Avec Florence Portelli, Maire de Taverny (Val-d’Oise), vice-présidente de l’association des maires de France et Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole du DAL (association du Droit au Logement)
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00:00 Vérissure, le numéro 1 des alarmes en France.
00:02 Rendez-vous sur verissure.fr pour votre demande de vie gratuite.
00:06 Vérissure présente...
00:08 Sud Radio, parlons vrai, 9h10, Benjamin Gleize.
00:12 Sud Radio, parlons vrai, on ouvre les débats sur Sud Radio à 9h35.
00:16 Elles accusent le gouvernement de faire une chasse aux pauvres.
00:19 Les 5 principales associations de locataires de logements sociaux
00:22 pointent du doigt le projet de loi qui sera présenté en Conseil des ministres le 7 mai prochain.
00:27 On va parler justement de toutes ces mesures qui sont annoncées,
00:32 dont on va entendre parler les prochaines semaines.
00:34 Avec nous ce matin, Florence Portelli, bonjour.
00:36 - Bonjour. - Et merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio.
00:38 Vous êtes maire de Tavernier dans le Val d'Oise,
00:40 vice-présidente de l'Association des maires de France,
00:43 également présent avec nous, Jean-Baptiste Serrault, bonjour.
00:45 - Bonjour. - Et merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio.
00:48 Également, vous êtes porte-parole du DAL, l'Association du droit au logement.
00:52 Parmi les principales mesures annoncées,
00:55 et qui fait d'ailleurs cette mesure énormément réagir, c'est la question de la fin du logement social à vie.
01:02 Ça a été d'ores et déjà annoncé par le ministre du Logement, Guillaume Cazabarayan.
01:07 Est-ce que c'est une bonne ou une mauvaise idée selon vous, Florence Portelli ?
01:11 - Écoutez, ça dépend comment c'est fait et ce qu'il veut dire derrière.
01:14 C'est-à-dire, en réalité, aujourd'hui, la majorité de nos compatriotes n'arrivent plus à se loger.
01:19 Et c'est un drame absolu qu'Emmanuel Macron, d'ailleurs, n'a absolument pas traité
01:23 depuis qu'il est président de la République.
01:25 Dans les métropoles et dans les banlieues, la situation est absolument terrible.
01:30 Et je vous rappelle qu'il avait enterré en grande pompe, dans une posture assez humiliante, Jean-Luc Borloo,
01:36 avec le plan qu'il avait fait pour les banlieues.
01:37 Donc c'est des gens qui se foutent complètement de la politique du logement.
01:41 Il y a même une période où on n'avait même pas de ministre du Logement, donc c'est vraiment pas leur priorité.
01:44 Donc je vous dirais sincèrement, j'attends de voir ce qui se passe, parce que, d'un côté,
01:48 on manque de logements d'urgence pour les plus précaires.
01:51 De l'autre côté, on n'arrive plus à loger les classes moyennes.
01:54 Et enfin, ce qui n'est pas normal, c'est qu'il n'y a pas de politique d'accession à la propriété.
01:58 Ce qui fait que vous pouvez trimer toute votre vie, avoir des conditions de vie parfois même difficiles,
02:05 parce que vous n'avez pas toujours un travail très facile.
02:08 Et à la fin, vous n'avez pas de quoi assurer, garantir, finalement, votre vieillesse.
02:14 S'il se passe un pépin, vous ne pouvez pas mettre en location votre logement ou le vendre.
02:17 Vous n'avez rien à transmettre à vos enfants.
02:19 Donc il y a un vrai problème de la chaîne de l'habitat.
02:22 Je ne sais pas ce qu'il appelle mettre fin au logement à vie.
02:25 Moi, je pense qu'on reste beaucoup trop longtemps dans un logement social.
02:27 Mais la question, une fois qu'on a dit ça, c'est comment on permet, notamment en classe moyenne,
02:32 d'accéder à la propriété, ce qui aujourd'hui n'est pas le cas.
02:34 Par exemple, rien qu'en Ile-de-France, 76% des foyers sont éligibles au logement social.
02:38 Et comment aussi on aide les plus précaires à trouver une solution d'habitat ?
02:43 Jean-Baptiste Serreau, du droit au logement, sur ces différentes mesures,
02:48 vous les avez découvertes d'ores et déjà, notamment sur cette mesure de la fin du logement social à vie.
02:54 En gros, à partir du moment où on dépasse le seuil, on est invité à quitter le logement.
