• il y a 9 mois
Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Benjamin Sportouch.

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00:00 [Musique]
00:07 Et ravi de vous retrouver pour les informer.
00:09 On est ensemble en direct jusqu'à 9h30 sur France Info Radio et France Info Télé Canal 27 avec Benjamin Sportouche.
00:15 Bonjour Benjamin.
00:16 Bonjour Salia.
00:16 Et ce matin j'ai le plaisir d'accueillir Rachel Garaval-Carcel, journaliste politique à 20 minutes.
00:22 Bonjour.
00:22 Bonjour.
00:23 Et à vos côtés, Albert Ripamonti, directeur des rédactions de Public Sénat.
00:26 Bienvenue à tous les deux.
00:27 Bonjour.
00:27 Merci d'être là Benjamin. On commence tout de suite avec cette réunion de crise hier soir à l'Elysée autour d'Emmanuel Macron.
00:33 Les finances publiques sont dans le rouge.
00:34 Oui tout à fait. Emmanuel Macron qui dînait avec les leaders de la majorité et des groupes parlementaires au sujet donc des finances publiques.
00:40 Après une réunion avec plusieurs de ses ministres, c'est dire vous l'avez dit que l'heure est grave.
00:44 Selon les échos, l'exécutif table désormais sur un déficit à 5,6% du PIB fin 2023 au lieu de 4,9% qui était attendu.
00:54 Un résultat qui hypothèque très largement de pouvoir atteindre les 4,4% du PIB cette année.
01:00 Écoutez le ministre des Comptes publics qui était votre invité Saliha tout à l'heure à 8h30.
01:04 Vous t'habillez pour un déficit autour de 4,9% en 2023. Est-ce que ça sera beaucoup plus que 5% ?
01:10 Ça sera supérieur à 5% en raison de ce nouveau contexte.
01:15 Il faut que les français comprennent bien qu'il se joue quelque chose aujourd'hui sur le plan international avec les crises géopolitiques et l'impact de la guerre en Ukraine qui a eu un gros impact sur les prix de l'énergie par exemple.
01:29 Alors en effet y aura-t-il des économies ? Vous lui avez posé la question.
01:32 En tous les cas il y en a déjà des économies puisque Bruno Le Maire a annoncé 10 milliards d'économies pour cette année 2024 et ce sera certainement le double pour l'année prochaine.
01:40 Alors l'exécutif est-il en train de préparer les esprits à un tournant de la rigueur malgré ce qu'il vous a dit tout à l'heure ?
01:45 Où trouver les économies ? Les français y sont-ils prêts peut-être en compensation du quoi qu'il en coûte dont ils ont bénéficié au moment du Covid ?
01:54 Et politiquement bien sûr quelles conséquences dans les urnes ?
01:56 Raphaël ?
01:58 Il y a quand même un énorme contraste entre le sentiment d'urgence donné hier soir, une réunion convoquée précipitamment et ce matin le ministre qui nous dit mais il n'y a pas de précipitation.
02:08 Il y a encore 4 mois pour faire le budget et puis on va consulter.
02:11 Bon pour les 10 milliards d'économies annoncées il y a quelques semaines par Bruno Le Maire, les oppositions n'ont pas tellement été consultées.
02:17 Elles ont même réclamé un budget rectificatif qu'on leur a refusé mais là on veut bien prendre leurs idées.
02:22 C'est un élément de langage assez récurrent d'ailleurs de Bruno Le Maire quand les oppositions critiquent la gestion budgétaire du gouvernement.
02:30 On dit mais j'attends vos propositions.
02:32 La réalité c'est que les filles, les socialistes, on fait des contre-budgets l'année dernière.
02:36 Bon il a le droit de dire que ça ne leur convient pas bien sûr mais il ne peut pas dire que les oppositions ne proposent rien.
02:41 Moi je trouve que mettre ça sur le camp de la conjoncture c'est un peu facile parce qu'en réalité ce n'est pas ça le problème.
