Avec Bernard Hinault, légende du cyclisme
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NewsTranscription
00:00 Le 10h30 Sud Radio Média, Valérie Exper, Gilles Anzmann.
00:05 Bonjour à toutes et à tous, très heureuse de vous retrouver.
00:08 Bonjour Gilles, vous êtes ému ce matin ?
00:10 Oui, je suis très ému de notre invité.
00:12 Non mais parce que pour moi il fait partie de l'histoire de la France.
00:16 Alors on va peut-être dire son nom, c'est Bernard Hinault.
00:18 Bonjour Bernard Hinault, merci d'être avec nous ce matin.
00:21 Bernard Hinault dans la légende, vous êtes une légende.
00:24 C'est une BD qui paraît chez Mareuil Editions,
00:28 une BD à laquelle vous avez évidemment collaboré
00:30 parce qu'on est au cœur des courses.
00:32 Moi j'ai appris énormément de choses en lisant la BD.
00:36 Sur le moment tout ?
00:37 Pardon ?
00:37 Non, j'ai dit sur le moment tout.
00:38 Non, non, mais sur les coulisses des courses,
00:41 sur le transfert avec tapis, il y a beaucoup de choses.
00:44 Il y a un peu d'histoire, oui.
00:45 Oui, il y a un peu d'histoire, puis vous balancez un petit peu aussi.
00:47 C'est le grand rond-texte qui ont réalisé la BD,
00:52 dessin et scénario, on va en reparler avec vous dans un instant.
00:57 Et c'est vrai que vous êtes une légende et vous vouliez devenir une légende.
01:01 C'est un peu ce que raconte cette BD.
01:03 On le devient parce qu'on est coureur cycliste à un moment donné,
01:07 et puis qu'on a des résultats.
01:08 Autrement vous n'êtes pas une légende.
01:10 Oui, mais sans une ambition, sans une forme d'ego ou de combat,
01:15 on n'arrive pas quand on est sportif.
01:16 Si on n'a pas la petite chose dans la tête qui fait que je veux être le premier, ça ne marche pas.
01:21 Mais je pense qu'on est nés comme ça.
01:23 Pas tous.
01:24 Non, mais moi je ne comprends pas.
01:26 Je ne comprends pas qu'on puisse partir en disant "je viens faire pour faire un top 5".
01:31 Oui, mais ceux qui sont derrière, ils sont à votre service aussi.
01:38 On peut partir le matin en se disant "je viens pour faire la course"
01:42 et on verra le résultat ce soir.
01:44 Parce que si vous partez dans l'idée que vous allez faire un top 5,
01:48 vous allez faire un top 5.
01:49 Vous n'allez pas chercher à aller chercher la victoire.
01:52 La deuxième place est-elle impensable pour vous ?
01:55 Oui, on n'est pas nés pour ça.
01:58 Malheureusement, il y en a qui sont faits pour être des champions, pour gagner,
02:03 et puis il y en a d'autres qui sont là pour faire des seconds.
02:05 C'est horrible ce que vous dites pour Ponydore.
02:08 Non, vraiment, il a fait plein de choses.
02:11 Mais quand vous tombez contre le meilleur, vous faites comment ?
02:15 Vous vous battez le maximum, essayez de le détrôner de son piédestal,
02:20 mais à chaque fois, il est plus fort que vous.
02:22 J'ai eu un adversaire qu'on a souvent dit "c'est un suceur de roue, c'est Jobs de Tomelk",
02:30 et pour moi, ce n'est pas un suceur de roue.
02:32 Malheureusement, il est tombé contre Merckx, et quand Merckx s'arrête, il tombe sur moi.
02:35 Donc il n'a pas eu de chance.
02:37 Mais j'ai eu un adversaire vaillant, qui s'est toujours battu,
02:40 qui n'a jamais baissé les bras, qui a toujours essayé de me mettre par terre.
02:44 On retrouve des noms qui évoquent, pour ceux qui ont suivi le cyclisme,
02:48 on a eu des papas comme le mien qui étaient des accros du Tour de France de Tomelk,
02:52 Greg Lehmann, dont vous parlez beaucoup, Laurent Fignon évidemment aussi.
02:57 On retrouve tous ces noms dans la BD.
03:00 Et puis, on va parler aussi de votre rapport à la presse, aux journalistes,
03:04 qui sont évoqués parfois assez sévèrement dans la BD.
03:09 On rappelle quand même que vous avez remporté 5 Tours de France, ce qui n'est pas rien.
03:13 - Non, non, non. - En 8 participations,
03:18 et vous égalez effectivement Jacques Angtil et Eddy Merckx, qui était votre objectif.
03:23 Et on en reparle dans un instant tout de suite, le zapping.
03:25 Vous allez voir Bernard Hinault que ce premier son, je l'ai choisi pour vous, il va vous parler.
03:34 Ça a été du jamais vu, samedi Valérie, une raclée pour Gilles Braltard,
03:38 battue par l'équipe de France, le score incroyable, 14 à 0,
03:43 un record en Europe et pour la France.
03:45 Et puis dans le match d'autre record, Warren Zahir-Emery est devenu aussi le plus jeune buteur depuis 1914.
03:54 Et puis il y a eu les 3 buts de Kylian Mbappé,
03:56 célébrant ainsi son 300ème but en équipe de France.
03:59 Et sur TF1, j'ai dit je vais prendre ce son, j'ai Bernard Hinault au moins lundi,
04:03 il a expliqué son mental de champion, qu'il était là pour gagner.
04:08 On va le gagner, 7 euros ?
04:09 On va le gagner, je ne sais pas, mais on va aller pour le gagner.
04:12 Depuis que je suis arrivé, j'ai toujours dit que je voulais te gagner.
04:15 Pourquoi je vais changer encore plus maintenant que je suis capitaine ?
04:17 On va aller pour gagner. Est-ce qu'on va gagner ?
04:19 C'est à nous de le faire maintenant, il y a de grandes équipes.
04:21 Mais vous ne m'entendrez jamais dire, tant que je vais porter ce maillot,
04:24 vous ne m'entendrez jamais dire que je vais pour autre chose que gagner.
04:26 Participer, ce n'est pas mon truc à moi.
04:29 Maintenant, peut-être qu'on ne va pas gagner, il faudra nous tomber dessus.
04:32 Si on ne gagne pas, on acceptera, mais on va pour gagner, bien sûr.
