Jeff Wittenberg reçoit Marine Tondelier, Secrétaire nationale d'Europe Ecologie Les Verts, dans les 4 vérités.
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00:00 Je vous le confirme, la numéro un écologiste est avec nous ce matin.
00:05 Bonjour Marine Tondesier.
00:07 Bonjour à vous et bonjour à vous tous.
00:08 Les nouvelles annonces du Gabriel Attal ont permis, on l'entendait dans le journal,
00:12 la levée progressive des blocages routiers.
00:14 Elles ont satisfait les syndicats agricoles, mais vous, elles vous ont fortement déplu.
00:18 En tout cas, un volet qui est la mise en pose du plan éco-phyto qui vise à réduire l'usage des pesticides.
00:24 C'est ce que réclamaient notamment les producteurs de grandes cultures.
00:28 Vous n'êtes pas du tout satisfaite, pourquoi ?
00:31 Parce que, je vais vous lire le site du ministère de l'Agriculture,
00:35 comme ça on ne pourra pas me dire que je suis de parti pris,
00:37 le site du ministère de l'Agriculture dit "la réduction de l'usage des produits phyto-pharmaceutiques,
00:41 des pesticides, constitue une attente citoyenne forte et une nécessité pour préserver notre santé et la biodiversité".
00:47 C'est aussi simple que ça, c'est écrit sur le site du ministère.
00:50 Et donc cette mesure de suspension du plan éco-phyto,
00:53 ça fait 15 ans qu'on nous promet une baisse d'utilisation des pesticides et que ça ne se fait pas.
00:57 15 ans de retard pour la santé des Français, 15 ans de retard pour la biodiversité.
01:01 Je rappelle qu'on a perdu en 40 ans en Europe 60% des oiseaux des champs et qu'à la fin c'est dramatique.
01:08 Et donc les agriculteurs n'ont rien gagné puisqu'ils attendaient quand même beaucoup de choses pour leurs revenus.
01:13 Mais par contre tout le monde a perdu avec cette réforme.
01:15 Macron avait dit en 2022 en meeting à Marseille "ce quinquennat sera écologique ou ne sera pas".
01:22 Il n'est donc pas. Conclusion.
01:24 Est-ce que vous avez quand même entendu les arguments qui consistent à dire quand même que l'objectif reste le même,
01:30 que les zones par exemple proches des habitations...
01:32 Moi je m'en fous des objectifs.
01:33 Vous en foutez des objectifs, mais par exemple...
01:35 Généralement des objectifs, des planifications, des objectifs qui ne sont jamais respectés.
01:40 Et en fait la santé c'est concret à la fin.
01:43 Qu'est-ce qu'on dit aux parents qui ont des enfants victimes de maladies dues aux pesticides ?
01:47 Qu'est-ce qu'on dit aux agriculteurs qui sont malades des pesticides
01:49 et qui gagnent même leur procès contre les fabricants de pesticides ?
01:52 On dit quoi à tous ces gens-là ?
01:54 Ils ne font pas de manifestations, ils ne bloquent pas le pays, donc on ne les écoute pas.
01:57 C'est un vrai sujet. Le président doit écouter tout le monde.
01:59 Madame Tondelier, ça veut dire que les syndicats qui représentent les agriculteurs,
02:03 enfin qui en représentent une grande partie, et qui réclamaient cette pause,
02:06 qui est encore une fois une pause avec un objectif, je le précise quand même du gouvernement,
02:09 qui est toujours, dit-il, de réduire...
02:11 Ça fait 15 ans qu'ils ont un objectif qu'ils ne respectent pas, donc moi je ne les crois plus.
02:14 C'est aussi simple que ça.
02:15 Ils expliquent qu'ils vont mettre cette année 250 millions d'euros sur la table.
02:18 Ils expliqueront mieux et puis surtout ils le feront.
02:19 Non, vraiment, je ne les crois plus.
02:20 Vous ne les croyez plus.
02:21 Mais les agriculteurs, moi je ne leur en veux pas, les agriculteurs.
02:24 Les agriculteurs, ils ont un problème fondamental de revenus.
02:27 En un an, le prix auquel ils vendaient leur production a baissé de 9 %,
02:31 donc c'est des revenus en moins, alors que les charges explosaient.
02:33 Il n'y a pas un partage juste de la valeur dans ce pays.
02:36 Les marges des agro-business, de la grande distribution, elles ont explosé de 80 %.
02:41 Et tant qu'on ne partage pas de manière juste la valeur,
02:44 évidemment qu'aucun effort supplémentaire demandé à cette profession qui crève n'est acceptable.
