Les conseils de notre docteur Brigitte Milhau sur les sujets santé qui vous concernent dans #BonjourDrMilhau
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00:00 Bonjour, aujourd'hui dans La Santé Expliquée à ma fille,
00:03 je répondrai aux questions de Sacha sur les effets du baiser sur notre santé.
00:07 Puis avec le docteur Martin Blachier, nous ferons le point sur les nombreux préjugés
00:12 autour du TDA, trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité.
00:18 Alors Sacha, aujourd'hui on s'intéresse au baiser,
00:27 pas juste à la petite bise au smack, mais au baiser amoureux, au french kiss.
00:32 Alors tu sais qu'il y a une science qui étudie le baiser, c'est la philomatologie.
00:38 Pourquoi on parle du baiser dans une émission de santé ?
00:43 Est-ce que ça veut dire que le baiser a vraiment une incidence sur notre santé ? Et si oui, comment ?
00:49 Beaucoup plus qu'on l'imagine avec des effets qui sont assez incroyables,
00:54 des effets bénéfiques, même si parfois ils nous réservent de mauvaises surprises, mais on va y revenir.
00:59 Alors en quoi ça a des effets bénéfiques sur notre santé ?
01:02 Ça a des effets bénéfiques sur notre santé morale, sur notre santé physique, tu vas voir.
01:06 Physique justement, on va commencer par là.
01:09 Est-ce que tu sais que quand tu embrasses quelqu'un,
01:13 ce sont à peu près 29 muscles du visage qui entrent en jeu pour un baiser ?
01:18 29 muscles, tu vois, tous ces muscles-là.
01:20 Ça dépend comment tu embrasses.
01:22 Tu as raison, ça dépend comment tu embrasses.
01:24 Un baiser statique, sans trop bouger, c'est 29 muscles du visage,
01:28 en sachant que dans la langue, il y a 17 muscles, donc ça compte pas mal.
01:33 Mais le plus important, c'est celui qui est autour des lèvres, qu'on appelle l'orbiculaire.
01:37 Ça, ce sont les muscles du visage.
01:39 Ça, ce sont tous les muscles du visage.
01:40 C'est vrai que quand tu regardes comme ça, c'est un peu moins joli, moins glamour.
01:44 Et quand tu fais un baiser un peu plus fougueux,
01:47 il y a jusqu'à 140 muscles de la posture, etc., des mouvements.
01:52 Donc tu vois...
01:53 Et en quoi c'est bon pour la santé ?
01:54 C'est bon pour la peau.
01:55 Dès que tu fais travailler tes muscles, de toute façon, c'est bon.
01:57 Mais oui, c'est bon pour la peau, c'est bon pour les muscles.
02:00 Il y a même des chercheurs qui sont allés jusqu'à dire,
02:03 ils ont étudié ça, qu'un baiser d'une minute faisait perdre de 5 à 25 kilocalories.
02:11 Tu vois qu'ils sont brûlés.
02:13 Un baiser d'une minute.
02:14 L'American Academy, tu vois, a étudié ça.
02:18 Il y a des gens quand même qui ont des boulots.
02:20 Voilà.
02:21 Donc on le voit, ça fait bouger beaucoup de choses.
02:23 Ça, c'est physique.
02:24 Ça, c'est physique.
02:25 Alors, il y a quoi comme autres bienfaits au baiser ?
02:27 Il y en a plein d'autres.
02:28 Tu sais que nous avons plusieurs microbiotes.
02:31 Les microbiotes, ce sont ces milliers de bactéries qui colonisent nos intestins, par exemple,
02:36 et qui sont là pour nous protéger.
02:38 Donc il y a le microbiote intestinal.
02:40 Il y a aussi le microbiote cutané sur la peau qui est là aussi pour nous protéger.
02:44 Et puis, nous avons aussi un microbiote buccal.
02:48 Dans ce microbiote buccal, qui est là aussi pour nous protéger...
02:51 Donc toutes les bactéries qu'on a dans la bouche.
02:53 Voilà.
02:54 Il y a plus de 700 familles différentes de bactéries quand même dans la bouche,
02:56 mais qui sont là pour nous protéger.
