Avec Patrick Sébastien
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NewsTranscription
00:00— Bonjour à toutes et à tous. Bonjour Gilles. — Bonjour Valérie. Vous êtes contente. On a votre chouchou. Vous l'adorez.
00:05— J'adore. Patrick Sébastien, on est ravis. — Oh, tu es gentille. — Non mais c'est vrai. J'ai toujours beaucoup de plaisir d'abord à vous voir,
00:13à vous entendre et puis à vous lire, parce que moi, j'aime beaucoup ce que vous écrivez. Je trouve qu'il y a toujours beaucoup de sensibilité,
00:19de sincérité. — Et puis j'aime écrire, surtout. — Et puis c'est super bien écrit. Et là, quand j'ai reçu le livre, je me suis dit
00:25« Tiens, le carnaval des ambitieux aux éditions XO ». Je l'ai lu. Tu vois, il est tout feuté partout. Plein de pages cochées, des notes prises.
00:33— Des aphorismes. — Voilà, des aphorismes. « Il vaut mieux avoir un garde du cœur qu'un garde du corps ». J'ai bien aimé cette phrase.
00:39— Ouais, ça, c'est pour Céline Dion. — Ouais, pour Céline Dion. — Ouais. En fait, ce que j'ai fait, c'est comme je fête dans quelques jours
00:46mon 71e anniversaire. Je fête les 50 ans. J'ai posé le pied sur ma première scène de cabaret, le 14 novembre 1974.
00:54— Et dans la tête, vous fêtez quel âge ? — Hein ? — Et dans la tête, vous fêtez quel âge ? — Dans la tête, le contraire, 17.
01:00— Ouais. C'est génial. — Et encore, je m'en rajoute. Je me vieillis. Non, au lieu de faire... Pour les 50 ans, je pouvais faire la chronologie.
01:09Tu vois, j'ai tellement vécu de trucs. Mais je me suis dit que j'ai trouvé ça plus intéressant de faire une sorte de petit traité philosophique
01:17sur l'ambition, parce que ça nous touche tous. — Absolument. — Et que j'ai croisé des gens où j'ai essayé de décrypter l'ambition,
01:25c'est-à-dire comment ils y sont arrivés, ceux qui sont tombés en route, ce que ça coûte, avec en filigrane du bouquin quelque chose
01:33qui m'appartient à moi, mais bon, il y a peut-être des gens qui le partagent, d'autres pas. C'est que moi, je fais partie des gens qui pensent
01:40que tout est préécrit, c'est-à-dire que tout ce qui nous arrive... — Vous aviez parlé de la synchronicité, en plus.
01:45— Voilà, que tout ce qui nous arrive... Il y en a une qui est marrante, que j'ai retrouvée l'autre jour. C'est que quand j'ai posé le pied à Paris
01:51pour la première fois, quand je suis arrivé, c'était le 23 septembre 1974. C'est la date de naissance d'Anouna.
01:59Et c'est aussi l'anniversaire de la mort de Bourville. C'est des synchronicités, c'est des correspondances de dates. J'en parle beaucoup.
02:07Et puis c'est vrai que la vraie question, c'est est-ce qu'on est maître de notre destin ou est-ce que c'est le destin qui est maître de nous ?
02:14— Vous aviez écrit, non ? Et si c'était... C'était quoi, le bouquin ? Vous aviez écrit un roman où vous repreniez votre vie en disant
02:23— Et si j'avais pris une autre direction ? — Oui, si j'avais pris une autre destination. Mais je pense que la destination, elle était déjà préécrite,
02:29comme le fait que je sois là aujourd'hui. Je pense que c'est des choses qui sont... Alors l'avantage que ça a... Je dis pas que j'ai raison.
02:36Mais l'avantage que ça a, c'est qu'on se met beaucoup moins en colère contre l'inéluctable. C'est-à-dire quand il y a un deuil, quand il y a une maladie,
02:42on se dit... Toi, tout ce qui m'est arrivé, les deuils, la télé et tout ça, c'est de se dire « Bon, c'est écrit comme ça, donc il n'y a pas de raison de... »
02:49— On l'accepte plus facilement. — On l'accepte plus facilement. On culpabilise moins, déjà. Tu sais, quand il arrive des trucs, on se dit « Oh, c'est de ma faute ».
02:56Il y a un côté de se dédouaner en disant « Ben non, ça devait arriver comme ça ». Alors je dis pas que c'est la réalité, mais ça aide diablement.
03:06— Ça veut dire que comme c'est écrit, vous croyez au voyant, alors ? Puisque le dessin a été écrit. — Non, je crois pas au voyant.
03:12Je crois pas qu'on peut lire là-dedans. Et d'abord, je ne sais pas qui a écrit ça. Ça, c'est une vraie question.
03:18Il y en a qui pensent que c'est Dieu qui a écrit tout ça. Non, je pense que ce chemin, il est tracé. Je me heurte souvent avec des gens en disant
03:29« On n'a pas de libre-arbitre ». Ils me disent « Mais si, on a un libre-arbitre ». Mais quand on décide quelque chose, il y a quelque chose en nous
03:34qui nous fait faire ce choix-là. Moi, pourquoi je suis monté à Paris ? Je sais pas. — Les rencontres aussi, parfois.
03:42— Ça m'est venu comme ça. Il y a des hasards incroyables, qui fait que j'ai eu un moment où je me suis dit « Tiens, je monte ».
03:50Mais tu m'aurais préécrit tout ce qui allait arriver. J'aurais dit « Mais c'est n'importe quoi. Arrête la drogue », quoi.
03:56— Allez, on passe au Zapping.
04:02— Voilà. Patrick Valéry. Je sais pas si vous avez vu. Hier, BFM s'est transformée en Depardieu TV. Alors ils étaient partout.
04:09Du Plex à Gogo, Tribunal en live. Et puis Patati, Patata, plein de témoignages. Et puis Patatra.
04:18Pour de raisons de santé, Gérard Depardieu n'a pu se présenter au tribunal. Et son avocat a demandé un report du procès,
04:26mais également qu'il y ait été ordonné une expertise médicale. Sur place, les plaignantes étaient sur le choc de la nouvelle.
04:35— Vous avez le sentiment que Gérard Depardieu se défile ? — Évidemment. Je crois que je suis pas la seule.
04:40— Peut-être qu'il est malade, non ? — Peut-être. Mais enfin, il était tout à fait en forme à la confrontation, où il avait l'air
04:45vraiment de supporter très très bien 6 heures de garde à vue. Personnellement, je crois qu'il est tout à fait capable de le faire.
