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Les conseils de notre docteur Brigitte Milhau sur les sujets santé qui vous concernent dans #BonjourDrMilhau

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00:00 Bonjour, aujourd'hui dans La Santé expliquée à ma fille,
00:03 je répondrai aux questions de Sacha sur les antibiotiques.
00:05 Ils sont de moins en moins efficaces et nous vous expliquerons pourquoi.
00:09 Puis avec le docteur Martin Blachier, nous reviendrons sur ce discours
00:13 particulièrement anxiogène au sujet de ce que certains appellent des turbopancers.
00:19 Sacha, on s'intéresse aujourd'hui aux antibiotiques,
00:27 je crois que tout le monde sait à peu près ce que c'est.
00:29 Sans savoir réellement comment ça marche.
00:32 Alors c'est vrai, ils ont totalement, mais alors totalement,
00:35 bouleversé la prise en charge des maladies depuis leur apparition.
00:39 Avant on mourait d'une infection dentaire, d'un panary,
00:42 la peste avait décimé la moitié de l'Europe, enfin voilà.
00:46 Et donc ils ont vraiment tout, tout, tout bouleversé.
00:50 Et pourtant, dans les années à venir,
00:52 il semble qu'ils seront de moins en moins efficaces, et ça commence déjà à l'air.
00:56 Alors avant d'expliquer pourquoi ils vont devenir de moins en moins efficaces avec le temps,
01:01 est-ce que tu peux revenir à ce qu'est un antibiotique,
01:04 comment ça fonctionne, à quoi ça sert, nous faire un rappel sur les antibiotiques ?
01:09 Alors pour comprendre les antibiotiques, il faut déjà revenir sur ce que sont les microbes.
01:14 Je te rassure, on ne va pas faire la liste de tous les microbes, de tous les agents pathogènes.
01:19 On va voir surtout la différence entre ce qu'on appelle les virus et les bactéries.
01:23 Alors là, ce n'est pas à l'échelle, parce qu'un virus, en fait, c'est tout petit, petit, petit.
01:28 Et là, c'est une bactérie, tu vois.
01:29 - Non, ce n'est pas à l'échelle.
01:30 - Oui, ce n'est pas à l'échelle. En fait, il est beaucoup plus petit, mais ça ne fait rien, c'est très joli.
01:35 - Donc c'est quoi les différences entre les virus et les bactéries ?
01:38 - En fait, un virus, c'est assez rudimentaire.
01:41 C'est-à-dire qu'en fait, il n'a pas tout le matériel nécessaire pour être autonome.
01:45 Donc qu'est-ce qu'il va faire, le virus ? Il va pénétrer dans vos cellules.
01:48 Et donc un virus ne peut pas vivre à l'extérieur de vos cellules.
01:52 Un virus, c'est un squatteur qui va venir dans vos cellules,
01:55 qui va détourner tout le matériel énergétique de votre cellule.
01:59 Et voilà. Et c'est ce qui explique que c'est très difficile de trouver des traitements antiviraux.
02:06 On a bien vu pour le Covid.
02:07 - Parce qu'ils sont cachés dans les cellules.
02:09 - Voilà, parce qu'ils sont cachés dans les cellules.
02:10 Donc si tu veux détruire le virus, tu dois détruire ta cellule saine.
02:14 Donc tu vois, c'est assez compliqué.
02:16 En revanche, les bactéries, elles, elles sont autonomes.
02:21 Elles ont tout le matériel suffisant pour pouvoir faire leur vie toute seule,
02:25 tranquille, en dehors de nos cellules.
02:28 Et donc sont arrivées...
02:29 - On peut les éliminer grâce aux antibiotiques.
02:32 - Voilà, sans détruire nos propres cellules.
02:33 Tu vois, la différence, elle est là.
02:36 Et après, alors les antibiotiques, quand ils sont arrivés,
02:39 au début, il y avait une grande famille qu'on appelle les pénicillines.
02:42 Et puis, comme les bactéries sont très, très malignes, qu'est-ce qu'elles ont fait ?
