avoir la majorité absolue, quelle serait
08:51votre position ?
08:52J'ai compris, d'abord, ça dépend de quoi on parle, je crois que si vous voulez, le
08:58groupe Les Républicains Canal Historique ne voterait pas, la position du groupe historique
09:04ne serait pas de voter, je dirais, la confiance à un gouvernement Bardella, peut-être de
09:10s'abstenir pour ne pas être classé dans la majorité, ce qui n'empêchera pas, à
09:15mon avis, sur des textes qui vont dans le bon sens, de voter pour, ce qui n'empêchera
09:19pas certains députés qui auront été élus avec leur légitimité de décider peut-être
09:24de voter cette confiance, mais il y aura une position institutionnelle et puis une position
09:27peut-être de certains députés individuels.
09:29Maintenant, si on parle d'une participation active à un gouvernement, je pense qu'il
09:34ne faut pas faire ce qu'on a reproché à Emmanuel Macron, c'est-à-dire des débauchages
09:38individuels qui ne reposent pas sur un programme ou une convergence d'idées.
09:44Et aujourd'hui, on voit bien que le Rassemblement National lui-même est en voie de, je dirais,
09:49il est en train de revoir complètement et de toileter complètement son programme par
09:52rapport à ce qu'il avait pu affirmer il y a encore quelques années, donc tout ça
09:55n'est pas très stable.
09:56Et puis, nous avons eu 15 jours, je dirais, de campagne, donc on ne peut pas dire non
09:59plus qu'on a beaucoup parlé d'idées.
10:01Donc aujourd'hui, tout ça est très fragile et à mon avis, la priorité d'un gouvernement
10:05Bardella serait plutôt, je dirais, de lutter contre l'immigration, je pense que c'est
10:09sur ça qu'il est attendu.
10:10Malheureusement, je pense qu'il n'aura pas tous les outils constitutionnels pour ça,
10:14notamment le référendum qui est dans les mains du Président de la République, notamment
10:17la question de la co-européenne des droits de l'homme, notamment la question du droit
10:20européen.
10:21Donc, voilà, je pense que ça sera très compliqué sur cette question-là.
10:23En tout cas, sur la question de l'étanchéité face aux RN, Julien Aubert, j'observe que
10:28vous êtes, j'allais dire, un petit peu moins étanche que certains autres, j'ai vu que
10:33vous aviez déclaré que si vous avez le choix entre le Nouveau Front Populaire et
10:35le RN au second tour, vous voteriez pour le Rassemblement National, ça veut dire que
10:40d'une certaine manière, et peut-être avec le temps aussi, on pourrait s'entendre notamment
10:44sur le vote de certains textes fondamentaux avec le Rassemblement National ?
10:47Moi, je crois que pour une démocratie apaisée, si on considère qu'un parti est dangereux
10:53pour la République, alors on l'interdit.
10:55À partir du moment où un parti concourt, eh bien, il a le droit de gagner les élections
11:01et quand il y a 33% ou 36% des Français qui lui font confiance, eh bien, on peut penser
11:06le contraire, mais à un moment donné, la démocratie, c'est la démocratie.
11:09Donc, ce n'est pas une question de morale, il y a des points sur lesquels, moi, je peux
11:13être opposé au RN, je ne suis pas très à l'aise avec son histoire, mais en même
11:17temps, je fais une différence entre un Jordan Bardella qui est né en 1995, c'est-à-dire
11:22qu'il avait un an ou deux lorsque Jean-Marie Le Pen faisait ses saillies, à l'époque,
11:27à Mont-de-la-Jolie ou ailleurs.
11:28Et puis, ensuite, il y a, je dirais, un Parlement qui va devoir travailler pour les Français
11:34et donc, parlons du fond, de parler, si vous voulez, de position, voyons les idées, voyons
11:38les propositions.
11:39– Antoine, par parenthèse, Julie Robert, vous évoquiez le jeune âge de Jordan Bardella,
11:43que certains évoquent aussi pour dire qu'il a peu d'expérience, il a 28 ans, quitte
11:48à ce que le RN gouverne, eh bien, ce serait plutôt à Marie Le Pen d'aller à Matignon
11:52qui est expérimentée, qui connaît bien le pays, qui a beaucoup sillonné le pays,
11:57est-ce que ce profil de Jordan Bardella n'est pas de nature à inquiéter une partie de
12:01l'électorat de droite, justement ? – Nicolas Sarkozy, l'intelligent dans le JDD,
12:04qui disait ça.