02:58 Parce qu'en fait, comme la bouche, elle est ouverte vers l'extérieur,
03:00 il faut nous défendre contre les agressions éventuelles de l'extérieur.
03:04 Donc de s'embrasser et d'échanger nos bactéries, ce serait bon pour la santé ?
03:08 Parce qu'en fait, quand tu embrasses quelqu'un,
03:10 il n'a pas le même microbiote que toi.
03:12 On a chacun son microbiote.
03:14 Enfin, on va voir.
03:15 On a chacun son microbiote buccal,
03:17 donc en fait, le fait d'embrasser quelqu'un d'autre,
03:19 il va y avoir un échange de microbiote,
03:22 et donc ça va stimuler notre immunité.
03:25 Ça va stimuler nos défenses immunitaires qui vont se développer,
03:28 puisque dès qu'elles voient quelque chose d'étranger,
03:30 elles essaient de se développer.
03:32 Elles nous protègent.
03:33 Elles comprennent par tiens qui c'est,
03:34 est-ce qu'il est sympa, est-ce qu'il n'est pas sympa.
03:36 Donc ça stimule nos défenses immunitaires.
03:39 Ça diminue les immunoglobulines,
03:42 ce sont des protéines, bref, qui sont là,
03:45 qui sont libérées durant les allergies.
03:47 Donc là, ça va diminuer en plus des protéines de l'allergie.
03:51 Donc tout ça, ça a été mesuré, dosé dans le sang, etc.
03:54 Donc le fait d'être en contact avec les bactéries de quelqu'un d'autre.
03:57 Voilà.
03:58 D'ailleurs, quand je te dis que les chercheurs,
04:00 ils ont de sacrés boulots,
04:02 ils se sont même aversus que le fait de vivre ensemble
04:06 et de s'embrasser régulièrement,
04:08 on finissait par avoir à peu près le même microbiote.
04:12 C'est-à-dire qu'un couple, au départ, deux microbiotes très différents,
04:15 et le fait de vivre ensemble et de s'embrasser régulièrement...
04:19 - Oui, on finit par avoir les mêmes, parce que on se les échange.
04:23 - Ça, c'est au début, voilà,
04:24 où on s'échange des milliers de bactéries, et voilà.
04:26 Mais là, on finit par avoir le même microbiote.
04:31 C'est-à-dire qu'en fait, on garde les bonnes bactéries,
04:34 les plus fortes, les colonies des plus fortes bactéries
04:37 qui sont là pour nous défendre.
04:38 C'est quand même assez incroyable.
04:40 - C'est bon pour la santé buccale, quoi.
04:42 - Ah, c'est aussi bon pour la santé buccale ?
04:44 Donc ça, c'est bon pour nous défendre, tu as raison,
04:46 mais c'est aussi bon pour la santé buccodentaire.
04:49 - OK.
04:50 - Je m'explique.
04:51 Quand tu embrasses, tu salives un petit peu plus.
04:54 La salive, c'est une espèce de truc auto-nettoyant pour la bouche.
04:58 Plus on a de salive...
05:00 C'est pas très romantique, mais c'est comme ça.
05:02 Donc le flux salivaire, ça nettoie aussi.
05:06 Et non seulement ça, mais il y a une protéine
05:08 qu'on appelle la mucine,
05:10 qui est là pour empêcher les bactéries de coller sur les dents.
05:13 Eh bien, en embrassant, on sécrète encore plus de mucine,
05:17 et cette mucine va éviter aussi aux bactéries de se coller,
05:21 donc plaque de tartre, enfin, etc.
05:24 Donc les dentistes sont très favorables au baiser.
05:27 Ça ne remplace pas un brossage dentaire, attention.
05:30 - Si les gens s'embrassent, c'est peut-être pas forcément
05:33 pour avoir une meilleure hygiène buccodentaire.
05:35 - Je te l'accorde.
05:37 - C'est plus pour une question de bien-être, de bonnes sensations.
05:41 Alors est-ce que ça a vraiment un impact sur notre bien-être mental ?
05:46 - Alors, je te le disais, c'est physique, des effets bénéfiques.