03:00 Ce serait une des possibilités.
03:01 Ça vous fait réagir ? Ça vous met en colère ?
03:03 En colère, non, pas vraiment.
03:06 Mais on trouve ça un peu incohérent, si vous voulez, parce que d'un côté,
03:13 il y a une injonction pour la mixité sociale dans les HLM.
03:16 Mais d'autre côté, on va virer les classes moyennes.
03:20 Donc là, il faut regarder un peu attentivement ce qui va se passer du point de vue de la loi,
03:25 de l'élaboration du texte de loi.
03:27 Maintenant, ce qui nous préoccupe le plus, parce que ça c'est le côté slogan,
03:31 en gros, on met les classes moyennes, on va dire "il faut du logement social",
03:37 comme vous l'avez dit assez justement, quelque part on a besoin de logements sociaux,
03:41 mais ce n'est pas en virant quelques locataires qu'on va régler le problème.
03:43 Avec ces idées, on oppose d'un côté les classes moyennes aux classes les plus pauvres.
03:47 Oui, il y a ce côté-là, puis à l'autre côté, on leur fait payer un surloyer,
03:52 ça, ça nous paraît tout à fait juste, et ce surloyer devrait permettre de faire
03:56 ce qu'on appelle de la minération de quittance, c'est-à-dire de la baisse des loyers
03:59 pour loger des ménages modèles dans du logement intermédiaire,
04:03 du logement "pour classe moyenne" ou ailleurs, je ne sais pas quoi.
04:06 Donc si vous voulez, bon, c'est un côté un peu démago, moi je dirais,
04:12 cette annonce, cette communication.
04:14 - Florence Portélier, un verbe de la carrière.
04:15 - Moi, puis c'est surtout, excusez-moi, ça, ça ne s'appelle pas la fin du logement social à vie.
04:18 Qui est dans du logement social à vie ?
04:20 Les gens en général qui sont dans des HLM, il n'y a pas de turnover.
04:24 Donc ça, c'est de la fumisterie.
04:26 Si c'est uniquement en effet virer les classes moyennes supérieures, et encore,
04:30 qui sont dans ce qu'on appelle les PLS, les logements sociaux,
04:34 "le moins sociaux possibles", entre guillemets.
04:36 Et puis surtout privés.
04:37 Nous, il faut savoir qu'avec l'État, on signe des contrats de mixité sociale.
04:41 Alors comment va être la mixité sociale ?
04:43 Comment va faire la mixité sociale dans les écoles,
04:45 si vous ne l'avez pas dans les quartiers, que ça devient des quartiers ghettos ?
04:48 Comment aussi on fait, parce qu'il n'y a pas d'accession, comme je disais,
04:51 à la propriété dans ce pays, ça devient de plus en plus difficile,
04:54 l'immobilier a flambé.
04:56 Il y a aussi une pénurie de construction.
04:57 - Claire, il n'y a pas de proposition pour sortir de ça.
04:59 - Attendez, moi je vais vous dire, moi je construis,
05:01 donc je n'ai pas de pudeur par rapport à ça,
05:03 et je fais aussi des logements très sociaux pour les plus défavorisés.
05:06 Pourquoi d'ailleurs j'ai eu un moment, un frein, dans les constructions de logements ?
05:10 Parce que c'est les verts qui attaquent à chaque fois les projets au tribunal.
05:14 Donc ça c'est la réalité.
05:16 Au nom de nos soi-disant politiques écologiques,
05:18 il ne faut pas l'empreinte carbone,
05:21 il ne faut pas qu'on construise trop, c'est mauvais pour la planète, etc.
05:26 Alors qu'il y a un vrai problème humain,
05:28 et évidemment il faut pouvoir loger les gens,
05:30 ça ne veut pas dire ne pas respecter des clauses environnementales,
05:33 ne pas respecter les QE, etc.
05:34 Mais il faut aussi respecter l'humanité.
05:36 Donc en fait le problème il est beaucoup plus complexe que ça,
05:38 mais ça ce n'est pas du tout la fin du logement social à vie.
05:41 Et puis je rappelle aussi de manière très pragmatique,
05:43 les bailleurs ont des difficultés parfois à encaisser l'argent du loyer,
05:48 et on y reviendra peut-être,
05:50 une très très mauvaise politique du logement,
05:52 parce qu'en fait en France,
05:54 notamment les préfectures actions logements,
05:57 ils logent pour loger,
05:58 mais ne regardent pas les conditions de vie des locataires.
