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Une étude de l'OCDE pour l'AMF, de novembre 2023 dresse le portrait des nouveaux investisseurs français. Qui sont-ils ? Dans quoi investissent-ils ? Quels comportements les caractérisent ? Claire Castanet, directrice des relations avec les épargnants et de leur protection à l'AMF et Thomas Montcourrier analyste pour l'OCDE exposent pour SMART PATRIMOINE les enseignements de cette étude.

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Transcription
00:00 *Générique*
00:04 Et c'est parti pour Enjeu Patrimoine.
00:06 Nous allons revenir ensemble sur une étude menée par l'OCDE pour le compte de l'AMF
00:11 qui dresse le portrait des nouveaux investisseurs français
00:15 avec Claire Castanet, directrice des Relations avec les Épargnants et de leur Protection chez l'AMF.
00:20 Bonjour.
00:21 Bonjour.
00:22 Et avec Thomas Moncourrier, analyste au sein de l'OCDE. Bonjour.
00:26 Bonjour.
00:27 Alors tout d'abord pour commencer, Claire Castanet, pourquoi avoir commandé cette étude ?
00:31 Nous avons observé à l'Autorité des marchés financiers que depuis 2020,
00:36 il y a plus d'un million de nouveaux investisseurs qui sont arrivés en bourse.
00:41 Donc c'est un chiffre très significatif, bien sûr avec un pic majeur en 2020-2021.
00:46 Pendant le Covid donc ?
00:47 Pendant le Covid, ça s'est stabilisé mais ça reste toujours là avec un vrai renouvellement de génération.
00:53 Et il nous paraissait très important dans notre rôle de protection de l'épargne,
00:57 d'accompagnement d'éducation financière, d'avoir des éléments très tangibles, très factuels
01:03 pour mieux connaître ces investisseurs, la façon dont ils se renseignent,
01:07 comment ils investissent, leurs attitudes, leurs comportements.
01:10 Et c'est pour cela que nous avons demandé un financement à la Commission européenne
01:16 pour mener cette étude et surtout avoir des recommandations en matière de stratégie d'éducation financière.
01:22 Donc une étude inédite, je le rappelle, c'est la première fois qu'on fait une étude de cette sorte.
01:28 Thomas Moncourrier, quelle méthodologie vous avez utilisé pour dresser ce portrait des nouveaux investisseurs français ?
01:35 Alors tout d'abord, on a procédé en deux temps.
01:39 On a fait une phase quantitative et qui a été suivie par une phase qualitative.
01:44 Donc sur la phase quantitative, on a essayé d'analyser qui étaient ces nouveaux investisseurs.
01:48 On est parti sur un panel de plus de 8000 personnes et on leur a demandé tout simplement
01:53 quand avaient-ils investi pour la première fois.
01:56 Et il en est sorti que 24% étaient des investisseurs, donc en produits boursiers, en cryptoactifs,
02:03 en financement participatif, en ETF, etc.
02:07 Et la moitié d'entre eux, donc 12%, étaient des investisseurs qui avaient commencé pendant le Covid à partir du début 2020.
02:15 Et donc sur cette base, sur cet échantillon de un petit peu plus de 1000 nouveaux investisseurs,
02:21 nous leur avons posé des questions très précises sur leurs attitudes, leurs connaissances financières,
02:25 le type de placement financier qu'ils avaient réalisé, etc.
02:28 Et ensuite, une fois que cette phase a été réalisée, on a conduit une phase de 40 entretiens qualitatifs
02:36 qui ont duré à peu près une heure environ en ligne avec différents profils de nouveaux investisseurs
02:43 qu'on avait repérés pendant la phase quantitative.
02:48 Donc voilà, des investisseurs, certains qui étaient plus jeunes, certains qui étaient plus diversifiés,
02:53 d'autres plus dynamiques ou consciencieux dans leur recherche d'informations notamment.