05:49 Physique et des effets bénéfiques aussi psychiques,
05:52 parce qu'en fait, on ne se rend pas compte.
05:54 Mais en fait, la bouche, les lèvres, etc.,
05:58 il y a des milliers de récepteurs.
06:01 - Ça produit des vraies sensations.
06:03 - Voilà, des récepteurs à la pression, à la chaleur, aux odeurs, etc.
06:07 Et en fait, dès qu'il y a le contact entre deux personnes,
06:10 deux partenaires, ce contact va envoyer des messages au cerveau,
06:14 comme tu le vois là, tu vois,
06:16 et le cerveau, en fait, il va réagir comment ?
06:18 Il va libérer des neurotransmetteurs.
06:22 Notamment, il va libérer de la dopamine.
06:25 On appelle ça aussi des hormones.
06:27 La dopamine, c'est l'hormone du bien-être,
06:29 c'est l'hormone du bonheur, c'est l'hormone de l'énergie.
06:32 - Donc c'est chimique, il y a vraiment une sensation de bien-être
06:35 qui se libère quand il y a un contact.
06:38 - On le voit et en imagerie et dans les dosages.
06:41 Donc on a une augmentation de la sécrétion de dopamine,
06:45 un cocktail comme ça de neurotransmetteurs
06:47 qui explose dans le cerveau, de la sérotonine,
06:50 comme son nom l'indique, donc l'autre, il te dope un peu,
06:52 il te donne de l'énergie, etc.
06:54 La sérotonine, c'est plutôt le neurotransmetteur
06:56 de l'apaisement, du bien-être, de la plénitude,
06:59 séro comme serein, tu vois.
07:01 Ensuite, on va avoir une libération d'endorphines.
07:04 - C'est quoi ?
07:05 - Les endorphines, ce sont des molécules,
07:07 des neurotransmetteurs qui calment, qui apaisent,
07:10 qui calment les douleurs.
07:12 - Comme un médicament ?
07:13 - Oui, de toute façon, notre cerveau, c'est un véritable labo.
07:16 Ça agit vraiment comme des médicaments.
07:18 - Ça calme vraiment les douleurs ?
07:19 - Oui, ça calme.
07:20 Il y a des études qui ont été faites sur notamment
07:22 des migraineux et on s'est aperçu qu'en fait,
07:25 après, c'est pas juste un petit bisou comme ça,
07:28 qu'après des libérations, des bisous qui durent
07:31 un petit peu plus longtemps, on a une augmentation
07:35 de la sécrétion d'endorphines et on aurait même
07:37 une diminution des douleurs migraineuses
07:40 chez certains migraineux.
07:42 - C'est un bon médicament.
07:44 - Voilà.
07:45 Ensuite, il y a une libération.
07:47 L'ocytocine, c'est une hormone très particulière.
07:50 On l'appelle aussi l'hormone du lien,
07:52 l'hormone de l'attachement ou l'hormone de l'amour.
07:55 C'est celle qui est sécrétée quand la maman,
07:57 par exemple, a accouché.
07:59 C'est celle qui va entraîner l'attachement
08:01 de la mère à l'enfant.
08:03 - C'est-à-dire que le fait de s'embrasser,
08:06 ça libérait aussi cette hormone ?
08:08 - Voilà.
08:09 - Et ça fait s'attacher ?
08:10 - Oui, ça fait s'attacher.
08:11 Et après, c'est un cercle vertueux en plus.
08:13 Tu embrasses, il y a l'hormone, tu t'attaches
08:16 et plus tu t'attaches, plus tu as envie d'embrasser.
08:18 C'est un cercle vertueux.
08:20 Et puis surtout, on a une diminution.
08:22 Tu sais, le cortisol, c'est l'hormone
08:24 qui est libérée lorsqu'il y a un stress.
08:27 Là, on a une diminution, toujours dosée dans le sang,
08:32 une diminution du taux sanguin de cortisol.
08:36 Donc, on a beaucoup moins de stress.
08:38 Et dans cette période de stress terrible que l'on vit,
08:41 ça fait du bien.
08:42 C'est-à-dire qu'en fait, après avoir embrassé quelqu'un,
08:45 on se sent bien, détendu.