06:02 On a des gens, actions logements, c'est un ordinateur et des algorithmes,
06:06 quand vous avez un logement qui se libère,
06:08 on extrait trois personnes qui seraient a priori sur l'ordinateur éligible,
06:11 à part que souvent,
06:12 elles n'ont pas réellement les moyens d'être en logement social,
06:15 et ça atterrit dans les CCAS,
06:16 parce que les factures sont trop élevées,
06:18 que ces gens-là ne vont pas dans des PLAI,
06:20 et qu'ils n'arrivent pas à assumer finalement les charges.
06:22 Donc il y a une très mauvaise politique du logement.
06:24 Mais les locataires qu'ils veulent virer,
06:27 parce que soi-disant, ils auraient dépassé le plafond,
06:29 alors qu'ils payent des surloyés,
06:30 c'est ceux qui permettent souvent aux bailleurs sociaux d'équilibrer les comptes,
06:33 parce que c'est ceux qui ne sont pas en situation de sur-endettement,
06:35 c'est ceux qui payent leurs loyers, etc.
06:37 Mais en tous les cas, ce n'est pas la fin du logement social à vie.
06:40 Ce n'est pas la fin du logement social à vie,
06:41 ce n'est pas une politique de la propriété.
06:43 - Jean-Baptiste Cissé, vous vous partez de cette...
06:45 - Sur le bilan que vous faites, la situation,
06:47 ce que j'ajouterais, c'est qu'en réalité,
06:49 la cause de la crise du logement, c'est le logement cher.
06:51 - Fait que...
06:52 - Mais bien sûr, c'est le contexte spéculatif
06:55 qui a fait monter les prix du foncier,
06:58 de l'immobilier et des loyers.
07:00 Logement cher.
07:01 Alors pourquoi ?
07:02 Parce qu'évidemment, vous êtes maire,
07:04 donc vous savez très bien de quoi je parle,
07:05 les droits de mutation, ils tombent dans l'escarcelle.
07:07 Attendez.
07:08 Et nous, ce qu'on observe, c'est que les municipalités,
07:10 grosso modo, les maires,
07:12 en gros, vont plutôt chercher à faire de la gentrification
07:15 plutôt qu'alloger les classes popules.
07:17 C'est une réalité objective.
07:20 - Il y a des freins à la construction tout de même.
07:23 - Oui, non mais des freins à la construction.
07:25 Le vrai frein à la construction, c'est que le logement est trop cher.
07:28 Enfin, il a suffi que les taux d'intérêt remontent de quelques points
07:32 pour que tous les milieux de l'immobilier
07:35 se mettent à crier au secours de la crise, etc.
07:38 En réalité, la crise, elle a commencé depuis longtemps.
07:40 Ça fait 30 ans qu'on mène une politique
07:43 qui aboutit à la situation qu'on connaît aujourd'hui
07:45 et qui encourage la spéculation immobilière,
07:47 la montée des prix, la rente locative
07:49 et les profits qui sont tirés du logement cher.
07:51 - Vous n'êtes pas d'accord.
07:52 - Le résultat, c'est qu'on a de plus en plus de sans-abri,
07:54 de plus en plus de logements vacants,
07:56 il faut quand même le rappeler aussi,
07:57 parce que là, on a une mesure de réquisition
07:59 qui devrait être appliquée et qui ne l'est pas.
08:01 Aucune politique pour mobiliser les logements vacants,
08:03 comme si finalement la pénurie et la crise du logement
08:06 intéressaient et convenaient au pouvoir actuel.
08:09 - Juste pour vous répondre point par point déjà sur...
08:11 parce que Florence Portelli voulait réagir déjà.
08:13 - Non, c'est vrai à moitié.
08:14 - Je vous prends l'exemple...
08:15 Non mais je peux...
08:16 Vous savez, je suis vice-présidente de l'Association des maires de France,
08:18 je sais ce que me disent aussi les collègues,
08:19 les difficultés qu'ils ont.
08:20 - Bien sûr, bien sûr.
08:21 - Je pense qu'il ne faut pas opposer les maires
08:23 qui gèrent aussi les difficultés sociales avec les CCAS
08:27 et qui sont, j'allais dire, les moins dans le cambouis
08:29 et qui font un travail formidable
08:31 et qui ont énormément d'empathie.