02:47 Elles ont commencé déjà à s'adapter à cette famille d'antibiotiques.
02:50 Il a fallu trouver d'autres familles, puis d'autres familles,
02:53 parce qu'elles deviennent résistantes.
02:55 C'est un petit peu ce qu'on avait vu avec les variants pour les virus.
02:59 À chaque fois, ils s'adaptent.
03:00 Voilà, ils trouvent des combines.
03:01 Eh bien, les bactéries aussi, quand on les embête, elles s'adaptent,
03:04 elles trouvent des combines et elles font autre chose.
03:07 Ce sont des êtres vivants qui sont malins et ils n'ont qu'une obsession, c'est de survivre.
03:12 Donc quand on essaye de les tuer,
03:14 ils essayent, eux, de s'adapter et de trouver un stratagème pour survivre.
03:17 OK, mais là, on parle de virus et de bactéries,
03:20 mais concrètement, en termes de maladies, c'est quoi ?
03:22 Qu'est-ce qu'ils sont, des maladies virales ?
03:24 Et qu'est-ce qu'ils sont, des maladies bactériennes ?
03:27 Alors, on va dire que...
03:28 Du coup, qu'est-ce qu'on peut traiter avec des antibiotiques ou non ?
03:31 Voilà, tu as raison de le préciser.
03:33 Parce qu'en fait, le résultat de tout ça,
03:36 c'est que les antibiotiques ne sont absolument pas actifs sur les virus.
03:43 Donc, les maladies virales, on va commencer par les plus simples.
03:47 Vous savez tous qu'un rhume, c'est viral.
03:49 Non, on ne sait pas.
03:52 Qu'une grippe, c'est viral.
03:54 Les gastroentérites, la plupart du temps, elles sont virales.
03:57 Donc, il y a des choses qui sont assez évidentes, qu'on connaît.
04:00 Sur ça, les antibiotiques ne fonctionnent pas ?
04:02 Non, ça ne sert à rien.
04:03 En revanche, on sait qu'une infection urinaire, c'est souvent bacté...
04:08 La plupart du temps, c'est bactérien.
04:10 Donc là, on peut mettre des antibiotiques, une tuberculose, évidemment,
04:13 une maladie de Lyme, on sait que c'est une bactérie qui la donne.
04:16 On va donner des antibiotiques.
04:17 Tu vois, il y a des tuberculoses, on sait aussi.
04:20 Donc, il y a des choses évidentes.
04:22 Il y a des choses un peu moins évidentes.
04:24 Par exemple, tu sais, une angine, elle peut aussi être virale ou être bactérienne.
04:29 Donc là, on va faire un petit test avec un petit écouvillon.
04:32 Et comme ça, on a les résultats en quelques minutes.
04:34 Et on sait si c'est bactérien ou viral.
04:36 Mais sinon, on ne donne pas d'antibiotiques.
04:38 Et alors, justement, si on donne quand même des antibiotiques pour une maladie qui est virale,
04:44 ça ne va pas fonctionner, d'accord ?
04:45 Mais est-ce que c'est dangereux ou pas ?
04:47 Eh bien, oui.
04:48 C'est dangereux à plusieurs titres.
04:50 Déjà, je ne sais pas si tu es au courant,
04:53 mais tu es un tas de bactéries, en fait.
04:56 Nous sommes des êtres plus bactériens qu'humains.
05:02 On a plus de cellules de bactéries sur nous, en nous et sur nous...
05:06 - C'est pas que des mauvaises bactéries. - Non, des bactéries qui sont là pour te défendre, justement.
05:11 Ce qu'on appelle le microbiote, maintenant, tout le monde connaît,
05:13 ce sont ces milliards de bactéries qui sont dans les intestins.
05:16 Donc ça, c'est le microbiote, tout le monde sait.
05:18 Et c'est pareil, c'est pour nous protéger, pour nous défendre.
05:20 On appelle ça des bactéries.
05:22 Ça profite, en un seul mot, ça veut dire "sympa", quoi.
