Avec Alexandre Langlois, ancien agent du renseignement et auteur de "L'ennemi de l'Intérieur, dérives et dysfonctionnements de la Police nationale" publié aux éditions Talma studios ; Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN (Syndicat national des personnels de direction de l'Éducation nationale) ; Patrice Romain, ancien principal de collège et auteur de "Omerta dans l'Éducation nationale. Les chefs d'établissement sortent du silence" publié aux éditions du Cherche-Midi.
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00:00:00 presque devenu culte aujourd'hui.
00:00:02 J'ai embrassé un flic entre Nations-Républiques, mais aujourd'hui
00:00:06 ça se passe plus comme ça. Alors ça se passe vraiment une France on dirait divisée en deux en tout cas.
00:00:10 Peut-être pas toute la France mais c'est ceux qui disent politique
00:00:14 Certains, jeunes ou pas jeunes, la police tue, la police tue, la police tue !
00:00:20 Et puis d'autres
00:00:22 qui disent ben nous on tue la police. Faut tuer la police.
00:00:26 Vous savez, à cap, "All cops are bastards" etc etc etc.
00:00:31 On a vraiment l'impression de plus que d'une fracture. Ce n'est plus évidemment le côte à côte, ce n'est même plus le face à face.
00:00:37 C'est quand même quelque part, il faut le dire, un certain embrasement.
00:00:42 Même si heureusement elle ne touche pas tout le pays. Mais regardez ce qui s'est passé encore samedi, samedi après-midi.
00:00:48 Samedi après-midi, un centre commercial à Brittany.
00:00:53 Un homme d'une cinquantaine d'années était avec sa compagne, faisait les courses là, justement les courses au centre commercial.
00:00:59 Et puis il y avait deux jeunes qui étaient en train d'un petit rodéo. Vous savez, rodéo sur une roue. On monte avec la
00:01:06 machine et puis on s'amuse, on fait des cabrioles, on fait des acrobaties et puis
00:01:14 il s'est permis, le
00:01:17 quinquagénaire, le monsieur s'est permis de faire une remarque en disant "écoutez, arrêtez".
00:01:23 Et qu'est ce qui s'est passé ? Eh bien il s'est passé "écoutez".
00:01:26 C'est-à-dire qu'ils sont arrivés à deux sur lui et ils l'ont non seulement tabassé, mais ils l'ont tabassé à pieds joints sur la tête.
00:01:39 Carrément, carrément, etc. Voilà, ils sont arrivés, ils se sont battus.
00:01:44 Alors,
00:01:46 l'homme chute,
00:01:47 attaqué au sol, coup de pied sur le torse et au visage, avant de prendre la tête en ses mains. Voilà.
00:01:52 Heureusement, il y avait des passants qui sont intervenus, qui ont arrêté le massacre.
00:01:55 Je signale que la victime a été conduite à l'hôpital d'Arpajon et elle a copié de 15 jours d'incapacité de travail.
00:02:02 Voilà.
00:02:04 Et puis, il se fait, il se fait que cette victime, on l'a su tout de suite après,
00:02:09 est à l'inspection générale de la police nationale, à l'IGPN, la fameuse police des polices. Oui, il n'était pas en service
00:02:15 au moment des faits, il était en civil.
00:02:17 Et voilà. Donc, ce n'est pas là,
00:02:20 effectivement, sur la police, c'est, mais ça veut dire, c'est exactement, je raconte ça parce qu'il y a eu autre chose.
00:02:25 Il y a eu autre chose lundi dernier, là, une femme de 53 ans, eh bien, il y a
00:02:31 quelqu'un qui est arrivé d'une trentaine d'années, un individu,
00:02:34 qui l'a fait chuter sa victime, l'a roué de coups, l'a tabassé, lui a sauté sur la tête à pieds joints à plusieurs reprises.
00:02:42 Elle est à l'hôpital.
00:02:43 Elle est là. Le pronostic vital n'est pas engagé, mais quand même, ça va très très très mal. Alors voilà, on se dit
00:02:51 police, pas police, etc.
