• il y a 9 mois
Thomas Sotto reçoit Nicole Belloubet, ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse de France, sur le plateau des 4 Vérités.

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00:00 [Générique]
00:03 Bonjour et bienvenue dans les 4V, Nicole Benobé, nouvelle ministre de cette maison dans laquelle on passe et qui s'appelle l'Education Nationale.
00:09 Si on prend vos trois derniers prédécesseurs, Papendia est resté un peu plus d'un an, Gabriel Attal est resté cinq mois, Amélie de Castera 26 jours.
00:16 Est-ce qu'on peut sérieusement être ministre de l'Education sans se projeter sur le long terme ?
00:20 Qu'est-ce que vous dites ce matin aux parents et aux enseignants qui sont inquiets de cette valse des ministres ?
00:24 Je pense effectivement qu'il faut un peu de temps long, comme d'ailleurs pour toutes les politiques publiques, mais à l'éducation particulièrement,
00:30 parce qu'on a besoin de sérénité, de calme et de se projeter. J'espère pouvoir répondre à l'ensemble de ces objectifs.
00:37 C'est-à-dire que vous, si demain on vous appelait à l'occasion d'un nouveau énième remaniement, on vous dit "Tiens, tu ne veux pas aller aux Affaires étrangères ou tu ne veux pas aller à Matignon ou ailleurs, ça sera non ?"
00:44 Non, je valide par là, je suis très bien là où je suis, je reste.
00:47 Bon, très bien. Nicole Benobé, alors que deux professeurs, Samuel Paty et Dominique Bernard, ont été assassinés en France ces derniers mois,
00:53 on sait qu'il y a environ 500 élèves radicalisés, dont 160 considérés comme particulièrement dangereux.
00:58 Il y a huit jours, on vous a posé la question chez nos confrères de BFM, vous avez dit "Laissez-moi une semaine, j'arrive". Qu'est-ce que vous allez faire de ces élèves ?
01:04 D'abord, juste pour dire que les élèves radicalisés, il y a des niveaux différents de radicalisation.
01:10 Vous avez des élèves qui sont les enfants de familles dont on imagine qu'elles sont radicalisées,
01:14 d'autres qui ont déjà commis des actes en ne respectant pas certaines valeurs de la République.
01:18 Donc, il y a des situations différentes. Un, lorsque nous avons un doute, nous suivons de très près ces élèves.
01:25 Et les proviseurs, les principaux ont des moyens pour empêcher l'entrée dans les établissements, par exemple.
01:31 Deux, nous suivons vraiment avec très grande attention leur comportement en classe.
01:36 S'il y a des difficultés, nous pouvons aller jusqu'à un certain nombre de procédures disciplinaires.
01:40 Trois, nous nous interrogeons et nous souhaitons mettre en place un suivi encore plus fin,
01:45 qui pourra peut-être aller jusqu'à une prise en charge de l'élève dans des classes spécifiques.
01:50 Et c'est cela que nous sommes en train de construire.
01:52 En dehors de l'établissement, éventuellement ?
01:53 Alors, en tout cas, des classes d'études dont nous cherchons exactement la manière et le périmètre qu'elles pourraient recouvrir.
02:00 Ce que vous dites, c'est que ces élèves sont suivis de près.
02:01 Très près, très près, évidemment. Mais vous savez, pardon, j'ai déjà vu au ministère de la Justice le suivi de jeunes radicalisés.
02:09 Donc ce n'est pas, et qui parfois donne des résultats extrêmement satisfaisants, de déradicalisation.
02:15 C'est un peu cela que nous souhaitons mettre en place.
02:17 Il y a aussi certains établissements, certains collèges hors contrat qui posent problème, notamment sur leur financement.
02:21 C'est le cas du lycée privé musulman à Vicennes de Nice.
02:23 Quelle réponse apporter à ce type de situation, financement opaque ?
02:27 Alors, effectivement, j'ai été avertie il y a quelques temps maintenant que ce collège, c'est un collège hors contrat privé à Nice.
02:35 Lycée privé musulman, hors contrat ?
02:36 Oui, collège. Effectivement, après plusieurs relances, il n'était pas très clair sur ses sources de financement.