05:27 - Qui sont là pour nous défendre. - Des gentilles bactéries, ok.
05:29 Mais on a des milliers de bactéries aussi sur la peau, pareil, pour nous protéger.
05:33 Donc ça, ce sont les bactéries...
05:36 - Les bonnes bactéries. - Bonnes bactéries, voilà.
05:38 On va simplifier, on les a appelées comme ça.
05:40 Donc quand tu donnes des antibiotiques, ça va quand même perturber,
05:44 notamment toute la flore intestinale, mais aussi la flore vaginale,
05:48 parce qu'on a aussi des bactéries dans l'appareil génital.
05:50 Donc ça va les perturber, ça peut entraîner des troubles digestifs, par exemple,
05:55 voire, quand ça déséquilibre la flore vaginale, des champignons, enfin tu vois.
05:59 Donc ça entraîne tout ça, mais surtout, ça va créer aussi des résistances
06:03 sur certaines familles de bactéries.
06:06 Donc déjà, tu as raison, quand on donne des antibiotiques...
06:10 - Ça peut être dangereux, des antibiotiques alors qu'il ne faut pas en donner.
06:11 - Alors qu'il ne faut pas en donner, c'est déjà très mauvais.
06:13 - Et quand tu nous as dit que l'efficacité des antibiotiques...
06:16 - Et en plus, ça ne marche pas pour la maladie.
06:17 - Oui, en plus, ça ne sert à rien.
06:19 Tu nous as dit que l'efficacité des antibiotiques
06:21 allait être de moins en moins bonne avec le temps.
06:23 Est-ce que c'est dû à ça ou est-ce qu'il y a d'autres raisons ?
06:26 - Alors, il y a plusieurs raisons.
06:27 Pareil, on ne va pas toutes les énumérer.
06:29 Il y a le fait, par exemple...
06:30 - Donc déjà, le fait d'en donner alors qu'il ne faut pas en donner, c'est une raison.
06:33 - Une raison.
06:34 Ensuite, le fait...
06:35 Tu prends un traitement, par exemple.
06:37 Tu es malade, ton médecin te donne un traitement antibiotique.
06:41 Et puis, au bout de 48 heures, hop, ça va mieux, plus de symptômes,
06:46 plus de gambillons, plus de douleurs, plus de machins.
06:48 Tu te dis...
06:50 Comme souvent, surtout chez les 18-24 ans,
06:54 ce qui n'est pas ton cas...
06:55 - Ça arrête ton traitement.
06:56 - Voilà, j'arrête mon traitement.
06:58 Et c'est surtout ce qu'il ne faut pas faire.
07:01 Parce que quand tu commences à prendre le traitement,
07:04 effectivement, ça va détruire quelques bactéries.
07:07 - Mais si on n'a plus de symptômes et qu'on va mieux ?
07:09 - Oui, mais ça ne va pas toutes les détruire.
07:12 S'il y a une durée de prescription,
07:15 c'est parce qu'il faut un certain temps
07:16 pour arriver à détruire la totalité des bactéries pathogènes
07:20 qui donnent la maladie de cette famille de bactéries.
07:23 Donc, ils vont en rester qui ?
07:25 Les plus robustes, les plus costauds.
07:27 Et comme je te disais tout à l'heure,
07:29 ce sont des êtres vivants qui veulent s'adapter.
07:32 Donc, quand ils voient qu'on a essayé de les détruire avec un produit,
07:35 il y a plusieurs ruses.
07:36 Parfois, c'est un truc chromosome qui se passe.
07:40 Parfois, c'est simplement...
07:41 Ils vont se transformer.
07:42 Ils vont faire comme une espèce d'imperméable autour d'eux...
07:45 D'elles, pardon.
07:46 Tu vois, qui va empêcher après les antibiotiques d'y arriver.
07:49 Il y a plusieurs stratagèmes comme ça qui sont mis en place
07:52 et qui font qu'après, elles seront résistantes au traitement.
07:56 Donc, il ne faut jamais, jamais arrêter le traitement,
07:59 même si vous allez mieux.