04:34 Il t'embrasse sur moi d'abord.
04:37 Je pense que je ne serai pas gagné non plus. Je suis vacciné.
04:40 C'est 300 buts de sa carrière, pas en Équipe de France.
04:44 Oui, bien sûr.
04:45 C'est le réalisateur qui me précise ça.
04:47 Je n'ai dit son 300e but.
04:51 D'accord, pas en Équipe de France.
04:53 Ce que je voulais dire, quelle est la frontière entre vouloir être le premier
05:00 et que ce soit pris pour de la prétention, puisque beaucoup de gens,
05:03 maintenant vous n'avez pas les réseaux sociaux à votre époque,
05:06 beaucoup de gens ont trouvé cette intervention d'Mbappé très prétentieuse.
05:09 Elle est où la frontière ?
05:11 Non, elle n'est pas prétentieuse.
05:13 Ça rejoint ce que j'ai dit tout à l'heure.
05:15 C'est un gagnant.
05:16 Il est là pour gagner.
05:17 Il n'est pas là pour dire "on va faire deuxième".
05:20 Et comme il est le capitaine, c'est lui qui entraîne tous ses compagnons de course
05:26 ou de jeu vers la victoire.
05:28 Et si jamais lui commence à dire "on vient pour faire la deuxième ou troisième place",
05:33 les autres ne vont pas y croire.
05:35 C'est un meneur d'homme.
05:37 Et ils sont fans du Tour de France, les Argentins.
05:40 Ils ont élu hier leur président.
05:42 C'est toute une histoire, je vous en avais déjà parlé ici.
05:45 Il s'appelle Javier Milel.
05:47 Il est surnommé "El Loco".
05:49 Ils ont voté pour quelqu'un qui s'appelle "Le Fou".
05:52 Vendredi quotidien, il n'y avait pas encore eu d'élection,
05:55 avait montré comment les télés commençaient à mettre en doute sa santé mentale.
05:59 Les doutes sur sa stabilité mentale ont commencé après cette interview surréaliste.
06:05 Javier Milel a craqué en direct, commençant à entendre des voix.
06:09 Est-ce que je peux vous demander que les chuchotements cessent derrière la caméra ?
06:12 Parce que c'est très difficile de pouvoir s'exprimer quand autant de gens parlent comme ça.
06:17 Un long moment de malaise qui a duré une bonne minute.
06:20 Si je fais une erreur dans mon raisonnement, on va me détruire publiquement
06:24 et personne ne dira qu'il y avait derrière moi des murmures qui me tuent.
06:28 Cette interview a été un naufrage total pour le candidat,
06:31 à tel point que depuis quelques semaines,
06:33 les télés argentines multiplient les interviews de psychologues pour analyser Javier Milel.
06:38 Que ressentez-vous lorsque vous voyez Milel ? Est-ce une personne qui va bien ?
06:41 Je ressens la même chose que quand je suis face à certains patients à risque.
06:44 C'est une personne qui est presque toujours proche d'exploser.
06:47 Vous la regardez la télé ? Vous regardez les infos ?
06:52 Je crois qu'il faut quand même se tenir au courant de tout ce qui se passe à travers le monde.
06:56 Donc vous regardez les chaînes d'infos, vous regardez les séries.
07:00 Qu'est-ce que Bernard Hinault regarde à la télé ?
07:03 Beaucoup plus sur l'histoire, sur tout ce qui s'est passé en Égypte,
07:08 les constructions égyptiennes, les pyramides, les décors qui sont fantastiques,
07:15 tout ce qui est aussi la nature.
07:17 Et le sport ?
07:18 Et le sport, bien sûr. C'est la première des choses.
07:20 Je regarde beaucoup le sport parce que je dois m'intéresser,
07:24 et on doit s'intéresser en tant que sportif à tous les autres sports.
07:27 Ne serait-ce que pouvoir discuter avec, quand on rencontre un autre athlète d'une autre discipline,
07:33 de pouvoir discuter un petit peu avec lui.
07:35 C'est vous qui allez lancer la flamme pour les Jeux Olympiques 2024 ?
07:40 Pour l'instant, non.
07:42 Vous n'avez pas contacté pour ça ?
07:44 Non, non, non.
07:45 Non, c'est pas vous qui allez...
07:46 On ne sait pas encore français.
07:48 Je tente.
07:51 Ce week-end, derrière Isabelle Adjani, les stars ont défilé pour la paix.
07:55 Des stars qui commencent à s'exprimer sur le conflit israélo-palestinien,
07:59 comme hier soir, Pierre Arditi s'était dans 7 à 8.
08:02 Je fais partie d'une gauche qui manifeste contre l'antisémitisme,
08:06 contre le racisme et l'antisémitisme.
08:09 Si on touche à un cheveu d'un juif, je serai dans la rue.
08:12 Mais si on touche à un cheveu d'un palestinien, pour de mauvaises raisons,
08:16 moi aussi je descendrai dans la rue.
08:18 C'est la même chose.
08:19 Votre père était un juif d'origine espagnole, de Grèce,
08:23 et votre mère, une chrétienne d'origine belge.
08:26 Vous vous sentez juif ?
08:28 Écoutez, en partie, oui.
08:33 Je suis, comme l'aurait dit Raymond Aron,
08:35 je suis un juif déjudaïsé.
08:37 C'est-à-dire que je suis athée.
08:39 Malgré la contestation, malgré l'aberration de la chose,
08:43 hier, les premiers boîtes à livres des Ketsen, Valérie,
08:47 je sais que ça vous tient à cœur,
08:48 ont été enlevées pour faire place nette pour le public
08:51 de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques.
08:53 Les propriétaires ont observé et ils étaient désemparés.
08:57 C'est un reportage de France 2.
08:59 On n'a jamais fait de vagues, on n'a jamais dérangé personne.
09:02 Et puis là, on nous demande, comme si on ne nous avait pas propre, de partir.
09:05 Il faut penser qu'il y a des jeunes boîtes qui ont plus de 100, 120 ans,
09:08 qui sont dans des conditions fragiles, voire très fragiles.
09:11 De grands moyens pour anticiper l'enlèvement d'autres boîtes.
09:14 Le but ? Laisser place à la cérémonie d'ouverture des JO.
09:18 Ce qu'on voit là, c'est pour retirer 4 boîtes.
09:21 Et il faut qu'ils en retirent 600.
