Ça vous regarde - Quel projet pour l'avenir de Mayotte ?

  • il y a 7 mois
Grand témoin : Jean-Pierre Sakoun, Président d'Unité Laïque et du comité pour l'entrée au Panthéon de Missak Manouchian et Katia Guiragossian, petite-nièce de Missak et Melinée Manouchian, autrice et réalisatrice

GRAND DÉBAT / Quel projet pour l'avenir de Mayotte ?

« Le récap » par Valérie Brochard

L'insécurité sur le sol mahorais a poussé le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, à venir sur cette île de l'Océan Indien pour y « apporter des réponses », le 11 février 2024. Il a annoncé vouloir procéder à une « révision constitutionnelle » concernant le droit du sol Mahorais afin de supprimer son automaticité. Cette idée qui avait été évoquée dernièrement lors du projet de loi immigration a relancé le débat entre une droite favorable à sa suppression à l'image d'Eric Ciotti, et une gauche « inquiète », selon Aurélien Taché. Autre mesure annoncée : la mise en place de l'opération Wuambushu 2 dans laquelle figure l'installation d'un rideau de fer maritime, le déploiement de 15 gendarmes du GIGN ou encore la mise en place d'un escadron « Guépard » afin de réduire les violences sur place. Alors que la population du 101ème département français organise elle-même sa protection à travers des blocages, quel avenir se dessine pour Mayotte et sa population ?

Invités :
- Ludovic Mendes, député Renaissance de Moselle,
- André Rougé, eurodéputé Rassemblement National,
- Estelle Youssouffa, députée LIOT de Mayotte,
- François Piquemal, député LFI de Haute-Garonne,
- En Skype : Mansour Kamardine, député LR de Mayotte.

GRAND ENTRETIEN / Missak Manouchian au Panthéon : un arménien résistant mort pour la France

Le 21 février 2024, Missak Manouchian intégrera le Panthéon, 80 ans jour pour jour après son exécution au Mont Valérien par les soldats allemands. Victime du génocide arménien en 1915, dans lequel il perd ses deux parents, le jeune homme débarque sur les côtes françaises en 1924. Après un passage dans l'armée française, il se retrouve à la tête d'une centaine de résistants, organisant de nombreux attentats face à l'occupant. Des actes qui le conduiront à être arrêté, puis fusillé, en 1943. À l'aube de son entrée dans l'ancien « temple de la gloire », faut-il voir dans la panthéonisation de Missak Manouchian le symbole de l'implication des étrangers au service de la République durant la guerre, ou la consécration du premier résistant communiste ?

Grand témoin : Jean-Pierre Sakoun, Président d'Unité Laïque et du comité pour l'entrée au Panthéon de Missak Manouchian et Katia Guiragossian, petite nièce de Missak et Melinée Manouchian, autrice et réalisatrice

LES AFFRANCHIS

- Vincent Hugeux, professeur à Sciences Po et ancien grand reporter,
- « Bourbon express » : Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP.

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés,

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Transcript
00:00 ...
00:05 -Bonsoir et bienvenue.
00:07 Très heureuse de vous retrouver dans "Ça vous regarde"
00:11 ce soir aux grands hommes, la patrie reconnaissante.
00:14 Bonsoir, Jean-Pierre Saccoun. -Bonsoir.
00:16 -Merci d'être notre grand témoin.
00:18 Ce soir, mercredi prochain, Nyssac Manouchian
00:21 entrera au Panthéon 80 ans, jour pour jour,
00:25 après son exécution au Mont-Valérien,
00:27 avec votre association Unité Laïque.
00:30 Vous êtes l'homme qui a oeuvré en coulisses
00:32 à cette panthéonisation.
00:34 Vous allez y revenir dans le détail tout à l'heure.
00:37 Qui était le héros de la fils rouge
00:39 et pourquoi le rôle des étrangers dans la résistance
00:43 reste méconnu ?
00:44 La petite nièce des Manouchians,
00:47 Katia Giragosian,
00:48 va nous rejoindre dans la 2e partie.
00:51 Notre grand débat ce soir
00:52 sur l'abolition du droit du sol à Mayotte.
00:55 La mesure choc annoncée par Gérald Darmanin
00:58 ce week-end est réclamée dans l'île par les Mahorais,
01:01 qui dénoncent une immigration hors de contrôle.
01:03 Elle implique une révision de la Constitution précédente,
01:07 dangereuse pour la gauche,
01:08 tandis que la droite applaudit en y voyant un 1er pas
01:11 vers la suppression générale du droit du sol.
01:14 Est-ce la solution ?
01:15 Nous en débattons dans un instant sur ce plateau.
01:18 Enfin, nos affranchis ce soir,
01:20 le regard de Vincent Huges sur l'offensive israélienne à Rafah,
01:24 dans la bande de Gaza, au sud de l'enclave.
01:26 Bourbon Express, l'histoire du jour à l'Assemblée.
01:29 Voilà pour le sommaire.
01:30 Vous me suivez, Jean-Pierre Saccounes ?
01:32 - Avec plaisir. - C'est parti.
01:34 Musique rythmée
01:36 ...
01:45 C'est le département le plus pauvre de France, Mayotte,
01:49 où la population manifeste sa colère
01:52 en barrant les routes depuis plusieurs semaines.
01:55 Déjà en cause de la violence, l'insécurité sur l'île,
01:58 tout comme l'immigration non maîtrisée,
02:00 la population a été multipliée par quatre rendez-vous comptes
02:04 en à peine 30 ans.
02:05 La fin du droit du sol, à Mayotte,
02:07 est-ce la solution à tous les problèmes de l'île ?
02:10 Quelles conséquences politiques d'une telle remise en cause
02:13 d'un principe qui figure dans notre Constitution ?
02:16 - Bonsoir. - Merci d'être là.
02:18 Député Renaissance de Moselle, bonsoir, Estelle Youssoupha.
02:21 Merci d'être sur ce plateau ce soir.
02:23 Vous êtes député Lyotte de Mayotte.
02:26 On a hâte de vous entendre. Bonsoir, André Rouget.
02:28 - Bonsoir. - Bienvenue.
02:30 Vous êtes eurodéputé Rassemblement national.
02:32 Bonsoir, François Picmal. - Bonsoir.
02:35 - Merci d'avoir accepté notre invitation,
02:37 député La France insoumise de Haute-Garonne.
02:40 Nous sommes en direct ce soir de l'Océan Indien
02:42 avec Mansour Kamardine.
02:44 Bonsoir, député Les Républicains de Mayotte.
02:47 Jean-Pierre Saccounes, c'est pas votre sujet,
02:50 mais n'hésitez pas, comme défenseur de la République,
02:53 que vous êtes à intervenir.
02:54 On va commencer par planter le décor.
02:56 L'annonce choc du ministre de l'Intérieur.
02:59 C'est dans le récap de Valérie Brochard.
03:01 ...
03:04 - Bonsoir, ma chère Valérie. - Bonsoir, Myriam.
03:06 - Bonsoir à toutes et à tous.
03:08 - Alors, la situation à Mayotte et cette annonce choc.
03:12 - Le ministre de l'Intérieur s'est rendu sur place dimanche dernier.
03:15 Pour lui, la solution est toute trouvée.
03:18 - Nous allons prendre une décision radicale,
03:20 qui est l'inscription de la fin du droit du sol à Mayotte,
03:23 dans une révision constitutionnelle
03:25 que choisira le président de la République.
03:28 Il ne sera plus possible de devenir français
03:31 si on n'est pas soi-même enfant de parents français.
03:35 - De quoi parle-t-on ?
03:36 Qu'est-ce que le droit du sol en France ?
03:39 C'est très simple.
03:40 Aujourd'hui, quand un enfant naît de parents étrangers
03:43 sur le sol français, c'est 18 ans,
03:45 il accède à la nationalité française.
03:47 Il faut que cet enfant habite en France
03:49 pendant au moins cinq ans, à partir de ses 11 ans,
03:52 et qu'il soit sur le sol français le jour de ses 18 ans.
03:55 Si tout est OK, alors c'est automatique.
03:57 C'est ça, le droit du sol en France,
03:59 et ça fonctionne comme ça depuis le XIXe siècle.
04:02 Seulement, dans le département d'outre-mer de Mayotte,
04:05 qui se trouve dans cet archipel,
04:07 il y a une très forte immigration en provenance des Comores.
04:10 Les Comoriennes viennent accoucher sur le sol français
04:13 pour offrir un meilleur avenir à leurs enfants.
04:16 Ce phénomène n'est pas nouveau.
04:17 Déjà en 2018, le droit du sol avait été durci par la loi
04:21 "asile et immigration" à Mayotte,
04:23 spécificité unique en France.
04:24 Pour qu'un enfant né sur l'île devienne français,
04:27 il faut que l'un de ses parents ait été présent sur le sol français
04:31 depuis au moins trois mois.
04:33 Mais aujourd'hui, la vague migratoire est trop importante
04:36 et déséquilibre le département.
04:38 Là-bas, la moitié de la population est d'origine étrangère.
04:41 Je cite le ministre de l'Intérieur.
04:43 "Littéralement l'attractivité de l'île maoresse,
04:46 "Gérald Dabranin propose qu'il ne soit plus possible
04:49 "de devenir français si on n'est pas soi-même
04:51 "enfant de parents français."
04:54 Une mesure que le ministre ne veut appliquer nulle part ailleurs
04:57 qu'à Mayotte, mais qui provoque de nombreuses réactions politiques.
05:01 L'extrême-droite applaudit dès demain
05:04 cette proposition qu'elle revendique depuis toujours à Mayotte,
05:07 comme sur tout le territoire.
05:09 -Ceux qui suivent un petit peu ma carrière politique,
05:13 ça fait des années maintenant que je réclame
05:15 des mesures fermes à Mayotte,
05:18 des années que j'annonce la catastrophe
05:20 qui est aujourd'hui celle de la situation
05:24 de ce département français.
