• l’année dernière
Les conseils de notre docteur Brigitte Milhau sur les sujets santé qui vous concernent dans #BonjourDrMilhau

Category

🗞
News
Transcription
00:00 -Bonjour. Aujourd'hui, dans "La Santé expliquée à ma fille",
00:03 je répondrai aux questions de Sacha sur les infections urinaires
00:07 qui touchent essentiellement les femmes, mais aussi les hommes.
00:10 Et vous le verrez, chez eux, c'est plus rare, mais c'est plus grave.
00:14 Puis le docteur Martin Blachet viendra nous présenter
00:17 son dernier livre sur les 10 nouvelles menaces
00:19 sur notre santé, avec, bien sûr, les bons conseils
00:22 pour nous y préparer.
00:24 Musique de tension
00:26 ...
00:29 -Sacha, on parle aujourd'hui d'infections très fréquentes.
00:33 Les infections urinaires, c'est quand même 5 à 6 millions
00:36 d'infections chaque année.
00:38 Donc, tu vois, ça chiffre.
00:39 On peut dire qu'une femme sur deux a eu, a ou aura
00:44 une infection urinaire.
00:46 Avec deux... On peut en avoir à tous les âges,
00:49 mais on va dire qu'il y a deux pics de fréquence,
00:51 l'entrée dans la vie sexuelle et la ménopause.
00:54 En revanche, c'est un homme pour 50 femmes.
00:57 -D'accord. Avant d'expliquer pourquoi ça touche beaucoup plus
01:01 les femmes que les hommes,
01:03 peux-tu nous rappeler ce qu'est l'infection urinaire ?
01:06 -L'infection urinaire, c'est une infection
01:08 qui va se situer, se trouver dans la vessie.
01:12 Ca reste dans la vessie.
01:13 Enfin, quand c'est une infection urinaire,
01:16 on appelle ça aussi une cystite.
01:18 On verra ça après. C'est vraiment dans la vessie.
01:21 Les germes vont se multiplier.
01:24 C'est généralement dû à une bactérie
01:26 qu'on appelle Echerichia coli.
01:28 On en parle souvent, quand il y a des gastro, des choses comme ça.
01:32 C'est une bactérie qui vit très bien.
01:34 Dans nos intestins, nous avons des milliards de bactéries.
01:37 C'est le microbiote.
01:39 Echerichia coli, elle est très bien là-dedans.
01:42 Tout va bien. Mais c'est son habitat, si tu veux.
01:45 Elle a l'habitude, elle est bien.
01:47 Mais la vessie, c'est pas du tout son habitat.
01:50 -Quand elle se retrouve dans la vessie,
01:52 au lieu d'être dans les intestins, là, ça fait une infection.
01:56 -C'est un problème, parce qu'elle n'est pas faite pour être là-bas.
01:59 Elle est faite pour être dans les intestins,
02:02 mais pas pour être dans la vessie.
02:04 Là, ça fait une infection urinaire.
02:06 Voilà ce que c'est que l'infection urinaire de la cystite.
02:10 -C'est quoi les symptômes ?
02:11 Qu'est-ce qui nous fait dire qu'on fait une infection urinaire ?
02:15 -J'assure que tu le sais tout de suite.
02:17 -D'accord. C'est quoi, les symptômes ?
02:20 -Les symptômes, en fait, ça va brûler.
02:22 Mais brûler, ce sont des douleurs terribles.
02:25 C'est des personnes qui ne peuvent rien faire.
02:27 T'as des envies impérieuses d'aller uriner,
02:31 et quand tu y vas, tu fais 2-3 gouttes, c'est tout.
02:34 Avec une brûlure en plus, aussi, quand tu urines.
02:37 Ca va faire des douleurs dans le bavant.
02:39 La vessie, c'est très bas dans le ventre.
02:42 Tu peux avoir parfois des urines un peu troubles,
02:45 parfois malodorantes,
02:46 et on peut avoir quelques traces de sang.