02:44 Et c'est contraire à la loi de 2021, la loi antiséparatisme.
02:48 Et c'est la raison pour laquelle j'ai demandé à la rectrice de l'académie de Nice d'appliquer avec clarté la loi de 2021
02:55 et de proposer au préfet la fermeture de cet établissement, bien entendu en prenant en compte la situation scolaire des élèves.
03:01 Ça veut dire, pardon, là, Nice, en ce moment, c'est les vacances scolaires. Dans une semaine, ça ne rouvrira pas ?
03:05 Si, si, nous allons annoncer la fermeture avec une mise en œuvre décalée pour pouvoir prendre en charge les élèves.
03:11 Décalée à quand ?
03:12 Décalée à septembre.
03:13 À septembre. Et donc tous les élèves seront recasés ailleurs ?
03:15 Bien sûr, bien entendu.
03:17 Évidemment.
03:18 Nous avons là un problème de financement opaque et c'est cela qui est contraire à la loi.
03:22 Il y a combien d'établissements comme ça qui posent problème, sur lesquels vous interrogez, vous pourriez fermer, vous le savez ou pas encore ?
03:27 Non, ce n'est pas tellement un nombre d'établissements que j'ai ici donné, mais simplement chaque situation est suivie, évidemment, suivant.
03:36 Et la situation est différente selon que nous sommes dans un établissement hors contrat ou dans un établissement qui est sous contrat avec l'État,
03:42 où les règles ne jouent pas de la même manière.
03:44 Quand les choses ne sont pas claires, donc la règle, c'est la fermeture ?
03:46 La règle, c'est d'abord, on travaille avec l'établissement, parce que là, en l'occurrence, on avait écrit à plusieurs reprises à cet établissement et les réponses n'étaient pas satisfaisantes.
03:55 La zone B, donc Niçoise, est en vacances. C'est aujourd'hui, en revanche, la rentrée scolaire pour la zone C.
03:59 Et c'est aujourd'hui que va commencer l'expérimentation du port de l'uniforme à l'école, on l'évoquait il y a quelques minutes avec Mathilde Therrier.
04:04 Test qui va débuter à Béziers, dans les Roses.
04:07 Combien de communes, combien de villes ont postulé pour tenter cette expérience ?
04:11 Actuellement, nous sommes à 92 établissements, au 23 février, je crois, qui se sont portés candidats.
04:18 Nous souhaitons vraiment développer cette expérience.
04:21 Pas beaucoup, quand même 92, si.
04:22 Nous sommes fixés, disons, à un seuil de 100 établissements pour la rentrée scolaire prochaine, puisque nous sommes dans une expérimentation.
04:30 Au fond, le président de la République a souhaité donner un nouvel élan à cette démarche.
04:34 Et cela justifie, parce que ce que nous voudrions voir, c'est si, oui ou non, le port de la tenue peut créer une sérénité dans la classe, peut apaiser le climat scolaire.
04:45 On sait qu'on apprend bien quand le climat est apaisé. C'est ce que nous voulons voir.
04:49 Et donc, nous tentons cette expérimentation autour d'une centaine d'établissements.
04:52 Il y en a 92 aujourd'hui qui se sont portés candidats.
04:55 J'ai vu que la ville de Béziers a été candidate.
04:57 Monsieur le maire de Béziers aime bien l'exposition médiatique, donc non-tacte.
05:01 D'autres font la même chose en étant plus discrets.
05:03 Mais ce qui importe pour nous, c'est d'avoir les établissements pour tenter cette expérimentation.
05:08 Je ne vais pas vous ressortir une fois de plus votre désormais fameuse phrase écrite il y a huit ans, lorsque vous tyrannisiez sur les Faribol, sur le retour à l'autorité et la blouse.
05:15 Vous l'avez déjà expliqué là-dessus. Mais au fond, vous pensez que ça va changer quoi d'avoir un uniforme ou une blouse en classe ?
05:21 C'est ce que je vous dis. L'idée, c'est vraiment de voir si cela peut apaiser le climat scolaire, si ça conforte le sentiment d'appartenance à l'établissement.
05:31 Est-ce que vous pensez que ça peut permettre de lutter contre le harcèlement scolaire ?
