• il y a 6 mois

Tous les vendredis, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Jacques Serais pour débattre des actualités du jour.
Retrouvez "Les débats d'Europe 1 Soir" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-actu

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Transcription
00:0019h, 21h, Jacques Serret.
00:03Nous sommes à une semaine du premier tour des élections législatives
00:08et on en parlait avec Jules Torres du JDD, Yves Tréhard du Figaro,
00:11une gauche pointée du doigt pour l'antisémitisme de certains
00:17et un camp présidentiel qui se déchire, du moins qui commence à se déchirer.
00:23Je vous propose d'écouter Edouard Philippe chez nos confrères de TF1
00:27qui pointe la responsabilité dans certains d'Emmanuel Macron.
00:31C'est le Président de la République qui a tué la majorité présidentielle.
00:33Il l'a dissous.
00:35C'est pas moi qui suis parti, c'est pas les frondeurs ou défrondeurs qui l'auraient énervé.
00:39On passe à autre chose.
00:40Et autre chose, ça peut pas être exactement la même chose qu'avant.
00:43Donc c'est créer une nouvelle majorité parlementaire
00:45qui fonctionnera sur des bases différentes de l'ancienne majorité présidentielle.
00:48Et j'y suis prêt, et c'est ce que j'essaie de construire.
00:50Et c'est pour ça que j'en parle avant le premier tour,
00:52pour avoir une chance de le réaliser après le second.
00:54Jules Torres du JDD, Edouard Philippe, fait campagne.
00:56Il fait campagne pour Horizon, aussi pour le camp présidentiel.
01:00Il soutient les candidats, mais il règle ses comptes déjà.
01:04Je sais pas s'il règle ses comptes, mais en tout cas,
01:06il se distancie de plus en plus, semaine après semaine, d'Emmanuel Macron.
01:10Parce qu'on voit bien que, en 2027,
01:13les personnalités qui seront les plus proches ou les plus identifiées à Emmanuel Macron,
01:17elles n'iront jamais au bout, parce que le Président suscite un tel rejet.
01:20Nous, là, ce week-end, dans le JDD, on va publier notre barome net mensuel.
01:23Et le Président de la République est en chute libre.
01:26Il faut quand même bien se rendre compte que cette décision, la dissolution,
01:30personne ne la comprend.
01:31Il n'y a sans doute que lui et quelques conseillers qui la comprennent.
01:34Pourtant, dans les sondages, Emmanuel Macron s'appuyait
01:36sur le fait que les Français soutenaient cette dissolution.
01:39C'est peut-être un paradoxe.
01:41Oui, mais bien sûr.
01:42Ils soutiennent surtout le fait qu'Emmanuel Macron...
01:45Les Français ne veulent plus d'Emmanuel Macron à l'Élysée.
01:48Vous savez, on utilise souvent, dans les débats politiques,
01:51l'expression du roi seul dans son palais.
01:53Et là, je pense qu'on n'a jamais été aussi près de la réalité.
01:56Le Président de la République n'est soutenu par personne.
02:00Il y a Gabriel Attal qui fait campagne tout seul.
02:02Ses principaux soutiens, Édouard Philippe, Bruno Le Maire, le lâchent.
02:08On a des députés...
02:09Tous les députés de La République en marche
02:11ne veulent pas voir Emmanuel Macron dans cette campagne législative.
02:14Vous vous souvenez, quand il a annoncé la dissolution,
02:17il a ensuite fait une conférence de presse
02:18où il a dit qu'il interviendrait quasiment trois fois par semaine.
02:20On lui a expliqué qu'il ne fallait pas qu'il fasse ça
02:23parce que sinon il allait mettre en péril
02:24la campagne législative de la majorité.
02:26Il ne parle pas.
02:27On voit que ça monte un petit peu dans les sondages.
02:29Donc Emmanuel Macron, il est...
02:31Je ne dirais pas que c'est fini,
02:32mais en tout cas, il est dans la position la plus compliquée depuis ces temps.
02:35Emmanuel Macron affaibli, Yves Tréhard,
02:38et Édouard Philippe qui essaie de prendre ses distances.
02:41C'est comme ça que vous le percevez également ?
02:43Oui, il est plus seul que jamais, le Président de la République.
02:46Ça y est, à mon avis, effectivement,
02:49ça arrive à tous les Présidents de la République.
02:51Moi, je suis un vieux briscard de l'observation politique.
