Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély.
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00:00Et bienvenue dans les informer, l'émission de décryptage de l'actualité de France Info avec Renaud Dely. Bonjour Renaud.
00:11Bonjour Célia.
00:12Et autour de la table ce matin Aurélie Herbemont, chef adjointe du service politique de France Info. Bonjour Aurélie.
00:16Bonjour.
00:17A vos côtés Gilles Bernstein, éditorialiste politique à France Info Télé. Bonjour Gilles.
00:21Bonjour Célia, bonjour à tous.
00:23Renaud Dely, hier le nom d'Emmanuel Macron a été hué lors d'un discours de Michel Barnier.
00:28Oui c'était hier une journée d'hommage aux victimes des massacres commis par les terroristes islamistes du Hamas.
00:331200 morts, 7500 blessés.
00:35Des cérémonies en Israël d'abord bien sûr, mais aussi des rassemblements en France.
00:39Et notamment une grande soirée hier soir au Dôme de Paris.
00:43Plus de 3000 personnes rassemblées à l'initiative du CRIF, du Conseil représentatif des institutions juives de France.
00:50Une soirée au cours de laquelle s'est exprimé notamment Michel Barnier, le Premier ministre.
00:54Et quand le Premier ministre a voulu assurer l'auditoire de l'engagement du couple exécutif
00:58pour obtenir la libération des deux otages français qui sont toujours détenus par le Hamas.
01:03Deux otages dont les familles avaient d'ailleurs été reçues plus tôt dans la journée à l'Elysée.
01:08Et bien il s'est produit ceci.
01:11Je veux aussi témoigner, comme je l'ai fait tout à l'heure en recevant leur famille,
01:17de mon soutien personnel et l'engagement qui est aussi celui du Président de la République
01:24à tout mettre en oeuvre pour les faire libérer.
01:27La France, la France, la France n'abandonne jamais ses enfants.
01:37Vous pouvez compter sur le Président de la République, sur le Premier ministre, sur...
01:46Vous pouvez compter sur le Président de la République, sur le Premier ministre, sur tous les membres du gouvernement.
01:54Des sifflets intervenus en écho aux récentes déclarations d'E.Macron réclamant l'arrêt de toute livraison d'armes à Israël.
02:02Mais que disent ces réactions d'une partie seulement de la salle, bien sûr,
02:07de la façon dont sont perçues les prises de positions successives du chef de l'Etat
02:13il y a un an sur le conflit au Porche-en-Lyon depuis le 7 octobre,
02:16ensuite le conflit à Gaza et aujourd'hui au Liban.
02:19Et puis que disent aussi ces réactions des sentiments de tout ou partie de nos compatriotes de confession juive
02:27vis-à-vis des prises de positions et de la politique du chef de l'Etat sur ce dossier ?
02:31Gilles, sur CUE.
02:33Hier, on était le 7 octobre, donc à un moment où le souvenir des victimes et des massacres sont plus forts,
02:41où la présence des otages, enfin le fait de savoir qu'il reste des otages est plus fort
02:46et donc évidemment les sensibilités sont exacerbées dans une communauté juive française qui s'est radicalisée,
02:54qui s'est droitisée avec un mouvement d'ailleurs paradoxal.
02:57Le CRIF a un président qui est certainement le plus modéré depuis, je ne sais pas, peut-être depuis Théo Klein,
03:02donc un président du CRIF vraiment extrêmement modéré, mais qui dirige une communauté qui s'est radicalisée
03:08et c'est vrai qu'il y a tant de la France, comme l'avait dit Yael Brown-Pivet juste après le 7 octobre,
03:12la présidente de l'Assemblée, qui attend de la France un soutien inconditionnel à l'état d'Israël
03:18parce qu'une grande partie de la communauté considère, un peu comme le dit Netanyahou,
03:23qu'Israël ne mène pas un combat pour sa survie, mais mène un combat d'une certaine manière du bien contre le mal
03:30et donc ne comprend pas que le chef de l'Etat puisse avoir des avis différents,
03:35ne comprend pas ses attermoiements, parce que le paradoxe c'est que pendant longtemps,
03:39il a été reproché au chef de l'Etat par une partie de la classe politique,
03:43un soutien trop marqué à Israël, tardant à critiquer Israël pour la férocité.