02:49 Moi ça je l'entends, mais c'est le travail du gouvernement.
02:51 Mais pour revenir quand même sur le problème des phytosanitaires,
02:55 que dites-vous aux agriculteurs ?
02:56 Qu'ils se convertissent tous au bio ?
02:58 Que les consommateurs paient leurs denrées alimentaires plus chères ?
03:01 On entendait à l'instant que l'inflation continue,
03:04 2 à 3 % attendu en 2024 sur les produits alimentaires.
03:08 Moi je demande premièrement un partage juste de la valeur.
03:11 Comment vous feriez, vous pardon excusez-moi, si vous étiez aux affaires,
03:14 pour se passer d'un coup des produits phytosanitaires ?
03:17 Attendez, personne ne dit que du jour au lendemain il n'y aura plus de pesticides nulle part.
03:20 On dit juste que depuis 15 ans, on demande que ça baisse un peu et que ça ne baisse pas du tout.
03:24 C'est très différent.
03:25 Donc oui il faut sortir à terme des phytos, mais en prenant le temps.
03:28 Il ne faut pas mettre en danger les agriculteurs français
03:31 en important des produits qui contiennent des pesticides qu'on interdit en France.
03:35 Et c'est le cas aujourd'hui pour les néonicotinoïdes.
03:37 On veut les interdire en France,
03:39 mais tout ce qu'on importe d'Ukraine en contient beaucoup plus.
03:42 Et donc là, on a vu que le gouvernement avait pris conscience de ça.
03:45 Vous avez noté, on précise, que Gabriel Attal s'est engagé à arrêter l'importation
03:49 des fruits et légumes traités avec le tiacloride, c'est un pesticide.
03:52 Ça c'est un autre pesticide, mais il y a plusieurs produits qui sont concernés.
03:55 Il ne sera plus admis.
03:56 Il y a plusieurs produits qui sont concernés, mais surtout il faut partager la valeur.
03:59 Quand vous achetez une bouteille de lait lactel, par exemple,
04:02 vous la payez 1,26 €, il n'y a que 40 centimes qui va au producteur.
04:05 Ce producteur de lait, tous en France, lactalis c'est le plus gros acheteur de lait.
04:09 Il y a un an, les agriculteurs vendaient 455 € les 1 000 litres de lait.
04:13 Un an après, ils le vendent 405 €.
04:15 Ils le vendent à perte.
04:16 On devrait interdire la vente à perte.
04:18 Parce que le problème, c'est qu'à la fin, les marges vont ailleurs.
04:21 Et que vous voyez, lactalis, c'est en groupe, c'est deux frères et une sœur.
04:25 Ils ont en tout 43 milliards de fortune.
04:27 C'est ce que gagnerait un éleveur bovant en 2,5 millions d'années.
04:32 Comment voulez-vous que ça marche et que ça ne craque pas ?
04:35 C'est impossible.
04:36 Mais est-ce que de ce point de vue, le renforcement...
04:38 Vous allez dire que c'est encore une annonce, mais la loi EGalim qui va permettre...
04:41 Parlons-en de la loi EGalim, ça va me plaire.
04:43 Parlons-en des contrôles promis par Bruno Le Maire dans les grandes surfaces pour vérifier...
04:46 La loi EGalim promettait 20 % de produits bio dans les cantines et 50 % de produits locaux.
04:51 On est à 6 %.
04:53 Les seules villes qui les respectent, vous savez par quelles sont dirigées ?
04:56 Par les écologistes.
04:57 La restauration collective, c'est 3,4 milliards de repas par an.
05:01 C'est un levier énorme.
05:02 Cette loi EGalim existe.
05:04 D'ailleurs, c'est marrant parce qu'ils sont contre les normes, contre les normes,
05:07 mais là, justement, ils nous disent qu'on va mettre plus de normes pour protéger.
05:10 Parce que les normes parfois protègent et parfois elles sont bien, les normes.
05:13 Mais des doigts et des objectifs, ça suffit.
05:15 Maintenant, il faut des actes.
05:16 Les barrages, beaucoup ont été levés.
05:18 Il y en a certains qui continuent.
05:20 Est-ce que vous, vous allez continuer, par exemple, puisque vous avez soutenu cette lutte,
05:23 à vous rendre sur des barrages ?
05:25 Oui, je prends un train en sortant devant le plateau pour aller à Lyon
05:27 et me rendre sur un barrage en proximité de Lyon qui n'a pas été levé encore.