12:05– Alors, vous savez, je ne vais pas être conseillé du RN, mais d'abord, le fait
12:10de s'appeler Bardella et pas Le Pen, et d'être né après, je dirais, la paix
12:17de Jean-Marie Le Pen, a aidé Jordan Bardella à, quelque part, à s'agir, l'image de
12:22son parti.
12:23Je pense qu'effectivement, il est très jeune pour la fonction et que, quelles que
12:26soient les fonctions, et à force heurie, celle du Premier ministre, qui est une fonction
12:28horrible, avoir de l'expérience professionnelle et politique est nécessaire, même si on
12:34est très intelligent.
12:35On a eu, par le passé, des gens qui avaient beaucoup de talent, mais à un moment donné,
12:39l'expérience aide aussi.
12:40Et ensuite, je pense que du côté de Marine Le Pen, elle a fait une bonne connaissance
12:44de la Ve République et le souvenir de Jacques Chirac, échouant à devenir président de
12:49la République après deux ans de cohabitation, donc peut-être que c'est…
12:52– C'est un calcul de sa part, quoi.
12:55– De toute façon, vous savez, vous pouvez prendre toute l'histoire de la Ve République,
13:00et aucun Premier ministre n'est devenu président de la République immédiatement après, à
13:04l'exception peut-être de Georges Pompidou, qui a eu une phase, d'ailleurs, de décompression.
13:08Mais ce n'est donc pas immédiat, donc si vous voulez, c'est une position très à
13:12risque.
13:13C'est plutôt une lessiveuse et une machine à laver, donc effectivement, au regard de
13:17l'histoire, ce serait un défi d'arriver à réussir dans cette fonction, en sachant
13:22que, par ailleurs, la situation est particulièrement problématique pour notre pays, parce que
13:26pendant qu'on parle de politique politicienne, il ne faut pas oublier qu'on a quand même
13:30un pays qui, aujourd'hui, est en crise et qui est au bord du chaos.
13:34– Eh bien, justement, on va en parler avec vous, Julien Aubert, après une première
13:38pause.
13:39Merci d'être avec nous, vice-président des Républicains, Julien Aubert, avec nous,
13:42sur Europe 1, jusqu'à 20h.
13:44A tout de suite.
13:45– Europe 1 Soir, 19h21, Pierre de Villeneuve.
13:48– Toujours en compagnie de Jacques Serret, journaliste politique à Europe 1, et Antonin
13:51André, le chef du service politique du Journal du Dimanche, pour interroger Julien Aubert,
13:55vice-président des Républicains, à J-3, avant son premier tour des législatives.
14:00Julien Aubert, vous parliez des programmes et du fonds, et vous avez raison, et de l'état
14:04du pays.
14:05Jordan Bardella, hier, a clarifié, d'une certaine manière, sa vision, notamment des
14:11retraites et de l'âge de départ à la retraite, 42 annuités, 62 ans, 60 ans si on a commencé
14:19à travailler avant 20 ans.
14:21Est-ce que ce sont des explications qui vous satisfont ?
14:24– J'ai eu le sentiment, quand même, qu'il avait un peu atténué sa position de départ.
14:32Moi, je crois que ce n'est pas tant une question, d'ailleurs, de date.
14:35Le problème de la réforme des retraites, c'était la question de l'injustice de
14:41Français qui se trouvaient, finalement, défavorisés par la réforme telle qu'elle était votée,
14:48alors qu'ils avaient pu avoir des carrières compliquées, des carrières longues.
14:51Donc, ce n'est pas une affaire de chiffres, en réalité, si on doit refaire une réforme
14:56de la retraite, c'est surtout une affaire de justice, il faut que les gens qui ont eu
15:00des travaux pénibles, qui ont eu des carrières longues, se voient reconnus.
15:04– Il avait prévu d'abroger la réforme des retraites, dans un premier temps.
15:08– C'est ce que je vous dis, j'ai l'impression qu'il a effectivement dilué tout ceci.
