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Tous les matins, les informés débattent de l'actualité autour d'Hadrien Bect et Jean-Rémi Baudot

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00:00 *Générique*
00:08 Bienvenue sur le plateau des informes et votre rendez-vous de décryptage de l'actualité.
00:12 On est ensemble sur France Info Radio et sur France Info Canal 27 jusqu'à 9h30.
00:17 Avec nous évidemment Adrien Becq du service politique de France Info,
00:21 ainsi que Géraldine Vosnay, rédactrice en chef au Point,
00:24 et Antoine Oberdorf, journaliste politique à l'Opinion.
00:27 Merci à tous d'être ici.
00:29 Ce matin, Adrien, on va parler radicalisation, antisémitisme.
00:32 Premier thème du débat, le sujet de la radicalisation donc qui revient dans l'actualité.
00:35 Et oui, après l'attentat d'Arras, après hier l'arrestation d'une femme faisant l'apologie du terrorisme dans le RER parisien,
00:42 après les tags antisémites découverts hier encore dans le 14e arrondissement de Paris,
00:47 quel est l'état de la menace ? Faut-il s'inquiéter des radicalisés solitaires, notamment dans le contexte ?
00:55 Ecoutez ce qu'en disait Marc Trévidi, l'ancien juge antiterroriste, qui était votre invité il y a quelques minutes.
01:00 La menace comme ça, pulsionnelle d'individus chauffés à blanc par ce qui se passe dans le monde, est très élevée actuellement.
01:07 Une personne qui sortira avec un couteau, en criant à la voix de Barra et qui poignardera quelqu'un,
01:11 on est au maximum de la menace. On voit bien, c'est l'ambiance.
01:14 Maintenant, un attentat structuré, très organisé, ça me paraît trop tôt,
01:18 dans la mesure où l'état islamique a besoin de se reconstruire, il leur faudra du temps.
01:23 Et pour l'instant, c'est pas mûr. Et ça, on verra cette menace monter quand on verra l'état islamique
01:28 capable de faire des actions d'envergure sur leur terrain à eux, en Syrie ou en Irak.
01:33 Ce sera le signe qu'ils sont capables de s'exporter. Pour l'instant, ça me paraît difficile.
01:37 Alors l'État est-il impuissant face, y compris à cette radicalisation possiblement individuelle ?
01:45 Peut-on faire davantage ? Et jusqu'ici, quel bilan pour Emmanuel Macron ?
01:50 Alors est-ce que le gouvernement est, disons-le avec un peu de prudence, dépassé, Charlene Woznier ?
01:55 Ben, pfff... Dépassé. On sent un gouvernement qui fait une comptabilité des actes,
02:02 qui régulièrement connaissent ce genre de flambées.
02:07 On parle de cette explosion des violences antisémites depuis trois semaines,
02:12 et on fait naturellement le lien avec ce qui se passe dans la bande de Gaza.
02:16 Je pense que c'est abusif, parce que ça s'inscrit dans un contexte qui est beaucoup plus global.
02:21 Des flambées antisémites, on en a dans toute l'Europe. On en a à Berlin, on en a à Londres,
02:25 on en a même aux États-Unis. Et on en a depuis très longtemps, depuis une vingtaine d'années.
02:30 Les attentats des années précédentes ont alerté déjà les gouvernements,
02:36 et notamment le gouvernement Macron. On a eu l'attentat contre l'école aux Aratora à Toulouse en 2012,
02:42 le musée juif de Belgique à Bruxelles en 2014, l'Hypercacher de Paris en 2015, la synagogue de La Halle...
02:48 En fait, l'antisémitisme islamiste, ça n'est pas nouveau. C'est d'ailleurs ce que disait Marc Ravidic.
02:51 Ça n'est pas nouveau, et on a toujours des gouvernements, en France, mais pas seulement en France,
02:56 qui n'arrivent pas à nommer le mal. C'est-à-dire qu'ils sont restés dans une espèce de déni
03:01 sur la nature antisémiste, vraiment consubstantielle, à l'islam radical.
03:09 L'islamiste radical, c'est une idéologie qui est consubstantiellement antisémite, misogyne, homophobe.