03:51– C'était au début du conflit.
03:53– Et puis maintenant qu'il sait un petit peu, c'est vrai qu'il a beaucoup louvoyé le chef de l'Etat,
03:57et c'est vrai qu'on a eu un peu de mal à comprendre quelle est sa ligne directrice
04:02et face à une communauté radicalisée, ses différents attermoiements ne sont pas compris,
04:07et par ailleurs, sa déclaration sur l'arrêt des livraisons d'armes, qu'on peut comprendre sur le fond,
04:12parce que sa justification de dire on ne peut pas d'un côté demander de cesser le feu
04:15et de l'autre continuer à livrer des armes, franchement je trouve qu'il y a une logique.
04:19Après l'affaire diffusée, parce qu'il l'avait enregistrée plus tôt,
04:22mais l'affaire diffusée l'avant-veille de l'anniversaire du 7 octobre…
04:25– C'était une interview à France Inter qu'il avait enregistrée une semaine plus tôt.
04:28– Il l'avait enregistrée lundi, puis elle a été diffusée samedi.
04:31Donc l'avant-veille du 7 octobre, au moment où le souci, je ne dis pas que le souci n'est plus en Gaza,
04:37mais au souci où les projecteurs sont plus sur le Liban que sur Gaza,
04:42la diffuser l'avant-veille n'était peut-être pas la chose la plus habile du monde.
04:46– C'est quoi ? C'est le côté maladroit qui ne plaît pas à une certaine partie de la communauté juive
04:51ou alors c'est la prise de position claire pour un cessez-le-feu ?
04:55– Je pense qu'il y a le côté, effectivement, la prise de position à ce moment-là.
05:00Effectivement, je le rappelais, on est vraiment à quelques heures
05:03de la commémoration des attaques terroristes du 7 octobre
05:07et quelques heures avant quasiment dire qu'il faut arrêter de livrer des armes.
05:11Précisons d'ailleurs que la France n'en livre pas, ça s'adressait plutôt aux États-Unis.
05:16Il y a un côté presque provocation de la part du chef de l'État.
05:20Le timing, sur le fond, effectivement, la communauté juive considère
05:24qu'il faut soutenir Israël sur les différents fronts qui sont ouverts au Proche-Orient.
05:31Et donc aujourd'hui, dire qu'il faudrait quasiment désarmer Israël,
05:34c'est perçu comme une forme d'abandon.
05:36Mais c'est vrai que ça fait plusieurs mois qu'il y a des moments d'incompréhension,
05:40de malentendu entre Emmanuel Macron et la communauté juive.
05:43Il faut se souvenir au moment de la marche contre l'antisémitisme
05:46qui avait été organisé par Yael Brown-Pivet, la présidente de l'Assemblée,
05:50et Gérard Larcher, le président du Sénat.
05:52Ça avait été extrêmement mal vécu que le chef de l'État, Emmanuel Macron, n'y participe pas.
05:56Donc vous avez comme ça des moments de crispation entre la communauté juive et Emmanuel Macron.
06:03Et là, clairement, c'était le plus mauvais moment pour le président de la République
06:06pour dire qu'il ne fallait pas livrer d'armes.
06:08Évidemment, sur le fond, ça s'entend parfaitement que pour en cesser le feu,
06:13il faut que les armes se taisent.
06:15Il faut qu'il y en ait moins à disposition.
06:17Donc ça paraît évidemment une évidence.
06:20C'est logique.
06:22C'est logique.
06:23On ne peut pas demander à en cesser le feu si en même temps, on fournit des armes à un des belligérants.
06:28Mais dire ça à ce moment-là, au moment où la douleur est ravivée,
06:33parce qu'on arrive au moment de la commémoration, c'était pour le coup très très maladroit.