15:13Je crois, si vous voulez, que Jordan Bardella sait que la raison numéro une pour laquelle
15:20le Rassemblement National est en tête, c'est la question sécuritaire et la question de
15:24l'immigration, que c'est sur ça qu'il sera jugé et que sur l'économie, il y
15:28a aujourd'hui des divergences au sein du Rassemblement National, entre plutôt des
15:33libéraux et plutôt des gens qui ont d'autres visions économiques, et donc, voilà, le
15:38temps de régler les horloges, il y a une forme de flou, il s'agit aussi de rassurer
15:42les marchés, de montrer qu'il n'y aura pas la révolution demain.
15:46– À force de rassurer, de rassurer, finalement, on va avoir, si je vous écoute bien, un programme
15:51consensuel qui va en tout point ressembler à celui des Républicains, et dans ce cas-là,
15:54il n'y aura plus aucune barrière pour qu'il y ait un canal historique des Républicains
15:58et un canal non historique qui serait celui d'Éric Ciotti.
16:01– Mais moi, ce que j'espère, je vous l'ai dit au départ, c'est que les députés
16:08qui vont siéger avec Éric Ciotti ou au canal historique, en réalité, à la base, pensent
16:12la même chose.
16:13– Oui, j'ai bien entendu, j'ai pas relevé, mais j'ai bien entendu.
16:17– Voilà, qu'ils aient pu prendre des positions tactiques à un moment donné, en choisissant
16:23d'être élu parce qu'il n'y avait pas de candidat En Marche ou pas de candidat
16:26ERN, en réalité, c'est le produit aussi d'une forme de lucidité, c'est-à-dire
16:30que quand vous êtes à 5%, il est quand même très difficile de passer la barre, surtout
16:34dans ce type de scrutin.
16:36Mais ça ne veut pas forcément dire que vous avez des divergences de fonds énormes.
16:39Mais effectivement, comme d'ailleurs l'a pointé Henri Guaino, le risque pour le RN,
16:44c'est de s'umpayser au pouvoir et de se retrouver un peu dans la même situation
16:49par le passé de ce qui a été fait, c'est-à-dire qu'il y a des attentes de la part des électeurs
16:53et qu'elles ne soient pas comblées.
16:54Mais ces questions-là, il aurait fallu les régler quand ils étaient dans l'opposition,
16:58notamment sur la ligne économique.
17:00– Pardon, mais M. Aubert, il y a quand même eu des acquis, Emmanuel Macron n'a pas tout
17:05bien fait, bien entendu.
17:06Mais effectivement, la France est redevenue attractive, effectivement, le chômage a baissé,
17:11effectivement, on recrée des emplois industriels en France.
17:14Vous ne craignez pas, vous, que par le biais que vous expliquez, c'est-à-dire que les
17:19Français veulent des réponses sur l'immigration et se moquent un peu, entre guillemets, de
17:22l'économie, donc le RN ne traite pas ce sujet-là, vous ne craignez pas, vous, les
17:25conséquences sociales beaucoup plus fortes d'un déclassement de l'économie plutôt
17:31que de renvoyer des OQTF chez eux ?
17:33Est-ce que vous pensez que le symbole d'un côté va combler les Français de l'autre
17:38si le chômage explose et que le pays se dégrade économiquement ?
17:41– Ah, je pense qu'effectivement, on meurt du symbole, c'est-à-dire que le vrai sujet
17:47aujourd'hui, c'est le déclassement économique de ce pays, mais qui supposerait d'aborder
17:51les sujets, parce que quand on parle de réindustrialisation, par exemple, et de relocalisation, c'est très
17:55bien, mais dans ce cas-là, il faut traiter en parallèle la question écologique, parce
17:59que si vous avez des usines, elles vont polluer, donc vous ne pourrez pas garder le zéro
18:03artificialisation net, vous ne pourrez pas garder le bilan carbone le moins bas possible,
18:10et la réindustrialisation, à un moment donné, vous allez produire du CO2.
18:14– Il y a une façon de construire des usines aujourd'hui qui sont nouvelles, vous le
18:16savez aussi bien que nous, Julien Auberge.
18:18– Ah bah écoutez, le jour où on produira des usines qui ne produisent aucun CO2, qui
18:22marcheront tout à l'électrique… – Aucun, ça n'existe pas, mais il faut
18:26bien quand même produire d'une certaine manière.
18:28– Oui, mais ça veut dire qu'on n'avance pas.
18:32– Non, ça veut dire qu'à un moment donné, il faut dire aux gens la vérité.
18:36– C'est-à-dire que c'est chose en complexe.
