Effet placebo, mythe ou réalité ? Bonjour Dr Milhau (Émission du 06/01/2024)

  • il y a 8 mois
Les conseils de notre docteur Brigitte Milhau sur les sujets santé qui vous concernent dans #BonjourDrMilhau

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00:00 Bonjour, aujourd'hui dans la santé expliquée à ma fille,
00:03 je répondrai aux questions de Sacha sur l'effet placebo.
00:07 Alors, mythe ou réalité ? Les réponses dans un instant.
00:11 Puis avec le docteur Jean-Michel Cohen, nutritionniste,
00:13 nous ferons un point sur le dry januari,
00:16 le mois sans alcool et toutes les polémiques qui l'entourent.
00:18 Alors aujourd'hui Sacha, on s'intéresse au placebo.
00:28 Alors dès qu'on parle placebo, on pense mytho, pipo, psycho,
00:33 mais qu'en est-il vraiment ?
00:34 On va essayer de comprendre vraiment ce qu'est le placebo.
00:37 Alors déjà, le mot placebo, ça veut dire quoi ?
00:40 Ça vient d'où ?
00:41 Alors ça vient du latin "je plairai".
00:44 D'accord, donc concrètement, comment ça fonctionne ?
00:47 "Je plairai", ça veut dire quoi ?
00:49 La séduction, il peut y en avoir un peu, mais on va y revenir.
00:52 En fait, quand on parle de placebo, il y a deux choses.
00:55 Il y a le placebo lui-même, qui peut être un médicament,
00:57 mais qui peut être aussi un procédé, une action, etc.
01:01 Et après, il y a l'effet placebo, c'est l'effet positif qui va en découler.
01:06 Alors, quand je te dis que ça peut être un procédé,
01:08 il y a quelque chose que tout le monde connaît dans le placebo.
01:12 C'est le bisou magique.
01:14 Ton enfant se fait mal, il tombe sur le front, par exemple,
01:17 il pleure, il pleure, il pleure, tu vas lui faire un bisou sur le front,
01:20 il va s'arrêter de pleurer.
01:21 Donc en fait, le placebo, c'est le fait de faire quelque chose...
01:25 Qui n'a pas d'intérêt thérapeutique.
01:27 Quand c'est un médicament, il n'y a pas de molécules actives dedans,
01:30 mais en tout cas, l'effet est bien réel.
01:32 Après, il y en a d'autres, par exemple, tu te réveilles le matin,
01:37 tu as très mal au cou, tu as la nuque raide,
01:40 tu penses à des choses terribles,
01:43 je dois avoir une méningite, un problème neurologique grave,
01:45 tu vas voir ton médecin, il te dit "mais c'est rien, dans 24 heures ça va passer",
01:49 tu ressors de chez le médecin, la nuque est chaude, tu n'as déjà plus mal.
01:52 Ou alors, par exemple, tu n'arrives pas à dormir,
01:55 tu te dis "je vais prendre un somnifère",
01:56 tu prends le somnifère, tu le prends, 5 minutes après, tu t'endors.
02:00 Pourtant, il lui faut 20 minutes, une demi-heure pour être efficace.
02:03 Tu as mal à la tête, tu prends un comprimé d'aspirine,
02:05 c'est pareil, il lui faut du temps, mais le fait de l'avoir pris,
02:08 déjà tu te sens mieux.
02:09 Donc ça veut dire que c'est quand même psychologique l'effet placebo,
02:13 qu'en gros, il ne se passe rien.
02:15 En fait, tout est psychologique, de toute façon, tout passe par la tête,
02:18 mais en fait, si il se passe quelque chose,
02:21 et c'est ce qu'il faut comprendre,
02:22 c'est que le placebo est totalement subjectif,
02:26 mais l'effet, lui, est bien réel.
02:28 Et pourquoi ?
02:29 Parce que notre cerveau est un véritable labo.
02:33 Il faut comprendre que notre cerveau est capable de fabriquer
02:36 tout un tas de substances.
02:37 On va voir les principales, mais il y en a d'autres.
02:39 Il peut fabriquer des hormones, tout ça.
02:41 Il peut fabriquer notamment des antalgiques,
02:44 mais des antalgiques comme...
02:45 - Il fabrique des médicaments, en gros.