05:26 Vous savez que le RN, depuis des années et des années,
05:29 est pour la suppression du droit du sol.
05:31 Donc nous réclamons de ce fait, puisqu'il y a une brèche.
05:34 Décidément, cette majorité ne cesse d'ouvrir des brèches.
05:37 A nous de faire de ces brèches des portes grandes ouvertes
05:41 vers l'application du programme du RN.
05:45 -C'est précisément ce que reproche
05:46 la France insoumise à Gérald Darmanin pour Éric Coquerel.
05:50 Le ministre de l'Intérieur applique l'idéologie d'extrême-droite.
05:54 -C'est bien tous les identitaires,
05:57 tous ceux qui pensent qu'il faut appuyer
05:59 la constitution d'une nation sur des bases ethniques,
06:02 qui a toujours été contraire à nos principes,
06:05 pas seulement républicains,
06:07 parce que la France s'est fondée sur le droit du sol
06:10 bien avant même la République.
06:12 C'est là-dedans que vont s'engouffrer
06:14 tous ceux qui sont favorables à cela.
06:16 Donc on a bien eu raison de dénoncer ce risque.
06:20 Et une fois de plus, la majorité,
06:22 monsieur Darmanin met le doigt sur un engrenage
06:25 qui est celui de reprendre le programme de l'extrême-droite.
06:29 -Les critiques fusent,
06:30 mais le ministre de l'Intérieur leur a répondu.
06:33 Il invite les beaux esprits parisiens
06:35 à sortir du périphérique et à se rendre sur place.
06:38 En attendant, Mayotte a besoin d'une réponse urgente,
06:41 sauf que la suppression du droit du sol
06:43 doit obligatoirement passer par une révision constitutionnelle.
06:47 Pas facile à organiser avec le Congrès.
06:49 Et puis, deuxième obstacle, le Conseil constitutionnel,
06:52 qui pourrait reprocher à cette mesure
06:55 de rompre l'égalité entre tous les citoyens français,
06:58 de rompre l'indivisibilité de la République.
07:00 -Merci beaucoup. C'était parfaitement clair.
07:03 Je vais commencer avec vous, Estelle Youssoufa.
07:05 On sait déjà que le débat est très politique.
07:08 Il y a même, on va dire, des ambitions électorales
07:11 dans ce débat. On les entend déjà.
07:13 Et puis, il y a la réalité du terrain.
07:15 Vous vous l'attendiez, cette abolition,
07:17 cette suppression du droit du sol.
07:19 Pourquoi, à Mayotte, selon vous, députée Lilliot,
07:22 elle est devenue indispensable ?
07:25 -En fait, il faut comprendre
07:26 qu'il y a des permis de séjour territorialisés à Mayotte.
07:30 Les personnes sont régularisées,
07:32 mais ne peuvent pas sortir de notre île.
07:34 Ca fait des années que tous les élus
07:36 ont demandé la fin de ce visa territorialisé.
07:39 90 % des visas qui sont délivrés à Mayotte,
07:41 des permis de séjour à Mayotte,
07:43 le sont au titre de parents d'un enfant potentiellement français.
07:48 C'est-à-dire qu'on vient à Mayotte accoucher
07:51 pour être régularisés.
07:53 Ce sont des bébés papiers.
07:55 C'est 90 % des naissances à la maternité de Mayotte.
07:59 -Ca veut dire que ces mères d'écomorts
08:02 qui viennent accoucher à la maternité de Mamoudzou,
08:05 elles ont un titre de séjour d'un enfant
08:07 qui sera français qu'à ses 18 ans, mais elles l'ont avant.
08:10 -Elles sont régularisées pendant 18 ans
08:12 jusqu'à ce que le dossier de leur enfant soit examiné.
08:15 C'est 90 % des titres de séjour qui sont délivrés à Mayotte.
08:19 Donc il faut comprendre
08:20 que c'est un phénomène extrêmement fort.
08:23 La décision, la proposition du gouvernement,
08:27 elle ne concerne que notre département,
08:30 parce que sinon, nous restons prisonniers
08:32 de notre géographie, à 500 km de l'Afrique,
08:35 à 60 km d'écomorts qui nous revendiquent.
08:38 -Qui vous revendiquent ?
08:39 Ca veut dire quoi, "écomorts vous revendiquent" ?
08:42 -Je l'explique.
08:43 Il faut comprendre que Mayotte, depuis les indépendances,
08:47 vous avez un archipel de quatre îles,
08:49 l'archipel d'écomorts, un archipel géographique,
08:52 qui était administré sous un même ensemble par la France.
08:55 Mayotte est française depuis 1841.
08:57 Les autres îles d'écomorts sont devenues françaises bien après.
09:01 Mais lors des indépendances, dans les années 70,
09:05 Mayotte, lors du référendum de l'indépendance,
09:08 qui a concerné les quatre îles,
09:11 Mayotte a voté contre l'indépendance.
09:14 Et Mayotte, donc, a choisi de rester française,
09:17 ce que nous sommes depuis 1841.
09:19 Nous nous sommes battus, ça n'a pas été un combat simple.
09:22 Il y a eu des violences, des personnes sont mortes à Mayotte
09:25 pour que nous restions français.
09:27 Les écomorts ont pris leur indépendance,
09:29 mais n'ont jamais accepté Mayotte.
09:31 Ils sont allés à l'ONU chaque année réclamer, revendiquer,
09:35 jusqu'en septembre, lors de l'Assemblée générale des Nations unies.
09:38 Le président Azali, reçu en grande pompe par le président Macron,
09:42 ce même président a contesté l'opération Mambouchou,
09:45 la souveraineté française à Mayotte.
09:47 Là, le ministère des Affaires étrangères d'écomorts
09:50 a contesté la décision qui a été annoncée
09:53 par le ministre Darmanin.
09:54 Donc, en fait, l'écomort, depuis 15 ans,
09:57 envoie massivement leur population à Mayotte.
10:00 Il ne faut pas penser qu'il y a toujours eu
10:02 autant d'étrangers à Mayotte, c'est faux.
10:05 -C'est organisé par le gouvernement des écomorts.
10:08 -C'est organisé, encouragé, elle l'assume complètement.
10:11 Et maintenant, on est avec les écomorts,
10:13 qui organisent même la migration qui arrive d'Afrique continentale.
10:17 C'est-à-dire qu'on voit, depuis plusieurs années,
10:20 avec une intensification depuis quelques mois,
10:22 une nouvelle route migratoire qui s'est ouverte,
10:25 qui arrive à Mayotte, avec des demandeurs d'asile
10:28 qui arrivent des Grands Lacs,
10:30 de la zone des Grands Lacs, qui arrivent du Burundi, du Congo,
10:33 maintenant même de Somalie, et qui disent arriver directement
10:37 et qui sont encouragés et organisés
10:39 par des passeurs comoriens installés en Tanzanie.
10:42 On a des témoignages, ces migrants l'expliquent.
10:45 Et eux demandent l'asile.
10:47 Et c'est ça qui a aussi complètement fait
10:50 exploser le mouvement social,
10:52 parce qu'on a vu 700 migrants africains,
10:54 des demandeurs d'asile, qui se sont massés dans un stade,
10:58 dans la capitale de Mayotte, à Mamoudzou,
11:00 qui ont occupé ces stades, que des demandeurs d'asile,
11:03 et qui, donc, eux, demandent un logement,
11:06 comme tous les demandeurs d'asile,
11:08 une pension alimentaire, c'est-à-dire de bénéficier
11:11 des largesses de la France.
11:13 Autant vous dire qu'à Mayotte, 375 km2,
11:15 département le plus pauvre de France,
11:17 on n'a pas des logements d'urgence.
11:19 -Il y a une instrumentalisation des flux migratoires.
11:22 -On se retrouve avec une situation explosive
11:26 d'un voisin qui instrumentalise les flux migratoires
11:29 pour déstabiliser Mayotte, ce que l'OTAN et l'Union européenne
11:32 appellent une menace hybride,
11:34 c'est ce qui s'était passé en Biélorussie,
11:37 si vous vous souvenez bien.
11:38 Une menace hybride, c'est instrumentaliser
11:41 les flux migratoires en utilisant les lois du pays d'accueil
11:45 contre le pays d'accueil,
11:47 en utilisant cette pression migratoire
11:50 pour déstabiliser, détruire le pacte social,
11:52 le pacte républicain.
11:54 C'est pour ça que la France doit agir de manière radicale,
11:57 parce que la menace est radicale.
11:59 Si le message envoyé par le Parlement est de dire
12:02 "Vous comprenez nos grands principes",
12:04 bien qu'il soit géographique,
12:06 puisqu'à Mayotte, beaucoup ne sont pas appliqués,
12:09 et qu'on nous dit "Vous comprenez,
12:11 "compte tenu du calendrier électoraliste,
12:13 "des petits enjeux des uns et des autres,
12:16 "on va laisser Mayotte de côté,
12:18 "on va laisser Paris, Mayotte de côté,
12:20 "on ne votera pas",
12:21 le message sera lu internationalement
12:23 comme Mayotte peut tout accueillir.
12:26 -C'est très clair.
12:27 Il faut faire circuler la parole.
12:29 -Mais la population ne va pas accepter.
12:31 Je pense qu'il faut vraiment comprendre,
12:34 parce qu'on est dans un climat insurrectionnel,
12:37 la tension est physique, elle est forte,
12:39 il y a des violences quotidiennes, des meurtres,
12:42 des incendies, des pillages,
12:44 une violence insupportable.
12:46 C'est généré par cette immigration.
12:48 -François Piquemal, quand on entend Estelle Youssoupha,
12:51 on comprend que cette mesure d'abolition
12:53 ou de suppression du droit du sol
12:55 est réclamée par les Mahorais au nom du réel,
12:58 au nom de cette arme démographique
13:00 qui est utilisée par les Comores.
