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 Thomas Sotto reçoit Aurélien Pradié, député LR du Lot sur le plateau des 4 vérités. 

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00:00 Bonjour et bienvenue dans les 4V, Aurélien Pradié.
00:05 Lassé d'aller de déception en déception, l'Argentine s'est choisi à une large majorité
00:08 un président populiste, Javier Milei.
00:10 En France, les électeurs ont été déçus par la gauche, les électeurs ont été déçus
00:14 par la droite, ils ont été déçus par l'EU en même temps.
00:16 Est-ce que vous ne vous dites pas parfois, en vous rasant le matin Aurélien Pradié,
00:19 qu'on y va tout droit, nous aussi, que vous nous emmenez tout droit vers le populisme
00:22 les uns et les autres ?
00:23 J'espère ne pas y contribuer.
00:25 Ce qui est certain, c'est que ces monstres politiques-là, ceux de l'hystérie complète,
00:31 sont la production de l'impuissance politique.
00:33 Et qu'en effet, en Argentine comme ailleurs, celles et ceux qui depuis des années ont
00:38 abaissé les convictions politiques, ont parfois débauché les uns et les autres, effacé
00:42 tous les clivages politiques, rendu la vie politique impuissante à tous égards, nous
00:46 ont habitué à gérer la misère au quotidien.
00:49 Tout cela fabrique l'émergence de ces radicalités.
00:52 Oui, la vérité c'est que plus la politique disparaît, plus elle réapparaît dans les
00:57 plus grandes forces.
00:58 Il se trouve qu'en Argentine c'est le cas.
01:00 Cela guette toutes les grandes démocraties du monde.
01:02 Refuser d'aller à Saint-Denis à l'invitation du chef de l'État à choisir la politique
01:06 de la chaise vide, comme l'a fait Éric Ciotti, c'est faire de la popole, comme on dit, ou
01:09 c'est avoir l'intérêt général chevillé au cœur ?
01:12 Est-ce qu'on ne pourrait pas en revenir au fondement de notre démocratie ? Il y a une
01:15 constitution.
01:16 Dans la constitution de la République, vous connaissez les rencontres de Saint-Denis ?
01:19 Je ne les connais pas.
01:20 Non mais se parler de notre politique, ça n'a jamais fait de mal ?
01:22 On peut toujours se parler.
01:23 Mais les bidules, ça suffit.
01:25 Les machins, les outils de communication, ça suffit.
01:27 Et je le dis, en plus, c'est une manière de dégrader notre formation démocratique.
01:32 Il y a un Parlement.
01:33 Depuis quand des discussions importantes sur la réforme de la constitution, par exemple,
01:37 se feraient en catimini, à huis clos, entre chefs de partis ? Toutes ces discussions doivent
01:41 avoir lieu devant les Français.
01:42 Et moi, je confirme qu'il ne faut pas participer à ces rencontres.
01:45 Donc il a eu raison de sécher, Éric Ciotti ?
01:46 Oui, il a eu raison.
01:47 Je le disais depuis le début.
01:48 Je pense même que nous n'aurions jamais dû y participer.
01:50 Non pas pour faire de la popole, comme vous le disiez, mais tout simplement parce qu'il
01:53 faut en revenir au fondement de notre démocratie.
01:55 La démocratie, ça se passe au Parlement.
01:57 Sauf que si vous y étiez allé, ça vous aurait donné l'occasion de parler du sujet
02:00 qui obsède chez LR comme ORN, c'est l'immigration.
02:02 Et ça a permis à Jordan Bardella de dire qu'il était le seul à avoir été le porte-parole
02:05 de ceux qui veulent maîtriser l'immigration.
02:07 Peut-être que Jordan Bardella est heureux d'être flatté par Emmanuel Macron.
02:10 C'est son affaire.
02:11 Je le redis, il y a une démocratie dans notre pays.
02:14 Vous voyez à quel point on s'habitue à tous ces machins au fur et à mesure du temps.
02:17 On a perdu tous nos repères.
02:18 C'est le président des bidules, Emmanuel Macron ?