02:59 Et on a conduit ces études qualitatives dans un second temps pour avoir de plus en plus d'informations
03:04 que la phase quantitative qui était vraiment un questionnaire en ligne ne pouvait pas répondre.
03:09 Donc voilà pour la méthodologie de manière générale.
03:11 C'est comme ça que vous avez pu dresser un portrait global des nouveaux investisseurs français.
03:16 Quel sont, Thomas Moncourrier, pour commencer, ensuite Claire Castanet,
03:21 quels sont les grands enseignements de cette étude selon vous, Thomas ?
03:25 Alors je pense, vu le caractère novateur de l'étude, je pense qu'on a eu pas mal d'enseignements
03:30 très intéressants sur lesquels on est en train de travailler actuellement.
03:33 Mais si je pouvais dire quelques grands axes, notamment au niveau du profil sociodémographique,
03:39 il y a vraiment cette variable de l'âge qui est comparée aux anciens investisseurs,
03:44 donc qui investissaient avant le Covid.
03:46 On a vraiment une prépondérance des jeunes, notamment des 18 à 25 ans.
03:52 Je crois que de mémoire, plus de 50% de nos investisseurs ont moins de 35 ans.
03:57 Et donc en comparaison, avant Covid, quelle était la tranche d'âge à peu près des investisseurs ?
04:03 Je n'ai plus les chiffres exacts en tête, mais de manière générale,
04:06 c'était quand même très prégnant que les anciens investisseurs avaient en moyenne beaucoup plus âgés.
04:12 Et sur la classe notamment des plus de 65 ans, ils étaient beaucoup plus présents que les nouveaux investisseurs.
04:17 Là, on a vraiment une prépondérance des 18 à 25 ans et de manière générale, moins de 35 ans.
04:22 Donc ça, c'est pour le côté plus sociodémographique.
04:25 Après, au niveau de l'investissement en tant que tel, c'est vrai qu'on a une forte préférence pour les cryptoactifs.
04:32 Donc là encore, comparé aux anciens investisseurs, c'est assez patent.
04:37 Je crois que c'est plus de 50% des nouveaux investisseurs qui investissent en cryptoactifs.
04:41 Et quand on regarde par classe d'âge, 18 à 25 ans par exemple, je crois que ça va plus de 65%.
04:47 Donc c'est quand même des chiffres qui sont assez importants.
04:51 Ensuite, un autre élément qui était quand même assez clairant de notre côté,
04:56 c'était sur la recherche des sources d'informations.
04:59 Quelles sont les sources d'informations utilisées par ces nouveaux investisseurs lorsqu'ils réalisent un investissement ?
05:04 Donc, premier point assez positif, ils recherchent de l'information selon différentes sources.
05:09 De manière générale, la grande majorité cherche de l'information,
05:13 même s'il y a une petite partie qui n'en cherche pas et sur laquelle on va se focaliser.
05:16 Mais une grande partie cherche de l'information via plusieurs sources.
05:19 Cependant, la majorité de ces sources sont souvent non réglementaires, informelles.
05:24 On peut penser aux réseaux sociaux par exemple, aux influenceurs sur les réseaux sociaux,
05:28 notamment pour la tranche d'âge la plus jeune.
05:30 Donc là, c'est vraiment un élément intéressant.
05:33 Ici, je peux en dire un quatrième, notamment au niveau des comportements, des attitudes, les motivations d'investissement.
05:40 C'est vrai qu'on retrouve un profil de joueur en ligne.
05:44 Il joue beaucoup aux jeux vidéo en ligne, une grande majorité.
05:48 Une grande majorité pari en ligne ou hors ligne.
05:52 Mais donc un profil de gamer, joueur.
05:55 Et ça se reflète dans les motivations qu'ils expriment pour commencer à investir.
06:00 Il y a vraiment cette notion de plaisir, de curiosité, quelque chose de sérieux aussi.
06:06 Mais c'est une notion qu'on trouverait beaucoup moins pour les profils plus traditionnels d'investisseurs.