06:38Clairement, je pense que depuis un an, le macronisme sur ce dossier s'est dissous en même temps.
06:44Il y a une succession de postures contradictoires, de prises de position parfois un peu échevelées du chef de l'État
06:50qui malheureusement ont contribué à ce résultat.
06:52C'était sans aucun doute pas le moment, pas l'endroit.
06:55Ça a été dit par un certain nombre de responsables de la communauté juive de France de siffler.
07:00Ce n'est pas l'ensemble de la salle qui a sifflé.
07:02N'empêche que ce n'est pas très étonnant qu'Emmanuel Macron soit arrivé là.
07:05Pourquoi ?
07:06Il y a un seul cap clair dans la politique française,
07:08qui est antérieur à la présence d'Emmanuel Macron à l'Élysée,
07:11qui est la solution à deux États.
07:12Ça, ça n'a pas changé.
07:14Effectivement, il faut évidemment le marteler.
07:16Mais au-delà de ça, depuis un an, Emmanuel Macron n'a cessé de changer justement
07:20parce qu'il s'est noyé dans ça en même temps.
07:22Il y a eu, vous en souvenez, son appel à une coalition internationale de lutte contre le Hamas
07:26au lendemain, dans les jours qui ont suivi les massacres commis par le Hamas,
07:30lors de sa visite en Israël.
07:32Personne n'a compris et il a dû ranger ça piteusement dans sa poche.
07:36Mais ça n'avait aucun sens.
07:38C'est un exemple, là aussi, de mise en spectacle à caractère un petit peu narcissique.
07:42On arrive à effectivement, mais ça, ça a été dit à l'instant,
07:44ce timing absolument ahurissant de réclamer la cessation des livraisons d'armes à Israël,
07:50ce qui peut paraître tout à fait logique, dès lors qu'on réclame un cessez-le-feu, effectivement.
07:54Mais de le faire à la veille du 7 octobre et au moment où Israël vient de subir une attaque
07:58d'une ampleur inédite de la part de l'Iran, sans qu'il en fasse mention, d'ailleurs, lors de cette annonce.
08:04Aurélie Herbeaumont l'a rappelé, parmi tous ces errements pendant un an,
08:07il y a eu l'absence qui a laissé des traces, dans une partie de la communauté des Juifs français
08:11d'Emmanuel Macron le 12 novembre, sur un argumentaire qui était incompréhensible,
08:15puisqu'il a expliqué que la Grande Marche, qui était, rappelons-le,
08:18le slogan c'était « pour la République et contre l'antisémitisme »,
08:20s'était initiée effectivement par les présidents des deux assemblées.
08:23Et l'Élysée a essayé d'expliquer que la présence d'Emmanuel Macron,
08:26ne serait-ce qu'au début, d'ailleurs, du cortège,
08:28il aurait très bien pu, le chef d'État, aller saluer les deux présidents des deux assemblées.
08:33Eh bien, ça aurait donné un caractère partisan à cette marche,
08:37que ça n'était pas le rôle du chef de l'État que de s'afficher dans une marche
08:41contre l'antisémitisme et pour la République.
08:43C'est exactement l'inverse.
08:44C'est comme si cette marche et ce combat ne devaient pas mobiliser l'ensemble des citoyens,
08:49quelles que soient leurs affinités politiques, leurs religions, s'ils en ont une, ou leurs origines.
08:54Ce combat pour la République et contre l'antisémitisme
08:56n'était pas réservé à une partie, à toute ou partie des citoyens.
08:59Et donc, ça aussi, ça a laissé des traces.
09:01– Mais après, il n'y a pas une différence entre, justement,
09:03ne pas participer à cette marche contre l'antisémitisme, qui est une erreur,
09:08et avoir ce discours ferme envers Benyamin Netanyahou ?
09:12– Critiquer, avoir un discours ferme envers Benyamin Netanyahou,
09:14c'est parfaitement légitime,
09:15c'est la politique de ce gouvernement, bien entendu.