08:48 On peut dire que c'est un antidépresseur naturel
08:51 sans effet secondaire en plus, tu vois.
08:54 Donc, c'est pas mal quand même.
08:56 Après, j'ai oublié de te dire dans les échanges,
08:58 tout à l'heure, on a parlé,
08:59 je sais que ce n'était pas très glamour,
09:00 mais des échanges de salive,
09:02 il y a aussi en fait le partenaire masculin
09:05 qui va aussi transférer une hormone
09:08 que l'on appelle de la testostérone,
09:13 l'hormone masculine,
09:15 qui est aussi l'hormone de l'excitation sexuelle.
09:18 Et donc, ça va aussi entraîner chez l'autre
09:21 une excitation sexuelle qui peut s'en suivre.
09:25 Et puis, il y a un truc qui est dingue.
09:27 C'est qu'en fait, dans le baiser,
09:31 notamment dans le premier baiser,
09:34 et surtout chez la femme,
09:36 elle arrive à faire inconsciemment,
09:39 je te rassure, c'est pas conscient,
09:41 inconsciemment comme un test génétique
09:44 pour savoir si son partenaire sera un bon géniteur ou pas.
09:49 C'est-à-dire...
09:50 Tu veux dire dans les réactions qui se passent
09:52 au moment d'un premier baiser,
09:54 le cerveau est renseigné sur...
09:56 Exactement.
09:57 Est-ce que c'est la bonne personne ou pas la bonne personne ?
09:59 Voilà.
10:00 Et savoir si...
10:01 Il faut qu'on soit le plus éloigné possible génétiquement
10:04 parce qu'on sait que quand on est trop proche,
10:06 au niveau immunologique, au niveau gène,
10:08 on risque ce qu'on appelait avant la consanguinité,
10:10 c'est-à-dire que c'est pour ça qu'il ne faut pas se marier
10:12 entre cousins, etc.
10:14 Sinon, on peut avoir des problèmes avec des enfants
10:16 qui ont des problèmes de santé.
10:18 Donc là, l'idée, rien qu'avec le premier baiser,
10:21 c'est ce qu'on appelle le complexe majeur d'histocompatibilité.
10:25 C'est un cas de compatibilité.
10:26 C'est comme un test génétique inconscient.
10:28 Et c'est ce qui expliquerait que 66% des femmes
10:32 rompraient après le premier baiser.
10:35 C'est-à-dire qu'elles sentent que le partenaire
10:37 ne sera pas le bon, ne sera pas un bon géniteur.
10:40 Et donc 66% des femmes rompent après le premier baiser.
10:44 C'est quand même incroyable ce corps humain, non ?
10:46 Tu nous as dit tout à l'heure qu'il pouvait y avoir
10:50 des mauvaises surprises dans l'impact que ça a sur la santé.
10:54 Alors, pourquoi ?
10:55 Parce qu'on a vu que des choses positives.
10:57 Les mauvaises surprises, rien à voir avec les bienfaits
10:59 que ça peut avoir sur la santé.
11:01 Mauvaise surprise, c'est par exemple au niveau de l'allergie.
11:03 Il y a quelques années...
11:04 T'as dit que ça baissait les allergies ?
11:06 Non, mais par exemple, il y a quelques années,
11:08 on s'en est aperçu comme ça.
11:10 Il y avait une personne qui était très allergique à la pomme.
11:12 Elle ne mangeait pas de pomme.
11:13 Elle savait que sinon, elle risquait un choc anaphylactique,
11:15 donc une réaction allergique très grave.
11:17 Elle n'en mangeait pas.
11:18 Un jour, elle fait un choc, elle va aux urgences.
11:20 Elle arrive aux urgences, on lui fait l'adrénaline,
11:23 tout ce qu'il faut faire pour éviter le choc.
11:27 Et là, on l'interroge, on lui dit "Vous êtes allergique ?"
11:30 "Oui, oui, à la pomme, mais je n'ai pas mangé de pomme, etc."
11:32 En fait, elle avait embrassé son partenaire
11:35 qui lui avait mangé de la pomme.
11:37 Ça s'est transmis par la salive.
