Avec Thierry Sénéclauze, agriculteur engagé dans la Drôme ; Anne-Laure Bonnel, grand reporter ; Pascal Bruckner, philosophe, auteur de "Je souffre donc je suis. Portrait de la victime en héros" publié aux éditions Grasset.
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00:00:00 [Musique]
00:00:13 - C'est news ?
00:00:14 - Concrètement, comment au lendemain de l'invasion, ils ont fait monter des figures comme Anne-Laure Bonnel,
00:00:20 que personne ne connaissait et qui travaille pour les intérêts russes ?
00:00:23 [Musique]
00:00:31 - Nous sommes en guerre.
00:00:33 - Nous sommes en guerre, eh oui, nous sommes en guerre, mais il y a les euros, il y a les zéros aussi, malheureusement.
00:00:40 Enfin, tout ça se dispute dans ce petit monde, on ne sait plus où chercher ces petits,
00:00:46 on ne sait plus comment les mots ont changé de sens et les sens de mots.
00:00:49 Alors, nous allons avoir quelqu'un que nous avons toujours reçu avec plaisir, Thierry Sénéclose,
00:00:54 qui est céréalier dans la Drôme et que nous avons reçu au Salon de l'Agriculture et avant également.
00:01:00 Et puis, il lui dit "content, alors les agriculteurs heureux",
00:01:05 ce n'est pas tout à fait ça et il va nous expliquer pourquoi, à son avis, on est encore loin du compte.
00:01:12 Parce que c'est parce qu'il y a la guerre en Ukraine et en Russie que les agriculteurs ne sont plus là,
00:01:17 simplement ils sont dans leurs travaux printaniers.
00:01:19 Mais alors, demain, après-demain, on va parler avec lui et puis nous allons recevoir un grand reporter, Anne-Laure Bonnel.
00:01:27 Anne-Laure Bonnel, nous l'avons déjà reçue, il y a des années, quand elle a fait ses documentaires sur le Donbass,
00:01:33 elle a commencé en 2015 à parler du Donbass, des événements du Donbass, Ukraine de l'Est,
00:01:39 et puis elle a réédité cela quelques années plus tard et puis elle a fait des reportages sur le Haut-Karabakh.
00:01:44 Anne-Laure Bonnel fait partie de ces journalistes, femmes et hommes de terrain.
00:01:49 Ils vont sur le terrain, ils vont voir ce qui se passe, ils participent, ils prennent tous les risques
00:01:53 et c'est intéressant effectivement de la faire parler, surtout quand on la traite d'agent de l'étranger et autres.
00:02:00 Et puis nous allons parler également, évidemment, des perles magnifiques, Marine Tondelier,
00:02:04 auprès de mon arbre, mais en Guyane.
00:02:07 Nous allons parler également, si vous voulez, de ce qui se passe du point de vue des UV et des Bravo,
00:02:15 avec la fin de l'anonymat, oui, on ne veut plus d'anonymat sur Internet, c'est intéressant,
00:02:20 c'est toujours le côté effet et le diable se cache dans les détails.
00:02:23 Et enfin, en seconde partie d'émission, on va recevoir l'écrivain, l'essayiste, le philosophe Pascal Bruckner,
00:02:29 sur la concurrence victimaire, et oui, il en a parlé avant tout le monde, il y a déjà presque 40 ans,
00:02:35 avec les sanglots de l'homme blanc, et là il réédite, il a écrit "je souffre donc je suis".
00:02:41 Alors c'est quoi la concurrence victimaire ? C'est quoi quand les victimes deviennent bourreaux et les bourreaux victimes ?
00:02:46 On en parle tout de suite, après tout ce qu'on vous a écrit, tout ce qu'on vous a dit,
00:02:52 alors attention, attachez vos ceintures, c'est parti !
00:02:55 Sud Radio, votre avis fait la différence.
00:02:58 J'adore vos débats, on entend des choses qui changent un peu de la doxa généraliste qu'on entend trop partout.
00:03:04 Sud Radio, parlons vrai.
00:03:06 Mercedes.
00:03:07 Ici Sud Radio, les français parlent au français.
00:03:15 Je n'aime pas la blanquette de veau.
00:03:18 Je n'aime pas la blanquette de veau.
00:03:21 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:03:24 Et je ne suis pas le seul, vous allez voir avec Thierry Sénéclose et Anne Lorbonnel,
00:03:28 aujourd'hui n'être pas dans tous ses états, est-ce que ce n'est pas un signe ?
00:03:33 Allez, j'allais presque dire d'anormalité avec un D''.
00:03:36 Non, n'exagérons rien, mais quand même, il faut se poser des questions.
00:03:39 Est-ce adapté à quelle société ?
00:03:41 Alors, est-ce que l'arbre, le gigantesque arbre de ce qui se passe, effectivement, entre la Russie et l'Ukraine,
00:03:47 ne cache pas aussi la non moins gigantesque forêt des agriculteurs ?
00:03:52 Des agriculteurs non seulement en France, mais en Europe.
00:03:54 On voit bien que ça bouge, au Parlement européen et ailleurs.
00:03:57 On va en parler tout de suite et vous allez voir beaucoup de choses à dire.
00:04:03 Sud Radio Bercov, dans tous ses états, le fait du jour.
00:04:07 On en a marre des crustacés, mais en attendant, on voit bien que beaucoup de gens en ont marre.
00:04:12 Notamment les agriculteurs.
00:04:15 Thierry Sénéclose nous a envoyé effectivement un message, il n'y a pas si longtemps.
00:04:20 On va parler sur un certain sondage, mais au-delà de ça, bonjour Thierry Sénéclose.
00:04:24 Bonjour.
00:04:26 On s'était vu, on s'était entendu au Salon de l'agriculture, il n'y a pas si longtemps que ça.
00:04:30 Et vous nous avez envoyé les chiffres d'un sondage sur trois groupes d'agriculteurs.
00:04:35 Vous allez nous expliquer ce que c'est que ce sondage, sérieux ou pas.
00:04:39 Mais en attendant, la question que je voulais vous poser,
00:04:41 mais écoutez, depuis le mouvement des agriculteurs, il y a un mois, deux mois,
00:04:46 qui nous a occupés et/ou combien, et qui vous occupe,
00:04:49 mais enfin, il y a eu quand même des mesures du gouvernement,
00:04:52 les contrôles massifs des industriels distributaires, je les cite rapidement.
00:04:55 150 millions d'euros pour les éleveurs, des mesures pour une souveraineté alimentaire,
00:05:01 le plan éco-phyto mis en pause, en pause je dis bien,
00:05:05 gazole non routier, les agriculteurs peuvent demander dès jeudi le remboursement partiel de la taxe,
00:05:09 définition claire de la viande de synthèse,
00:05:12 empêcher l'importation de fruits et légumes traités avec le thiac lopride,
00:05:16 une dérogation règle sur les prairies,
00:05:17 des mesures demandées au niveau européen,
00:05:19 et effectivement, la fameuse taxe à l'importation
00:05:25 des produits ukrainiens, effectivement, celle-là n'a pas été obtenue.
00:05:28 Mais vous, vous nous dites, alors Thierry de Leclos,
00:05:31 attendez, le comte n'y est pas, mais il n'y est pas du tout.
00:05:34 Oui, tout à fait, tout à fait, bonjour à tous.
00:05:37 Excusez-moi d'abord d'avoir le téléphone à l'oreille,
00:05:39 j'ai un petit problème technique.
00:05:40 Non mais je vous en prie, pas de problème.
00:05:42 Voilà, j'espère qu'il n'y a pas trop d'échos.
00:05:44 Non, non, on vous entend bien, on vous entend bien.
00:05:46 Voilà, donc tout à fait, bah écoutez, ce sondage c'est très simple,
00:05:50 je partage avec trois groupes d'agriculteurs répartis sur le territoire national,
00:05:54 depuis le début des manifestations, les actions qui sont faites.
00:05:59 Donc j'ai des groupes d'agriculteurs qui font une centaine d'agriculteurs,
00:06:02 sur lesquels j'ai décidé de faire un sondage pour voir si le gouvernement
00:06:08 avait répondu à leurs attentes et s'ils avaient été entendus.
00:06:13 Donc étaient-ils satisfaits, insatisfaits ?
00:06:16 Est-ce que les décisions allaient dans le bon sens ?
00:06:18 Ou est-ce que cela est une illusion totale ?
00:06:22 Les principales réponses pour 70% des agriculteurs qui ont répondu,
00:06:25 environ sur 100, ont été "nous sommes insatisfaits", environ 75%.
00:06:33 Et une illusion totale pour les 45 autres pourcents.
00:06:37 Voilà un petit peu ce qui a été répondu par les agriculteurs de manière générale.
00:06:40 Thierry Sénéclos, est-ce que ce n'est pas un peu léger, un chiffre de 100 personnes ?
00:06:46 Est-ce que c'était d'abord réparti dans toutes les disciplines agricoles,
00:06:49 et un peu partout sur le territoire ? Parce que 100 personnes, vous dites vous-même,
00:06:53 est-ce que c'est significatif, franchement ?
00:06:56 100 personnes, c'est trois groupes de 100, donc ça fait déjà 300 agriculteurs,
00:07:00 y compris des céréaliers, j'aime pas trop ce terme, parce qu'en céréalier,
00:07:03 on met un petit peu tout dedans. Même moi je fais des céréales,
00:07:05 mais je ne suis pas un céréalier à part entière, puisqu'on est en exploitation,
00:07:10 je dirais, sur des territoires collinaires, de manière géographique très éclatés.
00:07:15 Donc on a quand même plusieurs islots, c'est compliqué à gérer,
00:07:19 et là on est juste en train de remettre les terres en état suite aux dégâts de septembre,
00:07:23 donc on n'est pas encore prêt à se mettre du maïs.
00:07:26 Mais bon, voilà, donc il y a un petit peu tout le type d'exploitation,
00:07:29 tous les profils d'exploitation, y compris dans la Drôme, dans l'Eure,
00:07:32 et dans le Sud-Ouest, du côté de Bordeaux.
00:07:34 Donc si vous voulez, on complique à peu près toute la configuration des exploitations agricoles.
00:07:39 D'accord. Alors, vous dites effectivement "insatisfaction" et "aucune illusion"
00:07:44 sur ce qui est fait, mais en énumérant ce qui aurait été fait,
00:07:48 enfin ce qui a été présenté, avec les 99% des aides de base de la PAC déjà versées, etc.
00:07:54 À votre avis, le problème en fait qui se pose, on va y arriver,
00:07:59 il se pose depuis des mois, voire des années,
00:08:02 au fond, est-ce que c'est une action européenne qui peut renverser la vapeur,
00:08:06 ou c'est une action française ?
00:08:08 Et quand vous voyez l'inventaire que je vous ai lu, qu'on a lu il y a deux minutes,
00:08:13 est-ce qu'il n'y a pas eu quand même des avancées ?
00:08:16 Bon, il y a certainement quelques avancées, mais si vous voulez, c'est comme, je sais pas,
00:08:20 mettre un grain de sel dans une soupe de 25 litres, quoi.
00:08:25 Vous voulez assécher l'océan avec une cuillère à café, c'est ça ?
00:08:28 Ouais, je dirais même avec une fourchette, de manière plus symbolique.
00:08:32 Non, parce que si vous voulez, je crois qu'on a dit,
00:08:35 je crois qu'il n'y a plus de normes européennes ou franco-françaises
00:08:39 qui ne sont pas encore appliquées ou qui vont être applicables.
00:08:42 Et on vient de le voir, à ma grande surprise, parce qu'on ne les a pas portés attention,
00:08:46 les accords du CETA viennent d'être portés au vote au Parlement national,
00:08:51 alors même qu'ils sont appliqués depuis 2017, les accords CETA, par l'Europe.
00:08:56 Donc si vous voulez, on voit bien qu'il y a une contradiction entre une supposée démocratie participative
00:09:02 à laquelle vous êtes censé adhérer par le vote,
00:09:04 et puis la décision des commissions européennes qui ne fait que des décrets
00:09:07 ou des applications de choses qui n'ont pas encore été votées.
00:09:10 C'est toujours les dindons de la farce.
00:09:12 Et au regard de toutes ces normes, oui, il semblerait qu'il y ait des normes qui aient été supprimées.
00:09:15 Vous savez, j'étais en relation au téléphone avec une dame qui vient de prendre la retraite à la DDT de Valence,
00:09:20 qui est une dame formidable.
00:09:22 Au début, la discussion était assez tendue, parce que si vous voulez, vous le savez, je suis assez direct.
00:09:26 Mais finalement, cette personne a appris à m'apprécier, je l'ai apprécié beaucoup,
00:09:30 et je lui souhaite d'ailleurs un bon départ retraite.
00:09:32 Elle m'a dit "Bon, bon, monsieur Sénéctros, je pars à la retraite, mais la boule aux autres."
00:09:35 Et je vous souhaite bien du courage pour faire face à toutes les bêtises que l'on nous pond pour les années à venir.
00:09:41 Parce qu'il y en arrive des tonnes, alors que, comme vous le dites, on a une cuillère pour assécher l'océan ou quoi.
00:09:47 - Oui, mais alors justement, parlons-en en détail.
00:09:51 La dame de la DDT vous a dit ce qu'elle vous a dit.
00:09:55 Et d'ailleurs, juste pour le CETA, vous savez qu'hier, nous avons justement dans l'émission,
00:10:00 nous avons relé Valérie Ayer, qui est la tête de liste Renaissance aux élections européennes.
00:10:04 Alors, vous savez que le CETA a été refusé par le Sénat, tel qu'elle a une très grosse majorité,
00:10:09 et doit être voté à l'Assemblée nationale.
00:10:12 Et elle a répondu, c'est une chose formidable par rapport à la démocratie.
00:10:15 Et le journaliste lui disait "Mais écoutez, si l'Assemblée nationale refuse l'accord sur le CETA,
00:10:21 donc il est mort et enterré."
00:10:23 Et elle a répondu, Valérie Ayer, donc tête de liste aux élections européennes,
00:10:26 elle a dit "Ah non, non, non, pas du tout, c'est le gouvernement qui décide."
00:10:29 Ah, c'est intéressant, on voit très très bien ce que pèse, à ce moment-là, en tout cas à ses yeux, à elle,
00:10:33 l'Assemblée nationale et le Sénat, c'est-à-dire le législatif.
00:10:37 Ça va un peu dans l'autre sens.
00:10:39 - Le législatif est totalement baufoué au profit du dictatif du gouvernement.
00:10:46 Mais le problème, c'est que de toute façon,
00:10:49 tant bien même que l'Assemblée nationale voterait contre le CETA,
00:10:52 je veux dire, si on est à l'Assemblée nationale,
00:10:54 a priori, de ce que je comprends, c'est que de toute façon,
00:10:56 il est applicable de fait par la décision européenne.
00:10:58 Donc le problème est tout là, quoi, et on le voit beaucoup.
