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Source
Haziza - Paris Dauphine https://www.youtube.com/watch?v=M8GL54qqhgg
Musique https://www.youtube.com/watch?v=UJdogwBtZvw

Réponses au quiz de fin :

/!\ Description à ne pas lire avant d'avoir vu la vidéo entièrement
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Quelle quantité d'eau tombe sur la France par an ?
510 milliards de m^3.

En condition idéale, quelle proportion de l'eau tombée sur le sol atteint une nappe phréatique ?
9 à 10%.

Quelle proportion des zones humides a été asséchée en France ?
50 à 80%.

#haziza #écologie #eau #hydrologue #chili #incendie #résilience #conférence #extrait #parisdauphine #evian #vitel #géopolitique #bassine #mégabassine #saintesoline #écoterroriste #ethiqueettac
Transcription
00:00 (Musique)
00:08 Nos sociétés ne sont pas prêtes à intégrer la question de nos réserves alimentaires
00:14 et derrière ces réserves alimentaires se cache une question d'eau.
00:18 Quand vous avez de grands défis en France, vous avez peut-être entendu dans les journaux, dans les médias,
00:23 parler de ces bassines. Donc ce sont des réservoirs en surface que l'on place là,
00:29 où on explique que l'on prend les eaux d'hiver parce qu'il y en a trop,
00:33 pour pouvoir les garder l'été parce qu'on n'en a plus.
00:36 La réalité est un petit peu plus compliquée que ça. La réalité, c'est que la France, en fait,
00:42 qui était un pays tempéré, qui n'a jamais manqué d'eau,
00:46 il faut imaginer 510 milliards de mètres cubes d'eau qui tombent en France tout le temps.
00:51 Alors certes, on a déjà connu des sécheresses historiques, on a même pu, si on remonte en 1303,
00:57 on a même pu traverser le Rhin à pied sec. On pouvait jouer à la pétanque en 1976,
01:02 un peu plus récemment, sur le Rhône. On a déjà connu des sécheresses gigantesques de la Seine.
01:08 Mais en fait, ça fait partie d'une variabilité naturelle qui a toujours existé.
01:13 Et donc on a toujours connu notamment des inondations gigantesques.
01:17 Là encore, ça fait partie de l'autre extrême. On a connu des inondations bien pires
01:22 que peut-être les images que vous avez peut-être vues de Paris en 1910 sur des photos en noir et blanc,
01:28 où on voit les Parisiens se balader dans des canaux, qui est la référence de la Crue Centenale.
01:33 Si on remonte jusqu'au Moyen-Âge, on a connu des choses bien plus monstrueuses,
01:37 qui déjà à l'époque faisaient penser à un changement climatique.
01:40 Aujourd'hui, ce qui se passe, c'est quelque chose de complètement différent.
01:43 C'est-à-dire qu'on a un nouveau vecteur qui rentre en jeu.
01:47 Je vous invite à prendre les unes du monde chaque année depuis le début des années 2000.
01:52 Et chaque année, vous avez une répétition qui vous dit l'année la plus chaude jamais recensée dans l'histoire de France,
01:58 l'été le plus chaud, le mois le plus chaud, la succession de records le plus chaud.
02:04 À partir du moment où on ne voit que des records qui sont à chaque fois battus,
02:09 à l'image des dix derniers jours qu'on a pu vivre sur Paris,
02:13 où il faut à un moment donné se poser la question de cette anormalité,
02:17 d'avoir de telles températures début septembre.
02:20 On avait pourtant eu des signaux.
02:23 L'année dernière, on avait déjà eu une canicule extrêmement tardive,
02:27 la première semaine de septembre.
02:29 L'année dernière, ça correspondait à 1% de probabilité qu'un événement de ce type-là,
02:36 avec plus de 40 degrés la première semaine de septembre, puisse se produire en France. 1%.
02:41 Donc en fait, la France est en train de basculer dans une situation à peu près inconnue.
02:47 Ça ne s'est pas vu dans les premiers temps, la température augmentait,
02:50 mais on ne voyait pas l'impact direct sur notre société.
02:54 C'est-à-dire qu'on ne maîtrisait pas, on voyait bien qu'il faisait plus chaud,
02:58 mais ça restait quand même tellement agréable d'avoir 30 degrés dans les Hauts-de-France au mois d'octobre.
03:04 Franchement, on continue la période de barbecue, on est quand même plus sympathiques derrière.
