Chroniqueur : Cyril Grazziani
Cyril Grazziani reçoit Mélanie Vogel, sénatrice EELV des Français à l'étranger, dans Les 4 vérités.
Cyril Grazziani reçoit Mélanie Vogel, sénatrice EELV des Français à l'étranger, dans Les 4 vérités.
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00:00 Bonjour Mélanie Vaugel.
00:03 Bonjour Frédéric Razel.
00:05 Emmanuel Macron arrive au Salon de l'agriculture ce matin, c'est l'inauguration.
00:10 Il va être question évidemment de la sécheresse.
00:13 Ça fait un mois qu'il n'a pas plu en France.
00:16 Ça vous inquiète véritablement ?
00:18 Évidemment c'est extrêmement inquiétant, bien que ce soit pas du tout surprenant.
00:22 Je veux dire on est quand même là face aux résultats implacables et absolument prévisibles du réchauffement climatique.
00:29 Maintenant c'est la situation effectivement très inquiétante.
00:33 On a des sols qui s'assèchent, qui vont impacter gravement les récoltes
00:38 et notamment la capacité des végétaux à l'été de se nourrir en eau,
00:42 puisque les sols au fond sont secs.
00:45 Et donc il faut absolument à la fois, bien sûr tout de suite là maintenant,
00:50 avoir des mesures préventives de restrictions d'eau etc.
00:54 Mais aussi amorcer très vite la transition de notre modèle agricole vers un modèle soutenable,
01:00 qui soit moins consommateur en eau et qui soit plus durable.
01:03 Est-ce que la solution, ça n'est pas, comme certains le préconisent,
01:06 ce qu'on appelle les méga-bassines ?
01:08 Vous savez ces immenses retenues d'eau ?
01:10 C'est exactement l'inverse.
01:12 Les méga-bassines c'est quoi ?
01:13 L'idée c'est de dire, il y a de l'eau en abondance en hiver,
01:19 et donc on va prendre le surplus qu'il y a en hiver,
01:23 pour le stocker pour ensuite.
01:25 Là, ça vous a pas échappé, on est en hiver, d'accord ?
01:29 Et les nappes phréatiques sont vides.
01:32 Je vois pas bien ce qu'on va stocker, d'accord ?
01:34 Donc le projet des méga-bassines, en fait c'est un peu comme,
01:37 si vous me disiez, il y a le réchauffement climatique,
01:40 du coup il fait très chaud, du coup on n'arrive plus à travailler dans nos bureaux,
01:43 et du coup on va pomper encore plus de fossiles pour avoir des climatisations,
01:47 pour pouvoir continuer à travailler dans des bureaux,
01:48 avec des activités qui continuent à détruire la planète.
01:51 Vous savez c'est un cercle vicieux qui se mord la queue,
01:53 donc c'est absolument pas ça qu'il faut faire, au contraire.
01:55 L'eau doit rester dans les sols,
01:57 parce que les sols doivent rester assez humides pour pouvoir nourrir les végétaux.
02:01 C'est l'inverse de ce qu'il faut faire.
02:02 Alors le président de la République a prévu de rester plusieurs heures au sein de l'agriculture,
02:06 il risque certainement d'être interpellé par les Français,
02:10 qui vont arriver aussi aujourd'hui, sur les retraites, évidemment.
02:14 Vous pensez que sur ce dossier-là, il n'a pas été assez présent ?
02:17 Lui personnellement vous voulez dire ?
02:20 On l'a pas tellement vu.
02:21 Oui mais enfin, moi ce qui m'intéresse,
02:23 c'est pas Emmanuel Macron personnellement,
02:25 est-ce qu'il a été assez présent ou pas.
02:26 C'est son projet de loi, c'est lui qui veut cette retraite à 64 ans.
02:31 Oui je sais, et c'est l'histoire quand même, cette affaire,
02:35 d'une véritable arnaque, parce qu'on a eu quand même pendant des mois,
02:38 y compris lui-même, je relisais il n'y a pas longtemps sa profession de foi du deuxième tour.