00:11:03 Moi, vous savez, je suis en discussion tous les jours avec des gens à l'extérieur du National,
00:11:07 sur des affaires commerciales ou autre chose,
00:11:09 et on voit bien que de toute façon, on est en train, au niveau commercial,
00:11:14 au niveau concurrence et loyal, de partir dans une telle jungle
00:11:18 que de toute façon, tous les votes nationaux et tout,
00:11:22 sont vraiment minimisés, et j'irai sans aucune influence,
00:11:26 cette espèce de rouleau compression mondialisé
00:11:28 qui est voulu par l'équipe dirigeante, macroniste,
00:11:31 et entre autres par Madame Mayer.
00:11:33 On l'a vu d'ailleurs l'autre fois, le lendemain des grèves assez fortes
00:11:36 et du salon d'agriculture, de la fermeture du salon d'agriculture,
00:11:38 où c'est qu'on nous a dit, on va devoir finalement accepter
00:11:43 les importations massives de poulets ukrainiens et d'agriculture ukrainienne,
00:11:46 pour soi-disant sauver l'Ukraine, et on a fait la démonstration,
00:11:49 ce n'était pas pour sauver l'agriculture ukrainienne,
00:11:51 mais pour justement sauver les yachts et les riches demeures
00:11:55 de quelques oligarques qui ont été mis en place.
00:11:58 - Oui, et surtout on sait très bien qui possède aujourd'hui
00:12:00 les deux tiers de la terre ukrainienne et des millions d'hectares, effectivement.
00:12:04 - Rappelez-vous mes banderoles qui ont fait le tour de France et de Navarre,
00:12:09 que j'avais exposé devant le salon d'agriculture,
00:12:12 à propos de Van der Leyen, de Macron, etc.
00:12:15 On voit très bien que le système est faible,
00:12:17 pour que de toute façon quelques-uns profitent du système,
00:12:20 mais on voit bien que majoritairement, moi je connais très bien l'Ukraine,
00:12:23 très très bien l'Ukraine, y compris le Donbass.
00:12:25 Je peux vous dire une chose, que les villages dans l'Ukraine retirés
00:12:29 sont des maisons qui datent du Moyen-Âge, avec des gens très pauvres,
00:12:32 et que de toute façon, rien ne sert à l'Ukraine dans ce combat qui nous est mené,
00:12:37 que l'on veut conduire, et dans cette concurrence déloyale qu'on nous impose,
00:12:41 à part l'effondrement de l'agriculture française et de l'Europe de l'Ouest.
00:12:45 - Et vous croyez alors justement, Thierry Zéné-Clause,
00:12:48 comment éviter, est-ce qu'on peut encore éviter, parlons de brutes de décoffrage,
00:12:52 est-ce qu'on peut encore éviter l'effondrement de l'agriculture française ?
00:12:56 Est-ce que c'est quelque chose qui est déjà inéluctable, qui va se faire,
00:13:00 bon, ça va peut-être prendre 10 ans, 20 ans, mais qu'au bout du compte,
00:13:04 c'est programmé, c'est fait, et voilà, on va essayer de faire des...
00:13:08 Ou au contraire, il peut y avoir vraiment un vrai correctif et un vrai changement de cap ?
00:13:13 - Oui, il peut y avoir un vrai correctif, à condition que les élections européennes
00:13:18 n'apportent ce changement de cap. Il semblerait qu'il y ait aujourd'hui,
00:13:23 on va quand même traiter de rassemblement national, alors que je ne suis pas du tout
00:13:27 pour rassemblement national, même si j'y ai été adhérent.
00:13:31 S'il y a des gens et des équipes qui ont tendance à vouloir changer l'Europe
00:13:36 dans le sens que l'on souhaiterait, il faut qu'elles le fassent.
00:13:39 S'elles ne le font pas, je crois que ce sera la fin d'un système
00:13:43 où c'est que les gens y auront cru, et il faudra qu'ils dégagent à leur tour aussi.
00:13:47 Il n'y a pas de... - De fatalité ?
00:13:52 - De prioritaire. Les gens qui font des campagnes électorales,
00:13:56 promettent des choses, et a priori seraient censés essayer de le faire.
00:14:02 S'ils ne le font pas, il faudra les dégager, qu'ils s'appellent Dupont ou Durand,
00:14:07 c'est-à-dire pas ces grandes solutions, Hérène ou France Insoumise ou d'autres.
00:14:11 Mais aujourd'hui, on voit bien que malheureusement, une minorité macroniste
00:14:15 avec Mme Ayé en tête de liste, qui est agricultrice à peu près comme moi,
00:14:20 je suis coiffeur, même si j'ai la barbe qui est pour trop visonne ce matin,
00:14:24 je veux dire, nous emmène de toute façon au précipice, c'est très clair.
00:14:28 Si on ne change pas de cap, on va au précipice.
00:14:30 On ne pourra pas demain, avec des conditions énergétiques de plus en plus coûteuses,
00:14:34 avec des enjeux géopolitiques de plus en plus dangereux,
00:14:37 aller chercher notre nourriture à l'extérieur, parce que quand on aura perdu tout ça,
00:14:41 on va payer un prix de fou, les gens ne pourront plus se nourrir,
00:14:43 comme on en a eu la démonstration pour l'électricité d'ailleurs, je crois.
00:14:46 - Oui, et donc oui, effectivement, si la situation politico-géopolitique et militaire se tend,
00:14:53 on va faire comment ? Comment on va se nourrir ? Vous avez raison,
00:14:56 les questions en tout cas peuvent être posées sans être apocalyptiques
00:14:59 et sans être cassandres et porteurs de mauvaise nouvelle.
00:15:04 - Tout à fait.
00:15:05 - Oui, mais au fond, alors qu'est-ce qui se passe aujourd'hui ?
00:15:07 Parce que, évidemment, nous de l'extérieur, on voit ça, il y a eu la vague des revendications,
00:15:12 aujourd'hui, effectivement, les agriculteurs sont occupés parce que c'est le printemps,
00:15:16 et puis il y a le travail printanier à faire, les travaux printaniers,
00:15:20 mais alors qu'est-ce que c'est, à votre avis, le mouvement va recommencer,
00:15:24 est prêt à recommencer, et je ne parle pas seulement en France, mais en Europe,
00:15:27 on le voit bien, à Bruxelles et ailleurs.
00:15:29 - On le voit partout, tout à fait, tout à fait.
00:15:31 J'étais en communication hier avec un Français en Roumanie,
00:15:34 qui exploite là-bas sur place, et il m'a dit "Thierry, de toute façon, rassure-toi,
00:15:38 80% des agriculteurs ici, chez nous, sont à faillite,
00:15:41 aujourd'hui, on croit bien que malheureusement, les produits agricoles
00:15:44 sont la variation d'un justement d'une société qui dérapie de l'argent et qui dérive,
00:15:48 et aujourd'hui, depuis 30 ans, je confirme et encore plus sous Macron,
00:15:52 on fait tout et n'importe quoi, on accepte de l'Ukraine des blés à prix cassés
00:15:57 qui appartiennent à des sociétés multinationales,
00:15:59 telles que BlackRock, Vanguard, Xantho, qui sont aujourd'hui de capitaux américains,
00:16:05 souvent de capitaux qu'ils ont succés sur les parmes retraites des Français,
00:16:09 je crois qu'on est en train d'essayer, je sais pas comment,
00:16:12 de céder nos fonds de retraite à Blackstone, encore à des fonds américains,
00:16:18 on voit bien que M. Macron a acheté 112 milliards de dettes américaines...
00:16:21 - Non mais ça, ça veut dire que sur le plan agricole, ça veut dire que c'est fini, quoi ?
00:16:24 Parce que, en fait, je ne vois pas quelle est la capacité de résistance, Thierry Sécloze ?
00:16:29 - La capacité de résistance, c'est, de toute façon, au bout d'un moment,
00:16:32 c'est des actions pacifiques, comme l'ont démontré les agriculteurs,
00:16:35 et je salue tous mes agriculteurs qui, aujourd'hui, sont obligés d'aller dans les champs
00:16:38 parce qu'ils travaillent, et même nous, on y était, mais la pluie nous sort,
00:16:40 on a un printemps qui est très compliqué, et la situation financière, quand je vous dis,
00:16:44 déjà, pour remettre des parcelles en état, est très compliquée,
00:16:47 parce qu'on a eu énormément de dégâts, et pour le moment, on travaille avec des pelles et des bulldozers,
00:16:50 plutôt que de travailler avec des tracteurs et des charrues, c'est pas très bon,
00:16:53 mais, je veux dire, on y croit, les agriculteurs mettent toujours le travail devant leur obligation,
00:16:58 et c'est ce qui, malheureusement, les a conduits à un tel déclin et à un tel rattrapage,
00:17:01 qui, aujourd'hui, nécessite beaucoup, beaucoup de temps et beaucoup d'argent,
00:17:05 vous parliez de 140 millions tout à l'heure, et plus des 400 millions, des bricoles,
00:17:09 vous parliez de la récupération d'un taxe GNR, mais c'est quand même du prognon qu'on avance,
00:17:12 donc il est normal qu'on le récupère un peu plus vite, alors là, il y a un semblant, sur 2024,
00:17:17 qu'on peut récupérer 50% de ce qui était dépensé en 2023,
00:17:20 mais le problème, ça laisse encore du GNR à 1 euro le litre, alors que, je vous l'ai dit à plusieurs reprises,
00:17:24 comparé au prix agricole payé en 86, voire maintenant, on est même plutôt en 75,
00:17:28 donc les prix agricoles ont encore baissé, on avait du gasoil à 15 centimes d'euros le litre,
00:17:32 donc 15 centimes et 1 euro, rien que sur ces deux exemples, ça fait 7 fois,
00:17:36 si le prix des céréales et des produits agricoles avait fait 7 fois, les agriculteurs n'auraient pas de problème,
00:17:40 et les gens resteraient dans les campagnes, malheureusement, on ruine les campagnes,
00:17:44 pour aujourd'hui, continuer la dépense publique à gogo, du temps de gens qui ne veulent pas travailler,
00:17:48 ou inutiles à la société, cette fameuse société, voulue en 92 par Mitterrand,
00:17:52 cette société du tertiaire, est une société qui tente à défendre notre économie.
00:17:56 - C'est tout le problème, merci Thierry Sénéclos, de toute façon, on va vous suivre,
00:18:01 et on va suivre ce qui se passe, effectivement, on se dit comment corriger le tir,
00:18:06 on parlait hier de la dette, de la dette abyssale de la France en ce moment,
00:18:10 de dette publique et de dette générale, c'est assez préoccupant, merci.
00:18:16 - Permettez-moi de terminer, s'il vous plaît, j'ai rencontré M. Attal au salon d'agriculture,
00:18:22 à qui j'ai serré la main, et avec beaucoup de respect, même de la fermeté, mais du respect,
00:18:27 qui m'a promis de me rencontrer, qui a demandé à son cabinet de prendre mes condonnées,
00:18:33 bon bah écoutez, j'attends toujours le rendez-vous, aujourd'hui je crois que ces gens-là,
00:18:36 soit ils sont mal conseillés, soit ce sont des incompétents, s'ils sont mal conseillés,
00:18:39 il faut changer de conseiller, s'ils sont incompétents, il faudra les virer,
00:18:43 je suis pas sûr qu'il fallait attendre 2027, parce que j'ai l'impression qu'on sera quand même
00:18:46 sur un espèce de rouleau compresseur, - De toboggan, de toboggan, d'accord.
00:18:52 - Et qui va s'accélérer très vite, vous voyez bien, les milliards, la dette, le déficit, c'est une catastrophe.
00:18:59 - Merci Thierry Sénéclose, écoutez, transmets à Gabriel Attal qui nous écoute, vous nous tiendrez au courant.
00:19:04 - Merci d'avoir été avec nous, et puis si vous êtes vous-même agriculteur, vous pouvez nous appeler 0 826 300 300 pour réagir.
00:19:10 A tout de suite sur Sud Radio, on revient dans un instant.
00:19:13 - Sud Radio Bercov, dans tous ses états, appelez maintenant pour réagir 0 826 300 300.
00:19:20 - Ici Sud Radio, les Français parlent au français, les carottes sont cuites, les carottes sont cuites.
00:19:33 - Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
00:19:36 - Et à présent, eh bien, un droit de réponse, mais un droit de réponse pas comme les autres. Écoutez.
00:19:44 - Sud Radio Andri Bercov.
00:19:46 - Ça va, la semaine.
00:19:48 Bercov, dans tous ses états, ça balance pas mal sur Sud Radio.
00:19:52 - Pour ceux qui s'en rappellent, pour ceux qui s'en rappellent, pour eux qui ont dit "replay",
00:20:04 c'est le générique de droit de réponse, la fameuse émission de Michel Polak dans les années 80.
00:20:09 Pourquoi droit de réponse ? Eh bien parce que, ici même, sur Sud Radio, dans l'émission de Jean-Jacques Bourdin, la semaine dernière,
00:20:16 la tête de liste du PS Place Publique aux Européennes 2024, Raphaël Glucksmann,
00:20:23 a s'est exprimé et a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin, et notamment, il a parlé de ceci. Écoutez.
00:20:31 - Justement, j'ai présidé la commission spéciale sur les ingérences étrangères pendant tout mon mandat au Parlement européen,
00:20:35 et j'ai analysé comment certains médias étaient des chambres d'écho des opérations de déstabilisation de nos démocraties,
00:20:41 et j'ai analysé en particulier le cas de CNews en France, j'ai analysé comment...
00:20:44 - Chambre d'écho ? Chambre d'écho de la déstabilisation de notre pays ? CNews ?
00:20:49 - Regardez, concrètement, comment, au lendemain de l'invasion, ils ont fait monter des figures,
00:20:54 comme Anne-Laure Bonnel, que personne ne connaissait, et qui travaille pour les intérêts russes,
00:20:58 et qui est venue à l'antenne expliquer à quel point, eh bien, c'était les Ukrainiens qui massacraient,
00:21:04 qui lançaient la guerre, et qui étaient responsables de l'invasion de leur propre pays.
00:21:07 Alors voilà, c'est intéressant, parce qu'il parle donc, Raphaël Glucksmann,
00:21:12 chambre, effectivement, chambre d'écho des intérêts russes, en parlant de CNews, déstabilisation, etc.,
00:21:20 et il cite, et il cite Anne-Laure Bonnel, au lendemain de l'invasion russe, c'est-à-dire en 2022,
00:21:26 donc depuis février 2022, et il dit, Anne-Laure Bonnel, que personne ne connaissait,
00:21:33 et qui travaille pour les intérêts russes. D'abord, personne ne connaissait Anne-Laure Bonnel,
00:21:38 écoutez, je ne suis pas le seul, il faut s'inscrire quand même en faux,
00:21:42 Anne-Laure Bonnel est une journaliste, elle est journaliste depuis au moins une quinzaine d'années,
00:21:47 et elle a fait des documentaires, documentaires dont on fait beaucoup parler,
00:21:51 premier documentaire sur le Donbass en 2015, en 2015, sur le Donbass,
00:21:57 ensuite, 8 ans après, elle en a fait un autre également sur le Donbass,
00:22:00 et puis un documentaire sur le Haut-Karabakh, vous savez, ce qui s'est passé en Arménie,
00:22:05 "Silence dans le Haut-Karabakh" en 2023, et puis elle continue à aller sur le terrain,
00:22:10 je veux dire, on peut être pour ou contre Anne-Laure Bonnel,
00:22:13 on ne peut pas nier qu'elle fait partie des gens, elle n'est pas la seule heureusement,
00:22:16 mais ils sont rares, ou elles sont rares, à aller sur le terrain,
00:22:20 et raconter la guerre sur le terrain, avec un caméraman, etc.