02:49 C'est pas grave, c'est l'inflammation
02:51 qui a été créée dans la vessie
02:53 qui va faire que tu peux avoir quelques traces de sang.
02:56 -Le symptôme principal, c'est d'avoir envie d'uriner,
02:59 et que ça brûle. -Ca brûle vraiment.
03:01 -Quand on est face à ces symptômes,
03:03 qu'est-ce qu'on fait ?
03:05 -Il y a plusieurs cas de figure.
03:07 Si c'est la 1re fois que ça t'arrive,
03:10 le mieux, c'est d'aller consulter un médecin au début,
03:13 quand on peut en trouver un.
03:15 Sinon, c'est quand même la pathologie
03:20 qui est la plus simple,
03:23 ce qu'on appelle les téléconsultations,
03:25 en visio ou en non-visio,
03:27 car si on n'arrive pas à avoir un rendez-vous...
03:29 -Il suffit de décrire les symptômes.
03:31 -Les symptômes sont caractéristiques.
03:34 Là, tu peux le faire en visio.
03:36 Et puis là, le médecin vous enverra une ordonnance
03:39 qui sera télétransmise,
03:41 parce que le traitement des bactéries,
03:43 c'est un traitement antibiotique.
03:45 Il y en a un qui marche dans pratiquement tous les cas,
03:48 mais dans 90 %, c'est chez Erich Hakkoli.
03:50 En plus, c'est un sachet,
03:53 dose unique, tu prends une fois,
03:55 et t'es tranquille.
03:57 Donc, ça, c'est ce qu'on peut faire.
03:59 Après, quand c'est chez quelqu'un qui est fragile
04:03 ou chez un enfant ou chez une dame...
04:06 -Ca arrive aussi chez les enfants ?
04:08 -Oui, ça arrive souvent chez les enfants.
04:10 Donc là, c'est toujours mieux de consulter.
04:13 Et puis après, ce qu'on peut faire aussi,
04:15 c'est, justement, les antibiotiques,
04:17 ils sont quand même sur ordonnance.
04:19 Alors, un petit conseil,
04:21 parce que bien souvent, on en fait à répétition,
04:24 si vous avez l'habitude d'en faire,
04:26 demandez d'avance une ordonnance,
04:28 une prescription à votre médecin,
04:29 comme ça, surtout si vous êtes en voyage,
04:32 si ça vous prend n'importe où,
04:34 vous avez votre petit sachet.
04:35 Après, ce qu'on peut faire aussi,
04:37 c'est ce qu'on appelle un ECBU,
04:39 un examen cytobactériologique des urines.
04:43 Tu fais pipi dans un pot,
04:45 et tu apportes le pot au laboratoire.
04:47 Dès que le pot est apporté,
04:49 après, tu peux prendre des médicaments,
04:51 mais au moins, comme ça, on saura,
04:53 parce que de temps en temps, c'est un autre germe que celui-ci,
04:56 donc comme ça, on connaîtra exactement l'infection
04:59 et les antibiotiques qui seront efficaces sur cette infection.
05:03 Donc voilà les petites choses à faire.
05:05 Et puis boire, boire, boire beaucoup,
05:07 pour diluer tout ça, pour pas que ce soit concentré.
05:10 -Et alors, pourquoi ça touche beaucoup plus les femmes
05:13 que les hommes ? Est-ce qu'il y a une raison ?
05:15 -Alors, la raison, elle est essentiellement anatomique.
05:19 Tu vas voir sur ces schémas,
05:21 on va voir la différence entre les hommes et les femmes.
05:25 Tu vois, à gauche, c'est un homme.
05:27 -Merci de la préciser.
05:29 -Il y a la vessie, donc, qui est en rouge,
05:32 et puis il y a un petit canal qu'on appelle l'urètre.
05:36 C'est lui qui va apporter la vessie...
05:38 -C'est le canal qui est en vert.
05:40 -En vert fluo, tu vois ?
05:42 C'est lui qui va conduire l'urine à l'extérieur pour l'évacuer
05:46 et qui sortira par ce qu'on appelle le méa urétral,
05:49 tu vois, ce qui est au bout de la verge.