09:17Mais il y a, d'une part, le moment, et puis la façon dont il a ce discours.
09:20Encore une fois, s'il avait rappelé, à ce moment-là,
09:22simplement l'agression d'une ampleur inédite de l'Iran,
09:26et on le voit, y compris dans la position d'Emmanuel Macron vis-à-vis du Liban.
09:29Il a fait un certain nombre de déclarations,
09:31d'ailleurs y compris antérieures à ce conflit, bien entendu.
09:34On a le souvenir d'Emmanuel Macron débarquant à Beyrouth
09:36pour réparer le port de Beyrouth en trois jours.
09:38Donc, encore une fois, bien souvent, le style et les postures d'Emmanuel Macron
09:46me semblent nuire au message de la France, et c'est bien le cas sur ce dossier.
09:49– Gilles ?
09:50– Oui, par exemple, là, dans les jours derniers au Liban.
09:52Franchement, on a beaucoup critiqué la diplomatie américaine et française
09:55d'avoir demandé un cessez-le-feu,
09:56et que Netanyahou n'a même pas fait semblant de les écouter,
09:59et il a attaqué le lendemain.
10:00Bon, c'est le rôle de la diplomatie, ils savent très bien les diplomates,
10:03ils savent très bien qu'il n'y a pas d'effet performatif de leurs paroles.
10:06Pour autant, c'est comme ça la diplomatie,
10:08et franchement, je trouve que les États-Unis et la France
10:10étaient dans leur rôle en réclamant un cessez-le-feu,
10:12tout en sachant très bien qu'ils ne seraient pas entendus.
10:14En revanche, la vidéo du président de la République sur le Liban,
10:18sans dire que le Hezbollah était une organisation terroriste,
10:22pour le coup, c'est même incompréhensible.
10:25C'est incompréhensible, parce que oui,
10:27on n'est pas tous des spécialistes du Liban, loin de là,
10:30mais on a bien compris que ce n'était pas que un mouvement terroriste,
10:33que c'était un parti politique,
10:34qu'il y ait une division confessionnelle du pouvoir au Liban, etc.
10:37On sait tout ça.
10:38Mais enfin là, en l'occurrence,
10:39ne pas rappeler que le Hezbollah était une organisation terroriste,
10:42était, à mon avis, confondant de maladresse,
10:45et une maladresse se succédant à l'autre,
10:48ça crée la radicalisation.
10:49Une multiplication de maladresse,
10:51parce qu'il marche sur des œufs en permanence.
10:54Parce qu'il est dans un...
10:55Pour ne pas croiser tout le monde.
10:57Pardon.
10:58Qu'il soit dans l'œuf en même temps,
10:59moi, je ne trouve pas ça anormal.
11:00C'est-à-dire que, par définition,
11:01la diplomatie, d'une certaine manière,
11:03c'est l'œuf en même temps.
11:04Il faut dire, oui, ceci, Israël a le droit de se défendre,
11:06mais pas de cette manière-là.
11:07On est toujours obligé.
11:08Mais il y a moyen de le faire de manière plus habile.
11:139h17 sur France Info,
11:15c'est l'heure du Fil Info avec Maureen Suynard.
11:18L'ouragan Milton faiblit,
11:20mais reste extrêmement dangereux.
11:22Il est maintenant classé en catégorie 4 sur une échelle de 5.
11:25Il doit toucher terre dans la nuit de mercredi à jeudi en Floride.
11:28L'État américain qui a déjà été touché par l'ouragan meurtrier Hélène
11:31il y a moins de deux semaines.
11:33L'armée israélienne dit avoir tué un commandant du Hezbollah à Beyrouth,
11:36un homme chargé de la logistique
11:38au sein de l'organisation terroriste d'Israël.
11:41Le pays poursuit ses frappes contre le Liban.
11:43Air France et Transavia
11:45prolongent la suspension des vols vers Beyrouth jusqu'au 26 octobre inclus.
