• il y a 8 mois
Retrouvez un point complet sur l'actualité parlementaire et politique de la semaine en présence d'Aurélie Trouvé, députée de la Seine-Saint-Denis, groupe La France Insoumise - NUPES.

Parlement Hebdo, c´est le tour d´horizon complet d'une semaine au Parlement. Chaque vendredi, Kathia Gilder (LCP-Assemblée nationale) et Alexandre Poussart (Public Sénat) passent en revue les événements et les discussions - en séance ou en commission - qui ont animé les débats. Une mise en perspective analysée en plateau par une personnalité politique.

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Transcription
00:00 *Générique*
00:09 Bonjour à tous, ravis de vous retrouver pour un nouveau numéro de Parlement Hebdo,
00:13 l'émission qui revient sur les temps forts de la semaine au Parlement.
00:16 - Et cette semaine nous accueillons Aurélie Trouvé, bonjour ! - Bonjour !
00:19 - Vous êtes députée LFI de Saint-Sagny et par ailleurs membre de la commission des affaires économiques de l'Assemblée Nationale.
00:24 Merci d'être avec nous !
00:25 Et à la une cette semaine, un vote historique. Le Parlement français réuni lundi en congrès à Versailles
00:31 a inscrit dans la constitution la liberté garantie des femmes de recourir à une interruption volontaire de grossesse, une première mondiale.
00:38 La commission d'enquête du Sénat sur les menaces et agressions contre les enseignants a rendu son rapport.
00:43 Elle préconise le respect de la laïcité à l'école et de responsabiliser les parents.
00:49 Et Bruno Le Maire, le ministre de l'économie et des finances, a annoncé aux parlementaires un nouveau tour de vise budgétaire.
00:54 Il prévoit 20 milliards d'euros d'économies supplémentaires pour l'an prochain.
00:58 - 4 mars 2024, la France a inscrit l'IVG dans sa constitution.
01:04 Réuni en congrès à Versailles, députés et sénateurs ont largement approuvé cette avancée pour les femmes.
01:10 Retour sur une séance historique avec Maëté Frémont.
01:16 Entourée de la garde républicaine, Yael Broun-Pivet, l'air grave, traverse la galerie des bustes de Versailles.
01:24 Pour la première fois dans l'histoire, une femme préside un congrès du Parlement.
01:31 - Alors que le monde est secoué de tant de crises, notre pays s'attache à renforcer la garantie des droits.
01:39 La France serait-elle à contre-courant ? Non, elle est à l'avant-garde.
01:45 Moment rare de concorde nationale. Face à elle, 925 députés et sénateurs présents, réunis après un long processus parlementaire de 18 mois.
01:55 - Tout dans notre histoire le prouve. Nos libertés sont par essence menacées, par essence fragiles, par essence à la merci de ceux qui en décident.
02:03 Et lorsqu'on veut s'en prendre aux libertés d'un peuple, c'est toujours par celle des femmes qu'on commence. Simone de Beauvoir, encore une fois, avait raison.
02:11 Fierté pour de nombreuses élus écologistes et de gauche, relais des associations féministes, vêtues pour l'occasion de blanc, la couleur des suffragettes, ou de vert, en hommage aux femmes qui se battent encore pour ce droit fondamental.
02:27 - Le recul des droits sexuels et reproductifs dans le monde n'est pas une fatalité. Vous pouvez gagner. Nous pouvons gagner.
02:35 L'émotion des femmes politiques, mais aussi celle des hommes.
02:39 - Je voudrais, si vous me le permettez, vous raconter une histoire.
02:42 Celle d'un jeune médecin directement confronté au drame de l'avortement.
02:47 - Il s'agitait d'un infanticide, bien sûr, et la loi me commandait de m'exécuter. Mais je savais aussi parfaitement pourquoi cette jeune femme était là, dans un pays comme tant d'autres,
02:57 où "fille mère", c'était le mot de l'époque, signifiait bannissement social et déshonneur pour la famille.
03:03 - Après un peu plus de 3 heures de séance... - Pour l'adoption, 780. Contre, 72 ans.
