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Le député socialiste des Landes Boris Vallaud, président du groupe PS à l’Assemblée nationale, est l'invité du 7h50 d'Alexandra Bensaid ce jeudi 11 avril 2024.

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00:00 Votre invité ce matin Alexandra Benzaie, des députés d'élan des présidents du groupe socialiste à l'Assemblée Nationale.
00:06 Bonjour Boris Vallaud. Bonjour.
00:08 Ça embrase les débats depuis hier, le gouvernement a lancé les concertations sur la réforme de la fonction publique avec sa feuille de route, revoir les catégories abaissées,
00:17 développer la rémunération au mérite et puis alors lever le tabou du licenciement des fonctionnaires, ce sont les mots du ministre qui était à ce micro hier.
00:26 Vous êtes Boris Vallaud un haut fonctionnaire, est-ce que Stanislas Guérini a raison ? Est-ce que c'est un tabou et il faut s'y attaquer ?
00:33 D'abord ce qui est assez savoureux c'est de constater que le ministre parle d'un tabou qu'il souhaite lever à votre micro sans en avoir parlé aux organisations syndicales.
00:43 Ce qui dit quand même beaucoup de la considération, ou plus exactement du peu de considération qu'il a pour le dialogue social et pour les représentants de la fonction publique.
00:51 Ensuite il y a une forme d'obsession, quand on est un ministre de la fonction publique de droite, il faut régulièrement s'attaquer au statut de la fonction publique
00:58 plutôt que de se préoccuper de leurs conditions de travail, de la qualité du service rendu, de leur rémunération, de leur progression de carrière.
01:05 Sur cette question là très précisément...
01:07 Ministre de la fonction publique de droite, c'est votre appréciation ?
01:11 C'est la politique qui le conduit. Donc en fait finalement vous voyez, les actes produisent la qualification que je formule.
01:18 Pour vous c'est la manifestation d'une droitisation claire du gouvernement ?
01:22 Oh, d'une droitisation pardon, mais enfin elle a commencé très tôt, peut-être peut-on y voir une pente, mais elle a été empruntée depuis bien longtemps.
01:28 Vous savez qu'il y a déjà eu une réforme de la fonction publique il n'y a pas si longtemps que ça, d'ailleurs dont on n'a pas l'évaluation.
01:33 Vous voyez, on envisage une nouvelle réforme sans avoir évalué la précédente, ce qui est assez habituel.
01:39 Et puis par ailleurs, mais quel est le problème aujourd'hui s'agissant des fonctionnaires principaux ?
01:43 C'est leur recrutement, c'est l'attractivité de la fonction publique, on a besoin d'enseignants devant nos élèves, on a besoin de soignants dans nos hôpitaux.
01:51 Vous savez, pas plus tard que la semaine dernière, je m'inquiétais avec celles, parce que c'est beaucoup des femmes,
01:57 qui travaillent de la possibilité de maintenir la maternité, le service de néonatalité de l'hôpital de Mont-de-Marsan.
02:03 Pardon, ce n'est pas une petite affaire pour un territoire comme l'Élande.
02:07 Il y a des postes qui ne sont pas pourvus.
02:09 On nous parle de licenciement alors qu'il y a des dizaines de milliers de postes de fonctionnaires qui ne sont pas pourvus.
02:14 Donc pour vous c'est de la com ?
02:16 Oui, c'est de la com, et c'est regarder ailleurs plutôt que la réalité des difficultés,
02:24 que de se mettre autour de la table avec les représentants de la fonction publique,
02:29 pour travailler à ce qui les préoccupe véritablement.
02:33 J'ai bien compris qu'on était tous autour du barbecue.
02:38 Et qu'un certain nombre de ministres couraient, peut-être pour ne pas être sur le grill,
02:43 comme des poulets sans tête.
02:45 Je crois que M. Guérini, là, dans la séquence, peut peut-être en faire partie.
02:49 En tout cas, le tabou des licenciements auxquels Stanislas Guérini veut s'attaquer, ça a braqué les syndicats.
02:57 La CGT a déposé un préavis de grève du 15 avril au 15 septembre, et donc sur toute la période des JO,
03:02 dans les trois fonctions publiques, État, Collectivité et Hôpital, et Forces Ouvrières est sur la même ligne.
03:07 Pas de trêve pendant les jeux. Est-ce que vous trouvez ça légitime ?
03:10 Ou est-ce qu'il faut remettre cette idée de limiter le droit de grève à certaines périodes ?
03:15 Non, moi je ne suis pas... D'abord, vous savez, il y a déjà des règles qui organisent dans les transports,
03:20 l'exercice du droit de grève. On le sait, c'est appliqué quand il y a des mouvements.