04:52Mais c'est pas moi qui dois parler de ça. Il y aura des médecins qui feront leur expertise. J'espère qu'il sera là, qu'il aura le courage d'être là,
04:59parce que nous, on est là. Et on dit toujours la même chose depuis le début. On est prêtes à se confronter à M. Depardieu
05:06pour qu'il dise enfin la vérité. — C'est compliqué comme histoire. — C'est compliqué. J'en parle dans mon bouquin.
05:12— Oui, vous en parlez dans le livre. Il y a tout un passant saillant sur... — Je prends pas sa défense. Je dis simplement qu'il y a une chose
05:18qui me choque énormément. C'est qu'on est passé de la présomption d'innocence à la présomption de culpabilité.
05:23C'est-à-dire qu'aujourd'hui, il n'y a plus de présomption d'innocence. Il y a des présomptions de culpabilité.
05:27Jusqu'à présent, Gérard, il a été condamné à rien. Et on a interdit ses films. Ça, ça me choque. Après, si demain, il est condamné en justice,
05:37je serai le premier à cautionner ça, à dire « Bravo », etc. Mais ce qui me gêne vraiment dans ce truc, c'est la disproportion, quoi.
05:44C'est les deux poids, deux mesures. Moi, je connais plein de gens qui ont été condamnés en justice. Je vais pas dire de non.
05:48On va pas balancer. Mais tu le sais très bien. Et tu vois ce que je veux dire. Il y a des gens qui ont été condamnés en justice,
05:53qui continuent à faire de la radio et à faire de la télé. Gérard, pour l'instant, a été condamné à rien. Alors peut-être qu'il est effectivement coupable
06:01de ces choses-là. Moi, je fonctionne à titre personnel. Je suis égrillard. Je suis gay. Mais moi, j'ai trois codes de base dans mes relations.
06:21C'est la liberté, le respect et le consentement. J'ai jamais dérogé à ça. — Mais est-ce qu'on peut être encore trivial ?
06:28— Avec les gens qu'on connaît bien, oui, bien sûr. Moi, je tourne toute l'année avec mes danseuses, dont ma petite fille.
06:39On est trivial. Et pas que moi. Les filles aussi. On est dans notre univers à nous. Après, il faut qu'on fasse très très attention.
06:48De notre côté, je l'ai écrit aussi noir sur blanc dans mon bouquin. J'ai écrit « Me Too », pour moi. C'est une des plus belles avancées humanistes
06:59de ce siècle, parce qu'il fallait que ça arrive. Et c'est très très bien. — Mais ce qui m'a gêné, c'est que vous mettez « mais ».
07:04Parce qu'il y a un mais, bien sûr. — Mais oui, parce qu'il y a un mais. Et je suis pas le seul. Même Forest, elle le dénonce.
07:10J'ai fait une interview il y a 1 an, il y a 2 ans, avec une journaliste. Il faisait chaud. C'était la canicule.
07:17À un moment, j'ai dit « Il fait chaud ». Elle m'a dit « Est-ce que ça suppose que j'enlève mon chemisier ? ».
07:22J'ai dit « Non, madame, il fait chaud, juste ». C'est-à-dire ces excès-là me dérangent. La présomption de culpabilité me dérange.
07:29Après, qu'on punisse... — Est-ce que c'est pas un retour de balancier après des années d'impunité ? — Si, mais c'est normal.
07:33Après des années d'impunité, oui. Le problème aussi qui me gêne, c'est que plus ces choses-là existent,
07:39plus il y a de... Alors on va me dire que c'est parce que les gens portent de plus en plus plainte, mais plus il y a de faits,
07:44plus il y a de violences, plus il y en a de plus en plus. Il y a un texte que je mets dans le livre qui s'appelle
07:50« Elle marche sous la pluie », où j'encourage justement les filles à parler, à dénoncer tout ça. Mais je veux pas hurler avec les loups.
07:57— Mais voyez Bedeau, s'il a été condamné. Et les gens, enfin certains, continuent à hurler en disant « C'est pas juste »,
08:04en sens inverse, alors qu'il a été jugé. Après, on peut juger que la condamnation... Alors il est toujours présumé innocent
08:10parce qu'il a pas envie d'affaire. — Non mais je comprends les gens. Quand ils voient le paquet de violences sur les trottoirs,
08:15impunies, et qu'un mec prend 6 mois de prison pour avoir embrassé une fille dans le cou et avoir touché son jean...
08:23Moi, je trouve que la justice est passée. Tant mieux. Mais c'est vrai que ça choque les gens. Quand ils voient toutes les impunités
08:32à côté pour des choses très, très, très... Je dis pas que c'est pas grave. Mais pour des choses excessivement graves, des agressions,
08:38les gens, ils ont du mal à comprendre. — Juste une chose. Dans le livre, vous parlez de Depardieu. Et vous dites « Je connais beaucoup de gens
08:46qui ont signé la pétition contre lui, qui sont pas irréprochables. Je sais tant de choses sur les dérives de certains,
08:52leur libido perverse, leur dérive de cam et d'alcool », etc., etc. — C'est-à-dire que comme on dit, pour monter au cocotier,
08:58il faut avoir le cul propre. Mais en ce qui concerne Gérard, il est lourd. Voilà. Il est lourd. — Mais l'époque a changé aussi.
09:07— L'époque a changé. L'époque a complètement changé. Moi, je sais qu'il y a des choses qu'on se permettait avant.
09:13C'est pour ça qu'aussi, à un moment, j'ai parlé d'une... On me la reprochait. Mais moi, j'ai aucune honte du milieu libertin.
09:19Moi, je vais pas dans le milieu libertin pour baiser... C'est pas ça. C'est qu'il y a une liberté de ton. Et il y a le respect qui est la base de tout.
09:27Parce que sans respect, ça n'existe pas. Les gens se respectent. Mais... — Tu vas baiser ta femme, mais avec respect.
09:34— Hein ? — Tu vas baiser ta femme, mais avec respect. — Non, mais j'ai jamais fait baiser ma femme, d'abord.
09:39Non, non, c'est pas ça. Non, oui. Mais ça, c'est le goût de chacun. C'est pas « je fais baiser ma femme ».
09:45— Tant qu'il y a du consentement... — En plus, c'est trompe. C'est pas « je fais baiser ma femme ». — Non, j'ai dit « je vais baiser ta femme
09:49à quelqu'un d'autre ». Ah oui. — Mais c'est surtout parce que la jeune femme va être d'accord. Et c'est elle qui va décider.
09:56C'est elle qui va décider. — Bien sûr. Et vous racontez dans le livre aussi que vous avez été vous-même très sollicité
10:01parfois par certaines femmes. — Ah oui, oui, oui. Moi, je parlais aussi de Bruel. Tous mes potes, moi, je les ai vus vraiment harcelés, quoi,
10:08mais vraiment harcelés. Moi, j'ai une fille qui régulièrement, après mes spectacles, vient me dire
10:12« J'ai réservé une chambre. Viens avec moi ». Je vais pas porter plainte, hein. Mais attention, il faut rétablir la parité.