00:22:24 Elle en a parlé ici, donc, Anne-Laure Bonnel, alors, est-ce que vous,
00:22:29 alors, je pose la question, vous travaillez pour les intérêts russes ?
00:22:33 - Alors, écoutez, d'abord, je vais préciser à M. Glucksmann que,
00:22:37 peut-être qu'il n'a jamais entendu parler de moi, parce que j'ai tout fait,
00:22:40 depuis une quinzaine d'années, pour être derrière la caméra, et passer inaperçu.
00:22:44 L'éclairage qui a été le mien en 2022 n'était pas du tout de mon fait,
00:22:48 ça m'est tombé dessus parce que j'étais arrivée dans cette zone le 20 février,
00:22:52 bien avant le début de la guerre, et que toutes les radios et toutes les télévisions se sont acharnées.
00:22:57 Or, j'ai commencé à faire des films bien avant 2022,
00:23:01 M. Glucksmann, visiblement, ne connaît ni mon passé,
00:23:05 et n'a pas fait correctement ses recherches, il suffit d'aller sur LinkedIn
00:23:09 pour voir que je travaille, et depuis 15 ans, je travaillais comme chargée de cours
00:23:15 à Paris 1 pour l'écriture de films documentaires, l'enquête journalistique,
00:23:19 j'ai travaillé pour des écoles de journalisme, j'ai travaillé pour l'INA,
00:23:22 j'ai travaillé pour les films d'ici, j'ai travaillé pour De Carolis,
00:23:25 je crois que j'ai un passé dans le dos visuel.
00:23:28 Mon cheval de bataille a toujours été de travailler en coulisses,
00:23:34 en toute discrétion et en toute humilité, c'est pour cela que M. Glucksmann,
00:23:37 avant 2022, n'a jamais entendu parler de moi.
00:23:40 Par ailleurs, M. Glucksmann, j'ai gagné le concours en 2014,
00:23:44 j'étais lauréate du meilleur programme télévision pour France 4,
00:23:48 "Lazarus lève le voile", et vous voyez, encore une fois,
00:23:51 je ne me suis pas mise en valeur, parce que je pense que quand on a des choses à dire,
00:23:55 on peut les dire en toute humilité, sans fanfaronner dans les médias
00:23:59 comme beaucoup le font. Voilà.
00:24:01 Première réponse. Je vous invite à revoir vos fiches,
00:24:05 il me semble que vous êtes nombreux dans votre place publique,
00:24:08 ce nouveau parti qui émerge, et vous devez certainement avoir des stagiaires
00:24:14 qui pourraient faire des recherches sur mon passé, ce n'est pas très difficile.
00:24:17 - Alors quand il dit que vous travaillez, parce qu'il a carrément dit ça,
00:24:20 alors ça c'est pour une personne qui ne connaît un de leurs bonnels, encore une fois...
00:24:23 - Alors permettez-moi de vous couper. Déjà, M. Glucksmann,
00:24:27 j'aimerais connaître les valeurs de gauche que vous défendez,
00:24:30 parce que c'est gravissime de faire ce que vous faites,
00:24:32 et de dire ce que vous dites, sans preuve.
00:24:35 D'ailleurs, vous avez refusé le débat, vous ne m'avez pas répondu,
00:24:38 vous affirmez sans apporter un quelconque éclairage sur ce que vous dites,
00:24:43 mais savez-vous ce que j'ai vécu pendant deux ans,
00:24:46 depuis que certains journaux ont eu les mêmes déclarations que vous ?
00:24:50 Menaces, édictions de tous les établissements scolaires où j'enseignais,
00:24:55 des difficultés financières que vous ne pouvez même pas soupçonner,
00:25:00 menaces envers ma fille. Je me suis retrouvée sur la liste Mirods-Voretz.
00:25:05 Je vous rappelle que sur cette liste, beaucoup de personnes se sont retrouvées
00:25:09 explosées dans des voitures piégées. Vous m'avez mis une cible sur le dos,
00:25:14 avec des gens qui sont certes peu nombreux, les ultra-nationalistes ukrainiens,
00:25:18 dont j'ai l'honnêteté de reconnaître certes qu'ils ne représentent pas
00:25:23 l'entièreté du peuple ukrainien, mais qu'ils sont sacrément violents,
00:25:27 et on ne rigole pas avec eux. Donc, à force d'écrire comme ça,
00:25:30 les journaux comme Libération ou autres vous mettent en danger de mort,
00:25:36 au-delà de l'éviction sociale, qui est déjà une mort en soi,
00:25:40 j'aurais pu me prendre une balle dans la tête. Est-ce que vous avez conscience de ça,
00:25:44 vous, journaux de gauche, qui n'octroyez même pas un droit de réponse ?
00:25:47 C'est ça le courage ? Où sont passées les valeurs du dialogue ?
00:25:51 - Alors justement, parlons de cela. La question, je repose ma question.
00:25:56 - Intererrus, pourquoi ça a été dit ? Pardonnez-moi de vous couper une dernière fois, André,
00:26:00 et je vous remercie surtout de m'octroyer ce temps de droit de réponse.
00:26:04 Il y a deux éléments que vous m'avez reproché dans les journaux.
00:26:07 Un, c'est la vidéo qui provient de Poroshenko, donc je vais revenir sur cette vidéo.
00:26:14 - Poroshenko, l'ancien président de l'Ukraine.
00:26:16 - Dans mon film 2015, de commencer là-dessus et d'avoir donc servi les intérêts russes.
00:26:20 C'est vrai que j'ai fait l'erreur de penser qu'en 2015, les gens étaient au courant
00:26:24 de ce qui se passait dans cette zone. Visiblement, très peu étaient au courant.
00:26:27 Je pense qu'avec votre passé, monsieur Glucksmann, vous êtes au courant.
00:26:32 Je laisse aux internautes découvrir...
00:26:35 - Votre passé ?
00:26:37 - Votre passé, vos relations à l'Est, qui sont très nombreuses et qui interrogent.
00:26:42 Mais je resterai élégante sur ce sujet, je n'aborderai pas,
00:26:47 pour éviter toute forme de diffamation et calomnie,
00:26:50 ce qui semblerait devenu votre spécialité, monsieur Glucksmann.
00:26:54 Par ailleurs, je vais me permettre de lire cette fameuse vidéo que vous avez critiquée,
00:26:58 on va revenir dessus, qui ouvre donc dans Base 2015.
00:27:03 Cette vidéo provient d'une visite du président Petro Poroschenko
00:27:07 dans la ville portuaire russophone d'Odessa, au sud de l'Ukraine,
00:27:11 le 23 octobre 2014, à moins d'une semaine des élections législatives.
00:27:16 Ce qui est condamnable et qui m'a interrogé en 2016, lorsque je l'ai mise dans mon film,
00:27:23 c'est qu'aucun média ne soulignera que ce discours est prononcé
00:27:26 dans la ville où le 2 mai 2014, 42 militants pro-russes sont brûlés vifs
00:27:32 par des manifestants pro-Maïdan ou pro-européens dans les maisons des syndicats.
00:27:36 En effet, une manifestation ultra-violente a très, très, très mal tourné.
00:27:41 Je vous invite à revoir le film de Paul Morera, produit par Canal+
00:27:45 entre autres, et Ligne de Front, il me semble que c'est pour regarder le nom de sa maison de production.
00:27:50 Cette ville, au moment où monsieur Poroschenko prononce ce discours,
00:27:54 qui est plus que clivant, est en deuil.
00:27:57 Ce qui... Odessa...
00:27:59 - Mais il dit quoi ? - Laissez-moi terminer, s'il vous plaît.
00:28:02 Odessa et son million d'habitants vivent encore dans le traumatisme du 2 mai 2014.
00:28:07 Le choc de la tragédie a dépassé les limites de la ville,
00:28:11 contribuant largement à tendre la situation dans l'Est de l'Ukraine,
00:28:15 où débutait déjà le conflit armé. Personne n'en parlait.
00:28:19 Les images des corps carbonisés diffusées à la télévision ont poussé des centaines de jeunes russes,
00:28:23 ce n'est pas moi qui le dis, ce sont vos confrères,
00:28:26 à venir combattre dans le Donbass, dans l'Est du pays.
00:28:29 Or, le chef d'Etat, le 23 octobre 2014, dans ce discours,
00:28:33 il suffit de regarder mon film et vous entendrez ce qu'il dit, qu'ils termineront dans des caves.
00:28:37 - Donc, ce discours prononcé... - Qui ne mérite pas d'être... Pardon.
00:28:40 C'est important de le dire, mais qui ne mérite pas d'être instruit, etc.
00:28:43 - Il parle des Donbass. - Vous regarderez, voilà.
00:28:46 Or, le chef de l'Etat, le 23 octobre 2014,
00:28:49 le jour de ce fameux discours que tout le monde me reproche,
00:28:53 ouvre mon documentaire.
00:28:55 Et il y présente sa stratégie politique 2020,
00:28:59 un programme de réforme économique et sociale.
00:29:03 La situation au Donbass constituait alors un axe de son intervention.
00:29:07 Mais est-ce que quelqu'un se pose la question que la guerre civile
00:29:10 avait déjà commencé en avril 2014,
00:29:13 avec le siège de Slaviansk, du 12 avril au 5 juillet 2014 ?
00:29:18 On compte déjà, à ce jour, de nombreux morts dans l'est du pays.
00:29:22 La guerre civile a éclaté en avril 2014,
00:29:25 et les mots prononcés par Poroshenko n'ont fait qu'attiser la haine et la rancœur.
00:29:30 Est-ce que c'était vraiment judicieux, alors que le pays implose, explose,
00:29:34 de prononcer des mots dans une ville en deuil,
00:29:37 où 48 personnes sont mortes, brûlées vives ?
00:29:40 D'ailleurs, à ce jour, nous sommes en 2024, il n'y a eu aucun jugement.
00:29:44 Personne n'a été jugé pour ce crime.
00:29:47 Anne Lorne Bonelle, comment vous expliquez que des gens,
00:29:50 enfin, il ne s'agit pas de juger, mais voilà, qu'un Raphaël Glucksmann ou d'autres,
00:29:54 quand vous dites ce que vous dites, et que vous avez effectivement enquêté là-dessus,
00:29:58 sur ce qui s'est passé en Donbass à l'époque, effectivement,
00:30:01 avec la population russophone et les bombardements qu'il y a eu, etc.
00:30:05 Comment vous expliquez que dire cela, dire ça, c'est travailler pour les intérêts russes ?
00:30:10 Écoutez, là, je n'ai pas de réponse.
00:30:12 Pour moi, c'est du pré-tapant, c'est intellectuel, c'est un manque de culture générale,
00:30:16 et c'est une manière de désinformer, voilà.
00:30:19 Vous savez, le mensonge par omission existe, vous en avez la preuve.
00:30:23 C'est du mensonge par omission, tout simplement.
00:30:25 Il vous donne une partie des faits, il ne vous donne pas le reste, c'est très facile,
00:30:29 mais est-ce que c'est vraiment intègre, éthique ? Je ne crois pas.
00:30:34 Je termine, on m'a reproché les fameux 15 000 morts des pêches AFP, etc.
00:30:38 Je reviens là-dessus.
00:30:39 Les 15 000 morts de la guerre du Donbass, c'est ça, oui.
00:30:42 Prononcés alors que j'étais sous les tirs, en direct, dans une zone de guerre,
00:30:47 où on ne dort pas, je vous passe les détails pour ceux qui ne vont jamais sur le terrain,
00:30:52 ceux qui y vont comprendront.
00:30:54 J'évoque 15 000 morts, certes, j'ai manqué de clarté, mais en 1 minute 30,
00:30:59 il faut aller très très vite, mais je n'ai fait que reprendre les éléments de langage
00:31:04 de la presse internationale de 2014 et 2015.
00:31:07 Tout le monde évoquait 15 000 morts, sans préciser que c'était de chaque côté,
00:31:11 civil et militaire, je dis bien tout le monde, tous vos confrères.
00:31:15 J'en ai fait la preuve à travers un montage qui est disponible sur mon fil Twitter,
00:31:19 donc ceux qui souhaitent le voir ou le revoir pourront en prendre connaissance.
00:31:23 - Votre fil Twitter appelé, c'est @annelorbonelle ?
00:31:25 - @annelorbonelle, je vous appelle mon nom, vous le retrouverez.
00:31:28 - Au-delà de ça, au-delà de cette polémique, effectivement...
00:31:31 - Qu'on me prouve quels sont les intérêts russes.
00:31:34 Est-ce qu'on a attaqué Aniva qui va dans le Donbass de travailler pour les intérêts russes ?
00:31:39 Est-ce qu'on a attaqué Madame Boudoul de travailler pour les intérêts russes ?
00:31:43 Est-ce qu'on attaque les journalistes qui sont présents en Russie, à Moscou,
00:31:47 de travailler pour les intérêts russes ?
00:31:49 Moi je dérange parce que j'ai montré des faits depuis 2015, ni plus ni moins.
00:31:53 - C'est ça, parce que vous étiez un peu avant tout le monde, de parler de tout ça.
00:31:56 - Voilà, mais vous savez, ce que je remarque surtout, c'est que vous avez...
00:32:00 La plupart des journalistes ont focalisé mon travail sur le Donbass,
00:32:03 c'est bien sympathique, mais en tout cas, qui parle de mon film de 2020 sur les Arméniens ?
00:32:08 Personne.
00:32:09 Mon travail ne se résume pas au Donbass.
00:32:11 Qui a parlé des pauvres que j'ai filmés en 2017-2018,
00:32:15 où j'ai parcouru la France, j'ai mis ces vidéos,
00:32:18 des gens qui étaient en train de mourir de faim,
00:32:22 de façon symbolique, avec des frigos vides ?
00:32:25 Personne.
00:32:26 Alors c'est très bien de parler de mon travail dans le Donbass,
00:32:28 mais je n'ai pas fait que ça.
00:32:30 J'ai filmé la pauvreté, c'est du travail de gauche.
00:32:32 J'ai filmé la précarité, c'est du travail de gauche.
00:32:35 J'ai filmé des gens qui n'ont rien pour survivre, c'est du travail de gauche.
00:32:39 Alors un peu de sérieux, hein ?
00:32:41 - Oui, en tout cas, au-delà de ça, Anne Lorbonnel,
00:32:43 c'était bien de remettre les pendules à l'heure,
00:32:45 et puis c'est même pas une question de gauche ou de droite,
00:32:47 c'est une question d'humanité.
00:32:48 Je veux dire, on l'a, l'humanité, on fait son travail, on ne fait pas son travail.
00:32:51 - Non, c'est du mensonge, André, quand on ne parle que d'un sujet que j'ai traité,
00:32:55 alors que j'en traite depuis 2014,
00:32:58 et qui sont des sujets dits de gauche.
00:33:01 C'est du mensonge, c'est de la désinformation volontaire.