03:15 Et dans la lutte, on a toujours une réponse qui est globale. C'est-à-dire qu'Elisabeth Borne a encore présenté,
03:20 en janvier dernier, un plan de lutte contre le racisme, l'antisémitisme, les discriminations.
03:25 On ne pointe et on ne cible pas le mal. On a donc du mal à lutter contre.
03:31 – Antoine Oberdorf, est-ce que le gouvernement, vous trouvez qu'il a du mal à nommer les choses ?
03:36 – Je crois quand même que, que ce soit les observateurs de la vie politique française
03:40 ou bien du côté du gouvernement, on est en train de redéfinir les contours de l'antisémitisme assez largement.
03:45 Il y a des flux et des reflux, malheureusement, dans l'histoire de l'antisémitisme.
03:49 Cette bête immonde qui, quelquefois, agit à bas bruit, quelquefois hurle très fort,
03:55 comme actuellement avec le conflit ouvert au Proche-Orient.
03:58 Il y a un vieil antisémitisme en France, on le connaît à l'extrême droite,
04:03 celui de négationnistes bien connus, Faurisson en son temps par exemple.
04:08 Il y a eu ensuite l'antisémitisme dieudonné-sorale qui a beaucoup marqué l'histoire de notre pays.
04:14 Et aujourd'hui, je crois qu'on a quand même un gouvernement qui prend la mesure d'un nouvel antisémitisme,
04:18 avec une expression qui revient beaucoup, celle d'un djihadisme d'atmosphère,
04:22 qui par conséquent instillerait dans le pays ce venin de l'antisémitisme,
04:27 avec sur fond de conflits civilisationnels, pourrait-on dire.
04:32 Et je crois que lorsqu'on a un Gérald Darmanin qui dit "l'islam radical et l'ultra-gauche se rejoignent dans la haine des juifs,
04:39 hier soir devant une synagogue", on nomme le mal de manière assez évidente, assez claire.
04:46 Après, reste l'extraordinaire difficulté d'expulser des personnes radicalisées,
04:51 et ça, ça tient à la complexité du droit français.
04:52 – On continue d'en parler dans un instant, juste après, le Fil info à 9h10, fil info de Maureen Suniar.
04:58 [Générique]
04:59 – Des dizaines d'étrangers et de binationaux en Égypte,
05:02 après avoir quitté ce matin la bande de Gaza,
05:04 selon un journaliste de l'AFP présent sur place,
05:07 c'est une première depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre.
05:12 Emmanuel Macron veut compléter et accélérer le partenariat stratégique avec le Kazakhstan,
05:17 le chef de l'État est sur place depuis ce matin, avec une quinzaine de chefs d'entreprise,
05:22 notamment EDF ou Suez, et cela alors que le pays est soucieux de s'éloigner de l'influence russe.
05:28 La tempête Kiran va souffler une très large partie, un quart nord-ouest de la France,
05:34 la vigilance rouge est même activée à partir de minuit pour le Finistère,
05:38 les Côtes d'Armor et la Manche, 17 autres départements sont en orange,
05:42 il n'y aura pas de TER demain en Bretagne, dans les pays de la Loire,
05:45 en Normandie, en Centre-Val de Loire et aussi dans les Hauts-de-France.
05:48 La Coupe du monde de foot 2034 sera-t-elle organisée par l'Arabie Saoudite ?
05:54 Le Royaume du Golfe se dit prêt à accueillir la compétition en été ou bien en hiver,
05:58 la FIFA indique qu'il n'y a pas d'autres candidats à l'organisation du tournoi.
06:03 Faut-il aller plus loin sur la question de la radicalisation et de l'antisémitisme ?
06:18 La question est posée dans les informés ce matin avec Géraldine Vosner du Point,
06:22 Antoine Oberdorf de l'Opinion et Adrien Weck de la rédaction de France Info.
06:28 Sans être trop naïf, est-ce que le gouvernement a changé de discours sur la question de la radicalisation ?
06:33 Emmanuel Macron lui-même en fait a changé de discours en 2017,
06:37 rappelez-vous ce qu'il disait sur la laïcité, cette laïcité finalement assez ouverte,
06:44 cette société ouverte, Emmanuel Macron semble-t-il n'avait pas forcément réellement pris la mesure
06:52 d'une problématique qui existait déjà en 2017, on était post-2015.