08:01 Si votre médecin vous a prescrit 5 jours,
08:03 vous le continuez 5 jours.
08:04 Si vous avez prescrit 3 semaines,
08:06 vous le continuez 3 semaines.
08:08 Ça dépend des infections.
08:09 Parfois, c'est plusieurs mois même.
08:11 Donc, il faut vraiment respecter la durée.
08:13 Après, il y a d'autres raisons.
08:15 On donne aussi beaucoup d'antibiotiques dans le monde animal,
08:18 tu sais, pour les faire grossir, pour plein de choses, etc.
08:21 Et nous, on mange de la viande ou autre.
08:24 Donc, on ingère aussi des quantités d'antibiotiques.
08:27 Donc, tout ça, ça crée des résistances.
08:29 Mais c'est dangereux, les résistances ?
08:31 Alors, c'est dangereux pour plusieurs raisons.
08:34 D'abord, parce que ça ne marche pas.
08:36 Mais surtout, vu maintenant le nombre d'antibiotiques qu'on a pris
08:40 et le nombre de résistances qu'on a créées, qu'on a acquises,
08:45 voilà, on ne peut plus soigner certaines maladies,
08:48 à tel point que l'Organisation des Nations Unies
08:52 prévoit que d'ici 2050, donc ce n'est pas dans 100 000 ans,
08:57 d'ici 2050, on devrait avoir 10 millions de décès
09:02 dans le monde chaque année.
09:03 Mais pourquoi ? Parce qu'on ne va plus pouvoir traiter
09:06 certaines maladies, en fait.
09:08 Voilà, on va finalement revenir pratiquement comme avant
09:11 l'arrivée des antibiotiques, c'est-à-dire qu'il y a certaines maladies
09:14 qu'on ne pourra plus guérir, qu'on ne pourra plus soigner.
09:17 Enfin, tu vois, donc d'où l'importance de vraiment respecter...
09:21 Les choses sont assez simples.
09:22 Alors justement, comment on peut faire pour éviter d'en arriver là ?
09:26 Est-ce qu'on peut encore agir sur ça ou pas ?
09:28 Alors déjà, surtout, ce qu'il faut faire, c'est attendre
09:31 le diagnostic de son médecin.
09:32 Ça, c'est hyper important.
09:34 Ne pas se prendre les médicaments.
09:37 Voilà, pas d'automédication.
09:38 Et puis, ce n'est pas parce que le médicament, il a bien marché
09:42 chez Tante Alice, qu'il va bien marcher sur le petit, etc.
09:46 Donc surtout, on ne garde pas les médicaments,
09:48 on les rapporte après aux pharmaciens.
09:50 On ne fait pas d'automédication avec les antibiotiques.
09:54 Ensuite, il faut respecter les doses.
09:56 On ne va pas donner la même dose, justement, au petit
09:58 que celle qu'on donnait à Tante Alice.
10:01 Respecter la durée, on vient de l'expliquer,
10:03 c'est très important de prendre la durée
10:07 et ne pas pratiquer d'automédication, c'est ce qu'on vient de dire.
10:10 Mais après, pour éviter tout ça, on peut agir sur deux piliers.
10:14 Piliers préventifs, c'est-à-dire éviter, ça c'est facile à dire,
10:19 avec l'hygiène, le lavage des mains, pour éviter d'être malade,
10:22 la vaccination, etc.
10:25 Et puis après, les règles qu'on vient de dire,
10:27 et puis ça, c'est important.
10:30 En fait, c'est dû à un mésusage des antibiotiques.
10:32 - Soit en prendre trop, soit mal les prendre.
10:35 - Ce n'est pas dû aux antibiotiques eux-mêmes.
10:36 Eux, ils sont très efficaces.
10:38 Mais ils ont été victimes de leur succès, si tu veux,
10:42 et on les donne trop.
10:43 Et bien souvent, même le médecin ne veut pas les donner,
10:45 mais c'est le patient qui dit "oh si, là, ça ne va pas",
10:48 "mets-moi un antibiotique, s'il vous plaît docteur", etc.