00:33:05 Et c'est mettre ensuite une cible, ce qui est très grave, dans le dos de quelqu'un.
00:33:09 J'ai perdu tous mes emplois, André.
00:33:11 - Oui, à la suite de ce qui s'est passé.
00:33:13 - Mais évidemment !
00:33:14 Tous mes employeurs ont dit "merci, au revoir", 15 ans d'enseignement.
00:33:18 Putain, éliminé.
00:33:20 Toutes les écoles dans lesquelles j'ai donné cours, enseigné,
00:33:26 transmis mes valeurs du cinéma documentaire m'ont remercié.
00:33:31 J'ai été menacé de mort.
00:33:33 Est-ce que ces gens-là se rendent compte de la gravité de ce qu'ils font ?
00:33:36 Et ensuite ils m'ont dit "ah, c'est facile, vous n'avez qu'à prendre un avocat".
00:33:40 Mais comment on fait pour prendre un avocat,
00:33:42 quand on appuie les ressources financières ?
00:33:44 - Avec les moyens.
00:33:45 - Alors qu'on m'explique les valeurs de gauche.
00:33:48 - En tout cas, tout le monde, nos auditeurs et tout le monde vous a entendu.
00:33:55 Vous avez longuement exposé cela, c'est bien.
00:33:58 Y compris Ravel, Glucksmann.
00:33:59 Il ne serait pas mal qu'ils répondent à ce que vous venez de dire.
00:34:03 - Un peu de courage, monsieur, et de panache.
00:34:05 - En tout cas, il était important que cela fût dit.
00:34:09 Merci Anne-Laure Monelle.
00:34:10 - Merci André.
00:34:11 - Merci d'avoir été avec nous.
00:34:12 On va embarquer une courte pause sur Joues d'Ordi.
00:34:14 On se retrouve dans un instant pour les Père Léu et les Bravo d'André Bercoffa.
00:34:18 Sud Radio Bercoff dans tous ses états, midi 14h.
00:34:22 André Bercoff.
00:34:23 - Quand on n'a pas les mots.
00:34:24 - Ici Sud Radio.
00:34:27 Les Français parlent au français.
00:34:32 Je n'aime pas la blanquette de veau.
00:34:35 Je n'aime pas la blanquette de veau.
00:34:38 Sud Radio Bercoff dans tous ses états.
00:34:41 - 13h51 sur Sud Radio.
00:34:43 On parlait avec Anne-Laure Monelle.
00:34:45 Et puis nous avons Julien qui nous appelle depuis Marseille.
00:34:48 Bonjour Julien.
00:34:49 - Oui, bonjour Julien.
00:34:50 - Bonjour André.
00:34:51 Je voulais dire, c'est dommage parce que cette dame,
00:34:55 comme Régis Le Saunier, ou d'autres sont calomniés par Guxman ou Tanzer, ou Nolo.
00:35:03 Je m'inquiète pour vous aussi, parce que le problème c'est que de donner un point de vue différent,
00:35:08 c'est devenu du complotisme, de l'extrême droite, du pourru.
00:35:11 - Ah non, mais c'est même travailler pour les intérêts russes, comme dit le...
00:35:14 - Oui, oui, c'est ça.
00:35:15 - Le candidat européen, aux élections européennes.
00:35:18 - Mais bien sûr, alors que ce n'est pas être pourrus.
00:35:20 C'est d'abord le...
00:35:21 - Ecoutez, je pense que c'est tout simplement électoraliste.
00:35:23 Il fallait qu'il fasse le buzz.
00:35:25 Il a du mal à émerger.
00:35:26 Donc voilà, on parle d'intérêts russes pour faire parler de lui.
00:35:29 Il a besoin de pubs ce monsieur, visiblement.
00:35:31 - Mais vous savez, Madame Monelle, c'est pas que Guxman.
00:35:34 Vous prenez Nikola Tanzer, c'est des chiens d'attaque, si vous voulez.
00:35:38 Le droit de réfléchir par soi-même, sans être dans le narratif et se poser des questions,
00:35:43 c'est devenu être complotiste, être prorusse ou être d'extrême droite.
00:35:47 C'est très grave, parce qu'on vous disqualifie,
00:35:50 que ce soit nous en tant que personnes ou vous en tant que journalistes.
00:35:53 - Oui, enfin, écoutez, ça...
00:35:55 Oui, oui, je suis d'accord avec vous.
00:35:56 Moi, je suis à Politique, je n'ai jamais appartenu à un parti.
00:35:58 Vous voyez, les politiques, je m'en méfie énormément.
00:36:01 - Je pense bien, mais c'est le problème dans la société où on est nous-mêmes,
00:36:05 où on n'a plus le droit de penser.
00:36:06 Et ça, c'est un peu problématique, je pense.
00:36:08 - Eh oui.
00:36:09 Merci, Julien.
00:36:10 Merci, Julien.
00:36:11 - C'est très gentil, en tout cas.
00:36:12 - On va essayer de continuer à penser, en tout cas.
00:36:15 C'est clair.
00:36:16 - Merci, Julien.
00:36:17 Sud Radio Bercov, dans tous ses états, les perles du jour.
00:36:22 - C'est très, très bien, c'est vrai.
00:36:25 Qu'est-ce qu'il a raison, Brassens ?
00:36:26 Alors, c'est intéressant, parce que Marine Tondelier,
00:36:30 la tête de liste aussi, je crois, effectivement,
00:36:33 elle aussi aux élections européennes,
00:36:36 elle était en Guyane, elle s'est filmée devant un arbre.
00:36:40 Et voici ce qu'elle a dit en Guyane.
00:36:44 Elle était devant un arbre, un arbre pas comme les autres.
00:36:46 Écoutez.
00:36:47 - Bonjour à toutes et tous.
00:36:48 Nous sommes à Cayenne, en Guyane,
00:36:50 pour le dernier jour de ce déplacement en Outre-mer,
00:36:53 en Guadeloupe, en Martinique et en Guyane.
00:36:54 Et je voulais vous parler, avant de rentrer,
00:36:56 de cet arbre juste derrière moi.
00:36:58 Cet arbre, c'est un fromager.
00:37:00 Il est chargé de légendes, d'histoires.
00:37:03 Notamment, il a la réputation chez beaucoup de Guyanais
00:37:05 de faire le lien entre les vivants,
00:37:07 entre celles et ceux qui sont là, et l'invisible.
00:37:09 Il est aussi utile pour les gens qui se perdent en forêt,
00:37:12 puisque si vous tapez très très fort sur son tronc,
00:37:15 vous voyez ses racines proéminentes.
00:37:17 Alors, ça fait des bruits très sourds,
00:37:19 qui peuvent permettre aux secours ou à d'autres personnes
00:37:21 de vous localiser et de venir vous retrouver.
00:37:24 Mais pourquoi je voulais vous parler de cet arbre,
00:37:26 celui-là derrière moi en particulier,
00:37:28 c'est parce qu'il a été planté il y a 20 ans, jour pour jour.
00:37:31 L'anniversaire, c'était hier très précisément.
00:37:33 - Voilà, par des amis écologistes, etc.
00:37:35 Voilà, c'est très très bien.
00:37:37 Il émet des bruits et tout ça.
00:37:39 Ce qui est intéressant d'ailleurs,
00:37:41 c'est qu'en janvier, le 1er janvier 2023,
00:37:44 donc il y a un an et quelques,
00:37:46 Marie-Thompe Delié avait tweeté ceci.
00:37:49 "J'ai mes poules, je ne prends plus l'avion,
00:37:51 je me chauve à 19°,
00:37:53 je n'habite pas dans la creuse, etc."
00:37:55 Bon, évidemment, pour aller en Guyane,
00:37:58 en Martinique ou en Guadeloupe ou ailleurs,
00:38:00 c'est un peu difficile d'y aller sans prendre l'avion,
00:38:02 ou alors on rate les élections européennes.
00:38:05 Donc, voilà, c'est sympathique,
00:38:09 faites ce que je dis.
00:38:10 Alors non, on ne va pas être méchants avec Marie-Thompe Delié,
00:38:13 elle a absolument le droit d'aller en Guyane,
00:38:15 mais ce n'est pas la peine.
00:38:16 Bon, elle avait envie de se faire un tour,
00:38:18 et puis effectivement, de voir les électeurs,
00:38:20 parce qu'il y a des électeurs là-bas aussi,
00:38:22 pour les élections européennes.
00:38:23 Ce qui est amusant quand même,
00:38:25 c'est que voilà, le prétexte c'est l'arbre,
00:38:27 c'est très bien, comme pour Anne Hidalgo,
00:38:29 le prétexte c'était sa fille,
00:38:31 et puis les Jeux Olympiques.
00:38:34 Bon, voilà, après tout,
00:38:37 c'est pas la peine d'en faire un fromage,
00:38:40 sauf que c'est pas la peine aussi de dire
00:38:42 "je ne prends plus l'avion, Marie-Thompe Delié".
00:38:44 Vous savez très très très très bien
00:38:46 qu'un certain nombre de gens qui professent
00:38:48 la dépollution totale,
00:38:50 l'oxyde de carbone, le CO2, etc.,
00:38:53 passe allègrement outre.
00:38:58 Donc, allez voir vos arbres, c'est très bien,
00:39:00 mais voilà, c'est pas la peine d'en faire une idéologie
00:39:03 et des interdictions.
00:39:05 On marque une petite pause sur Sud Radio,
00:39:08 on va se retrouver après les infos de 13h
00:39:11 pour finir CUBC Bravo avec André Bercoff,
00:39:13 et puis on aura le face-à-face, bien sûr,
00:39:15 avec Pascal Bruckner, on va parler un peu
00:39:17 de philosophie, et puis, bien sûr,
00:39:19 comme tous les jours, vous aurez la parole
00:39:21 0826 300 300 pour réagir,
00:39:23 pour poser vos questions,
00:39:25 et puis pour nous suivre aussi sur la page
00:39:27 Facebook de Sud Radio, on dirait que vous pouvez
00:39:29 laisser tous vos commentaires.
00:39:31 On se retrouve sur Sud Radio.
00:39:33 Sud Radio, parlons vrai.
00:39:35 Parlons vrai.
00:39:37 Ici Sud Radio,
00:39:41 les Français parlent au français.
00:39:45 Les carottes sont cuites.
00:39:47 Les carottes sont cuites.
00:39:49 Sud Radio Bercoff dans tous ses états.
00:39:53 Avant de recevoir Pascal Bruckner,
00:39:55 "Je souffre donc je suis",
00:39:57 et oui, c'est le Descartes de la souffrance,
00:39:59 on va parler de quelque chose
00:40:01 qui est quand même assez hallucinant.
00:40:03 Tartuffe vit aussi au pays du numérique,
00:40:07 et vous allez voir, en ce qui concerne l'anonymat.
00:40:11 Sud Radio Bercoff dans tous ses états.
00:40:13 Zorro, Zorro, mais Zorro, c'est un pseudonyme.
00:40:15 On n'a jamais su qui était vraiment Zorro.
00:40:19 Et bien en ce moment, vous savez,
00:40:21 il y a cette polémique qui ressurgit d'ailleurs
00:40:23 tout pratiquement tous les ans,
00:40:25 tous les cinq ans,
00:40:27 sur l'anonymat en ligne,
00:40:29 l'anonymat "online" comme on dit,
00:40:31 et il y a des gens qui disent,
00:40:33 oui vous comprenez, sur les réseaux sociaux,
00:40:35 Twitter et compagnie et autres,
00:40:37 on dit n'importe quoi, on écrit n'importe quoi,
00:40:39 et sous couvert de l'anonymat,
00:40:41 des gens se permettent effectivement
00:40:43 n'importe quoi,
00:40:45 et aussi le pire, il faut le dire.
00:40:47 Alors il y a là, le député de la Renaissance,
00:40:49 Paul Midi, notamment,
00:40:51 sonne la mobilisation
00:40:53 contre le sentiment d'impunité
00:40:55 sur les réseaux sociaux,
00:40:57 et appelle à lier les comptes des internautes
00:40:59 sur les plateformes à une identité vérifiée.
00:41:01 Voilà. Dans une tribune
00:41:03 signée par une coalition de 125 députés
00:41:05 de la majorité, dont Olivier Véran,
00:41:07 Clément Beaune,
00:41:09 Damien Abad ou Karl Olive,
00:41:11 publiée dimanche, dimanche dernier,
00:41:13 par la tribune, le député de
00:41:15 l'Essonne, également rapporteur
00:41:17 du projet de loi numérique, réclame
00:41:19 l'interdiction de l'anonymat
00:41:21 vis-à-vis des autorités lorsqu'un crime
00:41:23 ou un délit est commis en ligne.
00:41:25 Pour ce faire, l'élu propose que chaque compte
00:41:27 sur les plateformes soit lié à une identité numérique
00:41:29 vérifiée, inaccessible
00:41:31 par le réseau social, mais accessible aux autorités,
00:41:33 le cas échéant.
00:41:35 Mais je vais vous dire, c'est le cas,
00:41:37 évidemment. Alors, qu'est-ce que
00:41:39 ça veut dire ? On peut dire, après tout,
00:41:41 c'est vrai, s'il y a des appels à la haine,
00:41:43 ou des appels aux meurtres, ou des appels
00:41:45 au racisme, ou des appels à la discrimination,
00:41:47 il est évident que les lois existent,
00:41:49 il faut remonter, effectivement,
00:41:51 à l'identité de la personne.
00:41:53 Sauf que, deux choses.
00:41:55 D'abord, aujourd'hui,
00:41:57 les lois existantes, et on me corrigera
00:41:59 si je me trompe, mais j'ai consulté
00:42:01 un certain nombre de
00:42:03 spécialistes, effectivement,
00:42:05 des réseaux et d'Internet,
00:42:07 on peut, par VPN, on peut remonter
00:42:09 à la personne, donc,
00:42:11 effectivement, et la sanctionner.
00:42:13 Mais ce qu'on ne voit pas, et ce que,
00:42:15 effectivement, peut cacher une loi de ce genre,
00:42:17 c'est autre chose,
00:42:19 et qui est aussi grave, au moins,
00:42:21 c'est que, vous savez, beaucoup de gens vous disent
00:42:23 des choses, rapportent des choses,
00:42:25 et, effectivement, s'ils sont
00:42:27 au travail, dans l'entreprise et compagnie,
00:42:29 comment voulez-vous, moi, je sais,
00:42:31 je suis pas le seul,
00:42:33 si je fais des tweets, je signe de mon nom,
00:42:35 et on est un certain nombre.
