Michel Onfray passe en revue l’actualité de la semaine dans #FaceAMichelOnfray. Présenté par Laurence Ferrari.
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00:00 Et on se retrouve sur CNews pour notre rendez-vous du week-end face à Michel Onfray.
00:04 Bonjour Michel.
00:05 Bonjour.
00:05 Ravi de vous retrouver pour nos discussions au fil de l'actualité.
00:08 Une actualité encore très dense cette semaine, à la fois sur le plan national mais aussi international.
00:12 On va l'évoquer dans cette émission à la lumière de l'escalade des tensions entre l'Union européenne et surtout la France et la Russie.
00:19 Mais d'abord, si vous voulez bien, je crois que vous avez été marqué comme moi par la visite d'Emmanuel Macron à Marseille
00:24 pour lancer l'opération Place Net XXL dans la cité phocéenne qui est gangrénée par le trafic de drogue Marseille
00:31 qui serait devenue une narcoville, comme le disaient les magistrats marseillais auditionnés il y a quelques jours par le Sénat,
00:38 par une commission d'enquête parlementaire au Sénat.
00:40 On va d'abord écouter, Michel, le volontarisme affiché d'Emmanuel Macron et puis on va entendre ce que vous en pensez.
00:47 Emmanuel Macron.
00:48 L'objectif, c'est rendre la vie des trafiquants, des dealers, de toute la criminalité qui les accompagne, impossible.
00:55 Parce que justement, il n'y a pas de discours de défaite, parce qu'on n'a pas le droit d'avoir un discours de défaite.
00:59 La nation a investi de manière inédite des moyens, des postes, une organisation.
01:04 Il y a un travail remarquable qui a été fait par toutes les équipes et je veux vraiment saluer ici nos policiers, nos gendarmes,
01:11 l'ensemble des composantes de la police qui sont impliquées, nos douaniers.
01:14 Remercier aussi nos magistrats, nos greffiers, l'ensemble des services judiciaires qui ont été tous impliqués,
01:20 ont travaillé main dans la main pendant des semaines et qui vont pendant des semaines déployer cette action sur le territoire.
01:26 Voilà pour les paroles du président Macron. Qu'est-ce que ça vous inspire, Michel Enfray ?
01:31 Je pense qu'il est resté à l'époque où Mme Trugnot faisait des cours de théâtre et ils font du théâtre là.
01:36 C'est un jeu d'acteur pour vous ?
01:38 Oui, complètement, rien que ça. Et puis derrière, des gens qui sont, qui opinent du chef là. C'est assez drôle de voir ces gens qui...
01:44 Ce sont deux ministres, tous en l'occurrence.
01:47 Oui, mais on n'est pas obligé d'être zélé à ce point. Déjà être là comme une potiche, ça devrait suffire.
01:53 Mais là, la potiche hoche du chef, si je puis me permettre, et l'image audacieuse.
01:58 Je pense simplement qu'il y a un texte de Diderot, le paradoxe du comédien.
02:02 Il se demande, Diderot, si quand on joue le don Juan de Molière, par exemple, il faut être don Juan,
02:07 ou si on joue à être don Juan.
02:09 Alors lui, je ne sais pas s'il joue à être Macron ou s'il est Macron.
02:12 Et à un moment donné, on se dit, je pense qu'il doit attendre Brigitte Trugnot dans la salle en se disant "et j'étais bon, l'ai-je bien descendu ?"
02:19 Vous parlez de Brigitte Macron, évidemment.
02:21 À l'époque, elle s'appelait Mme Trugnot puisqu'elle était sa professeure de théâtre.
02:25 Et donc, il est resté sur ce terrain là. Il parle, il n'arrête pas. Il n'arrête pas.
02:29 Il va au salon de l'agriculture, c'est "allez, je les prends, je retourne la manche, la venez ici, on va parler, vous allez voir".
02:34 Et puis il fait de l'impro, comme on dit quand on fait du théâtre, il fait de l'improvisation.
02:37 Mais il ne croit pas une seconde, il ne peut pas y croire une seconde.
02:40 Si vraiment on veut y croire, ce n'est pas compliqué. Il dit "je vais faire ceci, je vais faire cela, il y aura ceci de concret, etc."
02:44 Et encore, il le dit parfois et ça n'est jamais suivi des faits.
02:47 Vous dites que c'est une palinodie. Pourquoi ? Qu'est-ce que ça veut dire "palinodie" ? C'est faire semblant ?
02:50 Oui, il fait semblant, il joue. Il fait semblant, il joue, il joue.
02:53 Il est comme un enfant, si vous voulez, vous savez, des enfants qui disent "je serai président de la République,
02:58 on serait président de la République, mes petits enfants qui sont comme ça, je serai la princesse et tu serais le chevalier".
03:02 Et puis ils sont princesse, ils sont chevaliers. Sauf qu'il n'a pas assez l'âge, quoi. Il n'a pas assez l'âge de faire semblant.
03:07 Ceci dit, pour le décharger, lui, on dira qu'ils font tous à peu près la même chose depuis Maastricht.
03:12 Ils sont condamnés à ça. Depuis qu'on ne peut plus agir politiquement puisqu'on a perdu la souveraineté, il vous reste quoi ?
03:16 Le ministère de la Parole ? Le ministère du Verbe ? J'arrive, ça va changer, ça n'est pas possible.
03:21 Il y a un attentat, vous avez la feuille, vous savez, il y a quasiment de petites croix à remplir.
03:25 Et puis on dit "ça restera impuni, ça ne peut pas rester comme ça".
03:28 Le terrorisme ne passera pas.
03:29 Ça ne passera pas, c'est déjà passé, etc. Alors, c'est guignolesque mais c'est terrible en même temps.
03:35 Parce que ça dévalue la parole politique et présidentielle.
03:38 Il n'y a plus aucun poids. Déjà, il n'en a pas parce que le pouvoir a disparu, il n'est plus à Paris, il n'est plus à l'Elysée.
03:44 Mais ensuite, le peu qu'il a, c'est-à-dire un peu de symbolique, un peu de puissance, un peu de pouvoir,
03:48 de mobilisation du symbole et du mythe français ou ce genre de choses, il ne le fait même plus.
03:53 Et puis on a tous les dealers qui, une fois qu'il est parti, disent "bon ben ça va, vous pouvez revenir, ils sont partis, on s'est déplacés,
03:59 ça nous a fait une petite journée de congé un peu obligatoire, on a pris nos RTT, mais on revient et puis ça continue comme avant".
04:05 Et puis il le sait bien. Et puis il va faire la même chose ailleurs.
04:07 Il l'avait fait avec les agriculteurs, il le fait avec les chefs d'État européens sur la question de l'Ukraine.
04:13 Enfin, il donne des petites leçons, puis il s'en retourne, il part.
04:16 On va en parler tout à l'heure de l'Ukraine.
04:18 À la lumière aussi de cette visite à Marseille, il y avait des séquences assez hallucinantes de dialogues avec des bassins qui l'interpellaient,
04:25 qui sur l'Ukraine, qui sur Gaza, énormément.
04:27 Et on avait l'impression que tout le monde parlait au même niveau, qu'il y avait une espèce de parole présidentielle au niveau du simple qui-dame.
04:35 Ça c'est gênant pour vous ?
04:36 Mais oui, d'autant qu'il a théorisé la rareté de la parole présidentielle.
04:40 Il a dit qu'il voulait une présidence jupitérienne.
04:42 Il n'est pas allé jusqu'à dire qu'il serait Jupiter, mais qu'il aurait une présidence jupitérienne,
04:45 c'est-à-dire apparition du Dieu, quand il apparaît, on se dit "attention, c'est Dieu et sa parole pèse".
04:50 Quand le général de Gaulle faisait des conférences de presse, les gens savent assez peu, mais il apprenait par cœur.
04:55 Il écrivait, il rédigeait, il apprenait par cœur.
04:57 Et quand on lui posait une question, alors peu importe la question qu'on lui posait, il disait "j'ai bien compris que..."
05:02 Une autre question, une autre question, je vais vous répondre globalement, puis il faisait son discours et il tenait son propos.
05:06 C'est-à-dire qu'il ne pouvait pas se faire surprendre.
05:08 La parole du chef de l'État est lourde.
05:10 Vous parlez, vous êtes écoutés par la planète entière.
05:12 Lui, il dit "moi j'improvise".
05:14 Il y a un petit là qui lui dit "il faudrait que tu dises à tes CRS..."
05:17 Peut-être qu'il connaît très bien ses dossiers aussi, Michel Enfray.
05:19 Non, il fait sans doute.
05:20 Il connaît tous les chiffres...
05:21 Ben ça il en connaît.
05:22 ...pour l'agriculture, il était absolument incollable...
05:24 Tous les gamins qui ont fait Sciences Po sont capables de ce genre de choses.
05:27 Ils maîtrisent des dossiers, ils ont un peu de mémoire.
05:29 Mais ceci dit, il dit "sur Gaza, allons-y".
05:32 Sur le garçon qui lui dit "bon, il faudra dire à vos CRS qu'ils arrêtent de nous canarder", quoi.
05:36 On ne répond pas à ça.
05:38 On lui dit "mais cher monsieur, je vais vous donner une petite leçon, je vais vous expliquer ce que fait la police".
05:41 La police, elle est républicaine, si elle vous envoie 2-3 projectiles, c'est que vous les avez mérités.