02:19 C'est le président de la surcommunication, mais il est le successeur de plusieurs générations
02:24 de présidents qui ont surcommuniqué.
02:25 Revenons-en tout simplement aux fondamentaux de la démocratie.
02:28 Je le redis, c'est devant les représentants du peuple élu que les choses se passent.
02:31 Il se trouve que Jordan Bardella n'est pas député de la nation.
02:34 C'est peut-être ce qui le frustre.
02:35 Alors on va revenir aux bases.
02:36 Comme vous dites, à propos de l'immigration, Gérald Darmanin sera auditionné tout à
02:39 l'heure par la commission des lois de l'Assemblée nationale.
02:41 Alors là, entre les LR du Sénat, les LR de l'Assemblée nationale, visiblement il
02:46 y a la maire.
02:47 Des divisions, il y en a même entre LR au sein de l'Assemblée.
02:49 Vous êtes quand même dur à suivre, d'autant que les Républicains ont considérablement
02:53 durci le projet de loi immigration que leur avait présenté le gouvernement.
02:56 Donc en l'état, pour qu'on comprenne bien, à l'Assemblée nationale, ce sera oui ou
03:00 ce sera non ?
03:01 Ce sera non.
03:02 En l'état, ce sera non pour ce qui me concerne.
03:03 Vous parlez en votre nom ou au nom du groupe ?
03:05 Je parle en mon nom.
03:06 Je pense que nous sommes assez nombreux, chez les députés et les Républicains, à avoir
03:09 cet avis.
03:10 Revenons-en là encore aux fondamentaux.
03:11 Soyons clairs.
03:12 Depuis des mois, les Républicains, sénateurs et députés, ont expliqué qu'il n'y avait
03:16 pas d'avancée possible si on ne réformait pas la Constitution, que tout ce qui relevait
03:20 des bricolages était de la pure littérature.
03:22 Nous le savons et c'est une vérité.
03:23 Nous devrions aujourd'hui nous contenter de si peu ?
03:25 Nous avons dit devant les Français que c'était tout ou rien, parce que la situation est trop
03:29 grave pour se satisfaire de petits bâtiments.
03:31 Mais est-ce que vous êtes en position de demander ça ?
03:33 Parce que finalement, vous avez beaucoup d'exigences.
03:36 Vous êtes quand même un parti qui a à peine 60-62 députés et qui a fait 4,78% à la
03:41 présidentielle.
03:42 Il faut descendre un peu de votre poney et vous dire "on va essayer de faire avancer
03:44 ce qu'on peut pousser et puis le reste, si demain on vient au pouvoir, on s'en occupera".
03:48 Je crois exactement l'inverse.
03:49 Je pense que lorsqu'on est dans une situation de telle défiance à l'égard des Français,
03:53 il faut affirmer très fort ces convictions.
03:55 Moi, je ne reculerai pas.
03:56 Je ne suis pas sénateur, je suis député.
03:58 Et d'ailleurs, c'est plutôt habituel, normal, salutaire que les députés n'aient pas les
04:02 mêmes avis que les sénateurs.
04:04 Le Sénat est contraint par des accords intérieurs, de machinerie électorale.
04:09 Les députés beaucoup moins.
04:10 Nous allons faire notre travail.
04:11 Je pense que la clarté des convictions, c'est ce qui, demain, permettra à la droite de
04:15 se reconstruire.
04:16 Rien que pour l'article qui fâche, c'est l'article 3 qui est devenu l'article 4 bis
04:20 qui concerne les fameux métiers en tension, la régularisation des sans-papiers qui occupent
04:25 aujourd'hui ces postes-là.
04:26 Je voudrais vous faire entendre ce que disait ici même hier Véronique Bédard, que vous
04:29 connaissez sans doute, la patronne du premier groupe immobilier du pays, Cenexity.
04:32 En tant que chef de entreprise, je pense qu'effectivement, dans ces métiers en tension, si ces personnes
04:38 sont là depuis longtemps sur le territoire, je pense qu'il serait mieux qu'effectivement
04:42 ils soient régularisés.
