Mercredi 31 janvier 2024, SMART BOURSE reçoit Nicolas Kieffer (Gérant de portefeuille actions, Montpensier Finance)
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00:10 Le dernier quart d'heure de Smartbourse, c'est le quart d'heure thématique.
00:13 Le thème ce soir, c'est celui du climat.
00:16 Comment investir dans une stratégie climat dédiée au climat et à l'amélioration, on l'espère, du climat ?
00:24 Nicolas Kieffer est avec nous en plateau, gérant chez Montpensier Finances et gérant notamment chez Montpensier du fonds M-Climate Solutions.
00:31 Bonsoir Nicolas.
00:32 Bonsoir Grégoire.
00:33 Merci beaucoup d'être avec nous. Bon, le fonds a marqué ses 4 ans en toute fin d'année dernière, c'est ça Nicolas ?
00:38 Je voulais qu'on revienne à travers l'existence du fonds sur comment cette thématique climat a été chahutée quand même ces dernières années.
00:46 Il y a eu 2020, 2021 alors qui ont été des années extrêmement porteuses pour la thématique climat.
00:52 Et le fonds en avait particulièrement bien profité.
00:55 Et puis bien sûr le contre-coût notamment 2022, une partie de 2023 sans doute également.
01:02 Qu'est-ce qu'on peut dire de cette séquence de quelques années et où est-ce qu'on en est aujourd'hui quand vous regardez votre univers d'investissement et la valorisation de cet univers d'investissement Nicolas ?
01:14 En effet, c'est vrai qu'on a eu 4 ans de recul, ça permet quand même d'avoir une bonne image.
01:19 Effectivement, une année 2020 formidable, un début 2021, je dirais même 15 jours en 2021 qui ont été encore formidables.
01:27 Puis à partir de là, les discours sur les taux des banques centrales qui étaient plutôt en notre défaveur.
01:34 Si je dois résumer, parce que c'est très long quand même, 3 ans à résumer.
01:39 Donc 2-3 années compliquées pour la thématique.
01:44 Deux éléments, deux explications. Le premier élément, je dirais que c'est les taux.
01:51 Évidemment, sur beaucoup de variables, ça joue sur les valorisations des sociétés qui sont profilées croissance.
02:00 Évidemment, on actualise les flux futurs, donc forcément la valeur présente diminue.
02:05 Opérationnellement, ça s'est vu un petit peu plus tard, je dirais même 2023 sur les sociétés, sur les projets,
02:14 puisque les financements étaient plus difficiles à avoir, sur les taux de rendement qui étaient moins intéressants que dans le passé.
02:21 Donc ça, ça a joué énormément sur la thématique et on le voit, on a une corrélation qui est parfaite avec l'inverse des taux.
02:26 Et deuxième élément, ça c'est également plutôt sur l'année 2023, un IARA, un Inflationary Action Act aux États-Unis,
02:36 qui prend un peu plus de temps que prévu avec des éléments qui sont difficiles à avoir pour les sociétés, pour même les particuliers.
02:48 Et donc forcément, même effet que les taux, des décalages de projets puisque les sociétés,
02:53 en attendant plus de visibilité sur les subventions, sur les crédits d'impôt, ont décidé de décaler leur...
03:01 C'est pas aussi fluide que ça, vous dites, parce que on regarde les États-Unis pour suivre la boussole américaine.
03:07 C'est vrai qu'une des caractéristiques quand même du plan, c'est de fonctionner avec des incentives.
03:11 On loue la fluidité, la vitesse, la rapidité de déploiement du plan IRA qui a d'ailleurs dépassé les dimensions qu'on pouvait imaginer au départ.
03:21 Mais quand on regarde un peu dans le détail et au cas par cas, il y a quand même des histoires de friction,
03:26 il y a quand même des décalages, vous dites, de projets et de l'argent qui n'arrive pas tout de suite,
03:30 aussi vite que ce qu'on pouvait imaginer pour certaines entreprises, en tout cas.
03:33 Et on parle d'entreprises de taille mondiale, je ne parle pas de la PME du coin qui se battrait face à l'administration américaine.
03:38 Exactement. En fait, puisque le déploiement, il est principalement fiscal.
03:44 Et le problème, c'est qu'on a un RSI, donc une administration fiscale aux Etats-Unis qui est très lente, très compliquée.
03:51 C'est vraiment une une black box. Et c'est cette administration qui met beaucoup de temps à déployer,
03:59 justement, les différents éléments du fameux Green Deal de Biden.
04:05 Si on revient sur les valorisations, donc effectivement, je ne parlerai pas des valorisations de 2020.
04:11 On en est très, très loin. Mais si on prend, pour être extrêmement concret, je ne vais pas prendre le fond,
04:16 mais je vais prendre un indice que tout le monde regarde, qui est le S&P Global Clean Energy,
04:20 qui est celui que tout le monde regarde, qui rassemble, on va dire, toutes les grandes thématiques qu'on peut aborder.