00:02:53 On se dit, voilà, monsieur, vous savez, certains disent, ah oui, c'est un fait divers. Mais quel fait divers ? Ce n'est plus un fait divers,
00:03:01 c'est autre chose.
00:03:03 Alexandre Langlois, bonjour. - Bonjour. - Bonjour. On est heureux de vous revoir et de vous recevoir.
00:03:09 Vous êtes ancien agent du renseignement,
00:03:11 et vous êtes auteur, on vous a reçu à plusieurs reprises, pour parler de la police, des dysfonctionnements, des problèmes.
00:03:17 Mais vous avez écrit, voilà,
00:03:20 "L'ennemi de l'intérieur, dérive et dysfonctionnement de la police nationale". Alors, Alexandre Langlois, et ne parlons pas des suicides de policiers, etc.
00:03:27 Restons,
00:03:29 par rapport encore il y a quelques années,
00:03:31 on a l'impression aujourd'hui que ça y est, c'est, je dirais pas une guerre ouverte,
00:03:35 mais que voilà, on y va, et on y va dans l'intention quand même
00:03:39 d'en finir avec cette personne. Parce que se précipiter sur une femme, sur un homme ou autre,
00:03:44 et la tabasser à coups de pied dans la tête, c'est pas seulement pour lui faire mal, c'est pour en finir.
00:03:50 Qu'est-ce qui se passe à votre avis ?
00:03:52 - C'est un problème de société de façon plus générale.
00:03:55 Parce que c'est la violence, la société de plus en plus violente. Quoi qu'on dise les chiffres de la délinquance, on en rigolait encore
00:04:02 il y a quelques années, quand à Marseille les chiffres de la délinquance
00:04:05 officiellement baissés, il y avait des règlements de compte, à la Kalachnikov, le lendemain.
00:04:08 Il y a la réalité des chiffres du ministère et la réalité
00:04:12 vécue par les gens sur le terrain qui sont contredits par les images et par
00:04:16 ce qui peut être vécu par chacun.
00:04:17 Et aujourd'hui, il y a des gens de plus en plus violents qui veulent en finir avec, quand il n'y a plus de bagarres de rue,
00:04:22 où il y a des blessés, là on veut forcément des fois achever la personne avec qui on est.
00:04:25 - C'est ça, achever.
00:04:27 - C'est le terme. Et en fait, pour ce qui concerne les policiers,
00:04:31 le changement de paradigme a commencé avec l'attentat de Magnonville,
00:04:35 en 2015, où les policiers avaient été attaqués chez eux pour tuer des policiers à l'époque.
00:04:38 Et là, le changement avait été...
00:04:40 - Vous parlez du couple qui a été tué sous les yeux de leur enfant.
00:04:44 - Exactement. Et c'est là où les agressions de policiers hors service,
00:04:50 c'était un attentat et des meurtres, ont pris des choses où les gens étaient agressés parce que policiers.
00:04:55 Il y avait des repérages, etc.
00:04:57 Ce qui s'est passé par exemple à Bretigny, au centre commercial, ce week-end, est un peu différent.
00:05:03 La personne n'a pas été agressée parce qu'elle était policier,
00:05:05 mais parce que justement, elle a fait son travail de policier,
00:05:08 y compris hors service, en disant "attendez, moi je suis policier,
00:05:10 il y a des choses que vous ne devez pas faire".
00:05:12 Et parce qu'elle a voulu faire son travail correctement,
00:05:15 et justement, permettre la tranquillité publique,
00:05:18 les gens ne se sont pas laissés faire et l'ont agressé.
00:05:20 C'est arrivé aussi il y a quelques mois d'août à Marseille,
00:05:22 où un autre policier allait au commissariat,
00:05:25 a été pris à partie sur un passage piéton, pour un refus de priorité.
00:05:29 Et la dernière fois où des policiers ont été attaqués réellement,
00:05:33 alors qu'ils n'essaient pas de faire respecter l'ordre hors service,
00:05:37 ce qui est normalement aussi dans les missions des policiers,
00:05:39 les policiers 24h/24, c'est dans le contrat.