02:46 - Oui, il fabrique des médicaments.
02:47 Mais c'est ce que...
02:47 En fait, nous sommes autothérapeutiques grâce au cerveau.
02:52 Pourquoi on n'est pas malades en général ?
02:54 C'est parce qu'on fabrique en permanence des anti-inflammatoires,
02:57 des anti-cancéreux, des antibiotiques, de la dopamine, des hormones.
03:01 Voilà pourquoi, en fait, c'est efficace.
03:03 - Donc, ce n'est pas vraiment psychologique.
03:05 - Il ne faut pas croire que l'effet placebo n'existe pas.
03:09 Quand les gens vont mieux, ce n'est pas du cinéma.
03:11 Ils vont réellement mieux.
03:13 - Il y a vraiment une réaction qui se passe dans le cerveau.
03:15 Ce n'est pas juste psychologique.
03:17 - Mais il y a une réaction qui se passe dans le cerveau,
03:19 mais qui est tellement importante que je rappelle
03:22 que la première personne qui a trouvé...
03:24 - Oui, comment s'est né le placebo ?
03:26 - Eh bien, la première personne qui a trouvé l'effet placebo,
03:28 c'était un médecin américain pendant la guerre.
03:31 Tu imagines, pendant la guerre, les blessures de guerre,
03:33 ce n'est quand même pas rien.
03:34 On doit amputer, etc.
03:36 Eh bien, en fait, il s'est aperçu qu'il lui restait
03:38 pratiquement plus de morphine.
03:40 Alors que la morphine, c'est ce qui vous soulage,
03:42 c'est ce qui vous calme.
03:43 Quand il a vu qu'il n'avait pratiquement plus assez de doses de morphine,
03:45 qu'est-ce qu'il a fait ?
03:46 Il a mis ce qu'on appelle du sérum physiologique,
03:49 c'est-à-dire c'est de l'eau salée.
03:50 - Donc il leur a fait croire qu'il en avait encore.
03:52 - Voilà.
03:52 - Et il les a soignés avec...
03:54 - Et ça a marché !
03:56 Donc tu vois, quand on dit que c'est psy, ça ne veut rien dire.
04:00 L'effet est réellement là.
04:02 - Donc est-ce que ça pourrait remplacer les médicaments
04:05 qui, eux, ont une vraie action scientifique ?
04:11 On pourrait les remplacer par un placebo qui n'a pas d'action,
04:12 mais qui a quand même un résultat.
04:14 - On pourrait le faire, mais il n'y a pas d'intérêt
04:15 en médecine générale de le faire.
04:18 Pourquoi ?
04:18 Déjà, il faut bien comprendre que l'effet placebo,
04:21 il y a des gens qui sont placebo-sensibles
04:23 et d'autres qui ne le sont pas.
04:25 Ça va dépendre des gens.
04:26 Et surtout, ce n'est pas prévisible.
04:28 C'est-à-dire que tu ne peux pas savoir,
04:29 tiens, ce patient-là, il est placebo-sensible,
04:32 chez lui, ça va marcher.
04:33 Par exemple, si je prévois de faire trois anesthésies générales,
04:38 je sais que les trois vont s'endormir.
04:39 - À trois personnes, tu veux dire ?
04:41 - Ça, c'est prévisible, les médicaments.
04:43 De même, ce n'est pas prévisible et ce n'est pas reproductible.
04:48 C'est-à-dire que ça peut marcher un moment,
04:50 et puis après, la fois d'après, ça ne marchera pas.
04:52 On ne peut pas savoir si ça va être reproductible ou pas.
04:55 En revanche, si je refais mes anesthésies générales
04:58 deux fois, trois fois à mes patients,
04:59 eh bien les deux, trois fois, ils seront endormis.
05:02 Donc tu vois, ça, c'est une grosse différence.
05:04 Après, ce qu'il ne faut pas oublier,
05:05 quand tu parles de médicaments,
05:07 c'est qu'on ne peut pas mettre un médicament sur le marché
05:10 sans l'avoir testé.
05:12 Donc, quand on a un médicament
05:14 où il y en a déjà un autre qui existe dans la même famille,
05:17 on va comparer le nouveau médicament
05:19 que l'on veut mettre sur le marché avec l'ancien médicament.
