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Quelle est la traduction de l'augmentation des températures dans la vie des citoyens ?
Réduction de la qualité de vie, car mort des personnes sensibles.
Quel est le nouveau climatoscepticisme ?
Le techno-solutionnisme.
Quelle est la confusion entretenue sciemment par les pouvoirs économiques et politiques ?
La confusion entre besoin en énergies fossiles (pétrole et gaz) et besoin en confort thermique et/ou en mobilité.
#jouzel #écologie #mediapart #RN #rassemblementnational #total #pouyanné #saheb #cramer #alairlibre #pétrole #gaz #fossile #politique #besoin #limite #extrait #interview #ethiqueettac
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ÉducationTranscription
00:00 (musique douce)
00:02 On a parlé de la consommation de pétrole qui ne cesse d'augmenter.
00:12 A la fin de cet été, vous avez eu un échange révélateur avec le patron de Total Energy, Patrick Pouyanné.
00:18 C'était le 30 août, aux universités d'été du Medef.
00:21 Ça s'appelle la REF désormais, un panel dont l'intitulé est "Quelle lumière au bout du tunnel".
00:26 Il y a là la ministre de la transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, le PDG d'ADF Luc Rémond
00:31 et Patrick Pouyanné, PDG de Total Energy.
00:34 Et vous prenez la parole.
00:37 Depuis la fin du 19ème siècle, notre climat s'est réchauffé d'un peu plus de 1°C.
00:43 Ce réchauffement est de façon certaine, et très probablement dans sa totalité,
00:49 lié à l'augmentation de l'effet de serre dû à nos activités.
00:54 Et depuis les années 70, les combustibles fossiles ont contribué pour près de 75%
01:03 à l'augmentation de ces gaz à effet de serre.
01:06 Et vous le redites, tout va dépendre de notre consommation d'énergie fossile.
01:11 Je ne peux que partager l'appel d'Antonio Guterres.
01:15 En début d'année, le secrétaire général des Nations Unies
01:19 appelait à arrêter tous les investissements dans les combustibles fossiles.
01:24 C'est maintenant qu'il faut agir, c'est très clair,
01:26 si on veut préserver un climat auquel les jeunes d'aujourd'hui puissent s'adapter.
01:31 Et malheureusement, ce n'est pas ce que nous faisons,
01:34 puisque les émissions liées aux combustibles fossiles continuent à augmenter.
01:39 Face à une assemblée acquise à son discours, Patrick Pouyanné, le PDG de Total, vous fait,
01:45 Jean, je vous aide la leçon.
01:47 Le changement climatique, en tout d'un coup, affamant nos concitoyens d'énergie.
01:51 Ça ne marche pas, ça. J'entends l'appel de gens, je connais et je respecte l'avis des scientifiques.
01:56 Le problème, c'est qu'il y a la vie réelle.
01:58 Quand je suis rentré dans le monde énergétique il y a 25 ans,
02:01 les fossiles, c'était 82% du mix mondial. L'année dernière, c'était 81%.
02:06 Alors, on peut dire qu'on n'a rien fait. Si, on a fait des tas de choses.
02:10 On investit, comme le dit la ministre, dans des capacités massives de renouvelable.
02:13 Même s'il faut multiplier par 3 l'effort, et ça c'est la priorité.
02:17 Mais pendant ce temps-là, la population mondiale croît.
02:20 La population d'émergents a un légitime besoin de niveau de vie plus élevé, la Chine.
02:25 Et donc, on consomme de plus en plus d'énergie.
02:27 Et donc, c'est le tombeau, la pierre qui tombe et qu'on continue.
02:31 Patrick Pouyanné qui rend alors un hommage appuyé à la ministre de l'écologie
02:34 et vous dépeint, Jean Jouzel, en doux rêveur.
02:37 Madame Agnès a dû justifier qu'elle a fait mieux.
02:40 Vous êtes très bonne, on le sait. Mais je le dis, parce que quelque part,
02:44 il ne faut pas qu'on mette des contraintes supplémentaires.
02:46 Parce que cette transition, je suis désolé, Jean, je sais qu'elle prendra du temps.
02:50 Vous le savez très bien, si j'arrête d'investir dans les énergies fossiles,
02:53 la production de pétrole, naturellement, elle perd 3% par an.