05:51 Tu vois bien que la longueur de l'urètre chez l'homme
05:57 est beaucoup plus longue que le petit trajet,
05:59 que tu vois l'urètre qui part de la vessie
06:02 et qui sort par le méa...
06:03 -Il y a toute la longueur en plus.
06:05 -Déjà, la longueur, elle n'a rien à voir.
06:08 Mais surtout, comme je te l'ai dit tout à l'heure,
06:11 les bactéries, elles viennent essentiellement du tube digestif.
06:16 Donc tu vois, la distance entre l'anus et l'orifice urinaire,
06:22 elle est beaucoup plus longue. C'est la flèche violette.
06:25 -Ca s'infecte quand les bactéries de l'anus vont...
06:28 -Voilà. -D'accord, OK.
06:30 Donc là, il y a moins de risques que ça atteigne,
06:33 alors que là, ça va plus rapidement...
06:35 -La proximité, là, tu vois, entre l'anus...
06:38 Les germes qui sortent de l'anus peuvent facilement...
06:41 -Plus facilement et plus rapidement aller...
06:43 -Chez les femmes, c'est plus rapide.
06:45 Voilà les principales raisons
06:47 qui font que chez l'homme, c'est plus important.
06:50 -On a dit que c'était très fréquent, mais est-ce grave ?
06:53 Est-ce que tu nous as dit qu'on prend un traitement et c'est fini,
06:56 donc ça n'a pas trop de caractère grave ?
06:59 -Alors, c'est absolument pas grave quand c'est, on va dire,
07:03 une infection urinaire classique, aiguë,
07:06 avec des petits symptômes comme ça.
07:08 Voilà. En revanche,
07:09 s'il y a de la fièvre, s'il y a des frissons,
07:13 s'il y a des douleurs dans le dos, des douleurs lombaires,
07:16 là, ça peut être grave,
07:18 parce qu'en fait, les microbes qui sont dans la vessie...
07:22 On va voir ça sur un schéma.
07:23 Tu vois les microbes, s'il y a une infection au niveau de la vessie.
07:28 S'il y a une multiplication des microbes, etc.,
07:30 et s'ils migrent, s'ils remontent dans ce canal
07:33 qu'on appelle l'urterre,
07:35 ce canal, normalement, c'est lui qui évacue l'urine des reins.
07:39 Hop, hop, hop, enfin, c'est les...
07:41 Ce qui l'extraite, voilà, ce qui l'extraite,
07:44 qui va dans la vessie, normalement, c'est dans ce sens-là.
07:47 Là, parfois, les microbes peuvent remonter.
07:49 Et s'ils remontent jusqu'aux reins, ça peut infecter les reins.
07:53 C'est ce qu'on appelle une piélo-néphrite.
07:56 Et là, c'est très grave.
07:57 Donc, si vous avez des brûlures,
07:59 donc tous les signes dont on vient de parler,
08:02 plus des frissons, plus des douleurs dans le dos,
08:06 là, ça peut être grave.
08:08 -Et pour les hommes et les femmes ?
08:10 C'est les mêmes symptômes ? -Pour les hommes,
08:13 ça peut être grave aussi.
08:14 Je finis juste chez les femmes. -Ah, là, c'était que pour les femmes.
08:18 -Non, ça peut attaquer les reins, chez les deux,
08:21 mais chez les femmes, ça peut être grave aussi.
08:24 C'est pour ça, d'ailleurs, que dans les contrôles,
08:27 chez les femmes, parce qu'en fait, quand t'es enceinte,
08:30 tu as des uretres, donc ça va rentrer plus facilement,
08:33 les microbes, et en plus, tu as le fœtus
08:35 qui appuie un peu sur la vessie,
08:37 donc en fait, y a de l'urine qui peut stagner dans la vessie.
08:41 Donc, tu vois, y a plus de risque de faire des infections
08:44 quand on est enceinte.