04:26 Et cet indice se paye aujourd'hui aussi cher que le MSCI World, 18 fois les BPA 12 mois, ce qui est quand même historique.
04:36 On n'a pas vu ces niveaux depuis 2018. En face de ça, on peut mettre la croissance des BPA attendus sur les 12 prochains mois.
04:42 Le MSCI World, on est autour de +6%. Sur cet indice, en moyenne, on est à +16%.
04:48 Donc on se paye le même prix pour une croissance attendue qui est deux fois et demi, voire trois fois supérieure à celle de l'indice global.
04:55 Clairement, il y a quelque chose. À côté de ça, maintenant, les perspectives éventuellement.
05:01 Donc on est, je pense, à un point d'inflexion assez important. Qu'est-ce qui se passe ?
05:07 Les taux, je pense que le consensus de marché, je pense qu'il est dans le même sens.
05:13 On est sur 6 baisses de taux, je crois, attendues en moyenne, autour de 130-140 BP de baisse des taux.
05:21 Une première baisse des taux qui pourrait arriver en juin. Donc clairement, autant c'était un frein sur les dernières années.
05:28 Et vous dites, comme on a eu la séquence de hausse des taux et comme on a vu l'impact d'abord à travers les valorisations,
05:34 ensuite sur les résultats opérationnels des entreprises, en tout cas à travers le coût de financement des projets, notamment d'infrastructures, etc.
05:41 Vous dites, là, on va avoir la même séquence en sens inverse.
05:44 Il n'y a pas de raison. Mathématiquement, c'est ce que nous disent sur le terrain tous les acteurs.
05:49 Clairement, boursièrement d'abord, puis opérationnellement ensuite, on va avoir un effet. C'est évident.
05:55 Ça, c'est un premier point. Et puis si je reprends le point des US, de l'ARA et des élections,
06:01 parce qu'on va forcément avoir de la volatilité autour des différentes campagnes, autour des différents sondages, etc.
06:10 Le scénario de base aujourd'hui, c'est que la feuille de route de l'ARA ne devrait pas énormément changer de celle qu'on a vue en 2022.
06:19 Maintenant, si on regarde un peu sur le terrain, évidemment, les Républicains ont beaucoup parlé de « on va supprimer ça, on va supprimer ça, etc. »
06:26 Si on regarde la section 45X, qui est justement le crédit d'impôt, les subventions pour les sociétés qui vont produire sur le sol américain, etc.
06:37 Plus de 60% des États qui ont ratifié ces lois sont Républicains. 25% sont des swing states.
06:46 Donc le reste, c'est démocrate. Près de 90% sont Républicains ou swing states.
06:51 Je pense que pour un Républicain, il n'y a pas intérêt à faire machinarier.
06:56 Une des caractéristiques du fonds et de la stratégie, je reviens à votre fonds M Climate Solutions,
07:03 c'est toujours l'idée que ce qui est important dans la stratégie que vous menez, c'est la part verte du chiffre d'affaires généré par l'entreprise.
07:13 Et ce n'est pas tant la dimension de CapEx vert ou de CapEx dédié au vert.
07:18 Et ça, c'est une ligne de conduite qui tient depuis le début, Nicolas.
07:21 On a lancé ce fonds il y a 4 ans autour d'un label qui est extrêmement strict, qui est structurant pour le fonds,
07:28 qui s'appelle le label Green Fins, un label français qui introduit un certain nombre de notions.
07:34 Le ministère de la Transition, c'est ça ?
07:36 Exactement, et pas le ministère de l'économie comme le label.
07:38 Il y a une bataille effectivement, il y a deux labels, un hébergé par le ministère de la Transition et un hébergé par Berty qui est le label ISR.
07:45 Et donc dans les multiples notions que ce label introduit, on a cette fameuse part verte,
07:50 qui est en fait le pourcentage de chiffre d'affaires dans des activités qui contribuent à la transition écologique et énergétique.
07:58 Elles sont en nombre de 8 au niveau du label, on en a identifié plusieurs.
08:03 Et donc cette part verte, c'est vraiment structurant pour le fonds.
08:06 Pourquoi ? Puisqu'on vise clairement les sociétés qui apportent aujourd'hui des solutions au reste du monde pour aider les autres entreprises à se décarboner.
08:16 La notion de CAPEX, ça va plutôt être pour les stratégies qui visent la transition,
08:21 donc des acteurs qui sont dans une optique de transition, ce qui n'est pas notre cas.
08:25 Nous, on va vraiment investir dans les solutions d'aujourd'hui.
08:28 C'est extrêmement important.
08:30 Ensuite, dans la façon dont on aborde cette thématique, il y a souvent le plus évident, c'est vraiment l'énergie.
08:37 Sauf que c'est qu'une partie de la problématique.
08:41 Donc déjà, on va avoir évidemment un segment sur l'énergie, la production et la consommation.