13:03 Plus de 50 % aujourd'hui contre 10 % il y a 30 ans,
13:06 la proportion des Comoriens à Mayotte a explosé.
13:09 Est-ce que cette suppression du droit du sol
13:11 ne mettrait pas au moins un coup d'arrêt
13:14 tout de suite, maintenant,
13:16 au flux migratoire ?
13:17 -Pour commencer, déjà, j'aimerais préciser quelque chose.
13:20 On n'arrête pas de dire que c'est réclamé,
13:23 plébiscité par les Mahorais.
13:25 J'ai regardé les revendications du collectif citoyen mahorais,
13:29 je n'ai pas trouvé la suppression du droit du sol dedans.
13:32 Par contre, qu'il y ait une situation critique à Mayotte,
13:35 personne ne le nie, mais là où on a une divergence
13:38 avec madame Youssoupha, c'est que je pense
13:41 que la France ne doit pas se rapetisser sur ses principes,
13:44 même face à un Etat qui utiliserait à des fins politiciennes
13:48 les flux migratoires.
13:49 Là où il y a moins de République, il faut en mettre plus.
13:53 Sur l'éducation, sur la santé, sur l'eau, sur le logement,
13:56 il faut savoir qu'il y a les trois quarts de la population
13:59 qui sont sous le seuil de pauvreté à Mayotte.
14:02 -Pour vous, les difficultés graves de Mayotte
14:05 sont essentiellement dues à la responsabilité de la métropole
14:08 ou également aux Comores ?
14:10 -Non, mais c'est pas binaire comme cela.
14:12 Elles sont dues déjà à un désengagement de la France
14:15 en termes de services publics dans Mayotte,
14:18 et je pense notamment en termes de gendarmerie et de justice,
14:21 je ne les ai pas dites comme services publics.
14:24 Elles sont liées à un contexte géopolitique qui existe.
14:27 Il faut avoir une discussion qui soit, à mon avis,
14:30 ferme et franche avec monsieur Azali Assoumani
14:33 et les Comores, et voir comment on a un partenariat
14:36 dans le futur pour éviter que les gens partent des Comores
14:39 pour aller à Mayotte, ça, c'est une chose,
14:42 et l'Union européenne a aussi son rôle à jouer dedans,
14:45 parce que les Comores peuvent être un allié précieux à l'avenir,
14:48 pourquoi pas, dans la zone de l'océan Indien.
14:51 Donc il y a ça, et par ailleurs,
14:53 la question migratoire, de manière générale,
14:55 je vous rappelle que ce qui est à la racine,
14:58 c'est la pauvreté, c'est le dérèglement climatique
15:01 dont on parle peu dans cette affaire,
15:03 et c'est les conflits géopolitiques.
15:05 -Pour vous, sur la question migratoire,
15:08 ça n'est pas la solution ?
15:09 Je parle de cette question-là.
15:11 -Vous l'avez dit dans votre reportage,
15:13 depuis 2018, il y a une mesure dérogatoire
15:16 au droit du sol à Mayotte.
15:17 Est-ce qu'il y a moins de migrants ?
15:19 Est-ce que ça a réglé les problèmes sociaux ?
15:22 Non, donc on voit que ce n'est pas la solution.
15:25 Ca a été dit par Marine Le Pen.
15:27 -Ca ne réglerait pas la question migratoire.
15:29 -C'est une vraie chauffette par le gouvernement.
15:32 Je pense que les Mahorais valent autre chose
15:35 que les cobayes de la politique dangereuse du gouvernement.
15:38 -Je vais faire réagir, mais il faut quand même
15:41 qu'on fasse parler tous nos invités.
15:43 Justement, Mansour Kamardine,
15:45 c'est intéressant de voir vous,
15:47 qui êtes député d'un autre bord politique,
15:49 député de droite.
15:50 Qu'est-ce que vous répondez à François Piquemal,
15:53 député de gauche de la NUPES, qui explique
15:56 que ce n'est pas le premier des problèmes,
15:58 il y en a bien d'autres à résoudre,
16:00 et que ce droit du sol, s'il était supprimé,
16:03 ne serait pas la cause de la crise migratoire ?
16:06 -En vérité, sa position ne me surprend pas,
16:09 parce que c'est des positions idéologiques
16:11 qui s'affirment depuis 50 ans,
16:13 dans l'idée selon laquelle Mayotte,
16:16 étant musulmane et noir,
16:21 ne peut pas intégrer la France.
16:24 C'est de cela dont il s'agit. De quoi s'agit-il ?
16:27 Madame, il faut que je vous explique,
16:29 je ne reviens plus dessus.
16:31 Mayotte, c'est 374 km2,
16:34 à 450 000 habitants,
16:37 donc le territoire français qui a le plus de densité
16:42 par rapport aux autres régions de la République,
16:44 le territoire le plus pauvre.
16:46 80 % de nos salles de classe sont peuplées
16:49 des gamins, des parents d'origine étrangère,
16:52 notamment comorienne.
16:53 L'aide sociale qui ne vient pas,
16:56 parce qu'on ne peut pas aider Mayotte
16:58 en raison des flux migratoires.
17:00 Tout est fait partout où l'on tourne autour de Mayotte.
17:04 Sur tous les aspergistites de ce territoire,
17:07 nous rencontrons l'immigration clandestine.
17:11 Les violences, l'insécurité, ainsi de suite.
17:15 Et donc, on s'est posé la question.
17:17 J'ai regardé, j'ai la pérennité des choses,
17:20 et j'ai regardé notamment dans une question écrite
17:23 que j'ai posée au gouvernement en 2018 ou 2019,
17:26 pour lui demander quel est le nombre de jeunes
17:30 qui accèdent à la nationalité par la naissance à Mayotte.
17:34 Eh bien, rien qu'en 2018, ils étaient de l'ordre de 7 000.
17:37 A l'époque, il y avait quelque chose comme 8 000 naissances.
17:40 Aujourd'hui, nous avons 12 000 naissances par an,
17:44 dont 75 % est d'origine comorienne.
17:48 Moi, je veux dire à notre ami de la lupesse,
17:51 je voudrais lui faire un bon plaisir.
17:54 Je vous invite, cher monsieur,
17:57 tout simplement, à demander
17:59 à ce qu'on applique la circulaire Tobira,
18:01 c'est-à-dire récupérer les 10 000 gamins non accompagnés
18:04 qui sont à Mayotte et les récupérer dans votre département.
18:07 Je vous demande également de prendre
18:10 les 190 000 migrants
18:15 qui sont actuellement à Mayotte,
18:16 de les prendre dans votre département.
18:18 Et vous verrez que la situation sera très allégée à Mayotte.
18:21 Parce que je sais, vous connaissons,
18:23 vous ne pouvez pas imaginer un seul instant,
18:25 un seul instant, que l'on est sur votre territoire
18:29 pour aller à l'école, vous avez des gendarmes devant les portes
18:32 pour surveiller, sécuriser, sécuriser la...
18:36 -Merci, Monsieur Camardine.
18:38 Je dois faire parler nos invités, nous sommes en direct,
18:42 c'est toujours plus compliqué à distance.
18:43 Je comprends que vous attendez cette suppression
18:46 et que vous serez au rendez-vous du congrès de Versailles
18:49 s'il fallait réunir les 3/5e pour la droite.
18:53 -Je pourrais juste préciser un point qui me paraît important.
18:57 La demande de suppression du droit du sol
19:00 ne date pas d'aujourd'hui, je sais.
19:02 Elle date de 2005, avec François Baroin et moi-même.
19:06 -Alors pourquoi la droite ne l'a pas fait ?
19:09 Pourquoi Nicolas Sarkozy ne l'a pas fait ?
19:11 -Parce que, tout simplement, il y avait, comme aujourd'hui,
19:15 cette mobilisation à outrance
19:17 des gens qui n'ont jamais voulu qu'elles maîtressent françaises
19:21 et qui trouvent par ce biais-là une façon de pouvoir rattacher
19:24 contre la vie des Mahorais,
19:26 contre le droit de peuple à disposer d'eux-mêmes,
19:29 ces principes qu'ils développent pour rattacher Mayotte au Comore,
19:32 les Mahorais vous disent non, nous ne sommes pas d'accord,
19:35 nous ne pouvons pas assumer, nous ne pouvons pas accepter...
19:38 -Ludovic Mendes,
19:40 vous aurez certainement un allié à droite et même au-delà.
19:46 Ca, c'est la partie politique pour réunir les 3/5e
19:50 des votants sénateurs et députés en Congrès à Versailles.
19:53 Mais sur l'argument de fond que vous oppose la gauche,
19:57 cette suppression du droit du sol ne serait pas la solution
20:01 à tous les problèmes de l'île, il y en a d'autres,
20:04 et créerait surtout un précédent dangereux,
20:06 une forme de brèche dans notre Constitution,
20:09 dont on hérite... Voilà, le droit du sol,
20:12 c'est aussi une histoire.
20:13 -Alors...
20:15 Je trouverais aucun point d'accord avec mon ami d'extrême-gauche,
20:18 avec mon collègue d'extrême-gauche.
20:20 -Vous êtes mal renseigné sur l'éthique politique.
20:23 L'extrême-gauche, c'est d'autres parties et mouvements.
20:26 -Ca vous concerne aussi. La réalité, c'est qu'aujourd'hui,
20:29 il y a un point important, c'est que le ministre...
20:32 -Est-ce qu'il faut une loi géométrie variable ?
20:35 C'est l'ADN de la République.
20:37 -Le ministre de la République serait la seule solution.
20:40 C'est une des solutions demandées.
20:42 Il y a un travail qui a été fait,
20:44 de l'accompagnement au logement, à l'éducation,
20:47 à l'éducation, à la retraite, à Mayotte.