00:05:42 - On est policier même quand on est en civil, c'est bien ça.
00:05:45 - C'est ça. En civil, il y a des policiers comme là-bas qui travaillent en civil,
00:05:49 et il y a des policiers qu'on doit intervenir,
00:05:52 d'ailleurs de façon plus largement, normalement quand des citoyens voient des infractions,
00:05:56 ils doivent intervenir, c'est à un minima appeler la police ou la gendarmerie,
00:05:59 suivant le secteur où ils sont en train de se mettre en danger, bien évidemment.
00:06:02 Et la dernière fois où des policiers ont été agressés hors service,
00:06:05 c'est-à-dire qu'ils n'étaient pas au travail, ils ont été repérés en tant que policiers,
00:06:08 c'était à Marseille, juste après la mort de Naël,
00:06:11 et il y avait des manifestations et des émeutes,
00:06:14 deux policiers étaient dans leur voiture, ils ont été repérés en tant que policiers,
00:06:18 et là pareil, ils ont été roués de coups et ils ont été agressés
00:06:21 à cause de leur qualité de policier, parce qu'ils n'avaient pas intervenu.
00:06:24 Donc il y a ce côté où les gens attaquent les policiers
00:06:27 parce qu'ils n'en ont plus peur, mais est-ce qu'on doit avoir peur des policiers ? Non.
00:06:30 On doit avoir un respect de cette fonction, normalement, il n'y a plus ce respect.
00:06:34 Je vais donner un exemple aussi, parce que quand on compare l'actualité
00:06:37 à ce qui pouvait se passer avant, j'ai eu la chance,
00:06:40 quand j'étais à l'école de police, d'avoir eu un formateur qui travaillait à la BAC d'Aulnay,
00:06:43 qui avait été à la BAC d'Aulnay dans les années 80.
00:06:46 Tout le monde savait où il habitait, il habitait à Aulnay même.
00:06:50 Il disait des fois qu'on faisait des interventions,
00:06:53 on devait faire l'usage de violences, etc., mais elles étaient toujours justifiées et justes.
00:06:56 Et il n'a jamais été embêté à son domicile.
00:06:59 Il pouvait croiser les délinquants qu'il avait interpellés dans la journée
00:07:02 ou les jours avant, s'ils avaient été relâchés,
00:07:06 il se croisait, il se disait "Bonjour monsieur", "Bonjour" voilà.
00:07:09 Et il n'y a jamais eu de difficulté, au contraire, même, c'est le paradoxe,
00:07:12 il y avait ce respect, entre guillemets, du jeu du policier et du voleur.
00:07:15 C'est-à-dire que quand chacun est dans son rôle, mais quand on est pris,
00:07:19 on dit "On a fini".
00:07:22 - Et ça c'était dans les années 80, Alexandre Andorra.
00:07:25 - Tout à fait, dans les années 80, lui il a exercé jusque dans les débuts des années 90,
00:07:29 et il est retourné après là-bas également.
00:07:32 Mais il a dit "Le contexte a changé, c'est plus la même chose en fait".
00:07:35 Et en fait c'est là où ça va être intéressant sur la suite de votre émission,
00:07:39 et aussi de côté de l'éducation, de l'instruction des enfants.
00:07:42 Parce que ce qui se passe aussi derrière, c'est ce que récoltent
00:07:45 les forces de l'ordre de façon générale et les gardiens de la paix,
00:07:48 ce manque d'éducation, ce manque d'instruction, ce manque de respect
00:07:51 qui n'est pas inculqué aux bons âges, et ce qui veut dire que par la suite,
00:07:55 après on récolte ce qu'on a semé malheureusement, et c'est ce qui se passe.
00:07:58 C'est ce qu'on a pu voir, ce qui m'a marqué également sur cette agression à Bretigny,
00:08:01 c'est qu'il y a un militaire qui est impliqué, c'est-à-dire que quelqu'un
00:08:04 qui est dans les forces armées, normalement comment ça se passe dans le recrutement ?