11:49Notre priorité c'est la baisse de la dépense publique,
11:52martèle sur France Info le ministre du budget.
11:54Laurent Saint-Martin veut trouver 60 milliards d'euros
11:56pour boucler le budget 2025 qui sera présenté jeudi.
12:00Il promet de nouveau qu'il n'y aura pas de hausse d'impôts
12:03pour les classes moyennes, celles qui travaillent et celles qui sont fragiles.
12:06Des impôts il y en aura par contre pour le cognac.
12:09La Chine annonce la mise en place d'une taxe sur le brandy européen
12:12et cela dès vendredi.
12:14La Chine représente jusqu'à 60% du chiffre d'affaires de certaines maisons.
12:18Cette mesure est une réponse de Pékin au projet de taxe européenne
12:22sur les voitures électriques chinoises.
12:35De retour sur le plateau des informés avec Aurélie Herbemont,
12:37chef adjointe du service politique de France Info,
12:40avec Gilles Bernstein, éditorialiste politique à France Info TV
12:43et Renaud Delis, le budget de la France doit être présenté dans deux jours.
12:46Un budget sous surveillance allemande.
12:48Sous surveillance allemande, sous surveillance des entreprises,
12:51des contribuables, sous surveillance aussi de la vraie fausse majorité
12:55qui soutient Michel Barnier.
12:57Bref, un budget bouclé en 15 jours,
13:00comme l'a rappelé votre invité tout à l'heure,
13:02Laurent Saint-Martin, le ministre du budget précisément.
13:04Le gouvernement doit s'atteler à essayer de résorber un déficit record
13:07qui va atteindre 6,1% du PIB à la fin de l'année 2024.
13:10Les Allemands, vous le disiez par la voix du ministre allemand,
13:12des finances, ont averti hier.
13:14La France ne faut pas plaisanter, je cite,
13:16avec la crédibilité des finances publiques vis-à-vis des marchés financiers.
13:19Pour ne pas plaisanter, Michel Barnier s'est notamment résolu
13:22dans le cadre d'un effort global de 60 milliards d'euros
13:26à augmenter certains impôts de l'ordre de 20 milliards,
13:30à peu près un effort d'un tiers sur la totalité de cette enveloppe.
13:33Alors qui sera concerné ?
13:35Attention, attention, Laurent Saint-Martin, votre invité tout à l'heure,
13:38s'est montré extrêmement prudent et a essayé de rassurer les contribuables
13:41qui pourraient se sentir visés.
13:43Sur les 60 milliards d'euros, on va aussi demander une contribution
13:46exceptionnelle, temporaire, à ceux qui le peuvent.
13:49C'est qui ? Ce sont les très grandes entreprises qui font du profit
13:52et ce sont les très hauts revenus de notre pays.
13:55On parle de 0,3% de nos contribuables.
13:58Nous ne voulons pas faire payer les classes moyennes,
14:01nous ne voulons pas faire payer ceux qui travaillent
14:03et donc, pour être très clair, il n'y aura pas de hausse de l'impôt sur le revenu.
14:08Et puis surtout, pour être très clair, Laurent Saint-Martin,
14:11le ministre du Budget, a répété tout au long de l'entretien
14:13qu'il s'en remettait à la sagesse du Parlement,
14:15lequel va évidemment devoir débattre prochainement
14:18de ce projet de loi de finances qui va lui être présenté,
14:20dans les conditions qu'on connaît,
14:22l'absence de majorité absolue,
14:24le rôle potentiel d'arbitre du Rassemblement national
14:27et éventuellement l'épée de Damoclès du 49-3,
14:30évidemment, qui plane sur ce débat à venir.
14:32Aurélie, une belle semaine qui s'annonce pour le ministre du Budget.
14:35Un bel automne, même, j'ai envie de vous dire.
14:37Oui, carrément.
14:38Parce que les débats, effectivement, vont être musclés.
14:41C'est vrai que le gouvernement fait un peu le sale boulot,
14:45là, clairement, 60 milliards d'efforts, c'est massif.
