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Aujourd'hui, dans « Les 4V », Jean-Baptiste Marteau revient sur les questions qui font l’actualité avec Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale et député PS des Landes.

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00:00Bonjour Boris Vallaud, et bienvenue dans les 4V, on va parler de votre parti et du Parti Socialiste pour le prochain congrès dans un instant.
00:07Mais d'abord, tout à l'heure, les présidents du groupe parlementaire sont reçus à Matignon par François Bayrou pour les informer de la situation en Ukraine.
00:14Vous y serez, qu'est-ce que vous attendez du gouvernement ?
00:18On attend des informations sur la situation en Ukraine. Est-ce que l'armée ukrainienne résiste ? Comment est le front russe ?
00:26Nous avons besoin de savoir quel est l'état de la menace aux frontières de l'Europe, à la frontière avec la Russie.
00:31Nous avons besoin de connaître l'état de la menace sur nos propres territoires, dans les guerres hybrides qui s'y déroulent, dans les tentatives d'ingérence qui s'y déploient.
00:39Nous avons besoin de connaître l'état de l'appareil militaire français.
00:43Nous avons besoin de comprendre où nous en sommes dans nos relations avec les Américains, qui ont décidé de suspendre leur livraison d'armes à l'Ukraine.
00:49Même s'ils les ont repris hier, mais l'incertitude y demeure.
00:53Pouvons-nous compter ou pas durablement sur les Américains dans l'OTAN ?
00:56Ont-ils l'intention de quitter l'Europe ? Quelles sont les garanties de sécurité que nous apporterions à l'Ukraine ?
01:02Et puis, quel est le chemin qui nous est proposé pour que nous ayons une véritable autonomie stratégique européenne ?
01:08On a besoin de cette information. Les parlementaires en ont besoin.
01:11C'est bien que les présidents, après les chefs de partis, soient reçus pour ces explications.
01:15Mais je crois que plus régulièrement, devant les commissions spécialisées, les ministres doivent venir rendre compte de la situation, de l'action de la France.
01:22Mais on l'a vu encore cette nuit à l'Assemblée nationale.
01:24Il y a plusieurs lignes qui se matérialisent, notamment à gauche, sur la situation de l'Ukraine.
01:28Est-ce qu'il faut aider ou pas ?
01:29Par exemple, socialistes et écologistes ont voté cette résolution qui vise notamment à renforcer le soutien militaire et financer l'aide militaire pour Volodymyr Zelensky.
01:38Les communistes et les insoumis ont voté contre. Qu'est-ce que vous en pensez ?
01:42Il y a vraiment une fracture à gauche dans cette question.
01:44Je crois qu'effectivement, il y a un désaccord qui est un désaccord extrêmement profond.
01:47Moi, je voudrais dire la position qui est celle des socialistes.
01:49C'est de se tenir de façon constante, déterminée, autant que cela sera nécessaire, aux côtés de la résistance ukrainienne contre l'agresseur russe.
01:58Nous avons demandé la poursuite évidemment des livraisons d'armes et des soutiens que nous apportons, des sanctions à la Russie.
02:04Mais nous demandons aussi que les 200 milliards d'avoirs russes qui ont été gelés soient saisis au bénéfice de l'Ukraine.
02:11Il faut les saisir et il faut financer en partie l'effort de guerre grâce à ça.
02:13Bien sûr, c'est à l'agresseur russe de payer le coût de cette agression.
02:19Et nous devons être pour cela aux côtés des Ukrainiens.
02:21Et je pense qu'il est important de le dire avec beaucoup de fermeté et en attente du gouvernement français,
02:26qu'il soit le relais de cette demande qui est celle majoritaire des parlementaires français.
02:29Tout ceci va effectivement coûter beaucoup d'argent.
02:31Vous dites notamment qu'il faut en partie saisir ces avoirs russes pour financer ce qu'on appelle l'effort de guerre.
02:35Éric Lombard, le ministre de l'Économie, disait hier au Sénat que le gouvernement allait, je cite,
02:39« mobiliser l'épargne privée des Français » à travers notamment des produits d'épargne existants
02:44qui permettraient effectivement de financer la hausse des budgets militaires.
02:48C'est une bonne idée de solliciter l'épargne des Français pour cet effort ?
02:52On peut solliciter l'épargne des Français pour qu'ils investissent dans des entreprises de défense,
02:57pour qu'on achète européens, français, qu'on en profite pour réindustrialiser un pays
03:02qui a souffert de la désindustrialisation et qui en mesure aujourd'hui le coût,
03:05le coût de la perte de souveraineté, de la dépendance aux États-Unis mais aussi aux Chinois, aux Indiens, en d'autres matières.
