Thomas Sotto reçoit Yaël Braun-Pivet, présidente sortante de l'Assemblée nationale, députée des Yvelines sur le plateau des 4 vérités.
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00:00Bonjour et bienvenue dans les 4V, Yael Brand-Pivet.
00:04Bonjour.
00:04On peut tirer deux enseignements du scrutin d'hier finalement.
00:07Le nouveau Front populaire est arrivé en tête et personne n'est suffisamment fort pour gouverner.
00:11La nouvelle Assemblée est-elle encore plus confuse que la précédente ? Que faire de ces résultats ce matin ?
00:16Beaucoup de questions. Ce que je vois, c'est qu'effectivement, là où on nous promettait deux blocs et un effacement du bloc central,
00:23ce n'est pas ce qui est arrivé. Les Français ont voulu nous envoyer beaucoup de messages et il va falloir les décrypter au fur et à mesure.
00:31Mais ce que l'on voit, c'est qu'effectivement, ils n'ont pas souhaité qu'un groupe ou qu'une force politique soit hégémonique à l'Assemblée nationale.
00:38Ils nous enjoignent à nouveau de travailler ensemble, de trouver des voies du compromis, des voies d'une coalition.
00:47C'est ce qui se passe dans l'ensemble des pays européens qui nous entourent.
00:50On me dit que la France n'en serait pas capable parce que ça ne serait pas notre culture politique.
00:55Moi, depuis des mois, depuis des années, je pense l'inverse. Je pense qu'une culture politique a évolué.
01:01Et donc moi, je crois plus que jamais à la coalition parce que c'est le message que moi j'entends des Français.
01:08Personne n'a la majorité absolue. Donc travailler ensemble à trouver des solutions pour nos problèmes qui ont été exprimés pendant cette campagne.
01:17Pour diriger cette coalition, dès hier soir, 20h05, Jean-Luc Mélenchon a dit que le Président de la République doit appeler le Nouveau Front Populaire à gouverner.
01:24Vous êtes d'accord avec ça ? C'est le plus gros groupe, donc c'est d'abord à eux de voir ce qu'ils peuvent s'organiser.
01:28Alors ça n'est pas un groupe. C'est quatre groupes politiques différents. C'est une alliance.
01:33Donc il peut évidemment y avoir d'autres alliances à l'Assemblée nationale.
01:37En revanche, ce que j'ai entendu dans le discours de Jean-Luc Mélenchon, c'était qu'il revendiquait l'exercice du pouvoir et l'application intégrale du programme du Nouveau Front Populaire.
01:46Et ça, dans une Assemblée où on ne détient pas la majorité, ça n'est pas possible, sauf à gouverner à coup de 49-3, mais je ne crois pas que ce soit l'intention de Jean-Luc Mélenchon.
01:56Donc il va falloir de toute façon que chacun fasse un effort, se mette autour d'une table pour réussir à trouver un programme de gouvernement qui permette d'avancer et de répondre surtout aux attentes des Français.
02:08Parce que si c'est s'entendre pour s'entendre, ça ne sert à rien. Il faut répondre aux problèmes des Français.
02:12Est-ce que c'est d'abord à la gauche que le chef de l'État doit proposer, Mathignon ?
02:15Le chef de l'État, je pense, va consulter et pourra prendre sa décision.
02:19Aujourd'hui, il y a encore un Premier ministre, c'est Gabriel Attal, que vraiment je voudrais saluer parce qu'il a mené une formidable campagne pour nous, pour la majorité.
02:27Mais donc le président de la République va prendre sa décision pour nommer le Premier ministre.
02:32Ce que je sais, en tout cas moi, en tant qu'ancienne présidente de l'Assemblée nationale et députée réélue, c'est que cette Assemblée nationale, nous avons le devoir de la faire fonctionner.
02:42Avec qui alors ?
02:43Parce que c'est les Français qui nous le demandent aujourd'hui.
02:45Vous mettez qui dans la coalition ? Où est-ce que vous mettez les limites ?