03:12 - Applaudie à tout rompre par les parlementaires, l'inscription de l'IVG dans la Constitution est largement approuvée, à l'exception de quelques voix contre,
03:22 venues des rangs de la droite et de l'extrême droite.
03:26 - Voilà pour ce vote historique, Aurélie Trouvé. Il y a quelques mois à peine, on disait pourtant que ce projet de loi constitutionnelle n'aboutirait peut-être pas,
03:34 en raison notamment des réticences de certains, notamment à droite, au Sénat. Et voilà, il y a eu ce moment de concorde nationale, assez rare.
03:43 Est-ce que ça veut dire, Aurélie Trouvé, que la gauche, la majorité présidentielle et la droite peuvent finalement s'unir ?
03:49 - D'abord, je voudrais dire que c'est surtout une victoire de femmes. Une victoire d'abord de toutes les femmes qui se sont battues depuis des générations,
03:56 parfois dans la plus grande adversité. J'en parle avec émotion parce que je sais ce que ça représente aussi en tant que femme.
04:02 J'ai vu comme beaucoup de femmes, voilà, avortées. Et je crois, il faut le dire maintenant, que c'est le cas de beaucoup de femmes dans la société,
04:09 que ce droit est essentiel. Victoire de femmes d'abord des associations qui se battent, du planning familial, de tant d'institutions qui se battent,
04:17 voilà, encore aujourd'hui pour le rendre effectif, ce droit. Et puis, victoire de femmes parlementaires aussi.
04:23 Et je pense en particulier, évidemment, à Mathilde Panot et à Mélanie Vogel qui ont porté des propositions de loi dans les groupes parlementaires de la Nubes.
04:33 Et depuis plusieurs années, nous essayons de faire passer ce droit fondamental dans la Constitution. Voilà, c'est ça que je veux retenir.
04:42 Victoire de femmes qui se battent pour un droit fondamental.
04:45 Alors cette victoire de femmes, elle ne résout pas le problème de l'accès réel à l'interruption volontaire de grossesse dans notre pays.
04:51 Aujourd'hui, il y a beaucoup de femmes qui sont obligées d'aller dans un autre département que celui de leur domicile pour réaliser une IVG.
04:58 C'est notamment dû à la problématique des déserts médicaux. Est-ce que les Insoumis ont la solution pour résoudre ce problème de l'accès réel à l'IVG ?
05:06 Eh bien, c'est les moyens. Je vous remercie d'abord de mettre ce problème sur la table. Je suis parlementaire, députée de Seine-Saint-Denis.
05:12 Vous voyez, dans ma circonscription, il y a encore une maternité qui ferme, qui est celle des Lilas.
05:19 Je ne sais pas si vous connaissez, mais c'est un haut lieu historique de lutte pour le droit à l'avortement, mais surtout un lieu où l'on peut avorter.
05:26 Et encore un lieu qui ferme, où il est possible d'avorter. Et donc, il y a beaucoup de femmes, par exemple, en Seine-Saint-Denis, qui sont obligées d'aller dans un autre département pour pouvoir avorter.
05:35 Plusieurs maternités, d'ailleurs, sont en train de fermer de centres où l'on peut avorter.
05:39 Donc, c'est la responsabilité du gouvernement qui ferme des maternités ?
05:42 Eh bien, oui, puisque derrière, il y a un manque de moyens donnés aux établissements qui pratiquent, évidemment, qui permettent justement de rendre ce droit effectif à l'avortement.
05:53 Donc, évidemment, je crois que ce sera un sujet suivant. Très inquiète, des coupes budgétaires à nouveau annoncées, notamment dans la santé publique, parce qu'eh bien, évidemment, il faut des moyens pour ça.
06:06 Alors, il y a d'autres freins qui sont évoqués dans l'accès à l'IVG. Le gouvernement a notamment rappelé tout au long du débat au Parlement qu'un médecin pourra toujours refuser de pratiquer une IVG.
06:17 C'est sa liberté de conscience. Est-ce qu'il faut, pour vous, garder cette clause de conscience du médecin ?
06:24 Le problème ici, c'est qu'il y a une double clause de conscience, en fait, parce qu'il y a une clause de conscience générale, plus une clause de conscience spécifique en ce qui concerne ce droit à l'avortement.