03:09 Et donc, le côté très sympathique même du changement climatique, tel qu'il s'est invité dans nos vies,
03:14 parce que derrière, si vous regardez la température parisienne il y a encore 10-15 ans,
03:19 et la température actuelle, c'est quand même beaucoup plus agréable, jusqu'à une certaine limite.
03:24 Et donc, ça ne se voyait pas directement dans le cycle de l'eau.
03:28 À partir de 2017, on va commencer à voir un fléchissement,
03:33 c'est-à-dire que ces températures qui ne font que monter,
03:37 vont commencer à être perçues directement sur nos systèmes, et sur nos systèmes économiques.
03:43 On va vivre 10 mois quasiment sans une goutte de précipitation.
03:49 10 mois continu où la France va vivre une sécheresse historique.
03:53 Et on va basculer en l'espace d'une semaine en une inondation gigantesque.
03:59 On finit le 26 décembre 2017 sur une sécheresse historique,
04:05 et on va basculer sur une inondation de la Seine importante au mois de janvier.
04:10 Alors pourquoi je vous parle de ce sujet-là au mois de janvier 2018 ?
04:14 Parce que quand on est dans un monde inconnu, et qu'on a quasiment plus de repères,
04:18 parce qu'en général quand vous êtes hydrologue, vous avez besoin de très très longue série de données
04:23 pour comprendre les tendances, mais là, on avance sans vraiment plus avoir rien sur lesquels on peut s'accrocher,
04:30 et bien janvier 2018 peut nous servir d'appui pour comprendre comment on pense, comment on réfléchit encore,
04:37 et à quel point il va falloir que vous et nous, nous changions dans notre manière de penser.
04:43 En janvier 2018, on va avoir tellement d'eau qui va tomber sur la France, et notamment sur le bassin parisien,
04:50 après autant de mois de sécheresse, qu'on va se sentir complètement protégé.
04:56 On ne sera plus en danger. La sécheresse, c'est du passé, c'était l'année dernière, ça ne nous concerne plus.
05:02 Et voire même, on va avoir un printemps très pluvieux, tellement qu'on va se retrouver avec 30% d'excédent
05:09 dans quasiment toutes nos nappes souterraines.
05:12 Donc quand on a beaucoup trop d'eau, et qu'on a été habitué à être un pays tempéré,
05:17 et bien on ne se pose pas trop de questions, on se dit "bon, on a eu une année à part",
05:21 un peu comme on avait pu avoir à l'époque, si on remonte en 1976, on avait une sécheresse absolument historique,
05:27 et à l'époque d'ailleurs, on avait demandé aux Français de payer un impôt sécheresse,
05:32 ça avait coûté la place de Jacques Chirac à l'époque,
05:35 parce que derrière, les Français ne lui avaient pas pardonné de devoir payer, eux, pour les agriculteurs.
05:40 Et donc, en fait, on a déjà connu des choses, mais alors qu'est-ce qui se passe ?
05:44 Bien, en fait, en 2018, on a énormément d'eau, on n'a plus de problème,
05:51 et il va suffire de trois semaines de canicule durant l'été,
05:54 pour que l'on rebascule dans une année de sécheresse historique.
05:58 Pourquoi c'est important à comprendre ?
06:00 C'est parce qu'on n'a plus de repères, et la première chose qu'on nous demande dans les médias,
06:04 c'est "mais regardez, il n'y a plus, on n'a plus de problème, mais regardez, on vient de passer une semaine de pluie".
06:09 Sauf que si vous rajoutez à ça des canicules, c'est comme si vous mettiez la France sur un grill,
06:15 et vous allez générer de l'évaporation et de l'évapotranspiration extrêmement massives,
06:20 et la France replonge.
06:22 Le problème, c'est que la France, elle replonge en fonction de la manière dont elle est résiliente.
06:27 Et la manière dont elle a construit cette résilience, c'est la manière dont elle a habité ces terres.
06:32 Si elle a trop urbanisé ces terres, et qu'elle ne laisse pas la place à l'eau pour s'écouler dans la ville,
06:40 pour que l'eau puisse pénétrer dans les sols,
06:42 si on n'a que de l'eau qui ruisselle très rapidement en direction des cours d'eau,
06:47 en portant tous les polluants avec elle,
06:49 et bien ce n'est pas une France qui devient résiliente.