02:48 Le problème il a été clairement exposé par Bruno Le Maire dans une interview qui a été donnée ce week-end où il parle de la fin de l'état Providence pour le remplacer par un état protecteur.
02:59 Je ne sais pas très bien ce que ça veut dire mais en réalité c'est un problème de structure.
03:02 Pareil avec les collectivités locales.
03:04 Devant le Sénat il est venu en expliquant que notre organisation territoriale avait un coût vertigineux.
03:10 Donc un coût vertigineux ce sont des mots qui sont forts.
03:13 Donc ça veut dire qu'il faut s'attaquer maintenant pour le gouvernement au modèle social, à l'organisation territoriale.
03:21 Est-ce qu'on supprimera une strate comme on dit dans le jargon ? C'est une possibilité.
03:25 Mais en tous les cas rester aujourd'hui sur un plan purement conjoncturel ça me paraît un peu facile comme défense pour le gouvernement.
03:33 Où trouver ces économies ? C'est la question que tout le monde se pose et on va continuer de se la poser juste après le Fil info à 9h10 de Benjamin Fontaine.
03:41 Après deux mois de répit la capitale ukrainienne Kiev visée par des drones et des missiles russes.
03:47 Cette nuit 31 missiles ont été abattus, des débris ont touché un immeuble et une école.
03:52 Ces frappes ont fait au moins 10 blessés selon le maire de la ville.
03:55 Il n'y a pas de projet de réforme, de suppression ou de rabot sur les aides publiques aux logements assure sur France Info le ministre délégué en charge des comptes publics Thomas Kasnav.
04:03 Il dément ainsi les rumeurs. Le ministre annonce en revanche un déficit public de plus de 5% au-dessus des prévisions.
04:10 Il y a beaucoup de tensions, de peines, de douleurs explique ce matin le maire communiste de la Courneuve.
04:15 Il a fait avant la marche blanche dans sa ville cet après-midi, une semaine après la mort de Wanis, ce jeune de 18 ans tué à scooter dans une collision avec une voiture de police après un refus d'obtempérer.
04:25 Une nouvelle chance pour Kevin Mayer de décrocher son ticket pour les JO de Paris.
04:29 Le français se lance aujourd'hui dans le Décathlon de San Diego en Californie.
04:33 Il n'a pas encore réalisé les minimas de qualification pour cet été.
04:37 *Générique*
04:48 Et les informés continuent avec Rachel Garavalcarcel, journaliste politique à 20 minutes, avec Albert Rippamonti, aussi directeur des rédactions de Public Sénat.
04:56 Benjamin, la tâche du gouvernement qui s'annonce est difficile.
05:01 Alors Emmanuel Macron, tout comme Bruno Le Maire ou encore Thomas Cazenave qui était à cette place il y a quelques minutes disait "on va demander aux oppositions de nous faire des propositions pour trouver des économies".
05:11 Ah ben ils vont en faire des propositions certainement les Républicains en disant qu'il faut en effet couper dans les budgets sociaux notamment.
05:16 Pas tous, attention Eric Ciottier a dit dans les échos qu'il ne fallait pas trop toucher à l'éducation nationale, qu'il y avait des choses qui seraient sanctuarisées.
05:23 Mais pour autant ils sont prêts et ils veulent davantage de coupes budgétaires dans les domaines qui pour eux sont impératifs.
05:29 Par exemple bien évidemment ils estiment qu'il y a dans la sécurité sociale une certaine partie du budget sécuritaire, par exemple les transports médicaux qui doivent être largement amputés.
05:39 Vous savez les taxis qu'on prend par exemple pour aller à l'hôpital.
05:42 Alors les collectivités territoriales c'est un sujet intéressant parce qu'à chaque fois au final c'est elles qui prennent j'allais vous dire.
05:47 C'est elles les responsables et c'est elles qu'on va venir amputer parce qu'elles sont toujours responsables de tout alors que les administrations centrales le sont moins.
05:53 Et ça c'est vrai que c'est un peu facile à chaque fois de l'entendre.