11:39 Ça avait suffi à déclencher un choc.
11:41 Après, ça est arrivé avec des cacahuètes, avec d'autres choses.
11:43 Donc, sachez quand même, quand vous êtes allergique,
11:45 qu'il faut bien demander à votre partenaire.
11:47 Quand on est très allergique, bien demander au partenaire.
11:49 C'est le seul méfait qu'il peut y avoir.
11:51 Non, après, il y a toutes les maladies.
11:52 Quand tu es malade, tu peux transmettre une maladie virale.
11:55 Oui.
11:56 Oui, il faut le savoir.
11:57 Ou des boutons.
11:58 L'herpès, par exemple.
11:59 L'herpès se transmet énormément par la salive.
12:02 Donc, si le partenaire est à risque de développer de l'herpès,
12:05 on va éviter de l'embrasser.
12:06 Et si on a de l'herpès, on ne va pas embrasser.
12:08 De toute façon, on n'embrasse personne, ni les bébés, ni rien.
12:10 Surtout pas les bébés, ni les femmes enceintes,
12:12 quand on a de l'herpès.
12:13 Et après, il y a la fameuse maladie du baiser.
12:16 C'est la maladie où on dort tout le temps ?
12:19 Ce n'est pas qu'on dort, c'est qu'on est fatigué.
12:21 Ce n'est pas la princesse qui dort et qui se réveille par le baiser.
12:24 Non, non, non.
12:25 C'est la maladie du baiser.
12:26 C'est la mononucléose infectieuse.
12:28 Elle est due à un virus qu'on appelle le virus d'Epstein-Barr.
12:32 Pratiquement tout le monde est immunisé contre ce virus
12:35 parce qu'une fois qu'on attrape la maladie, on est immunisé à vie.
12:38 9 personnes sur 10 sont immunisées et souvent sans le savoir.
12:42 Mais parfois, ça donne de vrais symptômes.
12:45 Et je t'assure que quand tu as une mononucléose infectieuse,
12:47 tu t'en souviens.
12:49 C'est des maux de gorge terribles,
12:51 une grosse angine comme ça avec des amygdales énormes,
12:53 gonflés, des ganglions.
12:55 Des ganglions qui parfois se voient, je t'assure.
12:57 Après, une fièvre importante et surtout une grande fatigue et des douleurs.
13:02 Donc il faut y penser devant ces symptômes.
13:05 On fait un test, on demande un MNI test, mononucléose infectieuse test.
13:09 On sait tout de suite.
13:10 Le problème, c'est qu'après, il n'y a pas de traitement.
13:12 Donc on va juste traiter les symptômes.
13:14 Mais surtout, il ne faudra pas embrasser votre partenaire pendant au moins 2 mois
13:19 parce qu'on reste contagieux pendant au moins 2 mois.
13:21 Donc tu vois tout ce qui se passe.
13:22 Il y a quand même beaucoup plus de bienfaits globalement que de...
13:25 Oui, il y a énormément de bienfaits sur la santé.
13:27 Et d'ailleurs, les personnes se souviennent plus de leurs premiers baisers
13:32 que de leurs premiers rapports.
13:34 Bonjour, Dr Blachier.
13:41 Je rappelle que vous êtes médecin de santé publique et épidémiologiste.
13:44 Et aujourd'hui, on a besoin de votre éclairage sur un trouble dont on parle beaucoup.
13:50 Il y a souvent tout un tas de préjugés autour de ça.
13:53 Certains disent que c'est un phénomène de mode.
13:56 C'est souvent décrié.
13:57 Le TDAH ou pas, on va regarder à quoi ça correspond, déjà ce que ça veut dire.
14:03 Donc trouble du déficit de l'attention, parfois avec hyperactivité, parfois non.
14:09 Alors c'est une maladie ou c'est un trouble ?
14:11 Alors c'est ce qu'on appelle dans le langage courant les enfants hyperactifs
14:14 parce qu'on parle souvent en fait des enfants.
14:16 Et c'est un trouble qui est très bien caractérisé.
14:19 En effet, ce sont des gens qui vont avoir du mal à se concentrer,
14:22 du mal à fixer leur attention sur quelque chose.