10:51 Donc tout ça, il faut que ça change.
10:53 Les antibiotiques, ce n'est pas automatique.
10:56 Vous savez bien marcher ce slogan.
10:57 - Et si demain, les antibiotiques ne fonctionnaient plus
11:00 ou étaient moins efficaces,
11:02 est-ce qu'il y a des alternatives possibles,
11:04 d'autres traitements qu'on peut prendre à la place des antibiotiques
11:06 pour soigner les maladies, éviter qu'on en arrive à ça ?
11:09 - Alors justement, devant ces prévisions de l'ONU notamment,
11:15 il y a plein de chercheurs qui travaillent à trouver d'autres pistes, etc.
11:19 Là, je vous en ai mis trois, mais il y en a d'autres.
11:22 Mais trois pistes très intéressantes.
11:24 Ce qu'on appelle la phagothérapie.
11:25 Des phages, ce sont des virus qui sont absolument...
11:29 qui existent depuis des millions d'années, des milliers d'années,
11:31 qui sont absolument partout, dans l'eau, dans la terre, etc.
11:35 Je te signale quand même qu'à chaque fois que,
11:36 si par hasard tu bois la tasse en te baignant,
11:40 tu vas avaler 50 millions de phages, sans le savoir.
11:43 Tu vois, ces virus sont partout.
11:44 Et là, en fait, ces virus sont capables de détruire des bactéries.
11:50 On les appelle des bactériophages.
11:52 Phage, ça veut dire manger.
11:53 Donc, ils sont capables de détruire une bactérie.
11:56 Tu vois, ça ressemble à ça, un phage.
11:59 Et tu vois, il est sur des bactéries.
12:01 Tu vois les petites bactéries comme ça, là qu'on voit ?
12:03 Il est sur une bactérie et il est capable de la détruire.
12:06 Donc, tu vois, on les a représentées aussi comme ça.
12:09 Il arrête sur la bactérie et il arrive à la tuer.
12:12 Donc, il y a déjà, dans certains pays, on les utilise régulièrement.
12:17 En France, c'est plus limité.
12:19 On fait attention.
12:20 Ce qu'il faut, c'est trouver le bon phage pour la bonne bactérie
12:24 et bien purifier, évidemment.
12:26 Donc, ça, c'est une piste.
12:27 Après, il y a ce qu'on appelle les éligo, tu vois, éligo, biotiques.
12:31 Alors là, c'est différent.
12:32 Éligo, ça veut dire choisir, éligible.
12:35 Voilà, donc ça vient du mot choisir.
12:38 En fait, tu as compris que les antibiotiques, c'est un peu une arme...
12:45 Ça agit un peu sur tout.
12:46 Ça va détruire plein de bactéries, de notre microbiote, etc.
12:49 C'est une arme de destruction massive, si tu veux.
12:51 Et là, ce seraient plutôt des snipers, tu vois,
12:53 qui arrivent directement sur la bonne bactérie sans détruire tout le reste,
12:58 tout le microbiote autour, tout le reste, etc.
13:01 Plutôt en usage local.
13:02 Ensuite, grâce à l'intelligence artificielle,
13:06 on est arrivé à analyser comme ça des millions et des millions de molécules.
13:10 Et puis, on a trouvé par exemple une qui s'appelle
13:12 alicine, H-A-L-I-C-I-N-E, bref,
13:16 qui arrive à fragiliser la membrane de la bactérie
13:19 et à faire qu'elle ne peut plus garder son énergie.
13:21 Et donc, elle finit par mourir.
13:23 Donc, c'est un antibiotique super puissant.
13:25 Donc, toutes ces pistes sont à l'essai, bien sûr.
13:28 Mais tu vois, ce que je veux dire, c'est qu'on travaille justement
13:31 pour prévenir cette antibioresistance.
13:33 Il vaut mieux déjà prendre bien ses antibiotiques.
13:35 Exactement.
13:36 Tant qu'on peut.
13:37 C'est vraiment ça le plus important.