05:55 On a l'impression qu'on leur donne mais qu'on leur donne trop alors qu'elles ont des charges supplémentaires.
05:59 On le sait par exemple que le RSA maintenant c'est elles qui doivent le faire.
06:02 On leur demande à chaque fois d'être plus présentes sur le territoire.
06:04 On leur demande d'être là parce qu'elles sont dans la proximité avec les gens donc elles savent quels sont les besoins exactement.
06:10 Donc vous voyez il y a quand même une forme d'ambiguïté.
06:12 Il va y avoir un bras de fer ?
06:13 Certainement qu'il va y avoir un bras de fer.
06:15 Alors allons, est-ce qu'on va aller, parce que vous savez qu'il va y avoir une réforme des collectivités territoriales qui est en train de se préparer Eric Wörth.
06:20 Est-ce qu'on va avoir, et c'est un débat récurrent en France, un millefeuille qui va être diminué avec la suppression des départements ?
06:27 Enfin franchement pour l'instant il y a une forme d'urgence tout de même.
06:30 Juste regardez quand même l'Espagne qui n'a pas des finances plus mirabolantes que les nôtres.
06:34 Très franchement ils ont réussi, ils l'ont annoncé ce mercredi, de réduire leur déficit de 4,8% à 3,7%.
06:40 Ils ont fait mieux que ce qu'ils avaient prévu et ils ne roulent pas sur l'or.
06:43 C'est vrai quand on voit ces éléments-là de comparaison on s'interroge nous sur notre gestion des finances publiques.
06:49 La question est de savoir si les Français sont prêts à serrer la ceinture, Rachel, et ça, est-ce qu'on est prêt ?
06:55 C'est une vraie question parce que si vraiment on a dans l'idée de vouloir très structurellement réduire notre déficit public et donc à terme notre dette.
07:03 Mais non c'est pas du tout le même pays qu'on aura dans quelques années.
07:06 Alors c'est un choix politique qu'on peut faire mais il faudrait être honnête sur ce vers qu'on va.
07:11 Vous parliez des Républicains dans leur contre-budget, effectivement ils avaient beaucoup d'économies.
07:16 Il y avait aussi des baisses d'impôts compensées par d'autres hausses mais au final la note était moins salée pour le contribuable.
07:24 Donc c'est vraiment un autre modèle de société.
07:27 Est-ce qu'on en a vraiment bien débattu ? Je ne suis pas certaine quand même.
07:30 Tout dépend de savoir où on va tailler en fait, dans quel secteur on va tailler.
07:35 Si on prend l'exemple de la sécurité sociale, il est question, c'est le bruit qui court et puis il y a les prises de parole de Bruno Le Maire
07:41 qui vont aussi en ce sens de tailler notamment dans les affections de longue durée.
07:46 Oui, les affections de longue durée, le transport médical c'est quand même 5,7 milliards d'euros par an, c'est pas une paille.
07:53 Il y a également l'assurance chômage puisque Bruno Le Maire a dit que l'État devrait reprendre le contrôle de l'assurance chômage.
08:02 Mais ça c'est aussi un modèle de société qui change parce que c'est la fin du paritarisme.
08:07 Oui, c'est les partenaires sociaux qui gèrent l'assurance chômage.
08:09 Les partenaires sociaux qui gèrent l'assurance chômage et qui le gèrent plutôt bien.
08:12 Et donc si effectivement l'État reprend le contrôle directement, là on change également de modèle social.
08:18 Pareil, ce qu'on disait tout à l'heure sur la sécurité sociale, mettre fin à l'État-providence pour déboucher sur quoi ?
08:26 Parce que l'État protecteur, on ne voit pas très bien ce que ça signifie.
08:30 Ce qu'on comprend c'est que c'est moins protecteur.
08:32 Voilà, on comprend que c'est moins protecteur et qu'il faudra se serrer la ceinture.
08:35 Mais il faut quand même se rendre compte de ce que c'est les infections longue durée.
08:38 On parle des malades du diabète, du cancer.
