Thomas Sotto reçoit Boris Vallaud, député des Landes et président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale sur le plateau des 4 vérités.
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00:00 [Générique]
00:02 Bonjour et bienvenue dans les 4V.
00:03 Bonjour.
00:04 Dans quel monde vit-on Boris Vallaud ?
00:06 Le proviseur du lycée Maurice Ravel, dans le 20ème à Paris,
00:08 qui avait demandé à une élève de retirer son voile, a quitté ses fonctions,
00:11 visiblement pour des raisons de sécurité.
00:13 Officiellement, il est parti en pré-retraite de manière un peu précipitée
00:16 parce qu'il avait reçu de très nombreuses menaces de mort.
00:19 Comment peut-on en arriver là ?
00:20 Comment peut-on accepter cela ?
00:22 Je crois qu'on ne peut pas l'accepter.
00:24 À chaque fois qu'un proviseur quitte ses fonctions,
00:27 à chaque fois qu'un professeur quitte l'école,
00:30 a fortiori parce qu'il est menacé de mort,
00:32 c'est un échec qui est un échec collectif.
00:35 Et j'ai une pensée pour ce proviseur,
00:37 pour toutes celles et tous ceux qui servent l'école de la République.
00:41 Et évidemment, c'est beaucoup de peine, je crois, ce matin finalement.
00:44 C'est grave ou pas ?
00:46 Oui, c'est grave.
00:46 Oui, c'est grave.
00:47 Les menaces de mort n'ont pas de place, nulle part.
00:52 On va continuer à parler d'école,
00:53 et parfois entre les intentions et les réalités, il y a la mer.
00:55 La preuve a Puto.
00:56 Puto qui est passé à l'uniforme,
00:58 qui expérimente l'uniforme pour les élèves.
01:00 Sauf que les parents d'élèves se sont aperçus
01:02 que ces vêtements étaient fabriqués au Bangladesh,
01:06 au Pakistan, et peut-être donc par des enfants.
01:09 D'abord, la meilleure façon de ne pas avoir ce type de difficultés,
01:12 c'est qu'il n'y ait pas d'uniforme.
01:13 C'est dans ce moment, on en parlera tout à l'heure,
01:15 on cherche des économies.
01:16 Il n'est peut-être pas utile de faire des dépenses supplémentaires.
01:18 Devant les élèves, on n'a pas besoin,
01:20 ou dans les écoles, on n'a pas besoin d'uniformes,
01:21 on a besoin de professeurs,
01:22 on a besoin de psychologues scolaires,
01:24 d'AESH pour les enfants en situation de handicap.
01:26 Donc, mauvaise réponse à un vrai problème.
01:27 Ensuite, deuxième chose, sur la question du travail des enfants.
01:30 Nous nous battons, vous le savez, depuis des années,
01:32 avec Dominique Pottier, avec les socialistes,
01:34 avec Raphaël Glucksmann, contre la fast fashion
01:36 et contre le travail des enfants,
01:40 ou l'esclavage moderne au bout du monde.
01:42 C'est la loi devoir de vigilance,
01:43 c'est la directive européenne qui s'en est inspirée.
01:47 On a besoin de s'assurer du respect des normes sociales et environnementales.
01:53 Évidemment, là, je crois que nous sommes les témoins accablés
01:58 de ce qui peut se passer.
02:00 Nous sommes mercredi, Boris Vallaud.
02:01 Il n'y aura pas de conseil des ministres aujourd'hui,
02:02 le président étant au Brésil.
02:03 À la place, le Premier ministre Gabriel Attal
02:05 a organisé un séminaire gouvernemental
02:07 avec un mot-clé, le travail.
02:09 Gabriel Attal qui veut désmicardiser le pays
02:11 et inciter à la reprise de l'emploi.
02:12 Si vous étiez autour de la table en fin de matinée,
02:14 qu'est-ce que vous lui diriez, Gabriel Attal ?
02:16 D'abord, je vous dirais que beaucoup de gens
02:17 ne vivent pas de leur travail aujourd'hui.
02:19 On a beaucoup de travailleurs pauvres.
02:22 Il parle de désmicardiser la France
02:23 sans expliquer s'il va limiter la hausse du SMIC,
02:26 c'est-à-dire les règles d'indexation,
02:28 ou s'il va augmenter ou travailler à l'augmentation des salaires,
02:31 c'est-à-dire au partage de la valeur ajoutée,
02:33 c'est-à-dire à l'égalisation de la fiscalité
02:34 entre le capital et le travail.
02:36 Vous savez qu'il est, au fond, plus intéressant
02:38 d'être rentier, actionnaire, que d'être travailleur.
02:43 La taxation du travail est plus élevée
02:45 que la taxation du capital.
02:47 Je lui dirais qu'il faut qu'il se préoccupe du travail,
02:50 c'est-à-dire des conditions de travail, du mal-travail.