06:58 Et donc Emmanuel Macron, chemin faisant, a quand même durci son discours,
07:05 Antoine Oberdorf le disait très très bien sur déjà les mots qui sont utilisés,
07:10 et puis a voulu aussi prendre des lois, il y a eu la loi sur le séparatisme.
07:16 Alors voilà Emmanuel Macron qui, Géraldine Vosner parlait de nommer les choses,
07:20 a préféré parler de séparatisme vis-à-vis de la République,
07:24 mais cette loi effectivement sur le séparatisme prise après l'attentat contre Samuel Paty
07:29 sur le financement des lieux de culte, notamment sur l'école à la maison,
07:35 c'est un premier pas et c'est sans doute aussi cet assassinat de Samuel Paty
07:40 et aussi peut-être le moment où Emmanuel Macron bascule,
07:43 allez soyons un petit peu méchants, peut-être d'une forme de naïveté vers un peu plus peut-être de réalisme.
07:49 Alors le réalisme il passe aussi par des actions concrètes,
07:52 le ministre de l'éducation nationale, Gabriel Attal, lui propose de sortir les élèves radicalisés des classes.
07:58 Est-ce que 1) c'est réaliste et puis 2) est-ce qu'on sait le faire ?
08:02 Ça me semble... C'est toujours le problème de la faisabilité de ces mesures
08:06 et j'entendais Jean-Marc Trévidique tout à l'heure sur Ventre Hôtel qui le disait très justement,
08:11 les sortir des classes pour les mettre où ? Dans leurs familles qui sont justement le terreau de leur radicalisation.
08:17 Donc c'est un effet de manche.
08:21 En même temps Marc Trévidique lui propose carrément de les enlever des familles avec toutes les réserves...
08:26 Parce que c'est un bon angle d'attaque, parce qu'il me semble important aujourd'hui de changer de paradigme.
08:33 Il faut reconnaître la nature même... Il n'y a pas un antisémitisme, il y a des antisémitismes.
08:39 Il y a un antisémitisme qui est lié au radicalisme islamiste,
08:44 il y a un antisémitisme à Tavig d'extrême gauche,
08:48 on a vu des flambées pendant la période du Covid où des gens ont pointé un coupable,
08:56 les juifs qui seraient derrière un complot de Big Pharma pour imposer des vaccins.
09:00 Il y a une mosaïque d'antisémitisme qui s'additionne et s'ajoute.
09:04 Il faut donc serrier les moyens d'action.
09:07 Et la protection de l'enfance dans le cadre de l'islam radical est un bon angle d'attaque.
09:12 Effectivement il ne s'agit pas de punir une famille ou de punir une pensée,
09:16 il s'agit de protéger des enfants qui sont les victimes d'une idéologie, d'un fanatisme.
09:23 Mais la question c'est quoi ? Est-ce qu'il faut créer des écoles fermées ?
09:28 Aujourd'hui on n'a pas les moyens, je posais la question à Marc Trévidique juste avant,
09:32 l'ancien juge antiterroriste, en gros lui dit qu'on n'a pas ces structures,
09:35 donc on peut mettre effectivement des enfants dans des familles d'accueil,
09:38 mais on n'a pas de structure particulière.
09:40 – Écoutez, il y a effectivement un signal de fermeté du côté de la rue de Grenelle
09:45 depuis l'arrivée de Gabriel Attal, mais il faut voir effectivement ce qui est faisable.
09:48 Les institutions fermées, assez improbable aujourd'hui, difficile à mettre en œuvre.
09:52 On a 1000 mineurs qui sont aujourd'hui radicalisés, suivis pour une radicalisation islamiste,
09:59 en lien avec un rigorisme islamiste.
10:01 C'est quelque chose qu'on ne voyait pas auparavant.
10:03 À l'ère de l'Al-Qaïda, ce n'était pas observé.
10:06 Aujourd'hui, 1000 mineurs, que peut-on en faire ? C'est très délicat.
10:10 Le placement dans l'aide sociale à l'enfance,
10:13 avec une aide sociale à l'enfance qui se plaint bien souvent de son manque de moyens,
10:16 c'est compliqué à mettre en œuvre.