05:45 Et si vous les avez mérités, c'est que peut-être vous pouvez vous reprocher des choses à vous,
05:48 mais ne reprochez pas à la police que je soutiens, etc.
05:50 Je crois qu'il a fait à peu près ça quand même, dans le milieu.
05:53 Il dit "oui, ces gens-là sont là pour vous protéger", mais vaguement, quoi.
05:56 On est un peu plus incisif, on est un peu plus agressif.
05:58 On ne fait pas l'instituteur avec des gamins comme ça,
06:00 qui sont probablement parmi ceux qui...
06:02 Enfin, je n'en sais rien, je ne peux pas faire de procès d'intention,
06:04 mais qui pourraient faire partie de ceux à qui on a demandé de prendre un jour de congé ce jour-là.
06:09 Peut-être. Il y a aussi tout le volet justice magistrat dans cette séquence.
06:13 Marseille, parce que je le disais il y a quelques jours, plus d'une quinzaine de jours,
06:17 des magistrats marseillais avaient été auditionnés par le Sénat,
06:20 et leur constat était absolument effrayant et implacable.
06:23 Ils disaient "la guerre contre les narcotrafiquants est en train d'être perdue".
06:26 On va écouter Isabelle Couder, magistrate marseillaise, qui le disait ainsi.
06:31 Le narcotrafic touche en premier lieu la ville de Marseille.
06:35 Je pense que Marseille est la seule ville de France gangrénée à ce point par le trafic de drogue,
06:41 l'économie souterraine que ce trafic induit et les règlements de comptes qui en découlent.
06:46 Il me semble que cette ville a basculé comme aucune autre dans le narcotrafic.
06:51 Le trafic de drogue et les assassinats liés aux stupéfiants existent partout en France,
06:56 mais jamais, à mon sens, dans la dimension que ce fléau a pris à Marseille,
07:00 et c'est ce que nous disent les collègues des autres juridictions lorsque nous échangeons avec eux.
07:06 Je crains que nous soyons en train de perdre la guerre contre les trafiquants à Marseille.
07:10 Voilà pour ce que disait Isabelle Couder, magistrate de la ville.
07:13 Et puis le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, qu'on a vu sur les images il y a quelques instants,
07:18 a passé au magistrat à la fin de la visite présidentielle un savon, littéralement un savon,
07:22 à ces magistrats, aux procureurs, en leur disant "vous n'auriez pas dû dire ça,
07:25 en gros vous n'auriez pas dû dire la vérité".
07:27 Est-ce qu'un garde des Sceaux devrait faire cela ?
07:30 - Normalement non, mais avec celui-ci oui, on sait que ça se passe plutôt comme ça.
07:34 C'est très drôle cette façon de se comporter avec la vérité, c'est-à-dire on ne veut pas de la vérité.
07:38 Elle est formidable cette femme, je pense qu'elle a la retraite là maintenant, ce soir.
07:41 - Je ne crois pas, mais il paraît qu'elle a regretté ce qu'elle a dit, mais c'est ce que disait le garde des Sceaux.
07:47 - Oui, on a tendance à ne pas forcément croire ce que dit le garde des Sceaux,
07:50 mais elle est formidable cette femme.
07:52 Si on avait plein de gens pour dire la vérité comme ça, un peu partout,
07:55 des inspecteurs d'académie dans l'éducation nationale, des haut-gradés dans l'armée, etc.
08:00 Je sais d'ailleurs que nombreux le pensent.
08:02 Elle, elle a le courage de le dire, je n'accable pas ceux qui n'ont pas le courage.
08:06 Je dis simplement que quand des gens disent "le réel est ainsi, si vous voulez qu'on fasse de la politique,
08:09 faites avec le réel, pas avec vos fictions",
08:12 simplement on va faire quoi ? On va punir cette dame.
08:15 On va lui dire "on la met au placard, on la met en retraite anticipée"
08:19 ou on lui passe un savon en lui disant "vous n'auriez pas dû dire une chose pareille".
08:22 Pourquoi ? Parce que ça fait le jeu de l'extrême droite, assez probablement.
08:25 - Peut-être. Il y a autre chose dans les propos du garde des Sceaux qui vous a interpellé.
08:29 Il a évoqué aussi et dénoncé les fumeurs de cannabis, les consommateurs.
08:33 Il dit "celui qui fume son petit pétard le samedi, ce pétard-là a le goût du sang séché sur le trottoir".
08:39 Quelle image !
08:41 - C'est beau comme l'antique. Mais s'il veut vraiment être crédible, moi je lui propose un truc.
08:44 Vous savez, moi quand je suis dans des aéroports, je vois des chiens qui sont des chiens en ifleur.
08:47 Et quand vous vous dites "moi ça va, je ne suis pas consommateur de ce genre de choses",
08:51 mais ceux qui consomment doivent se dire "ouh là là".
08:54 Et je me souviens d'une fois, je crois que c'était à l'île Maurice,
08:57 où il y avait des panneaux qui disaient que quiconque faisait du trafic de drogue
09:00 était susceptible d'encourir la peine de mort ou la prison à vie ou je ne sais plus quoi, etc.
09:03 Il y a quelque chose d'extrêmement simple.
09:05 Ces chiens sont capables de renifler la présence de drogue.
09:08 Alors qu'ils le fassent par exemple au Conseil des ministres, qu'ils le fassent au Molière, qu'ils le fassent au César,
09:13 et qu'on fasse rentrer quelques chiens et qu'on dise "ah c'est juste pour rire".
09:15 - Vous pensez que les politiques consomment de la drogue ?
09:17 - Oui, et à l'Assemblée nationale, je pense aussi dans les hauts lieux de la culture,
09:21 par exemple les César, les Molières, on pourrait faire ça, ce serait assez drôle.
09:25 Et puis à ce moment-là on pourrait faire un vrai débat sur les gens qui sont des consommateurs.
09:28 Moi je souhaiterais effectivement qu'on arrête de taper sur toujours les mêmes.
09:31 Alors je veux bien les petits gamins des banlieues qui se cient, qui se lamentent,
09:33 "c'est terrible, c'est terrible, c'est terrible".
09:35 Ça vient d'où et ça va où ?
09:37 Elle vient d'où la drogue ?
09:39 Elle vient pour un tiers pour les fumettes là du samedi soir du Maroc.
09:43 Qu'est-ce qu'on fait avec le roi du Maroc ?
09:45 Ça vient d'Afghanistan, qu'est-ce qu'on fait avec l'Afghanistan ?
09:47 Et quand il y avait des présences occidentales,
09:49 on préférait détruire des villages parce qu'il y avait des talibans,
09:52 plutôt que détruire des productions de drogue.
09:54 Les champs, c'est où ils sont aujourd'hui avec les satellites,
09:58 on sait où sont ces champs-là.
09:59 Il y a le Pakistan également.
10:01 On laisse faire, on ne dit rien pour ceux qui produisent,
10:04 on dit pour ceux qui vendent parce que là, c'est pas bien,
10:07 et pour ceux qui consomment, souvent le business, le showbiz,
10:10 enfin quand même, il y a eu des chaînes qui étaient spécialisées dans la consommation de la coke,
10:13 il y avait des noms de gens, on disait qu'il y avait des salariés remplis de coke, etc.
10:16 Ces gens-là, ils ne vont jamais en prison.
10:18 Ils sont même plutôt un peu honorés.
10:20 Donc il y a un moment donné où on se donne les moyens,
10:22 et on se dit oui, et puis on fait une descente dans un collège.
10:24 Moi je sais que, enfin bon je ne vais pas donner de nom,
10:27 mais dans un collège de sous-préfecture, il y avait des gamins qui fumaient des pétards,
10:30 collège hein, avant 8h du matin, qui avaient déjà fumé des pétards avant d'entrer en cours.
10:34 Donc c'est très bien que si vous avez quelques chiens ici,
10:36 vous allez trouver des enfants qui sont des consommateurs.
10:38 Maintenant vous allez faire quoi ?
10:40 Des consommateurs que vous allez trouver, c'est aussi ça ?
10:42 Il faut arrêter de dire ce genre de choses,
10:44 parce que le sang séché, tout ça c'est formidable.
10:46 Il y a quelqu'un qui est une belle plume au cabinet de M. Di Pomoretti,
10:49 mais ceux qu'on arrête, on en fait quoi ?
10:51 On leur dit c'est pas bien, on leur dit il ne va pas falloir continuer,
10:54 on leur donne une toute petite amende, et puis ça continue.
10:56 Donc on ne peut pas laisser croire aux gens qu'on va s'attaquer vraiment au problème.
10:59 C'est une économie extrêmement importante en France,
11:02 et on sait très bien que pour avoir la paix sociale,
11:04 le président de la République ne touchera jamais à cette économie.
11:07 Là ce sont des effets d'annonce, parce qu'il ne faut pas toucher à cette économie,
11:09 sinon c'est la France qui est à feu et à sang, et ce n'est pas le moment.
11:12 Encore en matière de sécurité, j'aimerais évoquer avec vous Michel Onfray
11:15 cette attaque contre un commissariat à la Courneuve,
11:18 qui était une réponse à la mort d'un jeune qui s'appelle Juanis,
11:23 qui avait percuté une voiture de police quelques jours auparavant à Aubervilliers
11:28 lors d'un refus d'obtempérer.