08:32 Donc je pense qu'il ne faut pas caricaturer.
08:34 Je prends l'exemple de ma commune.
08:36 - Je ne sais pas ce que vous faites, vous.
08:37 - Non mais je parle des maires.
08:38 Là déjà, je parlais au nom de l'AMF.
08:40 Moi aussi.
08:41 - Moi je parlais en tant que vice-présidente de l'Association des maires de France,
08:44 j'ai dit "les maires", je ne m'appelle pas "les maires".
08:46 Pour ma ville, maintenant que vous m'interpellez sur ma ville,
08:49 j'avais un projet de construction d'éco-quartier,
08:51 d'ailleurs que j'ai toujours.
08:52 J'ai eu deux contradictions.
08:54 Un déjà, la gauche chez moi, qui attaque ça en justice
08:57 au nom de l'artificialisation des sols, etc.
08:59 Ils se foutent complètement qu'on n'arrive pas à loger les gens.
09:02 Chez moi, je n'ai pas de logement vacant.
09:04 Et d'ailleurs, j'ai pris des mesures contre les marchands de sommeil.
09:07 Je fais du logement social.
09:08 Et j'ai aussi les services de l'État qui me disent deux choses différentes.
09:11 D'un côté, j'ai un service logement qui me dit
09:13 "il faut construire du logement social".
09:15 Il faut en faire, il faut en faire, très bien.
09:17 De l'autre côté, j'ai un autre service de l'État
09:19 qui s'appelle la MRAE,
09:21 une soi-disant "mission indépendante environnementale"
09:25 qui me dit "vous n'êtes pas en zone tendue".
09:28 Alors je suis en zone tendue en Ile-de-France,
09:30 et il ne faut pas que vous construisiez des logements.
09:33 C'est comme dans le dîner de cons, la rouge ou la rouge, si vous voulez.
09:36 Mais là, en contradictoire.
09:37 Donc régulièrement, j'interpelle le préfet, je dis "j'ai obéi à qui ?
09:40 Je suis qui ?
09:41 Vos propres services me disent l'extrême inverse".
09:44 Donc ça, il faut aussi que vous ayez ça en tête.
09:46 C'est que comme il n'y a pas de politique de logement,
09:48 mais il n'y a pas non plus de courage,
09:49 on crée des autorités pour faire bien, pour faire écolo.
09:52 Alors qu'en réalité, d'ailleurs,
09:54 ils ne connaissent pas grand-chose parfois à l'écologie,
09:56 qui sont très politisés,
09:57 et qui nous font des injonctions totalement contraires.
10:00 - Ça veut dire qu'à ce niveau-là, on laisse aux collectivités locales...
10:03 - Ah bah, les collectivités locales,
10:05 mais moi j'ai attaqué plusieurs fois l'État en justice,
10:07 et j'ai même gagné.
10:08 Mais là, là-dessus, on a dû batailler,
10:11 on a eu la haute autorité environnementale qui est venue,
10:14 on a contre-argumenté,
10:16 et puis on a eu pour le moment, gain de cause.
10:18 Mais c'est de la perte de temps, c'est compliqué,
10:20 il y a des maires qui n'y arrivent pas.
10:21 Et puis après, il y a aussi des injonctions
10:23 qui rendent les textes inapplicables.
10:26 J'ai des collègues, on leur demande de construire,
10:28 parce qu'ils n'ont pas de foncier disponible,
10:29 en zone inondable.
10:31 - On va revenir dans un instant,
10:33 justement sur ce débat, encore beaucoup de choses à dire avec vous,
10:36 Jean-Baptiste Léraud, je le rappelle, porte-parole du DAL,
10:39 l'association Droits au logement,
10:41 et puis Florence Portelli, maire de Tavernier dans le Val-d'Oise,
10:43 vice-présidente de l'association des maires de France.
10:45 A tout de suite.
10:46 - Vérissure, le numéro 1 des alarmes en France.
10:49 Rendez-vous sur verissure.fr pour votre demande de vie gratuite.
10:53 Vérissure présente...
10:54 - Sud Radio, parlons vrai, 9h10, Benjamin Gleize.
10:59 - Sud Radio, parlons vrai, le débat continue aussi en antenne.
11:02 Mais il va se poursuivre avec vous,
11:04 pour parler justement de ce projet de loi sur le logement,
11:08 logement social, le gouvernement fait-il la chasse aux pauvres ?