20:49 J'ai eu la chance d'avoir été accueilli à Mayotte
20:52 pendant une semaine, de voir ce qu'il s'y passait.
20:54 Ce qu'on voit, nous, quand on est qu'une semaine là-bas,
20:57 je suis désolé de dire ce genre de choses,
21:00 on aimerait pas y vivre. Toutes les personnes que je connais,
21:03 qui ont été renforcées les services à la santé, dans le département,
21:07 à la préfecture ou aux armées, disent la même chose,
21:10 parce que c'est organisé. On ne dit pas que c'est la seule solution.
21:13 Il y a quand même 600 passeurs qui ont été arrêtés,
21:16 qui ont été démantelés, et que même l'armée
21:19 travaille contre l'influence des décomores
21:21 pour protéger l'île de Mayotte.
21:23 -Donc, il faut cette mesure radicale.
21:26 Sur l'argument de la loi Colomb, en 2018, déjà durci,
21:29 pour qu'un enfant né à Mayotte soit français à sa majorité,
21:32 il faut que sa mère ou son père soit entré à Mayotte
21:35 de façon régulière, voilà, depuis au moins trois mois.
21:38 -Ca ne suffit pas.
21:39 Quand on y était en 2019, on avait déjà des personnes
21:42 qui arrivaient de la région des Grands Lacs,
21:45 d'arriver de Syrie, parce que c'est organisé
21:47 plus largement que ce qu'on ne le pense.
21:49 Ce n'est pas que les comores, il y a une volonté
21:52 de certains pays, de certains groupuscules politiques,
21:55 de déstabiliser la France.
21:57 Le dernier point important, c'est qu'à Paris, en 2019,
22:00 il a été annoncé au niveau international
22:02 des mesures à hauteur de 4 milliards d'euros
22:05 d'accompagnement des comores pour qu'ils puissent se développer
22:08 en termes de santé, d'économie et de logement
22:11 pour éviter d'aller sur Mayotte pour se développer.
22:14 L'idée, à côté des personnes qui sont aujourd'hui aux comores,
22:17 c'est de récupérer Mayotte, d'une manière ou d'une autre.
22:20 Mais les Mahorais au quotidien ne peuvent plus continuer comme ça.
22:24 C'est une réponse, mais ce n'est pas la seule et l'unique.
22:27 -André Rouget. Ca fait des années, on l'entendait,
22:30 que le RN réclame cette suppression du droit du sol à Mayotte.
22:33 Victoire idéologique, c'est clair pour vous ?
22:37 -Avant, je voudrais dire que je souscris à 10 000 %
22:40 à ce qui a été dit par Mme Youssoupha et Mansour Kamardine,
22:43 concernant les comores,
22:45 dont je considère que là réside le nœud gordien de la crise
22:50 que connaissent nos compatriotes mahorais,
22:52 qui sont aujourd'hui en train de crier leur désespoir
22:55 sur les barrages citoyens.
22:57 Je voudrais simplement vous montrer ce torchon.
23:00 C'est le communiqué publié aujourd'hui
23:02 par le ministère de l'Intérieur comorien.
23:04 Je vous ferai grâce du charabia injurieux
23:07 pour la France de façon générale
23:08 et pour les Mahorais de façon particulière.
23:11 Simplement, la conclusion,
23:14 les comores ne cesseront jamais de revendiquer Mayotte.
23:18 Et alors, quelle réponse la France,
23:20 puissance mondiale, apporte-t-elle à ça ?
23:23 Le président Macron,
23:25 garant au titre de l'article 5 de la Constitution
23:29 de l'intégrité du territoire et à l'Elysée depuis sept ans,
23:34 a reçu, comme le disait Mme Youssoupha,
23:37 le président Azali en grande pompe...
23:39 -On l'entend bien.
23:41 -...un chèque de 150 millions,
23:43 s'ajoutant aux 350 millions.
23:44 -Il y a une hypocrisie du président ?
23:46 -Il y a une hypocrisie.
23:48 Il faut faire preuve de fierté.
23:50 Il faut geler les avoirs dont il dispose ici, en France.
23:54 Il faut geler les transferts
23:55 de la diaspora comorienne vers Moroni.
23:58 S'agissant de la suppression du droit du sol,
24:01 vous avez entendu Marine Le Pen,
24:03 nous considérons que ça va dans le bon sens,
24:06 mais ce n'est qu'une mesure
24:09 qui doit s'inscrire dans un arsenal législatif...
24:12 -En même temps. Plus large.
24:14 -Comme la... -Pour Mayotte.
24:16 -Comme la proposition de loi qu'elle avait déposée en 2018
24:20 et qui sera reprise dans une grande loi-programme
24:22 pour l'outre-mer qu'elle présentera bientôt.
24:25 -Attendez, juste, pour bien comprendre,
24:27 il y a ce que vous dites sur Mayotte
24:30 et ce que vous dites sur la France,
24:32 c'est-à-dire l'Hexagone, compris.
24:34 Quand Bardella dit que Mayotte
24:36 est exactement ce qui attend l'Hexagone,
24:38 est-ce que ça ne décrédibilise pas le discours du RN, tout simplement ?
24:42 Est-ce que la crise migratoire que connaît Mayotte
24:45 peut être comparable à celle que connaît l'Hexagone ?
24:48 -Pouvez-vous me rappeler ce qui s'est passé dans nos banlieues
24:52 au courant de l'été dernier ?
24:53 Il y a eu des émeutes, il y a eu...
24:56 Une ébauche... -Il n'y a pas de rapport, a priori.
24:59 -Une ébauche de soulèvement.
25:02 -On est sur des mineurs français.
25:05 -Sur des mineurs français.
25:06 -Pour la majorité sud-migration.
25:09 -De façon irrégulière.
25:11 -On n'est pas sur les mêmes niveaux de violence.
25:13 48 % de populations immigrent à Mayotte.
25:16 48 %, on n'en est pas à ces chiffres-là dans l'Hexagone.
25:19 -C'est pour ça que je dis que la suppression du droit du sol
25:23 va dans le bon sens, mais c'est une mesure préventive,
25:26 ce n'est en rien une mesure curative.
25:28 Le ministre Darmanin a annoncé cette mesure
25:33 ainsi que la mise en place d'un rideau de fer
25:36 qui ne sont en fait qu'un rideau de fumée,
25:39 pour masquer son incapacité à régler le problème.
25:41 -Qu'est-ce que vous proposez ?
25:43 La même chose, vous devriez être satisfait.
25:46 La fin du droit du sol, vous le proposez aussi.
25:49 -Ca va dans le bon sens.
25:50 -Qu'est-ce qui justifie que vous soyez...
25:53 -Et nous le votons.
25:54 Mais c'est une fois encore une mesure de prévention.
25:57 -Qu'est-ce que vous proposez ?
25:59 -Ce n'est pas ça qui va régler la crise.
26:01 Comme le disait Mme Youssoupha,
26:03 il y a des gens qui se font assassiner
26:05 toutes les semaines à Mayotte.
26:07 Je me souviens du jeune Mickey, un adolescent de 15 ou 16 ans,
26:10 qui s'est fait assassiner en 2020,
26:12 à la sortie du lycée Bamana à Aims-en-Poros,
26:15 à coups de tournevis.
26:16 -Quelles sont les propositions du RN,
26:19 à part la suppression du droit du sol pour Mayotte ?
26:22 Les propositions, c'est plus d'argent public ?
26:26 Combien ?
26:27 -Déjà, en urgence, il est urgent d'instaurer l'état d'urgence.
26:32 L'opération Voie en Bouchoud a été un fiasco,
26:37 parce que mal préparée,
26:39 mal préparée par le ministre de l'Intérieur,
26:41 mal préparée diplomatiquement
26:43 pour les raisons qu'on vient d'évoquer
26:45 concernant les Comores.
26:46 -L'état d'urgence, c'est le couvre-feu ?
26:49 -Ca veut dire le couvre-feu,
26:50 l'interdiction de rassemblement,
26:52 plus de pouvoir administratif aux préfets,
26:55 la possibilité de saisir les armes,
26:58 ça veut dire éventuellement
27:00 des perquisitions administratives.
27:04 Comme je vous le dis,
27:05 il y a une proposition de loi qui existe,
27:07 il y a de la fermeté à avoir vis-à-vis des Comores,
27:11 et en attendant que la loi s'applique,
27:14 instaurer l'état d'urgence.
27:16 -Estelle Youssoupha ?
27:17 -Je pense que juste à un moment,
27:19 il va falloir ramener les deux, trois faits,
27:22 un petit peu, monsieur Dellefi.
27:24 Votre collègue Ratnon, hier, a expliqué
27:26 qu'abolir le visa territorialisé,
27:29 il n'en était pas question,
27:30 donc je ne connais pas très bien la ligne de votre parti.
27:34 Il faudra vous parler entre vous,
27:36 car Ratnon, hier, dans l'hémicycle, a expliqué qu'il n'en était pas question.
27:40 -Pouvez-vous rappeler juste le visa territorialisé ?
27:43 -J'ai eu la politesse de ne pas vous interrompre,
27:46 donc je vais terminer mon propos.
27:48 Quand on vous expliquait, et merci de nous éclairer,
27:51 parce qu'en fait, vous savez, à Mayotte, français depuis 1841,
27:54 on réfléchit aux problèmes, et heureusement que l'FI est là
27:58 pour nous parler de développement et de coopération avec les Comores,
28:01 qui, je vous informe, reçoit 150 millions versés d'aide
28:04 par la France contre sa signature de lutter
28:07 contre l'immigration clandestine.
28:09 C'est une idée de la Macronie,
28:11 comme ça, vous vous retrouvez sur deux, trois trucs.
28:14 -Ca marche pas. -Pourquoi vous expliquez
28:16 que vous augmentez l'aide ?