02:55Giscard, Mitterrand, ils ont tous fini seuls.
02:58Tous, tous, tous.
02:59Hollande, Sarkozy, tous.
03:01Mais lui, encore plus.
03:03Et là, je dirais que ça fait sept ans
03:05par rapport à Hollande et Sarkozy,
03:07c'était moins longtemps.
03:08Il a à peine à la moitié de son deuxième mandat.
03:10Voilà, oui, tout à fait.
03:12Et puis, on est dans une...
03:14Imaginez, ce qui n'arrivera pas,
03:16mais imaginez qu'il y ait la majorité qui soit reconduite
03:20au terme des législatives,
03:22mais on entrerait dans une nouvelle forme de cohabitation
03:24parce qu'ils n'accepteraient pas d'être
03:26sous l'autorité du Président de la République.
03:28C'est-à-dire qu'il serait en cohabitation avec sa propre majorité.
03:30Exactement.
03:31Et c'est ce qui va se passer sans qu'il soit à Matignon à l'avenir.
03:35C'est-à-dire que le Bloc central,
03:37qui va se réduire comme peau de chagrin,
03:39je pense qu'ils ne vont pas prendre leurs ordres à l'Élysée
03:42et qu'ils vont essayer de conduire
03:44une posture,
03:46d'adopter une posture
03:48qui soit compatible
03:50avec 2027,
03:52pour ceux qui vont éventuellement relever le flambeau.
03:56Peut-être que la grande victoire d'Emmanuel Macron dans cette période,
03:58c'est de faire retourner les gens dans les urnes, en tout cas.
04:00Parce qu'on a des indices de participation
04:02qui nous donnent à peu près 63, 64, 65%
04:04des chiffres qu'on n'a pas vus depuis 1997 et 2002.
04:08En 2002, je crois que c'était 64 et demi.
04:12C'est peut-être le seul bénéfice qu'on peut avoir à cette décision-là.
04:16Sauf que le problème, c'est qu'on va avoir,
04:18avec ce taux de participation, des triangulaires de partout.
04:21Et ceux qui ne vont pas tirer de ces triangulaires-là,
04:23où il y aura trois candidats,
04:25c'est les candidats de la majorité présidentielle.
04:27Vous ne pensez pas que la participation peut être bénéfique
04:29au camp présidentiel ?
04:31Je ne le pense pas, au contraire.
04:33Actuellement, dans les sondages,
04:35ils sont entre 20 et 22.
04:37On voit que les candidats du RN
04:39vont bénéficier,
04:41pas d'un sursaut, mais il y aura le même score
04:43que pendant les européennes.
04:45Là, on est quasiment dans une élection présidentielle
04:47où il y a des législatives ensuite.
04:49C'est-à-dire qu'on va retrouver quasiment les mêmes scores.
04:51Alors là, certes, avec une gauche qui sera plutôt unie,
04:53qui sera autour de 27-28,
04:55mais non, clairement pas.
04:57Frédéric Dhabi, le patron de l'IFOP, dit au contraire
04:59que les triangulaires vont profiter, par exemple,
05:01au RN parce qu'ils n'auront pas besoin de faire 50%.
05:03C'est tout le problème de Marine Le Pen,
05:05c'est qu'elle n'a jamais réussi à faire 50% et 1%.
05:07Là, on pourrait avoir beaucoup, beaucoup,
05:09beaucoup de candidats RN qui n'auraient besoin
05:11que de 35% pour gagner.
05:13On va vraiment vivre un bouleversement politique.
05:15Grâce à la participation.
05:17Alors, on entendait Édouard Philippe prendre sa distance,
05:19mais il y en a un autre, en tout cas, un ministre de poids,
05:21on peut le dire, Bruno Le Maire,
05:23le ministre de l'économie,
05:25qui était invité hier de TV5Monde.
05:27Il est revenu sur cette décision
05:29de la dissolution
05:31et il ne cible pas seulement Emmanuel Macron.
05:35Vous savez,
05:37les parquets des ministères
05:39et des palais de la République
05:41sont pleins de cloportes.
05:43On a toujours eu des cloportes
05:45en partie de la vie politique française.
05:47Ils sont dans les parquets,
05:49dans les réunions des parquets.
05:51C'est très difficile de s'en débarrasser.
05:53Le mieux, c'est de ne pas les écouter
05:55et de rester à sa place, qu'on soit présents dans la République,
05:57qu'on est ministre, ministre,
05:59et prendre ses décisions en conscience.