11:29 Je précise que le parquet, dans l'affaire de la mort de ce jeune homme,
11:32 a précisé qu'il s'agissait d'une collision accidentelle,
11:34 tandis que l'avocat de la famille de la victime accuse les policiers
11:37 de l'avoir percuté volontairement. L'enquête est en cours.
11:40 Ça n'a pas empêché Michel Onfray et les députés de la France Insoumise
11:43 d'accuser les policiers de meurtre et de racisme.
11:46 Écoutez l'un d'entre eux à l'Assemblée.
11:48 La peine de mort est-elle abolie pour tout le monde dans notre pays ?
11:53 Je veux commencer par rendre un hommage à Juanis, 18 ans,
11:56 dont la vie a été fauchée par la police pour un refus d'obtempérer.
12:01 Sa mort nous questionne.
12:03 La présomption de légitime défense défendue par l'extrême-droite
12:08 s'applique-t-elle déjà aux jeunes de nos quartiers ?
12:10 Près d'un an après le meurtre de Nahel, tué à bout portant par les policiers,
12:15 que reste-t-il ? Son nom a été sali, sa maman a été insultée,
12:20 ses soutiens ont été bestialisés.
12:22 Et son bourreau, lui, a empoché plus d'un million d'euros
12:26 et a été traité comme un héros par toutes celles et ceux
12:29 qui abîment la République au quotidien.
12:32 Vous entretenez une société inhumaine, injuste,
12:36 où les jeunes racisés, eux, sont tués dans nos quartiers
12:39 pour un seul repus d'obtempérer.
12:42 Voilà pour les propos de ce député de la France Insoumise.
12:44 Qu'est-ce qui vous choque, Michel Onfray, là-dedans ?
12:46 Tout. Le fait que M. Boyard se lève, et puis lui aussi, au pigne du chef,
12:50 comme les chiens sur l'arrière des voitures, vous savez,
12:53 alors qu'il nous a fait savoir qu'il avait prétendument payé des études,
12:56 il n'a pas dû dealer beaucoup parce que les études ne l'ont pas conduit très loin,
12:59 mais que pour payer ses études, il était dealer.
13:02 Et il est là en train de nous expliquer que, effectivement, les dealers sont des gentils,
13:05 pendant que les policiers qui sont censés arrêter les dealers sont des méchants
13:07 et même sont plutôt des tueurs professionnels.
13:09 - Tueurs triés. - Oui, tueurs professionnels, il nous le dit très précisément.
13:12 Il dit simplement que le passé de ces gens-là est impassif dans la France Insoumise.
13:16 C'est-à-dire que quand Mélenchon nous dit que Cuba n'est pas une dictature,
13:19 que Hugo Chavez est formidable, que la Chine c'est très bien,
13:22 que le Tibet, qui sont occupés par les Chinois,
13:25 que tout ça ce sont des pauvres types avec leur bonnet jauné, pointu, etc.
13:28 Enfin, voilà quelqu'un qui nous dit que Robespierre est formidable.
13:31 Ils ont quoi contre la peine de mort, ces gens-là ?
13:33 Robespierre, c'était quand même son instrument de gouvernement.
13:36 Donc il y a un moment donné où je me dis que c'est quand même très étonnant.
13:38 Il y a quand même des gens qui sont pronds à porter plainte pour envoyer quiconque
13:42 qui dit que dans l'islam il y a ceci, il y a cela, devant un tribunal,
13:44 pour nous expliquer qu'ils sont islamophobes.
13:46 Et alors là, il y a une espèce d'extraterritorialité juridique pour tous ces gens-là.
13:50 Zéro procès, ils ne sont pas antisémites, ils n'incitent pas à la violence raciale,
13:54 ils n'incitent pas à la haine publique, ils n'incitent pas au désordre public, rien.
13:59 Il n'y a pas un individu qui dira "portons plainte" à chaque fois qu'il y a ce genre de choses.
14:03 Il y a des plaintes à l'étude au Parc des Princes.
14:05 Oui, mais ça étudie, ça étudie longtemps.
14:07 Donc là on ne peut pas empêcher la plainte, mais on peut empêcher que la plainte aboutisse.
14:09 Puis on peut aussi ne pas classer un certain nombre de plaintes, je sais comment ça fonctionne.
14:12 Donc il y a effectivement une espèce d'acharnement thérapeutique sur les mêmes,
14:16 et puis aucun acharnement sur ceux qui eux peuvent dire des sottises pareilles.
14:20 Il me semble que tout ça tombe sous le coup de la loi.
14:22 Quand vous êtes en train d'expliquer que la police qui fait un travail difficile
14:25 est une police qui est intrinsèquement étueuse, on ne peut pas entendre ça.
14:29 Ceci dit, je rappelle que Christophe Castaner nous le faisait savoir,
14:32 qu'il était prêt lui aussi à l'époque où il était ministre de l'Intérieur,
14:35 à mettre un genou en terre pour défendre un d'Amat Raouret,
14:38 dont le quasi-judiciaire était assez long comme le bras.
14:41 Il y a juste un moment donné où on ne peut pas juste se contenter de dire
14:44 qu'il ne devrait pas dire des choses pareilles.
14:46 S'il y a une machine de justice et que la machine de justice est juste,
14:49 alors qu'on poursuit un certain nombre de ses propos,
14:51 mais c'est tous les jours qu'à la France Insoumise, ce genre de propos est tenu,
14:54 et que la nuppes ou l'ex-nupes fait semblant de ne pas entendre.
14:58 Il y a quand même des gens comme Olivier Faure ou au Parti Socialiste
15:02 qui finalement laissent dire, ils sont complices de tout ça.
15:05 Alors je veux bien que pour fabriquer une révolution,
15:07 il faut créer des situations révolutionnaires et qu'il faut mentir de cette manière-là,
15:10 mais je pense qu'il y a un moment donné où il faut peut-être expliquer
15:12 l'art du mensonge chez ces gens-là, le jeu de la pourriture,
15:15 comment peut-on jouer la pourriture de la société systématiquement,
15:18 prendre le parti des coupables, accabler les victimes en disant
15:21 qu'elles n'avaient pas besoin de se trouver là d'une certaine manière,
15:24 et c'est comme ça tous les jours, donc ça risque de mal se finir.
15:27 En tout cas, on va continuer à en débattre dans cette émission face à Michel Onfray.
15:31 Vous vouliez aussi rendre hommage à Philippe de Gaulle,
15:35 l'amiral Philippe de Gaulle qui s'était éteint il y a plus d'une semaine.
15:38 À l'âge de 102 ans, c'était le fils aîné de Général de Gaulle.
15:42 Emmanuel Macron a retracé la vie et l'engagement de celui qui a vécu
15:46 à l'ombre d'un grand homme, c'est l'évidence.
15:49 J'aimerais qu'on écoute, parce que nous sommes tous les deux assez nostalgiques
15:52 du Général de Gaulle, ce qu'il disait, alors l'amiral de Gaulle,
15:56 de son père, du poids de vivre dans l'ombre du Général de Gaulle.
16:00 Écoutez cet archive.
16:02 Je crois par exemple, je crois vraiment qu'il n'y a pas de fils de chef d'État
16:09 depuis fort longtemps en France et à l'étranger qui se soit battu autant que moi
16:13 et qui ait couru autant de risques par la suite.
16:16 Mais la réserve et cette espèce de pudeur égalitaire, pathologique des Français
16:25 imposait que je reste complètement dans l'ombre.
16:29 Et c'est certainement une entrave à l'épanouissement d'une personnalité.
16:34 Ce dont je m'aperçois, c'est que si moi je me suis à la longue habitué
16:39 à être le fils du Général de Gaulle, je ne suis pas toujours sûr
16:43 que mes interlocuteurs, eux, en aient pris l'habitude.
16:47 En monarchie, vous avez sans doute remarqué qu'on s'efforce généralement
16:52 de trouver toutes sortes de qualités au fils des personnalités importantes.
16:57 Tandis qu'en République, on a plutôt tendance à ne leur trouver que des défauts.
17:03 Voilà, pour ce que disait l'amiral Philippe de Gaulle-Michel Onfray.
17:06 Qu'est-ce que ça vous inspire, cette parole d'un fils sur son père ?
17:09 Alors qu'il n'est pas la hauteur du père sur ce sujet-là.
17:12 Parce que par exemple, il accable les Français, il a tort.
17:15 Il accable la République, il a tort aussi.
17:17 Et les Français ont leurs qualités et leurs défauts.
17:19 La République a ses qualités et ses défauts.
17:21 Mais on ne peut pas non plus oublier que c'est le Général de Gaulle
17:24 qui a accablé son fils sous les médailles, sous le poids des médailles,
17:27 en disant "je ne peux pas faire ce genre de choses".
17:30 Il ne le fera pas, compagnon de la Libération.
17:32 Par exemple, en disant "je ne peux pas te décerner un ordre que j'ai créé moi-même".
17:36 Et puis il ajoute "de toute façon, personne ne me l'a demandé pour toi".
17:39 Donc évidemment, personne ne l'a demandé non plus.
17:41 En disant "mon Général, peut-être pour votre fils, etc."
17:43 Et assez probablement, il n'aurait répondu "sûrement pas, mon fils n'a fait que son devoir".
17:47 Quand les gens viennent le voir à Londres, il les reçoit, il le reçoit en disant
17:51 "vous ne faites que votre devoir". Et il dit "et n'oubliez pas de mourir",
17:54 dit-il à certains, je crois à Romain Garry.