02:47Écoutez, moi, j'ai toujours dit que la première chose dans une coalition, c'est les valeurs.
02:52Quelles sont les valeurs que nous avons ? Est-ce que nous sommes attachés aux valeurs de la République ?
02:58Les valeurs de la devise, évidemment, mais aussi celles de la laïcité. Est-ce que nous avons cela en partage ?
03:05Après, je pense qu'il faudra regarder quelles sont les grandes problématiques qu'il faut traiter en fonction, à nouveau, des messages que les Français nous ont envoyés.
03:12Edouard Philippe a appelé hier soir un accord non pérenne, hors RN et hors LFI, pour gérer le pays. Vous êtes d'accord avec ça, sans le RN et sans LFI ?
03:21Je suis d'accord avec ça. Moi, j'ai toujours dit qu'il fallait vraiment que l'on soit alliés, avec des personnes qui partagent nos valeurs et qui partagent nos objectifs.
03:30Ce n'est ni le cas de la France insoumise, ni le cas du Rassemblement national.
03:34Mais vous voyez qu'il y a beaucoup de possibilités dans cette Assemblée.
03:37Mais, à nouveau, je pense que les Français, ce qu'ils nous ont envoyé aujourd'hui comme message, c'est un message d'une puissance incroyable.
03:43Ils ont été en masse aux urnes.
03:46Ils ont fait barrage au RN ?
03:48Oui, mais au premier tour, ils ont aussi...
03:50Ce n'est quand même pas un succès pour le camp du chef de l'État ?
03:52Non, mais c'est un succès pour la démocratie, dans le sens où près de 70% de nos compatriotes sont allés aux urnes.
03:56Là où on est, en 2022, ils étaient moins de 50% à se rendre aux urnes.
04:01Donc, c'est un formidable succès pour la démocratie. Nos concitoyens ont exprimé un choix.
04:06Ce choix, il est très clair. Pas le Rassemblement national au pouvoir.
04:10Mais pas le Nouveau Front populaire. Et pas nous tous seuls.
04:14Ils n'ont pas dit pas le Nouveau Front populaire. Ils mettent même le Nouveau Front populaire devant.
04:17Ils le mettent en tête, mais ils ne le mettent pas à 289 voix à l'Assemblée nationale.
04:20C'est ce qu'il faut pour gouverner seuls.
04:22Donc, les Français, le message principal que j'entends, c'est ne gouverner plus seuls. Entendez-vous.
04:28Qui dit coalition, dit concession des uns et des autres pour établir un programme commun.
04:32Très concrètement, est-ce que vous êtes prêt à retirer la réforme des retraites ? Oui ou non ?
04:35Pour moi, non. Parce que cette réforme, elle est nécessaire. Elle était indispensable.
04:39C'est l'union rouge pour l'ex-majorité ?
04:41Écoutez, je ne représente pas à moi toute seule l'ex-majorité.
04:45Mais en tout cas, moi, je pense que ça ne peut pas être un retour en arrière sur ce qui a été fait depuis deux ans.
04:50Donc, il faut avancer. Moi, je pense que les Français nous ont parlé de pouvoir d'achat, de pouvoir de vivre.
04:56Donc, il faut qu'on adresse la question des salaires prioritairement, des charges qu'ils peuvent subir,
05:02des prix de l'énergie, des premières nécessités. On l'a entendu.
05:07De l'efficacité de l'État, on voit bien que personne ne comprend plus rien à l'action publique.
05:12Et on voit qu'elle est inefficace et donc qu'elle ne produit pas les effets que nos concitoyens attendent.
05:17Et les services publics, ça me semble être une évidence. Vous voyez, on a beaucoup de sujets sur lesquels je crois qu'on est capable de converger.
05:23Tout le monde est d'accord pour dire qu'il faut que les services publics fonctionnent mieux.
05:25Est-ce que vous êtes prête à abroger la loi sur l'immigration qui fait partie des revendications ?
05:28De la même façon, moi, je pense à nouveau qu'il ne faut pas revenir sur tout ce qui a été fait.