14:25 Et toutes les tâches qui vont demander d'être relativement concentrées,
14:28 ils vont avoir du mal à se mettre dessus.
14:30 Ils vont être assez agités.
14:32 Des enfants qui vont avoir du mal à rester en place, qui vont sans arrêt bouger,
14:35 qui vont avoir tendance à avoir une certaine impulsivité également.
14:38 Et puis, il peut y avoir ou pas, effectivement, cette hyperactivité
14:42 qui est un enfant qui est globalement intenable,
14:45 qui est impulsif, qui s'incruste dans les conversations,
14:49 qui va passer du coca-l'âne,
14:52 qui va en gros être beaucoup plus agité que les autres enfants.
14:57 Et ça c'est présent ou c'est pas présent.
14:59 Et c'est un petit peu plus présent chez les jeunes garçons que chez les jeunes filles
15:02 qui ont plutôt tendance à avoir un trouble de déficit de l'attention
15:07 et d'hyperactivité plutôt attentionnel.
15:09 C'est-à-dire du mal à garder son attention et moins hyperactif que les jeunes garçons.
15:13 D'accord. Est-ce que c'est fréquent ?
15:15 Parce qu'on a l'impression d'en entendre parler maintenant tous les jours.
15:18 Il y a des articles qui paraissent très souvent.
15:22 Mais c'est réellement fréquent ou pas ?
15:23 Alors oui, c'est fréquent. On considère qu'il y a 4% des adultes
15:25 qui ont un trouble de l'attention et de l'hyperactivité.
15:27 Et pourquoi on parle que des enfants ?
15:29 On parle souvent des enfants parce qu'en fait, ça se manifeste dans la scolarité.
15:32 Et c'est souvent quand les enfants vont rentrer à l'école qu'on va commencer à dire
15:36 qu'en classe, il y a un petit peu de problème, ils ont du mal à se comprendre.
15:38 Et la première complication du TDA chez l'enfant, c'est des problèmes d'apprentissage.
15:42 Donc très souvent, c'est le milieu scolaire qui va révéler ça chez les enfants.
15:46 Et puis ça gêne les parents dans l'éducation des enfants.
15:49 Et c'est pour ça qu'on le voit essentiellement chez les enfants.
15:51 Mais ce qui est important de dire, c'est que c'est un trouble qui va durer à l'âge adulte.
15:54 40 à 70% des enfants hyperactifs seront des adultes hyperactifs.
15:59 Et d'ailleurs, très souvent, les médecins, quand on leur parle des troubles d'hyperactivité,
16:03 ils vont souvent diagnostiquer l'enfant.
16:05 On va amener avec un instituteur qui va dire l'enfant est quand même très agité,
16:09 il faudrait peut-être consulter pour éventuellement un TDA.
16:12 Et en fait, on se rend compte que le parent est aussi potentiellement hyperactif.
16:17 Et parfois, la prise en charge de l'enfant va s'accompagner de la prise en charge de l'adulte.
16:21 Il y a plusieurs choses. Donc vous venez de me dire que c'est souvent chez l'enfant que ça apparaît,
16:25 que ça reste souvent...
16:26 Avant l'âge de 2 ans.
16:27 Oui, ça reste plus chez les garçons, que ça reste souvent à l'âge adulte.
16:32 Mais on a quoi ? On va dire 4% d'adultes, ça veut dire qu'il y a 6% d'enfants à peu près...
16:37 C'est ça, entre 5 et 10% d'enfants qui pourraient avoir des TDA parfois mineurs.
16:43 Mais ce que vous me dites, c'est que c'est aussi héréditaire.
16:45 Absolument, absolument. C'est héréditaire.
16:48 À 80%, c'est un trouble qui est génétique.
16:50 Alors ça, c'est la première chose à savoir.
16:52 C'est-à-dire que s'il y a un adulte qui a été hyperactif et qui est encore hyperactif,
16:56 il a une chance sur 4 d'avoir son enfant qui va aussi être hyperactif.
17:00 Ça, c'est la première chose.
17:02 Et la deuxième chose, c'est sur les enfants, les garçons et les filles,
17:05 il y en a autant à peu près de TDA chez les garçons et les filles.