02:43 Il nous disait, premièrement, on a un problème,
02:47 il faut absolument faire quelque chose,
02:48 parce qu'il va y avoir des déficits, ce que nous contestons.
02:51 Deuxièmement, il n'y a qu'une seule solution,
02:53 c'est le report de l'âge légal, ce que nous contestons.
02:55 Troisièmement, mais ne vous inquiétez pas,
02:57 on va quand même faire des choses un petit peu justes,
02:58 vous allez avoir une retraite minimum garantie à 1200 euros.
03:02 Tout ça est faux, et notamment la question des 1200 euros.
03:05 Je suis désolée, je voudrais revenir là-dessus,
03:06 parce que je trouve que c'est symbolique,
03:09 la manière dont le gouvernement exerce le pouvoir.
03:12 On a 4 millions de personnes,
03:13 4 millions de personnes qui auront moins de 1200 euros de retraite,
03:16 qui ont cru pendant des mois qu'ils allaient avoir 1200 euros,
03:19 y compris ma mère.
03:20 Ils seront 40 ou 50 000 peut-être par année ?
03:22 Peut-être 40 000.
03:23 Ma mère, par exemple, sa retraite ce sera 620 euros.
03:27 Je sais, ça fait bondir la Macronie,
03:29 je ne sais pas pourquoi, dès qu'on leur parle de gens,
03:31 dans l'hémicycle, dans les médias,
03:33 ça les fait bondir dès qu'on leur parle de situations concrètes.
03:35 Ma mère va toucher 620 euros de retraite.
03:37 Elle a cru pendant des mois que grâce à cette réforme,
03:40 elle allait avoir sa retraite quasiment doublée.
03:43 S'imaginez quand même, pour 4 millions de Français,
03:45 finalement, une fois que des journalistes
03:47 commencent à leur poser des questions,
03:48 mais attendez, ce n'est pas du tout ça
03:50 qu'il y a dans votre projet de loi.
03:51 Ou des députés.
03:51 Ou des députés, ou des sénatrices.
03:54 Moi, je pose la question à Olivier Dussopt,
03:56 10 jours après la présentation du projet de loi,
03:58 combien de personnes vont être touchées ?
04:00 Il me répond, je ne sais pas.
04:02 Et combien elle aura, votre mère, finalement ?
04:04 Elle aura un petit peu plus,
04:05 parce qu'il y a une revalorisation qui sera environ de 70 euros.
04:08 Mais enfin, vous vous rendez compte.
04:09 Et des députés, des ministres,
04:12 ont raconté pendant des mois, à 4 millions de personnes,
04:15 vous allez avoir 1200 euros.
04:16 Moi, j'appelle ça, à ce stade,
04:18 une exroquerie en bande organisée.
04:20 C'est très grave.
04:21 Et tout ça, passé par un coup de force démocratique,
04:24 l'article 47.1 qui restreint les débats.
04:27 Je suis désolée, avec 2,5 millions de personnes dans la rue,
04:30 ce n'est plus possible.
04:31 Le gouvernement doit arrêter ce truc,
04:34 et retirer sa réforme.
04:36 Vous parliez justement du Sénat.
04:39 Vous, vous siégez à la Commission des Affaires Sociales.
04:41 Le texte sera examiné à partir de mardi.
04:45 Vous avez évidemment suivi les débats à l'Assemblée nationale,
04:49 qui n'ont pas été, on peut le dire, très glorieux.
04:51 Vous espérez redorer un petit peu le blason du Parlement ?
04:55 Alors, au Sénat, ça ne se passera pas comme à l'Assemblée nationale,
04:59 pour tout un tas de raisons que je ne vais pas développer ici.
05:01 Il vaut mieux, non ?
05:02 Oui, il vaut mieux.
05:03 Je pense que la majorité des Français,
05:06 vous savez, ce qu'ils veulent,
05:07 et plus de 75% des Français rejettent cette réforme.