28:18 Je vais terminer mon propos,
28:19 parce que je vous ai laissé débiter des âneries,
28:22 et je vous ai rien dit. Vous allez supporter
28:25 d'entendre des faits vérifiés, c'est-à-dire qu'un pays
28:28 qui est en tête de tous les classements de corruption,
28:31 qui vient d'envoyer la troupe contre sa population,
28:34 de gagner de manière frauduleuse les élections,
28:36 la solution de l'FI est qui ? Mais c'est un détail,
28:39 revendique une partie du territoire national,
28:42 ça, vous aimez pas beaucoup, mais vous, vous dites,
28:45 et dont l'est un peu davantage. Moi, je sais pas,
28:48 mais en oubliant même Mayotte, en politique publique,
28:51 de savoir où va l'argent du contribuable,
28:53 c'est scandaleux, parce que c'est l'échec
28:56 d'une politique publique. Et en parlant de politique publique,
28:59 quand vous ne savez pas vous compter,
29:01 quand vous n'avez pas les moyens de savoir combien
29:04 vous êtes sur un territoire donné,
29:06 vous ne pouvez pas mettre en place de politique publique.
29:09 Vous nous expliquez que le sujet, c'est la pauvreté.
29:12 La pauvreté ne justifie pas la violence.
29:15 Mayotte est depuis toujours extrêmement pauvre.
29:17 On ne découpe pas des gens en morceaux,
29:20 vous comprenez ? À aucun moment, la pauvreté
29:22 ne justifie la violence que subit Mayotte.
29:25 De un, de deux, les écoles, les hôpitaux,
29:27 les routes que vous appelez de vos voeux,
29:29 pour lesquelles les Mahorais se battent,
29:32 c'est impossible de le faire tant qu'on ne sait pas combien on est
29:35 et que personne ne contribue.
29:37 La générosité n'a pas de prix, mais elle a un coût.
29:40 Si vous n'avez pas les contribuables
29:42 pour payer cette politique publique,
29:44 vous ne pouvez rien développer. Donc, à un moment, LFI,
29:47 vos principes avec la réalité, moi, je veux bien tout entendre,
29:51 mais vous êtes d'une mauvaise foi inouïe.
29:53 Entendre votre collègue de La Réunion
29:55 nous expliquer dans l'hémicycle hier,
29:58 après vous gargariser de vos grands principes
30:00 sur la générosité, l'humanité, l'accueil,
30:03 à nous, Mahorais, qui avons la moitié de la population étrangère,
30:07 nous dire comment accueillir, ce qui est déjà honteux,
30:10 mais en plus, là, le collègue réunionnais,
30:12 qu'est-ce qu'il dit ? "Surtout pas chez nous."
30:15 -Vous avez une solidarité à géographie variable.
30:18 Ah, si, si. -Je suis pas d'accord.
30:20 -On va laisser le député LFI,
30:22 Piquemal, répondre, et je vous donne la parole.
30:24 -Madame Youssoupha, je vous ai écoutée attentivement
30:27 depuis le début, et je vous ai pas dit que vous débittiez des âneries.
30:31 -Je n'en ai pas dit. -Si vous êtes l'alpha et l'oméga
30:34 de la vérité sur ce plateau, peut-être,
30:36 mais moi, je pense que quand on a un rapport de force
30:39 avec un autre pays, la République ne doit pas répondre
30:43 en se rapetissant sur ses principes,
30:44 donc ne pas se rapetisser sur la question du droit du sol,
30:48 qui est un principe de notre République,
30:50 une et indivisible.
30:51 C'est la première chose. La seconde chose,
30:54 j'ai regardé les revendications du collectif citoyen des Mahorais,
30:57 je pense pas que vous représentez à vous toutes seules
31:00 tous les Mahorais. Il y a la demande d'un plan d'investissement.
31:04 -Mais non, mais c'est fou... -Mais je ne représente pas
31:07 tout seul. Je vous ai écoutée avec attention.
31:10 -Vous êtes tous les trois d'accord. -Vous êtes tous les trois d'accord.
31:13 -Il faut aller vite, ça n'est pas qu'un débat à deux.
31:16 Il y a du monde sur ce plateau.
31:18 -Vous l'avez fait marquer tout seul.
31:20 -C'est juste. Je vous laisse répondre.
31:23 -Je ne représente pas tous les Toulousains
31:25 un mois tout seul, c'est pas parce que j'étais élu député.
31:28 Par ailleurs, nous, on a des propositions concrètes,
31:31 que ce soit en matière géopolitique par rapport aux Comores,
31:34 car ça ne suffit pas ce qui a été fait par le gouvernement,
31:38 car l'immigration continue à arriver.
31:40 Depuis 2018, il y a un principe dérogatoire au droit du sol.
31:43 -C'est trois mois seulement, la suppression,
31:46 c'est une mesure plus radicale. On l'a bien expliqué sur ce plateau.
31:49 -Si il y a une véritable volonté politique des Comores,
31:52 ça va changer quelque chose. Je prends date, dans cinq ans.
31:56 On verra si la situation a évolué à Mayotte avec cette seule mesure.
31:59 -Vous voulez intervenir ?
32:01 Je vais voir Mansour Kamardine pour terminer.
32:03 -Très rapidement. Je suis un citoyen,
32:06 donc j'interviens très modestement en tant que citoyen,
32:09 un peu informé quand même, compte tenu de mon activité militante
32:13 pour la République.
32:15 Quand on parle de droit du sol,
32:17 de ce genre de choses, de nationalité,
32:19 la République est au coeur.
32:21 M. Mendès sait que sur ces questions
32:23 de différence de traitement sur le territoire même
32:26 de la métropole, nous ne sommes pas d'accord.
32:28 -C'est ce que j'allais dire.
32:30 -Il y a un danger à différencialiser ?
32:32 -Oui, il y a un danger à différencialiser.
32:35 Il faut changer la loi d'une main tremblante
32:37 et modifier quelque chose d'aussi fondamental,
32:40 encore plus que la loi.
32:42 Un des éléments fondamentaux de la création de ce que nous sommes
32:46 me paraît impossible.
32:48 J'ajouterais qu'il ne faut pas que nous nous enfermions,
32:51 que vous vous enfermiez, mesdames et messieurs,
32:54 dans des jeux de rôle.
32:56 Il y a un pragmatisme,
32:58 et le pragmatisme, ça ne suffit pas à faire de la politique.
33:02 Il y a les principes, ça ne suffit pas.
33:04 Essayons de trouver la voie
33:06 pour que l'autorité de la République soit appliquée.
33:10 -Sur l'équilibre entre pragmatisme et principe.
33:13 -C'est l'autorité qui me paraît fondamentale.
33:15 Or, cette autorité, aujourd'hui, recule devant...
33:19 -Merci.
33:20 -Toutes les volontés de tenter de contourner la difficulté
33:24 sans l'affronter avec autorité.
33:26 -On s'arrête là, c'est un débat important.
33:29 On pourra l'avoir, car quelque chose me dit
33:31 que la crise va continuer.
33:33 Je vous promets de vous réinviter,
33:35 car je sais qu'il y a des frustrations.
33:37 Merci à vous, Mansour Karmardine,
33:39 d'avoir été en duplex depuis l'Océan Indien.
33:42 C'est toujours moins simple à distance.
33:44 Vous restez avec moi, Jean-Pierre Saccoon.
33:47 Dans une quinzaine de minutes,
33:49 le parti pris du grand reporter Vincent Hugeux
33:51 revient sur l'offensive israélienne à Rafa,
33:54 dans le sud de la bande de Gaza.
33:56 Quelle est le menu de Bourbon Express ?
33:58 Je vous parle de Sabrina Agresti Roubache,
34:00 la secrétaire d'Etat à la Citoyennetal.
34:03 Je vous explique pourquoi.
34:04 -A tout à l'heure, chère chroniqueur.
34:06 On va plonger avec vous, Jean-Pierre Saccoon,
34:09 dans la vie de Missak Manouchian,
34:11 qui entrera mercredi prochain au Panthéon.
34:14 Vous avez oeuvré avec la petite nièce des Manouchians,
34:17 qui va nous rejoindre dans un instant,
34:19 pour que ce résistant à la gueule de Mettek,
34:21 fusillé à 37 ans par les Allemands,
34:24 apatride, rescapé du génocide arménien,
34:26 ouvrier, communiste et poète, soit transféré.
34:29 Place des grands hommes, c'est dans l'invitation
34:31 de Jean-Pierre Saccoon.
34:33 ...
34:35 -Si on vous invite Katia Giragosian et Jean-Pierre Saccoon,
34:38 c'est parce que le grand résistant Missak Manouchian
34:42 et Méliné, son épouse,
34:43 feront leur entrée au Panthéon mercredi prochain.
34:46 Cérémonie présidée par Emmanuel Macron,
34:49 80 ans, jour pour jour,
34:50 après l'exécution de Missak Manouchian par les Nazis.
34:53 -Manouchian, Manouchian, que, dans un procès éclatant,
34:57 les Nazis eux-mêmes vont mettre en vedette
34:59 l'animateur d'un des groupes les plus actifs
35:02 parmi les FTP de Paris.
35:03 -Qui mieux que vous, Katia Giragosian,
35:05 petite nièce des Manouchians,
35:07 réalisatrice d'un documentaire inédit
35:10 sur leur histoire tragique ?
35:11 -Depuis ma plus tendre enfance, j'ai été bercée
35:14 par les récits de ma grand-mère armène,
35:16 la grande sœur de Méliné Manouchian,
35:18 compagne de Missak.
35:20 -Et vous, Jean-Pierre Saccoon,
35:21 qui avez milité avec votre comité
35:24 pour cette panthéonisation,
35:25 pour nous parler de cet immigré arménien,
35:28 communiste et résistant à la fois,
35:30 mort pour la France
35:32 et pour défendre ses valeurs républicaines ?