02:57 Donc, elle passe de 100 l'année dernière à 97.
02:59 Le problème, c'est que la demande est assez à 102.
03:01 C'est-à-dire le même AIEU qui me dit d'arrêter d'investir
03:04 et qui annonce que la consommation augmente.
03:06 Et ça, c'est la vie réelle.
03:08 Alors, on a laissé un peu en longueur, parce qu'elle est intéressante,
03:10 cette conversation, Jean Jouzel.
03:12 Il vous dit, Patrick Pouyanné, "Jean, c'est la vie réelle."
03:15 Vous allez affamer les gens avec votre proposition
03:17 d'arrêter les investissements dans le pétrolier.
03:20 Oui, mais...
03:22 disons, il y a une certaine logique aux arguments de Patrick Pouyanné dans sa position.
03:27 Donc, il est producteur de pétrole.
03:29 Ce qui m'a, moi, le plus choqué, je l'ai dit,
03:31 c'est que, disons, ça a été vraiment une salve d'applaudissements.
03:35 C'est ça, le problème.
03:36 C'est-à-dire qu'il y avait peut-être 1 500 personnes,
03:38 des chefs d'entreprise dans les tribunes de Longchamp,
03:41 je ne sais pas combien,
03:42 mais disons, vraiment, il y a eu vraiment...
03:44 Voilà, enfin, quelqu'un qui nous dit des choses qu'on souhaite entendre.
03:47 Et c'est ça, c'est là où j'ai vraiment compris qu'il y avait...
03:50 On parle de dialogue de sourds.
03:52 Disons, les arguments de Patrick Pouyanné sont ceux d'un producteur de pétrole.
03:55 Tout à fait. Bon, voilà. Donc, il a été...
03:57 - On les connaît bien. - Il défend ses intérêts.
03:59 - Ses intérêts pour l'entreprise. - Ses intérêts.
04:00 Mais le fait qu'il soit complètement adoubé par l'ensemble des...
04:03 - Enfin, oui, des participants à cette rêve, - D'accord.
04:06 disons, m'a interrogé.
04:08 C'est ce que j'ai dit ensuite dans l'interview.
04:10 C'est bien ça qui est...
04:11 - Disons... - Ça veut dire quoi, le monde de l'entreprise ?
04:13 Il est hermétique totalement à ce que vous dites ?
04:15 Le monde d'entreprise, quand il entend...
04:17 "La transition prendra du temps",
04:20 il est extrêmement heureux.
04:22 Voilà, c'est tout. C'est très clair.
04:23 Donc, pour moi, c'est cela.
04:25 Et donc, ça montre qu'il n'y a pas cet enthousiasme nécessaire,
04:28 alors que moi, je...
04:29 Nous répétons tous, ici, l'urgence.
04:31 Je crois que nous sommes d'accord.
04:32 C'est vraiment d'ici 2030 qu'il faut agir.
04:35 Et ça, clairement, ce n'est pas...
04:37 Il n'y a pas l'écoute des entrepreneurs en France réelle dans cette urgence.
04:41 Oui, on le fera, mais disons, à notre rythme.
04:43 Et ça, c'est regrettable.
04:45 Est-ce que c'est décourageant ?
04:46 Vous avez dit, dans les échos, le quotidien économique,
04:48 vous avez dit "Moi, j'en ai marre, là. J'en ai marre."
04:50 Oui, oui, parce que c'est vrai que...
04:52 C'est trop facile, je ne vais pas être trop long,
04:54 mais Patrick Martin, aussi, le lendemain, à France Inter,
04:56 qui dit "Aujourd'hui, les scientifiques nous disent
04:59 qu'il faut diminuer les émissions",
05:00 alors que ça fait 40 ans qu'on le dit.
05:02 Donc, c'est ça, le problème.
05:03 Donc, voilà, on n'a pas eu d'écoute,
05:05 et c'est assez terrible de s'entendre dire ça.
05:07 Yamina Sade, vous vouliez réagir à ce qu'on a vu ?
05:09 Oui. Je voulais revenir sur un point, en fait,
05:11 une confusion que Patrick Pouyanné et ses semblables utilisent.