17:07 Simplement, les garçons sont plus agités.
17:10 C'est pour ça qu'il y a moins de diagnostics chez les jeunes filles,
17:12 parce qu'en général, elles ont du mal à avoir leur attention.
17:14 On considère que c'est des jeunes filles qui sont dans la lune,
17:17 qui sont un peu nébuleuses, rêveuses.
17:19 En fait, non. Derrière, en sous-jacent, il y a un trouble de l'attention
17:22 qui pourrait être amélioré par la bonne prise en charge.
17:25 D'accord. Donc vous me disiez, dans les facteurs, il y a l'hérédité à 80%.
17:28 L'hérédité, 80%. Et après, il y a l'environnement.
17:31 On ne sait pas exactement. Il pourrait y avoir certaines expositions,
17:33 notamment le tabac, l'alcool et certains toxiques...
17:35 Pendant la grossesse ?
17:36 Pendant la grossesse, qui pourraient occasionner ces troubles d'hyperactivité.
17:40 Ce qu'il faut dire, c'est que quand on fait des imageries IRM du cerveau
17:43 de quelqu'un qui est hyperactif, on a des zones qui sont les zones
17:46 du contrôle de mouvement, de l'organisation,
17:49 qui ont une activité qui est différente des gens qui n'ont pas un trouble de l'attention.
17:53 Et ce qu'on sait aujourd'hui, c'est qu'il n'y a aucun rapport
17:56 entre les troubles de déficit de l'attention et hyperactivité,
18:00 et l'intelligence, d'abord.
18:02 Mais ça, c'est essentiel de le dire.
18:04 Ça, c'est extrêmement important, parce que c'est simplement que parfois,
18:06 ils n'arrivent pas à apprendre parce qu'ils sont trop agités.
18:08 Mais il n'y a pas de lien entre le quotient intellectuel
18:10 et le trouble de l'attention et de l'hyperactivité.
18:13 Et il n'y a pas non plus de lien avec l'environnement affectif.
18:15 Donc, les idées qui pourraient consister à dire que c'est parce que les parents
18:18 ont un type d'éducation et pas un autre, se sont séparés,
18:22 du coup, l'enfant est devenu hyperactif, on sait que c'est totalement faux.
18:24 Ça n'a aucun impact. C'est quelque chose qui est génétique.
18:27 C'est quelque chose qui est une activité cérébrale.
18:29 On est hyperactif ou pas, ça nous vient de nos parents.
18:32 Et donc, il n'y a pas à aller à réinterpréter toute la façon
18:35 dont on est avec nos enfants à la lumière de ces symptômes.
18:37 C'est très important de préciser.
18:39 C'est important, ça ne sert à rien de se culpabiliser.
18:41 Le diagnostic, on dit que c'est sous-diagnostiqué.
18:44 Ça veut dire qu'il y en aurait beaucoup plus que ce qu'on croit ?
18:46 Alors, c'est sous-diagnostiqué en France, quand on se compare aux autres pays,
18:49 notamment quand on regarde la prescription du traitement de l'hyperactivité.
18:53 On voit qu'en France, on est un des pays où il y a le moins d'enfants
18:56 qui sont pris en charge.
18:58 Il y a des questions aussi d'école, en psychiatrie, en psychologie,
19:02 qui ont tendance à un petit peu moins prescrire.
19:04 Mais c'est quand même quelque chose qui est sous-diagnostiqué
19:06 parce que ce n'est pas facile à diagnostiquer.
19:08 En fait, il faut plusieurs consultations,
19:10 déjà pour illuminer tous les autres diagnostics différentiels,
19:12 pour vérifier que ce n'est pas un trouble anxieux,
19:14 que ce n'est pas un trouble de la personnalité,
19:16 que ce n'est pas un trouble de l'humeur, dépression,
19:18 des gros troubles anxieux.
19:20 Et après, on se rend compte qu'effectivement, c'est un trouble, un TDAH.
19:23 Et puis, c'est le traitement qui va vraiment permettre de voir si c'était ça.