10:17 Il y a cette obligation de scolarité bien entendu,
10:20 et la volonté, on le comprend, de protéger les enfants de la République
10:24 d'une potentielle contamination par des esprits perméables,
10:28 au cliché en particulier antisémite.
10:29 - Adrien Beck ?
10:30 - Se pose aussi la question, au-delà des moyens qu'on met en place,
10:34 c'est aussi comment on utilise les moyens existants,
10:37 d'un point de vue purement administratif aussi,
10:39 sur les signalements qui peuvent être faits.
10:41 Il y a aussi peut-être une forme de naïveté ou de crainte
10:46 de la part des institutions.
10:48 On l'a vu dans l'assassinat de Dominique Bernard,
10:52 quelque chose qui m'a frappé, on m'a raconté le lendemain de cet assassinat,
10:57 où les enseignants sont réunis en salle des profs avec Gabriel Attal, Xavier Bertrand,
11:01 et certains disent au ministre, si ce qui s'est passé devait se passer,
11:07 on savait que ce serait cette personne-là qui commettrait cet acte.
11:11 C'est vertigineux.
11:12 - Ça ne pouvait être qu'un pressentiment.
11:14 - C'était un pressentiment,
11:15 mais quand il y a des indices, quand il y a des signalements,
11:20 quand il y a la mesure par exemple par le corps enseignant en l'espèce,
11:25 d'un risque, il faut que cela soit entendu,
11:30 et sans doute qu'il faut aussi que les institutions soient à même de répondre.
11:35 - Le fait que nous ne pouvions pas connaître le destin meurtrier et funeste
11:40 qu'allait être celui en l'occurrence du meurtrier de Dominique Bernard,
11:43 de Mohamed Mougouchouk, c'est l'argument qui a beaucoup été utilisé,
11:47 souvenez-vous, par Manuel Valls et François Hollande.
11:49 J'ai le souvenir d'avoir fait, juste après l'assassinat de Dominique Bernard,
11:53 un entretien avec François Hollande dans lequel il m'expliquait comment,
11:55 en 2014 effectivement, au dernier moment, la procédure d'expulsion de la famille
11:59 de Mohamed Mougouchouk avait été empêchée, en particulier par des associations
12:03 de défense du droit des étrangers, des migrants et de l'asile.
12:07 Encore, on se heurte à l'extraordinaire complexité de mettre en œuvre le droit français.
12:11 - Mais madame Dine Vosner, on a néanmoins cette complexité,
12:13 et puis il y a de son côté Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur,
12:16 qui annonce tous les jours, notamment sur les réseaux sociaux,
12:18 qu'il renvoie des étrangers radicalisés.
12:21 Est-ce que ça c'est de la pure communication ou est-ce qu'au fond,
12:22 c'est la mise en lumière de ce que l'État fait parfois correctement ?
12:26 - Non, je pense qu'il est important, et il a raison de le faire,
12:29 de souligner que oui, l'État agit.
12:31 Maintenant, le problème de l'antisémitisme, c'est que c'est une hydre,
12:36 et que ça s'insinue, il y a des actes qui sont clairs et nets,
12:40 qu'on peut sanctionner, par exemple un imam qui tiendrait des propos
12:46 franchement répréhensibles, voire des appels au meurtre, ça c'est vu,
12:50 là on peut agir. Et puis il y a le climat quotidien, les insultes,
12:54 les brimades, les petites agressions, c'est ça qui infuse dans une société.
13:00 Et contre ça, il faut beaucoup plus que de simples actions,
13:04 il faut une mobilisation générale.
13:05 Le Grand Rabat de France, Rahim Korsia,
13:07 appelle lui à en faire une grande cause nationale,
13:10 ce qui est peut-être un moyen de mobiliser toutes les entités de la société,
13:16 depuis l'éducation nationale, jusqu'aux associations de quartier.
13:20 - Adrien, avec le gouvernement, après l'assassinat et l'attentat de Darras,
13:23 a dit que sa loi Asile-Immigration était une réponse à cette question du terrorisme.
13:30 Est-ce que concrètement, la loi Immigration peut changer quelque chose ?
13:33 - Sans doute d'une certaine façon, parce que, effectivement,
13:35 Gérald Darmanin a annoncé la durcire, permettre l'expulsion d'étrangers
13:42 qui adhèrent à l'idéologie islamiste.