08:46 C'est pour ça que pendant votre contrôle de grossesse,
08:49 à partir du 4e mois, on fait toujours des petits contrôles
08:52 avec une bandelette chez le médecin.
08:54 Ça prend quelques minutes, vous faites pipi sur la bandelette,
08:58 et après, pour revenir à ta question...
09:00 -Les hommes et les femmes, c'est la même complication.
09:03 -Chez les hommes, c'est plus rare,
09:05 mais chez les hommes, là, il faut absolument consulter,
09:09 car là, ça peut être beaucoup plus grave.
09:11 Car chez les hommes, les infections peuvent venir
09:14 d'un problème de prostate.
09:16 La prostate, c'est sous la vessie,
09:18 c'est une glande qui est sous la vessie,
09:20 et la prostate, comme ça, s'il y a un adénôme
09:23 ou s'il y a un cancer, elle peut gêner l'évacuation de l'urine,
09:27 et donc, il faut aller rechercher quelque chose
09:29 de beaucoup plus grave derrière.
09:31 Donc, tu vois, c'est pour ça qu'on dit que c'est banal.
09:34 -Bénin. -Voilà.
09:37 Et chez les hommes, vraiment, là, on n'hésite pas.
09:40 Si on a des signes d'infection urinaire,
09:42 on va consulter son médecin.
09:44 -Tu as dit que, généralement, quand on en fait une fois,
09:47 on en fait souvent.
09:48 C'est vrai que, généralement, quand on en fait une fois,
09:51 ça revient chez les mêmes personnes.
09:54 A quoi c'est dû, ça ?
09:55 -Il y a plusieurs raisons.
09:57 Il peut y avoir des petites malformations anatomiques.
10:00 Il faut bien le savoir,
10:01 de comprendre pourquoi on en fait tout le temps.
10:04 Des gens ne boivent pas du tout.
10:06 -Le fait de ne pas boire assez d'eau...
10:08 -C'est pour ça qu'on en fait plus souvent l'été,
10:11 quand on est déshydraté, à la chaleur, etc.
10:14 Après, il y a une chose aussi qui est très importante,
10:17 et j'ai oublié de le préciser, en prévention,
10:20 c'est de faire attention
10:23 à ne pas s'essuyer derrière, en avant,
10:26 quand on va aux toilettes.
10:27 Ca paraît tout bête, mais c'est très fréquent,
10:30 parce que, notamment les petites filles, parfois,
10:34 il faut les éduquer, toutes petites,
10:36 mais les grandes aussi.
10:37 -Il ne faut pas ramener les bactéries.
10:40 -Exactement. Les bactéries, elles viennent du système digestif,
10:43 donc il ne faut surtout pas s'essuyer comme ça.
10:46 Et chez les petites filles, elles vont faire pipi,
10:49 c'est pas très propre, elles se retiennent.
10:51 Laissez de l'urine qui reste un peu,
10:53 et qui peut s'infecter.
10:55 Il faut leur apprendre à prendre leur temps.
10:58 C'est valable pour tout le monde,
10:59 mais ne pas s'essuyer derrière, en avant,
11:02 prendre son temps, aller jusqu'au bout de son pipi,
11:05 boire beaucoup d'eau.
11:06 Il y a aussi ce qu'on appelle des crânes berges,
11:09 ça éviterait aux bactéries de s'accrocher dans la vessie.
11:14 Il y a des tisanes, des comprimés,
11:16 des choses comme ça, crâne berge, etc.
11:19 -Et se faire prescrire un traitement d'avance,
11:22 au cas où ça arrive.
11:23 -Après, boire beaucoup d'eau,
11:25 une bonne hygiène intime aussi, ça paraît une évidence.
11:28 Il y a des études qui ont montré aussi
11:31 que les personnes qui s'épiolent...
11:33 Que les personnes, oui.
11:35 -Pourquoi ?
11:36 -Parce qu'en fait, les poils publiques...
11:38 -Tu as pas fini ta phrase.
11:40 -L'épilation intégrale, oui.