02:53 Vous savez, les Français aiment leur travail,
02:54 ils en sont fiers, ils aimeraient bien le faire.
02:56 Et souvent, ils souffrent au travail.
02:58 On a besoin d'engager ce grand débat.
03:00 C'est ce que demandent les organisations syndicales.
03:02 C'est ce que nous demandons,
03:03 mais ça n'intéresse pas le Premier ministre.
03:05 Vous vous souvenez de cet épisode
03:06 où il regardait une photo de son chien
03:07 quand j'essayais de lui parler des conditions de travail des travailleurs.
03:09 Voilà ce que je lui dirais.
03:10 Et je lui dirais par ailleurs
03:12 qu'il y a déjà eu deux réformes de l'assurance chômage.
03:14 - Oui, parce qu'il a l'intention,
03:17 il précisera sans doute ce soir puisqu'il sera à la télévision,
03:19 mais il a l'intention de réduire la durée d'indemnisation des chômeurs.
03:21 - C'est le problème des idéologues,
03:22 c'est-à-dire qu'en fait, ils arrêtent de réfléchir.
03:24 Il y a déjà eu deux réformes de l'assurance chômage,
03:26 dont la d'arrêt, c'est-à-dire les économistes du ministère du Travail
03:29 disent que c'est un échec
03:30 et que c'est une catastrophe sur le plan social.
03:32 Qui ont été victimes de ces réformes ?
03:35 Les jeunes, les femmes, les moins diplômées
03:37 et ceux qui avaient des emplois précaires.
03:39 - Sauf que sur le chômage, le gouvernement a plutôt pas trop mal réussi.
03:41 Le chômage a baissé depuis 2016.
03:42 - Il a baissé, mais pour quel type de travail ?
03:44 - 7,4% aujourd'hui, le taux de chômage.
03:46 - Dans quel type d'emploi ?
03:47 - Notamment pour les jeunes.
03:49 - Aujourd'hui, beaucoup de gens vont au travail
03:52 et ne vivent pas de leur travail.
03:53 Les fins du mois, ce n'est plus le 30 ou le 31,
03:56 c'est aujourd'hui le 15.
03:58 Voilà, on a besoin de travailler sur le partage de la masse salariale,
04:03 sur la fin des très hautes rémunérations.
04:05 Le patron d'une grande enseigne de la grande distribution
04:08 continue alors que nous les avons applaudis à 20h,
04:10 pendant la Covid, de gagner 300 fois ce que gagne une caissière.
04:13 - Vous parlez de qui ?
04:15 - Je parle de tous.
04:17 - Ah oui.
04:18 On sait qu'on a besoin d'argent.
04:20 Les déficits sont à 5,5% en 2023, la dette explose.
04:24 Est-ce que la solution passe par un coup de bambou fiscal
04:26 qui est un peu la réponse en général classique à gauche ?
04:29 - Quel coup de bambou ?
04:30 - Ma question c'est, est-ce qu'il faut augmenter les impôts ?
04:32 - Est-ce qu'il faut regarder les choses ?
04:34 Ce n'est pas les dépenses qui ont dérapé,
04:37 ce sont les recettes qui ont réduit.
04:39 Bruno Le Maire passe son temps sur les plateaux de télé
04:43 à jouer les perles à rigueur.
04:44 Il est là depuis 7 ans, c'est son échec.
04:46 Il y a un an, il nous expliquait que le déficit serait à 4,9%.
04:49 Et si nous venions à le démentir ou à mettre en doute
04:51 ses prévisions de croissance, c'était nous les mauvais.
04:54 - Il n'est plus légitime au ministère de l'Économie.
04:56 - Moi je ne sais pas s'il nous a menti ou s'il est incompétent,
04:58 mais en tout cas, force est de constater que c'est 16 milliards de dérapages.
05:01 16 milliards de dérapages.
05:03 Et c'est les conséquences notamment des 50 milliards de cadeaux fiscaux
05:09 faits pour l'essentiel aux grandes fortunes et aux grandes entreprises
05:12 par an depuis 7 ans.
05:15 Et ça, c'est l'œuvre d'Emmanuel Macron et de Bruno Le Maire.
05:18 Donc oui, il faut faire contribuer les hauts patrimoines,
05:20 les grandes fortunes, il faut taxer les super dividendes,
05:23 les super profits, les entreprises qui par exemple,
05:26 dans la guerre en Russie, ont continué à gagner beaucoup d'argent.
05:29 Et c'est le principe de la solidarité nationale.
05:32 Et on ne peut pas prétendre être le Premier ministre des classes moyennes
05:35 et ne jamais cesser d'être celui des classes affaires.
05:37 Vous voyez, quand j'entends Bruno Le Maire parler de TVA Social qui est une diversion,
05:41 je comprends qu'en réalité, quand il réclame une augmentation des salaires
05:45 sans jamais le traduire véritablement en acte,
05:47 en réalité, ce n'est pas pour que le travail paye,
05:49 c'est pour que les travailleurs payent ses factures.