00:08:07 - Un jeune militaire, tout à fait. - Il devrait avoir des valeurs,
00:08:11 il devrait savoir ce qu'il fait, et je veux dire là, qu'est-ce qu'il fait dans ce contexte ?
00:08:14 C'est-à-dire qu'on est en train de recruter aussi n'importe qui,
00:08:17 dans n'importe quelles conditions, et ce qui veut dire que même
00:08:20 des institutions qui doivent montrer l'exemple ne sont plus exemplaires.
00:08:23 Voilà, et avec une autre petite chose aussi qui est difficile
00:08:27 dans l'esprit de la population aussi, et c'est un peu plus nouveau
00:08:31 depuis qu'Emmanuel Macron est président, c'est que quand on a
00:08:35 un ministre de la Justice qui est mis en examen, quand on a un ministre
00:08:38 de l'Intérieur qui est nommé dans un contexte difficile,
00:08:41 c'est-à-dire permanent, effectivement il y a ce contexte d'exemplarité,
00:08:44 ils disent "mais attendez, on voit sa franchir de toutes les règles,
00:08:47 les gens qui nous dirigent ne sont pas exemplaires".
00:08:51 - Pourquoi ? Nous on n'est peut-être pas exemplaires, on n'est sûrement pas exemplaires,
00:08:54 mais eux devraient l'être. - Voilà, l'exemplarité devrait revenir
00:08:57 d'en haut, et ce qui n'est plus forcément le cas, donc c'est compliqué
00:09:00 d'avoir des gens qui font des leçons de morale en disant "il faut respecter
00:09:03 les règles, il faut faire ci, il faut faire ça", et après, c'est ce que je prends
00:09:07 comme exemple, malheureusement pas exemple pour les policiers,
00:09:10 par exemple, quand on est en retard, il y a des difficultés, les gens qui vont
00:09:13 se faire agresser verbalement, c'est les gens qui vont être sur le terrain,
00:09:16 et pas l'organisation en soi, et la même chose, le fusible qui représente
00:09:19 l'État sur le terrain, et que les gens vont se dire "c'est à cause d'eux
00:09:23 qu'on est comme ça", ça va être les policiers, les gendarmes,
00:09:26 les services publics, de toute façon, les pompiers se font aussi agresser,
00:09:29 il y a différents des fois les facteurs, on est rendu sur quelque chose
00:09:32 qui n'est que niquette. - Alexandre Langlois, deux choses,
00:09:35 ce qui est passionnant, vous l'avez dit à un moment donné,
00:09:39 c'est que, quand je reçois dans mon émission un certain nombre de pédagogues
00:09:42 ou de gens qui s'occupent de centres fermés pour délinquants, etc.,
00:09:45 on a l'impression qu'on est passé, vous l'avez évoqué déjà,
00:09:48 mais à un autre stade, quand je dis "c'était la guerre",
00:09:51 ça veut dire "il faut en finir", quand vous dites "HV",
00:09:55 ce que j'ai relevé, c'est HV au vrai sens du terme,
00:09:58 ça veut dire que moi, que ce soit un policier, que ce soit quelqu'un,
00:10:01 cette personne qui est délinquante,
00:10:04 il dit "moi j'en ai rien à faire, je vais aller jusqu'au bout",
00:10:08 même s'il ne s'est rien passé, mais c'est un regard,
00:10:11 cette espèce d'instinct de mort,
00:10:14 parce qu'il est un peu là, heureusement c'est pas généralisé,
00:10:17 mais cet instinct de mort, j'ai l'impression qu'il n'existait pas
00:10:20 à ce point, en tout cas beaucoup moins avant,
00:10:23 qu'est-ce qui fait qu'il y a cette volonté vraiment de
00:10:27 "allez, on est dans l'autre clan, il faut le supprimer l'autre clan".
00:10:30 - On est retourné à des instincts primaires et bestiaux.
00:10:33 Je vais redonner un autre exemple,
00:10:36 il y a eu une formation par des gens des renseignements généraux
00:10:39 et qui avait filmé une fin de manifestation CPE en 2005.