13:38 C'est vraiment les antibiotiques formidables,
13:42 mais pour préserver leur efficacité.
13:44 Pas de mésusages, mais du bon usage des antibiotiques.
13:47 Docteur Martin Blachier, bienvenue.
13:55 Je rappelle que vous êtes médecin de santé publique, épidémiologiste.
13:58 Et aujourd'hui, on va revenir sur un sujet
14:01 qui agite un petit peu les esprits en ce moment,
14:04 que je trouve très anxiogène d'ailleurs,
14:07 sur soi-disant l'existence de nouveaux cancers
14:11 que l'on appellerait des "turbo-cancers"
14:14 et qui seraient liés, je mets tout au conditionnel,
14:17 qui seraient liés à la vaccination contre le Covid.
14:23 Pouvez-vous nous en dire plus, déjà ?
14:24 Est-ce qu'il y a plus de cancers après la vaccination ?
14:27 Absolument. La première chose qu'il faut regarder,
14:29 quand on lit ces éléments, effectivement,
14:33 et qui sont assez intrigants, c'est de savoir si, effectivement,
14:36 on a eu une explosion des cancers après les années
14:39 où on a vacciné massivement les populations
14:41 dans tous les pays du monde à peu près,
14:43 c'est-à-dire à partir de 2021-2022.
14:45 On se rappelle que la campagne de vaccination s'est étalée
14:47 sur les six premiers mois de 2021,
14:49 qu'ensuite il y a eu tous les rappels en 2022 notamment.
14:52 Et donc, on a été regarder les données,
14:53 non seulement les données françaises,
14:55 mais également les données américaines,
14:57 parce que les Américains ont des très bonnes données
14:59 et des données qui sont très à jour.
15:00 Donc là, j'ai repris effectivement les données américaines
15:03 sur les cancers chez les hommes et chez les femmes.
15:06 La première chose qu'on voit et qui est assez intéressante,
15:08 c'est que, de toute façon, on a une augmentation
15:10 des cancers année après année,
15:11 essentiellement parce que les populations vieillissent.
15:13 Donc, rappelons que c'était bien avant la vaccination.
15:16 Donc, effectivement, année après année,
15:18 on a de plus en plus de diagnostics de cancers
15:20 pour un vieillissement de la population,
15:21 également de plus en plus de dépistages.
15:24 Les cancers qui sont diagnostiqués de plus en plus tôt,
15:26 tout ça fait qu'on a de plus en plus de cancers diagnostiqués,
15:29 pas forcément de gens qui meurent du cancer,
15:31 mais de cancers diagnostiqués.
15:32 Ensuite, si on regarde effectivement entre 2020 et 2021...
15:36 Là, on a l'impression qu'il y a...
15:38 En orange, ce sont les femmes et en bleu, ce sont les hommes.
15:41 On voit que chez les femmes, on a une tendance qui est plus tôt,
15:43 qui se calme en 2020-2022.
15:45 Mais par contre, effectivement, on voit que chez les hommes,
15:47 on a un peu une marche comme ça entre 2020 et 2021.
15:51 Donc ensuite, ce qu'on a fait, c'est qu'on a été regarder
15:53 cancer par cancer, parce que vous savez qu'on parle de tous les cancers.
15:56 Mais en fait, chaque cancer est une maladie différente.
15:58 En fait, l'augmentation des cancers, des diagnostics du cancer
16:01 chez les hommes entre 2020, 2021 et 2022
16:04 est uniquement expliqué par un seul cancer,
16:06 qui est le cancer de la prostate
16:08 chez les hommes relativement âgés de plus de 65 ans.
16:11 Et donc, qu'est-ce qui se passe, en fait ?
16:13 Ce qui se passe, c'est que sur l'année 2020,
16:15 on a eu un sous-dépistage du cancer de la prostate.
16:17 Vous savez que le cancer de la prostate,
16:18 c'est un cancer qui se diagnostique en dosant le PSA.
16:21 - Oui, c'est quelque chose... - Voilà, on fait plus de sang.