18:38– Oui, ça veut dire que si demain je vous installe une usine de production, par exemple,
18:42de médicaments, et qu'elle est à côté d'un affluent d'eau, il peut y avoir des
18:45pollutions, il peut y avoir… enfin, il n'y a pas que le CO2, il peut y avoir d'autres
18:49types de pollutions.
18:50Et nous sommes dans des sociétés où aujourd'hui, vous le savez, c'est le phénomène « not
18:53in my backyard », c'est-à-dire que personne n'a envie d'avoir les nuisances à côté.
18:57Donc, je dirais qu'il y a un effort de réalisme à faire, c'est-à-dire que « réindustrialiser »,
19:02ça veut dire qu'on va voir réapparaître sur nos paysages des choses qui avaient disparu
19:05dans les années 80-90, il y a une génération qui n'a pas connu ça.
19:09– Donc vous, vous êtes contre la réindustrialisation, Julien Auberge ?
19:12– Ah non, pas du tout, vous l'aurez compris, moi je pense, si vous voulez, qu'on ne doit
19:16pas tout réindustrialiser, mais on doit réindustrialiser ce qui est stratégique, c'est-à-dire lorsqu'il
19:20y a un choc mondial, comme on a pu le voir avec la Covid, il était normal que certaines
19:25fonctions vitales pour l'économie d'un pays, comme par exemple la production de médicaments,
19:29ne puissent pas être assurées sur le territoire national, pareil pour l'agriculture, donc
19:34ça ne veut pas forcément dire s'occuper de tout, voyez-moi qu'une chaîne de supermarché
19:38rachète une autre, ça n'affecte pas l'indépendance stratégique de la France, en revanche, sur
19:45les médicaments, sur l'armement, puisque aujourd'hui on ne produit plus de cartouches
19:50en France, je pense que si on est sérieux, quand on parle d'économie de guerre, comme
19:54l'a pu le faire le Président de la République, ça veut dire aller au bout, ça veut dire
19:57produire en France un certain nombre d'armements qui sont nécessaires, parce que sinon après
20:02on se retrouve à dire aux Ukrainiens, on ne peut vous donner que quelques obus, c'est
20:07ça la réalité des choses.
20:08Jacques Serret.
20:09Jordan Bardella souhaite revenir sur cette directive européenne concernant les véhicules
20:15neufs thermiques, cette interdiction qui est censée arriver dans les prochaines années,
20:20quelle est votre position à vous sur ce sujet ? C'est vrai que l'ERN, de ce point
20:25de vue, est le seul parti face au camp présidentiel et à la gauche à vouloir revenir sur cette
20:32directive ?
20:33Emmanuel Macron.
20:34Je pense que ça a été une erreur stratégique totale, parce que c'est encore des décisions
20:39qui vont permettre aux Chinois de vendre et d'évincer une partie de nos producteurs,
20:44mais en sens inverse, vous avez le problème de la stabilité juridique, c'est-à-dire
20:47que pour les constructeurs automobiles qui se sont lancés justement dans l'atteinte
20:51de cet objectif, ils sont aujourd'hui en train d'essayer de le faire, et donc ils ne veulent
20:54plus qu'on modifie parce qu'ils ont fait des investissements.
20:56Je pense qu'effectivement, il faut écouter d'abord la filière, si la filière dit écoutez-nous,
21:03ça ne nous arrange pas que vous rechangez la directive, il faut être pragmatique.
21:08Mais à la base, sur le diagnostic, c'est vrai que ça fait partie de ces décisions
21:13qui sont prises au niveau européen et qui sont en réalité contraires à nos propres
21:17intérêts, comme on a pu le faire sur la volaille ukrainienne ou sur d'autres sujets.
21:21La filière dit depuis le début et depuis de nombreuses années qu'on peut très très
21:26bien produire différentes sortes de voitures, à la fois des voitures thermiques pour les
21:30gros rouleurs, comme on dit, et des voitures électriques qui ne trimballent pas une tonne
21:35de batterie sous le châssis pour faire des longues distances et qui seraient limitées
21:40à des usages urbains.
21:41C'est ça ce qu'elle dit la filière.
21:44Oui, elle réfléchit véhicules.