13:44 Évidemment, l'intention, elle est pertinente,
13:48 et de ce point de vue-là, elle est sans doute louable.
13:50 Mais effectivement, j'abonde dans le sens de Géraldine Vosner,
13:54 on est aussi dans de la gestion conjoncturelle,
13:56 de dire "cette personne-là est radicalisée,
13:58 cette personne-là aussi, il faut la renvoyer,
14:00 celle-ci, il faut l'isoler".
14:01 Bon, effectivement, est-ce que ce n'est pas aussi, quelque part,
14:05 vider la mer à la petite cuillère ?
14:08 C'est le risque, et la question c'est qu'est-ce que,
14:10 structurellement, on peut mettre en place ?
14:12 Mais ça, ça prendra sans doute beaucoup plus de temps.
14:14 - Adrien Becq, Les Informés, on se retrouve dans un instant pour un nouveau débat.
14:18 On parlera d'Emmanuel Macron qui atterrisse maintenant au Kazakhstan,
14:21 juste après le Fil Info de Bourg-et-Sunaire à 9h20.
14:24 - Des précipitations, des vagues et de très fortes rafales de vent,
14:28 la tempête Kiran va déferler sur un large quart nord-ouest de la France.
14:33 La vigilance rouge, la plus élevée, sera même déclenchée à minuit
14:36 pour le Finistère, les Côtes d'Armor et la Manche.
14:39 17 autres départements passeront en orange.
14:42 L'Arabie saoudite condamne ce matin avec la plus grande fermeté
14:45 le bombardement israélien contre un camp de réfugiés.
14:49 L'armée israélienne confirme la frappe et dit avoir tué un commandant du Hamas.
14:53 Le ministère de la Santé du Hamas affirme que le raid a tué plus de 50 personnes.
14:58 L'agence France Presse nous informe par ailleurs que des dizaines d'étrangers
15:02 et de binationaux ont pu quitter la bande de Gaza ce matin direction l'Egypte.
15:06 Une première depuis le 7 octobre.
15:09 En ce 1er novembre, c'est le début de la trêve hivernale.
15:11 Les expulsions sont interdites jusqu'à la fin du mois de mars.
15:15 Un fumeur sur deux va mourir de son tabagisme.
15:18 Alerte sur France Info, le président de l'Alliance contre le tabac,
15:21 c'est le début du mois sans tabac.
15:23 Il est possible de s'inscrire en ligne pour recevoir des conseils
15:26 et se motiver. Plus de 124 000 inscrits ce matin.
15:29 Retour sur le plateau des informés avec Adrien Becq de France Info,
15:45 Géraldine Vosner-Dupoint et Antoine Oberdorf, journaliste, à l'Opinion.
15:50 Notre deuxième sujet ce matin, c'est la visite d'Emmanuel Macron en Asie centrale.
15:53 Le chef de l'État qui est arrivé dans la nuit au Kazakhstan.
15:56 Ex-république soviétique, effectivement, bordée par la mer Caspienne,
16:00 coincée entre deux géants, la Chine et la Russie.
16:03 Cinq fois la France pour 19 millions d'habitants et un sous-sol
16:06 qui regorge de ressources naturelles minières.
16:09 Alors, que va chercher Emmanuel Macron sur place ?
16:12 S'agit-il d'envoyer des signaux d'indépendance à Moscou et à Pékin ?
16:16 S'agit-il aussi de se diversifier ?
16:18 Et est-ce que cette diplomatie peut être un peu alternative ?
16:22 Eh bien, sert vraiment à quelque chose ?
16:24 Bonjour Paul Barcelone.
16:26 Bonjour les informés.
16:27 Envoyé spécial de France Info à Astana, la capitale du Kazakhstan.
16:30 Programme chargé pour Emmanuel Macron sur place ?
16:33 Oui, exactement. Et tout à la fois pour répondre à la question d'Adrien,
16:38 car il le disait bien, le pays est effectivement frontalier
16:41 à la fois de la Russie et de la Chine.
16:42 Pays au sol particulièrement riche en pétrole et en uranium.