09:23 Leur plan, c'est de retirer 600 boîtes.
09:26 Et tout ça pour 4 heures de cérémonie.
09:28 Alors, il y a des boîtes qui sont là depuis presque des années 1900.
09:35 Et c'est assez triste, non ?
09:37 Ça vous révolte un peu ?
09:38 Oui, c'est complètement débile.
09:41 Il fait la tournée des Zénith avec succès.
09:44 Il sera le 7 novembre à la Corotel Arena.
09:47 Le 6 décembre, il dit de prêter en live.
09:49 Ah non !
09:50 Mais je ne fais pas le zapping pour vous, Valérie !
09:53 Excusez-moi, je fais le zapping pour les auditeurs.
09:56 On a un profond désaccord sur les choix.
09:58 Mais je le déteste, je le dis clairement.
10:00 Mais si, je ne l'aime pas du tout, du tout, du tout.
10:03 Mais je ne fais pas le zapping pour vous !
10:04 Mais si, pour faire plaisir !
10:05 Ah non ! Achetez-vous un...
10:08 Quelque chose pour écouter la musique.
10:11 Je vais vous abonner à...
10:13 A Melody TV.
10:14 Voilà, exactement.
10:15 C'est Edi de Pretto.
10:16 Il était en live.
10:17 En vrai, on ne faisait la première fois que vous me faites ça, dans le quotidien.
10:21 Non, c'est la première fois.
10:22 Sur la pression du pire, les comptes à rebours.
10:24 Sur les semblants de paix, qui comptent pour du beurre.
10:26 Sur les fêtes de trop, la mort sans retour.
10:28 Sur tout ce qui nous sépare, j'irai cracher mon cœur.
10:31 Bon.
10:33 Voilà, voilà, voilà, j'irai cracher mon cœur.
10:35 En plus, il chante voilà.
10:36 Ah oui, aussi.
10:37 Comme Barbara Frédy.
10:38 C'est pas fait exprès.
10:39 Oh là là.
10:40 Bon, non mais c'est un petit gimmick entre nous.
10:42 Mais oui, il faut de la diversité.
10:44 Il faut des cités, hein, c'est pour le moment.
10:45 Il y a Bernard Lavillier qui vient de sortir un magnifique album, avec un orchestre symphonique.
10:50 Ça, j'aime Bernard Lavillier.
10:51 Ah oui, c'est bien, c'est normal.
10:52 Vous écoutez de la musique ?
10:53 Oui, oui, oui.
10:54 Oui, aussi.
10:55 Comme je fais beaucoup de route, donc j'écoute tout ce qu'on...
10:58 Oui, et vous écoutez celui de radio aussi, évidemment, en voiture.
11:01 Ça dépend des endroits, parce qu'il y a des endroits où on peut pas le capter.
11:04 Eh bien, il faut vous acheter une voiture avec un DAB+.
11:07 C'est essentiel pour écouter celui de radio.
11:10 On va revenir, on a beaucoup de gens qui sont très contents de vous entendre ce matin.
11:13 Bernard Rinault.
11:14 Mais oui, c'est une légende.
11:15 Gilles qui nous dit "Je regrette l'époque d'aujourd'hui, il n'y a plus de patron dans le peloton.
11:19 Je me souviens d'une époque où Bernard cadenassait le peloton.
11:22 Je me souviens à l'époque d'un jeune coureur français qui n'a pas voulu l'écouter
11:25 et a quand même attaqué, ce qui a déclenché sa colère, dans une étape du Tour de Montagne".
11:29 Vous vous souvenez de qui c'était ?
11:31 Bien sûr, Joël Pellier.
11:32 Ah bon, bravo.
11:33 Tout simplement parce qu'on avait fait un deal entre toutes les équipes.
11:37 L'étape faisait, je crois si mes souvenirs sont bons, 250 km avec 5 grands cols.
11:42 Et puis on a dit, si il y en a qui va garder le premier, il y en a beaucoup qui seront à la maison.
11:46 Donc autant le faire que dans les deux derniers cols, et comme ça tout le monde pourra rentrer.
11:52 Et puis Joël, il a attaqué.
11:54 Et puis j'ai été le chercher.
11:56 Je lui ai dit, si tu veux, va faire la course maintenant, et je crois que ce soir tu seras à la maison.
12:03 Oh là !
12:04 Ah oui, vous avez du tempérament.
12:07 On voit que c'est pas beau.
12:10 Après il s'est retrouvé sur une étape du Tour de France, et puis j'étais dans l'organisation avec ASO.
12:15 Je lui ai donné un petit coup de main, en lui donnant beaucoup de renseignements pour qu'il gagne.
12:21 C'est ce qu'on découvre un peu aussi dans la BD, c'est la façon dont on se prépare à la course,
12:29 et puis les deals qui sont passés.
12:33 Et si on passe à la pub ?
12:35 Effectivement, Inno dans la légende, c'est dans un instant, Bernard Inno est avec nous.
12:46 L'invitée du jour, c'est une légende, Bernard Inno est avec nous pour cette BD qui s'appelle Inno dans la légende.
12:53 C'est chez Marie-Edition.
12:55 C'est le troisième album, il y a eu Objectif Maillot Jaune sur le toit du monde,
13:00 et Inno sur le toit du monde, à chaque fois avec Jeff Le Grand et Fabien Rontex.
13:05 Fabien Rontex qui fait les illustrations et Jeff Le Grand le scénario.
13:09 Vous, vous racontez, c'est comme ça que ça s'est passé cette préparation ?
13:14 On voit vos réflexions et on voit bien que c'est vous qui parlez.
13:17 Autrement on ne peut pas faire un bon livre.
13:20 Il faut que ce soit le plus vrai possible, on ne peut pas tricher.
13:25 Donc il m'envoyait les textes, je me suis dit ok, ça ne correspond pas, donc on va corriger.
13:32 Juste avant, celui qui fait les dessins, je trouve ça très cinématographique en fait.
13:38 Je trouve que ça fait plus film que BD, je ne sais pas si vous avez vu ça.
13:42 C'est plus près du manga aussi.
13:45 L'idée c'est que beaucoup de jeunes s'intéressent.
13:50 Et si vous faites un livre, un beau livre, mais il n'y a pas un peu de quelque chose qui les intéresse,
13:57 ils ne vont pas l'acheter ou s'y intéresser.
13:59 Il y a le graphisme du manga.