03:11On a besoin de technologies duales et ce que je voudrais dire, c'est que ça ne doit pas se faire au détriment
03:15de l'épargne qui est mobilisée pour la construction notamment du logement social.
03:18Donc on ne touche pas au livret A ?
03:19Ça me paraît extrêmement important que nous soyons attentifs à cela.
03:22Et puis deuxième chose, j'entendais le président de la République dire qu'il n'y aura pas d'augmentation d'impôt.
03:26Je ne souhaite pas et nous ne souhaitons pas, nous socialistes, que les dépenses militaires,
03:31les dépenses d'armement nécessaires se fassent au détriment de notre modèle social.
03:35Je crois qu'il n'y a pas de défense solide, il n'y a pas de cohésion nationale sans un modèle social
03:39que nous défendons avec la même vigueur.
03:41C'est la raison pour laquelle, en la matière, il faut des impôts pour ceux qui peuvent participer
03:45plus et mieux à la solidarité nationale et on appelle au patriotisme évidemment économique les grandes entreprises.
03:54Boris Vallaud, le parti socialiste, prépare donc son prochain congrès qui devrait désigner un nouveau premier secrétaire
03:58dans une tribune publiée dans Libération hier.
04:01Vous appelez donc à un congrès de réconciliation et de doctrine avant d'en venir au fond.
04:06Est-ce que vous, vous seriez candidat au poste de premier secrétaire du PS ?
04:09Oui, je vous le dis, c'est le sens de cette démarche, être le candidat du rassemblement.
04:14Non pas la candidature qui vise à effacer des têtes sur la photo de famille,
04:20mais au contraire, à les additionner.
04:22Un congrès d'addition des talents, pas de soustraction dans cette famille,
04:26qui est une famille riche, qui doit être mobilisée et unie.
04:29On voit quand on est unis à quel point nous sommes forts, forts dans le rapport de force avec le gouvernement,
04:33forts à gauche, à quel point nous parlons d'une seule voix.
04:37Quand nous parlons d'une seule voix, nous sommes entendus et donc je crois que c'est important.
04:40Vous êtes donc candidat pour être le prochain premier secrétaire du PS,
04:42mais pour autant l'actuel Olivier Faure a dit qu'il était candidat à sa succession.
04:45C'est donc forcément une candidature contre Olivier Faure ?
04:48Mais ce n'est pas une candidature, c'est une candidature avec lui, avec beaucoup d'autres,
04:51parce que je ne veux pas que nous revivions les divisions du passé qui nous stérilisent.
04:55Donc le congrès de Marseille où il y avait deux ou trois candidats qui se sont rencontrés ?
04:58Exactement. Et je vois se dessiner exactement la même chose.
05:00Et l'aspiration profonde, mais je crois de chacune et de chacun de nos militants,
05:03c'est non pas que nous nous battions entre nous, mais que nous nous battions contre les inégalités,
05:08que nous nous battions contre le nationalisme qui menace chaque jour en France et dans le monde,
05:13que nous nous battons contre le néolibéralisme et ses dégâts.
05:16Et nous devons le faire tous ensemble.
05:17Et donc ça veut dire qu'Olivier Faure doit retirer sa candidature ?
05:19Ça veut dire que j'ai l'aspiration qu'à la fin nous nous retrouvions tous,
05:22et je crois que je ne suis pas une candidature de plus,
05:24mais que je peux être beaucoup de candidatures collectives pour créer ce collectif qui nous manque,
05:29mais qui est indispensable compte tenu de la période et dans la préparation de l'échéance, notamment de 2027.
05:35Pour Pougeot, il y a le maire de Rouen, Nicolas Maillard-Rossignol qui est candidat,
05:37il y a Olivier Faure qui est candidat. Qu'est-ce que vous leur dites ?
05:39Vous leur dites « retirez votre candidature et venez avec moi ».
05:42Moi je dis que je donne un rendez-vous à toutes et à tous pour que nous nous retrouvions.
05:46Et je pense que je peux être ce lien entre des socialistes qui prétendent ne pas s'entendre,
05:51mais dont je sais qu'ils peuvent travailler ensemble.
05:53Je connais le talent de chacun, je sais ce qu'a fait Olivier Faure, j'ai été à ses côtés.
05:57Et je pense que nous serons tous et toutes à nos côtés.