35:34 -Missak Manouchian symbolise
35:37 ces étrangers qui sont devenus des Français
35:40 par le coeur, par le sang versé,
35:42 comme il le disait lui-même.
35:44 -Poète, survivant du génocide arménien,
35:47 il arrive en France en 1925,
35:49 adhère à l'International Communiste en 1935,
35:52 avant d'entrer dans la clandestinité
35:55 contre l'occupant allemand,
35:57 et le régime de Vichy.
35:58 Il entre en résistance en 1941.
36:00 Les FTP-Moi sèment la terreur
36:02 dans les rangs nazis de la capitale.
36:05 La propagande allemande les désigne
36:07 comme terroristes étrangers
36:09 dans la fameuse affiche rouge.
36:11 Elle les rendra immortels.
36:12 -C'était sur les murs partout.
36:14 Il y avait aussi des petites affiches
36:17 qu'ils avaient distribuées
36:19 dans les rues.
36:20 -Vous aviez vos portraits
36:23 sur les murs de nos villes.
36:25 Sur les murs de nos villes.
36:27 Noirs de barbe et de nuit.
36:32 Irsus de menaçants.
36:35 -Le 21 février 1944,
36:37 ils sont condamnés à mort et fusillés
36:39 au Mont Valérien par le régime nazi.
36:41 Missak Manouchian est devenu
36:43 une figure à part entière de notre histoire,
36:46 héros de notre mémoire collective.
36:48 Mais alors, on a une question pour vous ce soir.
36:51 Pourquoi la France a attendu si longtemps
36:54 avant de le faire entrer au Panthéon ?
36:58 -Bonsoir, Katia Giragosian.
36:59 Merci d'être avec nous.
37:01 Vous êtes la petite nièce des Manouchian-Méliné,
37:04 l'épouse de Missak Manouchian,
37:06 la soeur aînée de votre grand-mère,
37:09 je ne dis pas de bêtises.
37:10 -Ma grand-mère était la soeur aînée.
37:12 -C'est ça, c'est votre grand-mère,
37:15 la soeur aînée de Méliné, l'épouse de Missak Manouchian.
37:18 On va y revenir.
37:19 Un beau documentaire sera diffusé jeudi soir
37:22 sur France 3, PACA.
37:23 On est 80 ans, je le disais,
37:25 après l'exécution Manouchian,
37:27 fusillée par les Allemands au Mont-Valérien.
37:30 80 ans, c'est quand même assez long.
37:33 C'est le premier résistant étranger,
37:36 c'est le premier communiste résistant
37:39 et c'est le premier du Mont-Valérien
37:41 à entrer au Panthéon.
37:43 Est-ce que la France a trop tardé
37:45 ou est-ce que c'était le bon moment ?
37:47 Jean-Pierre Saccoun. -La France n'a pas trop tardé.
37:50 La France a fait et aujourd'hui,
37:52 dans quelques jours, Missak entre au Panthéon.
37:55 Mais Missak entre au Panthéon de deux manières.
37:58 Il entre avec sa personnalité
38:01 et il entre comme un symbole.
38:02 Et il faut le temps
38:05 pour que la mémoire se transforme en histoire.
38:07 Et une mémoire aussi difficile,
38:11 aussi complexe que celle de la Résistance,
38:14 que celle des relations
38:16 entre le communisme et le gaullisme
38:19 dans la Résistance,
38:21 que celle de la fin du stalinisme, etc.,
38:24 demande que la poussière retombe.
38:26 Elle est retombée, mais nous avons fait notre possible
38:29 pour qu'elle retombe avant que le maillon,
38:32 que la chaîne ne se brise
38:34 entre ceux qui sont encore vivants
38:36 et qui ont été les témoins et les acteurs,
38:38 et Missak. C'était bien.
38:40 -Il était facile à convaincre,
38:42 le président de la République, Emmanuel Macron.
38:45 -Ecoutez, je ne ferai pas de la psychologie
38:48 du président de la République.
38:50 En revanche, ce que je peux dire,
38:51 c'est que nous avons, je crois, bien mené notre combat
38:55 et que tout au long des trois années de travail
38:59 que nous avons accomplies,
39:01 à aucun moment, nous n'avons senti le danger
39:05 d'un retour en arrière ou d'un refus.
39:08 Voilà, ça a avancé d'une manière...
39:11 -Continue. -Continue
39:13 et positive tout au long.
39:16 C'était l'essentiel, ça a démontré
39:18 qu'on a bien fait notre travail. -Elle est importante,
39:21 parce que Katia Ghiragochian, c'est Missak Manouchian
39:24 et Méliné Manouchian, mais aussi parce qu'on va honorer
39:29 la mémoire d'un résistant étranger,
39:31 celui de l'affiche rouge, avec les Juifs Ponnaies,
39:34 avec les résistants à la dictature de Franco,
39:39 les Espagnols, avec les Italiens aussi.
39:41 C'est ça qui est important dans cette panthéonisation.
39:45 -Ce qui est important, c'est de faire entrer
39:48 un résistant étranger, communiste,
39:50 comme vous l'avez dit, de surcroît patride,
39:53 qui a adopté très vite les valeurs de la France
39:56 et qui a donné sa vie pour ces valeurs,
39:58 pour défendre ces valeurs.
40:00 C'est montrer qu'il a très vite été français avant l'heure.
40:03 -Pourquoi la France ? Il l'adorait.
40:05 Il arrive sur le front populaire, à peu près ?
40:08 -Il a eu un professeur extraordinaire.
40:10 Quand il est au Liban, il a un professeur
40:13 qui s'appelle M. Bogarian, qui lui donne
40:15 l'amour de la culture des lettres françaises et arméniennes.
40:18 Il est fasciné par la Révolution française,
40:21 par le siècle des Lumières,
40:23 et puis la devise.
40:26 Liberté, égalité, fraternité.
40:28 Pour lui, c'est un vrai sens, un sens profond.
40:30 -Pour comprendre, quand il arrive en France,
40:33 il y a dans votre documentaire le serment du Panthéon,
40:37 qui, au fond, raconte les origines de sa volonté de résistance.
40:42 Racontez-nous, avec ses camarades, place des grands hommes.
40:45 -Ce qui est fou, c'est que...
40:47 Déjà, ce qui est fou, c'est que quand l'annonce est faite,
40:50 j'écris un petit texte et je dis que c'est formidable,
40:53 il va retrouver ses pairs, entre 10 000 guillemets,
40:56 et dans le quartier qu'il affectionnait,
40:58 le quartier latin... -La bibliothèque
41:00 Saint-Jean-de-Vievre. -La Sorbonne, le Panthéon.
41:03 En étant en Arménie, je découvre, dans un écrit en arménien,
41:07 qu'ils ont fait un serment.
41:09 C'est dit qui ? En son ami peintre, Séma, son ami poète,
41:12 et lui-même. Ils ont dit "Nous deviendrons des hommes,
41:15 "c'est-à-dire instruits, sinon, autant mourir."
41:18 Et là, je me dis, waouh.
41:19 Ils ont fait le serment au Panthéon,
41:22 entre les tombes de Voltaire et de Rousseau.
41:24 C'est extraordinaire. -C'est incroyable.
41:26 Être étranger, il faut l'expliquer, sous l'occupation,
41:30 c'est déjà extrêmement dur, parce qu'il faut survivre,
41:33 échapper aux arrivées... -Avant même l'occupation.
41:36 -Là, ça devient particulier. -En plus,
41:38 quand on est étranger, quand on décide d'entrer en résistance,
41:41 d'entrer dans un réseau de lutte armée,
41:43 les FTP-Moi, alors là, on prend tous les risques.
41:47 Qu'est-ce qui fait la bascule chez Manouchian ?
41:50 -Ce qui fait la bascule ?
41:52 Elle se fait chez tous ces étrangers
41:54 qui sont arrivés en France entre les années 20 et les années 30,
41:57 qui sont des combattants antifascistes.
42:00 Même un Manouchian qui n'a pas le même passé
42:02 que les Juifs polonais, les Roumains, les Hongrois,
42:05 les Allemands, etc., ou les Espagnols.
42:08 Le combat antifasciste.
42:09 Lorsque le pacte germano-soviétique est signé en août 39,
42:12 pour eux, c'est un coup de tonnerre.
42:14 C'est terrible, parce qu'avant même d'être des communistes,
42:18 ce sont des combattants antifascistes.
42:20 La plupart d'entre eux s'engagent dès 39,
42:23 donc il n'y a pas de bascule.
42:24 Ils rentrent dans la lutte dès 39 dans l'armée régulière.
42:28 Ils n'imaginent pas que cette armée,
42:30 considérée comme la plus puissante du monde,
42:32 l'armée française, va être écrasée en quelques semaines.
42:36 Ils vont lutter. Après la défaite,
42:38 petit à petit, à partir de la fin 40,
42:41 ils commencent à renouer des liens, à recréer des réseaux,
42:45 parce que la meuille existait avant la guerre.
42:47 -C'est la main-d'oeuvre immigrée. -La main-d'oeuvre immigrée.
42:51 Ils recommencent à créer les fils
42:53 qui vont leur permettre de tisser cette nouvelle meuille
42:56 qui, en 42, sera intégrée
42:59 par la direction communiste
43:01 à l'organisation unifiée de la résistance communiste,
43:05 le FTP. -Fronts, terreurs, partisans.
43:07 -Les fronts, terreurs et partisans,
43:09 qui regroupent tous les résistants communistes français,
43:12 et s'y ajoutera les fronts, terreurs et partisans,
43:15 qui regroupent tous ceux qui, depuis l'avant-guerre,
43:18 combattent le fascisme. -Il n'y a pas de bascule,
43:21 parce que M. Manouchion a combattu
43:23 contre les Allemands, l'étrange défaite, malgré tout,
43:27 mais quand même, il y a la connaissance du génocide.