14:02 On est une émission dédiée aux médias, vous parlez des journalistes,
14:08 ça vous met en colère les critiques que vous avez pu avoir parfois.
14:13 Il y a deux choses.
14:14 Il y en a qui ont critiqué, mais ce n'est pas eux qui pédalent.
14:17 Donc c'est facile.
14:19 Dans ces cas-là, on les boude.
14:21 Et puis vous avez été aussi, comme vous êtes une star,
14:24 les paparazzis ont été aussi un peu chez vous, ont guetté.
14:29 Mais bon, on règle les affaires d'homme à homme.
14:32 Donc vous n'avez jamais été hors-mer pour parler clairement.
14:35 Ceux qui ont voulu jouer, ils ont perdu.
14:37 Et puis après, vous êtes passé de l'autre côté de la télévision.
14:40 Avec ASO, oui.
14:42 Et vous avez commenté.
14:44 Ah non, je n'ai jamais fait.
14:45 Vous avez fait commenter ?
14:46 Je n'ai fait qu'une seule fois le commentateur.
14:48 Je me souviens de Toto Go, et ce n'est pas un truc qui vous plaisait.
14:50 On ne peut pas être avec ASO, et puis à la radio ou à la télévision.
14:54 C'est un choix.
14:55 Donc moi, j'ai fait le choix d'être avec ASO,
14:58 et puis de faire du relationnel avec eux, et ça s'est très bien passé.
15:02 Et puis la chose qui vous énerve chez les journalistes,
15:04 c'est que, il y a un ou deux ans, vous êtes parti furieux d'une interview sur BFM.
15:09 Vous acceptez une question sur le dopage,
15:11 mais quand toute l'interview est sur le dopage, ça vous énerve ?
15:15 Non, je les avais prévenus.
15:17 C'était une jeune femme qui est venue me voir.
15:20 Je lui ai dit, si c'est pour le dopage, ce n'est même pas la peine.
15:22 Si c'est pour le tour de Corse, puisque le départ était en Corse, ok.
15:26 Si c'est pour parler des croix, ok.
15:28 Et la première chose qu'on fait, dopage.
15:31 Donc j'ai tout pris, j'ai tout balancé par terre.
15:33 Non, il ne faut pas vous la faire.
15:35 Non, je n'aime pas qu'on me le mette, profondément.
15:38 Et donc vous n'étiez pas content contre BFM à ce moment-là ?
15:41 Non, et ça fait partie de la même famille que chez vous.
15:43 Non, pas du tout. Nous, on est une radio indépendante.
15:46 Il n'y a aucun propriétaire.
15:48 Non, non, nous, on est indépendante.
15:51 Aujourd'hui, BFM, ils sont tricaravis.
15:53 Ah oui, vous n'irez plus jamais ?
15:54 Jamais.
15:55 Pourquoi ?
15:56 Tout simplement parce que je n'aime pas les cons.
15:58 Je n'aime pas me faire mettre.
16:00 Il faut bien comprendre ça.
16:02 Ça peut être agréable.
16:04 Non, j'éboute de la pédale, mais quand même.
16:07 Quel échange ! C'est du ping-pong.
16:12 C'est un smash...
16:14 J'ai une parole, j'ai qu'une parole.
16:18 Donc quand j'ai dit "Ok, on le fait, vous mettez ça",
16:23 et quand on ne joue pas le jeu dans ces cas-là,
16:26 je l'avais prévenu avant.
16:28 J'ai dit "Si jamais vous venez sur le dopage,
16:30 vous êtes tricaravis."
16:32 C'est un sujet délicat pour vous, plus sérieusement ?
16:35 Parce que j'en ai ras-le-bol qu'on parle toujours de ça.
16:37 Oui.
16:38 J'en ai ras-le-bol.
16:40 Mais c'est vrai qu'on en parle beaucoup dans le cyclisme,
16:43 jamais dans les autres sports.
16:45 Vous savez quand vous avez certains athlètes
16:48 qu'on pique en direct à la télévision,
16:51 et personne ne dit rien ?
16:53 Oui.
16:54 Ok, bravo.
16:55 Il y a un problème.
16:57 Dans cette BD, il y a vraiment la gagne qui ressort.
17:01 Il y a vraiment la gagne qui ressort de cette envie.
17:04 C'est vraiment la légende, vous voulez, ce cinquième tour.
17:07 Vous êtes prêt à tout ?
17:08 Je ne suis pas parti pour ça.
17:10 Je suis parti pour gagner.
17:12 Après, ça s'enchaîne.
17:14 On les met derrière les autres, les uns derrière les autres.
17:16 Mais je n'ai jamais eu l'objectif de me dire
17:18 "Je vais être celui qui va en avoir six,
17:20 celui qui va en avoir sept."
17:22 Le plaisir du jeu est plus important que de dire
17:25 "Je suis le meilleur, le plus grand de tous."
17:27 C'est de gagner à chaque fois, quoi qu'il arrive.
17:30 Même s'il y a parfois des chutes,
17:32 ou si on tombe dans un ravin,
17:34 je vous ai retrouvé cette archive.
17:36 Il y a Marino qui a réussi à prendre
17:38 dans l'ascension du col de port,
17:40 seulement d'encourager par...
17:42 Oh là là, oh là là !
17:44 Je ne sais pas ce que c'est grave,
17:46 il était pratiquement arrêté.
17:48 Il est rentré dans les gravures,
17:50 il est le remaste précipite,
17:52 les photographes également,
17:54 il est reparti, est-ce que...
17:56 Oh là là, le temps s'écoule,
17:58 3, 2, 1, seconde maintenant,
18:00 qu'il aille tomber, la caméra est devant lui.
18:02 Mais ce n'est pas très grave,
18:04 il est tombé presque arrêté.
18:06 C'est incroyable, on ne se donne pas...
18:08 Le début d'allégeante commence là.
18:10 Exactement, parce que vous êtes reparti
18:12 tout de suite, dans la seconde même,
18:14 et que vous êtes relevé,
18:16 et là, ça a été incroyable
18:18 pour les Français.
18:20 Et puis surtout, il y avait la montée
18:22 à Grenoble, qui était très difficile à un moment donné.
18:24 J'ai le coup de moins bien.
18:26 Le coup de moins bien, c'est le truc...
18:28 Et puis on me repousse un peu,
18:30 et puis je repars, et à partir du moment
18:32 où je suis reparti, c'était bon.