05:11 Donc, ce que veulent les Françaises et les Français,
05:13 c'est que l'opposition à cette réforme fasse la démonstration démocratique
05:17 dans le Parlement qu'elle est inutile, injuste et injustifiée,
05:21 et qu'on gagne.
05:23 Ce qu'ils veulent, c'est qu'on gagne.
05:24 Ils veulent que la réforme soit retirée.
05:26 Donc, nous, nous allons faire la démonstration à la fois
05:29 qu'il est possible de financer nos retraites autrement
05:31 que par le report de l'âge légal,
05:34 que le gouvernement a une attitude purement idéologique
05:39 qui consiste à faire quoi ?
05:40 Qui consiste à faire payer par les plus précaires,
05:44 en leur volant deux ans de leur meilleur moment de retraite,
05:48 pour les remplacer par un sas de précarité
05:51 pour environ 200 000 personnes
05:52 qui ne pourront pas être maintenues en emploi.
05:55 Tout ça parce que le gouvernement ne veut pas faire payer au sur-salaire,
05:59 taxer les super-profits.
06:00 Donc, c'est ça le problème.
06:01 Et ce qu'attendent les Françaises et les Français,
06:03 ce n'est pas les invectives, les insultes, etc. au Parlement.
06:07 Ce qu'ils veulent, c'est que nous...
06:08 Que tout soit baisé et compréhensible.
06:10 Qu'on aille sur le fond du texte.
06:12 Qu'on aille sur le fond du texte, mais surtout qu'on gagne.
06:14 Les Françaises et les Français attendent qu'on gagne.
06:17 Vous avez envie d'aller jusqu'à ce fameux article 7
06:20 sur l'âge légal à 64 ans.
06:22 Vous savez, la stratégie d'une partie de la NUP,
06:26 de la France insoumise,
06:27 c'était de ne pas aller jusqu'à ce vote.
06:30 Vous voulez voter cet article 7 ?
06:32 Alors, je pense que comme les syndicats le demandaient,
06:35 à l'Assemblée nationale, il aurait été bien mieux
06:38 de pouvoir voter sur l'article 7,
06:40 parce que ça aurait poussé la majorité
06:43 et une partie de la droite à prendre ses responsabilités.
06:45 Et ça aurait forcé un débat sur le fond
06:48 de ce qui est la mesure structurante de la réforme.
06:51 Oui, mais ça aurait démobilisé si l'article 7 avait été voté.
06:54 Déjà, on ne sait pas si l'article 7 aurait été voté,
06:57 pour être honnête.
06:58 Donc, voilà.
07:00 Peut-être qu'on aurait réussi à gagner sur l'article 7.
07:02 Maintenant, au Sénat, je vais vous dire une chose.
07:04 De toute façon, les modalités de débat au Sénat
07:08 font que, je pense qu'on le veuille ou non,
07:11 quelle que soit la stratégie,
07:13 nous irons vers le vote de l'article 7,
07:14 parce qu'il n'y a pas de possibilité,
07:16 comme à l'Assemblée nationale ou autant qu'à l'Assemblée nationale,
07:19 de ralentir les débats.
07:22 Donc, nous irons sur le vote sur l'article 7.
07:24 La droite sénatoriale a depuis longtemps voté la retraite à 64 ans.
07:31 Voilà, nous l'avons encore voté l'année dernière.
07:32 Enfin, nous, eux, la majorité de droite au Sénat l'a déjà votée.
07:36 Vous ne le votez pas chaque année ?
07:37 Oui, chaque année, nous votons contre,
07:38 et chaque année, ils votent pour.
07:39 Et comme ils sont majoritaires au Sénat,
07:41 ce que j'espère changera un jour, ils gagnent.
07:44 Donc, voilà, maintenant, ce qui va se passer,
07:47 c'est que ça n'a pas été voté à l'Assemblée,
07:49 ce sera probablement, nous verrons, voté au Sénat.
07:53 Et là, Emmanuel Macron devra choisir.
