Reprendre une entreprise… sans se noyer [Julien de Freyman]

  • l’année dernière
Xerfi Canal a reçu Julien de Freyman, professeur associé en entrepreneuriat et stratégie à South Champagne Business School et Membre du Réseau R2E – Recherche & Expertise en Entrepreneuriat, pour parler de la reprise d'entreprise.

Une interview menée par Jean-Philippe Denis.

En savoir plus sur le Réseau R2E – Recherche & Expertise en Entrepreneuriat https://r2e.univ-lorraine.fr/

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Transcription
00:00 Bonjour Julien Defrayman. Bonjour Jean-Philippe Denis.
00:13 Julien Defrayman, vous êtes professeur associé en entrepreneuriat et stratégie à South Champagne
00:17 Business School. Vous êtes membre du réseau R2E, donc recherche et expertise en entrepreneuriat.
00:22 On va parler ensemble du grand bain de la reprise d'entreprise. Pourquoi on se jette
00:27 dans le grand bain de la reprise et pourquoi c'est un sujet ? C'est un vrai sujet. Alors
00:30 pourquoi un sujet ? Pour vivre une aventure humaine incroyable, il faut quand même peut-être avant de
00:37 rentrer dans les motivations qui peuvent faire qu'on reprend une entreprise, moins celle qu'on
00:41 perçoit. Fixez-nous les idées, c'est un sujet considérable. Les enjeux de la transmission sont
00:48 considérables en termes de croissance, en termes d'emploi, en termes de préservation des savoir-faire,
00:54 on n'en parle pas suffisamment. Ça concerne l'ensemble des territoires et donc je pense
00:59 qu'il y a en France une vraie nécessité de prendre la mesure de ce phénomène. 80 000 opérations par
01:06 an. 80 000 opérations par an, donc effectivement le livre blanc du CERA, l'association des cédents
01:10 repreneurs d'affaires, qui estime que chaque année, toute modalité confondue, c'est-à-dire reprise
01:15 d'entreprise par un repreneur externe, entreprise familiale, par des salariés, pèse pour un peu
01:20 moins de 80 000 opérations et un million d'emplois sont concernés. Donc on voit de suite qu'on est
01:27 sur une problématique majeure. Il y a un personnage qui est tout à fait au coeur de ce
01:33 sujet, c'est le repreneur lui-même. Le repreneur qui a une décision très très difficile à prendre
01:38 parce que c'est une pratique, il y a des freins très spécifiques, c'est un processus qui est très
01:44 long, il faut trouver un mouton à cinq pattes qui correspond à l'ensemble des paramètres,
01:50 à l'ensemble des critères retenus par le repreneur. Et puis il y a sa légitimité à reprendre. Et il y a
01:55 sa légitimité, c'est-à-dire qu'effectivement un repreneur ne va pas pouvoir s'appuyer uniquement
02:01 sur la légitimité légale du rachat, il va devoir s'appuyer sur les collaborateurs et sur une
02:07 reconnaissance collective qu'il va devoir obtenir de leur part. Légitimité amont aval, parce qu'en
02:12 amont il faut que des gens vous accompagnent pour monter le projet de reprise et puis aval. Il y a
02:16 effectivement un processus d'une construction de la légitimité qui se fait en deux temps,
02:20 donc en amont du rachat où là on va déjà se convaincre soi-même qu'on est capable de le faire,
02:25 convaincre son entourage, les préparer, convaincre un banquier, convaincre un sédant de vendre
02:32 une entreprise. Et puis effectivement ensuite en aval de la reprise, il y a des collaborateurs
02:37 qu'on ne connaît pas, qu'on n'a pas choisi, qu'il va falloir convaincre, qu'il va falloir embarquer,
02:40 qu'il va falloir rassurer. Et cette légitimité passe par effectivement des jugements individuels
02:47 et collectifs où on va regarder sa capacité professionnelle, sa compétence professionnelle,
02:51 on va regarder comment il s'intègre dans l'entreprise, il y a un existant, il y a un
02:55 héritage. Et puis ils vont regarder si la personne va progressivement, quel type de changement il va
03:00 mettre en place et quels sont les perspectives qu'il va leur offrir. Donc ça participe à la
03:06 construction de cette légitimité. Ça fait beaucoup pour un repreneur. Et puis une organisation,
03:11 vous venez de le dire, c'est un héritage. Et donc forcément, comment on compose avec cet
03:16 héritage ? Est-ce que vous avez des conseils à donner issus de l'expérience des recherches
03:20 menées au sein de R2-D2 ? Alors oui, c'est un héritage et je pense qu'un des premiers conseils
03:24 qu'on pourrait donner, c'est déjà de prendre conscience du choc que ça peut représenter
03:27 pour une entreprise. Il y a un traumatisme. Beaucoup de collaborateurs apprennent finalement
03:32 la vente de l'entreprise très tardivement. Donc il y a une charge émotionnelle importante et ils
03:39 vont manifester des craintes, des incertitudes individuelles sur l'avenir de l'entreprise. Et
03:44 le repreneur, dans les conseils qu'on pourrait lui donner, ça va être effectivement de rassurer,
03:50 d'entendre ses besoins et de rassurer à un maximum. Prendre la température de l'eau du grand
03:54 bain. De prendre la température, effectivement. Communiquer pour dissiper les doutes qu'il
03:59 pourrait y avoir. Donc communiquer le plan de reprise. Être très clair sur les perspectives.
04:03 Et puis effectivement, un dernier peut-être élément serait de s'appuyer le plus possible sur
04:11 une relation de qualité avec le sédant qui est là pour l'accompagner, qui est là pour assurer la
04:15 transition, tout en sachant prendre les décisions lorsqu'elles devraient être prises. C'est-à-dire
04:20 que lorsque la présence du sédant à ses côtés peut venir finalement entraver un petit peu la
04:25 prise en main du repreneur. Donc c'est toujours un équilibre délicat mais nécessaire.
04:30 Un subtil dosage pour ne pas se noyer dans le grand bain de la reprise. Mais sujet absolument
04:35 majeur, vous l'avez rappelé. Tous les repreneurs, toutes les repreneuses sont invités à rejoindre
04:40 la plateforme collaborative R2E pour débattre de ces sujets. Et c'est que c'est bon de ne pas être
04:45 seul parce qu'on est souvent seul dans ces cas-là. D'être entouré, accompagné.
04:49 Merci à vous Gilles. Merci beaucoup.
04:51 [Musique]

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