18:34 Ce qui est génial dans la BD, c'est qu'on voit aussi
18:36 la souffrance, et puis moi encore une fois,
18:38 j'ai appris énormément de choses. À un moment, vous parliez
18:40 de cette selle qui était 2 mm trop haute,
18:42 et qui a tout foutu en l'air.
18:44 2 mm !
18:46 Le champion est celui qui va chercher la performance
18:48 en mettant au maximum
18:50 toutes ses capacités.
18:52 Tout ! Et ces 2 mm,
18:54 on met le genou dans le sac !
18:56 - Oui, mais 2 mm,
18:58 - Ça paraît léger,
19:00 - Oui, ça paraît léger, mais vous, ça vous a complètement foutu en l'air.
19:02 - Voilà. Parce que j'ai eu cette chance
19:04 d'être à la Régie Renaud pendant un certain temps,
19:06 et on a été en soufflerie,
19:08 et en soufflerie, on a optimisé
19:10 vraiment la position, comme c'est pas possible.
19:12 - Ah oui, soufflerie, ça veut dire qu'on vous envoie
19:14 du vent, pour voir comment ça...
19:16 - Du vent, avec un gesteur cardiaque, et puis
19:18 on a la position, on la recule, on l'avance, et à un moment donné,
19:20 on se dit "Tiens, pourquoi le coeur, il baisse, il baisse,
19:22 et puis vous avez toujours les mêmes performances."
19:24 Et ça, c'est génial ! Moi, j'ai été
19:26 toujours intéressé par ça,
19:28 par le début de la médecine sportive,
19:30 avec le professeur Ginet,
19:32 arriver à comprendre son corps, pourquoi on fait ça,
19:34 comment on s'entraîne,
19:36 l'alimentation, c'était vraiment dans les années
19:38 60, 70, 70,
19:40 c'était vraiment le début de toute
19:42 la technologie qu'on a pu mettre
19:44 en place après. - On va marquer une pause,
19:46 et on continue avec vous, Bernard Rinault,
19:48 et avec cette BD, on va parler de Bernard Tapie,
19:50 grande rencontre dans
19:52 votre vie, et il y a une page en particulier
19:54 qui nous apprend
19:56 un peu les coulisses
19:58 de certains...
20:00 de certains accords,
20:02 on va dire. A tout de suite !
20:04 - Sud Radio,
20:06 le 10h midi média,
20:08 Valérie Expert,
20:10 Gilles Gansman, Sud Radio,
20:12 le Supplément Média.
20:14 - Le Supplément Média, avec notre invité
20:16 aujourd'hui, Bernard Rinault,
20:18 Le Blaireau, chez Mareuil
20:20 Éditions, cette BD
20:22 idéale cadeau de Noël pour les jeunes
20:24 et les moins jeunes. - Puisque vous partez là-dessus,
20:26 puis après on partira sur Bernard Tapie,
20:28 vous vous souvenez de la chanson du Blaireau ou pas ?
20:30 Vous savez qu'il y avait une chanson, j'ai retrouvé... - Il y en a eu une ou deux,
20:32 je crois. - Alors je vous en ai retrouvée
20:34 une, c'est pour ça que je rebondis tout de suite, Valérie.
20:36 Écoutez Le Blaireau.
20:38 C'est le Blaireau, c'est le Blaireau,
20:40 c'est le Blaireau,
20:42 rapide que l'éclair,
20:44 le premier
20:46 paroissier blaireau. - Qu'est-ce qu'il chantait ça ?
20:48 - Bah ça c'est mieux qu'Eddie De Pretto !
20:50 - Ah ah ah !
20:52 - Vous voyez, je suis cash !
20:54 Ça vient d'où le Blaireau ?
20:56 - Alors c'était un mot qui était dans
20:58 le peloton, où tout le monde s'interpellait
21:00 en disant "Qu'est-ce que t'as fait Blaireau,
21:02 ce week-end ?" Mais c'était pas spécialement sur moi.
21:04 Et puis j'ai eu deux coureurs
21:06 qui étaient tout près de chez moi, qui s'appellent
21:08 Talbourdet et Le Guillou,
21:10 et ils m'ont dit devant Pierre Chani,
21:12 un grand écrivain d'un équipe,
21:14 "C'est un Blaireau."
21:16 Et Pierre Chani a écrit "C'est le Blaireau."
21:18 Et c'est parti. - Et c'est parti,
21:20 et c'est resté. Vous racontez
21:22 évidemment un certain nombre
21:24 de courses, d'étapes,
21:26 il y a la Bretagne, qui pour vous
21:28 est très importante,
21:30 où vous dites que...
21:32 Plomère-Lec,
21:34 c'est ça ? - Plongonoise,
21:36 la première course que j'ai gagnée.
21:38 - Ça reste parmi vos grands souvenirs.
21:40 - C'est la première course que je fais, que je gagne.
21:42 - Oui, donc c'est... - Donc ça marque un peu
21:44 quand même. - "Le plus beau duel", demande un auditeur.
21:46 - Ah, je pense
21:48 que le plus beau duel, ça a toujours été
21:50 avec Jobzoutemelk.
21:52 - Oui, c'était... - Parce qu'avec
21:54 Greg, c'était pas un duel, puisqu'on était dans la même équipe,
21:56 et puis on a
21:58 participé à faire gagner
22:00 l'équipe. Pas simplement un bonhomme,
22:02 mais une équipe. - On vous a vu
22:04 porter le cercueil de Bernard Tapie
22:06 avec d'autres sportifs, avec Jean-Pierre Papin,
22:08 entre autres. C'était une demande de votre part,
22:10 ou c'est la famille qui l'a demandé ?
22:12 - C'est la famille qui l'a demandé,
22:14 mais j'ai accepté
22:16 avec
22:18 beaucoup d'enthousiasme. - À ce moment-là,
22:20 vous pensez à quoi quand vous soulevez
22:22 le cercueil de Bernard Tapie ?