05:23 Mais quand il n'y a pas de médicament existant,
05:26 on va le comparer à quoi ?
05:27 À un placebo.
05:28 C'est-à-dire qu'on va donner...
05:30 - Voilà, comment on compare le médicament au placebo ?
05:32 - En fait, ce que l'on sait...
05:33 - On compare l'efficacité, du coup.
05:35 - Ce que l'on sait, c'est que tous les médicaments
05:37 ont déjà un effet placebo.
05:40 On estime à hauteur avec une efficacité de 30 %
05:42 pour tous les médicaments.
05:43 Donc, quand tu vas mettre un nouveau médicament sur le marché...
05:46 - C'est-à-dire que le simple fait de prendre un médicament,
05:48 c'est efficace à 30 % ?
05:50 - Chez tout le monde, mais...
05:51 - OK.
05:51 - En moyenne, c'est ça.
05:52 Donc, avant de mettre un nouveau médicament sur le marché,
05:56 on va le tester.
05:57 La plupart du temps,
05:58 c'est ce qu'on appelle une étude randomisée en double aveugle.
06:01 Je m'explique.
06:03 On va prendre une population, une grande cohorte,
06:06 plusieurs personnes,
06:07 la moitié, donc ils sont tirés au hasard,
06:10 la moitié prendront le nouveau médicament
06:14 que l'on veut mettre sur le marché,
06:15 l'autre moitié prendront un placebo,
06:17 c'est-à-dire rien, quoi, du sucre, de l'eau...
06:19 - Mais qui ressemble, qui est...
06:20 Enfin, ils ne savent pas.
06:21 - Mais c'est la même forme, c'est la même chose.
06:23 Et surtout, le patient ne le sait pas,
06:26 mais le médecin non plus ne le sait pas.
06:28 - Donc, le médecin, il donne un médicament,
06:30 il ne sait pas s'il y a vraiment le médicament...
06:32 - Pour être sûr de ne pas influencer,
06:34 parce que sinon, le médecin,
06:35 quand il sait que là, il donne le médicament,
06:38 il peut avoir une influence, tu vois,
06:39 genre convaincu, convaincant,
06:40 je sais que vous avez le bon et tout.
06:42 Donc là, pour que personne,
06:43 qu'il n'y ait pas de biais, si tu veux...
06:45 - C'est ça, on coupe la veuve.
06:47 Ça veut dire ni les médecins, ni les patients.
06:48 - Tous les médicaments sont testés de cette manière,
06:51 quand il n'y a pas d'autres médicaments pour comparer.
06:53 - Donc, il faut que le médicament soit plus efficace.
06:55 - Bien sûr, ah ben oui.
06:56 - D'accord.
06:57 - Et s'il n'est pas plus efficace,
06:58 il ne sera pas mis sur le marché.
07:00 - Et tu as dit tout à l'heure que ça dépendait des individus.
07:03 Alors, est-ce qu'on a une placebo-sensibilité ?
07:06 - Bien sûr.
07:07 - Ça dépend de quoi ?
07:08 Pourquoi il y a des gens qui sont plus réceptifs que d'autres ?
07:10 - Ça dépend d'énormément d'éléments.
07:12 On va voir les principaux.
07:13 Ça va dépendre évidemment de l'individu.
07:15 Est-ce qu'il est plus en attente de traitement ?
07:17 Tu vois, plus sensible à tout ça.
07:19 Donc, ça dépend de l'individu.
07:21 Ça dépend de la pathologie.
07:22 Les principales pathologies qui sont placebo-sensibles...
07:25 - Ah oui, il y en a qui réagissent.
07:26 Oui, d'accord.
07:27 - Voilà.
07:28 Et puis après, la pathologie.
07:29 C'est plutôt les douleurs.
07:31 C'est plutôt la migraine.
07:32 C'est plutôt l'anxiété.
07:34 Quelqu'un qui a 42 fièvres avec une septicémie,
07:36 on ne va pas lui mettre un placebo.
07:37 - Bien sûr.
07:38 - Après, ça va dépendre énormément de la relation entre le médecin...
07:42 - C'est ce qu'on disait tout à l'heure.
07:43 Il faut qu'il soit convaincant.
07:45 - Voilà, il faut qu'il s'entende bien.
07:46 Il faut qu'il y ait une relation de confiance.