10:2198% des agresseurs sont des mecs. Je développe ça dans le bouquin en disant que je me suis engueulé beaucoup avec des potes à moi
10:31qui me disaient « Ouais, tu comprends. Elle est venue dans mon lit. On a fait des préliminaires. Et après, elle voulait pas ».
10:36J'ai dit « Bah si tu l'as fait quand même, t'es un gros salaud ». Quand c'est non, c'est non. Au-delà, c'est un viologue. Voilà.
10:42C'est aussi ça. — Le procès a été reporté au mois de mars 2025. Le budget passera-t-il ? Passera-t-il pas ? Voilà.
10:50La grande question actuelle. Hier, Quotidien est revenu sur une semaine de débats à l'Assemblée. Bon alors, niveau comique,
10:57cher Patrick Sébastien, je crois que vous êtes la concurrence. — 6 jours de débats houleux. — Houleux. — Très houleux.
11:03— Complètement enflammés. — Assez tendus, il faut bien le dire, à l'Assemblée. — Le cirque à l'Assemblée de la semaine dernière.
11:08— C'était la foire à tout. — Les députés ont échoué. — Les débats au point mort, donc.
11:12— Avec encore 1 500 amendements à examiner. — Mes chers collègues, il est minuit. La séance est levée.
11:17Ça, c'était samedi soir. À minuit, donc, à l'issue d'une semaine de débats chaotiques à l'Assemblée avec des députés dans une forme olympique.
11:23— Je vous demande de vous asseoir et de ne pas me mettre en cause. — On s'adresse pas à un autre député comme ça.
11:29— Qu'est-ce que je vais dire, moi ? — Nous ne voulons pas de vous au pouvoir. — Vous êtes complètement fous. Ils sont vos pigeons.
11:35Pendant que M. Wörth boit le champagne sur l'hippodrome de Chantilly avec ses amis... — Vous êtes totalement irresponsables.
11:40— Donc ça, c'est absolument inacceptable. — Je crois que ce n'est pas sérieux. — Ce n'est pas sérieux. C'est de la comédie.
11:45— Vous avez parlé toute la soirée. — Vous rabaissez le niveau de la politique en dessous du caniveau. Et vous devriez avoir honte.
11:50— Quelle honte ! — Vous qui avez connu Chirac et Mitterrand. — Non mais c'est terrible. C'est terrible, parce qu'on se plaint
11:56de la société qui part en couille avec des gamins qui échappent à toutes les règles. Mais comment veux-tu te conduire autrement
12:03quand t'as des exemples pareils ? Tu regardes aujourd'hui un truc. Il y en a qui se font choper avec de la cam', ils s'insultent.
12:11Il y a de la mère Rousseau qui fait des bras d'honneur. Enfin je veux dire, explique aux gamins. Il y a un devoir d'exemplarité, quand même.
12:18Cette classe politique est vraiment pitoyable. Vraiment pitoyable. C'est connu. Dans les flics, c'est ceux qu'on n'a pas voulu au PTT et à la SNCF.
12:30C'est un peu ça, aujourd'hui. Tu vas faire quoi plus tard ? Je vais faire député. Je vais passer à la télé. Je les appelle les bustes.
12:37Pourquoi ? Parce que tu les vois plus sur les plateaux télé, tu vois que l'eau. Donc c'est normal qu'il leur manque ce qu'il y a en-dessous.
12:44Comme disait Chirac, il faudrait se faire greffer des couilles. Malheureusement, on manque de donneurs.
12:49La semaine prochaine, Canal+, c'est étonnant, va fêter ses 40 ans. J'étais à la première. C'est vrai, le 14 avril ?
12:58J'étais à la première de Canal+. En plus, c'était marrant parce qu'ils cherchaient des gens. Moi, ça marchait très bien.
13:04J'étais sur 88. C'est sur TF1. Ça cartonnait. On avait 12 millions de personnes. Donc ils voulaient des vedettes.
13:12Il y avait Gérard, d'ailleurs, sur la première. Et moi, je leur avais dit que je reviendrais, mais qu'ils m'offrient un décodeur.
13:18Et j'y suis allé. Non, mais c'est... Et après, par contre, j'ai plus pu y aller parce que je n'étais pas dans l'esprit Canal+.
13:25Mais sur les premiers temps, j'ai d'ailleurs été sur Canal+, un des premiers commentateurs de rugby avec Charles Biettry.
13:32Quand le rugby est arrivé sur Canal+, et au passage, Canal+, qui fait un boulot exceptionnel sur le rugby,
13:38moi, je suis collé devant ma télé tous les week-ends. – Et Sud Radio aussi. On est la radio du rugby.
13:42– Et Sud, ouais. Je vous écoute. J'alterne quand je pars en spectacle. J'alterne entre la télé, entre Canal et Sud Radio.
13:48– Valérie, il faut absolument qu'on lance la publicité. Je veux finir El Zapping après la publicité parce qu'on a des impôts...
13:54– C'est un impératif horaire. – Allez, page de pub.
13:57– Bonjour, c'est Antoine Dupont sur Sud Radio. Retrouvez-moi en exclusivité le mercredi 30 octobre sur sudradio.fr.
14:03– Sud Radio, la radio du rugby. Sud Radio Média, l'invité du jour.
14:09– L'invité du jour, c'est Patrick Sébastien. On parle de votre livre « Le carnaval des ambitieux » qui est paru chez Ixo.
14:15Je me suis régalée, vraiment, en le lisant. – Ça parle aussi de l'actualité, oui.
14:19– Ça parle de l'actualité. Vous avez écrit ce livre au début de l'année.
14:22– C'est-à-dire que j'ai fait exprès. Je te coupe, excuse-moi. J'ai écrit janvier-février et j'ai laissé passer exprès quelques mois
14:31pour montrer aussi qu'on a des certitudes et qu'avec le temps, elles peuvent bouger.
14:37C'est vrai que dedans, j'étais un peu visionnaire.
14:39– Vous avez été visionnaire sur la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques.
14:42Parce que ce livre, c'est finalement une grande traversée de votre vie, des rencontres que vous avez faites.
14:47Vous parlez beaucoup de Jean Dujardin, que vous avez connu à ses débuts.
14:50Et vous revenez sur cette cérémonie de rugby qui a été très critiquée, qu'on a traité de « franchouillard ».
14:58– De rance. Et effectivement, j'écrivais en février. Je vois bien arriver la cérémonie des Jeux olympiques avec...
15:07Je ne sais plus ce que j'ai mis.
15:09– Oups, attendez, j'ai perdu.
15:11– Des trucs véganes, un champ de pavots géants, Sandrine Rousseau et Mathilde Pannot
15:17en train d'interpréter les demoiselles de Rochefort au pipeau recitelable,
15:21Yann Barthez sur une poubelle de tri sélectif.