05:33Ça serait un non-sens.
05:35Vous avez vu Emmanuel Macron hier soir. Il est content, il est satisfait, il est soulagé, il est couac.
05:40Comment vous l'avez trouvé ?
05:41Moi, je l'ai trouvé très concentré, très attentif à ce que nous disent et à ce que lui disent les Français.
05:47Et donc, il n'y a pas, je crois, personne n'est content ou mécontent aujourd'hui.
05:52Tout le monde cherche à trouver la bonne solution et la bonne voie pour que notre pays puisse continuer à avancer.
05:58Pas de blocage, aucun blocage.
06:00Il faut qu'on y mette tous notre énergie, le président de la République et chacun qui a été élu hier à l'Assemblée nationale.
06:07Il y en a un qui n'a pas l'air très content quand même, c'est Gabriel Attal, le Premier ministre.
06:10Je n'ai pas choisi cette dissolution, j'ai décidé de ne pas la subir.
06:13Avec le recul, est-ce que c'était une faute politique cette dissolution ?
06:17Maintenant qu'on en connaît les résultats, qu'on en connaît l'issue.
06:19Vous savez, moi j'ai été une de celles qui s'est exprimée très rapidement pour dire que j'étais opposée à cette dissolution.
06:25Donc, je ne vais pas revenir en arrière.
06:27Maintenant, ce que je vois, c'est que la coalition que moi j'appelais de mes voeux depuis des mois
06:32et qui ne pouvait pas avoir lieu à l'Assemblée telle qu'elle était constituée,
06:37et bien maintenant, pour moi, elle devient obligatoire parce qu'elle vient des Français.
06:42Et ça, ça change tout.
06:43Donc peut-être si nous parvenons demain à gouverner ensemble,
06:47en faisant chacun des concessions, évidemment, dans un esprit républicain de rassemblement,
06:52et bien dans ces cas-là, ça aura été quelque chose de bien.
06:55Est-ce que vous pourriez diriger cette coalition si on vous le demandait ?
06:58Est-ce que vous pourriez aller à Matignon si on vous le demandait, si tout le monde se mettait d'accord ?
07:01Ça fait partie des options pour vous ?
07:02Pour moi, aujourd'hui, ce n'est pas une question de poste.
07:06Je ne réfléchis pas comme ça.
07:07Je réfléchis d'abord, avant tout, à ce que nous disent les Français.
07:11Parce que vous savez, on a bien vu que nous ne pouvons pas aujourd'hui les décevoir.
07:15Il va falloir savoir qui on met où.
07:16Mais nous sommes lundi matin, donc c'est un peu tôt.
07:19Moi, je pense qu'il faut d'abord que nous réussissions à nous entendre,
07:23à constituer un grand bloc central, républicain, progressiste,
07:27qui puisse embrasser à bras-le-corps les problèmes que les Français nous ont rappelés pendant ces élections.
07:32Et la présidence de l'Assemblée nationale, que vous occupiez en gérant une majorité qui était relative,
07:37est-ce que c'est quelque chose qui peut...
07:39Est-ce que vous êtes candidate à votre propre succession ? Ça sera le 18 juillet.
07:41De la même façon, c'est un peu tôt pour me porter candidate.
07:44Mais ce qui est certain, c'est que pendant deux ans, j'ai montré que j'étais capable de gérer une Assemblée
07:49dans laquelle il n'y avait pas de majorité.
07:51J'ai inventé des choses aussi avec les présidents de groupes, des semaines transpartisanes,
07:55des moments où tous les groupes se retrouvaient.
07:57Et vous voyez, la coalition, l'entente, le rassemblement, c'est dans mon ADN politique.
08:02Donc si je peux être utile à l'Assemblée nationale ou ailleurs, évidemment que je le serai.
08:06Parce que mon intérêt et mon ambition, c'est d'être utile à mes compatriotes avant tout.
08:10Merci Elbrande Pivet-Desnues dans les cadets. Bonne journée à vous.
08:12Merci à vous.