00:42:37 Mais des gens qui sont, par exemple,
00:42:39 dans une entreprise, ou
00:42:41 qui sont dans un ministère,
00:42:43 ou qui sont dans une institution,
00:42:45 etc., et qui ont envie de dire des choses,
00:42:47 mais, évidemment, s'ils donnent leur nom,
00:42:49 ils sont immédiatement blackboulés,
00:42:51 ils sont immédiatement marginalisés,
00:42:53 mis au rencard,
00:42:55 mis, effectivement, au placard,
00:42:57 au moins, donc,
00:42:59 attention, attention, attention,
00:43:01 ça ne veut pas dire qu'il faut encourager la dénonciation,
00:43:03 mais il y a un certain nombre d'affaires,
00:43:05 et on le sait très, très bien, et les juges
00:43:07 et les policiers reçoivent combien
00:43:09 de lettres anonymes qu'ils vérifient,
00:43:11 mais si c'était pas anonyme, s'ils disaient,
00:43:13 si les gens disaient leur nom, mais ils sauraient,
00:43:15 effectivement, soit
00:43:17 sanctionnés, mais de manière
00:43:19 extrêmement forte, dans leurs
00:43:21 moyens de vivre et dans leur
00:43:23 manière d'exister,
00:43:25 par leur patron, ou
00:43:27 leur chef, ou leur autorité,
00:43:29 donc, voilà,
00:43:31 attention à cette histoire de
00:43:33 "moi je suis", pour qu'effectivement,
00:43:35 on donne son identité, mais attention
00:43:37 à ne pas noyer
00:43:39 les gens qui ont des choses à dire
00:43:41 avec l'eau du bain de la transparence,
00:43:43 parce qu'à ce moment-là, la transparence
00:43:45 devient l'instrument des puissants,
00:43:47 et de ceux qui peuvent se défendre,
00:43:49 et pas de ceux qui ne peuvent pas, effectivement,
00:43:51 se défendre, donc attention,
00:43:53 l'anonymat, c'est un couteau,
00:43:55 effectivement, c'est un couteau, c'est la
00:43:57 langue de Zop, le meilleur et le pire,
00:43:59 mais moi, personnellement, je le dis,
00:44:01 je crois qu'il faut sauvegarder l'anonymat,
00:44:03 quitte, encore une fois, et on a les moyens
00:44:05 aujourd'hui, technologiques,
00:44:07 de ceux qui émettent
00:44:09 des messages de haine, on remonte
00:44:11 à eux, et on les sanctionne, évidemment.
00:44:13 Sud Radio Bercov, dans tous ses états,
00:44:17 le face à face. - Léo Ferré,
00:44:21 qui chante Aragon, et c'est ainsi que les hommes vivent,
00:44:23 d'ailleurs, un de vos chapitres,
00:44:25 effectivement, s'intitule ainsi
00:44:27 Pascal Brugner. - C'est une chanson magnifique.
00:44:29 - Magnifique chanson, une des plus belles,
00:44:31 l'album de Ferré, Chante Aragon,
00:44:33 c'est un trésor
00:44:35 absolu, et je voudrais dire,
00:44:37 Pascal Brugner, on ne va pas le présenter,
00:44:39 bien sûr, romancier, essayiste,
00:44:41 une quarantaine de livres, je crois, déjà.
00:44:43 - Dans 30 ans, dans 40,
00:44:45 dans quelques années, pour l'instant.
00:44:47 - C'est déjà pas mal. Mais surtout,
00:44:49 je voudrais rappeler que Pascal Brugner
00:44:51 a été le premier,
00:44:53 le premier, en tout cas, vraiment,
00:44:55 il était précurseur, il y a 40 ans,
00:44:57 un peu plus de 40 ans, vous avez écrit
00:44:59 Les Sanglots de l'Homme Blanc,
00:45:01 et à l'époque, on ne parlait pas du tout
00:45:03 du suprémaciste blanc,
00:45:05 de la repentance, de ceci
00:45:07 et de cela, et je me rappelle
00:45:09 très bien ce livre qui avait eu d'ailleurs le succès
00:45:11 que l'on sait, et vous avez continué
00:45:13 d'ailleurs dans cette veine,
00:45:15 à parler de ça, c'est-à-dire
00:45:17 que tout le monde a le droit d'être victime
00:45:19 sauf le mâle hétérosexuel
00:45:21 blanc de plus de 50 ans,
00:45:23 ou pas, c'est une autre chose,
00:45:25 nous sommes vous et moi.
00:45:27 Et vous avez continué,
00:45:29 et là vous sortez Je Souffre, donc Je Suis,
00:45:31 Portrait de la Victime en Héros.
00:45:33 Alors Pascal Brugner, est-ce que
00:45:35 la concurrence victimaire
00:45:37 et les bourreaux qui deviennent victimes
00:45:39 et les victimes deviennent bourreaux,
00:45:41 ça bat son plein en ce moment ?
00:45:43 - Alors ça bat son plein, mais ça bat son plein
00:45:45 depuis longtemps, en réalité
00:45:47 la grande
00:45:49 date c'est 1945,
00:45:51 1945, la découverte des camps par
00:45:53 l'opinion publique, et
00:45:55 l'apparition du déporté comme
00:45:57 figure majeure de la souffrance
00:45:59 dans le débat,
00:46:01 voilà, aux yeux de l'opinion.
00:46:03 Et après 1945,
00:46:05 le pouvoir
00:46:07 gaulliste et les pouvoirs qui ont succédé
00:46:09 ont plutôt mis en avant le résistant,
00:46:11 le maquisard qui avait
00:46:13 pris les armes contre l'occupant allemand,
00:46:15 et puis à partir des années 70-80,
00:46:17 à la suite d'un certain nombre de films,
00:46:19 le Chagrin à la Pitié,
00:46:21 Nuit et Brouillard,
00:46:23 mais qui est paru bien avant, et puis surtout
00:46:25 le Shoah de Lanzmann, tout d'un coup
00:46:27 le déporté, donc le juif,
00:46:29 est devenu la figure
00:46:31 même du Christ, la figure contemporaine
00:46:33 de Jésus-Christ, celui
00:46:35 qui intègre dans son
00:46:37 existence toute la
00:46:39 douleur des hommes.
00:46:41 Et à partir du moment
00:46:43 où le déporté
00:46:45 devient la figure même de la victime,
00:46:47 et bien les autres victimes,
00:46:49 soit les autres
00:46:51 peuples, soit les autres minorités, soit tout simplement
00:46:53 les individus, vont tendre
00:46:55 à aligner leur propre malheur
00:46:57 sur celui
00:46:59 du déporté, et
00:47:01 c'est le début d'une...
00:47:03 c'est le début de la critique de l'Etat
00:47:05 d'Israël, c'est le début de la critique
00:47:07 de l'antisionisme,
00:47:09 et cette concurrence victimaire
00:47:11 va... explose
00:47:13 aujourd'hui, mais elle est
00:47:15 évidemment la conséquence
00:47:17 de ces substitutions
00:47:19 originales, originaires,
00:47:21 pardon, donc c'est
00:47:23 le déporté qui va l'emporter sur le résistant.
00:47:25 - Mais alors justement,
00:47:27 l'acte fondateur pour vous, c'est
00:47:29 justement 45, et évidemment
00:47:31 l'Holocauste, enfin tout ce qui s'est passé
00:47:33 de... Mais comment
00:47:35 l'inversion a été quand même assez forte,
00:47:37 ou pour que...
00:47:39 parce qu'il n'y a pas eu de génocide,
00:47:41 il y avait eu le génocide arménien de 1915,
00:47:43 mais ça n'a pas fait du tout, évidemment,
00:47:45 le même effet. Après, il y a eu,
00:47:47 vous le savez aussi bien que moi, au moins,
00:47:49 ce qui s'est passé au Rwanda,
00:47:51 ce qui s'est passé d'ailleurs
00:47:53 effectivement entre l'Arabie Saoudite et le Yemen,
00:47:55 ce qui s'est passé entre Hussein de Jordan
00:47:57 et le Pestinien, mais là,
00:47:59 effectivement, ce sont les, ce qu'on a appelé
00:48:01 entre guillemets, les "racisés"
00:48:03 qui sont devenus des victimes,
00:48:05 et de quand, je reviens aussi à votre
00:48:07 livre d'il y a 40 ans, mais qu'est-ce qui
00:48:09 a fait, parce que
00:48:11 vous continuez cette réflexion,
00:48:13 que c'est le blanc qui est devenu l'oppresseur,
00:48:15 le blanc, y compris d'ailleurs le juif,
00:48:17 est devenu l'oppresseur par excellence ?
00:48:19 - D'abord parce que le blanc s'est autodésigné comme tel,
00:48:21 c'est toute la réflexion, tout le soutien
00:48:23 de Sartre à Frantz Fanon et à la Révolution
00:48:25 algérienne consiste à dire
00:48:27 il faut tuer,
00:48:29 quand on tue un colonisateur,
00:48:31 on libère en quelque sorte la France
00:48:33 de sa propre tradition coloniale,
00:48:35 et là Sartre est allé à mon sens, vraiment
00:48:37 un peu trop loin, en justifiant
00:48:39 la violence aveugle des
00:48:41 Moudjahidines, qui étaient d'ailleurs doublés
00:48:43 comme l'a bien montré Jean Birnbaum dans un de ses livres,
00:48:45 qui étaient doublés d'une violence religieuse,
00:48:47 c'est le début du terrorisme islamiste,
00:48:49 mais,
00:48:51 effectivement,
00:48:53 il y a plusieurs éléments,
00:48:55 le procès de Nuremberg,
00:48:57 a en quelque sorte installé dans le
00:48:59 droit le concept de génocide,
00:49:01 et à partir du moment où le génocide
00:49:03 l'emporte, la volonté
00:49:05 d'éradiquer la totalité
00:49:07 ou une majorité d'un peuple,
00:49:09 les autres
00:49:11 populations,
00:49:13 les autres sociétés se disent,
00:49:15 les souffrances dont nous pâtissons aujourd'hui,
00:49:17 et bien c'est aussi un génocide,
00:49:19 et là la concurrence commence
00:49:21 avec l'usage même du mot,
00:49:23 qui devient le mot
00:49:25 le plus désirable
00:49:27 du monde,
00:49:29 et on voit bien qu'aujourd'hui, l'usage du mot génocide,
00:49:31 tel que l'Afrique du Sud
00:49:33 essaie de l'imposer à la Cour internationale
00:49:35 de justice, est évidemment un usage
00:49:37 qui me paraît abusif, parce qu'il n'a pas
00:49:39 d'intention des Israéliens
00:49:41 d'éradiquer l'ensemble du peuple...
00:49:43 - Ben tout le monde arabe, enfin je veux dire...
00:49:45 - Oui, l'ensemble du monde palestinien,
00:49:47 mais la charge affective de ce mot
00:49:49 est tellement forte, que si on peut
00:49:51 la retourner contre les Juifs,
00:49:53 c'est effectivement
00:49:55 une aubaine dont personne ne va se priver,
00:49:57 le premier qui avait signalé ça, c'était
00:49:59 Jean Kélévitch, mon ancien professeur
00:50:01 dans les années 70, et qui dit
00:50:03 "L'antisionisme, c'est la
00:50:05 permission de haïr les Juifs en toute innocence,
00:50:07 puisque si le Juif se révèle aussi
00:50:09 méchant que le nazi, cela veut dire que
00:50:11 nous n'avons aucune culpabilité
00:50:13 à nourrir à son égard, nous avons eu raison
00:50:15 de le laisser mourir dans les camps."
00:50:17 - Ça rappelle "Si Dieu n'existe pas, tout est permis"
00:50:19 - Oui - De quelqu'un d'autre
00:50:21 - Oui, on va en parler tout de suite
00:50:23 après une petite pause, Pascal Bruckner
00:50:25 "Je souffre donc je suis"
00:50:27 Très intéressant de voir ces passages
00:50:29 du héros et de la victime, effectivement
00:50:31 que vous décrivez dans votre livre. - Et puis vous aurez la parole
00:50:33 aussi pour poser toutes vos questions, pour réagir,
00:50:35 pour intervenir dans l'émission
00:50:37 0826 300 300
00:50:39 A tout de suite !
00:50:41 - Sud Radio, votre avis fait la différence
00:50:43 - Je tenais à vous remercier pour votre émission
00:50:45 parce qu'elle permet à des citoyens comme moi
00:50:47 de pouvoir s'exprimer et d'avoir des voix
00:50:49 un peu dissonantes
00:50:51 - Sud Radio, parlons vrai
00:50:53 - Ici Sud Radio
00:50:55 Les Français parlent au français
00:50:57 Je n'aime pas la blanquette de veau
00:50:59 Je n'aime pas la blanquette de veau
00:51:01 Je n'aime pas la blanquette de veau
00:51:03 Je n'aime pas la blanquette de veau
00:51:05 Je n'aime pas la blanquette de veau
00:51:07 - Sud Radio Bercov dans tous ses états
00:51:09 - Pascal Bruckner
00:51:11 - Pascal Bruckner, je souffre dont je suis
00:51:13 aux éditions grassées qui viennent de paraître
00:51:15 Alors, justement Pascal Bruckner
00:51:17 ce qui est intéressant c'est que ce que vous décrivez
00:51:19 dans votre livre aussi, il y a quand même
00:51:21 tout se passe comme si
00:51:23 tout se passe comme si
00:51:25 on est maintenant, on tend à être
00:51:27 dans ce que les américains appellent un "safe space"
00:51:29 c'est à dire pas de
00:51:31 attention, pas d'affrontements
00:51:33 pas de pensées critiques
00:51:35 on est entre nous, on est dans l'entre-soi
00:51:37 et on est dans l'entre-soi des victimes
00:51:39 parce que si
00:51:41 on est face à quelqu'un qui veut essayer
00:51:43 de nous bousculer même intellectuellement
00:51:45 ça ne va plus du tout
00:51:47 on est entre soi et on l'a vu
00:51:49 avec tout ce qui s'est passé à l'université américaine
00:51:51 y compris française d'ailleurs
00:51:53 au niveau du woke, de la cancel culture
00:51:55 de l'écriture inclusive, tout ça
00:51:57 cette extraordinaire, je dirais pas
00:51:59 concurrence victimaire, parce qu'elle existe
00:52:01 mais cette espèce de doxa victimaire
00:52:03 elle a quand même
00:52:05 c'est un incendie de forêt quand même
00:52:07 on dirait ça a vraiment pris des proportions
00:52:09 - Oui c'est un incendie de forêt qui d'ailleurs
00:52:11 tient essentiellement
00:52:13 dans notre rapport à la souffrance
00:52:15 ma génération par rapport à celle de mes parents
00:52:17 était déjà une génération douillette
00:52:19 une génération qui
00:52:21 avait quand même
00:52:23 grandi dans un relatif confort par rapport
00:52:25 à celui de la guerre ou de l'avant-guerre
00:52:27 et qui connaissait les prémices
00:52:29 de la société de consommation
00:52:31 donc je peux dire que
00:52:33 j'étais relativement gâté par rapport
00:52:35 à l'enfance de mes propres parents
00:52:37 ou de mes grands-parents
00:52:39 mais ça s'est aggravé avec le temps
00:52:41 puisque le confort
00:52:43 les soins
00:52:45 l'état providence fait que
00:52:47 les générations XYZ
00:52:49 donc celles qui sont nées à l'orée du siècle
00:52:51 ont été évidemment élevées
00:52:53 dans une autre configuration
00:52:55 morale
00:52:57 - Laquelle justement ?