15:24Et j'avais mis à la fin, c'est très marrant, un feu d'artifice de quinoa sur la dernière opus d'Isulte.
15:29Et c'est vrai que quand j'ai mis dans la cérémonie, honnêtement, pour un mec de spectacle que je suis,
15:35j'ai trouvé ça splendide, parce qu'il y avait des idées extraordinaires.
15:38C'était magnifique, moi j'ai trouvé ça magnifique.
15:40– Mais vous, vous n'auriez pas fait un spectacle différent ?
15:42– Non, mais après, c'est le symbole, ce que j'ai écrit, de la rupture entre deux Frances.
15:47Il y a une France qui n'existe plus.
15:50Comme j'ai écrit, moi j'accepte toutes les différences,
15:54mais à condition qu'on ne foute pas la mienne aux égouts.
15:56Et aujourd'hui, il y a toute une France qui exclut tout ça.
16:00Il y a plein de gens qui auraient pu apporter le visage d'une autre France,
16:05mais celle-là, elle n'existe plus.
16:06Il y a des gens qui ont décidé que c'était comme ça,
16:09que moi je n'ai rien contre les trans, bien au contraire.
16:12Mais il y avait plein d'autres choses à faire.
16:18Et c'est symbolique de cette fracture.
16:20Ça correspond aussi à mon éviction de la télé, c'est pareil.
16:23Moi, ces gens-là qui décident ne m'aiment pas pour ce que je suis.
16:28Mais je ne vais pas changer ce que je suis parce que c'est moi qui ne m'aimerai plus après.
16:31Mais ça reste une blessure quand même.
16:33Non, non, non, c'est loin.
16:35Moi, j'ai senti quand même quelque chose de dire, je ne suis pas...
16:40Non, c'est une nostalgie.
16:42C'est une nostalgie parce qu'on a vécu des bons moments,
16:44mais non, ça a été une blessure sur le coup, évidemment,
16:47parce que c'est injuste, parce que c'est d'une manière très, très brutale,
16:51pas justifiée du tout en plus.
16:53Je croise tous les jours dans la rue des gens qui me disent,
16:55vos émissions nous manquent.
16:56Mais ça, c'est normal, c'est la nostalgie.
16:58Mais ça, je suis passé complètement à autre chose.
17:01D'ailleurs, je te disais juste avant, les gens font le contraire d'habitude.
17:06Ils vont du plus petit au plus grand.
17:07Moi, je vais faire le contraire.
17:09Je vais monter d'ici un an, c'est en construction,
17:12à côté de chez moi, le plus petit cabaret du monde.
17:15Pour finir, faire un endroit convivial où on va pouvoir dire ce qu'on veut.
17:21Je vais sûrement faire justement un spectacle de transformistes avec mes potes.
17:24Entre autres, une fois par mois, je vais donner leur chance à des gamins
17:28qui vont venir chanter.
17:29On va faire du théâtre.
17:30On va faire plein de choses comme ça.
17:32Et je vais être dans mon vrai élément, c'est-à-dire la scène, la convivialité.
17:36Et là, on ne pourra pas me virer.
17:38Je serai chez moi.
17:40– Allez, tu continues ton zapping.
17:42– Ah oui, tu me tutoies alors, carrément.
17:44Bon, tu vas bien ? Ça va, ta forme ?
17:46La semaine prochaine, ton canapus aura 40 ans.
17:50Imaginez, 40 ans.
17:52Du coup, hier, il y avait Papy de Cône.
17:54Papy de Cône, il était invité à…
17:56– Il a mon âge.
17:57– Ah oui, absolument.
17:58– 53.
17:59– À Télématin.
18:00Et vous savez qu'il dirige un journal qui s'appelle Vieux.
18:02– Vieux.
18:03– Et il a parlé de la vieillesse à Télématin, Papy de Cône.
18:06– Toi, de porter des foulards, c'est un truc de vieux ?
18:08– Totalement vieux.
18:10Totalement vieux.
18:11Mais j'irais même vieux, vieux sénile.
18:14– Tu mets la pipe, tiens.
18:15C'est un truc de vieux ou pas ?
18:16– J'ai essayé un moment de relancer la mode de la pipe.
18:19Ça n'a pas du tout marché.
18:20Parce que je disais beaucoup de Conan Doyle, Sherlock Holmes, etc.
18:22Je trouvais le geste magnifique.
18:24– Mais vous fumiez la pipe à 20 ans ?
18:25– Oui, à 20 ans, oui.
18:26Puis ça ne me réussissait pas du tout.
18:28Donc, je ne sais pas.
18:29J'aime bien l'idée de…
18:31de fumer une pipe au coin du feu, mais en Fabien, c'est vieillard.
18:35– Avec une tisane.
18:36– Avec l'oncle Paul, vous voyez.
18:39– Et regarder Tour de France, c'est vieux ou ce n'est pas vieux ?
18:41– Mais non, c'est une activité de jeunes.
18:43– De jeunes ou intergénérationnels, finalement ?
18:45– Vous avez vu l'âge des coureurs ?
18:46Mais non, c'est un sport magnifique.
18:48Moi qui regarde peu la télé, je suis le Tour de France,
18:50de la première à la dernière étape.
18:51Et comme l'année dernière, je m'étais pété deux côtes.
18:53J'ai suivi toutes les étapes, depuis le départ jusqu'à l'arrivée.
18:566 heures de direct par jour.
18:57Et je félicite d'ailleurs France Télévisions.
18:59– On vous en remercie.
19:00– On accepte.
19:02– Petit Clermont, on est vieux, qu'est-ce qui t'excite ?
19:04– Non, mais ce qui est étonnant…
19:05– C'est chiant d'être vieux ?
19:06– Mais bien sûr, bien sûr que c'est chiant d'être vieux.
19:09Moi, quand on dit que j'ai 70 ans,
19:11j'ai l'impression qu'on parle de quelqu'un d'autre.
19:13J'ai des compensations extraordinaires, ce qui me surprenne d'ailleurs.
19:16Tout l'été, je fais mes spectacles,
19:18je fais avec un DJ et 4 danseuses, ou alors avec un orchestre.
19:22Et là, on en a fait plein, plein, et on en refait l'été prochain.
19:25Et ce qui me bluffe le plus, c'est que j'ai un public de gamins,
19:29de moums qui ont entre 16 et 25 ans,
19:33qui connaissent mes chansons par cœur,
19:35pour qui je suis patoche,
19:37et qui viennent déguiser, qui viennent…
19:40Vous savez, la boîte de nuit du papa de Laetitia,
19:43au Cap d'Agde, de l'Amnésia,
19:45qui est une des plus grosses boîtes de France,
19:47à 2h30 du matin, ils étaient 5000,
19:49à sauter partout, à chanter mes chansons.