17:56 Donc c'était le Général de Gaulle. Et quand on a un père comme ça,
17:58 on l'aime inconsidérément en disant "oui, il était comme ça, c'était pas facile".
18:02 Mais on n'accable pas les Français.
18:04 Je pense qu'il y a quand même quelque chose avec lequel il a dû pouvoir vivre.
18:08 C'est qu'en 1964, il reçoit une lettre de son père, "mon très cher fils",
18:12 quelque chose comme ça, très affectueux, le Général de Gaulle, quand il dit "mon très cher fils".
18:16 Et il lui dit "il va falloir que tu songes à me remplacer si quelque chose devait m'arriver,
18:20 si quelque malheur devait m'arriver, et puis de toute façon mon temps passera".
18:24 Et il te revient légitimement le fait de porter, d'une certaine manière,
18:27 l'étendard gaulliste. Et c'est assez singulier qu'il n'y ait pas eu de suite à ça.
18:32 Alors il a suivi dans l'existence une voie assez gaulliste.
18:37 Je rappelle que sur Maastricht, par exemple, il est opposé à Maastricht en 1992,
18:41 que tout ça a été effacé, y compris de la notice Wikipédia,
18:44 et qu'il faut aller chercher très loin pour avoir le détail de cette aventure.
18:47 Mais on nous fait savoir effectivement qu'il a été sénateur auprès de Jacques Chirac,
18:50 et c'est bien plus facile de dire "vous avez vu, il est politiquement correct,
18:53 il était du côté de Chirac, qui lui-même avait fini par être pro-maastrichtien".
18:56 Non, c'est plus compliqué que ça. L'essentiel de la pensée du Général de Gaulle,
18:59 étant souverainiste, elle ne pouvait pas être maastrichtienne,
19:01 il aurait pu, s'il avait voulu être vraiment le fils du Général,
19:04 obéir à cette invitation de la lettre de 1964, où le Général lui a dit,
19:08 d'une certaine manière, "quand je partirai, et je ne manquerai pas de partir,
19:11 comme il l'avait fait savoir un temps, eh bien tu devras jouer un rôle,
19:14 probablement pas le rôle d'un Chiracien".
19:16 - Ça me pose deux questions, Michel Onfray. Qu'est-ce qu'être père, d'abord ?
19:20 Et puis qu'est-ce qu'être fils ? Comment ces deux notions, vous pouvez les définir ?
19:26 - Le père, c'est celui dont la voix porte. Moi, je suis très peu freudien, on le sait,
19:31 mais je crois que les psychanalystes disent des choses assez justes sur le père,
19:34 sur la loi du père, sur la parole du père. J'ai eu la chance, moi, d'avoir un vrai père.
19:38 Et le vrai père, c'est celui dont la parole est d'or.
19:41 C'est celui qui, quand il a dit, tient ce qu'il a dit.
19:43 Et mon père, quand il disait "j'ai dit", on lui disait quelque chose avec mon frère,
19:48 on jouait un petit peu avec sa parole, il disait "j'ai dit".
19:50 Quand il avait dit "j'ai dit", c'était "j'ai dit".
19:52 Donc la parole du père, c'est ça. C'est-à-dire, c'est la possibilité de se dire
19:55 "il y a une loi, et cette loi est juste". C'est pas la loi injuste.
19:57 C'est pas le fait de dire "je suis père, donc j'ai tous les droits".
20:00 Non, c'est de dire "je suis père, j'ai tous les devoirs".
20:02 Un père, c'est celui qui a des devoirs avec les enfants, qui a les devoirs de les élever.
20:05 C'est-à-dire de leur dire "je vais t'apprendre la justice, la justesse, la vérité, la morale, l'éthique, la droiture, la probité, un certain nombre de ces valeurs".
20:12 Et ce fait que mai 68, c'est la mort du père.
20:14 Et on veut plus d'autorité.
20:16 Parce qu'effectivement, on disait "j'ai l'autorité, je suis père, j'ai l'autorité sur les enfants,
20:20 je suis mari, sur ma femme, père de famille, donc sur ma famille,
20:23 je suis patron sur mes ouvriers, je suis gradé sur les hommes de la troupe".
20:28 La mort du pater familias, quoi.
20:30 Alors c'est la mort du père et de toute autorité, sous prétexte que l'autorité, ce serait l'autoritarisme.
20:34 C'est la grande erreur.
20:36 L'autoritarisme, c'est l'excès d'autorité.
20:38 L'autorité, c'est de dire "il faut un pouvoir".
20:40 Et ce pouvoir se discute.
20:42 Mais il y a un moment donné où il ne se discute pas parce qu'il y a l'autorité du père.
20:45 Et il y a aussi une autorité de la mère.
20:47 J'entends bien ne pas dire que l'autorité du père va contre l'autorité de la mère.
20:50 La mère aussi, le même type d'autorité.
20:52 Parce que c'est un couple.
20:54 Et je pense qu'Yvonne de Gaulle jouait aussi ce rôle-là.
20:56 Et qu'elle a peut-être été trop père, elle.
20:58 Il le disait l'amiral.
21:00 Pas beaucoup de caresses, pas beaucoup de tendresse, pas beaucoup de gentillesse.
21:03 Mais ce père-là a disparu.
21:05 Parce que toute autorité a disparu.
21:07 Autant l'autoritarisme devait disparaître.
21:09 Et tant mieux que mai 68 ait obtenu ça.
21:11 Mais il n'y a pas eu de valeur de substitution qui aurait permis de dire
21:14 "non, il y a des autorités qui supposent une espèce d'aura personnelle".
21:19 Vous avez des gens dont vous dites, ils rentrent dans une pièce, dans une salle,
21:22 quelque chose se passe.
21:24 Moi j'ai connu ça avec mon vieux maître, par exemple, Gers Fagnon.
21:26 C'est un professeur comme ça.
21:28 Et tout le monde a connu plus ou moins un professeur qui produisait ce type d'effet.
21:31 Et donc être père c'est ça.
21:33 C'est-à-dire incarner une loi en pensant qu'on n'a pas...
21:36 Ça ne nous donne pas des droits, mais que ça nous donne des devoirs.
21:38 - Et être fils, c'est pareil ?
21:40 Ce sont des devoirs ? C'est avoir des devoirs ?
21:42 - C'est comprendre qu'on a de la chance d'avoir un père quand il est comme ça.
21:44 - Et quand on n'en a pas ?
21:46 - C'est difficile. Et on ne peut pas se construire.
21:48 On ne peut pas se construire si effectivement tout a été possible.
21:50 Si le père est un copain, est un pote.
21:52 Si effectivement on est à égalité.
21:54 Si le père n'est pas exemplaire.
21:56 Je pense que moi mon père, il ne m'a pas enseigné beaucoup de choses en me disant
21:59 "Je vais te dire deux ou trois choses".
22:01 Il m'a expliqué des choses. Les étoiles, le ciel, la nuit.
22:03 Ce genre de choses. Les fleurs, les plantes.
22:05 Mais il y a des moments où, dans son comportement, il était exemplaire.
22:09 Et quand on a la chance d'avoir un père exemplaire,
22:11 pas d'alcool, pas d'ivresse, pas de méchanceté, pas de brutalité,
22:15 pas de grossièreté, aucune vulgarité.
22:18 C'est une leçon qui vous est donnée, qui vous permet d'être debout.
22:21 Et quand on a la chance d'avoir un père comme ça,
22:24 on a eu tous les cadeaux du monde, il peut vous arriver à peu près tout.
22:26 Maintenant c'est difficile, les familles sont souvent dites "recomposées".
22:30 "Famille recomposée" a d'abord été décomposée.
22:32 Une décomposition, ça s'en ressent tout le temps, si je puis me permettre le mauvais mot.
22:36 Mais un père qui est resté père et qui a permis de dire "Je vais t'aider".
22:41 Il y a une phrase de Nietzsche qui dit "Un bon maître",
22:43 et pour le coup un père c'est aussi un maître,
22:45 mais c'est celui qui apprend à ce qu'on se déprenne de lui.
22:47 - Pas mal. On parlera du rôle des maires aussi, on y consacrera une émission.
22:51 On fait une petite pause, mon cher Michel Onfray, on va replonger dans l'actualité.
22:55 L'actualité c'est la dette.
22:56 Nos dirigeants ont découvert que nous étions extrêmement endettés
23:00 et que le pays est sans doute tout droit dans le mur.
23:02 On en débat dans un instant, d'en face à Michel Onfray, à tout de suite.
23:05 De face à Michel Onfray, pour évoquer l'actualité.
23:08 Michel, l'actualité économique, avec le mur de la dette qui nous arrive en pleine face,
23:13 en tout cas dans la face de nos dirigeants.
23:15 Ce mur de la dette qui devrait être supérieur à 5% du PIB en 2023.
23:19 Il y a des réunions de crise à non plus finir à l'Elysée autour d'Emmanuel Macron.
23:23 Écoutez, on a retrouvé une archive qu'on aime beaucoup, c'était en 2007.
23:26 François Fillon était alors le Premier ministre de notre pays.
23:30 Écoutez ce qu'il disait, "Je suis à la tête d'un État en faillite".
23:33 - Je suis à la tête d'un État qui est en situation de faillite sur le plan financier.