08:40 C'est ça, c'est sûr.
08:41 Ça paraît extrêmement injuste quand même.
08:43 Mais vous savez ce que dit le gouvernement aujourd'hui ?
08:45 Peut-être pour se rassurer, ça l'y a à bon compte.
08:47 Finalement que les Français n'ont pas si mal réagi que ça au doublement des franchises médicales sur les médicaments.
08:52 Qui va rapporter entre les 100 millions d'euros et d'un milliard.
08:55 Mais l'argument était différent pour les médicaments.
08:57 C'était on veut responsabiliser les Français qui prennent des médicaments en trop grande quantité.
09:02 Là, quand on est malade du cancer, aller expliquer à quelqu'un n'est plus responsable.
09:06 Est-ce que ce n'est pas une forme d'impôt supplémentaire qui ne dit pas son nom ?
09:09 Alors on peut avoir d'autres taxes de ce même style qui en effet ne seront pas officiellement des impôts.
09:14 D'ailleurs, Thomas Cazenave que vous avez interrogé sur les impôts n'est pas si clair que ça.
09:17 Il n'exclut pas toutes les formes d'impôts.
09:20 C'est là que ça va se jouer.
09:21 Et puis dans la majorité, il va y avoir aussi des débats.
09:23 Vous savez qu'il y a Elbron Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale.
09:26 Elle est contre ce dogme de plus d'impôts du tout.
09:30 Donc ça va se jouer là-dessus aussi.
09:32 Et c'est intéressant ce qu'elle dit, la présidente de l'Assemblée nationale.
09:34 Elle vous dit "on a été construit sur l'absence de dogme et la déconstruction de tous les dogmes".
09:38 Est-ce que le président va réussir à se déconstruire là-dessus ?
09:41 Mais alors justement sur les impôts, ce seraient donc les classes les plus aisées qui pourraient être visées ?
09:46 Oui, mais je ne pense pas.
09:50 C'est comme la CIG ou les retraités.
09:54 Mettre en contribution les retraités, c'est extrêmement douloureux pour le gouvernement
09:58 parce que s'il reste encore un électorat qui vote pour Emmanuel Macron, ce sont les retraités.
10:05 Donc mettre en contribution les retraités, ce serait se tirer une balle dans le pied finalement.
10:12 Mais mettre en contribution différemment, pas forcément en augmentant les impôts,
10:15 mais en évitant d'indexer les retraites sur l'inflation, ça peut être l'une des pistes.
10:19 4 milliards d'économies s'ils font ça.
10:21 Rachel, ils pourraient se diriger vers ça ou pas ?
10:24 C'est une possibilité, mais au final, ça fait toujours une perte de pouvoir d'achat.
10:29 C'est comme si d'habitude, quand il y a de l'inflation, on augmente les barèmes de l'impôt sur le revenu
10:34 pour faire une petite compensation.
10:36 Si on n'augmente pas ces barèmes, par définition, on augmente les impôts pour tout le monde,
10:41 pour ceux qui payent l'impôt sur le revenu, bien entendu.
10:44 Mais je veux réagir. Les Français n'ont pas si mal réagi.
10:47 C'est ce que dit le gouvernement, Rachel. Je ne suis pas en train de le dire.
10:50 Et même les oppositions ne s'y sont pas opposées.
10:52 Peut-être que le gouvernement est satisfait d'être à 18% pour les Européennes
10:55 et d'être 13 points derrière le Rassemblement national.
10:57 C'est peut-être une réaction des Français aussi.
10:59 Juste un point quand même, parce que quand on envoie les chiffres du CAC 40,
11:02 vous avez vu les bénéfices records, 153 milliards, c'est historique.
11:06 Est-ce que là, vous savez, c'est des choses qu'on entend en région aussi là-dessus ?
11:10 Peut-être nous, on parle insuffisamment, mais c'est vrai que ce chiffre, il a été très...
11:14 La gauche en parle beaucoup.
11:15 Oui, tout à fait, mais 153 milliards.