04:43 Donc vous y êtes favorable ?
04:44 Oui.
04:45 Là, on n'est pas dans le dogmatisme, on est dans la vraie vie.
04:47 Est-ce que ce n'est pas un principe de réalité qui s'impose ?
04:49 Il y a deux vraies vies qui doivent être prises en compte.
04:52 Celle des entreprises, en effet, mais aussi celle de la gestion de notre immigration.
04:56 Moi, je ne suis pas chef d'entreprise, mais je considère que demain, nous devons aussi
05:00 veiller à ce que notre immigration soit reprise en contrôle, que nous la reprenions en main.
05:04 Il n'a jamais été question de ne régulariser personne.
05:06 Nous avons simplement dit qu'il ne fallait pas de droit opposable à la régularisation.
05:09 Il se trouve que l'article proposé par le gouvernement est une porte ouverte, un appel
05:14 d'air à la régularisation, que l'article revu par le Sénat conserve à peu près les
05:18 mêmes termes.
05:19 Nous voulons simplement reprendre le contrôle sur les choses.
05:22 Un chef d'entreprise, c'est aussi un citoyen.
05:24 Il n'y a pas que les intérêts de l'entreprise qui comptent, il y a aussi les intérêts
05:27 de la nation.
05:28 Aurélien Pradié, vous venez de publier ce livre qui s'appelle « Tenir bon aux éditions
05:30 bouquins ». Vous y racontez l'histoire familiale avec notamment l'AVC de votre
05:34 papa qui a bouleversé votre vie de jeune homme.
05:36 Vous parlez de votre fascination pour Jacques Chirac.
05:38 Pour moi, c'était Batman, écrivez-vous.
05:40 Votre goût pour le temps long qui contraste un peu, il faut bien le dire, avec l'image
05:45 que vous renvoyez.
05:46 Vos racines.
05:47 Je me souviens de l'odeur des noix, les paysages, ils ne sont pas spectaculaires.
05:50 Ils sont beaux parce qu'ils transpirent l'humilité à nul autre pareil.
05:54 Vous savez que c'est le principal reproche que vous font vos opposants, y compris dans
05:57 votre famille politique, de manquer d'humilité.
05:59 Oui, peut-être.
06:00 Et c'est pour ça aussi que j'ai voulu écrire.
06:02 Ce n'est pas un exercice simple d'écrire, de faire des confidences personnelles aussi.
06:06 Et peut-être que pour qu'y compris ceux qui ne m'apprécient pas dans ma famille politique
06:10 comprennent un peu mieux d'où je viens, d'où vient mon caractère, mon tempérament.
06:13 En fait, je crois que ce n'est pas un livre politique.
06:15 Plus j'en parle, plus je me rends compte que ce n'est pas un livre politique.
06:17 C'est très personnel.
06:18 Il y a beaucoup de choses personnelles.
06:19 Oui, c'est un livre personnel.
06:20 Je parle de mon père, je parle de mon rapport à la vie, pas seulement politique, à la
06:23 vie tout court, à mes racines, au lot.
06:25 Et je pense qu'il y a des sujets qui peuvent être universels.
06:27 C'est ce que j'ai aimé lire chez les politiques par le passé lorsqu'ils parlaient de la vie
06:30 plus que de la vie politique.
06:32 Et les retours que j'ai de ceux qui me lisent aujourd'hui sont plutôt ceux-là.
06:36 Ils sont heureux de comprendre quels sont les ressorts profonds d'un responsable politique.
06:39 Je ne me suis pas engagé par hasard en politique.
06:42 Et peut-être que pour mieux comprendre les convictions d'un député, il faut comprendre
06:45 d'où il vient.
06:46 Vous avez donné une interview à la BBC il y a quelques temps, qui vous interrogeait
06:50 sur la présidentielle.
06:51 Vous avez dit « je ne sais pas si moi j'ai un destin présidentiel ou pas, mais ce qui
06:53 est sûr c'est que les Français en ont marre d'avoir toujours les mêmes ». Qu'est-ce
06:56 qui fait que vous êtes 38 ans ? Qu'est-ce qui fait qu'à 38 ans, on se rêve président
07:01 de la République ?