00:52:59 - Eh bien laquelle c'est
00:53:01 ça nous vient des Etats-Unis
00:53:03 vous savez par exemple
00:53:05 dans les universités américaines
00:53:07 en 1995 quand je suis
00:53:09 retourné enseigné à l'université de New York
00:53:11 mon chairman
00:53:13 donc le patron du département
00:53:15 m'a dit "Pascal les règles ont changé
00:53:17 maintenant tu ne peux plus
00:53:19 parler avec une étudiante dans un bureau fermé
00:53:21 tu dois soit laisser la porte ouverte
00:53:23 soit enregistrer la conversation
00:53:25 et évite de prendre l'ascenseur seul
00:53:27 avec une femme" - Il vous l'a dit comme ça ?
00:53:29 - Oui, oui parce que
00:53:31 elle peut porter plainte contre toi
00:53:33 elle peut dire que tu as essayé un geste
00:53:35 audacieux à son égard
00:53:37 et elle te dira tout de suite
00:53:39 "ne montez pas ça me rend
00:53:41 "it makes me feel uncomfortable"
00:53:43 ça me rend même à l'aise
00:53:45 donc c'est le début
00:53:47 parce qu'en fait le wokisme existe depuis très longtemps
00:53:49 aux Etats-Unis, je pense que c'est un avatar
00:53:51 du maccartisme, un avatar de gauche
00:53:53 ou même un avatar
00:53:55 du protestantisme nord-américain
00:53:57 - Oui, le britannisme oui
00:53:59 ça a éclaté aussi
00:54:01 enfin celui qui l'a
00:54:03 bien souligné c'est le président Obama
00:54:05 venant en 2014
00:54:07 dans une grande université américaine
00:54:09 il a dit aux étudiants
00:54:11 "écoutez, je comprends vos
00:54:13 inquiétudes, vos douleurs
00:54:15 mais je vous rappelle que la faculté n'est pas une nursery
00:54:17 vous êtes des adultes, il faut peut-être
00:54:19 affronter le monde tel
00:54:21 que vous allez le rencontrer"
00:54:23 parce qu'effectivement vous l'avez dit André Bercoff
00:54:25 les "safe space" qu'est-ce que c'est ?
00:54:27 - Ce sont des bulles
00:54:29 auxquelles les étudiants ont droit
00:54:31 lorsque les nouvelles
00:54:33 du monde extérieur sont trop douloureuses
00:54:35 ils peuvent s'enfermer
00:54:37 c'est des maisons, c'est des appartements
00:54:39 alors les femmes avec les femmes, les gays avec
00:54:41 les gays, les noirs avec les noirs
00:54:43 - Ah oui, on est séparés
00:54:45 - On est séparés, les hétéros avec les hétéros
00:54:47 si tant est que cette catégorie est reconnue
00:54:49 et donc
00:54:51 chacun se met dans
00:54:53 cette bulle et reste à l'abri
00:54:55 des agressions extérieures
00:54:57 or, pourquoi pas ?
00:54:59 après tout, il y a des thérapeutes
00:55:01 qui font ça
00:55:03 on entreprend une thérapie
00:55:05 - Le monde entier comme nursery c'est peut-être pas idéal
00:55:07 - Le monde entier comme nursery n'est pas bon
00:55:09 surtout que le reste du monde n'est pas du tout
00:55:11 dans la douceur et dans la gentillesse
00:55:13 au contraire
00:55:15 c'est plutôt les bouchers
00:55:17 ressortent leurs couteaux en ce moment
00:55:19 et donc il y a une fragilité
00:55:21 des jeunes générations
00:55:23 qui a été remarqué par
00:55:25 de nombreux sociologues
00:55:27 et qui souffre de ce qu'on a appelé le syndrome
00:55:29 du petit pois, du nom de ce comte
00:55:31 d'Anderson, cette princesse qui découvre
00:55:33 un petit pois sur son matelas
00:55:35 et qui n'arrive pas à dormir de la nuit parce que ça la blesse
00:55:37 et c'est cette idée d'une
00:55:39 hypersensibilité
00:55:41 à l'adversité, aux remarques
00:55:43 désobligeantes, même au désaccord
00:55:45 idéologique, alors que le désaccord
00:55:47 c'est le fondement de la démocratie
00:55:49 on commence par être désaccord et puis
00:55:51 on essaye ensuite de trouver un compromis
00:55:53 et ça fait des générations
00:55:55 qui évidemment
00:55:57 se nourrissent de toutes les inquiétudes
00:55:59 de l'actualité, on a parlé
00:56:01 d'éco-anxiété par exemple face au
00:56:03 réchauffement climatique, alors c'est vrai que c'était un problème important
00:56:05 faut-il aller
00:56:07 comme Greta Thunberg jusqu'à
00:56:09 verser des larmes en public
00:56:11 pour en parler ? - Et puis les cellules
00:56:13 psychologiques pour un bobo, enfin
00:56:15 pour n'importe quel incident
00:56:17 - Voilà alors ça c'est entièrement
00:56:19 nouveau, alors ça n'existait pas
00:56:21 au moins jusqu'à mes 40 ans
00:56:23 je suis frappé par le fait par exemple
00:56:25 que même en Ukraine
00:56:27 où je vais assez souvent, chaque fois qu'il y a des attentats
00:56:29 ou des morts à la suite
00:56:31 des bombardements russes
00:56:33 c'est la prolifération des peluches
00:56:35 et des fleurs
00:56:37 même là-bas, alors à Moscou
00:56:39 aussi quand il y a eu cet attentat
00:56:41 samedi dernier
00:56:43 et donc
00:56:45 le nounours est devenu le symbole
00:56:47 de la douleur
00:56:49 mais c'est le symbole de la douleur impuissante
00:56:51 donc c'est vrai que nos aînés
00:56:53 ou même nous peut-être, quand nous avions
00:56:55 une blessure
00:56:57 ou nous souffrions d'une agression violente
00:56:59 nous avions cette faculté
00:57:01 d'intérioriser le mal
00:57:03 soit de le convertir en désir de vengeance
00:57:05 soit à le
00:57:07 tout simplement à l'avaler
00:57:09 puis à dire "on passe à autre chose"
00:57:11 ça a été l'attitude des
00:57:13 britanniques pendant le blitz
00:57:15 les britanniques c'est la fameuse
00:57:17 formule "never complain, never explain"
00:57:19 ne vous plaignez jamais, n'essayez pas de comprendre
00:57:21 - résister, résister, résilience
00:57:23 comme disent d'autres
00:57:25 - la résistance est plus forte que la résilience
00:57:27 mais c'est l'esprit de résistance
00:57:29 et il semble que nous l'ayons perdu
00:57:31 effectivement et que nos
00:57:33 enfants
00:57:35 ou même nous aujourd'hui puisque nous sommes
00:57:37 influencés par eux, nous nous
00:57:39 froissions à la moindre remarque
00:57:41 et qu'ensuite nous
00:57:43 nous essayons d'exprimer
00:57:45 ce sentiment qui peut
00:57:47 virer très vite au sentiment victimaire
00:57:49 - mais justement est-ce qu'il y a, parce que
00:57:51 vous en parlez aussi dans votre livre Pascal Brugner
00:57:53 est-ce qu'il y a quelque part
00:57:55 est-ce qu'on se drape
00:57:57 dans la majestueuse toge
00:57:59 de justement de la victime
00:58:01 c'est-à-dire que tous ces gens-là dont on parle
00:58:03 enfin nous ne se sent pas tous
00:58:05 très proches mais de se dire
00:58:07 "oui mais de toute façon je suis
00:58:09 une victime du monde, des puissants
00:58:11 pour les uns, pour les autres des hommes
00:58:13 les autres des femmes etc." je veux dire
00:58:15 est-ce qu'il y a quelque chose d'un unitaire commun
00:58:17 d'un dénominateur commun qui consiste à dire
00:58:19 "je dois me protéger
00:58:21 parce que le monde" et là j'arrive
00:58:23 à un phénomène sectaire, est-ce que
00:58:25 le monde est hostile même si
00:58:27 ça va, est-ce que je dois me protéger absolument
00:58:29 est-ce que c'est pas ça quelque part ?
00:58:31 - Oui c'est l'idée que là
00:58:33 bien sûr alors ce sentiment
00:58:35 victimaire
00:58:37 il a plusieurs sources mais il vient aussi de
00:58:39 l'état providence
00:58:41 l'état providence créé en 1945 par
00:58:43 de Gaulle et les communistes en gros
00:58:45 les deux grandes forces hostiles qui se sont
00:58:47 associées pour forger
00:58:49 pour accomplir les promesses du conseil de la
00:58:51 résistance ont décidé
00:58:53 que les français ne seraient plus
00:58:55 exposés aux tribulations
00:58:57 de la vie et c'est plutôt une bonne chose
00:58:59 - Oui c'est une bonne chose bien sûr - C'est une très bonne chose
00:59:01 pour nous tous mais l'état providence
00:59:03 a ceci de dramatique
00:59:05 il est périssable, il coûte très cher
00:59:07 et on voit aujourd'hui avec
00:59:09 la réalisation
00:59:11 soudaine par le ministre de l'économie
00:59:13 des trous gigantesques
00:59:15 dans notre budget que nous allons probablement
00:59:17 être moins bien
00:59:19 remboursés notamment au niveau des médicaments
00:59:21 mais ça crée un trouble terrible
00:59:23 je sais pas si... quand vous allez dans les pharmacies
00:59:25 ces jours-ci et il m'arrive
00:59:27 d'y faire la queue, je vois que les conversations
00:59:29 entre les clients et les pharmaciens
00:59:31 c'est sur la baisse du remboursement du
00:59:33 Doliprane, en disant "mais pourquoi
00:59:35 avant c'était intégralement remboursé
00:59:37 maintenant c'est fini, mais pourquoi
00:59:39 et donc il y a cette idée que finalement
00:59:41 la protection
00:59:43 est faillible
00:59:45 la protection va être rare
00:59:47 et que donc c'est un vestige
00:59:49 du passé, nous allons payer très cher
00:59:51 la disparition et tout ça entretient
00:59:53 un sentiment de fragilité extrême
00:59:55 et qu'effectivement le monde m'est hostile
00:59:57 et que je n'ai comme d'autres solutions
00:59:59 peut-être que de faire le dos rond
01:00:01 de me recroqueviller, de rester chez moi
01:00:03 face à un extérieur qui ne m'est pas
01:00:05 a priori amical. - On va en parler
01:00:07 on va continuer à en parler, oui, est-ce que c'est la position
01:00:09 de l'autruche, est-ce que c'est la bonne position
01:00:11 on va continuer à en parler avec Pascal Brunner
01:00:13 après cette petite pause. - Et puis avec vous
01:00:15 au 0826 300 300
01:00:17 pour poser toutes vos questions et pour intervenir dans l'émission
01:00:19 nous sommes ensemble jusqu'à 14h
01:00:21 à tout de suite sur Sud Radio.
01:00:23 Sud Radio Bercoff
01:00:25 dans tous ses états, midi 14h
01:00:27 André Bercoff
01:00:29 Ici
01:00:31 Sud Radio
01:00:33 Les français parlent au français
01:00:37 Les carottes sont cuites
01:00:39 Les carottes sont cuites
01:00:41 Sud Radio Bercoff
01:00:43 dans tous ses états
01:00:45 Et
01:00:47 je souffre donc je suis
01:00:49 alors je souffre donc je suis
01:00:51 la portrait de la victime en héros de
01:00:53 Pascal Brunner, en fait
01:00:55 on a cette espèce de paradoxe extraordinaire
01:00:57 c'est que au fond
01:00:59 la victimologie
01:01:01 enfin je dirais
01:01:03 l'air de ces régions victimes
01:01:05 est-ce que c'est pas quand même, alors justement
01:01:07 vous en parlez aussi, est-ce que c'est pas quand même
01:01:09 tout ça, non pas franco-français
01:01:11 mais occidentalo-occidental
01:01:13 est-ce que c'est quelque chose du genre ça
01:01:15 parce que quand on voit ce qui se passe en Chine
01:01:17 en Inde ou ailleurs, je vais vous donner
01:01:19 un exemple très précis par rapport aux victimes
01:01:21 j'aimerais avoir votre réaction
01:01:23 tout le monde parle, les écologistes les premiers
01:01:25 la voiture électrique, les bienfaits électriques
01:01:27 et l'éolienne, mais quand on sait que le cobalt
01:01:29 et les terres rares sont
01:01:31 cultivées par des gens
01:01:33 dans les cancercités
01:01:35 de gosses de 10 ans qui vont
01:01:37 extraire le cobalt et qui attrapent des leucémies
01:01:39 là c'est drôle, les bien-pensants
01:01:41 n'en parlent pas, de ces victimes
01:01:43 que ce soit en Afrique ou ailleurs
01:01:45 de gens si vous voulez, on sait très très bien
01:01:47 que ça coûte très cher, je parle même en vie
01:01:49 humaine et en santé, et on a l'impression
01:01:51 est-ce que c'est occidentalo-occidental
01:01:53 ce je souffre
01:01:55 dont je suis ?
01:01:57 - Oui, alors c'est les deux choses
01:01:59 à l'intérieur des sociétés, effectivement, il n'y a que nos
01:02:01 que nos démocraties
01:02:03 qui se soucient à ce point des victimes, des discriminations
01:02:05 d'ailleurs c'est tout à leur honneur
01:02:07 parce qu'il faut toujours distinguer deux choses
01:02:09 la victime, que l'on doit assister
01:02:11 quand quelqu'un a un accident
01:02:13 dans la rue, ou tombe malade
01:02:15 il faut lui porter secours
01:02:17 donc ça c'est un héritage du judéo-christianisme
01:02:19 c'est une très bonne chose
01:02:21 et la victimisation c'est autre chose, c'est une perversion
01:02:23 de ce sentiment qui est
01:02:25 noble, et qui est
01:02:27 une manière pour des gens qui ne souffrent de rien
01:02:29 d'autre que du malheur d'être né un jour
01:02:31 que de se draper dans cet
01:02:33 habit-là et de dire
01:02:35 "mais attendez, moi aussi j'ai souffert, moi aussi je mérite la considération
01:02:37 des autres" - C'est la libide
01:02:39 du rien faire aussi
01:02:41 quelque part - Oui, c'est la libide
01:02:43 de la passivité, mais c'est aussi une manière
01:02:45 de se dire victime, c'est une manière d'être
01:02:47 reconnue dans un statut
01:02:49 qui est tout à fait particulier
01:02:51 parce que si vous pouvez être qualifié
01:02:53 de victime, vous êtes haussé en quelque
01:02:55 sorte sur un piédestal, vous rentrez
01:02:57 dans un rituel
01:02:59 nouveau, dans une aristocratie
01:03:01 tout à fait extraordinaire
01:03:03 c'est la sainte famille
01:03:05 des victimes, et si
01:03:07 vous pouvez avoir ce statut à vie
01:03:09 et bien vous êtes évidemment protégé, vous échappez
01:03:11 au cycle des obligations
01:03:13 du citoyen ordinaire qui lui n'est ni victime
01:03:15 ni héros, ni bourreau
01:03:17 mais qui est un homme ou une femme quelconque
01:03:19 qui souffre un peu mais pas assez
01:03:21 pour qu'on lui pose l'estampille royale
01:03:23 sur la tête
01:03:25 et ce qu'il faut remarquer aussi
01:03:27 c'est que le sentiment victimaire
01:03:29 fonctionne au niveau international
01:03:31 puisque c'est le propre des
01:03:33 despotes et des
01:03:35 régimes criminels ou des groupes
01:03:37 criminels que de justifier
01:03:39 leurs attaques
01:03:41 par "on m'a blessé"
01:03:43 "on nous persécute"
01:03:45 "on a dit du mal de nous"
01:03:47 "on nous a humilié depuis des siècles par le colonialisme"
01:03:49 "occidental" et par conséquent
01:03:51 nous avons le droit de venir vous égorger
01:03:53 dans vos maisons
01:03:55 parce que vous avez été méchant avec nous
01:03:57 c'est notamment la rhétorique des djihadistes
01:03:59 même Daesh utilise
01:04:01 cette rhétorique là
01:04:03 - Et quelques émutions on a entendu, vous nous avez colonisés
01:04:05 maintenant c'est à nous de vous coloniser
01:04:07 - Oui, oui, oui
01:04:09 exactement, oui, oui
01:04:11 mais, ben, oui
01:04:13 c'est la vengeance
01:04:15 c'est la réciprocité
01:04:17 mais ce qui est fou c'est pas qu'il dise ça
01:04:19 car après tout on peut très bien comprendre la colère d'un certain nombre de gens
01:04:21 c'est qu'il y ait chez nous des intellectuels
01:04:23 pour nous dire "ah oui vous avez raison, bravo"
01:04:25 "oui, oui, je m'offre
01:04:27 à votre dague, à votre épée
01:04:29 j'offre mon coup à votre couteau
01:04:31 je vous en prie, tuez-nous
01:04:33 nous le méritons" ça c'est pas
01:04:35 une réaction très saine, surtout qu'en général
01:04:37 les gens qui veulent nous coloniser à leur tour
01:04:39 sont des gens qui commencent
01:04:41 par opprimer leur peuple
01:04:43 soit en Afrique, soit en Asie, soit en Amérique latine
01:04:45 et je pense que la vengeance
01:04:47 n'est pas un sentiment à cultiver
01:04:49 dans une nation démocratique
01:04:51 - Bien sûr, mais alors justement, à quoi attribuez-vous
01:04:53 cette espèce, je dirais pas peut-être
01:04:55 de masochisme, encore qu'on peut se poser la question
01:04:57 de tous ces intellectuels
01:04:59 qui disent "oui, oui, c'est notre faute, repentons-nous
01:05:01 repentons-nous" c'est quoi ?