00:10:43 Et sur cette vidéo, on voyait un groupe de jeunes
00:10:46 qui arrivaient, quand on attrapait un autre qui semblait plus faible,
00:10:49 ils l'ont mis à terre, ils l'ont roué de coups,
00:10:52 ils l'ont tabassé, ils l'ont mis des coups de pied dans la tête,
00:10:55 et finalement après, comme une nuée de sauterelles,
00:10:59 ce petit groupe est reparti vers une autre personne,
00:11:02 un autre personne qui semblait faible est arrivé et l'a massacré,
00:11:05 et il a eu lieu de les aider à tabasser encore une autre personne plus faible.
00:11:08 Et la conclusion des gens qui nous montraient cette vidéo,
00:11:11 c'était qu'il allait y avoir des générations de perdus,
00:11:15 parce que c'est la bestialité qui va arriver,
00:11:18 personne qui réfléchit de façon logique et rationnelle
00:11:21 va venir aider ses agresseurs 5 minutes plus tard
00:11:24 pour exactement faire la même chose sur une prochaine victime.
00:11:27 C'est cet instinct bestial qui reprend le dessus,
00:11:31 qui fait que certains sont prêts jusqu'à tuer pour ça,
00:11:34 et le grand banditisme est tombé, c'est une bonne chose,
00:11:37 mais on n'a pas su garder la petite délinquance qui est revenue,
00:11:40 et aujourd'hui on a des règlements de compte qui abat des gens en pleine rue,
00:11:43 et ça pose des difficultés à personne.
00:11:47 Cette valeur et ce respect de la vie humaine a aussi chuté
00:11:50 en même temps que cette augmentation de la bestialité.
00:11:53 - Tout à fait, et ça va encore plus loin, Alexandre Langlois,
00:11:56 vous avez vu, vous parlez de ces milieux,
00:11:59 effectivement le grand banditisme ce n'est plus ça,
00:12:03 c'est le bal perdu de Kadachnikov,
00:12:06 on dit "ah oui c'est la jungle",
00:12:09 mais il y a quelque chose quand même qui paraît étonnant,
00:12:12 non pas étonnant, mais on a l'impression que presque
00:12:15 on laisse faire, comme vous disiez,
00:12:19 pas seulement par le manque d'exemplarité,
00:12:22 mais on a l'impression, on l'entend des ministres,
00:12:25 pas seulement ceux d'aujourd'hui, "on va avoir une condamnation exemplaire,
00:12:28 tout ça va rentrer, il n'est pas question d'accepter ça",
00:12:32 il rentre chez eux dans leur palais, et puis le lendemain ça recommence.
00:12:35 - Effectivement, c'est-à-dire qu'en fait on a les mots,
00:12:38 tous les ministres, par exemple M. Darmanin,
00:12:41 a été relevé régulièrement dans ses communications,
00:12:44 il condamne fermement, c'est très bien de condamner fermement,
00:12:47 mais après qu'est-ce qui se passe ?
00:12:51 On a vu, effectivement, parce qu'on peut remonter un peu plus dans le temps,
00:12:54 quand Nicolas Sarkozy, on dit "je vais vous nettoyer tout ça au karcher",
00:12:57 au final il y a des mots très forts, mais derrière il n'y a rien du tout,
00:13:00 il ne faut pas se faire agiter et faire de la provocation.
00:13:03 Soit on donne des mots et on agit, soit le mieux c'est de se taire,
00:13:07 parce que derrière ce n'est pas les personnes qui prononcent ces mots
00:13:10 qui vont payer les conséquences de ces phrases.
00:13:13 Et c'est ce qu'on a aujourd'hui, du coup on a des ministres qui vont dire
00:13:16 "on condamne fermement, c'est pas bien, on n'acceptera jamais",
00:13:19 il y a encore deux ans à Vannes, c'était les Rivra par exemple
00:13:23 qui avaient fait des petites annonces en disant "cherche dealer,
00:13:26 on est tranquille, on n'est pas affecté par la police",
00:13:29 c'était une annonce humoristique qui avait été repliée dans la presse
00:13:32 pour justement attirer le problème sur les points de drogue.