08:47 La production va accompagner le développement du renouvelable à travers toute la chaîne de valeur,
08:53 les développeurs opérateurs, les producteurs de matériaux, etc.
09:00 Dans la consommation, on va être surtout tous les acteurs dans l'efficience énergétique, le bâtiment,
09:06 qui, je le rappelle, c'est 30% des émissions de gaz à effet de serre.
09:10 Ensuite, on va avoir un deuxième segment qui va être sur le transport alternatif, le véhicule électrique en partie.
09:19 Mais le plus évident, on va parler des fabricants de véhicules électriques.
09:23 Sauf qu'aujourd'hui, on l'a vu...
09:25 L'écosystème, bien sûr.
09:27 Je pense que boursièrement, dernièrement, il valait mieux être plutôt sur l'écosystème que sur le producteur.
09:34 On l'a vu avec Tesla, avec BYD, etc.
09:37 Donc, nous, notre notion de transport va plutôt être sur l'infrastructure que sur le producteur de véhicules électriques,
09:44 qui est une notion assez compliquée en tant que stock picker, en tant que gérant, d'investir dans le leader de demain.
09:52 C'est très compliqué.
09:54 Autant investir sur l'infrastructure, qui sera obligatoire sur les prochaines années.
09:59 Et donc, on a un certain nombre d'acteurs qui vont s'occuper des solutions de recharge,
10:03 de borne de recharge pour véhicules électriques, ou tout ce qui est câblage, électrification, par exemple.
10:08 Et il y a déjà, sur la partie borne, notamment, pour un investisseur coté, en action cotée,
10:15 il y a déjà un marché, il y a déjà un peu de profondeur, il y a déjà des entreprises cotées,
10:20 avec un track record de la rentabilité, en tout cas dans lesquelles on peut investir en tant qu'investisseur professionnel de l'univers boursier.
10:28 Oui, bien sûr. Alors, on a plusieurs acteurs dans notre univers.
10:32 Nous, on a investi dans un acteur qui s'appelle Alfen, qui est une entreprise néerlandaise,
10:37 qui n'est pas un pur player des bornes de recharge. Historiquement, ils étaient dans les smart grids.
10:42 C'est une société qui existe depuis des dizaines d'années, qui était dans les smart grids,
10:45 donc la gestion intelligente des réseaux électriques, et qui a justement profité de cette expertise sur les smart grids
10:53 pour développer une expertise dans les solutions de borne de recharge et dans le stockage d'énergie.
11:00 Nous, évidemment, ce système de borne de recharge, ça nous intéresse particulièrement.
11:04 C'est un métier qui représentait à peine 10% du chiffre d'affaires il y a quelques années,
11:08 qui a aujourd'hui dépassé le métier historique de smart grids et qui est aujourd'hui le métier principal de la société.
11:15 Et c'est une société qui était historiquement leader aux Pays-Bas et qui est aujourd'hui en train de manger tous les marchés
11:22 en termes de part de marché européen. Et donc ça, c'est une société qui peut reposer sur le côté défensif des smart grids,
11:30 même avec un peu de croissance, et le potentiel très fort sur le stockage d'énergie et sur la recharge de véhicules électriques.
11:38 C'est quoi ? C'est un potentiel leader européen sur le déploiement de borne de recharge ?
11:42 Oui, c'est ça.
11:43 Et puis, troisième vecteur, c'est le capital terrestre ?
11:46 Le troisième vecteur, voilà, c'est la préservation du capital terrestre, où on va s'intéresser particulièrement aux solutions innovantes,
11:52 notamment sur l'eau et les déchets. Et donc, par exemple, l'eau, on va s'investir dans Xylem,
11:58 qui est une société américaine qui est le leader dans toutes les solutions innovantes sur énormément de secteurs,
12:05 que ce soit le traitement d'eau municipale, que ce soit l'industrie ou l'agriculture, par exemple.
12:12 Je rappelle, c'est 70 % de la consommation d'eau mondiale, c'est l'agriculture.
12:16 Et clairement, investir dans ces solutions innovantes, c'est clairement un vrai levier pour nous.
12:22 Et dans les déchets, par exemple, on va s'intéresser non pas à la collecte de déchets municipaux,
12:27 mais plus à des acteurs qui vont faire de la revalorisation énergétique des déchets,
12:31 qui vont prendre une matière peu noble pour en faire une matière première pour l'industrie pharmaceutique, pour les biocarburants, etc.
12:39 Merci beaucoup, Nicolas. Merci d'être venu nous parler de la stratégie climat que vous défendez depuis 4 ans maintenant,
12:45 chez Mon Pensier Finance. Le fonds s'appelle M-Climate Solutions.
12:48 Nicolas Kieffer, gérant chez Mon Pensier, était avec nous, l'invité de ce quart d'heure thématique de Smartboard ce soir sur Bismarck.
12:55 [Musique]