01:05:03 C'est un judéo-christianisme mal digéré
01:05:05 de dire "oui, nous sommes les coupables
01:05:07 effectivement, vous avez raison"
01:05:09 c'est la culture de l'excuse, les marchands d'excuses
01:05:11 - Oui, alors
01:05:13 effectivement, ça puise directement
01:05:15 aux sources de la Torah
01:05:17 et des évangiles
01:05:19 mais je crois que c'est aussi
01:05:21 un accès de mégalomanie
01:05:23 c'est-à-dire qu'au fond, les intellectuels
01:05:25 de gauche ou d'extrême-gauche, voire d'extrême-droite
01:05:27 qui expliquent que nous avons
01:05:29 colonisé, que nous continuons à coloniser
01:05:31 que nous sommes par nature impérialistes
01:05:33 et que le blanc ne peut pas être autre chose
01:05:35 qu'un raciste
01:05:37 de par la couleur de son épiderme
01:05:39 sont en fait des gens qui veulent continuer
01:05:41 à voir l'Occident
01:05:43 trôner en haut des cieux
01:05:45 et donc
01:05:47 nous voulons les
01:05:49 titulaires
01:05:51 apostoliques et universels
01:05:53 de la barbarie dans le monde, je me souviens
01:05:55 d'ailleurs d'un article d'Edgar Morin
01:05:57 paru au début du siècle là-dessus en disant
01:05:59 que "oui, il faut se méfier de la barbarie"
01:06:01 tout en se souvenant qu'il n'y en a qu'une sur Terre
01:06:03 c'est la barbarie occidentale
01:06:05 - Carrément, ouais
01:06:07 - Quand tu avais dit ça dans un article, ça m'avait frappé
01:06:09 c'est une façon en quelque sorte de gonfler son torse
01:06:11 de dire que c'est encore nous
01:06:13 qui sommes au sommet de l'histoire
01:06:15 alors qu'on voit bien avec l'émergence de la Chine
01:06:17 de l'Inde ou du Brésil
01:06:19 on voit bien que nous ne sommes plus
01:06:21 les maîtres de l'histoire, c'est fini
01:06:23 nous ne sommes plus les maîtres du monde
01:06:25 nous en sommes un département, certes encore riche
01:06:27 mais nous ne faisons plus
01:06:29 la pluie et le beau temps aux quatre coins
01:06:31 des continents
01:06:33 - Et c'est vrai que rappelez ce que vous avez dit de Sartre
01:06:35 quand on tue un européen, c'est la préface
01:06:37 aux "Derniers de la Terre" de Frantz Fanon
01:06:39 quand on tue un européen, on fait deux hommes libres
01:06:41 l'européen qu'on élimine
01:06:43 et le colonisé qui se libère
01:06:45 - Oui, alors c'est
01:06:47 très maladroit, je crois
01:06:49 que même Frantz Fanon
01:06:51 avait été un peu choqué par cette
01:06:53 préface
01:06:55 peut-être parce qu'il était un peu plus nuancé dans le fond
01:06:57 de sa pensée, mais cette
01:06:59 évidemment cette phrase a été beaucoup reprochée à Sartre
01:07:01 et c'est malheureusement dans la suite
01:07:03 de beaucoup de ses engagements malheureux
01:07:05 en faveur du communisme, en faveur du
01:07:07 stalinisme, en faveur du gauchisme
01:07:09 alors Béni Lévy
01:07:11 alias Paul Victor à la fin de sa vie
01:07:13 a essayé de l'orienter
01:07:15 - Pierre Victor - Pierre Victor, pardon, tout à fait
01:07:17 vers d'autres choses
01:07:19 mais l'immense talent de Sartre
01:07:21 parce que moi je ne peux pas
01:07:23 renier presque un génie
01:07:25 dans le style
01:07:27 c'est fourvoyé dans des engagements politiques
01:07:29 qui sont aujourd'hui considérés
01:07:31 comme abominables, il faut toujours opposer à Sartre
01:07:33 deux grandes figures, Raymond Aron
01:07:35 qui ne s'est pratiquement jamais
01:07:37 trompé, sur l'Algérie il avait fait un livre
01:07:39 merveilleux où il expliquait
01:07:41 quatre ans avant la décolonisation
01:07:43 qu'il fallait quitter l'Algérie
01:07:45 voilà, que c'était une question
01:07:47 politique évidente
01:07:49 et Albert Camus évidemment
01:07:51 - Mais justement, alors, mais par rapport
01:07:53 à aujourd'hui, vous citez des grandes figures
01:07:55 je ne sais pas du passé, mais enfin
01:07:57 - Oui du passé, oui, mais qui continuent à nous inspirer
01:07:59 - Absolument, mais
01:08:01 encore une fois pour sortir même des intellectuels
01:08:03 enfin du milieu
01:08:05 simplement, il y a
01:08:07 quelque chose qui est tout à fait frappant
01:08:09 est-ce que c'est de l'électoralisme de la part
01:08:11 parce que les politiques qui rejoignent cela
01:08:13 et les noms vous les connaissez aussi
01:08:15 bien que moi, Pascal Bruckner
01:08:17 ce qui est extrêmement frappant
01:08:19 c'est quand même ce côté
01:08:21 je voudrais que vous me disiez ce que vous en pensez
01:08:23 quand il y a eu, vous savez, le Bataclan
01:08:25 on en parle beaucoup par rapport à ce qui s'est passé
01:08:27 en Russie, parce que c'est
01:08:29 assez semblable, même si
01:08:31 la comparaison n'est pas raison, mais
01:08:33 vous vous rappelez un livre qui a eu beaucoup de succès
01:08:35 qui s'appelait "Vous n'aurez pas ma haine"
01:08:37 donc de la part de quelqu'un dont la femme a été
01:08:39 massacrée, enfin a été tuée au Bataclan
01:08:41 "Vous n'aurez pas ma haine"
01:08:43 est-ce que cela ne correspond pas un peu à cette
01:08:45 espèce, c'est-à-dire, oui, oui, effectivement
01:08:47 alors vous en parlez dans votre livre
01:08:49 vous dites "il ne s'agit pas de se venger de la même façon"
01:08:51 mais enfin, est-ce qu'il faut pardonner, c'est quoi
01:08:53 je veux dire, il y a quand même quelque chose
01:08:55 moi je ne sais pas si
01:08:57 des gens très proches de moi se font massacrer
01:08:59 je ne sais pas si j'aurais envie de dire "Vous n'aurez pas ma haine"
01:09:01 - Je pense qu'on a d'abord
01:09:03 la haine et l'esprit de vengeance
01:09:05 c'est la première réaction normale
01:09:07 d'ailleurs on peut dire que les soldats américains qui ont débarqué sur les
01:09:09 plages de Normandie en juin 1944
01:09:11 ne disaient pas aux nazis "nous vous aimons
01:09:13 nous allons vous offrir des roses" non, ils voulaient les abattre
01:09:15 on peut pardonner une fois que l'ennemi
01:09:17 est à terre, une fois que l'ennemi a été battu
01:09:19 et s'il lui-même
01:09:21 implore notre pardon
01:09:23 mais tant que l'ennemi n'implore pas
01:09:25 notre pardon, il n'y a rien à lui accorder
01:09:27 et la haine
01:09:29 ou en tout cas l'hostilité
01:09:31 continue
01:09:33 à régner
01:09:35 donc il ne faut pas
01:09:37 précipiter le mouvement
01:09:39 bien sûr que la haine est un sentiment
01:09:41 stérile et qui entretient
01:09:43 les hostilités d'une génération
01:09:45 à l'autre, mais enfin pour que la haine
01:09:47 cesse, il faut d'abord que la victoire
01:09:49 soit acquise, et après on peut se réconcilier
01:09:51 avec les descendants ou avec
01:09:53 ceux de nos ennemis qui n'ont pas
01:09:55 les mains couvertes de sang, et la réconciliation
01:09:57 franco-allemande a eu lieu
01:09:59 10 ou 15 ans après la
01:10:01 défaite totale absolue de l'Allemagne nazie
01:10:03 et c'était la condition
01:10:05 pour que de Gaulle
01:10:07 se réconcilie avec Adenauer. - Et puis on a bien vu
01:10:09 que les vietnamiens ne sont pas en train, les petits-fils
01:10:11 des vietnamiens, c'est pas si loin, ne sont pas en train
01:10:13 d'assassiner et de gorger les américains
01:10:15 tant que Dieu sait ce qui s'est passé. - Et pour une raison simple
01:10:17 c'est que le Vietnam
01:10:19 qui est un pays magnifique
01:10:21 a vaincu et les français et les américains
01:10:23 et ça vous savez quand on a une victoire militaire
01:10:25 et puis c'est un peuple
01:10:27 qui bâtit l'avenir
01:10:29 qui construit, alors c'est
01:10:31 un régime communiste donc évidemment très loin
01:10:33 de nos libertés, mais c'est
01:10:35 quand même effectivement, les américains
01:10:37 sont maintenant les alliés des
01:10:39 vietnamiens contre l'impérialisme chinois
01:10:41 c'est quand même un renversement hallucinant.
01:10:43 - Je crois que nous avons des auditeurs
01:10:45 - Oui une auditrice, c'est Joël qui nous appelle
01:10:47 depuis le Var, bonjour Joël. - Bonjour Joël
01:10:49 - Oui bonjour, bonjour, bonjour
01:10:51 merci de
01:10:53 prendre mon appel, moi je voulais
01:10:55 rebondir un petit peu sur ce que
01:10:57 a dit votre invité
01:10:59 monsieur Wauquner, c'est ça ? - Brugler
01:11:01 - Oui, Wauquner
01:11:03 en ce qui concerne
01:11:05 la politique d'état de providence
01:11:07 tout à l'heure
01:11:09 bon ben un peu
01:11:11 comment dirais-je, induite
01:11:13 par De Gaulle et les communistes
01:11:15 en même de la guerre de 40-45
01:11:17 par contre
01:11:19 je sais pas
01:11:21 je pense pas que ce soit
01:11:23 cette politique là
01:11:25 qui soit la responsable de la faillite de l'état
01:11:27 aujourd'hui
01:11:29 parce qu'en fait, bon peut-être que
01:11:31 je déborde un peu - Non non on parlait
01:11:33 vraiment du point de vue de la culpabilité
01:11:35 du point de vue, vous voyez, des victimes
01:11:37 c'est pas sur
01:11:39 l'économie, c'est encore autre chose
01:11:41 - Non bon d'accord, parce que
01:11:43 bon je voulais dire que
01:11:45 oui mais quelque part la culpabilité
01:11:47 si vous regardez bien
01:11:49 ça veut dire que en fait le peuple
01:11:51 est presque
01:11:53 comment dirais-je, coupable
01:11:55 de recevoir des aides
01:11:57 or ces aides elles sont pas gratuites
01:11:59 - Non mais sûr on les paye - Vous voyez ce que je veux dire ?
01:12:01 - Non mais sûr, mais sûr - Donc si on va sur la culpabilité
01:12:03 on peut aller jusque là
01:12:05 voilà, après je suis complètement
01:12:07 d'accord avec ce que dit
01:12:09 votre invité sur le sentiment d'humiliation
01:12:11 bah écoutez je suis
01:12:13 blanche, française
01:12:15 européenne et je me
01:12:17 sens pas coupable de quoi que ce soit
01:12:19 - Ah oui il n'y a pas de raison
01:12:21 - Je sais qu'il s'est passé
01:12:23 des choses horribles
01:12:25 et de tous les côtés, je pense
01:12:27 que malheureusement l'être humain
01:12:29 est capable
01:12:31 du meilleur comme du pire
01:12:33 dans toutes circonstances
01:12:35 et
01:12:37 voilà et je trouve que ce victimiser
01:12:39 ou se culpabiliser
01:12:41 c'est quelque chose de
01:12:43 déplacé
01:12:45 - C'est pas la solution, pas du tout - Non, pas du tout
01:12:47 - Pascal Brégard - Oui alors sur l'état Providence
01:12:49 ce qu'il génère en chacun de nous
01:12:51 et pour les jeunes générations
01:12:53 encore plus, puisqu'il est
01:12:55 relativement récent dans l'histoire de la France
01:12:57 c'est un sentiment d'insatisfaction perpétuelle
01:12:59 vous recevez des remboursements
01:13:01 de la sécurité sociale ou de votre mutuelle
01:13:03 vous dites quoi ? Ils me donnent que
01:13:05 24 euros mais c'est minable
01:13:07 vu ce que j'ai payé et donc
01:13:09 l'idée qui est sous-jacente
01:13:11 à ces remboursements
01:13:13 que nous payons des cotisations
01:13:15 c'est l'idée du jamais assez
01:13:17 vous savez François de Closette avait fait
01:13:19 il y a quelques années un livre qui avait
01:13:21 été un grand succès, c'était "Toujours plus"
01:13:23 et maintenant c'est jamais assez, je ne suis jamais
01:13:25 assez entouré, jamais assez dorloté
01:13:27 jamais assez considéré
01:13:29 et pour ce que je paye, je n'en ai pas pour mon argent
01:13:31 c'est la conversation qu'on avait
01:13:33 entre deux publicités sur les impôts
01:13:35 et effectivement
01:13:37 on a le sentiment qu'au lieu d'être
01:13:39 assisté, nous sommes
01:13:41 dépouillés
01:13:43 ce qui est faux sur le plan
01:13:45 comptable mais qui est un sentiment
01:13:47 subjectivement très fort. - Et en même temps
01:13:49 effectivement, ça rejoint
01:13:51 à autre chose, c'est où va l'argent ?