06:33 Qui avait été ajoutée dans la loi Veil.
06:35 Voilà, il faut savoir que le Haut Conseil, par exemple, à l'égalité entre hommes et femmes, eh bien, justement, suggère plutôt d'enlever cette double clause de conscience.
06:43 Et donc, nous sommes pour enlever cette double clause de conscience. Ça fait partie, voilà, de toutes ces avancées qu'il reste à mettre en œuvre pour rendre effectif ce droit à l'avortement.
06:54 Mais ça veut dire qu'un médecin pourra toujours refuser de pratiquer l'avortement avec une simple clause de conscience.
06:59 Même avec une simple clause, bien évidemment. Mais c'est le problème de cette double clause qui rend, si vous voulez, encore plus compliqué de pouvoir avorter.
07:09 Pour vous, c'est un frein à l'accès à l'IVG ?
07:11 Et le problème, surtout, c'est qu'il y a beaucoup de médecins qui ne renvoient pas vers d'autres médecins, par exemple.
07:16 Donc c'est un frein ?
07:17 Bien sûr que c'est un frein. Donc c'est un frein à lever aujourd'hui. Comme il y en a encore beaucoup d'autres, on vient d'en parler.
07:23 Après ce vote français, est-ce que vous pensez que l'IVG peut être protégée de la même manière au niveau européen, alors que dans plusieurs pays européens, l'accès à l'IVG est quand même limité ?
07:32 Malheureusement, ce n'est pas le cas. Mais justement, je crois que nous venons d'envoyer un signal au monde.
07:36 Et ça montre à quel point c'était important de l'inscrire dans la Constitution.
07:39 Quand on voit qu'en Pologne, en Hongrie, aux États-Unis, dans tant de pays, évidemment, au nord comme au sud, les femmes ne peuvent tout simplement pas avorter.
07:48 En réalité, elles le font souvent quand même. Elles sont même souvent prêtes à mettre leur vie en danger pour cela.
07:57 Et même, vous savez, il y a 60 ans, c'était le cas en France. Je ne sais pas si vous connaissez ce magnifique livre d'Annie Ernaux, "L'événement".
08:06 Et qui parle de cela. Et qui dit, j'ai eu l'occasion d'en parler avec elle directement, et qui parle justement de son expérience qui est terrible.
08:14 Et qui dit qu'on a vécu tant de femmes, et qui sont encore vécues par tant de femmes dans le monde.
08:18 Donc je crois aussi que nous avons envoyé un signal au reste du monde.
08:21 Alors, je voudrais vous montrer cette affiche qui a été publiée par la France Insoumise, et qui met sur la même image Simone Veil et Mathilde Panot.
08:31 On l'a fait. Mathilde Panot, la présidente de votre groupe. Est-ce que cette image est pour vous appropriée ?
08:37 Puisqu'elle a suscité beaucoup de réactions.
08:39 Certains parlementaires se sont dit choqués par l'association des deux parties.
08:42 Je ne vois pas ce qui est choquant. Ce qui est au contraire, ce que ça montre, c'est la continuité de ce combat, qui est très beau.
08:49 Vraiment, je trouve cette polémique lamentable. Un moment, justement, où nous devrions avoir une grande dignité, une grande solennité.
08:57 Et oui, Mathilde Panot fait partie des femmes grâce auxquelles nous avons aujourd'hui l'inscription du droit à l'avortement dans la Constitution.
09:06 Parmi d'autres femmes, d'ailleurs. Je n'ai aucun problème à dire que Mélanie Vogel ou même Aurore Bergé, par exemple, ont eu un rôle.
09:14 Je le dis d'autant plus que le Premier ministre, Gabriel Attal, malheureusement a invisibilisé certaines femmes pendant son discours.
09:21 - Elle ne les a pas citées pendant son discours. - Oui, c'est bien dommage.
09:23 - Et vous trouvez cela élégant ? - Non, absolument pas. Je trouve ça petit et bas.