16:24 Si le taux est élevé, on va regarder effectivement s'il y a un cancer.
16:27 Ça, les gens ne l'ont pas fait dans les années 2020,
16:28 parce que les systèmes de santé étaient complètement embolisés.
16:31 Ce qui veut dire quoi ?
16:32 Ce qui veut dire qu'après, il y a eu un rattrapage des dépistages.
16:35 Et en 2020-2021, on a eu plus de cancers de la prostate
16:39 qui ont été dépistés et donc diagnostiqués.
16:41 Ça, c'était la première conséquence.
16:42 Après, je vous arrête.
16:43 C'est vrai que si on s'en tenait uniquement à ce graphe,
16:48 on peut se dire...
16:49 - Absolument. - Donc, il faut vraiment aller dans le détail
16:51 et comprendre que c'est lié essentiellement au cancer de la prostate
16:55 et lié à un retard de diagnostic, donc ça rattrapage.
16:59 Exactement, exactement.
17:00 Et l'autre élément qui est très intéressant,
17:02 c'est que comme il y a eu un retard au dépistage de ces gens
17:05 qui avaient des tout petits cancers de la prostate débutants,
17:07 comme ils ont attendu un an, un an et demi avant de se faire dépister,
17:10 le jour où ils se sont fait dépister en 2020-2021,
17:13 c'était des cancers qui étaient un petit peu plus évolués.
17:15 Ça veut dire quoi ?
17:16 Ça veut dire que les gens dans leur entourage, en 2020,
17:18 il y a eu un sous-dépistage.
17:20 Ils ont vu beaucoup moins de gens avec des cancers.
17:22 Et puis en 2021-2022, il y a eu un rattrapage de dépistage
17:25 et de diagnostic.
17:26 Ça veut dire qu'ils ont eu cette impression
17:27 qu'il y avait plus de diagnostics de cancer.
17:29 Et en plus, effectivement, que les cancers étaient plus rapides
17:31 parce qu'ils étaient diagnostiqués à des stades plus évolués.
17:34 Donc, vous voyez, c'est une illusion, j'ai envie de dire quasiment d'optique
17:38 due à un sous-diagnostic en 2020 à cause de la pandémie,
17:41 puis ensuite d'un rattrapage en 2021-2022
17:44 qui ont donné l'impression aux gens que...
17:46 Donc c'est une illusion, en fait.
17:48 Donc, c'est une illusion qui est tout à fait explicable,
17:51 mais qui peut expliquer les gens qui vous disent
17:53 "mais moi, j'ai l'impression qu'autour de moi,
17:55 j'ai plein de diagnostics de cancer".
17:57 Alors, elles ne disent pas que pour la prostate.
17:59 Déjà, c'est un phénomène qui pourrait être aussi vrai
18:03 dans d'autres localisations, même si les chiffres que je vous ai montrés
18:05 sont expliqués aux États-Unis par la prostate.
18:08 Et on a été regarder les données françaises également.
18:10 Et vous voyez ce phénomène...
18:12 - Alors, donc là, on part de 2018. - On part de 2018.
18:14 - Et pour trois cancers partis. - J'ai pris les grands cancers.
18:16 J'ai pris le cancer du sein, qui est le cancer le plus fréquent chez la femme,
18:19 le cancer du poumon, qui est considéré comme le cancer le plus mortel,
18:21 et le cancer du foie, qui est un cancer où on entend dire
18:30 qu'il y aurait quelque chose de particulier.
18:32 Alors, prenons ce dernier, le cancer du foie, il n'y a strictement rien.
18:34 C'est-à-dire qu'on a une stricte constance du nombre de diagnostics.
18:36 Ça aurait même plutôt tendance à baisser par rapport à 2018.
18:40 Donc, ça déjà, fausse information qu'on a pu lire.
18:42 Et ensuite, sur les deux autres cancers, on voit effectivement qu'en 2020,
18:46 on a eu un nombre de diagnostics qui a baissé par rapport à 2019,
18:49 alors qu'on est plutôt sur des tendances légèrement haussières normalement,
18:51 et qu'en 2021 et 2022, on a eu un espèce de rattrapage.