19:52Ça, c'est un cadeau magnifique, ça.
19:55C'est un cadeau.
19:56Et dans mon autre spectacle, j'ai ma génération.
19:58Enfin, entre 50 et…
20:00Mais c'est vrai que, putain, de savoir que j'ai 71 dans un an,
20:03et Antoine, c'est pareil.
20:05On a un point commun, la petite pipe au coin du feu,
20:07finalement, c'est pas une mauvaise idée.
20:09Vous avez une porte à la bague noire
20:12et un siège qui monte à l'escalier.
20:14Non, vous êtes en forme, quand même.
20:16Non, mais justement, c'est ça.
20:18C'est la seule chose qui m'arrêterait, c'est ça.
20:20On se réveille tous les matins en se disant
20:22est-ce que ma santé va me suivre, quoi, c'est tout.
20:24Pour l'instant, ça va, vous êtes en bonne santé.
20:26Bah, écoute, je fais des excès raisonnables,
20:28c'est-à-dire que je…
20:30Moi, je picole plus, depuis, les gens s'imaginent
20:32que je fais des fêtes en picolant.
20:34Je picole pas, je me drogue pas,
20:36j'ai jamais touché à la cam, parce que c'est une merde.
20:38Et vous fumez toujours ?
20:40J'ai pas de tranquillisant, j'ai pas de psy, j'ai pas de…
20:42Et vous fumez toujours ?
20:43Je fume trop, oui.
20:44Vous avez envie d'arrêter, ou quoi ?
20:46Ça fait 100 personnes qui m'ont dit d'arrêter,
20:48il y en a 50 qui sont mortes d'autre chose.
20:50Je sais que ça va me tuer,
20:52mais je cite très souvent mon pote Gainsbourg
20:54qui m'a dit
20:56si je suis incinéré, j'aurais fait la moitié du boulot.
20:58C'est joli.
21:00C'est très joli.
21:01C'est super joli.
21:02Je marquerai pas ça sur mon épitaphe, mais…
21:04Vous dites quoi sur votre épitaphe ?
21:06Elle est prévue, c'est une phrase de Brel
21:08qui a prononcé
21:1010 minutes avant de mourir.
21:12C'est « si vous m'aimez,
21:14fermez vos gueules ».
21:16Que je trouve magnifique, je vais l'écrire.
21:18Par contre, je ne mettrai pas
21:20celle que m'a suggérée Brigitte Lahaye,
21:22qui est
21:26« c'est pas le trou que je préfère ».
21:28C'est vrai ?
21:30C'est pas elle qui m'a suggérée.
21:32Je dis que c'est elle,
21:34qui m'aime tellement, ma Brigitte.
21:36Comme vous êtes naïfs.
21:38Petit clin d'œil à Philippe Gildas.
21:40Il a disparu un 28 octobre
21:42à 82 ans.
21:44Il y a donc 6 ans.
21:46Et je finis par une dernière news.
21:48On oublie la musique.
21:50De toute façon, elle ne vous aurait pas plu.
21:52Hier, votre comparse de Fabien Lecoeuvre,
21:54qui a fait beaucoup d'émissions avec vous,
21:56spécialiste de la chanson française,
21:58a rendu hommage à sa face.
22:00Il a des hommages à tout le monde.
22:02Il a toutes les nécros.
22:04Il est chez Hanouna,
22:06à notre Coluche National.
22:08Vous imaginez que Coluche, hier,
22:10il aurait fêté ses 80 ans.
22:12Coluche aurait eu 80 ans.
22:14C'est terrible.
22:16Ça me ramène à des moments fabuleux.
22:18On me dit « ouais, tu es nostalgique ».
22:20C'est pas tellement ça.
22:22Je ne dis pas que c'était mieux avant.
22:24Je suis très content d'avoir Uber Eats,
22:26d'avoir le GPS ou la carte routière.
22:28Mais ce qui plombe,
22:30j'en parlais avec Delon à l'époque,
22:32c'est notre cimetière.
22:34Tu te rends compte qu'il y a 10 ans seulement,
22:36il y avait encore Aznavour,
22:38Johnny, Delon, Belmondo.
22:40C'est quand même tout un pan
22:42de notre mémoire
22:44qui s'écroule.
22:46Coluche, j'en parle beaucoup dans le bouquin.
22:48On va oublier Fabien Lecoeuvre.
22:50C'était une anecdote.
22:52Par contre, j'ai ressorti un extrait
22:54de Coluche qui était sur Canal+.
22:56C'était les 40 ans de Canal+.
22:58J'ai pris un passage.
23:00Les deux blagues qu'il raconte
23:02ne seraient plus du tout
23:04possibles à notre époque.
23:06Sur scène, je raconte des blagues en Coluche
23:08en disant que ça serait
23:10compliqué à notre époque.
23:12Il y avait à la fois une blague
23:14et derrière, il commentait les images
23:16de l'arrivée de la navette d'Atlantis
23:18où il y avait une femme pilote
23:20et cinq participants.
23:22Voilà ce que ça donnait
23:24à l'antenne de Canal+.
23:26Il y a un sexuel qui joue,
23:28un jeu de société entre eux.
23:30Il y en a un qui dit à l'autre
23:32on va jouer à cache-cache.
23:34Si tu me trouves, je fais la femme
23:36et si tu ne me trouves pas,
23:38je suis dans le placard.
23:40La navette revient de l'espace,
23:42d'un voyage au bout du monde.
23:44A son bord, s'incombe une femme.
23:46La science va se poser sur eux
23:48des tas de questions.
23:50Mais nous, la seule question
23:52qu'on se pose, c'est
23:54Est-ce que c'est si grave que ça ?
23:56Moi, sur scène, c'est une petite fille
23:58qui dit à sa mère, maman,
24:00j'aimerais bien une petite soeur.
24:02Je vais téléphoner à la cigogne.
24:04Tu ne veux pas essayer avec la bite à papa d'abord ?
24:06Et là, tu peux avoir des plaintes
24:08de la protection des cigognes.
24:10Vous aviez un point commun,
24:12c'est-à-dire que
24:14il était tendre à l'intérieur.
24:16Il était tendre à l'intérieur.
24:18Il était tendre à l'intérieur.
24:20Il était tendre à l'intérieur.
24:22On a le même signe.
24:24Il était tendre à l'intérieur.
24:26On a le même signe.
24:28Je n'étais pas un ami intime.
24:30J'étais un pote.
24:32On a partagé des choses magnifiques.
24:34Et puis, le mec était absolument génial.
24:36Moi, j'ai vu le spectacle
24:38au gymnase en pleine campagne électorale.
24:40C'était surréaliste.