22:24 - On soulevait un personnage qui nous a
22:26 aidés, un personnage que
22:28 moi j'ai beaucoup apprécié,
22:30 et ça c'était fabuleux. La période
22:32 des cinq ans que
22:34 j'ai pu vivre à côté de lui,
22:36 dans les entreprises ou dans la course,
22:38 c'était génial. - Parce que
22:40 vous êtes allé le voir, c'est vous qui êtes allé le voir,
22:42 avec deux autres personnes,
22:44 au moment où il avait racheté
22:46 La Vie Claire. - La Vie Claire,
22:48 Louk ? - Louk, absolument, et vous
22:50 allez le voir parce que vous quittez
22:52 Renault, parce que ça ne se passe pas très
22:54 bien avec Cyril Guimard, et
22:56 qui vous dit en gros que vous êtes fini,
22:58 qu'il faut laisser la place aux jeunes.
23:00 C'est ce qu'on découvre dans la BD.
23:02 - Oui, plus ou moins, mais il a toujours
23:04 dit, quand j'ai quitté
23:06 cette salle de réunion avec lui,
23:08 il dit "il n'est pas fini".
23:10 - Oui. - C'est incroyable.
23:12 - Il savait,
23:14 on a fait six ans, sept
23:16 ans ensemble, donc il savait
23:18 ce que j'étais capable de faire,
23:20 et la volonté que j'avais de revenir surtout.
23:22 - Donc vous allez voir Tapie,
23:24 il vous parle de Louk en disant
23:26 c'est les fixations de ski.
23:28 - Donc nous on est arrivé, en proposant
23:30 un budget, avec une équipe, toutes montées,
23:32 toutes étaient préparées, et on lui
23:34 dit la somme, il dit "mais
23:36 c'est pas ça qui m'intéresse".
23:38 Il dit "je viens de racheter une société qui s'appelle Louk,
23:40 si tu me fais
23:42 une pédale
23:44 de sécurité, je te signe le contrat".
23:46 - Oui.
23:48 - Il dit "le Louk
23:50 fait des fixations de ski,
23:52 le complément du ski c'est le vélo,
23:54 donc il faut qu'on ait les deux". - Il faut qu'on ait les deux,
23:56 et vous dites "c'est la première fois que mon CAP d'ajusteur va
23:58 servir à quelque chose", et vous avez
24:00 travaillé à l'élaboration,
24:02 à la mise au point. - Surtout
24:04 vis-à-vis des ingénieurs,
24:06 leur dire, ils voulaient nous faire
24:08 deux pédales avec un kilo de
24:10 chaque côté, alors que nous on veut alléger les vélos,
24:12 comment il fait une fixation de ski,
24:14 explique-moi, et à partir du moment où il m'a expliqué,
24:16 pourquoi tu voudrais qu'on prenne de chaque bout de la chaussure,
24:18 alors qu'on peut prendre juste au milieu une petite cale ?
24:20 Et l'ingénieur,
24:22 qui pensait qu'il fallait que ce soit hyper
24:24 sophistiqué, s'est dit "ah bah oui, finalement c'est pas
24:26 plus difficile que ça".
24:28 - Il y a cette scène que vous racontez
24:30 où Bernard Tapie fait venir
24:32 Greg LeMond, qui est une planche
24:34 que moi j'ai trouvée extrêmement forte,
24:36 une des pages les plus fortes,
24:38 parce que Greg LeMond c'est aussi un
24:40 meneur, et il lui explique
24:42 en gros qu'il faut qu'il vous laisse gagner,
24:44 et alors il y a cette phrase,
24:46 et il lui dit "tu touches combien
24:48 avec Guimard ?" Il répond "100 000 francs
24:50 et quelques primes, je t'offre
24:52 1 million sur 5 ans,
24:54 sur 3 ans, et des royalties
24:56 sur la vente de ses pédales aux Etats-Unis".
24:58 Et vous vous commentez en disant
25:00 "à 23 ans, pro depuis à peine 3 ans,
25:02 il y a des offres
25:04 qui remuent les tripes et le cerveau",
25:06 et donc il a accepté.
25:08 - Il a accepté, puis
25:10 finalement on avait le même salaire.
25:12 Le dollar était à 10,
25:14 faut pas l'oublier, donc s'il avait été payé
25:16 la même somme que moi
25:18 en France,
25:20 il avait presque rien.
25:22 Mais ce qu'il faut savoir,
25:24 c'est que Bernard Tapie, quand il lui a donné
25:26 1 million de dollars,
25:28 c'est 10% de ce qu'ils ont gagné après, avec les pédales.
25:30 - Bien sûr.
25:32 - Et après, on a dit que Bernard Tapie
25:34 avait fait exploser les salaires, non,
25:36 il n'a pas fait exploser les salaires tant que ça.
25:38 Quand tout le monde a entendu "1 million de dollars",
25:40 ils n'ont pas comparé,
25:42 si c'était en euros aujourd'hui,
25:44 on dit "le dollar, c'est à peu près pareil".
25:46 - Mais ce qui est fascinant, c'est que
25:48 Clément accepte en disant "je vais le laisser
25:50 gagner, je vais
25:52 j'accepte, et puis après, ce sera moi".
25:54 - C'est-à-dire que c'était...
25:56 Même avec Bernard Tapie, on en avait discuté,
25:58 je dis "ok, moi j'ai dit je m'arrête
26:00 à 32 ans,
26:02 donc il faudra quelqu'un pour prendre la suite".
26:04 - Pourquoi 32 ans ?
26:06 - Tout simplement parce que j'ai vu 2 champions
26:08 qui étaient mes idoles, Merckx et Anctil,
26:10 qui à 32 ans... Non, à 32 ans
26:12 étaient performants, à 34 ne les étaient plus.
26:14 Je dis "t'as pas le droit de faire la même chose".
26:16 - C'est horrible, en fait.
26:18 Le peloton, c'est
26:20 les soldats utiles ?
26:22 - Les équipiers, oui.
26:24 Oui, les équipiers.
26:26 - Bien sûr, c'est ça. Ils sont là pour faire gagner
26:28 les champions.
26:30 - Mais il faut savoir... Non !
26:32 - Ah si ! - Non, non. Il faut savoir
26:34 ce que l'on est capable de faire.
26:36 Ou tu as un équipier modèle,
26:38 et on te réunit mère pour ça,
26:40 ou t'es le champion
26:42 et tu travailles, ou tu finis le travail
26:44 des équipiers, et tu les associes
26:46 toujours à la victoire.
26:48 J'ai toujours dit... J'ai gagné,
26:50 ok, mais c'est l'équipe qui a gagné.
26:52 C'est tous ensemble. - Et dans ce cas-là, vous partagez
26:54 vos primes ? - Je donne tout.
