Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale

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00:00 - Et les 8h moins le coeur, notre invité ce matin est Boris Vallaud, député socialiste des Lens, des patron des députés PS à l'Assemblée Nationale.
00:07 Et il répond à vos questions, Marie-Roche.
00:09 - Bonjour Boris Vallaud. - Bonjour.
00:11 - Les députés socialistes réunis donc pour leur journée parlementaire à Bordeaux, veulent faire des propositions budgétaires alternatives, notamment pour le pouvoir d'achat.
00:19 Alors que pensez-vous de la réunion aujourd'hui autour de la ministre de la Transition énergétique, destinée à pousser les distributeurs de carburant à faire un geste de solidarité pour les Français ?
00:29 - Écoutez, c'est bien le moins, mais on ne peut pas compter seulement sur les distributeurs, sur Total, pour que les Français voient le prix de l'essence baisser à la pompe.
00:38 Ce n'est pas seulement la bonne volonté, c'est des décisions politiques parce que c'est un problème politique.
00:42 Il y a aujourd'hui beaucoup de Françaises et de Français qui ne remplissent plus leur carburant ou qui payent pour aller gagner leur vie.
00:48 Vous voyez la situation absurde dans laquelle on est. Et cette augmentation, puisqu'on est presque à 2 euros maintenant, le litre d'essence ou de gazole,
00:54 il s'ajoute à l'augmentation des produits d'enrées alimentaires, c'est 20% par rapport à l'été 2021.
00:58 C'est-à-dire qu'il y a un paquet de gens qui ne remplissent ni leur réservoir d'essence, ni leur réfrigérateur.
01:03 Et on en est là. Ça veut dire du blocage des prix. Ça veut dire aussi que la part des taxes qui pèsent sur l'essence doit diminuer avec des TIPP flottantes.
01:12 En tout cas, là, les Français n'en peuvent plus et certaines compagnies pétrolières continuent de gagner beaucoup d'argent au premier chef Total.
01:19 - Donc le coup de pouce de l'État, il en faut un, selon vous ? Il faut de nouveau un coup de pouce de l'État à la pompe ?
01:23 - Il faut un coup de pouce de l'État. Il faut l'augmentation d'un certain nombre de minima qui n'ont pas augmenté autant que l'inflation et le coût de la vie.
01:31 Il faut un meilleur partage de la richesse qui est créé pour pouvoir augmenter les salaires au premier rang desquels le SMIC met l'ensemble de la distribution des revenus.
01:40 Est-ce que vous pensez normal, aujourd'hui, par exemple, que le patron d'une grande enseigne de la grande distribution gagne 400 fois ce que gagne sa caissière ?
01:47 Tous ces métiers du lien, tous ces métiers nécessaires qui ont tenu le pays debout, qu'on a applaudi à 20h, ils attendent quand même que le gouvernement et, du moyen général, l'économie reconnaissent leurs nécessités, leurs utilités.
02:01 C'est le pouvoir de vivre, le pouvoir de vivre, pardon, c'est évidemment se nourrir, c'est évidemment pouvoir se déplacer, mais c'est pouvoir se loger aussi.
02:10 Il y a une question du prix du loyer, il y a un effondrement du logement avec des conséquences qui sont extrêmement graves.
02:17 L'ensemble, que ce soit les promoteurs ou les bailleurs sociaux, nous alertent sur une situation extrêmement difficile.
02:24 Et vous recevez tout à l'heure le secrétaire général de l'UNEF de Gironde. Les étudiants sont parmi les premiers inquiets, les premières victimes de cette situation.
02:32 Boris Vallaud, député socialiste des Landes et patron des députés PSA de l'Assemblée nationale, est notre invité ce matin sur France Bleu Gironde et sur France 3 Aquitaine.
02:40 Si je reviens à l'exemple du coup de pouce pour le carburant, le coup de pouce à la pompe, pour les Français, le ministre de l'économie dit que ça coûte trop cher, que ça ne passe pas dans le budget, qui d'ailleurs va être bientôt débattu, que vous n'avez a priori pas l'intention de voter.