24:42Il a dit, Patrick,
24:44si je suis président de la République,
24:46tu seras vice-président.
24:48Moi, je suis près de la présidence
24:50Il y a un de ses fils qui reprend
24:52un peu vos théories,
24:54que c'était le destin qui rencontre ce camion
24:56parce qu'il n'aurait peut-être pas supporté
24:58l'époque qu'on vit.
25:00Il y a un de ses fils qui a dit ça.
25:02C'était le destin qui reçoit ce camion
25:04et qu'il n'aurait pas supporté
25:06cette époque. Il aurait été malheureux.
25:08Vous allez répondre après, Patrick,
25:10parce qu'on a la pub à 31.
25:12J'ai une théorie qui va peut-être choquer des gens.
25:14Je ne l'affirme pas,
25:16mais je me dis pourquoi pas.
25:18A tout de suite, Patrick Sébastien.
25:20Sud Radio.
25:22Parlons vrai.
25:24Sud Radio.
25:26Le Supplément Média.
25:28Le Supplément Média, toujours avec Patrick Sébastien
25:30pour parler de ce livre
25:32Le Carnaval des Ambitieux.
25:34Une traversée
25:36d'un certain nombre de vos rencontres,
25:38de gens que vous avez aidés.
25:40J'ai découvert que Céline Dion
25:42avait fait votre première partie.
25:44Céline Dion a fait ma première partie en 1984.
25:46J'avais Philippe Laville
25:48en Américaine.
25:50Il fallait qu'on trouve une jeune fille.
25:52J'ai dit à mon imprésario de me trouver une petite chanteuse.
25:54Je ne la connaissais pas trop à l'époque.
25:56Il m'a présenté Céline
25:58et j'ai dit oui.
26:00On a fait quelques galas en province
26:02avant de faire l'Olympia
26:04pendant trois semaines, je crois.
26:06C'est vrai qu'aujourd'hui, avec le recul,
26:08je me revois derrière le rideau en train de lui dire
26:10ne t'inquiète pas ma puce, ça va bien se passer.
26:12Ça me fait drôle.
26:14Elle résume presque tout le bouquin.
26:16Parce qu'elle était avec moi, elle avait 16 ans.
26:18Il y avait René qui était là déjà.
26:20Elle était pleine d'espoir.
26:22Elle était adorable.
26:24Déjà, il y avait un talent fou.
26:26Je la vois aujourd'hui
26:28malade, la pauvre.
26:30Elle a énormément souffert.
26:32Vous avez vu le doc ?
26:34C'est dur à regarder.
26:36Comme je dis, papa lui manque.
26:38C'est un vrai résumé
26:40de l'ambition.
26:42Elle est très riche.
26:44Immensément riche.
26:46Elle s'est flinguée la santé
26:48à faire le Las Vegas tous les soirs
26:50pour avoir une maison de 40 pièces.
26:52Mais on n'a pas besoin de 40 pièces pour habiter dans une maison.
26:54Et est-ce qu'elle est
26:56la plus heureuse des deux ?
26:58Un moment, votre ambition vous a dépassé.
27:00Vous avez voulu avoir plus d'argent,
27:02plus de notoriété.
27:04J'étais assez raisonnable.
27:06Mon ambition,
27:08c'est de faire.
27:10C'est pour ça que je parle de Dupontel,
27:12d'Albert.
27:14On a cette même envie.
27:16Je ne calcule pas les bénéfices,
27:18même les médailles,
27:20les prix.
27:22Ce n'est pas du tout mon truc.
27:24Moi, c'est de faire.
27:26Depuis le début de l'année, j'ai écrit une pièce de théâtre.
27:28Je l'ai jouée. J'ai écrit un bouquin.
27:30J'ai fait des dizaines de galas.
27:32J'ai fait un album.
27:34Il y a une compile qui sort avec 40 titres.
27:36J'ai besoin de faire.
27:38Ça, c'est mon ambition.
27:40C'est d'exister en étant un artiste.
27:42Avec des hauts et des bas.
27:44Il y a des gens qui m'aiment. Il y a des gens qui m'aiment pas.
27:46C'est tout à fait normal.
27:48Mais c'est vrai que je suis vraiment gâté par ceux qui m'aiment.
27:50Pourquoi vous n'êtes pas aux Enfoirés ?
27:52Vous qui avez été très proche de Coluche
27:54et un des premiers imitateurs de Coluche
27:56avec Thierry Leluron.
27:58Pourquoi vous n'êtes pas aux Enfoirés ?
28:00Parce que j'y étais au début.
28:02Avec Michel, je l'ai aidé.
28:04Je l'ai aidé au début
28:06parce qu'il connaissait les gens de gauche
28:08mais il ne connaissait pas Chirac.
28:10C'est moi qui l'ai amené vers Chirac
28:12pour qu'il ait la ville de Paris.
28:14Il était maire de Paris à l'époque Chirac.
28:16J'ai fait les Enfoirés une fois.
28:18Et puis, à la sortie du concert,
28:20quelqu'un m'a dit
28:22« Tu viens aux Banquets ? »
28:24Après, j'ai dit « Je ne viens pas à chanter
28:26pour des gens qui ont faim.
28:28Pour aller aux Banquets après, je vais me payer un resto à côté. »
28:30Et il y a plein de mecs
28:32qui sont partis des Enfoirés pour ça.
28:34Le plus important,
28:36c'est que ça apporte du blé à ceux qui ont faim.
28:38Par contre, aujourd'hui,
28:40c'est vrai que Michel, je pense qu'il ne serait pas content
28:42de voir que ça existe encore.
28:44Parce que ça ne devrait pas exister.
28:46Ça ne devrait pas exister, les Enfoirés.
28:48C'est une bénédiction
28:50que ça existe, bien sûr.
28:52Mais on devrait avoir,
28:54quand tu vois tout le gaspillage qu'il a eu,
28:56tu vois la cérémonie
28:58des Jeux Olympiques, elle a coûté 100 millions d'euros.
29:00Londres, 30 millions.
29:02Je pense qu'avec la différence,
29:04on aurait pu nourrir des gens pendant très longtemps.
29:06La différence de ?
29:08D'argent.
29:10Je veux dire,
29:12c'est symbolique.
29:14La cérémonie de Londres
29:16a coûté 30 millions, c'était magnifique,
29:18c'était très bien.
29:20Celle-là a été sublime pour 100 millions.
29:22Ça fait 70 millions d'écarts.
29:24Je pense qu'avec 50 millions,
29:26qu'on consacrerait plutôt aux gens qui ont la dalle.
29:28Parce que tu sais, c'est bien beau,
29:30mais là, tout ce qu'on entend, les politiques
29:32qui sont nazes, comme c'est même pas permis.
29:34Moi, chez moi, je suis encore au contact des gens.