05:59Mais je ne peux pas, moi, dresser des frontières, je préfère construire des ponts.
06:02Et ma détermination, elle est intacte.
06:04Moi je sais que j'ai beaucoup de militants qui n'ont pas envie, après ce congrès,
06:06de rentrer fracturés dans leur section, qui ont envie de se retrousser les manches et pas de baisser les bras.
06:13Martine Aubry disait hier sur France Inter qu'elle défendait une union de la gauche la plus large possible,
06:16mais sans Jean-Luc Mélenchon, disait-elle. Vous êtes d'accord ?
06:19Je suis d'accord avec elle, écoutez, c'est quand même l'état de fait dans lequel nous sommes.
06:23Il est déterminé à construire une candidature de la France Insoumise sur la base du programme de France Insoumise.
06:29Ça impose donc une responsabilité éminente pour le reste de la gauche de se rassembler,
06:34parce que je crois que le grand défi qui nous est fait, et en particulier au Parti Socialiste,
06:38c'est de construire un programme, un projet au service des classes populaires,
06:42au service de celles et de ceux qui n'ont que leur force de travail pour vivre.
06:46C'est à elles que l'on doit parler, parler d'elles tout le temps et arrêter de parler de nous.
06:49La France Insoumise qui fait de nouveau parler d'elles avec cette affiche qui cible notamment l'animateur Cyril Hanouna,
06:54avec des accusations d'antisémitisme, il annonce porter plainte contre la France Insoumise.
06:58Vous soutenez cette démarche ? Vous dites comme Patrick Cannaire ce matin, il parle de saloperie ce matin sur France Inter.
07:03Écoutez, je reprends ces termes. J'ai été extrêmement choqué par cette affiche, je le dis sans enbage.
07:10Donc c'est vraiment... Il y a beaucoup de choses qui vous opposent désormais, le fond et la forme avec la France Insoumise.
07:14Oui, vous savez, j'aimerais parler des Français, j'aimerais parler du Parti Socialiste.
07:17Vous savez, je ne peux pas passer mon temps, moi, à commenter les turpitudes des autres.
07:21Aujourd'hui, vous savez, les questions qui se posent, c'est la place du travail dans notre société.
07:25Il y a beaucoup de Françaises et de Français, la moitié d'entre eux, qui, alors qu'ils aiment leur travail, ne s'y épanouissent pas.
07:31On peut parler des conditions de travail, on peut parler de la place du travail dans nos vies, dans la société.
07:35Qu'est-ce que le partage de la valeur et qu'est-ce qui fait la valeur du travail ?
07:38Est-ce que nous n'avons pas à un moment, nous devons nous poser la question de savoir
07:41si la valeur ne doit pas être du côté de l'utilité sociale, les métiers du soin et du lien.
07:45C'est ça la proposition et la ligne stratégique que je souhaite défendre.
07:48Pour défendre cette ligne, social-démocrate, on peut l'appeler comme on veut.
07:50Socialiste.
07:51Socialiste, vous dites, social-démocrate disent d'autres.
07:53Ça veut dire qu'en 2027, à la prochaine présidentielle, il faudra qu'elle soit représentée sans une partie de la gauche.
07:59On peut y avoir plusieurs candidats de gauche en 2027 ?
08:01Je crois qu'on a besoin d'une candidature commune et je veux que les socialistes occupent la première place dans ce que nous avons à construire.
08:09Ça suppose, je dis, les socialistes rassemblés.
08:12La condition de l'union de la gauche, c'est l'union des socialistes.
08:15Moi, je ne veux pas qu'on substitue à la théorie des gauches irréconciliables,
08:19la théorie à laquelle je crois moins encore des socialistes irréconciliables.
08:23Parce que vous savez, si les socialistes sont irréconciliables, si la gauche est irréconciliable,
08:28eh bien ça ouvre la théorie d'un pays et de Français qui seraient irréconciliables.
08:32Non, on a besoin de se donner des raisons de vivre ensemble, dans notre parti et dans notre pays.
08:36Il y a quelques mois, vous disiez dans l'Ebay, la politique me fascine autant qu'elle me lasse.
08:40Elle vous fascine toujours ou elle vous lasse ?
08:42Précisément, c'est cette ambivalence et j'espère me mettre au service plutôt de l'enthousiasme que de la lassitude.
08:48Boris Vallaud qui nous annonce ce matin dans les 4V qu'il sera candidat au prochain congrès du PS pour le poste de Premier secrétaire.
08:53Merci et bonne journée.
08:54Merci.

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