• il y a 3 mois
Jeff Wittenberg reçoit Frédéric Valletoux, député Horizons de Seine et Marne sur le plateau des 4 vérités. 

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00:00Bonjour Frédéric Balthous, et avec cet autre ancien ministre de la Santé, puisque vous l'étiez il y a encore quelques jours, vous signez aujourd'hui une tribune dans le journal Le Monde sur le maintien de l'aide médicale d'État.
00:13C'est l'un des débats qui ont surgi cette semaine avec les propositions du nouveau ministre d'Intérieur, Bruno Retailleau, qui veut sinon réformer, peut-être même supprimer cet AME,
00:22parce qu'il estime que c'est une aspiration à l'immigration. Vous vous dites qu'il faut la maintenir. Pour quelles raisons ?
00:29L'AME, c'est un chiffon rouge qu'agitent régulièrement ceux qui veulent penser que tous les mots de notre politique d'immigration tiennent dans cette tête,
00:38qui permet de soigner ceux qui arrivent sur le territoire français et qui ont besoin d'être pris en charge.
00:43Mais sans papier ?
00:44Sans papier. Il y a eu un rapport qui a été fait à la demande d'Elisabeth Borne il y a quelques mois, par Patrick Stéphanigny et Claude Évin, un homme de gauche, un homme de droite,
00:53qui a conclu que l'AME n'était pas du tout une source d'attractivité. C'est une raison de venir dans notre pays, surtout que l'AME était contenue et nécessaire en matière de santé publique.
01:04Ne pas soigner les gens qui portent des maladies, qui portent des pathologies, qui portent éventuellement des infections et qui arrivent sur notre territoire,
01:11c'est les retrouver quelques semaines plus tard, quelques mois plus tard, dans des états beaucoup plus dégradés, pesant sur le système de santé.
01:16Il faut écouter ce que disent les professionnels de santé, qui régulièrement disent ne touchez pas à l'AME parce que c'est nécessaire en termes de santé publique.
01:24Supprimer, comme l'a fait par exemple l'Espagne il y a quelques années, supprimer l'aide médicale d'urgence, l'aide médicale d'État,
01:31c'est-à-dire effectivement cette assistance médicale immédiate dès l'arrivée sur le territoire, c'est effectivement faire face à des problèmes de santé publique réels.
01:39Et l'Espagne a vu peser sur ses urgences hospitalières fortement.
01:44Donc ce n'est pas une bonne réponse à l'immigration ?
01:47Non, ce n'est pas une bonne mesure. C'est facile parce qu'on a l'impression qu'une aide qui coûte un milliard d'euros, c'est effectivement une somme importante,
01:52qui concerne à peu près 450 000, 560 000 personnes, il suffirait sans doute de la supprimer, de la restreindre et les choses iraient mieux.
02:00Ça a déjà été fait en 2019 et aujourd'hui le panier de soins est contenu et je pense qu'aujourd'hui le système est équilibré.
02:07Maïa Loquet, le rappeler, vous êtes députée du parti Horizon qui soutient la nouvelle coalition au pouvoir.
02:13Est-ce que vous admettez néanmoins qu'il faut aujourd'hui un durcissement de la politique migratoire, même si on ne touche pas à l'AME tel qu'il a été énoncé par Bruno Retailleau ?
02:22Il faut la mise en œuvre des outils qui ont été créés par la loi Immigration de l'année dernière.
02:26Il faut être peut-être plus efficace dans les reconduites aux frontières et dans l'exécution des décisions d'expulsion.
02:35Mais aujourd'hui on a tous les outils et il ne s'agit pas d'aller chercher à faire porter le sujet de la pression de la politique migratoire
02:45sur tel ou tel type de personnes immigrées, mais il s'agit simplement d'être efficace.
02:50Et je rappelle que l'AME, pour revenir à l'AME, c'est un dispositif du ministre de la Santé, du ministère de la Santé,
02:55ça n'est pas une prérogative du ministère de l'Intérieur, sauf à ce que M. Barnier dans la rédaction,
03:00il a en tant que ministre de l'Intérieur beaucoup de travail à faire, qu'il laisse faire les soignants et le ministère de la Santé sur ce dispositif.
03:09Quand vous voyez les premiers pas de ce gouvernement Barnier, qui n'a même pas une semaine et qui a déjà connu des couacs,
03:14des recadrages et même un coup de téléphone passé par Michel Barnier à Marine Le Pen, vous vous dites quoi ?
03:20Vous n'êtes finalement pas mécontent d'avoir quitté le navire ?
03:23Que Michel Barnier essaye de tenir ce gouvernement et de faire en sorte que cette quarantaine de ministres,
03:29qui pour le certain ne se connaissaient pas, doivent maintenant travailler ensemble, ce n'est pas choquant en soi,
03:36mais c'est vrai que c'est un gouvernement qui doit au contraire chercher à fédérer et qui doit chercher l'apaisement.
03:41Et vous ne sentez pas ça pour l'instant ?
03:43On voit quelques ministres, vous l'avez cité M. Retailleau, qui vont tout de suite chercher à cranter des débats,
03:52à poser des débats qui peuvent tendre, là où on doit chercher le consensus et des voies de passage qui permettent de rassembler.
04:00Je rappelle que c'est un gouvernement qui est assis sur une majorité relative à l'Assemblée Nationale.
04:05Vous avez eu le téléphone de M. le Premier ministre Michel Barnier à Marine Le Pen.
04:09Est-ce qu'il vous a choqué comme il a choqué certaines voies de l'ex-majorité ?
04:14Je ne sais pas. Mme Le Pen est présidente d'un groupe important, si c'était le plus important, à l'Assemblée Nationale.
04:20Elle est inévitablement dans le jeu parlementaire.