14:50Donc, évidemment, dès qu'on prononce le mot impôt,
14:53c'est tabou pour les macronistes.
14:55Alors, ils essayent de circonscrire ça, ça va vraiment
14:58le plus haut, le plus haut, le plus haut.
15:00Exceptionnel, temporaire, que pour les plus fortunés.
15:03Pour que les Français, dans leur grande majorité,
15:07ne se sentent pas concernés.
15:08Après, c'est vrai que quand vous faites en parallèle
15:1040 milliards d'économies, ça, ça va toucher
15:12beaucoup plus largement que les très hauts revenus.
15:15Il y a ce sujet, notamment, de la désintoxication
15:18des retraites sur l'inflation.
15:21Forcément, ça, ça crispe beaucoup et ça va être
15:24l'objet de débats parlementaires animés.
15:27Mais forcément, là, les macronistes sont braqués
15:31en attendant ce budget pour essayer de ne pas
15:33renier tout ce qui a été fait depuis ces temps.
15:35Parce que, quand même, cette question d'augmenter
15:37les impôts, c'était une espèce de dogme absolu
15:41du macronisme.
15:43On n'augmente pas les impôts, même on veut les baisser.
15:45Sauf que là, maintenant, la facture arrive.
15:47Et manifestement, la gestion des données publiques
15:50n'a pas été optimale sur ces sept dernières années.
15:52Il y a eu beaucoup d'aides, mais des ministres vous le disent,
15:54on n'a pas fermé les robinets assez tôt, en fait.
15:56Et donc là, maintenant, Michel Barnier et
15:59Laurent Saint-Martin arrivent pour écoper,
16:02pour éviter, effectivement, que la crédibilité financière
16:06de la France soit touchée.
16:08Ce que nos amis allemands nous répètent
16:11avec beaucoup de bienveillance.
16:12Il faut faire attention sur ces sujets-là.
16:14Oui, il a joué les équilibristes tout à l'heure,
16:15Laurent Saint-Martin, parce qu'à chaque fois qu'on lui
16:17posait une question, c'était, le Parlement va décider.
16:19Nous, on propose, mais le Parlement décide.
16:21Vous avez bien essayé.
16:23J'ai bien galéré.
16:24Vous avez bien essayé, vous avez bien galéré.
16:27Oui, de toute façon, il n'a que des mauvaises nouvelles à annoncer.
16:29Donc ça, c'est certain que ça soit,
16:31parce que soit il annonce des hausses d'impôts
16:33et ça ne fait pas plaisir à ses petits camarades.
16:35Si vous avez remarqué Gérald Darmanin et Gabriel Attal,
16:37ils avaient plein d'idées pour réduire le déficit,
16:39mais ils étaient tellement pudiques et tellement réservés
16:41que pendant les sept ans où ils étaient au gouvernement,
16:43ils n'ont pas voulu en parler de peur de gêner
16:45leur petit camarade.
16:47Moi, je trouve ça assez beau.
16:49Maintenant, ils ont plein d'idées.
16:51Donc soit ils proposent des hausses d'impôts
16:53et ça gêne une partie de sa majorité,
16:55toute sa majorité d'ailleurs,
16:57et ensemble pour la République et les Républicains,
16:59soit il annonce des baisses de dépenses publiques
17:01et c'est sûr qu'on l'a vu,
17:03on le voit pour les retraites,
17:05on le voit pour les charges.
17:07Vous avez diffusé François Asselin tout à l'heure
17:09qui protestait en disant que les TPE seraient payées aussi.
17:11C'est vrai que c'est compliqué.
17:13Donc il va jouer sur le Parlement en disant après tout,
17:15puisqu'il y a maintenant une sorte de majorité relative,
17:17puisque vous voulez que le pouvoir soit au Parlement
17:19et qu'on nous explique que maintenant,
17:21on rentre dans un nouveau régime,
17:23chers amis parlementaires,
17:25débrouillez-vous.