09:27 Venant d'un monsieur Premier ministre, la moindre des choses aurait été de mettre en avant justement toutes ces femmes, ici de Simone Veil à Mathilde Panot ou à Mélanie Vogel ou à Aurore Bergé,
09:38 qui ont contribué, ou je pense aussi à la présidente de l'Assemblée nationale, qui ont contribué à inscrire ce droit dans la Constitution.
09:45 Je trouve ça d'une bassesse et d'un sectarisme quand même assez édifiant.
09:49 - Alors Aurélie Trouvé, nous sommes la semaine du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes.
09:53 Et sur la question des inégalités entre les femmes et les hommes, notamment sur la question des salaires, le compte n'y est pas, puisque une étude de l'INSEE montre qu'à temps de travail égal en France,
10:03 il y a toujours 15% d'écart entre les salaires des femmes et des hommes. Est-ce que, là encore, les Insoumis ont la solution pour combler cette inégalité concrètement ? Comment on fait ?
10:12 - Alors, concrètement, on a d'ailleurs déjà fait plusieurs propositions dans des amendements pour des projets de loi.
10:17 Ce que l'on porte, par exemple, c'est une conditionnalité beaucoup plus forte des aides aux entreprises.
10:23 Vous savez que les aides aux entreprises, c'est 210 milliards d'euros par an. C'est énorme, c'est près de la moitié du budget de l'Etat.
10:30 En réalité, ça correspond à peu près à quasiment la moitié du budget de l'Etat.
10:36 Et donc, il faut une conditionnalité beaucoup plus forte. Vous savez qu'aujourd'hui, donc vous l'avez dit, il y a un très gros écart de salaire entre les femmes et les hommes.
10:44 Mais même à poste égal et à temps de travail égal, il y a une différence de 5%. Donc, il faut que ce respect de l'égalité soit effectif.
10:53 Il faut aussi... Nous, nous sommes pour interdire les temps partiels subis. Et là aussi, ça pourrait être une condition...
10:59 - C'est le combat. - Voilà. Une condition faite pour toucher ces aides. Je dis aussi que c'est un combat des syndicats de salariés.
11:08 On va évoquer le deuxième thème de cette émission, à parler d'école, puisque la commission d'enquête du Sénat sur les violences et les pressions contre les enseignants a rendu ses conclusions après 6 mois de travaux.
11:19 Et cette commission d'enquête propose de renforcer le respect de la laïcité à l'école et puis de responsabiliser les parents. Lina Bougeroudi.
11:27 Des enseignants plongés dans une terrible solitude. C'est ce que relève le dernier rapport sénatorial sur la laïcité à l'école.
11:35 Pour le président de la commission, il y a urgence.
11:38 L'école de la République est en danger.
11:40 Gérard Larcher l'avait promis à la sœur de Samuel Paty. Trois ans après le décès de l'enseignant, une commission d'enquête a été ouverte.
11:47 Mon frère a été décapité le 16 octobre 2020, trois ans après, étant de réaliser que la fameuse phrase lancée par M. Blanquer, "il y aura un avant et un après Samuel Paty", n'a pas eu les effets attendus.
11:59 Le décès de l'enseignant Dominique Bernard-Arras en décembre dernier a accéléré les travaux. L'objectif, comprendre comment l'éducation a géré cette situation.
12:08 10% des enseignants déclarent subir des menaces, soit près de 38 000 professeurs.
12:13 Le Sénat propose 38 recommandations pour accompagner le personnel éducatif.
12:18 Une première mesure symbolique, rendre chaque année hommage aux enseignants assassinés au mois d'octobre.
12:23 Renforcer la formation des équipes éducatives, généraliser les moyens d'alerte directe entre l'établissement et la police, et interdire le port de signes religieux lors des activités extrascolaires.
12:35 Pour le sénateur François-Noël Buffet, les parents doivent être sanctionnés.
12:39 Et qu'à partir du moment où ils ne prennent pas conscience de cette responsabilité qu'ils ont à l'égard de l'équipe éducative, du lycée ou du collège dans lequel ils scolarisent leurs enfants, et bien ils puissent y avoir une amende.
12:49 Si le rapport a été adopté à l'unanimité au sein de la droite sénatoriale, une partie de la gauche s'est abstenue.