05:33 Je pense que c'est un des moyens, certainement pas le seul, mais un des moyens qui peut-être peut empêcher cela ou en tout cas.
05:39 Et s'il n'y a qu'un seul élève qui est sauvé, pas sauvé en tout cas, qui ne subit pas le harcèlement, pourquoi ne pas le tenter ?
05:45 Et on va préciser sur le harcèlement qu'il y a d'ailleurs un numéro qui s'appelle le 3018.
05:48 Alors absolument, le harcèlement scolaire c'est une politique pour nous qui est fondamentale.
05:51 Un élève par classe harcelé.
05:52 Actuellement, nous avons une statistique d'un élève par classe.
05:55 19 élèves dans le primaire qui sont en risque dans le primaire en CM1, CM2.
06:01 C'est évidemment, nous ne pouvons pas laisser cela comme ça.
06:04 Il y a là-dessus zéro tolérance, il faut être très clair.
06:08 Et donc nous prévenons, nous détectons, c'est le 3018, le numéro d'appel auquel tout le monde peut avoir accès.
06:14 Et puis nous tentons d'apporter des solutions.
06:17 Nicole, on se posait une petite question tout à l'heure en écoutant Mathilde Therrier sur les tenues et l'uniforme qui sera donné aux filles et aux garçons.
06:22 Il y aura pantalon et jupe pour les filles et les garçons et il y aura jupe ou short pour l'été, c'est ça ?
06:28 Donc les filles seront forcément en jupe ?
06:29 Je ne sais pas s'il faudra que… Au fond, c'est un accord entre l'école et la collectivité.
06:34 Je pense qu'il faut que chacun, au plus près du terrain, voit ce qui est utile.
06:38 Donc ça, on pourra s'adapter au cas par cas.
06:40 En tout cas, on saura d'ici 2026 s'il y aura généralisation ou pas après ces premières expériences.
06:44 Voilà, tout à fait, parce qu'il y aura une évaluation très précise faite par les universitaires qui vont réellement voir la plus-value apportée par les uniformes.
06:50 Plus près de nous dans le temps, il y a ce choc des savoirs souhaité par le Premier ministre qui doit se produire essentiellement au niveau du collège.
06:56 Très concrètement, est-ce que vous pouvez, Madame la Ministre, nous expliquer comment vont fonctionner les groupes de niveau dans une même classe,
07:02 en maths et en français, pour les élèves de 6e et de 5e ?
07:05 Écoutez, très simplement, lorsque nous voyons qu'il y a des résultats scolaires qui ne sont pas bons, et donc nous devons agir.
07:12 Pour agir, il faut prendre en charge l'hétérogénéité des élèves. C'est indispensable.
07:17 Et donc, évidemment, accompagner ceux qui ont le plus de difficultés dans des groupes de taille réduite.
07:25 On a parlé de 15. Et dans les matières fondamentales, le français et les maths.
07:29 Donc c'est en plus des heures concrètes ?
07:31 Non, ce sera sur les mêmes heures. Ils ont 4h30 en 6e de français et de maths.
07:36 Donc, pendant ce temps-là, les élèves qui ont des difficultés sur tel ou tel domaine seront pris en charge de manière singulière.
07:43 Et ainsi, nous pourrons, tout en gardant des classes hétérogènes, puisque dans les autres matières, ils seront évidemment ensemble.
07:49 Il n'y aura pas de classe de niveau, il n'y aura pas les bons d'un côté, les classes de bons et les classes de contre.
07:52 Ah non, ça, vraiment, ça n'est pas possible.
07:53 Là, il n'en est pas question.
07:54 C'est du soutien scolaire, votre truc, en fait.
07:56 Ah non, ce n'est pas du soutien scolaire, c'est de l'apprentissage qui est différencié selon le niveau des élèves dans telle ou telle compétence.
08:03 Évidemment, quand on fait des groupes dans la classe, il faut plus d'enseignants, il faudra 2000 postes supplémentaires au collège.
08:07 Oui, nous avons évalué à 2300 postes.
08:09 Où est-ce que vous allez les chercher ?