17:27C'est le même but, c'est de savoir qui va avoir le plus de poids.
17:29Parce que Renaud faisait référence
17:31au Rassemblement National et à Marine Le Pen.
17:33Marine Le Pen, elle, directement sur
17:35les retraites,
17:37pas la désindexation,
17:39mais le décalage
17:41de la réindexation,
17:43elle dit non. Donc qui a le plus de pouvoir ?
17:45C'est d'ailleurs pour ça qu'on voit
17:47qu'aujourd'hui il y a une première motion de censure qui est déposée
17:49qui va être débattue mais qui sera rejetée
17:51parce que l'URN ne veut pas la voter.
17:53Si jamais, c'est probable,
17:55enfin on verra, on ne va pas préjuger,
17:57mais si jamais le Premier ministre est obligé
17:59de dégainer l'article 49.3 pour faire
18:01adopter le budget, il y aura automatiquement
18:03Il y a assez peu de doute.
18:05C'est probable. Il y aura automatiquement
18:07une motion de censure
18:09qui sera déposée par l'une ou l'autre
18:11ou toutes les oppositions d'ailleurs.
18:13Et là, ce cap-là sera effectivement beaucoup plus difficile
18:15à franchir, peut-être, pour le gouvernement,
18:17notamment en vertu de ses exigences contradictoires
18:19et notamment le refus du URN
18:21de repousser de six mois
18:23l'indexation, la réindexation
18:25du niveau des pensions sur l'inflation.
18:27Mais au-delà de ça, on l'a entendu tout à l'heure,
18:29c'est vrai que derrière le côté un petit peu
18:31parfois amusant de Laurent Saint-Martin
18:33semblant se débarrasser de la patate chaude
18:35sur le Parlement, il y a une réalité politique,
18:37une réalité arithmétique.
18:39Ce gouvernement n'a pas de majorité absolue, d'une part,
18:41donc il est effectivement obligé,
18:43on va voir quel rôle va jouer le Parlement,
18:45mais le fait est que sur ce budget,
18:47bien plus que sur les précédents,
18:49les parlementaires sont attendus le tournant,
18:51ils ont évidemment un rôle éminent à jouer.
18:53Et puis, juste un deuxième point, c'est vrai qu'il y a aussi
18:55une volonté de la part du gouvernement
18:57et Laurent Saint-Martin s'en est fait l'écho tout à l'heure,
18:59de partager en quelque sorte la responsabilité,
19:01c'est-à-dire, voilà, après tout, on a accepté d'être nommé
19:03pour faire le sale boulot, entre guillemets,
19:05mais ne soyez pas irresponsables
19:07à votre tour, vous aussi vous devez mettre les mains
19:09dans le cambouis, et c'est vrai aussi de façon un peu
19:11subliminale, un message
19:13à toutes ces idées qui fleurissent
19:15désormais du côté de Gabriel Attal et Gérald Darmanin
19:17que Gilles Bornstein décrivait
19:19à l'instant, que son fleur s'épanouisse,
19:21visiblement qu'elle s'épanouisse.
19:23Gérald Darmanin qui met des lignes rouges,
19:25notamment la hausse d'impôts, il l'a dit ici,
19:27moi je ne voterai pas le budget.
19:29On sait tous que le budget ne sera pas voté,
19:31le budget ça va se terminer au 49-3,
19:33et donc les parlementaires n'auront pas
19:35à s'exprimer sur le budget, ils auront à s'exprimer
19:37sur le fait de censurer ou pas le gouvernement.
19:39Et ce jour-là, Gérald Darmanin,
19:41il aura piscine, il ne va pas aller,
19:43je pense qu'il y a assez peu de chances
19:45que tout bien pesé, Gérald Darmanin
19:47et Gabriel Attal censurent le gouvernement.
19:49Parce que si j'ai bien compris ce qui tient
19:51cette majorité, le seul engagement
19:53qu'ils ont pris, c'est de ne pas censurer le gouvernement.