12:55 « Vis-à-vis de l'État, il peut y avoir deux poids deux mesures.
12:58 C'est-à-dire qu'on peut être très sévère avec un lycée musulman à Lille et beaucoup moins avec un lycée catholique à Paris.
13:07 Les élèves et les enseignants nous demandent qu'il y ait une meilleure protection de la liberté de conscience dans les établissements privés.
13:15 Ce n'est pas apparu de façon très nette dans le rapport. »
13:18 Les sénateurs espèrent que le rapport sera repris par le gouvernement.
13:22 Aurélie Trouvé, ce rapport de la commission enquête du Sénat résonne avec l'actualité puisque cette semaine, le proviseur du lycée Maurice Ravel à Paris a été menacé de mort après avoir demandé à une élève de retirer son voile.
13:32 Concrètement, qu'est-ce qu'on fait face à ces menaces et pressions contre les enseignants sur fond de défiance de la laïcité ?
13:39 D'abord, ce rapport traite de l'ensemble des agressions, des menaces envers les enseignants.
13:45 Je suis particulièrement concernée et marquée puisque je suis enseignante de métier scientifique.
13:51 Vous imaginez bien que le fait d'être menacée ou fragilisée dans ses enseignements pour des raisons de religion, ça me heurte.
14:03 Je dois dire d'abord une chose, c'est que les enseignants sont le pilier de la République.
14:07 À ce titre-là, ils doivent être protégés et nous devons.
14:12 Les assassinats de Samuel Paty et de Dominique Bernard sont un traumatisme pour l'ensemble de la communauté éducative.
14:21 Pour rebondir sur ce que dit Alexandre, est-ce que dans votre circonscription et aussi en tant qu'enseignante, vous avez pu constater des attentes particulières à la laïcité ?
14:30 Il y en a. J'en ai pas connaissance récemment.
14:34 Je voudrais insister sur les conclusions. Ce qui m'embête dans les conclusions de ce rapport, c'est que ces conclusions sont beaucoup de l'ordre du sécuritaire et du policier, la vidéosurveillance, etc.
14:47 Mais en réalité, et là je suis je crois en écho, en diapason avec les syndicats d'enseignants à qui il faut faire confiance là-dessus, en réalité c'est que nous avons aussi un gros problème de prévention, de formation, de l'ensemble de la communauté éducative.
15:05 Pour ça, il faut là encore des moyens. On en arrive à la question des moyens pour les enseignants.
15:10 Mais il faut aussi du suivi et de l'accompagnement social.
15:15 Par exemple, vous voyez en Seine-Saint-Denis, on a une infirmière scolaire pour 13 000 élèves.
15:21 Comment vous voulez accompagner correctement, socialement, l'ensemble des élèves ? Parler avec eux, y compris de la question de la laïcité ?
15:29 Un accompagnement en amont pour éviter ce problème.
15:33 On parle donc de ces menaces, de ces agressions.
15:36 Mais quand par exemple dans un collège, je pense au collège l'héritier Noisil-Sec, où il y a eu une mobilisation dans ce sens-là, quand vous avez un surveillant pour plusieurs centaines d'élèves...
15:45 Oui mais c'est un lien avec ce rapport sur les menaces et les agressions.
15:49 Quand vous avez un surveillant pour plusieurs centaines d'élèves, quand il n'y a plus de sécurité possible, par exemple au moment de la cantine, faute d'encadrement, eh bien oui, c'est là qu'il y a les plus graves risques d'atteinte.
16:02 Mais au relief, vous trouvez, face à la défiance de la laïcité de certaines valeurs de la République à l'école, les sénateurs proposent d'étendre l'interdiction du port de signes religieux à l'école, de l'étendre notamment aux sorties extrascolaires. Est-ce que c'est une mesure pertinente, selon vous ?
16:16 Non. Alors là aussi, je voudrais dire, nous, quelles sont nos propositions. D'abord, je voudrais dire que pour nous, la laïcité est une valeur positive, qu'elle permet de le vivre ensemble.