23:37 Je suis à la tête d'un État qui est depuis 15 ans en déficit chronique.
23:43 Je suis à la tête d'un État qui n'a jamais voté un budget en équilibre depuis 25 ans.
23:48 Bon, ça ne peut pas durer.
23:50 - Voilà, ça ne peut pas durer.
23:51 À l'époque, on était à peu près à 1 200 milliards d'euros de dette.
23:56 Aujourd'hui, on est à 3 200 milliards d'euros.
23:59 Donc tout a continué en réalité.
24:01 - Oui, d'abord parce que la politique qu'il défend, et qu'il défend toujours,
24:05 et que ses amis défendent toujours, en produit ça.
24:08 D'abord l'anaphore, je pense, avant François Hollande.
24:12 - Bien sûr.
24:13 - Et donc d'une part, et puis d'autre part, je comprends que Nicolas Sarkozy ait pu ne pas être content.
24:17 Je suis à la tête d'un État.
24:19 Je suis à la tête d'un État.
24:20 Non, il était Premier ministre d'un certain Nicolas Sarkozy,
24:23 qui lui était à la tête de l'État.
24:24 Donc c'était assez pégoliste de dire une chose pareille.
24:26 Je comprends que Nicolas Sarkozy ait pu s'énerver à l'époque.
24:29 Maintenant, je crois que ce qu'on voit là,
24:32 c'est que ce sont des gens qui ont rendu possible cette dette,
24:35 et qui disent "Ah, mais enfin, c'est tout de même pas possible cette dette, etc."
24:38 Je me rappelle que les gens ne voient pas que le projet de Macron,
24:42 mais des Maastrichtiens, c'est-à-dire de Mitterrand depuis 1983,
24:45 c'est la disparition de la France dans une Europe qui serait souveraine.
24:49 Et tout ça y contribue.
24:51 C'est-à-dire que plus on augmente la dette,
24:52 plus on est redevable d'une Europe qui, elle, rend possible cette dette.
24:56 Donc elle a intérêt à la dette.
24:57 C'est un peu comme avec l'immigration.
24:59 On ne peut pas nous faire croire qu'on ne veut pas de l'immigration.
25:00 On veut de l'immigration.
25:01 L'Europe veut l'immigration.
25:03 Elle dit en avoir besoin.
25:04 L'Europe veut la dette.
25:05 Donc nous, on fait semblant de se dire "On ne veut pas."
25:07 C'est quand même problématique, etc.
25:09 Quand il y a eu le Covid, on a contracté un emprunt formidable.
25:12 C'était une façon de dire "On reverrouille.
25:14 Vous ne pourrez pas sortir de l'Europe."
25:16 Les logiques de créance et de débit, etc.
25:19 font qu'on est pieds et poings liés à l'Europe dans cette aventure.
25:23 Donc j'ai lu, je ne sais plus où,
25:24 que quelqu'un a dit au nouveau ministre du Budget
25:27 "De toute façon, la dette, il s'en fout, Macron."
25:29 Je pense que oui, il s'en fout.
25:31 Pour une raison bien simple,
25:33 c'est qu'effectivement, elle est l'assurance-vie
25:35 de la destruction de la France et de sa pérennité dans l'Europe.
25:38 Il y a aussi Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie,
25:40 qui a dit quelque chose qui vous a surpris.
25:42 Il veut mettre fin à la gratuité de tout.
25:44 Parce qu'évidemment, il faut trouver des économies à faire.
25:46 On parle de 10 milliards pour cette année,
25:47 presque 20 milliards pour l'année prochaine.
25:49 Bruno Le Maire estime que la gratuité de tout,
25:51 pour tous, tout le temps, c'est intenable,
25:53 qu'il faut sortir une bonne fois pour toutes
25:55 du mirage de la gratuité universelle
25:57 et remplacer l'État-providence par l'État-protecteur.
26:00 Ce sont des notions qui vous parlent.
26:02 Je trouve ça honteux,
26:03 cette façon de laisser croire aux gens
26:05 que l'État aurait de l'argent,
26:07 de la même manière que l'Europe aurait de l'argent.
26:09 Mais non, c'est notre argent.
26:10 L'État, c'est nous, et c'est notre argent.
26:12 Quand on nous dit, les gens qui sont contre l'Europe,
26:14 l'Europe a donné tant d'argent aux paysans.
26:16 Oui, mais si vous donnez 10 euros
26:18 et qu'on vous en rend 4, vous en avez perdu 6.
26:20 Donc effectivement, l'argent de l'État,
26:22 aujourd'hui, ce n'est pas celui de M. Le Maire.
26:24 Ce n'est pas lui qui dit, j'ai une cassette personnelle
26:26 et je vous en donne et il va falloir que ça cesse.
26:28 Non, c'est l'argent des Français.
26:30 Le budget, ça n'est jamais que l'usage de l'argent des Français.
26:33 Peut-être qu'on pourrait faire des référendums
26:35 pour demander aux Français s'ils ont envie
26:37 que leur argent aille dans la guerre en Ukraine.
26:39 Peut-être qu'on pourrait faire un référendum
26:41 pour demander aux Français s'ils ont envie
26:43 que des gens qui viennent d'Afrique subsaharienne
26:45 soient prioritaires, par exemple, sur le terrain de la santé.
26:47 Mais on ne peut pas leur poser ces questions-là.
26:48 Évidemment, on sait très bien, parce qu'on connaît la réponse.
26:50 Donc que ces gens-là arrêtent de nous laisser croire
26:52 que d'abord, il y aurait une gratuité, non.
26:54 Il n'y a pas de gratuité, c'est notre argent,
26:55 c'est l'argent des impôts.
26:56 Et c'est de l'argent qui est géré par ces gens-là
26:58 sur des postes dont les Français ne veulent pas
27:00 forcément qu'ils soient des postes prioritaires.
27:02 Je ne suis pas bien sûr que la priorité
27:04 ce soit de donner de l'argent à l'Ukraine aujourd'hui
27:06 quand les gens crèvent de faim en France, meurent de faim.
27:08 Je ne veux pas être grossier.
27:10 Je ne pense pas non plus que la priorité ce soit aujourd'hui
27:12 de dire si vous avez traversé la Méditerranée,
27:14 vous allez avoir de l'argent et vous allez avoir
27:16 des soins gratuits, etc.
27:18 Pendant qu'on dira à des gens qui ont travaillé
27:20 et cotisé pendant 30 ans,
27:22 vous, vous n'aurez pas droit à ces soins-là.
27:24 Donc il y a juste un moment donné où ce n'est pas seulement
27:26 faire des économies, c'est faire des attributions de postes
27:28 qui soient nouvelles et de dire, assure que la priorité
27:30 ce soit de donner de l'argent.
27:32 Par exemple, pendant des années, nous avons donné de l'argent à Gaza.
27:34 Est-ce que c'était nécessaire d'aller donner de l'argent à Gaza ?
27:36 Nous avons récemment donné de l'argent à la Chine.
27:39 Est-ce que nous avons la nécessité d'aller donner de l'argent à la Chine ?
27:43 Nous donnons de l'argent partout sur la planète.
27:45 Donc il n'y a pas à un moment donné cette idée que
27:47 la dette supposerait qu'il va falloir toucher
27:49 aux dépenses de santé.
27:51 C'est obscène, mais on doit pouvoir dire
27:53 que c'est quelque chose que vous allez pouvoir examiner
27:55 et peut-être qu'il serait bon que nous ne donnions pas
27:57 de l'argent à tort et à travers partout sur la planète
27:59 sauf aux Français qui en ont besoin.
28:01 Je rappelle que l'inflation continue,
28:03 que des gens sautent des repas,
28:05 que des gens ne peuvent pas se soigner,
28:07 qu'ils ne peuvent pas s'acheter des prothèses auditives,
28:09 dentaires ou des lunettes, pendant que d'autres
28:11 ont la possibilité d'accéder gratuitement à la médecine
28:13 du simple fait qu'ils sont arrivés, qu'ils sont sur les territoires français.
28:15 Il y a un moment donné, on ne peut pas se contenter
28:17 de dire qu'on ne peut pas accueillir toute la misère du monde.
28:19 On ne peut pas, qui plus est, quand c'est fait au détriment
28:21 de gens qui, eux, disent "nous on a quand même
28:23 beaucoup travaillé, on a beaucoup cotisé
28:25 et puis on va aux urgences, on ne peut pas être soigné
28:27 et puis quand on est soigné, on est éventuellement mal soigné
28:29 et on n'a pas les moyens d'aller dans des cliniques privées".
28:31 Donc ces gens-là finissent par dire "on va voter Marine Le Pen"
28:33 et là on dit "ah les fascistes,
28:35 le retour d'Adolf Hitler".
28:37 Donc il faut arrêter, ne pas permettre à ces gens-là
28:39 d'aller dans des émissions de télévision,
28:41 leur interdire de services publics.
28:43 Non, il y a un moment donné où il faut arrêter.
28:45 La dette, elle suppose des dépenses inconsidérées.
28:47 Si ces dépenses inconsidérées cessent
28:49 et que les dépenses sont considérées,
28:51 qu'elles sont considérées en faveur du peuple français,
28:53 il me semble qu'on doit pouvoir faire des économies.
28:55 - Des économies. Vous parliez de...
28:57 - Et recouvrir un certain type de souveraineté nationale.