08:10 Eh bien, nous avons les emplois. Nous les avons. Donc, il faut maintenant mettre tout cela en place pour la rentrée prochaine.
08:16 Vous avez les emplois. Parce que j'imagine beaucoup de profs, de parents, même de profs, qui doivent un peu lever le sourcil en disant
08:21 « quand même, on manque de profs, on n'arrive pas à recruter ».
08:24 Il y a évidemment de très bons profs, mais tous les parents le savent aussi.
08:26 Parmi ces profs-là, c'est la loterie. Il y a dans l'éducation nationale, chez les profs recrutés à la Vavit, quelques jours avant,
08:32 des enseignants qui n'ont rien à faire en éducation nationale.
08:34 Est-ce que ça, ce n'est pas le cœur du problème ? Est-ce qu'on peut faire semblant de continuer à ne pas le voir ?
08:38 Non, je ne veux pas faire semblant. Nous aurons des enseignants devant nos élèves et nous allons…
08:45 Des bons enseignants ?
08:46 Mais, monsieur Thomas Soto, y a-t-il toujours des bons journalistes ?
08:50 Non, assurément pas.
08:51 Nous faisons avec, évidemment, l'ensemble des personnels que nous recrutons, les enseignants contractuels que nous recrutons.
08:57 Ils sont sélectionnés par des inspecteurs et donc, ils ont évidemment les qualités pour enseigner.
09:01 Mais je voudrais surtout dire que nous devons faire un effort d'attractivité pour la profession d'enseignant
09:06 et nous devons, c'est ce que nous allons faire, rénover la formation initiale de nos enseignants.
09:10 C'est la tâche à laquelle je m'attelle dès maintenant.
09:12 Tout ça, ça fait beaucoup dans un contexte d'économie générale.
09:15 Il y a 10 milliards d'économies à aller chercher sur le budget 2024.
09:17 Pour votre ministère, ce sera à peu près 700 millions, 680 millions.
09:20 Pas tout à fait, 680 millions, oui.
09:21 Sur quoi vous allez rogner ?
09:22 Eh bien, c'est un petit peu compliqué à expliquer, mais il faut savoir que dans un ministère,
09:26 il y a toujours, en début d'année, des financements qui sont accordés,
09:30 mais qui sont gelés en cas de difficultés, de coups durs, etc.
09:34 Un badeleine.
09:35 En quelque sorte.
09:36 Ce sont ces financements-là, cette réserve de précaution que nous allons rendre
09:40 et qui, en grande partie, nous permettra de répondre à cet effort collectif que nous devons faire.
09:45 Alors que chaque euro compte, il y a un autre sujet qui crispe les syndicats,
09:48 c'est le livret pédagogique sur les Jeux Olympiques.
09:50 Je sais que vous en avez entendu parler.
09:51 Il va être distribué à tous les écoliers du CPOCM2, accompagné d'une jolie pièce frappée par la Monique Paris.
09:56 Cout de l'opération, 16 millions d'euros. Est-ce que c'est bien raisonnable ?
09:59 Ecoutez, c'est un élan collectif, les Jeux Olympiques.
10:02 Nos élèves doivent y participer.
10:04 Ils sont presque déjà dedans, comme nous le sommes nous-mêmes.
10:08 Et donc, ce livret leur permet de bien mesurer ce que signifient les Jeux Olympiques pour notre pays.
10:13 La pièce de 2 euros.
10:15 Très belle défense. Ça a été décidé avant votre arrivée, évidemment. Est-ce que vous l'auriez fait ?
10:17 La pièce de 2 euros, si vous voulez, le président Mitterrand avait fait graver une pièce
10:22 qui a été également distribuée dans les écoles.
10:24 C'était une pièce, je crois, de 1 franc à l'époque pour le bicentenaire de la Révolution française.
10:28 Donc, nous n'innovons pas, mais nous prolongeons les élans collectifs.
10:31 Merci beaucoup, Nicole Belloubet, de "Dans les 4 V".
10:34 Qu'est-ce que vous aimeriez avoir comme appréciation sur votre bulletin de 3e trimestre de ministre de l'Éducation ?
10:38 À tout donner.
10:40 - Merci à tous les deux, merci également.