16:25 Que par ailleurs, la première définition des principes de la laïcité, c'est que l'État doit être neutre vis-à-vis de toutes les religions et qu'il doit permettre la liberté de croyance, de culte ou de non-croyance, d'ailleurs.
16:37 Et donc, il doit être exemplaire. La première chose à faire, c'est que l'État, et notamment le président de la République, qui en est le premier représentant, eh bien déjà, évite, par exemple, de participer de façon républicaine à des cérémonies religieuses,
16:51 ce qui a été le cas du président Macron, ce qui est pour nous inacceptable. Mais aussi, sur l'école, déjà, la première remarque que j'ai à faire, c'est comment se fait-il qu'aujourd'hui, il y ait autant de permissifs vis-à-vis d'un certain nombre d'écoles qui, justement, ne respectent pas cette neutralité, et qu'il y ait autant de financements...
17:10 Vous pensez à quelle école ?
17:11 Eh bien, par exemple Stanislas, où l'ex-ministre de l'Éducation nationale a scolarisé ses enfants. C'est pour ça qu'on en a beaucoup parlé. Où il y a des classes non-mixtes, où on voit bien qu'il y a un problème, justement, de neutralité vis-à-vis du religieux, ou en tout cas de liberté de croyance.
17:29 Et à côté de ça, nous, j'en reviens à l'école publique, nous, à côté de ça, dans les écoles publiques, eh bien c'est sinistré, faute de moyens. Donc, vous voyez, il y a vraiment un deux poids, deux mesures, et des financements très importants vis-à-vis d'établissements privés qui ne respectent pas, par ailleurs, ou trop peu, cette liberté de croyance.
17:47 Et de l'autre côté, une école publique laïque, c'est ça, l'école publique laïque, qui manque fondamentalement de moyens, et qui est sinistrée en Seine-Saint-Denis.
17:56 - Elizabeth Martichoux: Est-ce qu'il faut aussi responsabiliser et sanctionner les parents qui, parfois, participent à mettre la pression sur les enseignants? On l'a vu dans le cas de Samuel Paty.
18:06 - Amélie de Montchalin: Mais ça peut participer, évidemment. Il est hors de question, évidemment, d'avoir un certain nombre de comportements agressifs vis-à-vis des enseignants. Bien sûr.
18:16 Mais je le dis, le répressif, comme unique réponse, ça ne va pas. Et d'ailleurs, il faut écouter, je veux dire, la première des choses, et c'est le problème de ce gouvernement, c'est d'écouter les premiers concernés, à savoir les enseignants.
18:29 Les syndicats d'enseignants demandent des moyens éducatifs de prévention, et ils ne demandent pas, en premier lieu, de passer par de la sanction. Donc, écoutons-les.
18:41 J'étais moi-même enseignante pendant 15 ans. Il y en a marre de ces gouvernements qui inventent des solutions alors que les enseignants ont fait la même chose depuis 15 ans.
18:49 - Yves Thréard: Dans votre département, en Seine-Saint-Denis, sur la question des moyens de l'éducation nationale, il y a actuellement un mouvement social de grève des professeurs qui s'étend pour protester contre le délabrement des établissements, la pénurie d'enseignants remplaçants.
19:02 Comment vous expliquez cette situation dans un département qui est quand même jugé comme prioritaire?
19:06 - Brigitte Boucher: D'abord, je voudrais dire que cette mobilisation grandit fortement. J'étais hier à l'Assemblée. Je suis allée à l'Assemblée générale pour le 93 après une manifestation devant le ministère.
19:17 Il y avait 500 membres du personnel éducatif, parents d'élèves, élèves aussi. Il y avait des élèves. Très remontés, très remontés, parce que nous avons en particulier en Seine-Saint-Denis,
19:31 mais c'est valable pour l'ensemble de la France, malheureusement, nous avons de plus en plus des carences très graves dans l'école publique. Je vais vous donner juste un chiffre parmi tant d'autres.
19:41 Les élèves en situation de handicap, sachez qu'il y a près d'un élève sur deux en situation de handicap qui aurait besoin d'une AESH, d'une personne qui accompagne cet élève et qui n'en a pas.