11:42 J'ai vu ta tête, tellement surprise.
11:44 -L'épilation intégrale favorise les cystites.
11:47 -Certaines études ont montré
11:49 que le fait de s'épiler intégralement,
11:51 ça augmenterait le risque de faire des infections,
11:54 parce qu'en fait, les poils protègent des frottements
11:57 quand on a des rapports,
11:59 mais protégeraient aussi
12:01 de certains microbes, etc.
12:03 Ca ferait une barrière, si tu veux.
12:05 Ne pas se tenir d'aller aux toilettes,
12:07 on vient de le dire.
12:08 Ne pas s'essuyer, on vient de le dire.
12:11 Là aussi, au moment d'un rapport intime,
12:13 il y a une espèce de dilatation des petits conduits
12:16 qui se passe,
12:17 et donc il est préférable, quand on peut le faire,
12:20 d'aller aux toilettes après un rapport intime,
12:23 pas de vêtements trop serrés, plutôt des vêtements en coton,
12:27 tout ce qui peut éviter.
12:28 Ce qu'on peut dire sur ces infections,
12:31 qui sont, encore une fois, dans la majeure partie des cas,
12:34 très bénignes.
12:35 J'ai oublié de préciser, quand j'ai dit
12:38 les femmes à la ménopause,
12:40 à la ménopause, il n'y a plus d'estrogène,
12:42 donc les tissus ont tendance à se relâcher,
12:45 mais il y a des descentes d'organes,
12:47 et les infections urinaires sont très fréquentes
12:50 à partir d'un certain âge.
12:52 -On veut consulter.
12:53 -Il faut voir avec son médecin.
12:55 Je passe à l'autre extrémité des âges.
12:58 Les petits aussi peuvent faire des infections urinaires.
13:01 -Et comment on le sait ?
13:02 -Quand ils font pipi, c'est pas très normal.
13:05 On peut faire aussi un examen.
13:07 Voilà tout ce qu'on pouvait dire sur les infections urinaires,
13:11 dans la plupart des cas,
13:12 qui sont bénignes, très douloureuses,
13:15 mais bénignes.
13:16 -Docteur Martin Blachy, bienvenue.
13:24 Je ne reçois pas le médecin de santé publique,
13:27 l'épidémiologiste, mais l'auteur.
13:29 C'est votre 2e livre aux éditions du CERF.
13:32 Vous l'avez écrit en collaboration
13:34 avec l'excellent journaliste santé Olivier Robichon.
13:37 En lisant ce livre, on se connaît un peu,
13:40 on se voit régulièrement, je crois.
13:42 -En effet.
13:43 -Donc je me suis dit...
13:45 Evidemment, on va revenir sur les 10 nouvelles menaces
13:48 sur notre santé, mais je me suis dit
13:50 que moi, qui suis admirative de notre cerveau,
13:53 je trouve qu'il a réussi à s'adapter,
13:56 il a des capacités d'adaptation incroyables
13:58 depuis des milliers d'années,
14:00 et là, j'ai l'impression qu'il a un peu dépassé,
14:03 qu'il bug un peu, que tout va trop vite autour de lui.
14:06 Il faudrait un peu ralentir, je crois.
14:09 Tout va trop vite et qu'il est un peu dépassé.
14:12 J'ai pensé d'ailleurs à un exemple assez simple.
14:15 Vous connaissez moins que moi,
14:17 mais moi, à l'époque, quand je conduisais une voiture,
14:20 d'abord, je passais des vitesses,
14:22 je regardais la nature,
14:24 et éventuellement, j'écoutais une radio,
14:27 mais c'est tout.
14:29 Là, aujourd'hui, quand on est en voiture,
14:31 c'est automatique, la voiture vous parle,
14:33 vous avez un GPS, la radio,
14:35 vous changez de chaîne, vous lui demandez de changer de chaîne,
14:39 éventuellement, vous répondez au téléphone en Bluetooth,
14:43 éventuellement, même, peut-être, à feu rouge, un mail.