11:11 Avec nous, Florence Portelli, maire de Tavernier dans le Val-d'Oise,
11:14 vice-présidente de l'association des maires de France, je le rappelle,
11:17 et puis Jean-Baptiste Léraud, porte-parole du DAL,
11:20 l'association du droit au logement.
11:23 On avait laissé ce débat sur la question justement
11:25 des différences qu'on peut avoir entre certaines mairies
11:28 qui vont véritablement faire un effort sur le logement social,
11:30 et d'autres qui vont, pour le coup, faire aucun.
11:34 Jean-Baptiste Léraud.
11:35 - Bah écoutez, ce qui nous apparaît, ce qui nous semble,
11:38 c'est que globalement, on produit de moins en moins de logements sociaux en France.
11:41 - C'est assez clair.
11:42 - C'est une évidence.
11:43 Quand on regarde le solde d'année en année,
11:45 on a moins de 50 000 logements supplémentaires chaque année.
11:48 Une fois qu'on a déduit les ventes de logements sociaux,
11:51 parce que les bailleurs sociaux sont obligés de vendre le patrimoine
11:53 pour avoir un peu d'argent,
11:54 vu que l'État et Macron leur a coupé les vivres.
11:58 Deuxième chose, il y a la question des démolitions HLM,
12:01 qui est aussi problématique,
12:03 parce que parfois ça s'apparente à, on va dire,
12:05 une forme de gentrification, même, on va dire le mot,
12:08 d'épuration sociale.
12:09 Parce que derrière, on va changer les populations
12:11 et on va faire monter les prix immobiliers autour.
12:13 Surtout dans les zones tendues.
12:14 Je parle des zones les plus tendues.
12:15 Donc là, du point de vue des maires,
12:19 je dirais que, alors il y a quand même des mesures dans la loi.
12:22 Il y a des mesures qui sont prévues, notamment,
12:24 de déléguer l'attribution des logements sociaux aux maires.
12:27 - Voilà, aux maires, oui.
12:28 - Voilà. Et donc, nous, là-dessus, on est très inquiets.
12:30 Parce qu'on a vu, ça a été fait déjà.
12:32 Ça a été fait, oui.
12:33 Non mais, peut-être que vous, vous allez faire les choses correctement.
12:36 Mais en attendant, ce qu'on observe,
12:40 c'est que quand ça a été mis en place en France,
12:42 entre 2004 et 2017,
12:44 ça a été une violation aux obligations
12:49 qui incombaient aux maires,
12:52 en matière de relogement des prioritaires d'allots,
12:54 en matière de relogement des prioritaires en général,
12:57 avec le développement d'une politique clientéliste,
12:59 c'est-à-dire, comme on a connu dans les années 90 à Paris.
13:03 - Florence Portier-Lemire de Tavernier,
13:05 réaction sur ce point-là, sur cette question aussi,
13:08 sur cette mesure de donner plus de pouvoir aux maires,
13:11 à vous, dans cette attribution des logements sociaux.
13:13 - Alors, deux choses.
13:14 Ce n'est pas tout à fait vrai ce qui est dit,
13:16 parce qu'en fait, au départ, quand on a...
13:18 Non mais, je corrige une donnée qui est purement factuelle.
13:21 Quand on a, par exemple, des contingents,
13:24 ou même sur les contingents en préfecture,
13:26 on nous dit que la première attribution,
13:28 c'est avec les maires que ça se décide.
13:30 Une fois que le locataire part, ce n'est plus le maire qui a la main.
13:33 Donc, il faut remettre, j'allais dire, le guise de mieux et le guise de mal.
13:36 - Non, la loi... - Non, mais je vous parle actuellement.
13:39 Actuellement, la réalité des faits, c'est ça.
13:41 Sur les dallaux, la difficulté aussi,
13:43 c'est que, de mon point de vue,
13:45 on a confondu dans ce pays le logement social
13:47 et le logement d'urgence.
13:49 Ce qui fait que, d'ailleurs, aujourd'hui,
13:51 vous vous retrouvez parfois avec des gens,
13:53 ce qu'on appelle dallaux,
13:55 des gens qui sont dans une situation extrêmement précaire,
13:57 qui normalement devraient être fléchés vers de l'habitat d'urgence
14:01 ou vers ce qu'on appelle des PLAI.
14:03 C'est une typologie de logement social
14:05 pour les gens qui sont en grande précarité.