00:13:35 Et ce qui a changé aussi c'est la physionomie de la criminalité,
00:13:39 avant il y avait le grand banditisme qui était tenu,
00:13:42 et maintenant c'est plus des communautés ethniques qui viennent
00:13:45 de d'autres pays, qui importent de la drogue et différentes choses illégales,
00:13:48 et eux les règlements de comptes, ils les font comme dans leur pays d'origine.
00:13:51 - Tout à fait, mais alors Alexandre Blancard,
00:13:55 juste une dernière question,
00:13:58 vous avez vu que certains comités de quartier
00:14:01 appelaient les gens non pas à l'autodéfense,
00:14:04 mais en disant "dites, signalez etc."
00:14:07 et puis quand même, est-ce qu'il n'y risque pas d'avoir
00:14:11 une espèce de sentiment "puisque c'est comme ça,
00:14:14 je vais essayer de me défendre moi-même, moi, mon quartier, ma famille etc."
00:14:17 Est-ce qu'on n'est pas sur la possibilité de cela ?
00:14:20 - C'est toujours une possibilité,
00:14:23 ça ne fait que s'aggraver au fur et à mesure,
00:14:27 et c'est ce qu'on a vu dans le cas de la France,
00:14:30 c'est que l'État a été très efficace
00:14:33 sur tout ce qui était mouvement sociaux,
00:14:36 pour pouvoir réprimer tout ce qui était contraire
00:14:39 à ce que les gens voulaient dire, donc il y avait effectivement
00:14:43 des fauteurs de troupes qu'il fallait interpeller et maîtriser,
00:14:46 mais il y avait des gens qui n'avaient rien fait,
00:14:49 pourtant tous contestataires ont pu être interpellés, réprimés,
00:14:52 même largement, c'est-à-dire qu'on dit "au nom de l'ordre public,
00:14:56 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:14:59 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:15:02 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:15:05 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:15:08 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:15:11 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:15:15 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:15:18 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:15:21 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:15:24 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:15:27 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:15:31 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:15:34 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:15:37 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:15:40 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:15:43 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:15:47 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:15:50 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:15:53 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:15:56 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:15:59 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:16:03 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:16:06 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:16:09 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:16:12 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:16:15 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:16:19 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:16:22 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:16:25 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:16:28 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:16:31 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:16:35 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:16:38 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:16:41 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:16:44 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:16:47 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:16:51 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:16:54 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:16:57 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:17:00 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:17:03 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:17:07 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:17:10 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:17:13 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:17:16 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:17:20 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:17:23 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:17:26 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:17:29 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:17:32 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:17:35 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:17:39 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:17:42 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:17:45 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:17:48 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:17:51 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:17:55 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:17:58 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:18:01 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:18:04 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:18:07 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:18:11 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:18:14 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:18:17 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:18:20 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:18:23 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:18:27 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:18:30 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:18:33 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:18:36 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:18:39 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:18:43 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:18:46 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:18:49 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:18:52 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:18:55 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:18:59 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:19:02 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:19:05 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:19:08 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:19:11 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:19:15 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:19:18 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:19:21 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:19:24 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:19:27 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:19:31 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:19:34 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:19:37 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:19:40 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:19:44 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:19:47 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:19:50 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:19:53 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:19:56 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:19:59 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:20:03 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:20:06 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:20:09 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:20:12 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:20:15 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:20:19 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:20:22 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:20:25 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:20:28 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:20:31 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:20:35 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:20:38 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:20:41 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:20:44 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:20:47 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:20:51 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:20:54 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:20:57 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:21:00 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:21:03 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:21:07 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:21:10 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:21:13 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:21:16 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:21:19 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:21:23 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:21:26 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:21:29 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:21:32 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:21:35 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:21:39 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:21:42 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:21:45 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:21:48 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:21:51 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:21:55 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:21:58 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:22:01 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:22:04 on va faire ce qu'on veut, on va faire ce qu'on veut,
00:22:08 et qui contrarie le monde éducatif, parce qu'il y a parfois du bon sens,
00:22:11 mais malheureusement pas toujours.