26:56 - Vous donnez tout ? - Oui.
26:58 Mais c'est normal, parce que moi, mon salaire
27:00 à l'occasion va être augmenté, mes contrats
27:02 publicitaires vont être augmentés, à l'époque,
27:04 les critériums qu'on faisait étaient augmentés.
27:06 - Et donc vous donnez tous vos primes
27:08 à vos équipiers ?
27:10 - Avec Greg, il faut savoir
27:12 que les deux dernières années, on a doublé
27:14 le salaire de tous les équipiers, avec ce qu'on avait
27:16 gagné. - Incroyable ! - Vous gardez des contacts
27:18 aujourd'hui avec des coureurs ?
27:20 - Un certain nombre, oui. Après, c'est selon...
27:22 Surtout quand j'étais chez ASO,
27:24 c'était plus facile, parce qu'on voyage à travers
27:26 la France, donc on en rencontre, et puis
27:28 de temps en temps, on fait des petites réunions, on en retrouve à droite
27:30 à gauche, et c'est vraiment un plaisir.
27:32 Qu'ils soient de mon équipe,
27:34 ou qu'ils soient d'une autre équipe. - Oui, c'est ça, oui.
27:36 - Parce que dans la course,
27:38 on se bat, parce que
27:40 c'est notre rôle, et puis après, le soir, on doit être capable
27:42 de manger ensemble. - Vous avez combien
27:44 de vélos chez vous ?
27:46 - Avec les nouveaux et les anciens, il y en a quoi ?
27:48 À peine une dizaine. - Oh, c'est tout ?
27:50 - Et vous continuez ? - Oui, je roule un peu.
27:52 - Et l'idée de
27:54 la retraite, vous racontez, vous achetez
27:56 une ferme dans l'idée de dire
27:58 "j'aurai une autre activité,
28:00 une autre vie après", c'est quelque chose
28:02 psychologiquement facile
28:04 à accepter ? C'est-à-dire le jour d'après,
28:06 le jour où on raccroche le vélo ? - Ça se prépare.
28:08 C'est pour ça, quand j'avais dit "moi, je vais m'arrêter
28:10 6 ans avant", j'ai dit "je m'arrêterai à telle date".
28:12 Mais un an avant,
28:14 je savais ce que j'allais faire. - Oui. - Donc,
28:16 j'étais pas anxieux du tout de l'avenir.
28:18 Le problème de
28:20 certains sportifs,
28:22 qui savent pas s'arrêter,
28:24 moi, j'ai toujours considéré que c'était un mur.
28:26 Le mur, on le saute, facilement.
28:28 Et puis, un jour, on se met le nez dedans. - Encore une fois, c'est le mental.
28:30 - Donc, ça veut dire qu'on est fatigué
28:32 physiquement, mais aussi moralement.
28:34 Et c'est pas bon pour repartir.
28:36 - Est-ce que vous perdez les muscles de vos jambes ?
28:38 Est-ce que ça devient flasque ?
28:40 Ou vous êtes obligé de les entretenir ? - Non, on garde
28:42 quand même un peu de tonicité.
28:44 - Oui. - Mais,
28:46 vous devez continuer à vous entraîner ?
28:48 - Ah non, pendant 20 ans,
28:50 j'ai pas pratiqué, moi. - D'accord.
28:52 - Moi, j'avais vu Laurent Fignon,
28:54 quelques mois ou quelques années après qu'il ait arrêté,
28:56 il avait énormément grossi.
28:58 Il avait vraiment pris beaucoup de poids.
29:00 - Bon, c'était peut-être à l'époque où il était malade ?
29:02 - Non, c'était avant. C'était bien avant. C'était peu de temps,
29:04 je pense, après qu'il ait arrêté.
29:06 - Il y en a qui lâchent, hein. Il y en a qui lâchent un peu,
29:08 parce que certains,
29:10 ben, ils font pas trop attention, une autre vie...
29:12 - Ah, vous continuez à faire attention à ce que vous mangez ?
29:14 - Mais, quand on a été un athlète
29:16 de haut niveau, on sait ce qui apporte
29:18 de l'énergie, c'est-à-dire, si vous le dépensez pas,
29:20 vous prenez du poids,
29:22 vous faites attention à ça.
29:24 Si vous ne buvez pas trop d'alcool, déjà,
29:26 ça aussi, il y a plein de petites choses
29:28 qui font qu'on peut perdre facilement un kilo
29:30 en une semaine, ou en prendre un kilo.
29:32 - Il y a un auditeur qui dit "Quelle défaite
29:34 avez-vous adorée et quelle victoire à un goût amer ?"
29:36 Alors, ça nous amène peut-être sur le dernier épisode,
29:39 face à Greg LeMond, où vous avez gagné,
29:41 mais vous deviez pas gagner, a priori.
29:43 - Alors, Greg,
29:45 quand j'ai eu le nez cassé à Saint-Etienne,
29:48 en 1985,
29:50 dans les Pyrénées,
29:52 Greg, il demande à attaquer. On dit "OK,
29:54 mais une seule condition, c'est que tu lâches les autres."
29:56 Parce que là, il m'était en péril de l'équipe.
29:59 - Oui. Eh oui.
30:01 - Et c'est lui qui a été lâché par les autres.
30:03 - Non. - Oui.
30:05 - Donc, il faut être honnête, c'est tout.
30:08 - Le sabotage, ça existe ?
30:10 - Non, mais ça c'est... - Ça c'est pour la BD ?
30:12 - Non, non, non, mais...
30:14 - Parce que vous dites "faire attention à ce qu'on mange",
30:16 il peut y avoir des équipes adverses qui vont...
30:20 - Non, ça puce. Il y a eu des moments
30:22 où il fallait faire attention.
30:24 Mais même à notre époque, c'était déjà nettement mieux.
30:26 - Oui. Mais il y a eu des époques où il y a eu des sabotages...
30:30 - Il faut toujours faire dans les verres ?
30:32 - Non, mais je connais quelqu'un qui a été contrôlé
30:37 au antidopage. - Oui.
30:39 - Et il m'a toujours prévenu, il m'a toujours dit
30:42 "fais attention, regarde toujours les flacons
30:44 quand tu vas au contrôle,
30:46 parce qu'il y en a qui pourraient être jaloux."
30:48 Ou si vous ouvrez un peu trop votre gueule, on peut vous mettre dehors.