14:46 On n'oublie pas de râler contre les cyclistes,
14:49 mais c'est plus la même chose. On est bombardé d'informations.
14:52 -Vous avez raison, c'est le coeur, le squelette
14:55 de ces 10 nouvelles menaces.
14:57 Pour expliquer, quand j'ai fait ce livre,
14:59 je voulais identifier les 10 menaces pour le futur.
15:02 J'avais aucun a priori.
15:04 J'ai travaillé sur ces sujets, sur l'avenir de la santé,
15:07 et on en a fait émerger une dizaine.
15:09 -C'est pas anxiogène.
15:11 -Non, non, non.
15:12 Au contraire, c'est plutôt une réflexion
15:15 sur la nouvelle condition humaine,
15:17 c'est ce qu'on est aujourd'hui et ce qui nous attend.
15:20 En effet, tous les problèmes que je voyais émerger,
15:23 étaient liés avec notre cerveau.
15:25 Il n'y en a pas une qui n'est pas liée au fait
15:28 qu'on n'est plus adapté au monde dans lequel on vit.
15:31 Sauf si vous êtes en capacité d'y réfléchir,
15:33 vous devez réfléchir pour vivre correctement,
15:36 pour avoir une santé la plus optimale possible.
15:39 Avant, c'était pas la condition de l'espèce humaine.
15:42 Elle devait se battre pour survivre, manger, se reproduire.
15:45 Ca fait un peu que c'est pas comme ça.
15:48 Mais là, on est arrivé dans un cerveau surstimulé.
15:51 Si jamais il ne fait pas attention à ce qu'il fait,
15:54 il va tomber dans toutes les dérives de la santé de demain,
15:57 c'est-à-dire l'obésité, les maladies mentales,
16:00 les addictions, les problèmes liés à l'environnement.
16:03 Tout ça est lié au monde extérieur
16:06 et on n'est plus adapté.
16:07 -C'est pour se protéger ?
16:09 On voit que les addictions sont partout.
16:11 Le téléphone, c'est en permanence.
16:13 L'obésité, c'est une forme d'addiction.
16:16 -Sur l'obésité, vous saviez qu'avant les années 90,
16:19 ça n'existait pas en France.
16:21 L'obésité, c'est une maladie moderne.
16:23 C'est arrivé dans les années 80 aux Etats-Unis
16:26 et dans les années 90 en France.
16:28 Aujourd'hui, c'est un Américain sur deux
16:31 et un Français sur six qui est obèse.
16:33 C'est une fabrication du monde moderne.
16:35 Aujourd'hui, sauf si vous faites attention à ce que vous mangez,
16:39 c'est-à-dire que vous devez intérioriser ça,
16:42 vous devenez obèse.
16:43 Ca touche les populations les plus précaires
16:46 car elles n'ont pas l'espace mental pour s'occuper de ce qu'elles mangent.
16:50 Si vous preniez quelqu'un qui était des années 1950
16:53 et vous le mettiez en 2023,
16:55 il deviendrait en six mois, un an, obèse,
16:58 probablement extrêmement anxieux,
17:00 dépendant à des substances et de conduites
17:03 car il n'aurait pas la moindre éducation
17:05 pour faire attention à ces sollicitations du monde extérieur
17:09 qui vont détériorer sa santé.
17:11 Le paradoxe, c'est qu'on vit très longtemps.
17:13 Il y a même des maladies du vieillissement qui émergent.
17:17 Le cancer et les maladies type Alzheimer,
17:19 ce sont des maladies du vieillissement
17:22 et elles ont émergé car les gens ont les prolongés.
17:25 Toutes les autres maladies sont liées à nos modes de vie.
17:28 -J'ai beaucoup aimé votre lien chapistre
17:31 sur la baisse de la fertilité. -Oui, absolument.
17:34 -Vous racontez que quand il y a eu cette fameuse panne de courant
17:37 à New York, on s'est aperçu que les gens,
17:40 quand ils n'avaient rien d'autre à faire,
17:43 faisaient des enfants et on a vu le baby-boom après.