11:17 Exactement, même à droite, ça commence un peu à monter.
11:19 Et au modem, aussi dans la majorité.
11:21 Pour le budget, du vote, du débat en tout cas sur le budget 2023,
11:26 il y avait ce fameux amendement du Modem de Jean-Paul Mathie,
11:28 le président du groupe Modem, sur les super profits.
11:31 C'était une taxe temporaire sur une augmentation légère de la fiscalité.
11:36 Ça avait été adopté par l'Assemblée, par la gauche,
11:39 et par une partie de la majorité aussi, y compris jusqu'à Renaissance.
11:43 Ça n'a pas été conservé par le 49-3.
11:45 À un moment donné, tout ça va revenir dans le débat.
11:47 Peut-être qu'on aura un débat budgétaire l'automne prochain qui sera très intéressant
11:51 et peut-être une majorité qui se sentira peut-être moins tenue après les européens.
11:55 Après, tous les centristes du Sénat avaient également déposé des amendements là aussi.
12:00 En ce sens.
12:01 Bien sûr, en ce sens.
12:02 Donc ça veut dire qu'effectivement, ça dépasse, j'allais dire, le seul bloc de gauche.
12:06 Mais là, on parle des augmentations d'impôts, mais il y a aussi une question de baisse d'impôts,
12:09 puisque l'année prochaine, 2025, il est prévu 2 milliards de...
12:15 De réduction d'impôts pour les classes moyennes.
12:17 De réduction d'impôts pour les classes moyennes, effectivement.
12:18 Il y a aussi les impôts de production en moins pour les entreprises.
12:22 Est-ce qu'ils vont renoncer à ça ?
12:24 Alors là, pour le coup, on se dit, pour financer les 2 milliards, on va ponctionner ailleurs.
12:29 C'est une question.
12:30 Après, très honnêtement aussi, c'est aussi la double injonction des Français.
12:33 Les Français vont leur poser la question.
12:35 Il y a trop de dettes, il y a trop de dettes, il y a trop de dettes.
12:37 À ce moment-là, qu'est-ce qu'on fait exactement ?
12:39 Est-ce qu'ils sont prêts eux-mêmes à mettre la main dans le porte-monnaie ?
12:42 Parce qu'à un moment donné, ils ont bénéficié de cet État-providence
12:46 et de cet État-protecteur que veut faire Bruno Le Maire.
12:50 Parce qu'en effet, il y a eu le quoi qu'il en coûte.
12:51 Les Français sont redevables à l'état de cela.
12:53 Quels compromis sont-ils prêts à faire ?
12:55 Là, je m'interroge.
12:56 Est-ce qu'il n'y a pas une marge de manœuvre et d'appréciation pour le gouvernement ?
12:58 Je reste avec les problèmes de prévision qui ont été faits par le gouvernement.
13:03 Erreur sur la prévision de croissance, erreur sur la prévision du déficit.
13:07 Ce qui fait dire à Marine Le Pen que les résultats sont pitoyables.
13:10 Ce qui fait dire à l'extrême gauche que ceux qui sont à la tête de Bercy sont de piètres économistes.
13:15 Cela donne raison à l'opposition tout ça.
13:17 Il y a quand même un sujet.
13:18 Là, Thomas Cazeneuve nous dit que le contexte a changé.
13:21 Pardon, mais entre l'été dernier et aujourd'hui, le contexte n'a pas fondamentalement changé.
13:26 Et puis, comment dire ?
13:28 Il y a des choix qui sont faits, qui sont assumés.
13:32 Est-ce qu'on a voulu se ménager un automne budgétaire moins difficile en étant mieux disant sur le chiffre de croissance ?
13:40 Trop optimiste.
13:41 En tout cas, il y a peut-être une question sur la sincérité du dernier budget.
13:44 Oui, en tout cas, ce qui est clair, c'est que l'objectif du quinquennat d'être à 3% en 2027,
13:53 s'il n'y a pas effectivement des réformes de structure, ça ne passera pas.