04:24Il fallait lui téléphoner, c'est la question.
04:26Je ne sais pas si, en tout cas, il y a des contacts réguliers avec l'ensemble des chefs de parti et des chefs de groupe.
04:30Votre leader, Édouard Philippe, avait dîné avec elle il y a quelques mois.
04:33C'est une révélation qui avait suscité quelques remous.
04:36Pour vous, elle fait partie de l'arc républicain, Marine Le Pen ?
04:39Non, elle ne fait pas partie de l'arc républicain, mais elle fait partie du paysage parlementaire et le Rassemblement National.
04:44Et dans le paysage parlementaire, j'ai combattu le Rassemblement National dans ma circonscription.
04:50Précisément.
04:51Et je suis dans une formation qui combat le Rassemblement National.
04:53Avec un candidat de gauche qui s'était désisté en votre faveur.
04:56Vous comprenez ce qu'a dit Antoine Armand en disant qu'effectivement, il n'y a pas de raison de parler avec des gens qu'on a cherché à battre il y a quelques mois.
05:03Mais pour autant, ils sont à l'Assemblée Nationale.
05:06Et à partir du moment où on discute avec l'ensemble des chefs de parti, je ne vois pas pourquoi on excluerait le Rassemblement National.
05:12C'est une erreur qui serait fondamentale de considérer qu'on ne peut pas échanger dans le cadre de l'Assemblée Nationale
05:20et du fonctionnement de notre démocratie avec le Rassemblement National.
05:24On revient à vos fonctions anciennes, mais pas si anciennes que ça des ministres de la Santé.
05:28Vous ne l'avez été que quelques mois finalement, puisque vous aviez été nommé en janvier.
05:32Dissolution oblige.
05:33J'ai compté, il y a eu six ministres de la Santé depuis la réélection d'Emmanuel Macron en 2022.
05:38Six ministres en deux ans et demi.
05:40Comment on fait pour avoir une politique solide dans ce secteur qui connaît de telles difficultés ?
05:47C'est vrai que c'est paradoxal.
05:48En détresse même dans certains hôpitaux.
05:50C'est paradoxal avec ce que tout le monde reconnaît.
05:53C'est-à-dire que la santé, c'est une politique de long terme qui est dans un système qui est en crise
05:57et qui a besoin effectivement d'un accompagnement politique,
06:00qui soit un accompagnement dans la durée.
06:03Et le fait de cette valse des ministres est paradoxal avec ce constat.
06:07Vous auriez pu rester ?
06:08J'aurais pu rester.
06:09Ce n'était pas à moi de décider.
06:12Mais en tous les cas, c'est vrai qu'on voit que lorsqu'on veut réformer l'hôpital,
06:15lorsqu'on veut réformer le financement de l'hôpital,
06:17lorsqu'on veut faire prendre de nouvelles habitudes de travail entre la médecine hospitalière et la médecine de vie,
06:21bref, des chantiers de fond,
06:22quand on veut s'attaquer au sujet de la crise de la santé mentale,
06:25eh bien ça nécessite plusieurs années.
06:27Et on ne traite pas ces questions-là en quelques jours, en quelques semaines.
06:29Donc effectivement, c'est regrettable d'avoir des coups de barre à chaque fois dans le pilotage.
06:33Celle qui vous a succédé, Geneviève Darriussey ?
06:35C'est une femme très bien, que je connais bien.
06:37Elle dit néanmoins, ou plutôt qu'on ne pourra pas faire de miracle,
06:40Rémi Salomon, le président de la conférence des commissions médicales,
06:44a précisé qu'il y aurait 2 milliards de déficits, un record,
06:48dans les hôpitaux publics à la fin de cette année.
06:50Comment on se relève d'un tel bilan ?
06:54C'est vrai que la situation financière est tendue dans les hôpitaux.
06:58Il y a besoin de réformes de structure.
07:00Il y a besoin de mieux faire travailler l'hôpital avec son environnement
07:04et donc avec la médecine libérale.
07:06Il y a besoin de transformer le financement de l'hôpital.
07:09Il y a peut-être besoin de revoir la carte hospitalière.
07:11On a peut-être encore trop de blocs chirurgicaux qui ne tournent pas,
07:15et donc des petits blocs chirurgicaux qu'il faut peut-être réformer.
07:18On a peut-être des maternités qui...
07:20Réformer, ça veut dire fermer ?
07:22Oui, ça veut dire fermer ou travailler différemment.
07:25Chez moi, on a fermé les maternités, mais on fait travailler différemment.
07:28Les femmes, après l'accouchement, reviennent en proximité,
07:30dans un hôpital de proximité, où elles sont en sécurité.
07:33Le seul enjeu, ce n'est pas l'approche comptable,
07:35c'est la sécurité des patients.
07:36Et il faut être honnête, dans certains établissements,
07:38on peut se poser la question de la bonne sécurité.
07:40Une dernière question, monsieur Valtho, et qui est grave.
07:43Le débat sur la fin de vie,
07:45il avait été lui aussi arrêté compte tenu de la dissolution.
07:49Est-ce que vous souhaitez qu'il soit repris,
07:51comme les associations, comme les malades le demandent, au plus vite ?
07:55Je pense que le projet de loi et la discussion parlementaire au printemps
07:58avaient montré qu'il y avait une voie de passage sur ce sujet-là.
08:01Et je trouve dommage que sur un sujet qui avait été autant préparé,
08:04on s'arrête.
08:05Donc oui, je pense qu'il faudrait reprendre,
08:06dans cette législature qui démarre, ce projet de loi.
08:10Merci beaucoup Frédéric Valtho, désormais député,
08:13Horizon de Seine-et-Marne.
08:14Merci.