05:32 Et donc, comme on l'a fait depuis le tout début de ce mouvement,
05:35 les écologistes seront présents aux côtés des agriculteurs
05:37 pour discuter et trouver des solutions ensemble avec tous les agriculteurs, je précise.
05:40 Les agriculteurs que vous allez rencontrer, vous allez leur dire qu'ils ont tort pour certains
05:45 de vouloir qu'on fasse une pause sur les produits phytosanitaires.
05:48 Vous savez, j'étais encore au téléphone hier avec un agriculteur qui n'est pas écologiste spécialement,
05:52 qui bloquait l'autoroute A4 hier tard et qui m'expliquait, on en discutait.
05:56 Je l'avais rencontré parce que c'est un betteravier.
05:58 Il voulait discuter justement des néonicotinoïdes et eux, ils veulent sortir.
06:03 Ils voient bien que c'est un problème les pesticides.
06:05 Ils voient bien que la biodiversité, elle crève.
06:07 Ils voient bien que leurs sols sont plus protégés et la ressource en eau non plus
06:10 et que sans sol de qualité, sans eau, il n'y aura plus d'agriculture.
06:13 Ce qu'ils veulent, c'est que ce soit juste et la justice pour ce gouvernement,
06:17 c'est un concept qui a l'air un peu dur à comprendre.
06:19 Et pour la FNSEA qui réclamait cette mesure, le principal syndicat agricole.
06:22 Je pense que la FNSEA sort affaiblie de cette séquence parce qu'ils sont très divisés.
06:26 On a quand même bien vu qu'ils ne défendaient pas les intérêts de tous les agriculteurs.
06:29 Et encore une fois, la santé des agriculteurs, c'est important aussi,
06:32 autant que celle des autres Français.
06:34 Et ce sont eux qui sont en première ligne des pesticides à la fin.
06:37 Beaucoup sont malades, la prostate, Alzheimer, Parkinson.
06:41 C'est ça aussi qu'on doit protéger.
06:43 Vous allez vous rendre sur un barrage près de Lyon, vous l'avez dit.
06:45 Lyon, parce que ce tient à Lyon, c'est un autre sujet mais qui est très important pour vous,
06:49 le congrès du Parti Vert Européen, ce sont tous les délégués des partis écologistes de l'Union
06:54 qui se retrouvent pour lancer la campagne des Européennes.
06:56 Et pour l'instant, cette campagne des Européennes, elle ne se présente pas sous les meilleurs auspices.
07:00 Pour vous, on attend plutôt une montée des partis d'extrême droite que des partis écologistes.
07:03 Comment vous allez faire pour contrer cette vague ?
07:06 Pour l'instant, la campagne européenne, j'ai l'impression qu'il n'y a pas grand monde qui l'a fait.
07:10 Nous, on est en campagne européenne depuis le soir des élections européennes de 2019,
07:14 en réalité parce qu'on aime l'Europe, qu'on y travaille tout le temps,
07:17 pas juste quelques semaines par an à l'approche des Européennes.
07:20 Et donc, cette famille verte européenne qui fête ses 40 ans ce week-end,
07:23 on travaille tous les partis d'Europe écologistes ensemble depuis 40 ans,
07:27 c'est la date de création aussi du Parti Vert Français.
07:30 On est européens, on est fédéralistes, il y a plus de 1000 personnes qui vont venir à Lyon
07:33 pour finaliser notre manifesto, parce que contrairement aux autres partis européens
07:36 qui arrivent à se mettre d'accord sur 3-4 pages en fin de campagne,
07:40 parce qu'ils ont tellement de différences entre eux qu'on ne comprend rien,
07:43 nous, nous avons un programme complet qu'on partage ensemble.
07:45 Qu'est-ce qui fait vos convergences, notamment ?
07:47 Et vous savez ce qui est fort chez nous, c'est qu'on participe aussi à des gouvernements partout en Europe.
07:51 On fait nos preuves, les verts au pouvoir en Europe, dans les gouvernements et dans les villes,
07:55 en France et ailleurs, ce sont plus de transports en commun et moins cher,
07:58 ce sont des trains de mie qu'on remet, ce sont des partages justes de la valeur,
08:02 des augmentations des salaires, des réductions du temps de travail,
08:05 c'est des politiques qui font du bien à l'humain et à la planète.
08:08 Et franchement, vous dites que ça va être dur, on verra.
08:11 Non, non, je dis ce que sont les sondages aujourd'hui.
08:13 Non, mais ce qui est sûr, c'est que ce sera projet contre projet.