21:46Maintenant, si on se place côté État, la question est de savoir si on est en capacité
21:51aujourd'hui d'investir pour un réseau qui va aller de pair avec le développement massif
21:55du véhicule électrique, si derrière on a les filières de recyclage, si en matière
22:00de matières premières pour fabriquer ces batteries on est sûr de notre approvisionnement
22:05stratégique et puis enfin de voir comment la gestion du système électrique va être
22:11possible, puisque effectivement ces véhicules vont permettre aussi de stocker de l'électricité,
22:15donc ça permet de lisser les pointes, et en même temps on va avoir effectivement un
22:18influx, une demande de consommation plus importante.
22:21Et quand on parle ensuite du prix de l'électricité, je vous rappelle que l'une des variables
22:27de l'augmentation du prix de l'électricité, c'est le prix du transport et que dans le
22:31prix du transport vous avez justement le prix du réseau à réaménager pour augmenter
22:36la production.
22:37Donc ces questions-là, elles débouchent sur d'autres sujets comme le pouvoir d'achat
22:41des Français, etc.
22:42Donc les constructeurs eux parlent véhicule, c'est vrai, maintenant d'un point de vue
22:47de l'État il y a un sujet plus global, et puis accessoirement, est-ce qu'il fallait
22:52tout miser sur le véhicule électrique ? Moi je ne le pense pas, il y a d'autres types
22:56de véhicules qu'on aurait pu sponsoriser, par exemple un gaz, etc, l'hydrogène, et
23:00se demander avec des flottes captives quelle était la meilleure politique à faire pour
23:04essayer finalement d'encourager ces industries naissantes et de ne pas mettre tous les œufs
23:08dans le même panier.
23:091h42, une nouvelle pause et on se retrouve dans un instant avec vous, Julien Aubert vice-président
23:13des Républicains, avec à mes côtés Antonin André du JDD, Jacques Serret d'Europe 1,
23:17à tout de suite.
23:18Europe 1 soir, 19h21, Pierre de Villeneuve, interview politique jusqu'à 20h avec le
23:25vice-président des Républicains, Julien Aubert, Jacques Serret, journaliste politique
23:29à Europe 1, et Antonin André, chef du service politique du Journal du Dimanche.
23:33Antonin, une question.
23:34Oui, il y a eu cette proposition du Rassemblement, enfin cette précision du Rassemblement national
23:38cette semaine qui a un peu troublé les esprits, je voudrais avoir votre interprétation sur
23:43la nécessité d'être sorti sur ce sujet, sur certaines fonctions qui seraient interdites
23:48aux binationaux, diriger une centrale nucléaire, diriger des instituts de défense ou des instituts
23:54stratégiques, par parenthèse, des binationaux ça peut être quelqu'un qui a la nationalité
24:00franco-américaine, franco-argentine, franco-suisse, que sais-je, pas forcément franco-russe.
24:05Comment vous interprétez-vous cette sortie assez marquante du Rassemblement national
24:10cette semaine ?
24:11C'est une question très épineuse, la question de la binationalité.
24:17Moi je trouve qu'elle se pose davantage sur des questions politiques, ça me gêne
24:21beaucoup plus par exemple qu'un député de la nation puisse être binational, parce
24:24qu'on peut représenter qu'une nation et on ne peut pas en représenter deux, et on
24:28peut se demander d'ailleurs qui exactement en est fait en pareil pour des ambassadeurs.
24:32J'avais moins, je dirais, le sentiment de l'urgence sur des questions, je dirais, administratives,
24:38parce que par exemple quand on parle d'un...
24:39Enfin la réflexion c'est de dire par exemple la centrale nucléaire c'est stratégique
24:43donc il faut que ce soit un français, mais vous pouvez avoir un français qui a été
24:46retourné et qui est un espion d'un pays étranger, voilà, et c'est pas parce que vous êtes
24:51franco-américain que vous êtes forcément plus suspect.
24:53Donc à mon avis la question qui est posée est la bonne, en revanche la réponse apportée
25:01n'est pas la meilleure, c'est-à-dire qu'à mon avis le sujet n'est pas là.
25:04Mais le signal envoyé c'est celui...
25:06Pourquoi sortir sur ce sujet du coup ? C'est de dire, c'est de rappeler un peu l'ADN du
25:11Rassemblement National, c'est-à-dire français, français, français de souche...
25:14C'est du marketing électoral ?
