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00:00 Si parmi les dizaines de pièces qui passent à Paris en ce moment,
00:03 celle que j'avais le plus envie de voir était un chapeau de paille d'Italie
00:06 écrite en 1850 par Eugène Labiche,
00:09 c'est parce qu'elle est mise en scène par Alain Françon.
00:12 Ce qui compte pour lui, c'est le texte et les acteurs.
00:15 Il est un des derniers à croire qu'on peut faire du théâtre sans vidéo,
00:18 sans écriture de plateau, sans star de cinéma.
00:21 Il a fait partie du théâtre public des grandes années,
00:24 qui ont donné Chéraud, Lavodan, Claude Régis, Nouchkine
00:27 et qui ont formé plusieurs générations de spectateurs,
00:30 dont l'actuel directeur du théâtre de La Porte Saint-Martin,
00:33 théâtre privé, situé sur les boulevards,
00:35 qui lui a proposé de monter un chapeau de paille d'Italie avec Vincent de Dienne.
00:39 Vincent de Dienne joue Fadinar, un rentier qui se marie.
00:44 À sa première entrée en scène, il parle d'argent.
00:46 Le problème est posé.
00:48 Françon explique, le marché du mariage, c'est le fonds de commerce du Vaudville.
00:53 Fadinar est parisien et rentier, c'est la condition nécessaire au marché.
00:57 L'épouse, provinciale, fille de paysans, débarque à Paris avec sa famille.
01:01 Elle est jouée par Suzanne De Peck.
01:03 Comment une actrice qui n'a que quelques répliques
01:06 peut attirer le regard et prendre l'espace ?
01:09 Anne Benoit joue son père avec une voix de stentor,
01:12 crédule et perdue dans Paris.
01:15 Paris-Province, les ploucs et les snobs, tout ça marche ensemble.
01:19 Et il y a une double intrigue avec une histoire de tromperie.
01:22 Une petite société compartimentée,
01:24 où chacun suit son idée tout en tissant des rapports,
01:27 en se mariant, personne ne sait qui est l'autre, encore moins lui-même.
01:31 On se croise, on vit, on se marie, on se trompe et ça dure toute une vie.
01:35 Tous les personnages déraillent, à un moment ou à un autre,
01:38 quel que soit leur rang social.
01:40 Même une baronne qui bredouille devant Fadinar qu'elle prend pour un artiste.
01:45 La question des places sociales et Tommy présente.
01:48 Et celle de l'amour dans tout ça.
01:51 Tous les personnages sont joués par des pointures du théâtre public.
01:54 On les reconnaît pour les avoir vus jouer dans des spectacles
01:56 qui nous ont marqué au fil des années.
01:59 Vincent De Dienne n'est pas né dans le théâtre public.
02:02 Mais c'est ce qu'il admire.
02:04 Et il a envie d'en faire partie.
02:06 Il est ultra-vivant sur le plateau.
02:08 Les acteurs qu'il regardait à la télévision quand il était petit,
02:12 il les admire aussi.
02:13 J'ai vu dans les journaux qu'il admirait Laurence Boccolini
02:16 et qu'il allait reprendre son rôle à la télévision dans Le Maillon Faible.
02:20 Finalement, c'était faux.
02:22 En interview sur le chapeau de paille, il a dit
02:25 « Ce n'est pas vrai.
02:26 J'ai assisté à une hallucination collective.
02:31 J'ai vu fleurir ça sur les réseaux sociaux.
02:33 Et c'est fou.
02:35 Personne n'a appelé personne pour confirmer. »
02:39 C'est dommage.
02:41 Il n'aurait pas joué un rentier qui se marie.
02:43 Il n'aurait pas été Fadinar.
02:46 Il ne se serait pas marié avec une provinciale fille de paysan.
02:50 Il n'aurait pas joué avec des pointures du théâtre public.
02:53 Mais à sa première entrée en scène, il aurait quand même parlé d'argent.
02:58 Le problème aurait été posé de la même façon.
03:01 À peu de choses près, ça aurait été la même pièce universelle.
03:05 Et quand il y aurait eu des gens éliminés, c'est lui qui s'en serait sergé.

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