05:50 Voilà la réalité objective des choses.
05:53 - Les Français vont avoir la parole dans quelques mois à l'occasion des élections européennes.
05:56 Est-ce que vous faites partie de ceux qui, comme le RN ou comme la France Insoumise,
05:59 font de ce scrutin du 9 juin un référendum anti-Macron ?
06:03 - Moi, je fais d'abord de cette élection un moment d'espoir
06:07 pour construire une alternative dans ce tête-à-tête mortifère
06:11 entre les nationalistes et les libéraux.
06:13 D'ailleurs, je pense que Raphaël Glucksmann de ce point de vue-là…
06:16 - Les libéraux, c'est Renaissance pour vous, c'est Valéry Hayer ?
06:18 - Oui, bien sûr.
06:19 - Qui dit "on vote à 90% pareil entre Raphaël Glucksmann et nous".
06:23 - C'est 80%, enfin, vérifiez les chiffres.
06:25 Et vous avez, oui, c'est 76% je crois entre Madame Hayer et d'autres listes plus à gauche.
06:30 - Ça veut dire que tout ça c'est bonnet blanc et blanc bonnet ?
06:32 - Pas du tout, parce que les 20% qui nous distinguent sont fondamentaux.
06:35 C'est par exemple quand nous nous défendons, les travailleurs des plateformes,
06:38 Madame Hayer les affaiblit.
06:40 Quand nous nous battons sur un certain nombre de sujets, comme la fast fashion,
06:43 comme le rapport de force avec les multinationales,
06:45 nous ne sommes pas dans la complaisance, nous sommes sans naïveté.
06:48 On est dans une lutte à mort entre la puissance publique et la puissance privée.
06:53 Et l'affirmation de la souveraineté des nations, de la souveraineté populaire,
06:57 de la souveraineté de la puissance publique, c'est aussi affronter ce rapport de force.
07:00 - J'ai encore deux questions rapidement.
07:01 Votre tête de liste, Raphaël Glucksmann, a décidé de ne pas aller débattre sur CNews
07:04 le 30 mai prochain avec les autres candidats,
07:06 comme a choisi de le faire la tête de liste écologiste Marie Toussaint.
07:09 Est-ce que vous comprenez, est-ce que vous soutenez son choix ?
07:11 - Bien sûr, c'est une hygiène de vie que je me suis accordée depuis maintenant des années.
07:16 Je n'y veux plus.
07:18 - Mais le principe de la démocratie n'est pas d'aller débattre partout ?
07:20 - Le principe de la démocratie est aussi la liberté de choisir où on débat.
07:24 - Après, vous direz qu'il n'y a pas de pluralisme sur cette chaîne ?
07:27 - Je dirais qu'il change de ligne éditoriale, qu'il n'invite pas les uns et les autres
07:32 pour les humilier ou les faire passer pour des idiots utiles, et nous en reparlerons.
07:36 Ce qui me permet de dire que dans la niche de nos amis écologistes, à l'Assemblée nationale,
07:40 il y aura la semaine prochaine une proposition de loi sur l'indépendance des rédactions.
07:45 Et là, évidemment, je crois que nous avons un rendez-vous
07:48 qui, sur le plan démocratique, est important.
07:49 - Vous êtes inquiet pour l'indépendance des rédactions aujourd'hui ?
07:51 - Je le suis, oui, et je regarde avec beaucoup d'intérêt à la fois la question
07:55 du financement de l'audiovisuel public, qui vous concerne directement,
07:59 et je regarde aussi la question de la possibilité d'un droit de veto des rédactions
08:02 dans la nomination d'un certain nombre de ses dirigeants.
08:05 - Une toute dernière question.
08:06 Dès mercredi prochain, il y aura une séance spéciale de questions au gouvernement,
08:08 ou plus exactement de questions à Gabriel Attal.
08:10 Il sera seul à répondre face à l'hémicycle.
08:12 Est-ce que vous y êtes favorable ?
08:14 - Moi, j'avais dit que j'étais prêt à regarder la question.
08:16 Dès lors que, si les députés ont un temps de parole limité,
08:19 la réponse du Premier ministre soit limitée.
08:21 J'avais demandé par ailleurs que ce soit une expérimentation,
08:24 ce qui sera le cas, et que le dernier mot, comme au Canada,
08:27 revienne aux députés, aux parlementaires,
08:29 parce que c'est le gouvernement qui est responsable devant l'Assemblée nationale,
08:32 et pas l'inverse.
08:33 Ce n'est pas tout à fait la formule qui est proposée.
08:35 Il y a cinq séances, on en tirera les conclusions à la fin de celle-là.
08:37 - Merci, Boris Zelensky, d'être venu dans les 4D.