25:15C'est pas français de souche, oui, il y a sans doute du symbole comme dans le vouvoiement
25:21dans les écoles, on n'est pas là sur des sujets majeurs, mais il y a disons en tout
25:26cas un sujet de restaurer, à mon avis, l'appartenance à la nation, de montrer que voilà, la nation
25:34c'est pas comme un abonnement Netflix, on peut pas cumuler les abonnements en hiveron
25:39parce qu'ils zappent sur ce qui nous intéresse, et qu'il y a des fonctions qui sont essentielles
25:44à la nation française pour lesquelles ça doit être occupé par un français.
25:47Est-ce que justement parce que c'était un, j'allais dire, pas un dossier majeur mais
25:54qu'il était fort en symbole, est-ce que vous-même aux Républicains, vous ne trouvez
25:57pas que vous manquez justement de symbole pour imprimer dans le choix des électeurs ?
26:02Il y a des choses qui sont proposées dans le programme des Républicains qui, à mon
26:07avis, ne sont peut-être pas des symboles, mais qui sont très utiles.
26:10En attendant, on n'en parle pas, parce que c'est plein les journaux de l'histoire des
26:13binationaux de Jordan Bardella, en attendant, on entend moins vos propositions, il n'y a
26:18pas de polémique.
26:19Le fait de susciter une polémique, vous savez, c'est le fameux, en en parlant bien, en en
26:22parlant mal, l'important c'est qu'on en parle.
26:23Vous, en attendant, pardonnez-moi, mais j'entends moins de polémiques concernant les propositions
26:28des Républicains.
26:29Parce que nous, on a les polémiques sur Éric Ciotti, si vous voulez, donc on parle de nous.
26:33On suit votre raisonnement, on parle de nous en bien, on parle de nous en mal, on parle
26:36de nous.
26:37Quelque chose me dit que si on était à 36%, les gens auraient quand même plus détaillé
26:41notre programme.
26:42J'en reviens sur le sujet de l'immigration, parce que c'est vrai que c'est un sujet symbolique,
26:47on se sent bien très éruptif, y compris dans le moteur de votre Assemblée Nationale,
26:50vous-même vous êtes d'un département de Vaucluse qui, par exemple, emploie des saisonniers
26:53qui bien souvent viennent de l'étranger, de Tunisie, qui ne restent pas forcément d'ailleurs
26:58en France, qui font la saison d'été pour les fruits et les vergers, et qui ensuite
27:02repartent.
27:03Est-ce que vous ne craignez pas que cette espèce de fuite en avance sur, en gros, l'immigration
27:10étant la source de tous les maux, eh bien on va faire le ménage et compliquer les choses,
27:14y compris, par exemple, dans ce secteur agricole, n'est pas extrêmement préjudiciable finalement
27:19et ne nourrit pas les fantasmes davantage que la réalité ?
27:22La réalité, bon, moi j'ai été député pendant 10 ans de la circonscription, où
27:28a été d'ailleurs écrit l'article du Monde sur ce sujet-là, qui est sorti il y a deux
27:32jours, circonscription productrice de raisins de table, voilà, où on a beaucoup de besoins.
27:38La réalité c'est que pendant le Covid, quand les frontières étaient fermées, on a fait
27:41appel à des Français, il y avait 5 000 postes et on a eu 500 personnes qui se sont présentées.
27:46Voilà, et que personne ne veut travailler là-dedans parce que c'est très fatigant
27:51et parce que finalement il y a un système social qui vous permet de gagner tout autant
27:54sans, je dirais, vous échiner au soleil pendant une dizaine d'heures.
27:58Ensuite, je dirais, la question de l'immigration est devenue très symbolique, mais je crois
28:05qu'il ne faut pas raconter n'importe quoi, c'est-à-dire que le problème aujourd'hui,
28:08ce ne sont pas des travailleurs économiques, des travailleurs qui viennent pour des raisons
28:12économiques, qui sont saisonniers, qui repartent dans le pays et d'ailleurs qui laissent leur
28:15famille dans leur pays, d'ailleurs vis-à-vis de ces gens, on aurait plutôt d'ailleurs
28:19besoin de les accueillir dans des conditions décentes parce qu'il y a eu des problèmes
28:22par exemple en Vaucluse de Ténardier, évidemment ce serait important et intéressant que des
28:28Français ont pu savoir, enfin voilà, qu'on puisse développer une offre locale parce
28:32que quand on a un choc extérieur comme le Covid, on s'aperçoit qu'on est plus souverain
28:37sous cette production.