08:15 Et moi, quand je regarde autour de moi en Europe, y compris en France,
08:18 je vois de plus en plus de partis, parce que c'est le cas du Rassemblement National,
08:22 mais c'est aussi le cas de la droite, et ça devient le cas des macronistes,
08:25 qui en fait sont nuisibles à l'environnement, qui sont nuisibles à la justice sociale
08:29 et qui sont nuisibles à la démocratie.
08:31 Et donc, il y aura ce bloc des gens qui ne soutiennent pas la justice sociale,
08:35 environnementale et la démocratie, et puis il y aura nous,
08:38 il y aura les écologistes en face, et jusqu'au dernier souffle,
08:41 on combattra pour ce projet qui est juste et qui ferait vivre mieux les Européens,
08:45 ça je pense qu'il faut le dire aussi.
08:46 C'est un combat européen, mais c'est aussi un scrutin qui va se dérouler en France,
08:50 dans un contexte franco-français, vous ne l'ignorez pas.
08:53 La tête de liste qui aujourd'hui a le vent en poupe, encore une fois,
08:56 selon les enquêtes d'opinion, c'est Jordane Bardella,
08:58 parfois crédité à plus de 30%, vous êtes vous autour de 10%.
09:02 Pourquoi ce n'est pas vous d'ailleurs, Marine Tondelier, qui dirigez cette liste,
09:05 puisque vous êtes la chef de votre parti ?
09:07 C'est Marie Toussaint qui aura cette responsabilité ?
09:11 Marie Toussaint, elle est députée européenne,
09:13 elle a depuis 5 ans fait un travail fantastique pour défendre l'environnement.
09:18 Elle a moins de notoriété.
09:19 Ce n'est pas une question de notoriété, la politique ce n'est pas la Star Academy,
09:21 nous on met les gens qui sont spécialistes des sujets.
09:23 Marie l'est, elle a toute ma confiance, c'est une candidate formidable,
09:25 qui n'est peut-être pas aussi connue que d'autres,
09:27 mais qui sera une très belle découverte pour les Françaises et les Français
09:30 qui vont faire sa connaissance dans les semaines qui viennent.
09:32 Elle est compétente, elle est solide, elle est sympathique,
09:34 ce qui n'enlève rien à tout le reste.
09:36 Et donc moi, vous savez, je suis chef de ce parti,
09:39 et donc je serai jour après jour au cœur de cette campagne,
09:42 aux côtés de Marie, de toute sa liste qui regorge d'un éleveur paysan,
09:45 de spécialiste des quartiers populaires,
09:47 de Prislaïdowski qui avait mené cette liste,
09:49 des gilets jaunes, d'Amin Kessassi qui se bat dans les quartiers nord de Marseille.
09:53 Je ne vais pas tous vous les citer, mais c'est une liste super,
09:55 et l'intégralité de ce mouvement, moi y compris bien sûr,
09:58 sera en campagne européenne, comme nous le sommes déjà en fait depuis des semaines.
10:02 On n'a pas encore fini la liste,
10:04 j'ai toujours été sur les listes européennes en soutien en fin de liste,
10:07 il n'y a pas de raison que ça change là,
10:08 mais que je sois candidate ou pas, vous savez, je suis là,
10:10 et on travaille avec Marie en partenariat jour après jour pour l'Europe et pour la France.
10:14 C'est ce qu'en font d'autres partis, que cette élection,
10:16 ce sera aussi un référendum pour ou contre la politique d'Emmanuel Macron aujourd'hui.
10:19 Oui, mais nous, vous savez, nous sommes européens,
10:21 et on se dit qu'on ne parle déjà d'Europe qu'une fois tous les cinq ans.
10:23 Si au moins dans cette élection européenne,
10:25 on pouvait parler d'Europe et pas juste de Macron,
10:27 ça nous ferait plaisir, parce qu'il faut que les gens se rendent compte
10:29 de ce que ça peut changer l'Europe pour eux,
10:31 parce que c'est l'avenir de nos enfants, que c'est nos droits sociaux,
10:35 et que c'est la paix aussi.
10:36 Je rappelle que la guerre est à quelques encablures de nos frontières européennes.
10:40 On s'est cru protégés pendant des décennies, mais nous ne le sommes pas.
10:42 Et donc, pour toutes ces raisons, l'Europe doit être forte,
10:45 avec des gens qui croient en l'Europe.
10:46 Ce n'est pas le cas du Rassemblement national,
10:48 qui veut la démancler, et ce serait un péril très fort pour nos démocraties.
10:51 Merci Marine Tauvelier, secrétaire nationale Europe, Ecologie, Développement et Sécurité.
10:54 Merci beaucoup à tous les deux.