Thomas Sotto reçoit Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, sur le plateau des 4 vérités.
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00:00 [Générique]
00:02 Bonjour et bienvenue dans les 4V, Sylvie Rotailleau.
00:04 Alors après Sciences Po, c'est du côté de la Sorbonne que des étudiants ont manifesté
00:08 et voulu organiser un blocage en soutien à la cause palestinienne hier.
00:11 Cette mobilisation, ce mouvement de contestation vous pose-t-il problème ?
00:15 Alors vous l'avez vu effectivement, hier à la Sorbonne, il y a eu une vingtaine d'étudiants
00:20 qui sont venus directement planter des tentes dans la Sorbonne.
00:24 Ils sont rentrés.
00:25 Ils sont rentrés et planté ces tentes donc effectivement avec une intention de blocage.
00:31 Et comme je l'ai dit, débattre et permettre un cadre et on pourra y revenir
00:35 parce qu'il est important que nos établissements d'enseignement supérieur,
00:38 l'université, restent ce lieu de débat, mais un débat cadré, un débat concerté.
00:43 Pas un blocage.
00:45 Vous n'êtes pas opposé au mouvement de protestation à condition qu'il ne rentre pas dans les facs
00:49 ou dans les instituts, c'est ça ?
00:50 Alors je ne le dirais pas comme ça.
00:51 Je dirais que ce mouvement, en tout cas l'expression et l'expression de nos jeunes,
00:56 quel que soit sur le sujet, ça fait partie des débats et ils doivent être dans les universités
01:01 mais de façon respectueuse, de façon cadrée, en acceptant la controverse et avec un cadre serein.
01:07 Et c'est ça qu'il faut qu'on retrouve et donc quelque part le débat, c'est un signe de bonne démocratie
01:12 et les universités doivent être aussi un entre-deux-débats.
01:15 Mais quand c'est un blocage, c'est non.
01:17 Et je dirais pire quand c'est une escalade.
01:20 Ce n'est pas très facile de comprendre où vous mettez le curseur entre la liberté d'expression
01:23 qui est fondamentale et ce que vous jugez intolérable.
01:25 On a compris qu'il ne faut pas rentrer dans les établissements mais pour le reste,
01:27 quand vous voyez ces images-là, est-ce que pour vous c'est légitime ?
01:30 Alors comme je l'ai dit, ces images qui sont du blocage empêché…
01:34 Non, non, là on est en dehors, on est en dehors de la fac.
01:35 Pardon, je n'avais pas vu, c'est sur le côté.
01:38 Alors sur en dehors de la fac, ça ne fait pas partie de l'université
01:42 et donc les manifestations, les expressions, etc.
01:45 je veux dire on peut être pour, on peut être contre le sujet
01:47 mais ça fait partie de la démocratie.
01:49 Sur lequel moi je me suis positionnée clairement
01:52 et sur lequel nous devons faire tenir une certaine forme de fermeté,
01:56 c'est effectivement lorsqu'il y a blocage dans les universités,
02:00 ce n'est pas un débat cadré et lorsqu'il y a un blocage qui dérive,
02:04 qui empêche les autres et quand parfois il y a une escalade au niveau de la violence.
02:08 Et cette réponse-là c'est non.
02:10 Combien d'établissements, combien de facs sont touchés aujourd'hui dans le pays ?
02:12 Alors en fait, si je regarde hier, puisque vous me parliez de Sorbonne,
02:15 il y a eu Sciences Po au niveau de vendredi.
02:17 On va y venir, oui.
02:18 Voilà, hier les 20 de Sorbonne,
02:20 il y a eu 20 étudiants, à peu près 30 à Nanterre
02:24 mais qui sont partis d'eux-mêmes.
02:26 Et hier au niveau des blocages, si j'exclus Sciences Po, c'est tout.
02:31 Mais il y a des appels, et vous l'avez vu,
02:33 des appels qui sont malheureusement relayés, instrumentalisés.
02:36 Relayés notamment par la France Insoumise.
02:38 Donc aujourd'hui, juste pour répondre clairement à la question,
02:40 à part ce qui s'est passé à Sciences Po et à Sorbonne,
02:41 il n'y a pas d'autres blocages en France ?
02:43 Non, aujourd'hui, je vous disais,
02:44 hier il y a eu Nanterre avec une vingtaine, trentaine,
02:47 mais ils ne sont pas restés.
02:48 Mais vous redoutez de la réalisation du mouvement ou pas ?
02:50 Alors on est très très vigilants.
02:52 Il y a des signes ?
02:53 Il y a des appels, comme je vous le disais, il y a des appels.
02:56 Et malheureusement, des appels qui sont relayés, instrumentalisés.
02:59 Et effectivement, c'est une minorité qu'on a dans ces établissements.
03:03 À chaque fois, vous voyez, sur Sciences Po, c'est 15 000 étudiants.