28:38Mais le vrai sujet, il n'est pas là, le sujet il est sur l'immigration de peuplement, sur
28:44le regroupement familial, sur les ménages gris et sur surtout le fait que nous accueillons
28:48des gens que nous n'arrivons ni à intégrer, ni à assimiler, voilà, et qu'on ghettoïse
28:55et qu'ensuite ça produit des conséquences sur un ou deux générations dont on voit
28:59aujourd'hui les répercussions en termes de cohésion de la nation française, il est
29:02là le sujet.
29:03Donc voilà, il faut serrer les problèmes.
29:06Quand Nicolas Sarkozy dit dans le JDD, c'est bien beau de vouloir réguler l'immigration
29:11et de considérer qu'il faut d'une façon ou d'une autre rendre nos frontières plus
29:15étanches, mais dans 20 ans, l'Afrique aura quasiment doublé de population avec un tiers
29:20de la population qui aura moins de 20 ans.
29:22Est-ce que c'est vraiment réaliste de dire qu'on a les moyens d'être étanches vis-à-vis
29:27de cette population ou est-ce qu'il ne faut pas investir massivement, soit dans le développement
29:32de l'Afrique pour les aider à rester chez eux et trouver des raisons de rester chez
29:35eux et que c'est ce discours-là qu'il faudrait tenir parce que celui qui consiste à dire
29:38qu'avec nos petits bras on va empêcher un milliard d'Africains de moins de 20 ans de
29:43se répandre dans le monde parce qu'ils crèvent de faim, c'est quand même la réalité qui
29:46est face à nous, non ?
29:47D'abord, on n'est pas obligé de rendre ces propositions alternatives.
29:51C'est-à-dire que je pense que un, oui, il faut développer l'Afrique en arrêtant de
29:55leur piquer leurs élites.
29:56Deux, oui, il faut envoyer un message de fermeté en expliquant que nous n'acceptons pas l'immigration
30:01illégale et à titre personnel, quelqu'un qui vient illégalement sur le territoire
30:04ne devrait jamais pouvoir être régularisé parce qu'en face, ils ont aussi la télé
30:09et donc si vous leur expliquez que c'est possible, ils viendront et c'est naturel.
30:12Trois, il faut s'attaquer aux gens qui vivent et qui font commerce de cet esclavage moderne.
30:17Et quatre, il faut avoir conscience qu'effectivement, dans l'histoire, aucune frontière n'a été
30:21étanche.
30:22Même pendant la Seconde Guerre mondiale, les nazis gardaient la frontière entre la
30:26zone occupée et la zone libre.
30:27Il y avait des gens qui arrivaient à la traverser, donc il n'y aura jamais d'étanchéité.
30:31Mais ceux qui vous expliquent que l'immigration, c'est comme la météorologie et qu'on n'y
30:35peut rien.
30:36Dans ce cas-là, je ne suis pas d'accord parce que le principe d'un État souverain, c'est
30:40de décider qui rentre.
30:41On ne peut pas décider de l'intégralité, on n'arrivera jamais à contrôler l'intégralité
30:46des flux.
30:47Mais c'est sûr que si on n'y met pas un peu du nôtre et les moyens nécessaires, on sera
30:51uniquement récepteurs et passifs.
30:54Et donc effectivement, à un moment, ça deviendra ingérable.
30:58Ce pays s'en fracturera encore plus.
31:00Jacques Serais, pour revenir sur votre exemple, vous parliez des vignes il y a quelques minutes.
31:05Est-ce que vous sous-entendiez que notre système social est trop généreux, que pour
31:10pousser les Français à accepter ces emplois qu'ils ne veulent pas aujourd'hui, il faut
31:13revenir sur certains acquis ? Sans parler de circonscriptions en particulier, Julien
31:17Baer.
31:18Ce que je dis aujourd'hui, c'est que si vous voulez, le travail manuel aujourd'hui ne paie
31:23pas dans une économie ouverte, c'est-à-dire que vous avez, à cause de la compétitivité
31:29des pays étrangers, notamment le Maroc et même l'Espagne, en réalité votre produit
31:35naturel ne trouve pas sa place.
31:37Une fraise française, elle arrive à la production, lorsque vous la produisez, elle vaut autant
31:45que la fraise qu'on a importée d'Espagne et qui a déjà les coûts de transport.
31:49Donc ce n'est pas possible.
31:50Et donc effectivement, on ne peut pas rémunérer le travail à sa juste valeur.