05:15 - Merci. - C'est qu'il n'y a pas...
05:17 Il n'y a pas de...
05:19 Il n'y a pas de demande des citoyens du monde de pétrole.
05:24 Il n'y a pas de besoin des citoyens...
05:26 - Alors, vous dites que ça remonte partout dans le monde. - Non, non, non.
05:27 Il n'y a pas de besoin de pétrole.
05:29 On a, par exemple, des besoins de mobilité.
05:31 Ce n'est pas la même chose.
05:33 Le problème, et c'est là où le politique intervient,
05:36 c'est que répondre à notre besoin de mobilité
05:39 a été, depuis que Ford a décidé de démocratiser la voiture,
05:42 la voiture individuelle.
05:44 Et donc, les politiques nous ont enfermés dans une solution
05:48 qui fait qu'ils ont créé un besoin de pétrole.
05:52 Mais à l'origine, nous, on n'a pas un besoin de pétrole.
05:55 Donc, lui, il utilise cette confusion-là,
05:57 et les politiques l'applaudissent. Pourquoi ?
05:59 Parce que le responsable, en vérité, c'est le politique,
06:02 dans tout ce bazar.
06:03 Et le politique, là, il n'est pas responsable.
06:05 Là, on dit qu'on va reporter pour plus tard.
06:07 Et donc, ils utilisent ça.
06:08 Et c'est la même chose pour tous les autres besoins.
06:10 Nous n'avons pas un besoin de gaz pour nous chauffer.
06:13 Nous avons un besoin de confort thermique,
06:15 l'été comme l'hiver.
06:16 Et ce confort-là, il nous a été fourni
06:19 pendant plus de 50 ans,
06:21 avec du chauffage, avec le gaz, avec des énergies fossiles.
06:24 C'est là où il faut des politiques ambitieuses.
06:27 Il faut vraiment des hommes et des femmes politiques courageux
06:30 qui osent dire "Je retourne aux besoins,
06:32 "puis je me pose la question du besoin,
06:34 "et après, comment je fais pour satisfaire le besoin
06:37 "en tenant compte des limites planétaires ?"
06:39 Et à ce moment-là, il n'y aura aucun politique...
06:41 Si ça pouvait exister, un politique courageux,
06:43 parce que ça n'existe pas, ça.
06:45 Si ça pouvait exister, à ce moment-là,
06:47 il n'irait pas vers le pétrole, vers les énergies fossiles,
06:50 parce que ça tuerait la vie sur Terre.
06:52 La réponse politique, Wolfgang,
06:54 elles ne sont pas adaptées.
06:56 C'est ce que dit Yamina.
06:58 Oui, non, mais elles sont adaptées
07:00 pour garder le système tel qu'il a été.
07:03 Et cela, peut-être, on peut spéculer pour les raisons,
07:06 mais c'est pas pour un manque d'informations scientifiques,
07:09 parce que les informations scientifiques,
07:11 et je répète encore, dans le rapport du GIEC,
07:13 sur les moyens de s'adapter,
07:15 de devenir plus résilient dans tous les secteurs,
07:19 pas que les transports.
07:20 Les transports, c'est particulièrement important,
07:22 c'est le plus important en France,
07:24 et on construit des autoroutes
07:26 qu'on n'a strictement aucun besoin,
07:28 et qui détruisent la biodiversité aussi en même temps.
07:32 Mais on sait, on a des solutions.
07:34 Il ne faut pas attendre les nouvelles solutions non plus.
07:38 On a de la ferroviaire, par exemple,
07:40 toujours un système qui peut être décarboné assez facilement,
07:45 et qui pourra nous rendre le service de mobilité
07:48 que Yann Min a bien révoqué.
07:50 Je voudrais vous montrer un discours
07:52 qu'on voit de plus en plus dans la sphère politique.
07:55 Il se trouve qu'il était porté cet été
07:57 par un député Rassemblement National,
07:59 Thomas Ménager, du Loiret.
08:01 Il remet en cause de façon, on va dire,
08:04 en y allant avec des pincettes,
08:07 ce que vous dites, mais il remet quand même en cause
08:09 ce que vous dites en écoute.