19:26 Mais justement, quand on regarde un petit peu sur les réseaux,
19:29 sur les réseaux sociaux, on voit qu'il y a énormément de jeunes femmes,
19:32 d'ailleurs, qui ont fait du bien à beaucoup de gens,
19:34 parce qu'il y en a qui sont connues, qui sont identifiées,
19:36 et qui ont compris qu'ils pouvaient en souffrir eux-mêmes.
19:39 On voit qu'il y a un retard au diagnostic, une errance diagnostic,
19:42 où on vous emmène chez le psy, on vous emmène chez...
19:45 Absolument, absolument, parce qu'il y a plein de diagnostics différentiels.
19:47 Et en fait, il y a beaucoup de praticiens qui ont eu du mal à poser ce diagnostic
19:51 et surtout qui n'ont pas nécessairement envie de le prendre en charge.
19:54 Il y a beaucoup de réorientation. Il y a des professionnels qui veulent dire
19:56 "Allez voir plutôt ce professionnel-là, qui est spécialisé dans ce trouble."
19:59 Donc c'est un peu, j'ai envie de dire, à part dans la prise en charge psychologique,
20:02 et c'est pour ça qu'il y a une espèce d'errance diagnostic.
20:04 Et ce que vous venez de dire, c'est essentiel ?
20:06 C'est-à-dire qu'une fois qu'on traite ces patients, on peut les traiter tout petits ?
20:10 Alors oui, on peut traiter les enfants.
20:12 En général, on ne traite pas les enfants avant qu'ils soient à l'école.
20:14 On ne traite que dans l'environnement scolaire,
20:16 et c'est un traitement qui marche extrêmement bien, effectivement.
20:18 Et en fait, ce n'est pas un traitement curatif.
20:20 Ça ne va pas. Il y a ce qu'on appelle la ritaline, le concerta, le bifélin.
20:24 Il y a plusieurs noms, mais c'est la même molécule.
20:26 Et en fait, cette molécule, on en a eu un petit peu peur.
20:29 On a considéré un petit peu qu'on allait calmer les enfants avec des molécules.
20:33 À l'inverse, toutes les études qu'on a et qui sont disponibles
20:36 montrent que les enfants vont beaucoup, beaucoup mieux une fois qu'ils sont traités.
20:39 Alors ça ne les guérit pas de leur hyperactivité, ça guérit le symptôme.
20:43 On a après un changement terrible des résultats scolaires.
20:46 Les résultats scolaires sont mieux, l'environnement social est mieux,
20:49 les parents sont apaisés, les enfants vont beaucoup mieux
20:52 parce qu'ils sont souvent rejetés, parce qu'ils fatiguent tout le monde.
20:54 Et donc, c'est un traitement qui apporte des vrais bénéfices.
20:57 Alors, il faut qu'il y ait une gêne qui soit suffisante pour mettre un enfant sur le traitement.
21:00 Et c'est un traitement qui est très, très bien toléré.
21:02 Il y a des nouvelles données qui montrent que la crainte qu'on avait
21:05 sur certains effets indésirables psychologiques, notamment l'impact sur l'humeur,
21:09 ne sont pas là. Et donc, c'est quelque chose de relativement efficace,
21:13 c'est quelque chose de bien toléré et ça peut changer la vie des enfants et des parents.
21:17 Et quand on est traité, on est traité, j'imagine, à vie, puisqu'on ne sait pas le guérir encore.
21:21 Effectivement, on est traité plutôt au long cours, puisqu'en plus,
21:23 il y a 40 à 70 % des enfants qui vont conserver leur humeur à vie.
21:26 Et j'allais dire quelque part que c'est un traitement à visée diagnostique,
21:28 puisque si tout va mieux avec. Il y a des ouvrages un petit peu partout maintenant,
21:33 qui naissent. Il y en a un que je trouve très bien pour les enfants,
21:36 notamment le TDAH, Expliquer aux enfants.
21:39 Et alors, tout à fait. Surtout une fois que je suis pris en charge.
21:42 Merci beaucoup de nous avoir éclairés sur ce sujet. Merci, Dr Blaché.
21:46 Merci à vous de nous avoir suivis et restés en notre compagnie.
21:48 L'info, c'est sur CNews.
21:50 !