28:59 - Absolument, vous n'avez pas tort.
29:01 La souveraineté, c'est vraiment la ligne directrice
29:03 de votre pensée. Vous parliez de l'Ukraine,
29:05 on est dans une période toujours de très fortes tensions
29:07 avec la Russie,
29:09 de Poutine.
29:11 On a eu une tribune du général
29:13 Pierre Schill, qui est le chef d'état-major
29:15 Terre, qui affirme que l'armée de Terre française
29:17 se prépare aux engagements
29:19 les plus durs, le fait savoir, elle le démontre.
29:21 La dissuasion nucléaire sanctuarie
29:23 ses intérêts vétaux.
29:25 Même son de cloche du côté du chef d'état-major
29:27 des armées françaises,
29:29 le général Thierry Burckhardt.
29:31 On a l'impression qu'il y a un crescendo, évidemment,
29:33 dans cet affrontement verbal, pour l'instant,
29:35 avec la Russie.
29:37 Qu'est-ce que vous en pensez ?
29:39 On a bientôt atteint le point de bascule
29:41 de non-retour ? - Ça fait longtemps.
29:43 Je veux savoir que nous sommes co-belligérants
29:45 depuis le début. Il faut arrêter de dire "on ne l'est pas, on ne l'est pas"
29:47 quand on commence à fournir du matériel,
29:49 etc. On est co-belligérants.
29:51 Je pense qu'il y a plusieurs choses.
29:53 D'abord, je pense que si l'état-major parle,
29:55 c'est qu'ils ont eu des discussions avec le chef de l'état
29:57 et que le chef de l'état leur a dit "il va falloir
29:59 préparer cette hypothèse". C'est pas "j'y songe"
30:01 le matin, comme ça, en brasant.
30:03 C'est "j'envisage la faisabilité".
30:05 Il est question de 2000 hommes. Et je pense même,
30:07 j'ai photographié ça sur mon téléphone portable,
30:09 il a parlé de 2000 mecs.
30:11 - Alors oui, il y a un "off", ce qu'on appelle
30:13 un "off" à l'Elysée,
30:15 après la panthéonisation
30:17 de Manochian, il a dit "peut-être qu'il faudra
30:19 que j'envoie des mecs à Odessa". - Des ça.
30:21 Mecs, à Odessa. C'est-à-dire quand on a
30:23 des gens, quand on voit ce que sont
30:25 les militaires haut de gamme, ce que sont
30:27 les légionnaires, ce que sont ces gens-là,
30:29 qui sont vraiment des soldats haut de gamme, de dire
30:31 "des mecs, je vais envoyer des mecs".
30:33 Et pourquoi ? Je pense que si on fait un peu
30:35 de psychopathologie, c'est assez facile à faire avec
30:37 Emmanuel Macron, je pense que cet homme, dans 3 ans,
30:39 c'est un président sortant, dans 3 ans, il n'est plus chef de l'État.
30:41 Je pense que dans sa tête, il prépare
30:43 sa suite, et sa suite
30:45 personnelle, c'est de dire "l'Europe".
30:47 Il ne va pas devenir... - Donc chef de l'Europe.
30:49 - Il ne va pas devenir... Enfin, je ne pense pas qu'il soit du genre
30:51 à devenir conseiller général de Chamalières,
30:53 comme j'ai dit, ce Giscard d'Estaing,
30:55 qui battu, s'en vient
30:57 demander à rentrer au conseil général
30:59 d'Auvergne.
31:01 Je pense qu'effectivement, il prévoit
31:03 de prendre le leadership de l'Europe, actuellement,
31:05 qu'il surprend tout le monde, qu'il insulte
31:07 Olaf Scholz, on lui dise "ceux qui ont
31:09 voulu récemment des casques
31:11 et puis des gilets pare-balles, etc."
31:13 - Des sacs de couchage. - Des sacs de couchage, mais c'est
31:15 profondément méprisant, c'est une façon de dire
31:17 si je prends en otage l'Ukraine,
31:19 et que je gère le problème ukrainien,
31:21 je deviens le leadership
31:23 de l'Europe, et d'une certaine manière, on peut travailler
31:25 ensuite une espèce de présidence d'une Europe fédérale,
31:27 ce à quoi il aspire. Il n'a jamais
31:29 caché que c'était son obsession. Je pense
31:31 qu'il travaille à ça, et qu'il instrumentalise
31:33 tout, que ce soit Marine Le Pen, avec les
31:35 prochaines élections européennes, que ce soit
31:37 la guerre en Ukraine, ou n'importe quoi d'autre,
31:39 il faut absolument poutiniser tous ses
31:41 ennemis pour dire "l'Europe seule est le salut",
31:43 et il faut une Europe,
31:45 il faut une Ukraine dans une Europe
31:47 avec le temps, ce que très précisément
31:49 Poutine ne veut pas, et donc il dit dans ces cas-là
31:51 "nous entrons en guerre, évidemment, contre
31:53 Poutine", voyez en quoi, il faut envoyer des mecs.
31:55 - On va écouter Jean-Luc Mélenchon,
31:57 le leader de la France insoumise, qui dénonce
31:59 l'attitude et les propos d'Emmanuel Macron,
32:01 n'excluant pas l'envoi de troupes françaises en Ukraine.
32:03 Ecoutons-le, et voyons si vous êtes d'accord avec lui.
32:05 - Je pense que le président
32:07 ne se rend pas
32:09 assez compte
32:11 du fait que M. Poutine est réellement
32:13 dangereux.
32:15 Il l'est parce que c'est un
32:17 homme à sang-froid, très
32:19 calculateur, et qui inscrit
32:21 tout ce qu'il fait dans la durée. Si le président
32:23 Macron comprenait qu'il a
32:25 affaire à quelqu'un de très dangereux,
32:27 qu'il ne se laissera pas impressionner par
32:29 3-4 phrases, ou...
32:31 Il ne jouerait pas la partie comme ça.
32:33 Il la jouerait d'abord en essayant d'avoir
32:35 le plus de monde possible à chaque
32:37 fois qu'on avance d'un pas.
32:39 Et notamment, ne pas partir tout seul
32:41 comme ça, menacer tout le monde,
32:43 à dire "on va envoyer du monde à terre", etc.
32:45 - Seriez-vous d'accord avec Jean-Luc Mélenchon ?
32:47 - Quand il n'est pas islamo-gauchiste, il dit des choses
32:49 intelligentes, il lui arrive de dire des choses intelligentes,
32:51 et sur ce sujet, il a raison. Il a bien sûr raison.
32:53 D'abord, on sait qu'il y a un
32:55 tropisme pro-russe
32:57 pour... eu égard
32:59 au passé soviétique de la Russie.
33:01 Il y a déjà tout ça derrière Jean-Luc Mélenchon.
33:03 Il y a déjà aussi le fait que lui aussi,
33:05 il est en campagne présidentielle, et que lui aussi, il pense
33:07 à son avenir, et que ces gens-là ne pensent pas
33:09 à la France. Mais il a raison, effectivement,
33:11 de dire qu'il joue avec le feu,
33:13 Emmanuel Macron. Que le destin
33:15 personnel de quelqu'un qui voudrait éventuellement devenir
33:17 président de l'Europe ne doit pas permettre qu'on prenne
33:19 en otage la France, les Français,
33:21 les soldats, l'armée française, et nos
33:23 troupes d'élite. En parlant d'eux comme des mecs, et en disant
33:25 "je vais en envoyer 2000". Il a raison,
33:27 Jean-Luc Mélenchon, de dire que ça ne se joue
33:29 pas comme ça, la géostratégie. Si on a le souci
33:31 de la France, si on a le souci des Français,
33:33 si on a le souci du niveau de vie des Français aussi,
33:35 parce que le jour où, effectivement, Poutine va dire
33:37 "bon, maintenant, je vais m'occuper un peu de vous
33:39 et on va voir comment ça va se passer", est-ce que nous sommes
33:41 prêts à entrer en guerre contre
33:43 Poutine et contre la Russie ?
33:45 C'est quand même une chose grave.
33:47 - Et est-ce qu'on en a les moyens, aussi ?
33:49 - Bien sûr que non. Les militaires le savent bien
33:51 qu'on n'a pas les moyens. Simplement, on peut
33:53 faire beaucoup de mal avec peu de gens.
33:55 Après, c'est la logique des commandos,
33:57 c'est la logique des drones, c'est la logique de la guerre nouvelle
33:59 avec, effectivement, toute la guerre cyber,
34:01 etc. Et on peut, effectivement, entrer dans cette logique-là.
34:03 Je pense que Emmanuel Macron ne dit pas tout.
34:05 Il ne parle pas que des fameux 2000 mecs.
34:07 Mais je pense simplement que quand on a franchi
34:09 la barrière, c'est facile de déclarer
34:11 une guerre. C'est difficile de l'arrêter,
34:13 mais c'est encore plus difficile de fabriquer la paix.
34:15 - Absolument. Alors, Michel, on le sait,
34:17 l'affrontement avec la Russie se déplace aussi sur le terrain sportif
34:19 et notamment des Jeux Olympiques.
34:21 Parce que le CIO, le Comité International
34:23 olympique, a annoncé que les athlètes
34:25 russes et biolos russes qui participeront
34:27 le feront sous bannière neutre,
34:29 sans hymne, évidemment, en cas
34:31 de victoire, de médaille,
34:33 et qu'ils ne pourraient pas participer
34:35 à la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques à Paris.