13:58 C'est ce que disait Edouard Philippe, l'ancien Premier ministre.
14:00 C'est clair, on n'a pas réformé grand-chose jusqu'à présent.
14:03 Il y a une menace politique aussi. Vous avez vu qu'Éric Ciotti, le patron des DLR,
14:08 dit peut-être qu'on va censurer le gouvernement sur le budget.
14:11 Bon, alors si jamais ça arrive après les Jeux olympiques, ce qu'essaye de faire le gouvernement pour l'instant aussi,
14:15 c'est de modérer les annonces. Est-ce qu'il va pouvoir tenir jusqu'aux Olympiques ? C'est compliqué.
14:19 Mais en tous les cas, ça, il y a cette menace, cette épée de Damoclès,
14:22 parce qu'à ce moment-là, politiquement, ça peut entraîner quoi ?
14:25 Ça va entretenir peut-être une dissolution. Et là, la douane politique, elle change complètement.
14:29 Et là, on bascule dans la crise politique. Bon, il est 9h20, on va faire une petite pause.
14:34 Les informés continuent après le fil à info de Benjamin Fontaine.
14:37 Après avoir mis son veto à plusieurs projets de cesser le feu entre Israël et le Hamas,
14:42 Anthony Blinken, le secrétaire d'État américain, annonce avoir déposé un projet de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU.
14:48 Blinken est attendu en Égypte aujourd'hui pour faire avancer les pourparlers.
14:52 Un nouveau sommet des 27 pays de l'Union européenne, aujourd'hui et demain,
14:56 ils veulent trouver de nouveaux moyens financiers pour aider l'Ukraine à s'armer face à la Russie.
15:01 L'idée d'un emprunt commun de 100 milliards d'euros est sur la table, mais elle est loin de faire l'unanimité.
15:06 Si rien ne change, la population mondiale va décliner plus vite que prévu, selon une étude de la revue scientifique de Lancet.
15:12 En 2050, dans les trois quarts des pays, le taux de fécondité des femmes ne permettra pas de renouveler les générations.
15:18 Kylian Mbappé est toujours le joueur le mieux payé de la Ligue 1, selon l'enquête du journal L'Équipe.
15:23 L'attaquant parisien émarge à 6 millions d'euros bruts par mois,
15:26 cinq fois plus que ses collègues Dambélé et Markignos qui complètent le podium.
15:31 De retour sur le plateau des informés avec Albert Rippamonti, directeur des rédactions de Public Sénat,
15:47 avec Rachel Garavalcarcel, journaliste politique à 20 minutes.
15:50 Et Benjamin, le deuxième thème de ces informés, c'est l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne qui est remis en question aujourd'hui.
15:57 Oui, tout à fait. Il revient sur le devant de la scène et pourtant, il n'est pas tout jeune, ce SÉTAT.
16:00 Il a été adopté par Bruxelles en 2017 et il est déjà en application à 90% de ses textes,
16:06 mais il doit être enterriné officiellement par les parlements nationaux.
16:10 L'Assemblée nationale l'a fait en 2019 et c'est maintenant à notre Sénat de se prononcer.
16:15 Les communistes qui profitent de leur niche parlementaire, comme on dit, pour le mettre au menu de la Haute Assemblée,
16:20 et bien c'est là que ça devient intéressant et périlleux pour le gouvernement,
16:23 car une partie de la droite pourrait voter avec la gauche pour le faire capoter un texte qu'elle juge néfaste pour nos agriculteurs.
16:30 Écoutez tout d'abord la tête de liste communiste européenne, Léon Défontaine.
16:34 Et j'ai envie de dire une chose parce que les Canadiens, je pense, pour en connaître beaucoup, ne se passeront pas du fromage et du vin français.
16:40 En revanche, nous, le bœuf qui est élevé aux hormones au Canada, on peut complètement s'en passer.
16:44 Donc ces accords de libre-échange qui ne vont pas dans le bon sens aujourd'hui, il faut les remettre en cause.