16:46 Et d'ailleurs, la première étape d'Emmanuel Macron,
16:49 le conduit ici à Astana où il vient de faire une déclaration à la presse
16:53 après la signature de plusieurs accords économiques,
16:55 et le chef de l'État vient de saluer un partenaire clé qui,
16:59 je cite, "refuse la vassalisation dans un monde où les puissances de la région
17:03 veulent redevenir hégémoniques, le tout sans jamais citer la Russie et la Chine".
17:08 Une philosophie familière, dit-il en pensant à la vassalisation,
17:12 que la France aime. La France aime choisir ses amis,
17:15 ce sont les mots du président.
17:16 Les deux hommes, Emmanuel Macron et son homologue,
17:19 découvriront tout à l'heure un forum d'affaires économiques ici
17:23 avant qu'Emmanuel Macron ne s'envole direction l'Ouzbékistan dans la soirée.
17:27 Donc c'est de la géopolitique, mais aussi beaucoup de business,
17:29 beaucoup d'affaires pour la France au Kazakhstan.
17:33 Oui, et pour ça, il suffit de jeter un coup d'œil à la délégation
17:35 pour s'en rendre compte. Il y a avec Emmanuel Macron
17:38 une quinzaine de chefs d'entreprises français.
17:41 On pense notamment à Suez, à EDF, à Orano, à Lactalis,
17:45 notamment le géant de l'agroalimentaire.
17:47 Il y a par exemple aussi la patronne du GRBM, du BRGM qui est là.
17:51 Alors, il n'y a pas forcément de gros contrats ou de contrats
17:54 mirobolants à la clé et de milliards forcément annoncés tout de suite.
17:58 Ce sont surtout des déclarations d'intention et des protocoles d'affaires
18:03 qui vont être signés. Mais Emmanuel Macron,
18:05 et vous le disiez, est là pour faire de la géopolitique,
18:07 oser des jalons dans les cartons ici au Kazakhstan.
18:11 Il y a notamment un projet de construction de centrales nucléaires.
18:14 Un référendum est prévu ici pour le printemps,
18:16 dont le résultat ne fait pas trop de doute, ce sera évidemment oui.
18:19 Mais c'est tout le paradoxe dans ce pays, le Kazakhstan,
18:22 pas de nucléaire civil alors que c'est un pays,
18:25 vous le disiez, riche en uranium.
18:26 Ce projet qui est évidemment une perspective pour la France,
18:31 voire une potentielle manne financière pour certaines entreprises très connard.
18:35 Paul Barcelone en direct d'Astana, en direct du Kazakhstan.
18:39 Merci beaucoup d'avoir été ce matin dans Les Informés.
18:43 Géraldine Vosner, Emmanuel Macron, il fait de la géopolitique.
18:46 Il fait du business.
18:48 Est-ce que tout ça, ça concerne directement les Français ?
18:50 Ça concerne totalement, directement les Français.
18:52 Il fait bien d'y aller.
18:54 J'ai envie de dire d'ailleurs qu'il s'inscrit dans les pas de ses prédécesseurs.
18:58 Le partenariat stratégique avec le Kazakhstan,
19:00 c'est Nicolas Sarkozy qui l'établit en 2009.
19:03 La situation, elle est simple.
19:05 L'Europe n'extrait de son sous-sol que 3% des matériaux nécessaires
19:10 à sa transition écologique.
19:12 Tout le reste, elle dépend de l'étranger,
19:15 majoritairement des Chinois de la Chine,
19:16 qui a mis la main sur toutes les chaînes de valeur.
19:18 Le Kazakhstan, dans son sous-sol, il y a beaucoup d'uranium, c'est vrai,
19:22 mais à peu près tout le tableau de Benelayev.
19:24 Très difficile de concrétiser ces partenariats stratégiques.
19:28 Ça fait 10 ans qu'on essaye.
19:30 Difficile parce que, de par sa géographie,
19:32 le Kazakhstan est soumis aux pressions à la fois de la Chine et des Russes.
19:36 Donc là, Emmanuel Macron voit qu'il y a une brèche.
19:39 Il y a une brèche.
19:40 Le Kazakhstan est évidemment très dépendant des Russes,
19:43 mais n'a pas reconnu l'annexion des territoires ukrainiens.
19:47 Il essaie d'être sur une position équilibriste.
19:49 Et évidemment, tout le monde lorgne sur ses ressources minières.
19:52 La Chine et la Russie ne le font pas forcément très, très proprement.