03:06 Allez, si on avait 80 étudiants au départ,
03:08 il faut savoir que le soir, il en restait 14.
03:10 Donc on est vigilants.
03:12 Et jeudi, j'ai invité l'ensemble des présidents d'universités
03:16 avec moi à discuter, parce qu'il faut être vigilant
03:19 pour avoir cet équilibre entre l'expression,
03:21 vous le disiez, c'est toujours délicat,
03:23 et puis le non-blocage.
03:25 Vous évoquiez Sciences Po,
03:26 la présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse
03:28 a décidé de suspendre tous les financements de la région à Sciences Po
03:31 tant que la sécurité et la sérénité ne seront pas rétablis.
03:34 Est-ce que vous soutenez cette mesure ?
03:36 Alors, d'abord, il faut remettre dans le contexte
03:38 les financements donnés par la région,
03:40 qui sont certainement pour Sciences Po un financement important.
03:43 C'est de l'ordre d'un million d'euros sur le contrat plan Etat-région.
03:46 Le financement que donne l'Etat à Sciences Po,
03:49 qui permet de faire les formations,
03:51 de faire ce que les étudiants de Sciences Po étudient,
03:53 c'est plutôt 75 millions d'euros.
03:55 Et moi, je crois que la responsabilité de l'Etat,
03:57 c'est d'une part de retrouver un cadre serein
04:00 pour permettre ces études,
04:01 et c'est ce qu'on est en train de faire au niveau de Sciences Po
04:04 avec les difficultés qu'on a connues,
04:06 et qu'il faut prendre en main,
04:07 et d'autre part, permettre à 15 000 autres étudiants
04:10 et ne pas les pénaliser par rapport aux 80,
04:13 de continuer à faire les études.
04:14 Il n'est pas question de couper les subsides de l'Etat à Sciences Po aujourd'hui ?
04:17 Je crois que la responsabilité de l'Etat,
04:19 c'est une continuité du service public
04:21 et de permettre aux 15 000 étudiants.
04:23 Pour autant, on l'a déjà dit avec le Premier ministre,
04:26 on a un contrat d'objectif de moyens et de performance
04:28 qui est en cours de discussion.
04:30 Comme son nom l'indique, contrat d'objectif de moyens.
04:32 On a un levier pour discuter avec Sciences Po.
04:35 Attendez, vous êtes en train de me perdre un petit peu.
04:36 Oui ou non, est-ce que l'Etat va couper les subsides de Sciences Po ?
04:38 Non, pas à...
04:39 Est-ce que Valérie Pécresse...
04:40 À court terme.
04:41 À court terme, non.
04:42 L'Etat ne coupera pas la subvention à Sciences Po.
04:46 L'Etat discute d'un contrat,
04:48 comme tous les établissements avec Sciences Po.
04:50 Est-ce que Valérie Pécresse a eu raison de faire ça pour la région de l'Université de France ?
04:53 En fait, ça c'est sa responsabilité sur son million.
04:56 Je laisse à Valérie Pécresse la responsabilité de ses décisions.
05:00 Elle s'en prend aussi au renoncement de la direction, Valérie Pécresse,
05:02 et appelle à un sursaut d'autorité.
05:04 La direction de Sciences Po, Paris, est-elle en train de faillir ?
05:06 Alors, je voudrais rééclaircir.
05:08 Merci de...
05:09 Cette question est fondamentale.
05:11 La direction de Sciences Po a négocié, effectivement,
05:14 et encore, a remis du dialogue vendredi.
05:18 Et je voudrais dire...
05:19 On a parlé d'un accord avec les manifestants.
05:21 On dirait que c'est un cessez-le-feu qui a été négocié.
05:23 Alors...
05:24 Un accord.
05:25 Malheureusement, ce sont des termes aujourd'hui, comme vous employez,
05:27 qui courent énormément au niveau...
05:29 Je parle de cessez-le-feu, etc.
05:31 Je pense qu'il faut remettre les choses.
05:33 Sciences Po, la direction de Sciences Po, a eu un dialogue.
05:37 C'est-à-dire que quand il faut faire...
05:38 Je rappelle qu'elle a envoyé et saisi la police, mercredi soir,
05:42 pour un premier envahissement de Sciences Po, vendredi.
05:44 Cette même direction a saisi la préfecture.
05:47 Vendredi, elle a dialogué.
05:49 Et ce qui a abouti, ce n'est pas une renonciation aux sanctions.
05:53 Aucune sanction disciplinaire.
05:54 Ça a abouti à un accord de la honte, a dit François-Xavier Bellamy,
05:56 la tête de liste LR aux européennes.
05:58 Mais je pense que François-Xavier Bellamy devrait regarder l'accord un peu plus précisément.
06:02 Nous resterons fermes, je l'ai dit.
06:05 Et la direction de Sciences Po est en accord.
06:07 Vous la soutenez pleinement ce matin ?
06:09 Je vais vous dire d'abord ce qui a été fait.