07:47 Quand tu vas chez un médecin et qu'il prescrit ça comme ça,
07:51 tu vois qu'il s'en moque complètement, etc.
07:53 Franchement, tu n'as pas tellement envie.
07:54 - Ça veut dire qu'il y a vraiment une efficacité amoindrie par ça ?
07:56 - Oui, et même avec les vrais médicaments.
07:58 - D'accord.
07:58 - Comme je te disais, il y a un effet placebo,
08:00 même avec les vrais médicaments.
08:01 Regarde le succès de l'homéopathie.
08:03 C'est aussi parce que la personne est convaincue,
08:05 va te prendre en charge, va t'expliquer.
08:07 C'est une approche globale.
08:08 - C'est tout l'encadrement qu'il y a autour.
08:09 - C'est tout le succès aussi de l'homéopathie.
08:11 Donc, tu vois que ça marche et l'effet est réel.
08:15 C'est quelque chose de subjectif, mais l'effet, lui, est bien réel.
08:18 - La présentation, ça veut dire quoi ?
08:20 - La présentation, ça veut dire qu'on s'est aperçu
08:22 que plus ça fait mal, plus ça marche.
08:25 Un placebo en piqûre sera plus efficace qu'un placebo en crème.
08:28 - Et en médicaments aussi ?
08:29 - Voilà.
08:30 - Donc...
08:31 - Les médicaments, pareil.
08:31 - OK.
08:32 - Donc la présentation...
08:34 - La couleur ? Pardon ?
08:35 - La couleur ?
08:36 - La couleur.
08:37 Est-ce que tu as déjà vu un somnifère rouge ?
08:41 Non.
08:41 Et vous ne verrez jamais un somnifère rouge.
08:45 Parce qu'en fait, le rouge, c'est plutôt excitant, etc.
08:47 Donc, tous les médicaments somnifères ou anxiolytiques ou autres
08:51 sont de couleur claire dans les bleus.
08:52 - C'est encore la partie psychologique qui a un vrai impact sur l'efficacité.
08:57 - Oui, c'est vrai.
08:58 Après, il y a le prix qui compte.
08:59 Plus c'est cher, plus ça marche.
09:00 J'ai eu un traitement très cher.
09:01 - Oui, ou la marque.
09:02 Les trucs connus avec des marques connues fonctionnent plus.
09:04 - Tu as raison.
09:05 Les génériques, ce sont les mêmes molécules que les principes.
09:09 Et bien, souvent, les gens disent que ça marche au moins,
09:11 qu'ils ont des effets secondaires, etc.
09:13 Tu vois, c'est la même chose.
09:14 Le remboursement aussi.
09:16 On sait que les médicaments, lorsqu'ils ne sont plus remboursés,
09:19 on se dit "bon, si ce n'est pas remboursé, c'est que ça ne marche pas".
09:22 Donc, tu vois, l'effet placebo existe avec tous les médicaments aussi.
09:25 Ça, c'est important.
09:26 Après, il y a aussi ce qu'on appelle les placebos impurs.
09:29 - C'est quoi ?
09:30 - Placebos impurs, c'est par exemple, tu as une angine virale,
09:34 on sait que les antibiotiques ne marchent pas contre les virus.
09:39 Ils marchent contre les bactéries, mais pas contre les virus.
09:41 Et bien, quand tu donnes des antibiotiques à un patient
09:45 alors que son angine est virale, déjà, il va mieux.
09:48 - Ça peut quand même avoir une efficacité.
09:49 - C'est ça l'effet placebo.
09:50 - Alors que ça ne devrait pas du tout fonctionner.
09:52 Mais il y a quand même une question d'éthique qui se pose
09:55 parce qu'on donne à des gens un médicament,
09:59 non, du coup, c'est pas un médicament,
10:00 mais quelque chose où on sait que ça ne devrait pas être efficace,
10:03 où il n'y a rien dedans.
10:04 Alors, comment on juge ça ?
10:06 - Alors, attention, en médecine générale,
10:08 on ne donne pas réellement des placebos.
10:12 On joue sur l'effet placebo des médicaments.
10:14 - Oui, mais pour les études.
10:14 - Pour les études, oui, pour mettre un médicament sur le marché.