06:01Bruno Le Maire tout de même sous-entend
06:03qu'Emmanuel Macron n'aurait pas pris
06:05la décision de la dissolution tout seul.
06:07Non, alors,
06:09tout ça,
06:11ça demande à être vérifié.
06:13Mais si vous voulez, comme tous les autres présidents de la République
06:15avant lui, il a une cour.
06:17Et avec des gens
06:19qui sont rémunérés
06:21pour être auprès de lui,
06:23comme certains, et d'autres qui sont
06:25ce qu'on appelle les visiteurs du soir.
06:27Et donc,
06:29il y en aurait certains,
06:31je ne citerai pas de nom à ce micro,
06:33mais ils se reconnaîtront s'ils nous écoutent, je les salue,
06:35qui auraient
06:37influencé le président de la République,
06:39qui lui auraient conseillé cela.
06:41Mais le président de la République, d'après mes informations aussi,
06:43dès le mois de mars,
06:45avait déjà l'idée que si
06:47la débâcle était importante
06:49aux européennes,
06:51il avait déjà dans sa tête
06:53l'idée de dissoudre.
06:55Donc, on est toujours seul
06:57quand on décide,
06:59si le président de la République, c'est une décision solitaire,
07:01vous pouvez être influencé.
07:03L'a-t-il été ?
07:05Il y en a qui l'ont
07:07encouragé à le faire.
07:09C'était joué avec des allumettes, il a craqué
07:11l'allumette, et
07:13maintenant il peut s'en mordre les doigts, parce que
07:15on peut considérer que
07:17sa présidence est terminée,
07:19et que ça va être
07:21extrêmement compliqué pour lui.
07:23Je ne trouve pas ça très courageux de la part de Bruno Le Maire
07:25de s'en prendre à des conseillers
07:27en plus en les
07:29qualifiant ainsi.
07:31Je vous laisse imaginer si Jean-Luc Mélenchon
07:33ou Marine Le Pen avaient osé qualifier les conseillers
07:35d'Emmanuel Macron de cloporte. Je pense qu'on
07:37aurait eu des polémiques pendant des semaines.
07:39Mais toujours est-il que
07:41est-ce qu'Emmanuel Macron a été
07:43influencé dans cette décision ou pas ?
07:45En fait, on s'en fiche un petit peu.
07:47C'est lui qui a pris cette décision-là,
07:49Edouard Philippe l'a dit, c'est lui
07:51qui a tué sa majorité et il est le seul responsable.
07:53Edouard Philippe, parce que c'est exactement ce que
07:55dit le patron d'Horizon.
07:57Lorsqu'on est un patron politique, on ne peut jamais,
07:59jamais, se dédouaner de
08:01quoi que ce soit en le mettant sur le dos de son entourage.
08:03Jamais.
08:05J'ai travaillé avec peu d'hommes politiques.
08:07J'ai travaillé avec
08:09Alain Juppé,
08:11avec Antoine Ruffenach, mon prédécesseur
08:13à la mairie du Havre, qui m'a beaucoup appris.
08:15Ni l'un ni l'autre,
08:17ni l'un ni l'autre, n'auraient jamais
08:19mis sur le compte du comportement
08:21d'un collaborateur quelque chose
08:23qui venait de leur maison.
08:25J'ai vu Alain Juppé
08:27tenir cette ligne, y compris
08:29devant la justice, dans des conditions difficiles.
08:31Pour moi, il n'y a pas de collaborateur.
08:33Il y a un patron, et c'est lui qui est responsable de ce qui sort
08:35de sa maison. Edouard Philippe, qui était
08:37l'invité de cet avoueux Jules Torres.
08:39À titre de précision, je n'ai pas l'impression qu'Emmanuel Macron
08:41cherche à se défausser. J'ai plutôt
08:43l'impression qu'il y a certains conseillers
08:45qui se poussent un petit peu du col
08:47pour s'attribuer les mérites...
08:49Je ne sais pas si c'est les mérites,
08:51mais en tout cas,
08:53l'utilisation de cette dissolution...
08:55Ce qui ne plaît pas à Macron.
08:57Absolument. Je parle souvent de contrôle Jacques.
08:59Je crois qu'il y a eu un certain nombre de recadrages
09:01élyséens ces derniers jours.
09:03On va parler de Gabriel Attal,
09:05de Yael Brown-Pivet dans les prochaines minutes.

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