07:02 Je ne sais pas si je me rêve président de la République.
07:04 Mais ce que je sais, c'est que la politique a complètement changé ma vie.
07:07 Moi, le petit gamin lotois qui est grandi dans un territoire qui m'a donné beaucoup
07:12 de valeur, une famille où on a connu quelques épreuves, tout ça m'a fait croire au destin.
07:17 Ça paraît très illuminé quand je vous le dis.
07:20 Mais j'y crois beaucoup.
07:21 Je crois que les rencontres peuvent vous faire grandir énormément.
07:24 Je ne sais pas où tout ça me mène.
07:25 Le dernier chapitre du livre, c'est en effet le temps long.
07:27 Je ne crois pas à ces politiques qui veulent faire la course à la vitesse.
07:31 Et donc j'ai du temps devant moi.
07:32 Je vais essayer de labourer.
07:33 Vous serez à la séance de questions au gouvernement, à l'Assemblée tout à l'heure ou pas ?
07:36 Oui, j'y serai.
07:37 Vous devriez pouvoir y interroger le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, qui après
07:40 avoir assisté à son procès pendant deux semaines devant la Cour de justice de la République,
07:44 devrait faire son retour à l'Assemblée.
07:45 Est-ce qu'il y sera à sa place, selon vous ?
07:47 Je vais vous dire les choses comme je les pense.
07:48 Je crois qu'il n'y est plus à sa place, déjà depuis un petit moment.
07:51 Depuis le jour où il a adressé trois bras d'honneur aux députés dans l'hémicycle
07:55 de l'Assemblée nationale.
07:56 Le problème d'Éric Dupond-Moretti, ce n'est pas seulement son procès, c'est aussi le
08:00 comportement qu'il a eu devant les députés de la nation depuis des mois.
08:03 Moi, je n'ai pas oublié ces trois bras d'honneur qui ont abîmé profondément sa légitimité.
08:07 Peut-être, mais je pense que lorsqu'on est un garde des Sceaux, ministre de la justice,
08:11 on se doit à l'exemplarité.
08:13 Et sa légitimité politique, elle est considérablement abîmée.
08:17 Le pire, c'est de s'habituer à tout ça.
08:18 Au fond, de considérer que la politique n'a plus de règles, plus de valeurs, plus de principes.
08:22 Votre camp n'a toujours pas de tête de liste, sauf erreur de ma part, pour les européennes
08:25 du 9 juin.
08:26 On connaîtra le gagnant de la Starac avant de connaître la tête de liste de GLA ou quoi ?
08:29 J'espère que d'ici la fin de l'année, on connaîtra le gagnant de la tête de liste
08:33 des européennes.
08:34 Je n'en sais rien, c'est à Éric Ciotti d'en décider.
08:35 Vous souhaitez que ce soit qui ?
08:36 Je n'ai pas de souhait particulier.
08:39 François-Xavier Vélamy semble tenir la corde.
08:41 Non, je ne m'en fous pas parce que c'est ma famille politique.
08:43 Simplement, il faut se dire que ce sera une étape déterminante.
08:47 Si devant les Français, nous ne réussissons pas à relever ce défi, il faudra en tirer
08:51 toutes les conclusions.
08:52 Vous êtes plutôt pour Vélamy du coup ?
08:54 Ni plus, ni moins.
08:55 Je pense qu'il a des qualités, d'autres en ont.
08:57 C'est à eux de montrer aussi une volonté.
09:00 Et puis vous savez ce qui est curieux ? C'est que dans cette affaire, personne ne montre
09:03 vraiment de volonté de mener cette tête de liste.
09:05 Si certains en ont très envie, qu'ils montrent leur rage et leur hagne, ça vaut pour François-Xavier
09:10 Vélamy comme pour d'autres.
09:11 C'est étonnant cette manière de faire de la politique désormais où quand on veut
09:14 mener un combat, on se cacherait presque, on s'excuserait d'avoir envie de le mener.