19:55 Tout ça retombe après sur l'enseignant qui doit assurer cela. C'est terrible pour l'égalité des chances dans l'école publique. Voilà un chiffre parmi tant d'autres.
20:07 Le bâti, on a eu des photos qui ont été faites dans un des établissements scolaires de Saint-Ouen, où vraiment ces photos donnent une image du bâti. Il y a un état dégradé à un point que vous ne pouvez même pas imaginer. Dans les écoles publiques, les bâtiments sont délabrés. C'est quoi ça ?
20:27 Pour respecter l'école publique, il faut déjà que l'Etat respecte l'école publique.
20:31 Message bien entendu. On va parler finances publiques à présent. Aurélie Trouvé, Bruno Le Maire et Thomas Cazenas avaient été auditionnés à l'Assemblée. Ils ont justifié leur plan d'économie 10 milliards d'euros en 2024 sur les dépenses de l'Etat et nouveau tour de vis en 2025, 20 milliards d'euros. Écoutez.
20:48 Je considère que nous sommes entrés dans un nouveau contexte des finances publiques, marqué par une conjoncture moins favorable et des taux d'intérêt élevés, compte tenu des résultats 2023. De la révision de nos prévisions de croissance en 2024, je dois vous le dire en transparence, pour construire le budget de l'an prochain et pour tenir notre objectif que nous maintenant nous ramenons le déficit sous 3%, nous devons d'une part garantir que ces 10 milliards d'euros du décret d'annulation soient pérennes,
21:17 et d'autre part, plus vraisemblablement, porter notre effort de 12 à au moins 20 milliards d'euros d'économies supplémentaires pour l'année 2025.
21:28 Voilà. Thomas Cazenas et Bruno Le Maire ont justifié ces coupes budgétaires par le ralentissement de la croissance au niveau mondial, la hausse des taux d'intérêt. On n'a pas le choix. La France doit faire des économies comme les autres.
21:42 - Elizabeth Martichoux: Vous avez bien fait de ma vitesse. Je suis enseignante chercheuse, mais en économie. Je vais vous donner mon analyse de la situation. Pourquoi ces 10 milliards d'euros d'économies annoncés brutalement?
21:57 - Elizabeth Martichoux: Pourquoi ces 10 milliards d'euros d'économies annoncés brutalement? - Charline Vanhoenacker: C'est une erreur pour vous.
22:17 - Elizabeth Martichoux: Pourquoi ces 10 milliards d'euros d'économies annoncés brutalement? - Charline Vanhoenacker: C'est une erreur pour vous.
22:37 - Elizabeth Martichoux: Pourquoi ces 10 milliards d'euros d'économies annoncés brutalement? - Charline Vanhoenacker: C'est une erreur pour vous.
22:57 - Elizabeth Martichoux: Pourquoi ces 10 milliards d'euros d'économies annoncés brutalement? - Charline Vanhoenacker: C'est une erreur pour vous.
23:17 - Elizabeth Martichoux: Pourquoi ces 10 milliards d'euros d'économies annoncées brutalement? - Charline Vanhoenacker: C'est une erreur pour vous.
23:37 - Elizabeth Martichoux: Pourquoi ces 10 milliards d'euros d'économies annoncées brutalement? - Charline Vanhoenacker: C'est une erreur pour vous.
23:57 - Elizabeth Martichoux: Pourquoi ces 10 milliards d'euros d'économies annoncées brutalement? - Charline Vanhoenacker: C'est une erreur pour vous.
24:17 - Elizabeth Martichoux: Pourquoi ces 10 milliards d'euros d'économies annoncées brutalement? - Charline Vanhoenacker: C'est une erreur pour vous.
24:37 - Elizabeth Martichoux: Pourquoi ces 10 milliards d'euros d'économies annoncées brutalement? - Charline Vanhoenacker: C'est une erreur pour vous.
24:57 - Elizabeth Martichoux: Pourquoi ces 10 milliards d'euros d'économies annoncées brutalement? - Charline Vanhoenacker: C'est une erreur pour vous.
25:17 - Elizabeth Martichoux: Pourquoi ces 10 milliards d'euros d'économies annoncées brutalement? - Charline Vanhoenacker: C'est une erreur pour vous.
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