29:36Et je connais tout un tas de gens
29:38qui sautent un repas aujourd'hui.
29:40Parce qu'ils n'ont pas les moyens.
29:42Et là, on va se faire massacrer encore plus.
29:44Quand on fait une émission qui coûte un million
29:46à France Télévisions, on jette un million
29:48pour pas grand-chose non plus.
29:50Si on va dans ce truc-là,
29:52tous les primes de Koh-Lanta,
29:54qui coûtent plus d'un million.
29:56Le divertissement est essentiel dans la vie des gens.
29:58On ne peut pas se divertir avec un spectacle sur scène
30:00qui ne coûte pas un million.
30:02Il faut mettre les moyens.
30:04Vous comprenez ce que je veux dire.
30:06Pour l'histoire de la cérémonie,
30:08par exemple,
30:10ça aurait coûté 50.
30:12C'était peut-être plus raisonnable.
30:14Mais après, l'argent, il le récupère ailleurs.
30:16Il le récupère ailleurs.
30:18De toute façon, là, c'est beaucoup plus grave
30:20qu'on pense.
30:22À part que les Français sont,
30:24je le dis sur scène,
30:26on est apathiques.
30:28On s'est fait endormir.
30:30Il y a eu des élections législatives.
30:32On avait l'occasion de renverser la table.
30:34On a juste changé la nappe.
30:36Et la nappe avait déjà servi.
30:38— Vous avez voté aux législatives ?
30:40— Non, parce que rien ne me convient.
30:42Rien ne me convient.
30:44J'ai plein d'amitié.
30:46J'échange des messages avec le président,
30:48avec Bardella, avec Roussel,
30:50avec Hollande, avec des gens
30:52de trucs complètement opposés.
30:54Mais ça déconne vraiment.
30:56— Ce que vous disiez,
30:58c'est que vous, dans vos spectacles,
31:00et puis comme vous êtes vers Brive,
31:02vous voyez une autre France
31:04que celle qu'on raconte.
31:06— Moi, je suis allé un petit peu partout cet été.
31:08Je suis allé dans l'Est. Je suis allé dans le Nord.
31:10Je fais beaucoup de galas dans le Nord,
31:12dans l'Est, à Dunkerque.
31:14Tu vois la réalité des choses.
31:16— Le quotidien.
31:18— La réalité du quotidien.
31:20Je les ai à la sortie des spectacles.
31:22Je parle avec eux.
31:24Moi, j'ai jamais quitté ce monde-là.
31:26— Et des fois, vous culpabilisez de se dire...
31:28— Bien sûr.
31:30J'ai une culpabilité de toute façon.
31:32Alors c'est très imbécile, ce que je vais te dire.
31:34Mais à un moment, quand je pars dans ma Mercedes,
31:36je me dis que c'est ces gens-là qui me l'ont payé.
31:38— C'est ma question.
31:40— En même temps, j'ai donné en échange.
31:42Je leur ai donné quelque chose. C'est pas gratos.
31:44Je leur donne du bonheur.
31:46Tu sais, mes bouquins, il y a des gens qui m'ont critiqué.
31:48Moi, j'ai 5 ou 6 témoignages
31:50de gens qui voulaient se suicider
31:52et qui m'ont écrit en me disant
31:54« J'ai lu ton bouquin. J'ai renoncé à me suicider. »
31:56Rien que ça.
31:58Qu'est-ce que tu veux que j'aie comme autre ambition que ça ?
32:00— Il y a tout au début du livre,
32:02toute une partie du livre
32:04qui est consacrée à vos rencontres
32:06avec les présidents de la République.
32:08Et à chaque fois, vous les comparez
32:10à des personnages de films, de cinéma.
32:12Vous dites « J'ai aussi rencontré Pierre Richard
32:14et Jacques Villerey à l'Élysée en un seul,
32:16François Hollande ».
32:18Vous dites « C'est pas péjoratif ».
32:20Il y a Sarkozy.
32:22— Sarkozy, c'est de funès.
32:24— Tu lui enlèves les cheveux, c'est tout lui, l'éthique.
32:26— Et Macron, c'est de la belle.
32:28Flic ou voyou.
32:30Parce que
32:32je sais que 70% des gens ne l'aiment pas.
32:34Aujourd'hui, moi, je suis partagé.
32:36— Vous racontez certaines choses.
32:38On va pas tout raconter du livre.
32:40Vous racontez des choses
32:42très humaines du président.
32:44Vous pourriez l'imiter, Macron ?
32:46— Non, je fais pas.
32:48— Pourquoi ?
32:50— Non, parce que je sais pas.
32:52Je travaille plus mes imitations.
32:54Il est très difficile à faire,
32:56parce qu'il a une voix assez neutre.
32:58Ce que j'ai remarqué, par contre,
33:00c'est leur posture.
33:02La manière dont ils m'ont reçu à chaque fois,
33:04la manière de s'asseoir en disait beaucoup
33:06sur les personnages.
33:08— Chirac était assis carrément les bras au croix.
33:10— Non, c'est Sarko.
33:12Chirac, c'est les coudes sur les cuisses.
33:14Et Hollande, dans un coin,
33:16contre la coudoir.
33:18Je suis allé sur les synchronicités.
33:20C'est vrai que j'ai analysé
33:22quelques trucs marrants.
33:24L'histoire de Sarkozy.
33:26Les gens ont peut-être pas remarqué.
33:28C'est qui s'appelle Nicolas Sarkozy.
33:30Et les sonorités des voyelles I-O-A
33:32et A-O-I, c'est très rare.
33:34Dans un nom et un prénom,
33:36elles sont exactement dans l'ordre inverse.
33:38Donc j'extrapole en disant
33:40est-ce que Sarkozy n'est pas
33:42dans la synchronicité que j'ai trouvée
33:44qui est marrante, c'est que dans tous les noms
33:46des présidents de la République de la Ve,
33:48sauf Pompidou, mais il n'a pas fini son mandat,
33:50ils ont tous un A, la lettre A,
33:52dans leur prénom et dans leur nom.
33:54— Ah, c'est fou.
33:56— Régis Cardestin, François Mitterrand.
33:58Et par contre, ceux qui ont échoué ne l'ont pas.
34:00Donc de là à prévoir que Gérald Darmanin,
34:02Jordan Bardella, Attal
34:04vont être présidents,
34:06ça sera marrant de regarder la synchronicité.
34:08— Edouard Philippe, il n'y a pas de A.
34:10— Philippe, normalement, il n'y a pas...
34:12— Non, non, non.
34:14— Philippe, que le nom de famille...
34:16Juste avant la pub, vous aviez dit que vous aviez une théorie
34:18sur ce qu'évoquait Gilles, à savoir...
34:20— Sur Coluche. — Sur Coluche, c'est-à-dire le fait que...
34:22— La théorie sur Coluche, c'est que...
