Après avoir été glorifié, célébré et élevé au rang de Graal de l’exercice du pouvoir, voilà que le concept de leadership vacille, prêt à tomber de son piédestal, assigné au champ lexical de la domination par la manipulation, la vanité et le narcissisme. Une chute qui ravira à coup sûr tous ceux qui avaient une revanche à prendre sur une barre de compétences qu’ils jugeaient trop haute, trop sélective, trop facilement contestable et, disons-le, profondément injuste. [...]
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00:00Après avoir été glorifiée, célébrée et élevée au rang de graal de l'exercice
00:12du pouvoir, voilà que le concept de leadership vacille, prête à tomber de son piédestal,
00:19assignée au champ lexical de la domination par la manipulation, la vanité et le narcissisme.
00:26Une chute qui ravira à coup sûr tous ceux qui avaient une revanche à prendre sur une
00:31barre de compétences qu'ils jugeaient trop hautes, trop sélectives, trop facilement
00:35contestables et, disons-le, profondément injustes.
00:39Parmi eux se trouvent de nombreux acteurs de la vie sociale organisés, directement
00:45concernés, mis sur la touche de la progression hiérarchique, pour cause d'insuffisance
00:50de leadership.
00:51À cela s'ajoutent pléthore de consultants autoproclamés spécialistes du leadership
00:57qui voient dans cette déchéance sémantique une opportunité d'amorcer ou de relancer
01:02leurs activités.
01:03Certains proposent des définitions tellement éclairées qu'elles nous éblouissent au
01:08point de nous faire oublier que leurs préconisations sont totalement étrangères à leur expérience
01:14personnelle.
01:15Une autre catégorie non moins active est celle des enseignants-chercheurs passionnément
01:20engagés à démystifier une icône du capitalisme, un symbole de l'autoritarisme hiérarchique
01:27et de l'asymétrie légitime du pouvoir dans les organisations.
01:31Drapé dans l'étendard de la neutralité axiologique et scandalisé par certaines
01:37dérives inégalitaires d'un système permettant à quelques individus d'accumuler des fortunes
01:43colossales, ces penseurs se servent de la critique pour fustiger le leadership en tant
01:48qu'hégémonie intrinsèquement despotique.
01:51Certes, l'histoire nous incite à beaucoup de vigilance et de lucidité envers tout ce
01:57qui s'apparente au leadership car le pire n'est jamais à exclure.
02:01Pour autant, la plasticité définitionnelle du leadership permet d'éviter de tomber
02:07dans la facilité et la caricature.
02:09La question n'est pas de savoir s'il faut se passer de leadership mais de quel leadership
02:14un groupe, une organisation, une société a besoin dans une période donnée.
02:20Dans certains contextes, un leadership démocratique peut s'avérer tout à fait adapté ou parfaitement
02:26inadéquat.
02:27Il est des sociologies lacteurs entièrement comblées d'avoir un chef puissant et conquérant
02:33alors que d'autres vont rejeter violemment l'idée même de dépendre d'un pouvoir
02:36exclusif.
02:37Et bien sûr, pléthore de variations existent entre ces deux extrêmes.
02:42Alors de grâce, ne tombons pas dans le leadership bashing en étant naïfs au point de croire
02:48qu'il existerait un modèle de leadership universel, optimum, quelle que soit la situation,
02:53indépendamment des enjeux et des populations concernées.
02:56Le leadership comme force légitime d'entraînement et de révélation du potentiel d'un collectif
03:02vers un but louable a toujours sa place au sein des organisations responsables.