08:10 Ils ont parfois tendance à exagérer,
08:13 et c'est leur rôle aussi pour pousser...
08:16 Mais ils ne sont pas scientifiques, nous,
08:18 donc il faut quand même croire les scientifiques.
08:19 Oui, on les croit, on les suit, bien entendu,
08:21 mais notre rôle aussi, c'est de tempérer
08:23 pour éviter que si on suit bêtement les données du GIEC,
08:26 on risque de contrevenir à la qualité de vie des Français,
08:30 à aller vers quelque chose qui serait néfaste aussi pour eux.
08:33 Donc il faut trouver cet équilibre,
08:35 c'est le rôle du politique, c'était pareil pendant le Covid,
08:37 trouver l'équilibre entre les éléments scientifiques purs
08:40 et la réalité du terrain.
08:42 Si on suit bêtement les données du GIEC, Yann Min ?
08:44 C'est l'inverse, parce que si on avait...
08:46 À Bruxelles, on parle beaucoup de "science-based policies",
08:49 donc des politiques basées sur des faits scientifiques,
08:52 sur la vérité scientifique.
08:54 Si on faisait ça, quand on a des températures qui augmentent,
08:59 quelle est la traduction dans l'avis des citoyens ?
09:02 Justement parce qu'il dit "si on suivait la science,
09:05 on réduirait la qualité de vie des gens".
09:07 Ben non, si on suivait la science, on sauverait des gens,
09:10 on sauverait des vies humaines,
09:11 parce que quand les températures augmentent,
09:13 il y a des personnes vulnérables qui peuvent passer.
09:15 On n'a pas encore les chiffres des personnes qui sont passées
09:17 cet été en raison des chaleurs,
09:19 mais on peut déjà faire l'hypothèse que les chiffres sont élevés
09:22 par rapport aux années précédentes.
09:24 Donc du coup, en ne suivant pas...
09:26 C'est plutôt l'inverse, il faudrait qu'il rajoute
09:28 une négation à sa phrase.
09:30 En ne suivant pas la science,
09:32 on détériore la qualité de vie des citoyens.
09:34 Jean Jouzel, vous êtes un grammeur, allez-y.
09:36 Non, ce qui est intéressant, c'est que Tom Aminajdi
09:38 s'est rétracté après.
09:40 Il a dit "non, c'est le groupe 3 qui exagère".
09:42 Je n'ai pas compris pourquoi.
09:44 - Le groupe 3 du GIEC. - C'est le groupe des solutions.
09:46 - C'est le groupe des solutions. - Qui exagère.
09:48 Parce que moi, effectivement, je suis intervenu en disant
09:51 que non, on n'exagérait pas. Ce qu'on vivait aujourd'hui,
09:53 c'est ce qu'on avait anticipé.
09:55 Et il a dit "après, c'est le groupe 3 qui exagère".
09:57 Je n'ai pas bien compris pourquoi, ça n'a aucun sens.
09:59 Est-ce que vous avez le sentiment de faire face à un retour du...
10:02 Je ne sais pas si c'est Valérie Massandel-Mott,
10:04 votre collègue du GIEC, elle préfère parler
10:06 de dénégation, de déne...
10:08 Je ne sais pas le terme qu'elle utilise,
10:10 mais elle ne parle pas forcément de climato-scepticisme.
10:12 Elle dit qu'il y a de plus en plus un retour
10:15 d'un discours contestant l'origine humaine
10:18 du réchauffement climatique,
10:20 ou en effet, ce genre de discours qui dit
10:22 qu'il ne faut pas aller trop vite, un peu comme Patrick Pouyanné.
10:24 Exactement, oui. Le climato-scepticisme se déplace.
10:27 Donc on ne peut plus nier la réalité du réchauffement.
10:29 Alors certains continuent à nier son lien
10:31 avec les activités humaines.
10:33 Et c'est très présent sur les réseaux sociaux,
10:35 ce qui nous pose quand même des questions
10:37 par rapport aux jeunes, parce qu'il y a
10:39 une enquête de David Chavallerias clairement
10:41 qui montre que les réseaux sociaux...
10:43 Mais le climato-scepticisme se déplace.
10:45 Pour moi, le techno-solutionniste,
10:47 c'est du climato-scepticisme.
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