19:55Après, ils peuvent voter ou ne pas
19:57voter des textes de loi, ils peuvent s'abstenir,
19:59le gouvernement va devoir
20:01s'habituer à perdre, parce que peut-être qu'il perdra
20:03des textes. En revanche, je vois
20:05quand même mal Gabriel Attal censurer
20:07le gouvernement nommé par le président
20:09de la République qui l'avait nommé avant.
20:11Donc c'est très facile de mettre des lignes rouges,
20:13c'est très facile d'avoir de l'imagination, de dire
20:15moi dans le budget je veux ceci, moi dans le budget
20:17je veux cela. Vous verrez que
20:19quand la motion de censure sera présentée,
20:21tout le monde dira qu'il faut être responsable,
20:23les Français attendent de nous
20:25qu'on ne précipite pas la France dans le chaos
20:27et franchement, on se bouche le nez parce que
20:29Michel Barnier, ce n'est pas notre tasse de thé.
20:31Mais quand même,
20:33il serait irresponsable
20:35de renverser le gouvernement.
20:37Tout le monde peut dire ce qu'il veut sur le budget
20:39mais ils peuvent faire toutes les promesses
20:41du monde, ils n'auront pas à se prononcer dessus.
20:43Il y a l'aspect politique,
20:45on l'a évoqué, mais il y a quand même les inquiétudes
20:47et on les entend qui remontent du terrain.
20:49Ce matin, François Asselin, le patron de la CPME,
20:51qui dit, c'est bien beau de dire qu'il n'y a que les
20:53grandes entreprises qui seront visées mais on sait que nous
20:55on sera aussi visées avec différentes mesures.
20:57Si vous supprimez des allègements de charges,
20:59de fait, alors est-ce que c'est un impôt déguisé ?
21:01On peut débattre de la sémantique
21:03mais de fait, c'est une aide que vous n'avez plus
21:05donc de fait, vous y perdez.
21:07Évidemment, le diable va se nicher
21:09dans les détails.
21:11Facialement, le gouvernement ne va
21:13taper au portefeuille que les entreprises
21:15qui font plus de 1 milliard de chiffre d'affaires
21:17mais de fait, effectivement,
21:19si vous supprimez des allègements de charges,
21:21c'est à la charge des entreprises
21:23qui vont devoir contribuer,
21:25elles aussi, partager l'effort.
21:27Si vous supprimez des aides à l'apprentissage,
21:29de fait, c'est des apprentis
21:31que les
21:33PME ont
21:35à tarifs préférentiels,
21:37disons-le, et qui ne pourront plus avoir accès
21:39à cette main-d'oeuvre.
21:41Dès que vous faites des économies,
21:43même sans passer par
21:45dose d'impôt, des gens sont touchés
21:47et 60 milliards, c'est massif.
21:49Donc oui, beaucoup de gens vont sentir
21:51ces 60 milliards d'économies.
21:53Toute la difficulté va être sur ces allègements de charges éventuellement
21:55remis en cause ou corrigés ou aménagés
21:57ou sur ces aides, justement, ça va être de les cibler
21:59davantage que ce fut le cas jusque-là.
22:01C'est vrai que le gouvernement précédent avait tendance,
22:03mon professeur, à arroser
22:05largement le fameux quoi qu'il en coûte et autre,
22:07notamment sur l'apprentissage, qui parfois
22:09a arrosé un peu le sable dans d'autres secteurs.
22:11Et donc là, toute la difficulté pour le gouvernement,
22:13ça va être de restreindre, sans aucun doute,
22:15un certain nombre d'aides ou d'allègements de charges,
22:17mais en les ciblant mieux,
22:19c'est-à-dire en essayant de ne pas trop nuire
22:21évidemment à leur efficacité économique.
22:23Bon, on va suivre, c'est dans deux jours,
22:25la présentation du budget,
22:27donc on va être très...
22:29On va être très attentifs,
22:31on n'est pas couchés sur le budget.
22:33Merci beaucoup, Gilles Weinstein, d'être passé.