03:26 Le droit de grève, c'est un droit constitutionnel garanti, c'est ce qui nous distingue aussi
03:30 de beaucoup de régimes qui ne sont pas précisément des états de droit et des démocraties.
03:34 Enfin là, on a les JO.
03:35 Oui, on a les JO, et on a un ministre qui joue avec les allumettes. De temps en temps, il faut qu'il se souvienne
03:39 qu'on peut se brûler quand on joue avec les allumettes. Donc maintenant, au ministre, il dit "écoutez, j'ai dit une connerie,
03:44 mettons-nous autour de la table, travaillons". On a tous à cœur que le service public, et en particulier celui des transports,
03:50 dans la période que nous allons ouvrir et qui doit être un grand moment, au fond, de fraternité et de bonheur partagé
03:56 avec ces JO, fonctionne correctement. Mais le ministre, en réalité, commet non seulement une imprudence,
04:03 mais un écart par rapport à ce qu'il faudrait mettre sur la table.
04:08 Boris Vallaud, il y a un autre sujet de tension, et il est énorme, c'est le déficit.
04:13 Après 10 milliards d'économies annoncées en février, Bercy vient d'annoncer qu'il faut redoubler d'efforts.
04:18 On a encore 10 milliards, 10 autres milliards à trouver en 2024. Vous en débattrez de cette trajectoire budgétaire,
04:23 ça sera le 29 avril à l'Assemblée. Qu'en pensez-vous ? Faire baisser les dépenses, c'est quand même la solution
04:29 pour redresser la barre et arriver sous les 3% de déficit ?
04:33 D'abord, prenez la photo un peu plus large. Il y a déjà eu 10 milliards d'annulation de crédits,
04:39 dans l'éducation nationale, dans la santé, dans la recherche, dans l'enseignement supérieur.
04:43 Ce ne sont pas des choses concrètes, c'est moins d'enseignants, par exemple, recrutés cette année.
04:48 Vous savez que depuis 2017, on a recommencé à détruire des emplois d'enseignants, alors que par ailleurs,
04:53 il y a des difficultés de remplacement qu'on a besoin de prendre en charge dans nos écoles,
04:57 des enfants qui sont en situation de handicap. Je vous ai dit, vous le savez, la situation de l'hôpital.
05:02 2023, dérapage de 16 milliards. 2024, dérapage de 18 milliards. Bravo !
05:07 Bravo ! Et Bruno Le Maire fronce les sourcils en engueulant je ne sais pas qui, les Français, d'abord lui-même.
05:13 Je dis, finalement, comme le président de la République, ça n'est pas un dérapage des dépenses, c'est des moindres recettes.
05:19 Et bien quand on a un problème de recettes, on cherche des recettes. On commence par chercher des recettes.
05:23 Donc ça veut dire quoi ? Ça veut dire Boris Vallaud, les socialistes, à temps immédiat, qui vont dire que les recettes, ce sont des impôts ?
05:29 Ça veut dire, madame, que quand le gouvernement veut faire payer le quoi qu'il en coûte à ceux qu'on a applaudis à 20h,
05:36 c'est-à-dire aux infirmières, aux caissières, aux ouvrières de l'agroalimentaire, aux éboueurs, on dit non.
05:41 On dit que la solidarité nationale, ça doit être chacun selon ses capacités.
05:46 Et donc qui peut encore aujourd'hui participer mieux qu'il ne le fait à la solidarité nationale,
05:51 parce que les milliardaires sont moins taxés que les classes moyennes ? Et bien ce sont ceux-là.
05:55 C'est les hauts patrimoines, c'est les hauts revenus, c'est les multinationales.
05:58 Il faut taxer les superdividendes, il faut taxer les multinationales.
06:01 Vous entendez, il y a dans les pistes la taxation des rentes. Il va y avoir une mission sur la taxation des rentes.
06:07 C'est satisfaisant ça pour vous ?
06:08 Écoutez, ça dépend de quoi. Vous savez, on avait un impôt sur les énergéticiens,
06:13 sur les super profits des énergéticiens. Au départ, on a parlé de 12 milliards d'euros de rentrée fiscale,
06:19 puis 3 milliards et finalement c'est quelques centaines de millions d'euros.
06:22 Et le principal d'entre eux, je crois, n'en a quasiment pas payé.
06:26 Il y a quand même un petit problème aussi de compétence dans les prévisions que fait ce gouvernement.
06:31 Et nous allons encore dans le mur. Le rythme auquel le gouvernement fait des économies.