02:52 Mais vous savez, on débat quand le débat s'engage. Qu'est-ce que nous demandons au gouvernement ? Nous demandons parce que, en effet, la situation des finances publiques est préoccupante, nous demandons que cette dette, cette dette Covid, on la fasse rembourser par ceux qui le peuvent.
03:09 C'est-à-dire les multinationales qui consolident 40% de leurs résultats dans les paradis fiscaux, qui ne payent pas les impôts qu'ils devraient en France mais dans tous les pays de l'Union européenne.
03:17 Il manque à peu près 20% des recettes de l'impôt sur la société du fait de cette optimisation fiscale, parfois c'est même de la faute, cette optimisation fiscale agressive.
03:25 Et par Léo Patrimoine, nous recevions hier Jean Pisani-Ferry, qui a été un des conseillers économiques de la première campagne d'Emmanuel Macron.
03:33 Il en formule la proposition parce qu'on a besoin aussi de financer la transition écologique. Ce que propose le gouvernement, lui, et nous nous y opposons, c'est des impôts sur la vie des gens.
03:41 Ce que l'on prétend donner d'une main, on le reprend de l'autre à travers moins de droits à la retraite, moins de droits au chômage, et bientôt avec le doublement du forfait sur les médicaments,
03:53 qui va contribuer à des renoncements aux soins dont vous savez qu'ils sont une réalité là aussi accablante et préoccupante.
04:01 C'est dans le dernier, le 17ème baromètre de la pauvreté du Secours populaire.
04:05 Boris Vallaud, vous signez aussi une tribune aujourd'hui dans Libération avec des élus de gauche, mais aussi de la majorité,
04:11 pour défendre le projet de régularisation des travailleurs sans-papiers dans les secteurs en tension.
04:16 Ça veut dire qu'il est quand même possible de s'entendre avec les macronistes ou certains macronistes ?
04:21 Alors, ils ne sont pas très nombreux à avoir signé la tribune. Et j'ai le sentiment, dans quelques réactions, qu'ils crient un peu dans le désert.
04:27 Quel est le sens de notre démarche ? Qui n'épuise pas le sujet ni des régularisations, ni la question de l'immigration, des droits d'asile, etc.
04:35 Ça veut dire, écoutez, sortons d'une forme d'hypocrisie. Il y a beaucoup de travailleurs étrangers qui ont un travail dans des métiers
04:43 comme le bâtiment, les travaux publics, la propreté, l'hôtellerie et la restauration, le service à la personne,
04:51 qui, pour un certain nombre d'entre eux, payent même des cotisations, c'est-à-dire participent de la solidarité nationale,
04:55 mais on les maintient dans une situation de non-droit, qui ne les permet pas de vivre décemment, et même, j'allais dire, de s'intégrer.
05:03 Et je crois que le travail, et les Français le pensent assez largement, est un des leviers, des facteurs, même historiquement, nous le savons, de l'intégration.
05:10 Donc l'idée, c'est de sortir de cela. C'est un socle minimal sur lequel on a pu s'entendre avec quelques députés macronistes.
05:18 Ce n'est pas une façon de tendre la main au gouvernement, qui lui regarde vers Éric Ciotti, et qui propose des choses, évidemment, auxquelles nous ne nous souscrivons pas.
05:25 Mais je crois que sur un sujet qui préoccupe les Français, la question migratoire, il faut dire les choses avec netteté,
05:30 sans, j'allais dire, raconter n'importe quoi sur un sujet qui est un sujet important.
05:36 Est-ce que c'est une illustration de votre objectif affiché, alors, de ces journées parlementaires à Bordeaux,
05:40 de bousculer le jeu politique, de susciter des majorités sur des propositions concrètes, comme l'a dit Olivier Faure hier ?