17:46 On s'attendait à la même chose pour le Covid
17:48 quand il y a eu les confinements.
17:50 On ne sait même plus faire ça.
17:52 -Oui, il y a ça et une baisse de la natalité
17:55 qui est extrêmement inquiétante.
17:57 -C'est inquiet, mais nous aussi en Occident.
18:00 Pour vous donner un chiffre,
18:02 à partir de 30 ans, votre fertilité baisse.
18:04 À 30 ans, un couple sur trois essaie d'avoir un bébé
18:07 qui va aller en consultation d'infertilité.
18:10 Aux Etats-Unis, les couples commencent à réfléchir
18:13 à faire un bébé à 34 ans.
18:15 C'est-à-dire déjà 4 ans après la baisse de la fertilité.
18:19 Ça joue sur la fertilité globale
18:21 et ça fait qu'on commence à avoir des modes de vie
18:24 où on n'arrive plus à reproduire l'espèce
18:27 qui a tellement changé nos modes de vie
18:29 qu'il n'est plus compatible avec la reproduction.
18:32 -On ne va pas énumérer les 10 menaces,
18:34 c'est passionnant.
18:36 Ce qui m'intéresse, c'est les solutions.
18:38 Quand ça va trop vite, comment on ralentit ?
18:41 -Ce que j'aime bien dire,
18:42 c'est que la solution n'est pas dans le système de santé.
18:46 On lui demande de prolonger les gens le plus longtemps possible.
18:49 Les gens qui sont nés après 2000 ont 90 ans d'espérance de vie,
18:53 que ce soit les garçons ou les filles.
18:56 -C'est lié à la longévité.
18:57 -Exactement. Le problème, c'est la vie.
19:00 La vie concerne tous ceux qui décident la façon dont vous vivez.
19:03 C'est le monde des technologies de l'information.
19:06 Les réseaux sociaux, Internet, le numérique...
19:09 -On ne va pas pouvoir s'en passer.
19:11 -Il va falloir dompter le numérique
19:13 pour qu'il soit le moins nocif possible pour la santé.
19:17 Les cours en ligne, c'est très mauvais pour les enfants.
19:20 Les réseaux sociaux, chez les jeunes,
19:22 on a vu que quand vous aviez des cours en ligne,
19:25 comme il n'y a aucune émotion transmise
19:27 entre l'enseignant et l'enfant, l'information ne passe pas.
19:31 L'enfant apprend parce qu'il est connecté
19:33 aux émotions de son professeur.
19:35 Il y a beaucoup de choses à percevoir.
19:38 Sinon, on va faire beaucoup de mal avec le numérique.
19:41 Même si on gagne en productivité, on va perdre sur la santé.
19:44 -Je reviens à mon adaptabilité du cerveau.
19:47 Est-ce qu'on est à une phase qu'on va arriver à dépasser
19:50 et on va finalement arriver à s'adapter ou pas ?
19:53 -Je ne sais pas. C'est l'avenir qui nous le dira.
19:56 Pour l'instant, on n'y arrive pas.
19:58 La moitié de la population américaine est obèse.
20:01 L'obésité n'a jamais descendu de...
20:04 La dépression, ça suit le même chemin.
20:06 Le seul moyen de traiter un obèse, c'est de lui couper la moitié.
20:10 C'est pour vous dire à quel point ces fléaux sont présents.
20:13 Aucun pays n'a réussi à faire baisser l'obésité.
20:16 Les pays du Sud sont en train de suivre la trajectoire
20:19 des pays du Nord.
20:21 Pour l'instant, je n'ai pas l'impression
20:23 que c'est l'homme qui va s'adapter.
20:25 Nous devons conscientiser les limites
20:28 pour ne pas détériorer notre santé.
20:30 -Si vous voulez conscientiser et réfléchir sur tous ces sujets,
20:34 je vous conseille de lire ce livre.
20:36 Merci beaucoup, Dr Blachier.
20:38 Merci de nous avoir suivis.
20:39 L'info, c'est sur CNews.