31:53Et donc par conséquent, dans des pays riches, les gens ont soit d'autres propositions dans
31:57d'autres secteurs de l'économie, soit effectivement on a un système, je dirais, relativement
32:02généreux.
32:03Peut-être que la solution, ce serait de trouver plutôt une manière d'augmenter les rémunérations
32:08des gens pour que ça devienne attractif et d'avoir une agriculture de qualité, ce qui
32:12signifie aussi à un moment donné faire le choix de dire on arrête d'importer de l'autre
32:16bout du monde et on choisit d'aider nos agriculteurs et de consommer français.
32:20Mais c'est un acte patriote, je dirais, qui n'est pas à la portée de toutes les
32:24bourses aujourd'hui compte tenu du contexte.
32:26Et donc ça veut dire aussi avoir une vision plus globale de la manière dont on rémunère
32:30le travail dans ce pays.
32:32Est-ce que vous avez une baguette magique pour le pouvoir d'achat, Julien Aubert ?
32:35C'est la préoccupation numéro un des Français, c'est le pouvoir d'achat, juste derrière
32:39c'est la sécurité et dans la sécurité et l'immigration, on vient d'en parler quelques
32:43secondes.
32:44Qu'est-ce que les Républicains, en arrivant, et ils seront minoritaires, malheureusement
32:49on le sait, je dis malheureusement pour vous puisque vous êtes le vice-président des
32:52Républicains dans ces législatives, mais quel est le levier, quelles sont les pistes
32:58de réflexion pour réactiver le pouvoir d'achat pour les Français ?
33:02La piste officielle du programme, c'est de jusqu'à trois fois le SMIC, d'abaisser les
33:07cotisations sociales de manière à favoriser l'emploi et aussi améliorer la rémunération.
33:14Moi je crois, à titre personnel, qu'on devrait revenir, là encore je vais vous parler du
33:22Gaulliste, mais je pense qu'il y a la possibilité d'avoir une rémunération tirée du capital
33:26et que la participation telle qu'elle existe aujourd'hui dans certaines entreprises devrait
33:31être beaucoup plus encouragée, de manière à ce qu'il y ait un revenu tiré du travail
33:36et un revenu tiré du capital, je crois que ce serait un meilleur partage de la valeur
33:40ajoutée et que ça permettrait de contourner le problème de la compétitivité.
33:42Et puis ensuite, il y a un problème plus structurel, qui est que nous avons choisi
33:46finalement d'être en économie totalement ouverte et donc d'importer très largement.
33:50C'est très intéressant et très utile quand vous êtes à Pays Riche et que les autres
33:54pays ont des abas-coups.
33:55Quand vous vous appauvrissez, vous vous rendez compte que vous avez un renchérissement des
33:59denrées et donc un appauvrissement relatif des Français.
34:01Et donc ça suppose aujourd'hui réfléchir à un protectionnisme intelligent et arrêter
34:06de faire du libre-échange sans retenue, parce qu'on n'est pas obligé non plus de manger
34:11tous les jours du bœuf de Kobe ou du poulet aux hormones d'Argentine.
34:15Concernant le pouvoir d'achat, que pensez-vous de cette proposition du RN concernant la baisse
34:20de la TVA sur le carburant notamment ?
34:23Est-ce que c'est une bonne mesure ou est-ce que ça va creuser le déficit français ?
34:29Je pense qu'elle est symbolique là encore, parce qu'on sait que la crise à débuté
34:34par le carburant, mais qu'au niveau d'un citoyen, il ne réfléchit pas uniquement
34:41sur son transport, il réfléchit à l'alimentation, logement, transport, augmentation générale
34:47des prix.
34:48Et donc ça ne sert à rien si vous voulez de baisser la TVA sur le carburant si dans
34:53le même temps le prix de l'électricité prend 10% et que quand vous voulez renouveler
34:58votre voiture, elle vaut 25% plus cher qu'il y a 5-6 ans.
35:01Donc je pense que c'est un problème plutôt global, plus global que des mesures ponctuelles.
35:06Et donc là encore, à mon avis, on fait du pointillisme, alors qu'en réalité il faudrait
35:10plutôt un grand plan, plusieurs mesures coordonnées.
35:13Merci beaucoup Julien Aubert d'avoir été notre invité politique ce soir vice-président.
35:18Merci Antoinette André, chef du service politique du Journal du Dimanche, merci à vous Jacques
35:24Serret, journaliste politique à Europe 1.