05:46 La préoccupation qui est la nôtre, de façon constante, c'est les Françaises et les Français.
05:51 On a évoqué le pouvoir de vivre. On évoque là un certain nombre de sujets qui taraudent les Françaises et les Français.
05:58 Être utile, ne jamais renoncer à convaincre. Nous jouons à l'Assemblée nationale, à chaque fois qu'on le peut, le jeu du Parlement, du parlementarisme.
06:07 Et nous avons amendé un certain nombre de textes, nous en avons adopté quelques-uns, notamment sur l'accélération du déploiement des énergies renouvelables.
06:15 Et puis, quand on voit que l'intérêt des Français, que l'intérêt général n'est pas respecté, comme dans l'affaire des retraites,
06:21 64 ans, c'est d'abord les plus modestes, ceux qui n'ont que leur travail pour vivre, qui vont passer à la caisse,
06:26 et bien nous sommes dans une opposition déterminée et résolue. Ce qui nous conduit, c'est l'intérêt général,
06:31 qui est une construction parfois compliquée, difficile, mais absolument nécessaire.
06:35 Si on parle du calendrier politique, Boris Vallaud, la prochaine grande échéance sont les européennes de 2024.
06:39 Le parti socialiste va partir avec sa propre liste, sans alliance avec l'ANUP. Elle est finie l'union avec l'ANUP ?
06:45 Mais d'abord, pas du tout. D'abord, c'est un principe de réalité. Il y avait deux des quatre partenaires,
06:49 nos amis écologistes et nos amis communistes, qui partaient tout seuls.
06:53 Nous, depuis plusieurs mois, nous posons la question de la confrontation des projets pour pouvoir envisager éventuellement de partir ensemble.
07:00 On ne part pas ensemble. C'est une élection qui est une élection à la proportionnelle.
07:04 Le but est qu'il y ait le plus de députés de gauche au Parlement européen pour changer cette Europe
07:09 et la mettre au service des Françaises et des Français.
07:11 Une Europe qui protège au quotidien, qu'on ne soit pas les idiots utiles du village global,
07:15 et qu'on s'impose à nous-mêmes des règles qu'aucun de nos concurrents internationaux ne s'impose.
07:21 Et puis, au quotidien, l'union au service des Français, c'est dans les échéances qui arrivent,
07:26 le budget, la sécurité sociale, parce que nous allons avoir à défendre le budget de la santé, le budget de l'hôpital.
07:32 Vous savez que, dans l'été, beaucoup de services d'urgence ont été intermittents, ont fermé, même des SMUR ont été atteints.
07:39 L'année dernière, en dépit des dénégations du gouvernement, nous avions un budget qui défalquait de l'inflation,
07:44 c'est-à-dire en réel était négatif.
07:47 Évidemment, c'est une situation qui n'est pas tenable.
07:50 Tout ça, ça nécessite des moyens publics.
07:53 Et c'est la raison pour laquelle on demande de la justice fiscale,
07:57 que les PME ne payent pas les impôts des multinationales qui ne les payent pas,
08:01 que les travailleurs, les Françaises et les Français ne payent pas ceux des hyper-riches qui ne les payent pas.
08:07 Voilà, c'est une mesure de justice.
08:08 Et on a vu s'inspirer, ici, à Bordeaux, en Gironde, de travaux concrets,
08:13 puisque ce matin, nous allons nous inspirer des travaux du conseil, notamment du conseil général de Gironde,
08:19 avec Jean-Luc Gleize, on ira voir la prise en charge de l'enfance en danger, du handicap,
08:25 et la question de l'insertion, on rencontrera des associations et puis les présidents des missions locales.
08:30 Ce sera intéressant et la Gironde est inspirante.
08:32 Merci beaucoup Boris Vallaud, député d'Eland, président des députés socialistes à l'Assemblée nationale,
08:37 présent à Bordeaux pour ces journées parlementaires du Parti Socialiste.
08:40 Merci beaucoup à vous.

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