06:12 Claire Castaner, tous ces enseignements évoqués par Thomas Moncourrier,
06:18 en quoi ces éléments sont-ils importants pour l'AMF ?
06:22 Comment vous regardez, vous, au sein de l'AMF, ces enseignements ?
06:25 Ces enseignements sont précieux parce qu'on est face à un renouvellement de génération
06:31 qui est marqué par son temps aussi.
06:33 L'aspect jeu est sans doute générationnel.
06:36 Ça veut dire peut-être aussi un peu d'adrénaline avec des motivations quand même,
06:40 quelques fois, qui peuvent nous apparaître paradoxales.
06:43 Une des motivations premières, c'est gagner beaucoup d'argent.
06:46 Et en même temps, ils souhaitent avoir un profil risque-rendement assez modéré.
06:51 Donc ça veut dire qu'ils n'ont pas en tête que pour gagner beaucoup d'argent,
06:54 il faut prendre beaucoup de risques, par exemple ?
06:56 Pas suffisamment. Et c'est un autre constat de l'étude également.
06:59 C'est qu'ils pensent avoir de très bonnes connaissances financières.
07:03 Et lorsqu'on les confronte aux fameuses questions au CDE,
07:07 qui sont utilisées universellement pour rendre factuel un petit peu, objectiver cette connaissance,
07:13 il y a un décalage.
07:14 Donc ça signifie que l'on a des personnes qui sont attirées par le monde des actions,
07:19 qui sont effectivement plutôt curieux, moi je dirais reliées,
07:23 avec des sources d'informations variées, comme on le disait avec les réseaux sociaux.
07:28 Mais ils ont envie de connaître. Donc cette curiosité, c'est un point d'appui également.
07:32 Mais du coup, cette curiosité, ils ont envie de connaître,
07:35 ça fait qu'il faut quand même que vous, AMF, vous devez adapter votre discours à ces jeunes générations ?
07:41 Et c'est vraiment notre objectif.
07:43 C'est-à-dire que nous attendons beaucoup des suites de cette étude,
07:46 parce qu'il y aura d'autres étapes, notamment des recommandations de la part de l'OCDE,
07:50 pour avoir une stratégie d'éducation financière ciblée.
07:53 Savoir comment on s'appuie sur, finalement, les éléments qui les caractérisent et qui sont intéressants.
08:00 Comment on les fait progresser en matière de connaissances.
08:04 Sur quels canaux doit-on s'adresser à eux ?
08:06 Alors bien sûr, les réseaux sociaux, l'AMF est déjà sur les réseaux sociaux, il fait déjà beaucoup de choses.
08:11 Mais on souhaite avoir un peu de nouveautés.
08:13 Comment on prend en compte ce profil aussi de joueurs, qui n'est pas un jugement ?
08:18 Comment on s'appuie sur leur envie d'investir ?
08:21 Et on arrive à ce qu'ils arrivent à mieux situer leurs besoins, leurs projets,
08:26 et faire correspondre finalement ces besoins, ces projets,
08:29 à la façon dont ils vont investir en ayant pris suffisamment d'informations.
08:34 Et un point qui me paraît important, c'est que parmi leur panoplie de sources d'informations,
08:40 il ne faut pas qu'ils oublient, s'ils se considèrent comme investisseurs,
08:43 que l'AMF est vraiment leur GPS.
08:46 Et c'est là qu'ils vont trouver de l'information solide.
08:49 J'allais dire, en fait, en ce moment, depuis quelques années maintenant,
08:54 il y a beaucoup d'arnaques sur le web, sur les réseaux sociaux.
08:58 Est-ce que ces nouveaux investisseurs, ils arrivent quand même à voir,
09:02 quand c'est une arnaque, est-ce qu'ils ont encore besoin de pédagogie sur ces sujets-là ?
09:07 Claire Castaner ?
09:08 Là aussi, il y a un certain paradoxe, parce qu'ils disent être conscients qu'il y a beaucoup d'arnaques.