18:55 Et si on fait la moyenne entre 2020 et 2021, par exemple,
18:58 on arrive à peu près à l'année 2019.
19:00 - On est comme en 2018, en 2022. - Et on revient effectivement en 2022,
19:04 sur 2018, 2019.
19:05 Donc, ça vous montre bien que c'est vraiment un phénomène de défaut de diagnostic
19:08 et de rattrapage sur l'année 2021, avec probablement des gens
19:12 qui avaient des cancers un petit peu plus évolués,
19:14 qui a donné probablement un certain nombre de gens cette impression.
19:17 Ils avaient plus de diagnostics en 2021, avec des cancers un petit peu plus rapides.
19:21 C'est pour ça qu'on avait besoin, réellement besoin de votre éclairage.
19:24 Parce qu'on voit en ce moment ce discours tellement anxiogène.
19:28 Les gens ont l'impression qu'ils vont avoir un cancer.
19:30 Ils sont terrorisés.
19:31 En plus, on sait que le stress est très mauvais de toute façon pour notre immunité.
19:34 Enfin, je veux dire, je trouve ça fou d'arriver, de parler de ces turbo-cancers.
19:38 Est-ce que ça existe, un turbo-cancer ?
19:40 Alors après, dans le mécanisme, ça n'a jamais été décrit.
19:43 C'est-à-dire que c'est quelque chose qui n'existe pas.
19:45 Les cancers ont leur évolution.
19:46 Un cancer s'évolue sur de très longues années.
19:48 Vous savez, en général, c'est entre 10 et 20 ans.
19:50 Donc, entre les premières cellules et le diagnostic du cancer,
19:53 vous avez entre 10 et 20 ans.
19:54 Donc, c'est évident que ce phénomène ne peut pas s'accélérer comme ça avait été décrit.
19:58 Et ce phénomène de turbo-cancer n'existe pas, n'a jamais été observé,
20:01 ni dans le tube, ni dans la vraie vie, ni dans les études cliniques.
20:03 C'est ce que disent les cancérologues, d'ailleurs,
20:05 dans une tribune qu'ils ont récemment publiée.
20:07 Donc, ça n'existe pas sur le plan du mécanisme cellulaire.
20:10 Et ça n'existe pas quand on regarde précisément les données.
20:13 Même si on peut avoir cette illusion, à la fois dans la vraie vie
20:16 et sur les graphiques que je vous ai montrés.
20:17 Donc, attention, parfois la science et l'épidémiologie, c'est compliqué.
20:20 Il faut bien regarder les choses.
20:22 Sinon, on peut vite se laisser embarquer dans des théories un petit peu fumeuses,
20:25 comme quoi l'immunité provoquée par un vaccin, qui a lieu avec tous les vaccins.
20:29 Je veux dire, l'immunité est stimulée par tous les vaccins,
20:31 mais absolument pas liée au fait que...
20:33 Oui, parce que parmi les arguments, il y a le fait, justement,
20:37 d'avoir stimulé l'immunité, etc.
20:39 Alors que ça, ça arrive avec tous les vaccins.
20:41 Mais même plein d'autres choses stimulent l'immunité.
20:43 Et on n'a jamais parlé de ce phénomène.
20:45 Donc, illusion d'optique qui peut s'expliquer.
20:47 Donc, il ne faut pas dire aux gens qui disent n'importe quoi.
20:49 Ils ont une impression qui est réelle, mais qui peut s'expliquer
20:52 par quelque chose de bien rationnel et pas du tout par ce phénomène de turbo-cancer.
20:55 Merci beaucoup pour cette mise au point, ce qui, je l'espère, va rassurer les gens.
20:59 Donc, ce n'est qu'une illusion.
21:01 C'est une illusion.
21:01 Et c'est totalement faux.
21:02 Merci beaucoup, docteur Blachier.
21:04 Merci à vous de nous avoir suivis et restés dans notre compagnie.
21:07 L'info, c'est sur CNews.
21:08 !