14:08 Et aujourd'hui, le système fait que les préfectures à action logement,
14:12 plutôt que de se soucier, d'ailleurs, de leur capacité,
14:14 ce que je disais tout à l'heure, à même payer les charges,
14:16 ils flèchent les dallaux sur des logements
14:19 qui n'auront pas après les moyens de payer.
14:22 Et notamment les PLUS et même parfois des PLS.
14:25 Moi, j'ai eu des cas comme ça.
14:26 Donc, loger pour reloger, c'est du togmatisme et c'est idiot.
14:30 Après, sur le fait que les maires aient la main.
14:32 Pourquoi on veut que les maires aient la main ?
14:34 Alors, parfois, c'est aussi dans l'autre sens que c'est pas très bon.
14:36 Valérie Pécresse, on a pris une disposition
14:38 pour arrêter de ghettoïser
14:40 des endroits où on avait plus de 30% de logement social.
14:43 Parce que la difficulté, quand vous faites des quartiers ghettos,
14:46 c'est que les gens ne s'en sortent pas socialement.
14:48 Donc, moi, je suis contre le fait de ne pas faire de logement social.
14:52 Je suis contre le fait aussi de ne pas accéder à la propriété.
14:55 Je suis contre le fait de ne pas faire du logement très social.
14:57 Mais je suis contre aussi les quartiers ghettos
14:59 parce que ça a été fait de manière clientéliste
15:01 pour remplacer aussi l'ancienne classe ouvrière.
15:03 Ça a été fait notamment dans certaines banlieues communistes ou de gauche.
15:06 Je prends l'exemple de Trappes.
15:08 On a aussi, après, un tel phénomène de ghettoïsation
15:10 qu'on a même eu une montée également d'un communautarisme
15:13 parfois anti-républicain.
15:15 On a dans ces quartiers-là un taux de chômage des femmes extrêmement important.
15:18 Donc, uniquement se dire "je loge, je mets dans les immeubles,
15:22 je tourne le dos, j'ai fait mon action, je suis tranquille",
15:24 c'est pas sérieux.
15:26 Et d'ailleurs, les maires, après, gèrent socialement ces bombes sociales.
15:30 Donc, il ne suffit pas de caser les gens dans des logements,
15:33 il faut avoir une politique d'accompagnement social et d'émancipation.
15:36 Donc, je vous dirais que les maires aient la main, pourquoi pas,
15:40 mais est-ce qu'ils l'auront jusqu'au bout ?
15:42 Est-ce que quand il y aura du turnover dans ces logements, ils l'auront ?
15:45 Est-ce qu'on permet réellement la mixité sociale ?
15:47 Est-ce qu'il ne faut pas assumer et dire "on fait une politique de quotas
15:51 pour qu'il y ait un vrai équilibre social, culturel dans les logements" ?
15:56 Souvent, d'ailleurs, on le fait un peu en off,
15:59 mais on ne peut pas le dire parce que ce n'est pas dans la loi.
16:01 Il faut vraiment que les mixités...
16:02 Il faut que les mixités, ce ne soit pas un gros mot.
16:05 Il faut que les gens aient l'impression d'appartenir à une même communauté nationale
16:08 et pour ça, ça passe par une véritable mixité.
16:10 Aujourd'hui, nous n'avons pas tous les outils pour cela.
16:12 - Jean-Baptiste, c'est votre question des quotas, de mixité sociale.
16:16 - Ecoutez, ça pour nous, c'est une histoire qu'on nous rabat depuis 25 ans.
16:24 Nous, ce qui importe pour nous, c'est que les gens soient logés.
16:26 C'est quand même la première chose.
16:28 Après, les maires ont leurs problèmes de gestion, etc.
16:31 - C'est ça, on va en parler sur le mal.
16:33 - Mais nous, ce qu'on observe, c'est qu'on a aujourd'hui 330 000 sans-abri.
16:37 On a 2,6 millions de demandeurs de logements sociaux.
16:41 80% d'entre eux, d'ailleurs, sont éligibles à un logement très social.
16:46 Donc, il faut répondre à la demande.
16:49 Et dans le secteur privé, le secteur privé, c'est la jungle.
16:53 C'est la jungle.
16:54 Il y a des lois qui encadrent les loyers, par exemple,
16:58 qui existent dans les 62 villes,
17:00 qui sont violées impunément, impunément.