09:13 Ils ont l'air assez confiants.
09:14 Et puis quand on leur demande « Mais vous, ça vous est arrivé ? », on a quand même 35 %,
09:18 et ça, c'est le baromètre AMF de l'épargne et de l'investissement qui nous le dit,
09:23 35 % des moins de 35 ans déclarent avoir déjà subi une arnaque financière.
09:29 C'est énorme.
09:30 Nous avons, pourtant, on connaît le sujet, mais nous avons été très impressionnés par ces chiffres-là.
09:35 Et ça fait partie aussi, dans cette éducation financière, des plans qu'il va falloir mettre en place
09:42 pour leur apprendre à se protéger et à avoir les bons réflexes,
09:47 de telle sorte à reconnaître les arnaques, ne pas tomber dedans,
09:51 vérifier sur AMF Protect Epargne, qui est le service que propose l'AMF pour faire des autodiagnostics, etc.
09:58 Et à votre avis, quels sont donc les bons réflexes en matière d'investissement pour les jeunes, pour les moins jeunes ?
10:03 Quels sont les bons réflexes à avoir en tête ?
10:05 Et surtout, on est en début d'année 2024, à quoi il faut faire attention Claire Castaner cette année ?
10:10 Alors d'ores et déjà, bien sûr, ne pas croire que la martingale existe sur les marchés financiers
10:16 et se méfier des offres trop alléchantes.
10:18 Avoir bien une notion du risque-rendement et que, bien évidemment, plus on souhaite un rendement élevé, plus on prend de risques.
10:26 D'autre part, avoir toujours en tête de diversifier.
10:29 Ça c'est extrêmement important et on s'aperçoit que pour ces nouveaux investisseurs, l'univers de placement est plus large
10:36 que ce qui existait pour les investisseurs traditionnels et je pense notamment aux cryptos.
10:41 Vérifier sur les arnaques, il y a beaucoup, beaucoup d'usurpations.
10:45 Vérifier les listes noires de l'AMF, même si elles ne sont jamais exhaustives.
10:49 Et puis, si ce n'est pas régulé, ne pas y aller.
10:52 Thomas Moncourrier, quelque chose à ajouter sur les bons réflexes à avoir sur les marchés financiers cette année ?
10:58 Je pourrais peut-être repartir sur un point positif de l'étude, parce qu'il y a quelques points positifs de l'étude
11:06 et notamment sur les bons réflexes sur les marchés financiers.
11:09 On s'aperçoit qu'une grande partie d'entre eux ont des techniques en ligne assez sécurisées
11:16 en termes de ce qu'on appelle une culture financière digitale, on va dire,
11:22 tout ce qui est protection des données ou protection des appareils
11:28 ou protection lorsqu'ils établissent des transactions en ligne, par exemple.
11:36 On s'aperçoit qu'ils appliquent toutes ces techniques de manière assez satisfaisante.
11:41 Donc, je pense que c'est quelque chose sur lequel on peut s'appuyer.
11:45 Et puis, leur envie de connaître et surtout leur connaissance de l'AMF.
11:51 Beaucoup connaissent l'AMF avec une réputation, une respectabilité,
11:58 un message, une notion de sérieux qui émane de l'AMF pour ses nouveaux investisseurs.
12:02 Donc, ce sont des éléments sur lesquels on peut travailler, je pense, par la suite
12:06 et sur lesquels on va bâtir pour cette année 2024.
12:10 Merci beaucoup Thomas Moncourrier, vous êtes analyste au sein de l'OCDE.
12:14 Merci Claire Castaner, directrice des Relations avec les épargnants et de leur protection à l'AMF.
12:20 Merci à tous les deux d'avoir dressé un petit peu ce portrait des nouveaux investisseurs en France.
12:25 Et merci à vous d'avoir suivi Enjeu Patrimoine. On se retrouve tout de suite dans l'Œil du CGP.

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