34:37 Ça nous a valu une bordée d'injures
34:39 de la part du Kremlin, qui estime
34:41 que c'est une violation des intérêts
34:43 des athlètes et du principe même des JO. On va juste écouter
34:45 Dmitri Peskov et je vous passe la parole.
34:47 - Nous prenons
34:49 cette décision de manière négative.
34:51 Cela détruit bien sûr
34:53 le concept des Jeux Olympiques.
34:55 C'est une violation des intérêts
34:59 des athlètes qui contredit
35:01 complètement l'idéologie des Jeux Olympiques.
35:03 Cela donne également une mauvaise image
35:07 du Comité International olympique.
35:09 - Voilà pour la version
35:13 du Kremlin. En même temps, on ne va pas laisser les athlètes
35:15 russes défiler avec leur drapeau
35:17 pendant ces JO ? - Oui, mais à ce moment-là,
35:19 il va falloir qu'on ait une espèce de comité politique,
35:21 un politbureau qui va regarder
35:23 tous les pays de la planète et qui va dire
35:25 "Nous n'acceptons que les démocraties". Et encore !
35:27 - Celles qui ne sont pas en guerre. - Il faudra que les démocraties ne soient pas en guerre,
35:29 qu'elles ne soient pas un peu illibérales, un peu comme les nôtres.
35:31 Illibérales, j'entends bien, qu'on entende bien ce que je dis.
35:33 Et à ce moment-là, il n'y aura plus personne.
35:35 Il y aura trois pays. Il y aura peut-être la Suisse, le Benelux
35:37 et la Principauté de Monaco.
35:39 Et encore, pas très sûr. Mais il y a un moment donné
35:41 où effectivement on dit "C'est du sport, c'est du sport,
35:43 faisons du sport et puis allons-y,
35:45 permettons à tout le monde de faire du sport.
35:47 Sinon, pourquoi pas interdire la Chine, la Corée du Nord ou je ne sais quoi.
35:49 - Ils pourront faire du sport les athlètes.
35:51 - Oui, oui. - Ils n'ont pas été bannis.
35:53 - Pourquoi leur interdire le drapeau ou ce genre de choses ?
35:55 Moi je pense qu'on peut reprocher des choses à Poutine,
35:57 qu'on peut reprocher des choses au gouvernement de Poutine.
35:59 Poutine n'est pas la Russie.
36:01 Souvenez-vous, le général de Gaulle disait "La Russie boira le communisme
36:03 comme le papier bivar va boire l'encre".
36:05 Et puis c'est ainsi.
36:07 Donc il y a un moment donné, souvenez-vous,
36:09 tout a démarré, Tolstoy était coupable,
36:11 Dostoyevski était coupable,
36:13 Borodin, Tchaïkovski,
36:15 Shostakovich, Pouchkine,
36:17 tout le monde, la Russie.
36:19 Dostoyevski, bien sûr,
36:21 il était poutinien.
36:23 C'était un grand délire.
36:25 Donc il y a un moment donné où il ne faut pas se tromper de cible
36:27 puisqu'on parle de guerre.
36:29 Il y a un moment donné où la cible, ce n'est pas la Russie,
36:31 c'est Poutine et son gouvernement
36:33 et sa bande.
36:35 Parce qu'il se peut que Poutine supprimait,
36:37 il a fait des gens de sa bande qui surgissent
36:39 et qui soient peut-être encore pires que lui.
36:41 Donc il y a un moment donné où il ne faut pas non plus considérer
36:43 qu'on fait la guerre à peu de frais
36:45 en disant "on vous interdit de porter votre drapeau".
36:47 Moi j'ai toujours été pour le fait que les Jeux Olympiques
36:49 permettent de faire du sport, si tant est que le sport
36:51 ce soit vraiment du sport et pas seulement du nationalisme,
36:53 la possibilité de voir quels sont les...
36:55 - Donc le sport c'est de la politique ?
36:57 - Bien sûr, mais en même temps on doit aussi laisser de côté cette affaire-là.
36:59 Je pense qu'on peut laisser
37:01 courir les gens s'ils ont passé
37:03 5 ans, 6 ans de leur vie
37:05 à se préparer pour courir, pour sauter,
37:07 pour envoyer des pois ou des javelots.
37:09 Je trouve ça très bien, il y a un moment donné on peut faire des trêves
37:11 et ces trêves-là devraient pouvoir permettre
37:13 éventuellement de faire de telle sorte
37:15 que le sport réunisse les gens.
37:17 - Pour cet affrontement qui se poursuit à travers les Jeux Olympiques.
37:19 J'aimerais qu'on parle Michel Onfray de la francophonie.
37:21 Parce qu'on est en pleine semaine de la francophonie.
37:23 - Je peux si vous me permettez par exemple,
37:25 l'idée me vient, mais on peut imaginer que
37:27 des athlètes russes et des athlètes ukrainiens
37:29 fraternisent eux. On peut imaginer
37:31 que ça puisse aussi s'organiser ce genre de choses.
37:33 - Tout peut arriver.
37:35 - Oui, c'est en mondiaux-vision ce genre de choses.
37:37 - En général ils ne se serrent même pas la main sur les cours de tennis.
37:39 - Voilà, c'est pour vous dire,
37:41 si vous serrez la main vous risquez
37:43 en rentrant en Russie de vous retrouver également en prison.
37:45 Donc on peut aussi imaginer
37:47 des espèces de résistances qui seraient organisées
37:49 avec cette occasion d'une mondiaux-vision
37:51 pour faire aussi de la politique, soit en disant
37:53 nous allons faire une politique qui permettrait peut-être
37:55 les droits de l'homme, j'aime pas forcément beaucoup cette expression,
37:57 qui permettent à la paix, disons-le plutôt comme ça,
37:59 qui permettent au camp de la paix d'avancer.
38:01 Moi j'ai toujours pensé que
38:03 la guerre, ça se terminait toujours par la paix
38:05 et qu'il fallait plus y travailler, à la paix, qu'à la guerre.
38:07 - Michel Onfray, j'aimerais qu'on aborde maintenant
38:09 la question de la francophonie. On est en pleine semaine
38:11 de la francophonie. La francophonie
38:13 c'est 320 millions de personnes à travers le monde.
38:15 Il y a eu le festival
38:17 de la francophonie, il y a une centaine
38:19 de chefs d'État qui sont conviés au mois d'octobre
38:21 prochain pour le 19ème
38:23 Sommet de la francophonie à Villers-Cotterêts
38:25 dans l'Aisne et à Paris.
38:27 La question que je vous pose c'est quoi être francophone
38:29 aujourd'hui ? Est-ce que c'est
38:31 encore une fois une notion
38:33 linguistique, purement linguistique ?
38:35 Qu'est-ce que ça recouvre ? Des valeurs ?
38:37 J'aimerais vous citer ce que disait l'ex-président du Sénégal
38:39 Abdou Diouf. La francophonie ce n'est pas seulement
38:41 une langue mais aussi des valeurs, des concepts à partager,
38:43 une tradition juridique ou médicale
38:45 par exemple, tout ce qui fait la force de la
38:47 civilisation francophone. Il y a une
38:49 civilisation francophone pour vous ?
38:51 - Non, je ne pense pas. Il y a une langue
38:53 c'est déjà beaucoup, il y a donc des
38:55 auteurs et ce n'est pas la même chose que
38:57 d'aimer, je ne sais pas, Aragon ou Céline par
38:59 exemple, ce n'est pas la même chose d'aimer
39:01 Bossuet par exemple ou
39:03 l'abbé Mélié qui est le premier curé athée
39:05 dans l'histoire des idées. Donc c'est une
39:07 culture, c'est une langue mais ce n'est pas
39:09 exactement la même chose. Je dis beaucoup,
39:11 j'avais fait, je me souviens, un déplacement
39:13 en Guyane. La Guyane c'est la France,
39:15 c'est aussi l'Europe mais ce n'est pas exactement
39:17 Saint-Germain-des-Prés. Il y a des identités
39:19 particulières et si vous allez en Martinique, en
39:21 Guadeloupe, si vous allez au Sénégal
39:23 ou dans plein de pays francophones,
39:25 vous allez apercevoir qu'il y a des façons
39:27 d'habiter la langue française. Et
39:29 souvent à Paris, en France c'est souvent
39:31 Paris et Paris c'est souvent Saint-Germain-des-Prés
39:33 et on a une espèce de... - Pas tout le temps. - Pardon ? - Pas tout le temps.
39:35 - Pas tout le temps.
39:37 Mais, enfin oui, vous avez raison.
39:39 Mais on a vraiment l'impression qu'un ou deux
39:41 arrondissements à Paris décident de ce qu'est vraiment le
39:43 bon goût français et puis ça se retrouve dans les pages du
39:45 monde, dans les pages littéraires, etc.
39:47 Et moi je me souviens d'une époque où il y avait
39:49 cette espèce de vitalité, des
39:51 glissants, des chats-moiseaux, enfin de
39:53 Raphaël Confiant, de toute cette
39:55 espèce d'école si je puis dire, mais anti-hiaise
39:57 où on voyait une autre façon d'habiter la langue française.
39:59 Plus vivante, plus intéressante.