06:35 D'abord, il faut bien dire aux françaises et aux français qu'après les européennes,
06:38 ils vont tous passer à la caisse. Parce que là, il y a des ballons d'essai dans tous les sens.
06:41 C'est-à-dire, vous êtes d'accord avec les LR qui disent qu'il y a un plan caché d'augmentation des impôts ?
06:45 Alors, je ne sais pas. Je pense moins à un plan caché d'augmentation des impôts
06:48 qu'à un plan de ratiboisage généralisé des droits.
06:52 Quand j'entends parler de déremboursement des médicaments, de moins bonne prise en charge des infections de longue durée,
06:58 de la suppression de l'ASS, c'est-à-dire le renvoi de travailleurs qui sont des travailleurs seniors
07:03 vers le système du RSA. Quand on voit tous ces ballons d'essai là,
07:09 je dis écoutez, il y aura une augmentation de la TVA. Je dis aux français,
07:13 ne soyez pas dupes de ces contorsions du gouvernement.
07:16 - Boris, attendez, mais vous dites économies ?
07:18 - Ça va aggraver la crise. Vous avez l'Office français des Conjonctures économiques,
07:22 hier, qui rendait ses prévisions et qui a calculé ce que déjà coûtait à la croissance
07:25 les 10 premiers milliards d'économies de cette année. 0,2 points de croissance.
07:30 20 milliards, c'est le double.
07:32 - Je vous entends, mais Boris Vallaud, vous dites qu'il faut augmenter les impôts,
07:35 il y en a qui peuvent payer. Ce n'est pas comme ça qu'on va combler le déficit.
07:38 On a 3 000 milliards de dettes, on a un déficit qui s'aggrave, vous savez bien que ça ne va pas rapporter autant.
07:42 - Ah bon, vous pensez ? Vous pensez vraiment que quand Taxes en Riche au niveau européen,
07:45 vous ne remboursez pas une bonne partie du stock de la dette constituée pendant la Covid ?
07:48 - Au niveau européen, mais nous, nous sommes en France.
07:50 - Vous pensez que chaque année, il manque, par exemple, à tous les pays de l'Union européenne,
07:53 dont la France, 20% de recettes de l'impôt sur les sociétés tous les ans. Pourquoi ?
07:59 Parce que les multinationales consolident leurs résultats dans des paradis fiscaux.
08:03 Eh bien, attaquons-nous véritablement à ça, et moi je vais vous dire quelle est notre position.
08:08 Il faut non seulement trouver de nouvelles recettes,
08:11 il faut faire des économies qui vont être des économies aussi en dépenses fiscales.
08:14 Il y en a qui sont encore annoncées, la suppression des impôts de production.
08:17 Honnêtement, personne ne le demande, ça va bénéficier à des secteurs qui sont des secteurs protégés.
08:22 Et puis par ailleurs, il y a des besoins de rebonds dans un certain nombre de secteurs.
08:26 - Le gouvernement dit que c'est notre politique pro-business, on ne veut pas y toucher.
08:30 - Oui, mais je trouve que c'est leur politique pro-business,
08:33 elle finit par abîmer le business, puisque là où ils font des économies, ils baissent la croissance.
08:38 Pardon, ils sont encore en train de nous raconter, pour citer le président de la République, des carabistouilles,
08:42 puisqu'ils se fondent sur 1% de croissance, là où la Banque de France dit 0,8, là où l'OFCE dit 0,5,
08:47 sans avoir calculé les 10 milliards supplémentaires.
08:49 - Pour vous, c'est la rigueur. Je crois qu'on a compris, vous n'êtes pas d'accord sur les recettes.
08:52 Je voudrais vous poser une dernière question.
08:54 Parce qu'il y a aussi une esquive du gouvernement.
08:56 On aimerait en parler, on aimerait que l'on puisse discuter.
08:59 - Alors allez-y, mais on n'aura pas le temps de parler du pacte migratoire et de l'Union Européenne.
09:02 - On veut un projet de loi de finances rectificative avant l'été.
09:08 Ils changent le budget sans passer devant la représentation nationale.
09:11 On a quand même une difficulté, on a des comptes à rendre les uns et les autres à nos électeurs.
09:16 - Mais si les Républicains déposent une motion de censure avec un PLFR, les socialistes vous le voterez ?
09:22 - Nous n'y avons rien et il n'est pas improbable aussi que nous-mêmes nous en déposions.
09:25 - Boris Vallaud, le député des Landes et chef du groupe socialiste à l'Assemblée, merci d'avoir accepté l'invitation du 7h50.
09:32 - Merci à vous Alexandre Benzaïde.

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