10:17 Mais tu as raison, on pourrait se dire que c'est du mensonge.
10:21 Mais ce qu'il faut comprendre, c'est que dans le placebo,
10:23 l'intention est toujours bonne.
10:26 C'est fait pour soulager le patient et pour avoir une réelle efficacité.
10:30 Parce que comme on l'a vu, c'est efficace.
10:33 Donc, tu vois, c'est pas du vrai mensonge.
10:35 Mais pour te dire à quel point on pourrait dire que c'est pas éthique,
10:38 il y avait même eu des essais quand on cherchait à comprendre
10:41 comment fonctionnait le placebo.
10:43 On a même fait de la chirurgie placebo.
10:46 Oui, on a pris des gens qui avaient de l'arthrose aux genoux.
10:50 Tu sais, quand on opère, on fait ce qu'on appelle une péridurale,
10:52 c'est-à-dire une anesthésie du bas du corps.
10:55 Et puis, il y a ce qu'on appelle un champ opératoire,
10:57 c'est-à-dire qu'en fait, le patient ne voit pas ce qui se passe, ce qui est normal.
11:01 Après, on ouvre, on fait des petits trous, on va dans l'articulation.
11:05 La moitié des patients, on ouvrait et on allait réellement traiter l'arthrose.
11:10 Et l'autre moitié des patients, on ouvrait, mais on ne traitait rien du tout.
11:14 Donc on fait quand même de la fausse chirurgie à des gens.
11:16 Juste les trois petits trous de l'endoscopie.
11:18 Et en fait, les résultats étaient les mêmes.
11:21 Non seulement ils ont été soulagés, mais ils ont été aussi soulagés à long terme.
11:25 Donc l'effet placebo marche aussi à long terme.
11:28 Donc pour en venir à ta question d'éthique, on pourrait se dire que c'est pas éthique.
11:31 Oui, mais quand on donne un bon médicament qui est censé fonctionner
11:34 et à côté d'autres personnes qui sont aussi malades,
11:37 on donne un médicament où il n'y a rien dedans, c'est...
11:40 Je comprends, mais il y a des comités d'éthique, des comités de surveillance
11:44 qui surveillent tout ça.
11:45 Il y avait eu un essai où finalement on s'est aperçu très rapidement,
11:48 c'est dans la sclérose en plaque,
11:49 on s'est aperçu très rapidement que finalement,
11:52 le médicament était très actif et le placebo pas du tout.
11:56 Ils ont immédiatement arrêté l'essai et arrêté de donner de la poudre de perlimpinpin.
11:59 Donc ça reste quand même pour traiter le patient, il n'y a pas de cas ?
12:02 Voilà, on reste éthique.
12:05 Il y a aussi, ça c'est tout à fait nouveau, ce qu'on appelle les placebos.
12:09 Moi, je n'aime pas le mot.
12:11 Placebo honnête, ce qui voudrait dire que les autres ne sont pas honnêtes.
12:14 L'effet placebo honnête, placebo transparent, placebo ouvert,
12:18 c'est qu'en fait, quand on explique au patient, je vais vous donner un placebo,
12:22 je vais vous expliquer que ça va marcher,
12:24 parce que je vais vous expliquer que votre cerveau est un véritable labo
12:28 et qu'il va faire fabriquer des substances qui vont vous apaiser,
12:31 qui vont vous soulager, il n'a pas marché.
12:32 Ça a quand même une efficacité.
12:33 Donc tu vois.
12:34 Oui, ça veut dire que c'est pas...
12:36 Enfin, ça dépend encore d'autres choses, c'est vraiment le cerveau qui va décider.
12:39 Et alors, l'effet nocebo, c'est l'inverse du placebo,
12:43 parce qu'on en parle beaucoup moins que le placebo, mais ça existe quand même.
12:46 Alors, est-ce que tu peux nous dire ce que c'est avec des exemples ?
12:50 Placebo, ça veut dire je plairais.
12:51 Nocebo, c'est je nuirais.
12:53 En fait, c'est le pendant négatif du placebo.
12:55 Concrètement, dans la vie pratique, c'est quoi ?
12:58 Tu vas chez le médecin, il te prend l'attention,
13:01 tu as le stress du médecin et tout.
13:02 C'est ce qu'on appelle l'effet blouse blanche, 18 de tension.
