Jeff Wittenberg reçoit Nathalie Loiseau, députée européenne Horizons sur le plateau des 4 vérités.
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00:00 Bonjour Nathalie Loiseau, merci d'être avec nous ce matin.
00:05 Ce devait être aujourd'hui, puis finalement ce sera sans doute demain que l'on connaîtra
00:08 la composition complète de la liste conduite par Valérie Heillet au nom de la majorité
00:13 présidentielle.
00:14 Pourquoi déjà ça prend autant de temps ? Et puis il y a cinq ans, vous étiez, vous,
00:18 à la tête de cette liste.
00:19 Vous pouvez nous dire peut-être ce matin si vous y serez à nouveau, pas en tête,
00:22 mais dans les places éligibles, pourquoi ça prend autant de temps ?
00:25 C'est ce qu'on appelle l'embarras du choix.
00:27 Quand il y a beaucoup de sortants, de qualité, qui méritent de rester, et quand il y a des
00:33 gens qui veulent venir sur la liste parce que nous avons rendu ce mandat attractif,
00:37 c'est un peu faire rentrer un naître don dans une valise.
00:40 Mais plus qu'un dodo, comme on dit aux enfants, plus qu'une nuit, la liste sera annoncée
00:45 demain et j'attendrai que les autres sortants soient informés avant de dire si je suis ici
00:52 ou si je n'y suis pas.
00:53 Allez, un tout petit peu de patience.
00:54 J'ai l'impression, d'après ce que vous me dites, que vous serez sans doute en position
00:57 éligible.
00:58 Vous avez porté, donc je le répète, les couleurs.
01:01 Vous étiez numéro un de cette liste en 2019.
01:04 22,42 %, je rappelle votre score.
01:07 On en est très loin aujourd'hui lorsqu'on voit les enquêtes d'opinion.
01:10 Quel conseil vous donneriez à Valérie Ayé ? On l'a vu hier en face à face avec Jordan
01:14 Bardella.
01:15 Qu'est-ce qui manque aujourd'hui pour passer de 16, 17 selon les opinions, ou 18 parfois,
01:20 à 22 comme vous l'aviez obtenu il y a cinq ans ?
01:24 C'était une belle campagne et je suis convaincue que la campagne de Valérie Ayé commence
01:27 maintenant et que ça va être une belle campagne.
01:29 Je suis convaincue que les Français avaient la tête ailleurs.
01:32 J'ai trouvé hier dans le débat Valérie Ayé articulée, solide, convaincante et convaincue.
01:38 Face à elle, on avait un Jordan Bardella à la fois suffisant et insuffisant.
01:42 On a vu qu'il était très crispé, qu'il était très mal à l'aise et que derrière
01:46 les éléments de langage, il y avait beaucoup d'agressivité.
01:48 Je trouve que Valérie Ayé est parfaitement à sa place et je pense qu'on n'a pas suffisamment
01:55 dit ce que nous avons fait depuis cinq ans pour les Français, ce que nous avons envie
01:59 de faire pour les Français à un moment où le président de la République l'a dit, l'Europe
02:03 est en danger.
02:04 Alors, ça peut être considéré comme anxiogène, c'est lucide.
02:08 Le président n'est pas un eurobéat.
02:10 Vous avez une expérience politique assez longue.
02:12 Comment on rattrape un tel écart si même à la marge, le scrutin du 9 juin confirme
02:19 les enquêtes d'opinion qu'on voit aujourd'hui ?
02:22 Est-ce que ça ne donne pas quand même une coloration politique très particulière ?
02:25 Est-ce que Jordan Bardella n'est pas légitime à dire que finalement ça mériterait une
02:29 dissolution si son parti fait deux fois plus que le vôtre ?
02:32 Jordan Bardella, il passe son temps à changer la conversation.
02:36 Là, on parle des Européennes, on parle d'une élection à un tour, à la proportionnelle
02:40 pour envoyer des députés au Parlement européen, un endroit que lui-même n'a pas beaucoup
02:44 fréquenté depuis cinq ans.
02:46 Mais les électeurs vont voter pour des considérations nationales, c'est Frédéric Daby qui l'a
02:49 rappelé tout à l'heure.