16:49 Remettre en cause ? Alors droite et gauche qui espèrent tirer profit électoralement les uns et les autres de ce coup de poker,
16:56 quelque part aux prochaines européennes, cette alliance de circonstances, en tous les cas, elle est assez inédite, il faut bien le dire, ou assez rare.
17:03 Rachel va nous dire peut-être le contraire tout à l'heure.
17:05 Mais ça fait trembler le gouvernement qui défend un accord très porteur pour notre économie.
17:08 Alors est-ce que c'est un coup politique, électoraliste, au détriment de notre économie ?
17:11 Ou alors un jeu parlementaire nécessaire pour défendre les intérêts de notre agriculture ?
17:15 Ça a quel sens de remettre en cause aujourd'hui un accord qui est en application depuis plusieurs années ?
17:20 Il est en application provisoire. De fait, il y a dix parlements dans l'Union européenne qui ne l'ont pas ratifié.
17:25 Ça pose quand même une question démocratique.
17:28 Et puis pour rebondir sur ce que vous disiez, dans l'histoire politique française, que des communistes s'allient avec ce qui reste des gaullistes
17:36 sur des questions de souveraineté vis-à-vis de l'Union européenne, c'est même plutôt quelque chose de régulier, en vérité.
17:42 Y compris au Sénat ? On ne l'avait pas vu depuis un certain temps.
17:45 On ne l'a pas vu depuis un certain temps, ça joue la corne, mais ce n'est pas si inédit ça.
17:50 Du point de vue démocratique, il y a quelque chose d'assez réjouissant, entre guillemets, dans le fait que dans un pays où les parlementaires ont quand même assez peu de pouvoir,
17:58 il y ait quand même quelques mécanismes qui puissent être activés par des parlementaires un peu malins, comme c'est le cas des communistes là.
18:06 Mais concrètement, qu'est-ce qui pourrait se passer, Albert ? Parce que si le Sénat vote aujourd'hui l'interdiction du CETA, qu'est-ce qui se passe après ?
18:13 Alors, il y a plusieurs possibilités, mais de toute manière, il faut savoir que si le gouvernement ne notifie pas à Bruxelles le refus de la ratification,
18:23 il n'y a pas d'effet, concrètement, il n'y a pas d'effet. Le Parlement chypriote, par exemple, a refusé le traité du CETA,
18:31 le gouvernement chypriote ne l'a pas notifié à Bruxelles, et ça n'a pas eu de conséquence.
18:35 S'il y avait eu une notification, ce serait une catastrophe, si je puis dire, parce que là, effectivement, dans les 27 pays, le traité tomberait.
18:42 Mais le gouvernement n'est absolument pas tenu par ce vote. Donc, pratiquement...
18:46 Ah d'accord, donc ça peut être voté au Sénat ?
18:49 Ah bah après, ça reviendrait à l'Assemblée nationale.
18:51 C'est pas sûr, on est pas obligés.
18:53 Oui, mais c'est quand même incroyable. Mais ne pas notifier une décision parlementaire, alors, c'est le déni.
18:58 Là, est-ce qu'il y a une anomalie démocratique ?
19:00 Il y aurait une forme de déni au moment où les populismes profitent de tout cela.
19:04 C'est-à-dire de dire, vous voyez, nos représentants ne nous représentent pas vraiment, ils votent quelque chose et ça n'a pas respecté à Bruxelles.
19:09 Enfin, l'effet pourrait être dévastateur, tout de même. Moi, je ne savais pas qu'on ne pouvait pas notifier une décision de parlementaire.
19:15 Mais il a appris au travail.
19:16 Mais quand même, sur le fond, quand même, parce qu'il y avait Marc Fesneau, le ministre de l'Agriculture, qui était sur ce plateau hier,
19:22 et il disait "mais ce serait catastrophique si des parlementaires français votaient contre le Sénat".
19:28 Parce que le signal politique...
19:30 Parce qu'il est bénéfique, le Sénat.
19:31 Ah oui, alors, justement, j'ai pris quelques chiffres, là.