13:05 Tu rentres chez toi, 13 de tension.
13:07 Après, les notices.
13:09 Tu lis les notices des médicaments.
13:10 Tu as plus d'effets secondaires.
13:12 Oui, tu as plus d'effets secondaires.
13:13 Ils avaient testé médicaments sans notice, médicaments avec notice, plus d'effets secondaires.
13:17 C'est ce qui s'était passé quand on avait fait les tests vaccin Covid pour tester.
13:22 On avait fait des vaccins, mais avec de l'eau dedans.
13:25 Il n'y avait rien du tout.
13:26 Et l'autre, il y avait le vaccin.
13:28 Eh bien, il y a quand même 31% des personnes qui avaient le placebo
13:31 qui ont fait des effets secondaires.
13:32 Donc, tu vois...
13:33 Alors qu'il n'y avait pas l'assistance.
13:34 Oui, mais c'était vrai.
13:35 C'étaient des vrais effets secondaires.
13:37 Parce qu'on a aussi des substances nocives.
13:39 Donc, en fait, ils avaient réellement ces nausées, ces vertiges, etc.
13:43 Il ne faut pas croire que c'est du cinéma.
13:45 Les patients le ressentent vraiment.
13:47 Après, il y a les médias qui sont souvent nocivo-inducteurs.
13:53 Voilà, c'est tout ça, l'effet nocebo.
13:56 Ce qui est important, c'est de comprendre que ce soit placebo ou nocebo,
14:00 c'est la puissance, la force de la relation entre l'esprit, le cerveau et le corps.
14:06 Docteur Jean-Michel Cohen, bienvenue, ravi de vous retrouver comme chaque semaine.
14:16 Je rappelle que vous êtes médecin nutritionniste.
14:18 Et aujourd'hui, un sujet qui prête à polémique pour certains, le dry January,
14:22 c'est-à-dire le mois sans alcool.
14:24 C'est utile, c'est bréfiel, on va y revenir.
14:26 Alors, on va revenir sur l'utilité.
14:28 On va rappeler que ça a été créé en 2013,
14:30 qu'en 2013, il y a seulement 7000 personnes qui le suivent
14:33 et qu'en 2023, il y a eu 17 millions de personnes qui l'ont suivi.
14:37 Donc, c'est devenu un vrai phénomène.
14:39 Le but de la partie, c'était de faire une pause dans la consommation d'alcool
14:43 et un peu également montrer les bénéfices de ne pas boire pendant quelques temps.
14:46 Voilà, c'était ça l'idée de départ.
14:48 Après, on peut polémiquer là-dessus.
14:50 On peut rappeler que si ça arrive en janvier, ce n'est pas par hasard.
14:53 Alors, en janvier, bien sûr, parce qu'il y a eu les fêtes de fin d'année
14:56 et qu'on sait que même si on promulgue en permanence
14:58 des règles de modération et de consommation limitées,
15:01 les gens se lâchent beaucoup plus.
15:03 Donc, en début d'année, c'est une forme de détox alcoolique qui est entreprise.
15:06 On aurait pu le faire au mois de février, puisqu'il est plus court en nombre de jours.
15:10 Là, c'est vous parler pour vous.
15:12 En fait, cette idée est née comme cela.
15:14 Elle prête à polémiques parce qu'il y a une partie des gens qui disent
15:16 que condamner systématiquement un produit comme le vin,
15:19 qui est quand même un produit qui appartient à l'humanité, c'est un peu excessif.
15:22 Mais elle peut rendre service aux gens,
15:24 puisque apparemment, ceux qui font ce mois-là déclarent,
15:28 pour presque 80% mieux dormir,
15:30 une partie d'entre eux disent avoir une meilleure activité intellectuelle
15:34 et surtout, ils dépensent moins d'argent.
15:35 Donc, il y a quand même des bénéfices à faire ça.
15:38 Après, moi, je trouve qu'effectivement, on le fait, on le teste.
15:42 On s'aperçoit de toutes ses qualités.
15:44 À ce moment-là, on ne boit plus du tout.
15:46 On se dit je vais mieux, je dors mieux, je ne suis plus vif intellectuellement et tout.
15:53 Pourquoi reprendre finalement ?