00:22:13 Tout ça contribue à un sentiment global
00:22:16 qui fait qu'on s'engage moins dans ce type de métier
00:22:19 pour toutes les raisons qu'on vient d'évoquer.
00:22:22 - Est-ce qu'il n'y a pas aussi, il faut le dire,
00:22:26 un problème de hiérarchie, un problème de pédagogisme,
00:22:29 un problème du haut, je dirais du haut fonctionnaire,
00:22:32 sur la piétaille, mais vous savez, on a ça un peu partout
00:22:35 dans les institutions en France,
00:22:38 pas seulement en éducation nationale,
00:22:42 mais l'éducation nationale, c'est là, c'est l'iceberg exemplaire.
00:22:45 On a l'impression qu'il y a quand même césure
00:22:48 entre le personnel du haut, qui, je ne veux pas généraliser,
00:22:51 mais qui dit "bon, moi je protège ma carrière",
00:22:54 circuler, rien à voir, silence dans les rangs,
00:22:58 tout va bien, pas de vagues, et puis les professeurs
00:23:01 ou les chefs de personnel qui se disent
00:23:04 "attendez, nous on vit au quotidien, tout à fait autre chose".
00:23:07 - Je ne sais pas,
00:23:10 je fais partie des personnels qui dirigent d'autres personnels,
00:23:14 donc c'est compliqué pour moi de répondre à cette question,
00:23:17 ce n'est pas ma pratique dans ma vie quotidienne,
00:23:20 mais je ne dis pas que ça n'existe pas,
00:23:23 vous avez parfois une déconnexion, effectivement,
00:23:26 entre celui qui prend les décisions et celui qui les applique,
00:23:30 qui ne favorise pas les relations et l'engagement.
00:23:33 Donc ça doit exister, ça fait partie peut-être de la problématique,
00:23:36 en tout cas par rapport à des décisions nationales,
00:23:39 c'est assez évident, par rapport à des décisions locales,
00:23:42 j'ai envie de dire "j'espère que non".
00:23:46 En l'occurrence, c'est les personnels que je représente.
00:23:49 - Bien sûr, ce que je veux dire par là,
00:23:52 c'est qu'est-ce qu'il n'y a pas eu des structures,
00:23:55 si vous voulez un pédagogisme, pour ne pas parler de hiérarchie,
00:23:58 parce que ça dépend effectivement des gens et des individus,
00:24:02 mais est-ce qu'il y a eu par exemple,
00:24:05 moi je suis très frappé de voir des témoignages de professeurs
00:24:08 qui se disent "on a l'impression d'être..."
00:24:11 alors à ton raison, je ne suis pas professeur,
00:24:14 mais d'être abandonné, d'être un peu lâché,
00:24:18 d'être un peu mis à l'écart, en tout cas il y a eu beaucoup de livres,
00:24:21 beaucoup d'ouvrages, beaucoup de témoignages de professeurs,
00:24:24 attention, en activité, qui ont dit ça.
00:24:27 Est-ce que vous trouvez que c'est un sentiment qui se défend ou pas ?
00:24:31 - L'éducation nationale c'est plus d'un million de personnels,
00:24:35 donc vous allez trouver évidemment des enseignants, des personnels
00:24:39 qui ont des parcours difficiles et qui vont focaliser,
00:24:42 on peut le comprendre parce qu'ils ont eu un parcours compliqué
00:24:45 sur tout ce qui n'a pas fonctionné,
00:24:48 ce sera certainement le cas du collègue que vous allez recevoir après,
00:24:52 et puis vous avez aussi des collègues qui vont pouvoir vous dérouler
00:24:55 plein de choses positives qu'ils ont pu mettre en oeuvre dans leur carrière,
00:24:58 donc il y a des millions de personnels, toutes ces situations existent,
00:25:01 il ne faut pas les rejeter, il faut prendre au sérieux toutes les situations,
00:25:04 il y a des instances qui sont là pour ça d'ailleurs,
00:25:08 pour écouter les personnels, même si la médecine,
00:25:11 l'éducation nationale ce n'est quand même pas ce qui va le mieux,
00:25:14 néanmoins il ne faut rien exiger.