06:12 Il n'a pas été question, il n'en sera jamais question, et ça je m'y opposerai,
06:17 à ce qu'aucune sanction liée à des propos antisémites, par exemple, ne soit abandonnée.
06:23 Donc aucune sanction ne sera abandonnée, en particulier ce qui se passe sur les 12 mars.
06:27 Mais les autres sanctions disciplinaires engagées depuis le 17 avril sont levées ?
06:29 Alors, les autres, c'est une sanction disciplinaire,
06:32 qui est la semaine dernière un envahissement de l'escalier de la direction,
06:35 dans laquelle aucun propos antisémite, aucune violence n'a été fait.
06:39 Et là-dessus, parce qu'effectivement, ces étudiants venaient déjà revendiquer à la direction.
06:44 C'est la seule sur laquelle la direction a échangé.
06:49 Mais aucune sanction liée aux propos antisémites.
06:51 Vous sentez bien, Sylvia Rotailleau, l'impression que ça donne ?
06:54 Parce que vous n'avez qu'un mot à la bouche, autorité, autorité, autorité.
06:57 Gabriel Attal s'était invité à un conseil d'administration de Sciences Po,
07:00 et là on a l'impression que vous pliez, que vous vous couchez assez vite, non ?
07:03 Alors, d'abord, je pense que la direction de Sciences Po a dialogué toute la journée.
07:07 Vous la soutenez, oui ou non, la direction de Sciences Po ?
07:09 Oui, je la soutiens aujourd'hui.
07:10 Sans ambiguïté ?
07:11 Alors, dans le sens que, je voudrais préciser, le mails,
07:15 enfin la communication interne qu'il y a eu n'est pas une bonne communication interne.
07:20 Et c'est ça qui a posé la polémique, et c'est normal,
07:23 puisque cette communication interne a laissé croire qu'il y avait,
07:27 et vous l'avez dit, abandons de sanctions.
07:29 Et je voudrais dire que c'est faux, et que ça, je ne l'accepterai jamais.
07:33 Et d'autre part, qu'il y avait une discussion où l'institution pourrait se positionner
07:38 vis-à-vis du conflit, et pourrait se positionner en particulier sur les partenariats.
07:43 Là aussi, c'est faux.
07:45 Il n'y aura aucun positionnement de l'institution, comme d'aucune institution publique,
07:49 et il n'y aura aucun abandon ou boycott des relations avec les académiques d'Israël.
07:56 Ça, je voudrais le dire au effort.
07:58 Et la direction de Sciences Po est alignée sur cette position.
08:02 Et à partir de là, c'est là où on fera fermeté, mais aussi redonner un cadre de débat.
08:08 Dernier point rapidement, vous avez annoncé une plainte pour injure publique devant un agent public
08:12 à l'encontre de Jean-Luc Mélenchon, après qu'il a comparé le président de l'université de Lille à Adolf Eichmann.
08:17 Il a répondu "je ne l'ai pas traité de nazi, je ne pense pas qu'il le soit, j'ai dénoncé l'exemple de sa lâcheté".
08:22 Ça, c'était après une réunion publique qui a été annulée au sein de la fac de Lille.
08:28 On a l'impression que les uns et les autres vous faites la même chose.
08:31 Vous vous servez de tout ça pour faire une campagne européenne.
08:33 Alors, si vous regardez, je pense, et vous avez mais ô combien raison, faisons une campagne européenne.
08:39 Et tout ce que vous m'avez cité précédemment, je pense qu'à l'enseignement supérieur et la recherche,
08:45 qui est mon domaine, il y a tant de choses à défendre au niveau de l'Europe,
08:49 tant de choses qui ont été faites, Erasmus en est un connu par tous, mais beaucoup plus.
08:54 Vous ne jouez pas le même jeu que ceux que vous dénoncez aujourd'hui.
08:56 Non, parce que moi j'ai la responsabilité de protéger les agents publics.
08:59 Et le président de l'université, je suis sa hiérarchie supérieure directe,
09:03 et c'est mon rôle de protéger, et avec son accord évidemment, quand on me demande protection,
09:08 et qu'il y a insulte publique à agent public, ce qu'il y a eu.
09:12 Et je dirais qu'on est dans un état de droit, la justice fera son travail.
09:17 Moi ma responsabilité c'est de demander une enquête par rapport à ces injures.
09:21 C'est ce que j'ai fait, et vous le savez je m'exprime assez peu au niveau des réseaux sociaux
09:26 sur ce genre de choses généralement.
09:28 Merci beaucoup Sylvie André-Hudonéc-Hadvay, bonne journée à vous.
09:30 Merci à vous.
09:31 Merci à tous les deux, merci également à Sophie Charmé pour la traduction en langue des signes.
09:35 Vous avez envie de rire, ça tombe bien nous aussi.
09:37 Alex Vizorek est avec nous, dans un instant, ne bougez pas.