15:54 - Franchement, le vin, ça a été la première substance récréative
15:56 qui a été inventée par les hommes.
15:58 C'est quelque chose d'historique, qui appartient à l'humanité.
16:00 C'est la culture quand même de la vigne, etc.
16:03 Et s'en abstenir, c'est peut-être un peu excessif.
16:05 Il faut en boire de façon modérée.
16:07 - Vous ne pouvez pas dire il faut en boire, il faut y mettre ça.
16:09 - Il faut en boire de façon modérée.
16:10 Il faut être modéré, ce n'est pas il faut en boire.
16:13 Il faut être modéré, mais il n'y a aucune raison de stigmatiser absolument le vin,
16:18 à condition bien entendu de ne pas avoir une consommation excessive, bien sûr.
16:23 - Alors, on peut rappeler tout de même que la consommation a nettement diminué
16:27 au cours des ans. C'était quoi les chiffres ?
16:29 - Alors, elle a chuté.
16:30 Auparavant, on avait environ 200 litres de boissons alcoolisées dans les années 1960.
16:36 Les produits alcoolisés, en particulier le vin,
16:39 étaient un produit de boissons courantes à table.
16:42 On donnait même certains produits alcoolisés aux enfants dans les cantines scolaires.
16:46 Et elle a chuté au point de passer à 80 litres de boissons alcoolisées,
16:50 en tout cas les derniers chiffres qu'on avait, qui dataient de 2018.
16:53 Donc, on voit bien qu'il y a une érosion permanente de l'alcool
16:56 avec un changement d'habitude de la consommation.
16:58 - D'accord. Alors, j'imagine qu'il n'y a pas de dose recommandée,
17:01 mais on ne va pas vous recommander de boire.
17:04 Des doses à ne pas dépasser en tout cas ?
17:06 - Il y a une recommandation officielle.
17:08 Cette recommandation officielle, elle fait la prévention de...
17:11 N'oubliez pas que l'alcool, c'est la deuxième cause de mortalité par cancer.
17:16 Cette recommandation, elle est de l'ordre de deux verres de vin par jour et pas tous les jours.
17:22 Ça veut dire grosso modo une consommation de dix verres,
17:24 pas de vin, mais de dix verres de boissons alcoolisées par semaine.
17:28 Voilà, si on ne dépasse pas cette dose,
17:30 on est considéré comme étant à l'abri des accidents
17:33 ou des problèmes de santé qui pourraient survenir.
17:35 - On peut rappeler tout de même que si on veut savoir, si on se pose des questions,
17:39 quand on commence à se poser des questions quand même sur son alcoolisme,
17:42 c'est qu'il y a un souci.
17:42 C'est qu'on commence déjà à être un petit peu dans la pente de côté, un petit peu trop.
17:48 - Le problème, c'est la dépendance.
17:51 Ça veut dire qu'en fait, on se mitridatise progressivement,
17:53 c'est-à-dire qu'on s'habitue aux doses de consommation d'alcool qu'on prend.
17:57 Et en fait, il en faut de plus en plus pour ressentir les effets euphorisants
18:01 que peut donner l'alcool.
18:02 Voilà le problème.
18:03 Et il y a beaucoup de gens qui découvrent consommer trop de boissons alcoolisées
18:06 simplement parce qu'on le leur dit.
18:08 Eux, ils ne s'en rendent plus compte.
18:09 - Oui, mais c'est important ce que vous dites.
18:11 C'est-à-dire qu'en fait, en gros, c'est savoir si je veux m'arrêter,
18:15 est-ce que je peux ?
18:15 Je veux, mais est-ce que je peux ?
18:17 Donc, c'est bien le test de se dire au moins deux jours par semaine sans alcool.
18:21 Si j'y arrive sans problème, c'est bon.
18:23 - De mon point de vue, si je peux rajouter ça,
18:26 de mon point de vue, le seul intérêt de ce drive januari,
18:28 c'est de montrer à certains qu'ils sont dépendants à l'alcool
18:31 et de les forcer à tester un arrêt.
18:32 Voilà le vrai intérêt du système.
18:34 - On rappelle tout de même que 23,6 % des plus de 18 ans
18:38 dépassent les fameux repères des dix verres par semaine.
18:41 On a un peu plus d'un quart des gens qui dépassent les repères recommandés
18:44 de deux verres de boisson alcoolisée par semaine.