30:51 Comme ça. - Oui.
30:53 - Donc j'ai toujours fait très attention à ça.
30:55 J'ai toujours regardé les flacons,
30:57 j'ai retourné,
30:59 pour voir s'il n'y avait pas une petite poudre qui sortait dedans.
31:01 - Ah mais oui !
31:03 - C'est passionnant, la BD est passionnante,
31:06 même pour ceux qui ne connaissent pas forcément le cyclisme.
31:08 Ça vous raconte les coulisses du peloton,
31:11 ça vous raconte votre épopée à vous,
31:15 et on est ravis de retrouver effectivement
31:18 ces noms, Fignon, Zutmelck, Greg LeMond.
31:21 Vous avez toujours des contacts avec lui ?
31:23 - Oui. On a été adversaires,
31:26 mais ça fait partie de mes bons potes.
31:28 - Et la vie de Bernard Hinault aujourd'hui, c'est quoi ?
31:31 - Je suis un peu moins retraité heureux.
31:33 J'ai deux petits-fils,
31:35 donc je passe un peu plus de temps avec eux,
31:37 plus qu'avec mes enfants.
31:39 Après je bricole à la maison, j'ai mon jardin.
31:42 - Vous avez regardé la série sur Netflix ?
31:44 - Non, j'ai pas eu l'occasion.
31:46 Mais bon, on peut toujours la retrouver.
31:48 - Oui, il faut vous regarder.
31:50 - Mais vous continuez à vous balader,
31:52 à vous occuper de cyclisme ?
31:54 - Je fais un petit peu.
31:56 Je suis à trois pour une Coupe du Monde de cyclocross,
31:59 parce que c'est intéressant, c'est bourgeois.
32:01 Moi j'aime bien.
32:03 Et puis après je vais sur d'autres courses,
32:05 comme le Tour de l'Avenir, parce que c'est aussi la jeunesse.
32:07 C'est fabuleux de pouvoir découvrir des Pogacar
32:09 avec deux ans ou trois ans, même pas,
32:11 puisqu'il a gagné l'année d'après.
32:13 Voir comment il court et tout,
32:15 c'est génial de regarder le Tour de Bretagne,
32:18 parce que c'est chez moi,
32:20 donc c'est normal que je les encourage un peu.
32:22 - Qui est-ce le prochain champion français ?
32:24 - Je crois que malheureusement,
32:26 on a bout de temps.
32:28 Quand on le voit aujourd'hui,
32:30 on n'en a pas un qui est dans les dix premiers
32:32 des grandes courses.
32:34 Et puis quand on voit surtout ce qui arrive
32:36 dans les pays étrangers,
32:38 les Pogacar, Ville de Garde,
32:40 bon il n'est pas trop vieux,
32:42 il a 26 ans je pense.
32:44 Il y a Ayuso en Espagne,
32:46 Martinez en Espagne,
32:48 en Belgique il y en a un ou deux,
32:50 ça sort de partout.
32:52 Le vainqueur cette année du Tour de l'Avenir,
32:54 c'est un Mexicain.
32:56 Ça fait 20 ans, plus que ça,
32:58 30 ans qu'il n'y a pas eu un cours en Mexicain
33:00 pour insérer dans le Tour,
33:02 et d'un seul coup, ils ont un super champion qui arrive, qui a 19 ans.
33:04 - Ils sont beaucoup plus rapides que vous,
33:06 aujourd'hui ?
33:08 - Ils attaquent beaucoup plus jeunes, la compétition à haut niveau.
33:10 Parce qu'il y a 40 ans,
33:12 on te disait, on va le protéger
33:14 un petit peu pour qu'il dure dans le temps.
33:16 On commençait vraiment
33:18 à rentrer dans la course,
33:20 au maximum quand on avait
33:22 22-23 ans, pas avant.
33:24 Alors qu'aujourd'hui, on dit "vas-y".
33:26 Mais s'il y a...
33:28 À notre époque, on nous aurait dit
33:30 "vas-y, peut-être qu'on l'aurait fait".
33:32 - Oui, et vos
33:34 fils n'ont pas voulu prendre le relais ?
33:36 - Non, non, non.
33:38 Ils ont toujours été découragés par
33:40 les paroles idiotes des gens
33:42 qui étaient au bord de la route.
33:44 Qui leur disaient "t'es pas aussi bon que ton père".
33:46 - C'est dur.
33:48 - Peut-être les petits-fils alors ?
33:50 - C'est pareil, ils s'appellent Hinault, alors ça va être la même chose.
33:52 Non, c'est difficile.
33:54 Mais si on savait ce qu'on va
33:56 devenir dans le temps,
33:58 quand ils naissent, on leur donnerait pas
34:00 l'autre nom. On leur donnerait le nom de la femme.
34:02 - Vous croyez ? Ah ouais ?
34:04 - Oui, comme ça, il n'y aurait pas de comparaison.
34:06 - Oui, mais ça serait forcément à un moment ou à un autre.
34:08 - Oui, ça serait plus facile.
34:10 Ça serait quand même plus facile pour eux.
34:12 - Bon, alors ces livres,
34:14 cette BD, donc
34:16 "Hinault dans la légende" chez Mareuil Éditions.
34:18 On recommande évidemment les deux
34:20 précédents, "Objectif maillot jaune"
34:22 et "Sur le toit du monde".
34:24 Et puis chez Mareuil, il y a tout un tas de livres
34:26 autour du sport et du cyclisme.
34:28 Il y a "Rémon" évidemment
34:30 avec Raymond Poulidor.
34:32 Et puis "Mon tour 64".
34:34 Plein de BD, pensez-y.
34:36 - C'est le cadeau de l'idée.
34:38 - Oui, pour les fêtes. Parce que vous avez raison,
34:40 il y a le côté manga qui est
34:42 très adapté.
34:44 - Très adapté.
34:46 Et puis comme le disait Gilles, c'est vraiment une BD en mouvement.
34:48 Merci Bernard Hinault, c'était un
34:50 grand bonheur de vous recevoir.
34:52 - Et puis on va finir un peu avec la musique du Blaireau.
34:54 C'est Michel Delbecq, j'ai retrouvé son nom.
34:56 - Ou Helbecq ? - Non, Delbecq, qui chantait.
34:58 - Merci beaucoup Bernard Hinault.
35:06 Tout de suite, les débats.
35:12 Sud Radio, parlons vrai.