01:13:53 Parce que les gens payent aussi des impôts, des TVA
01:13:55 et se demandent quelques fois, quand on voit
01:13:57 on est à 5 milliards de dettes ou 3 milliards
01:13:59 de dettes avec ces déficits
01:14:01 qui se creusent, où ça va ? C'est une autre question
01:14:03 Je vois qu'on a un autre... - Oui, on va marquer
01:14:05 une dernière petite pause dans cette émission
01:14:07 et puis après on aura Jean-François qui nous appelle au 0826
01:14:09 300 300, à tout de suite sur Sud Radio
01:14:11 Sud Radio Bercov
01:14:13 dans tous ses états, appelé
01:14:15 maintenant pour réagir 0826
01:14:17 300 300
01:14:19 Ici Sud Radio
01:14:21 Les français
01:14:25 parlent au français
01:14:27 Je n'aime pas
01:14:29 la blanquette de veau
01:14:31 Je n'aime pas la blanquette de veau
01:14:33 Sud Radio Bercov dans tous ses états
01:14:35 De retour dans Bercov dans tous ses états
01:14:37 nous sommes toujours avec Pascal Bruckner
01:14:39 qui vient nous voir pour ce livre
01:14:41 "Je souffre donc je suis" aux éditions Grasset
01:14:43 et nous avions Jean-François
01:14:45 qui nous appelle depuis Valence. Bonjour Jean-François
01:14:47 Bonjour Jean-François, on écoute
01:14:49 Bonjour messieurs, merci beaucoup
01:14:51 de prendre mon appel et merci pour votre conversation
01:14:53 Je vous appelle
01:14:55 moi parce que
01:14:57 par rapport à ce que disait M. Bruckner, je voulais savoir
01:14:59 si pas le fait d'être victime
01:15:01 parce que le fait d'être victime c'est vraiment une maladie
01:15:03 enfin c'est quelque chose de difficile à vivre
01:15:05 mais le fait de se sentir victime
01:15:07 est-ce que c'est pas la chose
01:15:09 le fait qu'il y ait des gens qui se sentent victime, est-ce que c'est pas la chose
01:15:11 la plus dangereuse pour
01:15:13 la vie en collectivité en fait
01:15:15 et alors c'est vrai pour les gens
01:15:17 on le voit qui passent à l'acte
01:15:19 avec des attaques au couteau en France par exemple
01:15:21 mais c'est vrai aussi avec un
01:15:23 Netanyahou qui est complètement débridé
01:15:25 en Israël
01:15:27 c'est vrai aussi peut-être avec le Hamas
01:15:29 avec les attaques où ils se sont sentis
01:15:31 la capacité de faire le pire
01:15:33 et donc je me demandais
01:15:35 si le fait de se sentir victime
01:15:37 c'était pas le plus dangereux pour la vie en collectivité
01:15:39 et
01:15:41 la question sous-jacente à ça
01:15:43 c'est est-ce que l'éléphant dans la pièce de cette conversation
01:15:45 ça serait pas le raisonnement
01:15:47 identitaire, est-ce que le fait
01:15:49 de se raccrocher systématiquement
01:15:51 à un rattachement
01:15:53 identitaire, est-ce que c'était pas
01:15:55 le plus dangereux et on le voit
01:15:57 avec le phénomène que vous qualifiez de "woke"
01:15:59 le féminisme
01:16:01 etc. mais on le voit aussi
01:16:03 avec
01:16:05 ce qui se passe en Israël, en Palestine
01:16:07 avec tous les phénomènes de racisme
01:16:09 enfin bref
01:16:11 est-ce que le fait de raisonnement identitaire
01:16:13 c'est pas aussi un fonctionnement
01:16:15 qui est un peu dangereux et en fait
01:16:17 contre lequel il faudra aller lutter en fait.
01:16:19 - Pascal. - Alors effectivement
01:16:21 une société composée de victimes ne venait plus
01:16:23 viable parce que s'il n'y a que
01:16:25 68 millions de victimes en France
01:16:27 on peut plus diriger ce pays
01:16:29 chaque catégorie
01:16:31 et là je rejoins ce qu'a dit Jean-François
01:16:33 chaque catégorie se constitue en identité
01:16:35 en
01:16:37 c'est en bastion
01:16:39 - C'est ça, je peux faire n'importe quoi
01:16:41 puisque je suis victime. - Oui, comme je suis victime
01:16:43 j'ai tous les droits et je n'ai plus aucun devoir
01:16:45 donc ça c'est extrêmement dangereux
01:16:47 et
01:16:49 alors il y a un phénomène qui
01:16:51 marque quand même un tournant symbolique
01:16:53 me semble-t-il dans l'histoire récente
01:16:55 c'est après les événements du Bataclan
01:16:57 dont on a parlé tout à l'heure
01:16:59 le président Hollande propose
01:17:01 de décorer les victimes du Bataclan
01:17:03 la Légion d'honneur et le grand
01:17:05 chancelier de la Légion d'honneur dit que c'est hors de question
01:17:07 ça dénature la création de cette institution
01:17:09 et donc François Hollande
01:17:11 propose une médaille de reconnaissance
01:17:13 aux victimes du terrorisme
01:17:15 qui est en quatrième position dans la hiérarchie des récompenses républicaines
01:17:18 mais avant la croix de guerre et avant
01:17:20 les mérites des soldats
01:17:22 - Vous l'avez raconté dans votre livre, c'est étonnant ça
01:17:24 elle existe cette médaille
01:17:26 - Elle existe bien sûr et c'est étonnant parce que ça veut dire
01:17:28 que celui qui a subi
01:17:30 a plus de valeur que celui qui a agi
01:17:32 celui qui se bat
01:17:34 et donc que le passif a plus de valeur que l'actif
01:17:36 que le malheureux
01:17:38 est en quelque sorte mieux reconnu
01:17:40 que le valeureux
01:17:42 et c'est un renversement complet
01:17:44 c'est donc l'inversion, le héros désormais c'est la victime
01:17:46 d'ailleurs vous savez qu'à Paris
01:17:48 sur la plaque qui reconnaît
01:17:50 la mort d'Arnaud Beltrame
01:17:52 il est écrit
01:17:54 "Arnaud Beltrame victime de son héroïsme"
01:17:56 c'est quelque chose qui a été
01:17:58 hallucinant pour
01:18:00 les gens de la résistance
01:18:02 - On est victime de son héroïsme
01:18:04 - On est victime de son héroïsme alors qu'on aurait du dire
01:18:06 on est au contraire rehaussé par son héroïsme
01:18:08 un acte héroïque vous rend plus grand que les autres
01:18:10 parce que vous vous êtes sacrifié
01:18:12 pour une personne
01:18:14 et donc c'est cette confusion de la victime et du héros
01:18:16 qui est aujourd'hui très préoccupante
01:18:18 qui fait qu'effectivement
01:18:20 si nous ne savons pas résister
01:18:22 aux aléas d'existence
01:18:24 que nous traversons tous
01:18:26 nous allons créer des générations
01:18:28 de gens apeurés
01:18:30 qui ne seront pas capables d'affronter
01:18:32 les difficultés du monde à venir
01:18:34 - Et oui, et on le sent déjà
01:18:36 - On a Philippe qui nous appelle
01:18:38 depuis Caen, bonjour Philippe
01:18:40 - Oui, bonjour
01:18:42 Monsieur Brunner
01:18:44 - Bonjour André, oui vous l'aviez effleuré tout à l'heure
01:18:46 j'aimerais juste revenir sur
01:18:48 un cas de repentance
01:18:50 le fameux rapport de Benjamin Stora
01:18:52 sur les événements d'Algérie
01:18:54 après bon, on a nommé
01:18:56 la guerre de Tchérie
01:18:58 remis à Macron
01:19:00 il n'y a pas très longtemps, fin de 1931
01:19:02 et je vous rappelle que le gouvernement algérien
01:19:04 actuel désavoue
01:19:06 car le juge est encore trop négligent
01:19:08 pas assez de repentance
01:19:10 rédemption
01:19:12 pendaison pour la France
01:19:14 pour son histoire, bon je crois qu'il faut
01:19:16 là un moment ou un autre, il faut taper du poing
01:19:18 sur la table, il faut être responsable
01:19:20 il faut être forcété, il faut dire non
01:19:22 stop, même pour du gaz ou du pétrole
01:19:24 la France en aucun cas
01:19:26 ne se trahira
01:19:28 France fort pour une autre histoire
01:19:30 il faut
01:19:32 vraiment des hommes de pouvoir
01:19:34 et des hommes
01:19:36 vraiment qui représentent
01:19:38 notre nation, voilà
01:19:40 et ne pas se repentir
01:19:42 toujours par le bas
01:19:44 mais cela n'est pas, en aucun cas
01:19:46 au regard de ses
01:19:48 compétences intellectuelles
01:19:50 n'est pas une référence dans ce domaine
01:19:52 voilà. - Pascal Brugner, effectivement
01:19:54 cette histoire avec l'Algérie, c'est intéressant
01:19:56 parce que rappelons que, encore une fois
01:19:58 sans faire des jugements politiques
01:20:00 l'Algérie a rétabli, vous savez
01:20:02 dans son hymne national, le paragraphe
01:20:04 consacré à la France qui avait été supprimé
01:20:06 l'hymne national, je le rappelle, a été écrit
01:20:08 en pleine guerre d'Algérie, avant l'indépendance
01:20:10 et donc
01:20:12 il y a effectivement, on le sent très très très bien
01:20:14 d'ailleurs on en a parlé ici avec
01:20:16 l'ancien ambassadeur de France en Algérie
01:20:18 Théboune, qui remet trois fois
01:20:20 un exemple, France-Algérie
01:20:22 victime, bourreau, victime, bourreau
01:20:24 - J'en parle dans mon livre, j'ai
01:20:26 cinq pages sur l'Algérie
01:20:28 et effectivement la gestion de ce dossier par
01:20:30 le président de la République a très mal commencé
01:20:32 quand il était en Algérie en 2017
01:20:34 en disant "c'est un crime contre l'humanité"
01:20:36 et en réalité la volonté
01:20:38 d'Emmanuel Macron, c'est de faire pour l'Algérie
01:20:40 ce que Chirac avait fait pour les Juifs
01:20:42 en reconnaissant la responsabilité
01:20:44 de l'Etat dans les crimes de Vichy
01:20:46 sauf que c'est pas la même chose
01:20:48 les mots ont
01:20:50 un sens et on peut pas les utiliser
01:20:52 n'importe comment
01:20:54 et Macron avait commencé à avoir
01:20:56 une réflexion intéressante quand il a dénoncé
01:20:58 la rente mémorielle du gouvernement algérien
01:21:00 vis-à-vis de la France, sauf qu'il apeuré
01:21:02 par sa propre audace, il a fait
01:21:04 une marche arrière
01:21:06 et là-dessus, évidemment, nous sommes
01:21:08 l'objet d'un chantage permanent de la part des Algériens
01:21:10 et le
01:21:12 rapport Stora, c'est un peu une liste
01:21:14 à l'après-vers, vous savez, il faut
01:21:16 rendre la veste d'Abdelkader
01:21:18 il faut rendre les restes
01:21:20 des soldats morts
01:21:22 les boulets de canon tirés contre
01:21:24 le baie d'Alger
01:21:26 enfin c'est un peu n'importe quoi
01:21:28 moi je suis pour des rapports
01:21:30 apaisés et des rapports
01:21:32 de partenariat
01:21:34 et donc
01:21:36 moi j'aurais préféré
01:21:38 mais il y a 20 ans qu'un président de la République
01:21:40 reconnaisse "oui nous avons commis les crimes
01:21:42 en Algérie, vous en avez commis aussi
01:21:44 nous reconnaissons les nôtres,
01:21:46 reconnaissez les vôtres et maintenant nous sommes
01:21:48 deux nations fières et indépendantes
01:21:50 qui commerçons et négocions
01:21:52 en toute lucidité"
01:21:54 mais Macron est allé jusqu'à se fâcher avec le Maroc
01:21:56 ce qui est une absurdité parce que c'est quand même l'état
01:21:58 le plus stable du Maghreb
01:22:00 avec lequel nous avons le plus de liens aujourd'hui
01:22:02 et cette relation elle est corrompue
01:22:04 jusqu'à la moelle et moi je suis tout à fait
01:22:06 d'accord avec l'ancien ambassadeur
01:22:08 de France en Algérie
01:22:10 Xavier Triencourt qui demande de dénoncer
01:22:12 l'accord qui favorise
01:22:14 les échanges entre travailleurs
01:22:16 algériens et français
01:22:18 - L'accord de 68
01:22:20 - Quand Jacques Chirac est allé en
01:22:22 2004 en Algérie
01:22:24 il a été
01:22:26 entouré de centaines
01:22:28 de jeunes ou de milliers de jeunes qui criaient
01:22:30 "des visas, des visas" c'est à dire que si la France
01:22:32 c'est cette nation génocidaire et abominable
01:22:34 que décrit le pouvoir algérien
01:22:36 qui évidemment vit de sa rente pétrolière
01:22:38 comment se fait-il que tant d'Algériens
01:22:40 aient envie de venir chez nous et que tous les opposants
01:22:42 au pouvoir algérien
01:22:44 viennent se réfugier en France
01:22:46 donc là il faut clarifier
01:22:48 les relations, je crains que Macron ne soit pas
01:22:50 capable de le faire quand viendra le président algérien
01:22:52 Théboune - C'est qui vivra
01:22:54 verra là-dessus effectivement
01:22:56 "Je souffre donc je suis" lisez-le
01:22:58 c'est vraiment un livre qui vous ouvrira comme on dit
01:23:00 avec de Pascal Bruckner "Portrait de la victime en héros"
01:23:02 - Ouais c'est disponible
01:23:04 depuis une dizaine de jours aux éditions
01:23:06 merci beaucoup Pascal Bruckner
01:23:08 d'avoir été avec nous, André Berkonf on se retrouve
01:23:10 demain entre midi et 14h on sera en direct
01:23:12 à Lyon
01:23:14 édition spéciale à Lyon pour le salon
01:23:16 Medin PME 2024 ça commence demain
01:23:18 si vous êtes dans la région
01:23:20 lyonnaise venez passer une tête
01:23:22 au studio Sud Radio évidemment on fera
01:23:24 un petit coucou, merci beaucoup de nous avoir
01:23:26 écouté, tout de suite c'est Bruch Play sur Sud Radio à demain
01:23:28 Sud Radio
01:23:30 parlons vrai
01:23:32 parlons vrai