02:50 Mais pas forcément.
02:51 Ça, ça l'arrangerait bien.
02:52 C'est une façon de dire aussi ce qu'on pense d'Emmanuel Macron, ce scrutin.
02:54 Ah, c'est ce qui l'arrangerait, Jordan Bardella.
02:55 Il n'a pas de bilan, il n'a pas de projet, donc il veut en faire un référendum anti-Macron.
02:59 Il veut en faire une espèce de coalition des mécontentements.
03:03 Nous, nous avons des choses à dire, des choses à raconter sur ce que nous avons fait, pas
03:09 lui.
03:10 Nous nous sommes cohérents, il a été incohérent.
03:12 Et nous le disons aux Français, vous avez bénéficié de beaucoup de choses grâce à
03:17 ce que nous avons fait dans l'Union européenne.
03:18 Les vaccins anti-Covid, le plan de relance, la transformation écologique de l'Europe,
03:24 ça n'aurait pas été possible avec des gens comme Jordan Bardella.
03:28 Alors n'y renoncez pas.
03:29 Moi, ce que j'ai envie de dire, c'est aux gens qui se disent que le 9 juin, ils feront
03:32 peut-être un barbecue.
03:33 C'est important pour eux, pour leurs enfants.
03:35 Ceux qui sont tentés par d'autres...
03:38 Je ne vais pas aller chercher les électeurs de Jordan Bardella.
03:40 Raphaël Glucksmann, par exemple, les électeurs de centre-gauche aujourd'hui qui ont voté
03:43 en leur temps pour Emmanuel Macron, eh bien aujourd'hui, beaucoup d'entre eux choisiraient,
03:48 choisiront peut-être Raphaël Glucksmann qui n'est plus très loin dans les sondages de
03:53 la liste de Valérie Ayé.
03:54 Je dirais aux Français à quoi sert Raphaël Glucksmann.
03:57 Si c'est pour faire l'union de la gauche, ce qui lui est arrivé de désolant le 1er
04:02 mai où il a été pris à partie, montre que c'est raté.
04:05 Il n'y aura pas d'union de la gauche autour de Raphaël Glucksmann.
04:08 Si c'est pour peser au Parlement européen, c'est raté aussi.
04:11 Il a été contre le plan de relance, il a été contre le pacte asiatique de l'immigration,
04:15 il a été contre la lutte contre la pédocriminalité en ligne.
04:19 Il est absent à tous les grands rendez-vous.
04:21 Il s'en défend.
04:22 Il n'est pas là ce matin pour vous répondre, mais tout ce que vous venez de dire, notamment
04:26 sur le dernier argument...
04:27 Il se trouve que c'est vrai.
04:29 Il se trouve qu'il s'est trompé, y compris au sein de son groupe.
04:31 Il est isolé, il ne pèse pas.
04:33 C'est un influenceur sans influence.
04:34 C'est quelqu'un de très sympathique, pour qui j'ai beaucoup de sympathie, mais il ne
04:38 pèse pas, il ne sert à rien dans cette histoire.
04:41 Est-ce qu'Emmanuel Macron, lui, il vous rend service lorsqu'il dit que l'Europe est mortelle ?
04:46 Il l'a redit dans l'interview The Economist.
04:48 On a connu des perspectives plus encourageantes.
04:52 Et puis lorsqu'il redit qu'il ne faut pas exclure l'envoi de troupes au sol en Ukraine,
04:57 alors qu'on sait que les pays européens ne sont pas d'accord avec cette thèse et que
05:02 les Français n'y adhèrent pas du tout.
05:04 Emmanuel Macron ne prend pas les Français pour des imbéciles.
05:08 Quand il leur dit que l'Europe est mortelle, les Français le savent.
05:12 Ils savent que nous sommes menacés, que nous sommes attaqués de l'extérieur et de l'intérieur.
05:16 En ce moment, on n'a jamais vu autant de désinformation, on n'a jamais vu autant d'ingérence au sein
05:21 de nos démocraties.
05:22 Et donc, il vaut mieux être euro-lucide...