17:03 Le gel à la relocation qui existe,
17:06 à la relocation dans le secteur privé,
17:08 qui existe depuis 2012,
17:11 n'a pas empêché la hausse des loyers dans les zones tendues,
17:14 parce qu'il n'est pas respecté par les bailleurs ni les milieux immobiliers.
17:17 Les congés frauduleux avec les JO,
17:19 qu'on voit se développer aujourd'hui,
17:21 parce que les bailleurs vont se dire "on va faire du Airbnb, etc.
17:24 on va faire de la location et gagner un maximum de fric".
17:27 S'il y a un côté, c'est-à-dire que le logement
17:30 c'est devenu l'el dorado dans l'esprit d'un certain nombre de personnes.
17:33 Évidemment, une minorité,
17:35 parce que déjà, pour posséder plusieurs logements,
17:37 il faut avoir un peu de moyens derrière.
17:40 Résultat des cours, c'est 30%.
17:42 La limitation qui est donnée à 30% de logements sociaux dans les villes,
17:47 moi je trouve ça un peu injuste,
17:49 parce que 30%, ça ne permet pas de loger.
17:52 Ça ne permet pas de loger.
17:54 - Les 800 000 demandeurs de logements sociaux en Église de France...
17:57 - Je vous le dis très sincèrement, les yeux dans les yeux,
17:59 je n'irais pas vivre à Trappes et je n'aimerais pas que ma fille y vive.
18:02 - Oui bon, voilà. - Non mais vous, vous vivez où ?
18:04 - Il y a des exemples de Trappes, mais si vous voulez...
18:06 - Excusez-moi, moi je vous dis où je suis, je vais...
18:08 - Il y a un tas de quartiers de logements sociaux qui se passent très bien.
18:10 - Oui, tout à fait, mais pas quand on est à 50 ou 60%.
18:13 - On est sur des logiques de stigmatisation.
18:16 - Non, pas de stigmatisation, parce que les gens eux-mêmes...
18:19 Non, parce que les gens eux-mêmes aspirent à la mixité.
18:21 Il n'y a pas longtemps, j'étais dans un collège-école primaire d'Argenteuil
18:25 qui s'appelait Espère et Banlieue, où justement les mamans des quartiers
18:28 nous disaient qu'elles y allaient parce qu'elles voulaient sortir
18:30 de la ghettoïsation de certains quartiers pour retrouver de la mixité sociale.
18:33 - Pourquoi on ne fait pas de la mixité dans 16e et Anneuilly ?
18:35 - Pourquoi vous me regardez, je ne suis pas dans 16e M.
18:37 - Et chez Madame Pécresse ? - Vous êtes hyper caricaturale.
18:40 - Pourquoi on ne fait pas de la mixité dans 78 ?
18:42 - On ne sait toujours pas. - Pourquoi on ne fait pas de la mixité dans 78 ?
18:45 - Parce que ça, il fait bien.
18:47 - S'il vous plaît, s'il vous plaît, s'il vous plaît.
18:49 Oui, donc débat très vif, vous l'aurez compris.
18:53 On y reviendra, on aura l'occasion, puisque le projet de loi sera présenté
18:56 en Conseil des ministres le 7 mai prochain.
18:59 En tout cas, merci à vous Florence Portelli, maire de Taverny,
19:02 dans le Val-d'Oise, vice-présidente de l'Association des maires de France.
19:05 Merci à vous Jean-Baptiste Hérault, porte-parole du DAL,
19:08 l'Association du droit au logement.
19:11 Discussion, échanges musclés, mais avec des arguments bien entendus.
19:14 9h57 sur Sud Radio, très rapidement.
19:16 Je remercie toute l'équipe de Parlons Vrai sur Sud Radio
19:19 qui a œuvré tout au long de cette semaine.
19:22 Manu, au standard, Maxime et Djamel à la réalisation.
19:26 Également Laura du côté du web à la programmation.
19:30 Et bien Juliette et Joseph, et puis je n'oublie pas également Maxime Trouleau.
19:35 Très bonne journée sur Sud Radio, dans un instant.
19:37 Sud Radio, Média avec Valérie Expert et Gilles Gonzeman
19:40 qui reçoivent Bernard de la Villardière.
19:44 Sud Radio, Parlons Vrai, 9h10, Benjamin Gled.
19:48 Avec Vérissure, le numéro 1 des alarmes en France.
19:51 Rendez-vous sur verissure.fr pour votre demande de devis gratuits.
19:54 gratuit.