19:34 Plus 33% d'exportations agricoles entre 2017 et 2023, donc les exportations agroalimentaires multipliées par 3,
19:42 donc françaises à destination du Canada, plus 60% pour les fromages, pareil pour les vins.
19:49 Donc ça veut dire que le traité est bénéfique.
19:53 Mais on tire des plans sur la comète en se disant que, concernant le bœuf,
20:00 il y a des quotas que les Canadiens pourraient exporter, mais qu'ils n'exportent pas en raison de normes sanitaires,
20:07 mais que demain, ça pourrait changer.
20:09 Je veux bien qu'on fasse de la politique avec demain, mais aujourd'hui, le traité est bénéficiaire.
20:15 Ça, c'est clair pour la France.
20:16 Oui, mais c'est vrai que c'est chiffre contre chiffre.
20:17 Oui, après, la France est dans une contradiction.
20:19 Parce que d'abord, l'agriculture, c'est beaucoup de réalités différentes,
20:22 et c'est certains secteurs qui ont absolument besoin de l'exportation pour être à flot.
20:29 Or, ces exportations, elles participent à réduire un petit peu le déficit commercial de la France,
20:34 qui est quand même très important depuis des années.
20:36 Donc, c'est pas vrai qu'on pourrait vivre tout à fait en autarcie, de toute façon.
20:40 Donc, il y a une sorte de consensus qui est en train de se faire sur les traités de libre-échange,
20:44 mais en fait, une partie de l'agriculture, on en a aussi besoin.
20:47 Ça, quand même, ça interroge quand même le fonctionnement de l'Europe.
20:50 C'est vrai que c'est très bien de faire voter les parlements nationaux,
20:53 mais c'est aussi la question de l'Europe fédérale.
20:55 Si ce traité avait été accepté...
20:56 On n'y est pas.
20:57 Oui, mais tout à fait.
20:58 C'est-à-dire qu'il n'y a pas de réflexion sur l'Europe politique, pour être très concret.
21:01 En effet, là, on fait voter les parlements nationaux,
21:03 mais si c'est dans l'intérêt de l'Union européenne,
21:05 de fait, ça devrait pouvoir s'appliquer sans que les parlements nationaux ne se prononcent.
21:08 C'est ça, une vraie Europe fédérale.
21:10 Mais ça, on n'ose même pas le dire.
21:12 Ça fait sept ans que c'est appliqué, comme si l'Europe politique existait.
21:15 Et en fait, c'est là où on a une lacune.
21:17 C'est là qu'il y a un hiatus entre ce que l'Europe voudrait être et ce qu'elle n'est pas.
21:21 Et puis, cela étant, ce traité a été négocié sous Sarkozy,
21:25 voté sous Hollande, mis en application sous Macron.
21:27 Donc, vous voyez un peu les majorités qui ont changé.
21:31 Après, on a changé de monde aussi.
21:33 On n'est plus au moment de la mondialisation un peu triomphante des années 2010-2014.
21:39 Depuis la guerre en Ukraine, la Covid, on a changé de monde.
21:45 Ce n'est plus le monde d'hier et aujourd'hui,
21:47 les Français sont très méfiants vis-à-vis du libéralisme
21:51 et beaucoup plus en faveur du souverainisme et du protectionnisme.
21:54 Et ça, c'est une des résultantes du vote qu'il va y avoir en fin de matinée.
21:59 Oui, on l'a vu pendant la crise agricole.
22:01 Merci beaucoup.
22:03 Merci à tous les trois.
22:04 Rachel Garaval-Carcel, journaliste politique à 20 minutes.
22:07 Merci d'être passé dans les informés ce matin.
22:09 Albert Ripamonti, directeur des rédactions de Public Sénat.
22:12 Vous revenez quand vous voulez, évidemment.
22:13 Merci beaucoup Benjamin d'avoir passé ces deux jours à mes côtés.
22:16 Les informés sont de retour ce soir à 20h avec Bérangère Bonte.
22:20 ♪ ♪ ♪

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