43:30 Ca, ça crée une différence.
43:32 -Oui, c'est ce qui fait que je pense
43:34 qu'ils n'ont pas eu d'enfance.
43:36 Ils sont tout de suite rentrés dans l'âge adulte,
43:38 si je puis dire, et donc, ils avaient une conscience précoce
43:42 de ce qui risquait de se passer.
43:44 Très tôt, ils ont pris le pouls de la société malade
43:46 et se sont dit, avec la montée de ces fascismes,
43:49 il va falloir prendre les armes. -Les parents de Manouchion
43:52 sont morts pendant le génocide arménien.
43:55 -Ils sont morts pendant le génocide,
43:57 Méliné, également, est orpheline.
43:59 Ils ont eu tous les deux des parcours similaires,
44:02 il y a eu un bon nombre, malheureusement, d'Arméniens,
44:05 et cette conscience précoce, elle a fait que très tôt,
44:09 ils ont senti que le danger frappait à la porte.
44:13 -Voilà. Vous avez dit,
44:14 je crois, dans une vidéo que j'ai vue aujourd'hui
44:17 pour préparer cette interview, c'était un poète
44:19 pour qui ça n'allait pas de soi doter la vie.
44:22 En fait, il a fait du sabotage,
44:24 il a posé des bombes, etc.,
44:26 mais il disait "héros ordinaires". C'était un pacifiste.
44:29 -Oui, c'était un pacifiste, c'était un poète,
44:32 et pourquoi je le souligne ?
44:33 C'est pas parce que c'est anecdotique,
44:36 parce que, justement, pour lui,
44:37 ôter la vie d'un autre homme, ça n'allait pas de soi.
44:40 C'était pas un Rambo qui rêvait de prendre les armes
44:43 et de monter au combat.
44:45 C'était un être qui aimait la musique,
44:47 la nature, la poésie, sensible,
44:50 et s'il a pris les armes, c'est vraiment
44:52 parce que c'était une nécessité
44:54 et qu'il s'est dit que c'était le moment,
44:56 et qu'il n'y avait pas d'autre moyen.
44:58 -C'est un moment qui est très important pour Simone Veil,
45:02 qui est entrée au Panthéon, Mélinée Manouchian,
45:04 l'épouse de Missak Manouchian, va entrer au Panthéon.
45:08 C'était important, vous l'avez connue,
45:10 votre grande-tante, parlez-nous d'elle.
45:13 -C'était une femme d'un charisme extraordinaire,
45:17 beaucoup de dimensions, et assez mystérieuse.
45:20 Je pense que ce mystère était dû à sa nature profonde,
45:24 mais également au fait qu'elle ait vécu 18 ans
45:26 en Arménie soviétique.
45:28 Et donc, ça crée quand même
45:31 une forme d'épaisseur différente.
45:34 Ma grand-mère, elle, était très solaire
45:37 et était capable d'évoquer des moments très difficiles,
45:40 mais elle avait les mots juste pour une enfant,
45:43 ce que n'avait pas Mélinée.
45:44 -Elle s'était remise, ou jamais, de la mort de son amour ?
45:48 -Non, bien sûr que non.
45:49 Ca a été la mission de sa vie, de se battre pour sa mémoire
45:52 et la mémoire des combattants.
45:54 -Je vous propose d'écouter la fameuse lettre à Mélinée,
45:57 qui est prêt, et vous nous le commenterez juste après.
46:00 -Ma chère Mélinée,
46:02 ma petite orpheline bien-aimée,
46:05 dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde.
46:08 Nous allons être fusillés, cet après-midi,
46:11 à 15h.
46:12 Cela m'arrive comme un accident dans ma vie,
46:15 je n'y crois pas, mais pourtant, je sais
46:18 que je ne te verrai plus jamais.
46:20 Que puis-je t'écrire ?
46:22 Tout est confus en moi et bien clair,
46:26 en même temps,
46:27 je m'étais engagé dans l'armée de libération
46:32 en soldat volontaire,
46:34 et je meurs à deux doigts de la victoire et du but.
46:37 Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter
46:41 la douceur de la liberté et de la paix de demain.
46:44 Je suis sûr que le peuple français
46:46 et tous les combattants de la liberté
46:49 seront honorés notre mémoire dignement.
46:51 Au moment de mourir, je proclame que je n'ai aucune haine
46:56 contre le peuple allemand et contre qui que ce soit.
46:59 Chacun aura ce qu'il mérite comme châtiment
47:01 et comme récompense.
47:02 -Extrait de votre documentaire,
47:04 qui a été agué à Gaucian, et on a reconnu,
47:07 pour les connaisseurs, le comédien Simon Abkarian.
47:11 Quelle lettre.
47:12 "À deux doigts de la victoire", il est fusillé.
47:15 -Faire entrer un héros au Panthéon,
47:18 c'est une alchimie qui tient compte
47:20 de la personnalité de ce héros et de ce qu'il symbolise.
47:23 Ce qui est extraordinaire
47:25 c'est que c'est parfait, c'est droit.
47:27 Et en plus, il allie cette particularité française
47:31 de la célébration de l'héroïsme par la littérature.
47:34 Moulin ne serait pas Moulin
47:36 sans le discours de Malraux au Panthéon en 64.
47:39 Missaques ne serait pas Missaques sans sa lettre
47:43 et sans sa reprise sous forme de poème,
47:46 car Aragon a eu le génie de ne pas créer un poème ex nihilo,
47:50 mais de le construire à partir de la lettre de Missaques.
47:55 Souvenons-nous de quelque chose quand on parle de ce héros français.
47:58 Missaques, au moment du plus grand trouble,
48:01 quelques heures avant sa mort,
48:02 il est d'origine arménienne, c'est sa langue maternelle,
48:06 il s'adresse à sa femme, qui a la même histoire,
48:09 et bien il lui écrit en français.
48:11 Et il signe "Michel".
48:12 -Il signe "Michel".
48:14 Je n'en veux pas aux Allemands,
48:16 mais comment on peut écrire une chose pareille ?
48:19 -On est internationaliste et patriote.
48:21 -Il n'avait pas de haine.
48:22 -Non, mais c'est pas quelqu'un qui s'est nourri de haine.
48:25 Lui, comme tous ses camarades,
48:27 comme toutes ses jeunes âmes qui sont parties au combat,
48:30 ils se sont nourris d'amour, pas d'un amour Benoît,
48:33 mais d'un amour.
48:34 C'est leur force. -Pas de tous.
48:36 -Il a été leur force. -Les juifs, par exemple,
48:39 les jeunes juifs, qui, eux... Les plus jeunes.
48:42 Il y a deux générations, ceux qui ont 35, 40 ans,
48:44 qui sont ceux qui ont combattu avant la guerre,
48:47 soit dans les brigades internationales,
48:49 soit sur le sol français, comme Missa,
48:51 dans son engagement.
48:53 Et puis, il y a ces tout jeunes juifs,
48:55 qui sont les rescapés du Veldiv,
48:57 qui ont 18 ans, 17 ans, 19 ans, 20 ans.
48:59 Et eux, ils ont une haine terrible,
49:01 on peut le comprendre.
49:03 Et d'une certaine manière,
49:04 le groupe va tomber à cause de leur imprudence,
49:08 parce qu'ils sont tellement peu habitués
49:11 à la clandestinité, à la prudence, etc.,
49:14 qu'ils vont être facile à suivre par la police.
49:17 -C'est surtout qu'ils ont face à une déprofessionnelle.
49:20 Ils ne sont pas professionnels.
49:22 -Il y a une femme qui ne sera pas fusillée,
49:25 Olga Banschig, parce que les Allemands...
49:28 -Il est dit que dans la loi allemande,
49:30 les femmes n'ont pas le droit au peloton d'exécution.
49:33 Elle est guillotinée, c'est beaucoup mieux.
49:35 -Pour terminer, je voudrais donner quelques éléments de coulisse.
49:39 C'est une très belle cérémonie, d'abord le caveau.
49:42 -Numéro 13. -Le sac Manouchian,
49:44 Emeline Manouchian, numéro 13.
49:46 -C'est quoi, le caveau numéro 13 ?
49:48 -C'est le caveau dans lequel ont été déposées
49:51 la dépouille de Maurice Genevoix
49:53 et de ceux de 14 qu'il représente,
49:55 la dépouille de Joséphine Bacquer
49:58 et de ces Français d'origine étrangère
50:01 des Forces françaises libres.
50:03 En face de Joséphine, il y aura Missak et Méliné,
50:07 finalement, continuant à représenter
50:11 tous ceux qui se battaient pour la France,
50:14 non seulement contre le nazisme,
50:16 mais comme ils l'ont écrit pour la France.
50:20 -Merci beaucoup.
50:21 Merci infiniment d'être venus nous parler de Missak Manouchian.
50:25 La cérémonie, vous l'avez compris, va être très beau, la nuit.
50:28 Il y aura même une cérémonie au Mont-Valérien
50:31 avec l'ensemble du commando,
50:33 avec une plaque et l'ensemble des camarades
50:36 de Missak Manouchian fusillés ce jour-là.
50:38 Vous restez avec nous ? C'est l'heure des Affranchis,
50:42 leur parti pris pour vous faire réagir.
50:44 Allez, pour terminer,
50:45 Vincent Eugeu, qui va nous parler de la situation
50:48 dans la bande de Gaza.
50:49 On commence par Bourbon Express,
50:51 comme chaque soir, l'histoire du jour.
50:53 A l'Assemblée, c'est vous, Elsa Mondin-Gava,
50:56 qui nous l'a racontée ce soir.
50:58 -Bonsoir, Elsa. Je vais vous raconter ce soir
51:00 l'histoire d'une majorité qui a eu chaud.
51:03 Vous me direz que c'est normal,
51:04 mais elle n'avait pas prévu que ce soit comme ça.