06:52 Et lors, en l'occurrence, on a une urbanisation galopante en France,
06:57 qui prend toujours plus d'emprise sur les terres,
07:00 et puis si on va sur les terres agricoles dans nos campagnes,
07:03 on a compacté nos sols, on les a abîmés,
07:07 et puis surtout, on a retiré la vie qu'il y avait dans ces sols.
07:10 Or, il y a un microbiote dans les sols, un peu comme à l'image derrière de notre intestin,
07:15 nous avons un microbiote avec tout un écosystème qui fonctionne ensemble,
07:20 et si vous le retirez, et bien à ce moment-là, vous retirez la vie des sols,
07:24 et vous permettez à des sols de devenir extrêmement fragiles.
07:28 Et donc, c'est ce qui s'est passé, c'est-à-dire que si vous avez un changement climatique,
07:32 mais qu'on a retiré, comme c'est le cas en France, 50 à 80% des zones humides
07:38 qui permettaient de garder de l'eau,
07:40 si on a décidé d'assécher les mares pour gagner toujours un peu plus de surface agricole,
07:45 si on décide à un moment donné d'aménager toujours plus de zones pavillonnaires,
07:49 sans jamais intégrer cette eau, et bien cette eau ne trouve plus sa place,
07:54 et quand elle tombe, elle est extrêmement rapidement perdue,
07:57 et elle s'en va.
07:59 Donc voilà quels sont les grands défis qu'on a devant nous,
08:02 et sur lesquels on va devoir faire face,
08:04 c'est qu'on a aujourd'hui construit une terre qui est devenue au fur et à mesure
08:09 finalement très peu résiliente.
08:11 Et il faut comprendre une chose, c'est que c'est très compliqué pour une goutte d'eau
08:16 de pouvoir réussir à rejoindre une nappe phréatique.
08:19 Déjà, sur une pluie, vous avez 100% de la pluie,
08:23 le deux tiers repart tout de suite dans l'atmosphère,
08:26 voire même parfois quand il fait trop chaud,
08:28 vous avez des orages et ils ne touchent même pas le sol,
08:31 l'eau repart directement dans l'atmosphère,
08:33 c'est ce qu'on a pu vivre l'année dernière en 2022.
08:36 Ensuite, quand cette eau tombe sur le sol,
08:39 vous avez à peu près 32% de l'eau qui va s'écouler sur le continent,
08:43 elle va se répartir en d'abord 23%, 26% qui ruissellent jusque dans les rivières,
08:50 et quelle est la part qui réussit à traverser les sols,
08:53 à rejoindre les nappes ?
08:54 Dans le cadre idéal, pas dans le cadre où on a compacté les sols,
08:58 dans le cadre où on a utilisé massivement des intrants agricoles,
09:01 des pesticides, fongicides, pas dans ce cas-là, ni quand on a urbanisé,
09:05 dans un cadre idéal, l'eau qui rejoint directement les nappes,
09:10 c'est 9 à 10% de toute l'eau de la pluie.
09:14 Ça veut dire que quand on décide de vider une nappe phréatique
09:19 et de pouvoir récupérer cette eau à des fins personnelles,
09:23 on décide à un moment donné d'assécher une zone,
09:26 c'est comme si on avait pris l'équivalent de 10 fois la quantité en pluie.
09:30 Et donc quand en plus on la met directement en surface,
09:34 soumise à l'évaporation et à l'évapotranspiration,
09:37 le problème c'est que cette eau repart dans l'atmosphère
09:41 et on en perd entre 20 et 60%, et puis on en perd encore plus
09:44 suivant les températures et les canicules qu'on va avoir.
09:47 On a trop peu de données sur ce qui se passe,
09:50 on a trop peu fait de recherches,
09:51 mais en tous les cas dans la littérature scientifique,
09:53 c'est les chiffres sur lesquels on tombe.
09:55 Donc il va falloir prendre des bonnes solutions,
09:57 et parfois quand l'homme est dans une phase de crise,
10:00 il a tendance à prendre des solutions rapides, immédiates, efficaces.
10:04 Et c'est vrai que quand on a 90% des zones en France
10:08 qui sont en phase de crise, de sécheresse,
10:11 et que l'irrigation des terres est complètement interdite,
10:14 c'est tout de même beaucoup plus simple d'aller piocher sous le sol,
10:18 puisque tout le monde le fait dans le monde,
10:21 et qu'à un moment donné c'est quelque chose qui devient logique,
10:24 c'est-à-dire que cette eau, à qui elle appartient ?