19:56 Orano, qui est déjà présent sur place, exploite deux mines,
19:59 a un vrai savoir-faire, peut vendre des technologies plus propres,
20:03 plus respectueuses des droits des travailleurs.
20:04 Donc voilà, la France et l'Europe derrière a une carte à jouer.
20:07 Et Emmanuel Macron a évidemment raison de la jouer.
20:10 Et comme le disait Paul Barcelone,
20:11 Antoine, il s'agit d'envoyer un signal à la Russie et à la Chine
20:14 de manière discrète et en même temps très diplomatique.
20:17 Absolument. Il va quand même clairement dans le précaré de Vladimir Poutine.
20:20 C'est une ex-république soviétique.
20:21 Ça ne fait pas de doute.
20:22 Et il se dit quelque part qu'il y a une fenêtre de tir qui lui est,
20:26 en plus de ça, dans une période internationale extrêmement tendue,
20:29 marquée par l'actualité au Proche-Orient.
20:31 Mais la guerre en Ukraine se poursuit.
20:33 Il a aussi bien au Kazakhstan qu'en Ouzbékistan
20:36 deux interlocuteurs avec lesquels il peut renforcer des partenariats stratégiques
20:39 pour diversifier les approvisionnements.
20:41 Ce qu'il en ressortira, on ne sait pas à cette heure.
20:43 À chaque fois, on nous promet effectivement des contrats juteux du côté de l'Elysée,
20:46 des délégations économiques très étoffées qui se rendent dans ces contrées.
20:52 En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'à l'heure où la France est malmenée en Afrique
20:55 et en particulier au Niger, il est important pour la France de reprendre pied.
20:59 Et pourquoi pas dans cette partie de l'Asie ?
21:01 C'est nécessaire de diversifier nos relations diplomatiques.
21:05 Plus qu'elles ne l'étaient, Adrien.
21:06 Alors, comme le disait Géraldine Vosner,
21:07 effectivement, c'est une relation avec le Kazakhstan qui est assez ancienne.
21:10 Rappelez-vous François Hollande avec sa chapka.
21:12 C'était en 2014, cette photo.
21:14 C'est vrai, cette photo qu'on avait oubliée.
21:15 Exactement, c'était au Kazakhstan.
21:16 Mais Emmanuel Macron, on a le sentiment, a envie d'aller encore plus loin.
21:21 À propos de sous-sol, il s'est aussi rendu en Mongolie.
21:25 C'était au mois de mai.
21:27 C'était aussi un pays, la Mongolie, où il y a beaucoup d'uranium,
21:32 où il y a l'idée d'ouvrir une mine française.
21:35 Et effectivement, quand on voit aujourd'hui la difficulté,
21:38 les difficultés qu'on peut avoir avec les géants,
21:40 enfin la Russie, ce n'est même plus des difficultés.
21:42 On est un petit peu au-delà de ça.
21:43 Mais la difficulté qu'on peut avoir avec la Chine, la nécessité aussi.
21:47 On parlait de l'importance pour les Français eux-mêmes de ce type de voyage.
21:53 La nécessité qu'on va avoir de pouvoir produire davantage d'électricité,
21:57 de pouvoir regagner en indépendance sur notre souveraineté énergétique.
22:01 C'est quand même l'un des chevaux de bataille d'Emmanuel Macron.
22:05 Effectivement, c'est utile.
22:07 Après, est-ce que c'est du court terme ?
22:09 Sans doute pas, mais il faut au moins poser des jalons.
22:12 Vous avez sept secondes.
22:13 Juste dire que parler de contrat juteux est à mon sens une erreur d'analyse.
22:17 Il s'agit de souveraineté et vraiment de géopolitique et de stratégie.
22:21 Géraldine Woznier, rédactrice en chef au Point.
22:23 Antoine Oberdorf, journaliste politique à l'Opinion.
22:26 Merci beaucoup d'avoir été les informés ce matin.
22:28 Adrien Beck, on se retrouve demain.
22:30 Et non, ce sera Aurélie Herbemont.
22:31 À cette place en tout cas.
22:32 Merci beaucoup de m'avoir accompagné depuis le début de la semaine.
22:34 Les informés reviennent ce soir à 20h et demain à 9h.