34:24Je dis que c'est peut-être un suicide.
34:26C'est-à-dire que
34:28moi, ça m'est arrivé
34:30deux fois de faire une tentative
34:32pour une histoire d'amour 10 secondes avant.
34:34J'y pensais pas 10 secondes après non plus, d'ailleurs.
34:36D'ailleurs, la plupart des gens qui se défenaissent,
34:38c'est parce qu'ils s'essaient de se rattraper au dernier moment.
34:40C'est une pulsion qui dure
34:42l'espace de 5 secondes,
34:4410 secondes. Coluche, il était en mal d'amour.
34:46Sa rupture avec Véro
34:48était violente.
34:50Il y avait la cam', il y avait l'alcool,
34:52il y avait deux vers
34:54qui s'étaient suicidés juste avant.
34:56Cet accident, il n'a pas d'explication logique.
34:58Alors pourquoi pas un coup de guidon...
35:00— Ça existe, ces accidents.
35:02— Un coup de guidon, parce que le destin l'a décidé comme ça aussi.
35:04C'est peut-être la main du destin
35:06qui donne un coup de guidon
35:08qui n'est pas prévu.
35:10Mais je n'affirme rien.
35:12J'échafaude, parce qu'il n'y a pas
35:14d'explication logique
35:16à cet accident. Je ne crois pas du tout à la thèse
35:18du complot politique, etc. Non, non.
35:20Ça, je n'y crois pas du tout.
35:22— Est-ce que samedi, vous avez regardé « Les enfants de la télé » ?
35:24— Non. — Pourquoi ?
35:26— Alors dans « Les enfants de la télé », ils recevaient Michel Jonas.
35:28— Ah, on m'a dit ça, oui.
35:30— Ah oui. Ils ont passé un extrait d'un Angelo Pétré
35:32que vous avez reçu.
35:34Durant le plateau, il s'est posé
35:36une grande question que je vais vous poser après.
35:38On écoute Alain Angelo Pétré.
35:40— C'est ma voix.
35:42C'est ma voix qui fait Jonas.
35:44— Parce que Michel Jonas n'avait
35:46jamais vu la séquence, et il a été
35:48soufflé par la voix.
35:50— On était en tournée ensemble
35:52avec Mireille Mathieu en 1975
35:54avec Michel.
35:56On jouait au poker tous les soirs.
35:58Je te raconte juste une anecdote, parce qu'on jouait au poker tous les soirs
36:00entre nous, et il était tellement dans le poker
36:02qu'on était tous les deux en bagnole. On est passés au péage.
36:04La fille, elle a dit « c'est 8 francs ».
36:06Il a dit « plus 2 ». Il a donné 10 francs.
36:08Et il est passé.
36:10Michel, j'adore cet être.
36:12— Alors il a été tellement soufflé par cet extrait.
36:14— C'est moi qui ai fait la voix, oui.
36:16— Et qu'ils se sont posé la question.
36:18« Mais est-ce que c'est Patrick Sébastien ? »
36:20— Et la ressemblance avec Gillo était étonnante.
36:22— Et donc Laurence Mocluniné, à la réponse
36:24qu'elle a posée dans l'émission, on écoute cet extrait
36:26qui est incroyable.
36:28Un peu parti, un peu naze
36:32Un peu parti, un peu naze
36:34Je sens du rond de mes nuages
36:38Histoire d'oublier un peu mon sacré pétier
36:42Les gens me regardent énerver
36:46C'est allergique au pétré
36:48Il va sûrement me dire le temps qu'il fait
36:52— Drôle. Très drôle. Incroyable, la voix.
36:54— À l'époque, tu sais, dans Sébastien Séfouche,
36:56j'en ai fait des dizaines et des dizaines.
36:58J'ai tout écrit, tout.
37:00Et puis je faisais les voix, et puis...
37:02— En fait, non, Michel Jeunesse, vous l'avez fait en antenne.
37:04— Un peu parti, un peu naze
37:06Des ans dans la boîte de jazz
37:10Pour reprendre un peu le cours de ma vie
37:12À l'époque, ils chantaient Super Nana,
37:14ils chantaient « Les vacances au bord de la mer ».
37:16— C'est génial. — Et on faisait des détours.
37:18C'est caché. Ils faisaient des détours
37:20de 100 bornes pour aller dans un restaurant gastronomique.
37:22— C'était donc votre voix, voilà.
37:24— C'était magnifique.
37:26Parce que c'était deux mondes.
37:28Tu vois, Michel et moi et Mireille Mathieu de l'autre côté,
37:30c'était deux mondes.
37:32— Complètement différent.
37:34— J'aurais pu faire Mireille Mathieu.
37:36Non, Sébastien Séfouche.
37:38— Oui, j'aurais pu.
37:40Le carnaval des ambitieux.
37:42Patrick Sébastien.
37:44C'est chez Ixo.
37:46Et je vous le conseille. Vous cherchez des idées de cadeaux de Noël.
37:48Franchement.
37:50— C'est super.
37:52— C'est beaucoup plus profond
37:54que ce qu'on a dit, ce qu'on a évoqué.
37:56Il y a des choses sur l'ingratitude.
37:58Il y a des choses sur la vie.
38:00Des très belles pages sur Camille,
38:02qui est l'homme qui nous a élevés.
38:04— J'ai fait un parallèle entre Johnny,
38:06qui était la star absolue,
38:08qui vivait dans un monde un peu artificiel,
38:10et Camille, qui est le garçon,
38:12le monsieur qui m'a élevé,
38:14qui était un type formidable
38:16et qui s'est contenté comme ambition
38:18d'être intègre et de nous le transmettre.
38:20C'est un message de générosité et d'intégrité.
38:22Entre mon demi-frère,
38:24ma demi-sœur et moi,
38:26on n'a pas eu à se battre pour l'héritage.
38:28— Il reste encore quelque chose de Patrick Boutot ?
38:30— Je ne sais pas.
38:32Je ne sais pas.
38:34Honnêtement,
38:36j'ai mis mon masque de Patrick Sébastien.
38:38On met tous un masque.
38:40Tu as le masque de Valérie Expert.
38:42Toi aussi, tu as ton masque.
38:44C'est ce que je raconte aussi dans le bouquin.
38:46Je dis le carnaval parce qu'en société,
38:48on a tous un masque.
38:50On n'est pas ce qu'on montre.
38:52C'est pour ça que je déteste les a priori,
38:54les jugements hâtifs,
38:56tout ce qui est...
38:58Pour tous les gens qui sont accusés,
39:00c'est l'heure de rendre l'antenne.
39:02— C'est l'heure de rendre l'antenne.
39:04Merci, Patrick.
39:06Vous reviendrez absolument à coupure.
39:08Merci à vous. Dans un instant, les débats.