10:27 Elle appartient à personne, elle est sous le sol,
10:29 elle m'appartient, c'est ma terre, donc c'est mon eau.
10:33 Et donc on a vraiment un problème qui va falloir à un moment donné lever,
10:37 et si on va plus loin, on a de nombreuses questions qui se posent,
10:42 et la question de l'eau ça rejoint surtout une question géopolitique.
10:46 À qui appartient cette eau ?
10:48 Quand j'ai une source d'eau, et que derrière je suis en Éthiopie,
10:53 et que cette eau alimente le Nil, et alimente l'Égypte à l'aval,
10:57 et que je décide de créer un barrage,
10:59 et bien derrière je deviens très fort parce que je suis à l'amont.
11:02 Et donc qui va être le plus fort ?
11:04 Ce sera peut-être celui qui sera le plus armé,
11:06 pour derrière dissuader l'autre.
11:08 Mais en tous les cas, il y a des luttes de pouvoir,
11:11 il y a des logiques qui dépassent largement
11:14 la seule dimension géographique du cours d'eau.
11:17 Puis vous avez le cours d'eau en surface,
11:19 mais vous avez aussi l'eau souterraine, à qui elle appartient,
11:23 comment est-ce qu'on fait ?
11:25 Et puis le changement climatique nous pose une nouvelle question,
11:27 parce que ce qui fonctionnait à un moment donné,
11:30 à d'autres ne fonctionne plus du tout.
11:32 Je vous prends un exemple,
11:34 un tout petit cours d'eau qui s'appelle le Sillala,
11:37 qui traverse la Bolivie et le Chili.
11:40 Jusque-là, ce cours d'eau surgissait depuis la Bolivie
11:44 et avait son tracé naturel.
11:46 Au début des années 1900,
11:48 le Chili, qui commençait à exploiter massivement
11:51 le désert d'Atacama pour tous les minerais rares qu'on pouvait trouver,
11:55 décide de créer un canal et donc de rerouter cette eau.
12:00 Et elle garde cette eau pour elle.
12:02 Et puis ça arrange la Bolivie, parce qu'elle prend beaucoup d'argent
12:05 et la Bolivie a beaucoup d'eau, beaucoup trop d'eau,
12:07 elle est humide, donc elle n'a pas besoin de cette eau supplémentaire.
12:11 Et donc ça fonctionne très bien pendant 120 ans,
12:14 jusqu'à un moment où la Bolivie se met à être face
12:17 à un changement climatique massif et à vivre des sécheresses extrêmes.
12:21 Et à ce moment-là, elle décide que ce cours d'eau,
12:24 qui part de chez elle, lui appartient.
12:26 Et donc elle demande de récupérer ce cours d'eau.
12:29 Le problème, c'est que le Chili s'est habitué à avoir ce cours d'eau,
12:32 donc il estime qu'il lui appartient.
12:34 Et puis maintenant, en dessous, vous avez aussi la nappe.
12:37 À qui elle appartient ? Elle est entre les deux pays.
12:39 Et donc tout ça finit par se décider au niveau de la Cour pénale de justice de la Haie.
12:44 Donc on voit à quel point la question aujourd'hui de l'eau
12:48 sera une question et un défi,
12:51 qui sera autant une question juridique, de droit.
12:55 Quel est le droit à la rivière, d'ailleurs, de se défendre ?
12:58 C'est aujourd'hui des questions qui commencent à être posées.
13:01 Est-ce que ça se peut donner, derrière, une responsabilité juridique à une rivière
13:05 pour qu'elle prenne sa propre défense,
13:07 face à un monde qui est totalement anthropocentré,
13:10 et où on décide que la rivière nous appartient ?
13:14 La rivière appartient toujours au plus fort,
13:16 et on est capable de décider, par exemple, sur la mer d'Aral,
13:20 qui était une grande mer intérieure,
13:22 qui fait à peu près l'équivalent de deux fois la Belgique.
13:25 On a décidé de prendre deux cours d'eau, le Cyr d'Aria et la Mour d'Aria,
13:28 et de dire, écoutez, je suis l'Union soviétique,
13:31 on est au début des années 1918-1920,
13:35 je vais rerouter cette eau,
13:37 et derrière, je vais créer une énorme zone,
13:40 derrière où je vais mettre du coton, massivement,
13:43 et je vais exploiter ce coton.
13:45 Au fur et à mesure, à force de contourner ces deux cours d'eau,
13:49 on a vidé une mer intérieure.
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