18:47 C'est quand même beaucoup encore.
18:49 Et c'est un phénomène qui touche de plus en plus les jeunes gens.
18:52 Ça veut dire cette tranche d'âge de 18 à 30 ans
18:56 où on a pris l'habitude de boire un verre le soir en sortant du travail
18:59 parce que ça relaxe.
19:00 Mais un verre plus un autre verre, ça fait beaucoup à la fin de la semaine.
19:02 - Il y en a beaucoup aussi dans les polémiques qui circulent actuellement
19:06 qui disent voilà, on va le faire pendant un mois, OK,
19:09 mais après il va y avoir l'effet yo-yo comme le yo-yo pour les régimes.
19:12 Après, on va revoir beaucoup plus.
19:14 - Non, je ne crois pas.
19:16 Justement, je ne crois pas parce que le fait d'avoir arrêté pendant quelques temps
19:19 et d'avoir encaissé les effets bénéfiques de l'alcool,
19:22 ça peut servir à certains justement à se modérer beaucoup plus régulièrement.
19:26 La deuxième chose, c'est qu'être capable de dire non,
19:28 notamment, j'ai parlé de ce phénomène de société qui consiste à finir le travail
19:32 et à aller dans un bar pour boire un verre avec les copains.
19:35 Ce phénomène de société, il a pris de l'ampleur
19:37 et en fait, il empêche les gens de mesurer leur réelle consommation de boissons alcoolisées.
19:41 Donc, c'est pour ça que je dis que ce drive januari,
19:43 il peut avoir un impact entre les effets positifs qu'on ressent
19:46 et le fait qu'on mesure le fait que justement,
19:48 non seulement on a dépensé moins d'argent, mais aussi...
19:51 - Vous avez raison.
19:51 - Oui, mais aussi que la convivialité, elle n'est pas obligée d'être brisée
19:55 parce qu'on ne boit pas des boissons alcoolisées.
19:57 Il ne faut pas oublier ça.
19:58 Comme c'est récréatif, le verre de fin de journée, il marque la période de détente.
20:02 Et après, l'association des dieux, ça crée une forme de dépendance psychologique.
20:05 J'ai besoin de ce verre pour penser que j'ai fini mon travail.
20:07 - Sinon, je ne vais pas être détendue après.
20:09 - Oui, exactement.
20:10 - Vous avez parlé de cette situation particulière de la France,
20:13 de son rapport avec le vin, le terroir, etc.
20:16 On se place dans quelle position, nous ?
20:19 - On n'est pas bon.
20:20 - On n'est pas bon ?
20:21 - On n'est pas bon parce que quand on regarde la liste des produits,
20:25 en tout cas dans l'OCDE, qui ont la plus forte consommation en boissons alcoolisées,
20:29 on est quatrième.
20:30 On n'est pas sur le podium, mais on est quatrième.
20:32 - On n'est pas loin du podium.
20:33 - Sur plus de 30 pays quand même.
20:34 - C'est quoi, c'est l'étonner ?
20:35 - Alors, c'est les pays de l'Est qui sont très représentés,
20:38 avec la Lettonie, la République tchèque et l'Autriche en premier.
20:40 La France est en quatrième et on trouve en dernier des pays à connotation religieuse
20:44 où l'alcool est strictement prohibé.
20:47 Mais et au milieu, ma grande surprise, ça a été que finalement,
20:50 nos amis britanniques sont au milieu de cela.
20:54 Alors qu'ils ont une réputation d'aimer les boissons alcoolisées,
20:56 eh bien non, ils étaient au milieu, classement de l'OCDE officiel.
20:59 - Merci beaucoup pour tous ces conseils.
21:01 Donc, il reste encore quelques jours.
21:03 On peut, même si on n'a pas commencé au début du mois,
21:05 on peut le commencer à n'importe quel moment.
21:08 - Je sens que vous avez envie de faire 28 au lieu de 31.
21:10 - Pas du tout, pas du tout.
21:12 Je ne vois pas du tout de quoi vous parlez.
21:13 Merci beaucoup, Dr Cohen.
21:15 Merci à vous de nous avoir suivis et restés dans notre compagnie.
21:17 L'info, c'est sur CNews.
21:19 Merci.

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