40:01 C'est-à-dire qu'à Paris on était centré
40:03 sur soi-même, sur ses petites histoires, sur ses petits
40:05 problèmes personnels, d'égo, de narcissisme
40:07 et autres. Quand là-bas ils étaient capables d'avoir
40:09 quelque chose de vaste et de puissant, etc.
40:11 Et on peut imaginer qu'il y a
40:13 des pays qui peuvent nourrir par leur
40:15 francophonie, la francophonie française,
40:17 qui est en assez mauvais état, je dirais. - Bien sûr.
40:19 - Parce que nous on n'aime pas beaucoup, enfin je veux dire, ceux qui nous gouvernent
40:21 n'aiment pas la France, maltraitent le français,
40:23 ne font pas ce qu'il faut pour ça.
40:25 Donc il y a un moment donné où on devrait pouvoir dire
40:27 "allons voir" là où des leçons sont
40:29 susceptibles d'être données. Moi qui suis normand
40:31 depuis mille ans, je dis beaucoup
40:33 que l'un des plus grands normands s'appelait Léopold
40:35 Sédar Senghor. - Exactement. - Parce que venant du
40:37 Sénégal, il avait écrit un livre sur la
40:39 normanditude, disait-il,
40:41 la normandité, etc.
40:43 Il a fait des très belles pages pour nous expliquer ce qu'était
40:45 la normandie, parce que, pour moi je dis,
40:47 j'ai peut-être mille ans de présence en Normandie, mais pour moi un normand c'est
40:49 quelqu'un qui aime la normandie, et puis qui y vit.
40:51 C'est la même chose pour moi avec un français.
40:53 On n'a pas besoin d'avoir des quartiers de noblesse,
40:55 on s'en moque éperdument que
40:57 les gens soient juifs, communistes, musulmans,
40:59 de droite, de gauche, blanc, noir, etc.
41:01 Un français c'est quelqu'un qui aime la France, qui vit
41:03 en France et qui veut contribuer au rayonnement de la France.
41:05 Il peut être là depuis six mois, et il peut être là
41:07 depuis mille ans. Eh bien la francophonie c'est ça,
41:09 c'est une langue qui nous permet ce travail-là,
41:11 ce travail d'amour de la France,
41:13 de sa poésie, de sa musique, y compris le
41:15 rap dont on dit beaucoup de mal ces temps-ci,
41:17 y compris cette façon d'habiter la langue
41:19 que permettent un certain nombre de rappeurs.
41:21 Alors y a le rap, le slam, qui est une façon
41:23 de pratiquer un certain type de poésie,
41:25 puis après y a le contenu.
41:27 - Bien sûr, après y a les paroles.
41:29 - On apprécie tous les contenus. - On a beaucoup parlé d'Aya Nakamura,
41:31 qui n'est pas une rappeuse, qui est une chanteuse
41:33 pour le coup, qui
41:35 peut-être sera celle qui
41:37 interprétera Edith Piaf
41:39 lors de la cérémonie d'ouverture des JO.
41:41 Certains ont été d'abord racistes
41:43 à son encontre, et ça c'est un fait
41:45 évidemment, éminemment condamnable.
41:47 Simplement d'autres disent, elle ne parle pas français,
41:49 elle ne chante pas français.
41:51 Est-ce qu'elle rentre dans les critères qu'on vient d'évoquer ?
41:53 - D'abord je sais pas
41:55 quel est le deal, c'est parce que, enfin,
41:57 on parle de francophonie, quel est le plan, quel est le projet,
41:59 quelle est la feuille de route, est-ce qu'elle chantera
42:01 une chanson d'Edith Piaf ?
42:03 - Revisiter peut-être ? - Alors peut-être
42:05 revisiter aussi, alors simplement revisiter,
42:07 faut pas non plus faire dire le contraire. On a vu Catherine Ringer
42:09 qui fait dire des choses à la marseillaise
42:11 qui sont pas forcément
42:13 ce que dit la marseillaise, peut-être que ça a été vu avec
42:15 le président de la République, ça je n'en sais rien,
42:17 mais le président de la République a le droit de provoquer,
42:19 mais on a le droit de réagir à ses provocations.
42:21 Moi je suis pas contre. Si vraiment
42:23 ça célèbre la France, quelle que soit
42:25 sa couleur de peau, si elle chante
42:27 bien une chanson française qui, d'un point de vue
42:29 de la mondialisation, permettra de sublimer
42:31 la langue française, voilà. J'exclue pas
42:33 que ça puisse être un blanc aussi. Il y a un moment
42:35 donné où on peut considérer que ce qui vaut
42:37 c'est la qualité. Et si
42:39 la qualité n'est pas systématiquement
42:41 le message second, toujours, en disant
42:43 "On veut vous montrer une France créolisée, on veut vous
42:45 montrer une France métissée", parce que c'est ça la France
42:47 en permanence. J'entendais l'autre jour sur
42:49 le service public une dame qui disait "La France qui est désormais
42:51 métissée et créolisée". J'ai dit "Mais désormais ?
42:53 D'où tient ça ?
42:55 La dame était créolisée elle aussi." Non, pas
42:57 complètement. On n'a pas droit aux statistiques
42:59 ethniques, mais enfin la France n'est pas totalement
43:01 créolisée complètement. Alors on voit bien que
43:03 c'est un message politique de la part d'Emmanuel Macron.
43:05 Donc on sait bien que ça énerve des gens qui en face
43:07 ont un message politique opposé. Moi je ne
43:09 connaissais pas cette dame, j'ai écouté, je trouve
43:11 ça plutôt bien. Et donc je
43:13 pense que peut-être à ce moment-là il faudra qu'on s'intéresse
43:15 un peu au passé de Madame Edith Piaf pendant
43:17 la Deuxième Guerre mondiale, où elle n'a pas beaucoup
43:19 résisté, comme disaient
43:21 d'autres qui n'ont pas beaucoup résisté,
43:23 Arletty notamment.
43:25 Et on verra que de fait, il ne faut pas chercher
43:27 trop, parce qu'on dit "Oh mais elle est d'origine kabyle", donc ça
43:29 c'est un bon point. Mais connaissez bien
43:31 aussi Marché Noir, l'école Labo, etc.
43:33 C'est pas sûr que franchement on ait besoin
43:35 d'aller chercher ce genre de support
43:37 pour ne pas avoir un problème.
43:39 Un dernier mot sur la francophonie, parce qu'on parle de la langue française.
43:41 Elle est de plus en plus parlée dans le monde,
43:43 mais pour une bonne raison, c'est qu'elle est portée
43:45 par la dynamique de la démographie africaine,
43:47 alors qu'elle régresse en réalité en Europe
43:49 au profit de l'anglais. C'est pas ça un des
43:51 vrais dangers en réalité pour la langue française ?
43:53 Ah si bien sûr. Puis d'abord le fait qu'elle soit
43:55 parlée, c'est une chose, c'est la question de la
43:57 quantité, mais moi je préfère la question
43:59 de la qualité. Comment est-elle parlée cette langue ?
44:01 Et elle est quand même maltraitée.
44:03 C'est quand même assez problématique. Les nombre de
44:05 journalistes qui sont en permanence
44:07 avec un pronom... - Et de politiques !
44:09 - Les politiques, tous. Presque tous.
44:11 Vous nous aviez fait voir l'autre jour une très belle
44:13 archive, enfin c'était une jeune archive, une archive
44:15 de la semaine, mais de Roger Carucci,
44:17 qui avait dit des choses très intéressantes, souvenez-vous,
44:19 et dont on a vu qu'il n'avait pas
44:21 préparé son discours sur un papier. Il était pas
44:23 là en train de dire, en donnant une gifle au micro
44:25 comme ils font souvent, vous savez. - Dans le grand théâtre d'ombre.
44:27 - Il était là en train d'improviser avec une belle langue
44:29 française, sans faute, et
44:31 on se disait "Ah, un orateur, ça c'est
44:33 quand même plutôt pas mal". Donc, il y a
44:35 un moment donné où on se dit si
44:37 on a le souci de la quantité
44:39 de locuteurs, c'est une chose, mais moi je préfère avoir
44:41 le souci de la qualité des locuteurs.
44:43 Et là, pour le coup, on laisse faire
44:45 pas mal de sottises. - En tout cas, on
44:47 essaye, nous, chaque semaine, face à Michel Onfray,
44:49 de ne pas trop écorcher la langue
44:51 française. Vive le français, vive la lecture.
44:53 Enfin, Michel Onfray, c'est pas à vous que je vais
44:55 le dire. - Ah non, mais vive la lecture, oui.
44:57 Je pense, par exemple, qu'on pourrait travailler à ça.
44:59 C'est-à-dire réhabiliter le livre, faire du livre
45:01 un lieu de résistance, faire des... Moi, j'en ai
45:03 assez qu'on parle des médiathèques.
45:05 C'est fini, les bibliothèques. Bibliothèque, c'est le lieu du
45:07 livre. Médiathèque, le lieu des médias, dans
45:09 lesquels les livres sont un peu perdus. Je
45:11 pense qu'on devrait avoir, peut-être
45:13 une idée pour Rachida Datti, mais un grand plan
45:15 de réhabilitation de la lecture
45:17 pour permettre à la langue française,
45:19 au classique, d'être lue et aimée
45:21 et appréciée. - Merci beaucoup, Michel Onfray.
45:23 On se retrouve très rapidement dans notre émission,
45:25 mais tout de suite, c'est l'Info sur CNews.