07:55 Est-ce qu'il choisit les millions de Français,
07:57 93% des actifs qui sont contre,
08:00 ou bien 150 sénateurs et sénatrices de droite au Sénat ?
08:06 Les sénateurs, vous parliez de la droite parlementaire,
08:08 veulent mettre l'accent sur la politique de natalité.
08:12 Ça signifie quoi pour vous, cet accent-là ?
08:14 Est-ce que, justement, une politique de natalité,
08:16 quand on parle de retraite,
08:17 est-ce que ça n'est pas un peu désuet ou un peu archaïque ?
08:22 C'est la vision la plus réactionnaire,
08:24 machiste et sexiste qui puisse exister,
08:27 qui consiste à dire, en fait, pour régler le problème,
08:30 il faut que les femmes fassent des enfants,
08:34 et puis qu'on les utilise pour produire des actifs,
08:37 pour que les actifs puissent payer leur retraite.
08:39 C'est une vision utilitariste du corps des femmes
08:42 qui, personnellement, me donne la nausée,
08:45 mais qui n'est pas nouvelle.
08:46 Voilà, c'est la droite réactionnaire assez classique.
08:49 Alors, pardonnez-moi, on va faire une transition sur le corps des femmes.
08:52 Je voudrais parler du congé menstruel.
08:54 Vous, vous aviez porté, il y a quelques mois,
08:56 un amendement pour l'autoriser, pour pouvoir le permettre.
08:59 L'Espagne l'a voté.
09:01 Je le rappelle, ce dispositif permet aux femmes souffrant de règles douloureuses
09:05 de déposer un à deux jours de congé par mois.
09:08 L'Espagne l'a voté. Est-ce que la France est prête ?
09:12 Je ne sais pas si la France est prête,
09:13 mais en tout cas, nous allons continuer à porter ça au Sénat.
09:17 Je sais qu'à l'Assemblée nationale,
09:19 les écologistes veulent aussi déposer une proposition de loi.
09:22 Le congé menstruel, ça a plusieurs avantages.
09:25 La première chose, c'est que, dans les faits,
09:28 quand on a ces règles, il peut se passer que des douleurs sont importantes,
09:33 on se sent mal, etc.
09:34 Et donc, le fait de travailler ou de rester à son poste de travail,
09:37 surtout pour des femmes qui sont dans des métiers pénibles,
09:41 qui doivent rester en station assise toute la journée,
09:43 parfois ce n'est pas possible,
09:45 qui n'ont pas accès à des toilettes, à des sanitaires proches de leur lieu de travail.
09:49 Pour toutes ces femmes-là, c'est vraiment difficile de travailler pendant leurs règles.
09:53 Et c'est complètement ignoré par la société,
09:55 qui considère qu'on doit pouvoir travailler comme les hommes.
09:58 Et donc, on fait comme si les règles n'existaient pas.
10:00 Donc ça, c'est une première chose.
10:01 Ça va permettre d'améliorer les conditions de travail de beaucoup de femmes.
10:06 Mais aussi, la deuxième chose, c'est que ça peut permettre
10:10 de mettre la question des règles, de briser un tabou, en fait.
10:15 Parce qu'aujourd'hui, les femmes qui nous disent...
10:17 Moi, j'avais aussi proposé de mettre en place ceci au Parlement européen,
10:20 quand j'y travaillais, et j'avais fait une petite enquête
10:22 parmi les personnes qui travaillaient avec moi.
10:24 Et certaines femmes disaient, moi, je ne sais pas si j'oserais le prendre,
10:28 parce que ça veut dire que tout le monde va savoir que j'ai mes règles.
10:31 Comme si c'était un tabou.
10:33 Et donc, le fait de mettre en place cette mesure,
10:35 ça permet aussi de parler des règles, de les faire un sujet normal.
10:38 La moitié de la population est concernée.
10:40 Voilà, deal with it.
10:41 Merci beaucoup, Mélanie Vangel.