51:07 Hier et aujourd'hui, les députés
51:09 ont travaillé sur les dérives sectaires.
51:12 Hier soir, les députés devaient se prononcer
51:14 sur l'article 4 du projet de loi.
51:16 Il prévoit la création d'un délit de provocation
51:19 d'abandon de soins.
51:20 En gros, c'est le gourou 2.0 qui va dire
51:22 de traiter votre cancer avec du jus de citron.
51:25 Au moment du vote, surprise dans l'hémicycle.
51:27 -Votants 228 exprimés 224,
51:30 majorité 113 pour 116, contre 108.
51:33 L'Assemblée nationale a adopté.
51:35 Applaudissements
51:37 -C'est votre ronde-voix.
51:39 -Dans l'hémicycle, le gouvernement et la majorité sont battus.
51:42 -Alors, qui a voté quoi exactement ?
51:46 -Le Rassemblement national, la droite et les Insoumis
51:49 ont voté pour supprimer cet article.
51:51 La droite et l'extrême droite,
51:53 au nom de la liberté d'expression,
51:55 les Insoumis, parce qu'ils réclamaient plus de moyens.
51:58 Mais dans ces cas-là, quand le gouvernement perd,
52:01 souvent, il y a une petite solution.
52:03 C'est l'article 101 du règlement,
52:05 ça propose une seconde délibération.
52:07 Elle déteste, évidemment.
52:09 Tout à l'heure, dans l'hémicycle,
52:10 le président de la Commission des lois,
52:13 Sacha Houllier, a annoncé un nouveau vote.
52:15 Les oppositions ont multiplié les appels au règlement.
52:18 En tribune presse, on n'entendait quasiment rien.
52:21 Il y a eu des rappels au règlement sur la forme
52:24 et des passe-dames sur le fond.
52:26 Dans cet extrait, il est question du professeur Raoult,
52:29 celui qui soignait le Covid avec de l'hydroxychloroquine.
52:32 -La France, madame la présidente, c'est le pays des lumières,
52:36 le pays de l'excellence scientifique,
52:38 de la rigueur intellectuelle.
52:40 En France, la loi doit protéger les plus fragiles
52:43 et condamner tous ceux qui prospèrent
52:45 sur la peur, la misère et la mort.
52:47 Avant de venir, j'ai cherché sur Google,
52:50 j'ai tapé, par exemple, "gourou" et "Raoult",
52:53 et j'ai trouvé plus de réponses
52:55 qu'en tapant "science" et "Le Pen".
52:57 -Pardon, mais s'il y a bien une personne
52:59 qui ne devait pas prendre la parole aujourd'hui,
53:02 c'est monsieur Véran, qui a dit
53:04 que tout est l'inverse de tout pendant la crise du Covid.
53:07 Applaudissements
53:08 Et il a dit n'importe quoi,
53:11 et ça a été scientifiquement démontré.
53:13 Il a osé parler de monsieur Raoult.
53:17 Alors, on va parler du professeur Raoult,
53:19 parce que c'est un sujet fondamental.
53:22 Mais dites-moi, il n'y a pas quelques ministres
53:24 qui ont été soignés par le professeur Raoult ?
53:27 -Oui !
53:28 -Une des ministres dont parle Marine Le Pen,
53:31 elle est au banc, c'est la secrétaire d'Etat,
53:34 Sabrina Gresti-Roubach. Elle l'était pas encore
53:36 quand elle avait été soignée pour son Covid
53:39 au début à l'IHU de monsieur Raoult.
53:41 -Cette même ministre, Sabrina Gresti-Roubach,
53:44 a semé le trouble au moment de vote.
53:47 -Oui, à cause de ça. Écoutez.
53:49 -Donc, j'émets plutôt un avis de sagesse, monsieur le député.
53:53 Donc, ce sera un avis de sagesse,
53:55 tout à fait assumé.
53:57 -Avis de sagesse au Rassemblement national,
53:59 ça a fait hurler la gauche, ça a fait tiquer la majorité.
54:03 Le président du groupe est venu lui rappeler la consigne.
54:06 On ne sympathise pas avec l'ORN. -Merci, Elsa,
54:08 qui a dit qu'il n'y avait plus d'ambiance
54:11 à l'Assemblée nationale. On enchaîne avec vous, Vincent.
54:14 Vous souhaitez revenir ce soir sur cette offensive
54:17 annoncée par Tzahal, par l'Etat hébreu.
54:19 À Rafah, on est tout au sud de l'enclave palestinienne.
54:22 -Chronique d'un désastre annoncé.
54:24 Voilà près d'une semaine qu'Israël prédit le déclenchement imminent
54:28 d'une offensive terrestre massive sur Rafah,
54:31 dans l'extrême sud de la bande de Gaza.
54:33 Objectif que Benyamin Netanyahou décrit abusivement
54:36 comme l'ultime bastion des miliciens islamistes du Hamas.
54:39 Encore faudrait-il, avant que ne frappe la foudre,
54:42 exfiltrer l'énorme contingent de civils massés
54:45 dans ce réduit de quelques dizaines de kilomètres carrés,
54:48 soit 1 400 000 Palestiniens piégés en lisière
54:51 de la frontière égyptienne.
54:53 Au passage, plus de la moitié d'entre eux
54:55 furent sommés dès octobre par Tzahal de quitter le nord
54:59 et le centre de l'enclave assiégée pour échapper au combat.
55:02 -Quelles sont les alternatives ?
55:04 Comment sortir les populations de ce cul-de-sac ?
55:07 -Ben, Netanyahou leur promet désormais
55:09 des passages sécurisés, fort bien, mais pour aller où ?
55:12 Dans le Sinaï, hors de question,
55:14 tranche le maréchal président Abdel Fattah al-Sissi,
55:17 hanté par le spectre d'un tsunami migratoire.
55:20 Place dès lors au concours lépine de l'ineptie humanitaire.
55:23 Selon le Wall Street Journal, il serait question
55:26 de faire surgir ex nihilo dans le sud-ouest de la bande,
55:29 15 camps de 25 000 tentes chacun.
55:31 Mission confiée à l'Egypte et financée par les Etats-Unis
55:34 ou tel ou tel partenaire arabe non identifié.
55:37 A moins de refouler, tout ou partie de ces naufragés
55:40 vers Ranyounès ou au-delà, retour à la case départ,
55:43 à ceci près que la case ressemble à s'y méprendre
55:46 à un champ de ruines. Le hic, c'est que Bibi et sa fanfare
55:49 jonglent avec des chiffres, feignant d'ignorer
55:52 que sous les statistiques, des périsses autant d'hommes,
55:55 que d'enfants, entre l'Etat de droit et la loi des stats,
55:58 il faut choisir. -Alors, dites-nous,
56:00 à propos d'êtres humains en détresse,
56:03 vous voulez revenir sur les otages israéliens ?
56:06 -Oui, parce que la fuite en avant belliciste
56:08 du caminé de guerre repose sur un postulat erroné,
56:11 martelé ainsi par Netanyahou.
56:13 Seule la poursuite de la pression militaire
56:15 jusqu'à la victoire complète aboutira à la libération
56:18 de tous nos otages. Deux contresens en une formule.
56:21 Il n'y aura pas de victoire complète.
56:24 -Au lieu de la libération du Hamas et de son arsenal idéologique
56:27 relevant de la pensée magique,
56:29 et quitte à se livrer à une comptabilité macabre,
56:32 la vérité des faits invalides se montrera.
56:34 Ce jour, 3 des 250 captifs kidnappés
56:36 lors de l'abjecte carnage du 7 octobre
56:39 doivent leur liberté aux forces spéciales de Tsaïl
56:42 et une centaine aux marchandages bouclés
56:44 à la faveur de la trêve conclue en novembre.
56:46 Plus précisément, 105 en échange de 240 prisonniers palestiniens.
56:50 J'ajoute qu'une trentaine, estimation minimaliste,
56:53 des 130 otages toujours portés disparus
56:55 auraient péri depuis le début de l'assaut sur Gaza,
56:58 dont plusieurs victimes collatérales.
57:01 -Leur sort est déjà scellé ?
57:02 -Non, et c'est là tout le paradoxe de cette sinistre séquence.
57:06 L'hypothèse, certes ténue, d'une nouvelle pause
57:09 et d'un nouveau deal persiste.
57:10 Dans la coulisse, les émissaires de toutes obédiences
57:13 s'échinent à finaliser un compromis.
57:16 William Burns, le patron de la CIA, et David Barnea,
57:19 celui du Mossad, se sont retrouvés hier au Caire
57:22 avec le Premier ministre du Qatar.
57:24 C'est dans la capitale égyptienne,
57:26 epicentre des tractations, que le chef du renseignement local
57:29 et son homologue qatari devaient conférer ce mercredi
57:32 un envoyé du bureau politique du Hamas.
57:34 Les trois prochaines journées, dit-on à Washington,
57:37 seront cruciales. Faute de mieux,
57:39 on s'accrochera donc à ce mince espoir.
57:42 -Absolument. Allez, les trois prochains jours.
57:44 Merci, Vincent Huges, pour ce parti pris.
57:47 A demain, Elsa Mondingava, Katia Giragos.
57:50 C'est un documentaire à voir jeudi prochain,
57:52 le soir, sur France 3 PACA. Merci à vous, Jean-Pierre Saccoun.
57:55 Cette cérémonie sera accompagnée d'une plaque,
57:58 en deux mots, mais vraiment très court.
58:00 -Avec les 23 noms et le nom supplémentaire
58:03 de Joseph Epstein, leur chef à tous,
58:05 de manière à ce qu'on se souvienne toujours
58:08 que cette entrée officielle, c'est celle de tous les étrangers.
58:11 -Merci beaucoup. Très belle soirée sur LCP.
58:14 A demain. -Merci.
58:16 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
58:18 ...

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