05:26 De prévoir l'envoi de troupes au sol, parce que c'est ce qu'il a redit, le président.
05:30 Et le reste de sa phrase aussi, c'est l'Europe est mortelle, ça ne dépend que de nous.
05:34 C'est-à-dire que c'est notre choix.
05:35 On ne peut plus être les rentiers de la paix, de l'Europe et de la démocratie.
05:39 Il faut se battre pour la paix, pour l'Europe et pour la démocratie.
05:41 Sur l'Ukraine, il rappelle que c'est une priorité, que si la Russie gagne en Ukraine,
05:48 elle ne s'arrêtera pas là, que c'est la sécurité de toute l'Europe qui est en danger.
05:52 Ensuite, quand il parle d'envoyer des hommes en Ukraine, il dit, si le front s'effondre,
05:57 si Volodymyr Zelensky nous le demande, on ne peut pas l'exclure.
06:02 Qu'est-ce que ça veut dire ?
06:03 Qu'on va arrêter de faire plaisir à Vladimir Poutine en se plaçant nous-mêmes des limites tous les jours,
06:09 ce qui permet à Poutine de faire ses plans de bataille.
06:11 Donc il a raison d'agiter à nouveau cette menace ou ce scénario ?
06:14 Il a raison de mettre en difficulté Vladimir Poutine, qui ne sait pas ce qu'il aura en face de lui.
06:18 D'un conflit à l'autre, la guerre à Gaza suscite toujours des mouvements très forts
06:23 dans les universités américaines, mais aussi en France, avec le cas emblématique de Sciences Po à Paris.
06:29 On l'entendait dans le journal de 7h30, Sciences Po qui va garder ses portes fermées aujourd'hui.
06:34 Alors pourquoi je vous pose cette question ?
06:35 Parce que vous, madame Loiseau, vous avez dirigé une grande école, vous avez présidé l'ENA, excusez du peu.
06:41 Et donc, que feriez-vous aujourd'hui si vous étiez à la place des dirigeants de Sciences Po ?
06:47 Est-ce que le débat sur Gaza n'a pas sa place dans une université, dans un endroit où viennent des étudiants ?
06:54 Tous les débats ont leur place, tous.
06:56 Mais est-ce que c'est un débat que de vouloir bloquer ?
06:58 Que demandent les étudiants de Sciences Po ?
07:00 Est-ce qu'ils demandent un cessez-le-feu ?
07:02 En ce moment, c'est le Hamas qui le refuse.
07:04 Est-ce qu'ils demandent la libération des otages ?
07:06 Ce matin, un otage israélien que je parrainais, dont j'avais rencontré la famille,
07:11 on a appris qu'il était mort, sa femme était morte le 7 octobre, ses enfants ont été kidnappés.
07:16 Est-ce que ces étudiants demandent la libération des otages ? Malheureusement pas.
07:19 Ils demandent la fin des partenariats avec certaines institutions israéliennes
07:23 qu'ils considèrent coupables d'une politique, c'est eux qui le disent, génocidaire dans la bande de Gaza.
07:29 Le camp de la paix, la gauche israélienne, c'est dans les universités qu'on les trouve.
07:34 Quand j'étais directrice de l'ENA, j'ai créé le premier partenariat avec des jeunes israéliens
07:39 dont la plupart n'étaient jamais sortis d'Israël.
07:41 Ils avaient des préjugés sur l'Europe, sur la France.
07:44 Les avoir fait venir, les avoir fait dialoguer avec des élèves français,
07:48 avec des élèves venus du monde arabe, ils en sont sortis l'esprit plus ouvert.
07:52 On n'arrête jamais ce type de partenariat et surtout ne pas empêcher les examens
07:57 parce que c'est une toute petite minorité qui se croit sur les campus américains.
08:01 Sciences Po a voulu ressembler aux campus américains, elle en a pris les pires travers,
08:05 qui veut empêcher des jeunes de passer leurs examens et ça, ça n'est pas admissible.
08:09 Merci beaucoup Nathalie Loiseau, députée européenne.
08:11 entre les lignes de l'incompris, sans doute,
08:13 candidate sur la liste de Valérie Ayé.