00:25:17 - Il ne faut pas jeter le bébé éducation avec l'eau du bain de l'actualité,
00:25:20 on est tout à fait d'accord.
00:25:24 Juste une chose, mais pourquoi un ministre, quel qu'il soit,
00:25:27 ne peut pas se dire "oui il y aura un enseignant devant chaque élève"
00:25:30 alors que vous l'avez dit en début de notre entretien,
00:25:33 ce n'est pas vrai, vous n'êtes pas le seul,
00:25:36 le SNES, il a dit exactement ce que vous dites,
00:25:40 sauf que vos estimations sont de 10% plus importantes,
00:25:43 lui disait 48%, le SNES,
00:25:46 vous vous dites 58%,
00:25:49 mais pourquoi annoncer des choses
00:25:52 si on sait que dans la réalité il le sait autant que vous,
00:25:56 ce n'est pas le cas ?
00:25:59 - C'est à eux qu'il faut poser la question,
00:26:02 et la difficulté dans laquelle on se retrouve,
00:26:05 nous en tant que chef d'établissement représentant de l'État,
00:26:08 c'est ce décalage potentiel entre la parole publique politique
00:26:12 et la réalité du terrain, et donc nous ce qu'on demande
00:26:15 c'est vraiment une parole qui soit au plus proche de la réalité,
00:26:18 on ne doit pas mentir et vendre du rêve aux parents d'élèves,
00:26:21 il y a une réalité qui est complexe,
00:26:25 il y a des enseignants qui sont nommés en place,
00:26:28 mais les 58% c'est le nombre d'établissants
00:26:31 où il en manque au moins un, et quand il en manque un
00:26:34 il y en a 150 potentiellement présents,
00:26:37 donc il ne faut pas noircir le tableau,
00:26:40 mais il faut dire la vérité, et la vérité c'est qu'il n'y a pas
00:26:44 un enseignant devant chaque élève aujourd'hui habituellement dans les classes.
00:26:47 - Merci Brunon Boquevitch, je vous rappelle que vous êtes secrétaire général
00:26:50 du syndicat national des personnels de direction de l'éducation nationale,
00:26:53 vous avez répondu à Patrice Roumain pour son livre,
00:26:56 et c'est tout aussi intéressant.
00:27:00 - Merci d'avoir été avec nous, on va se retrouver dans quelques secondes.
00:27:03 - Les ouvriers australiens ou les travailleurs australiens qui travaillent
00:27:06 pour Monsieur Tim Garner, il lui dit "thank you boss",
00:27:09 "thank you boss", "thank you boss", je ne sais pas,
00:27:12 parce que voilà ce qu'il dit, Tim Garner,
00:27:16 en deux mots avant d'écouter, et je vais vous traduire ensuite,
00:27:19 ça diatripe un tout bien sûr,
00:27:22 il dit quoi Tim Garner, il est promoteur immobilier,
00:27:25 il dit "les employés sont devenus trop arrogants",
00:27:28 ouais, trop arrogants, "le chômage doit augmenter",
00:27:32 oui, oui, oui, "doit augmenter considérablement
00:27:35 pour augmenter la productivité,
00:27:38 en particulier dans le secteur de la construction",
00:27:41 il parlait après la pandémie, il y a eu un effet massif, etc.,
00:27:44 "il faut le chômage", et pourquoi il faut le chômage ?
00:27:48 Écoutez.
00:27:51 […]
00:27:54 […]
00:27:57 […]
00:28:00 […]
00:28:04 […]
00:28:07 Voilà, et ça continue, en fait,
00:28:10 qu'est-ce qu'il dit ? Il dit "voilà le problème,
00:28:13 c'est que les gens ne veulent plus travailler,
00:28:16 ils veulent être payés, ils ne veulent plus travailler,
00:28:20 ils veulent au minimum et puis évidemment toucher le maximum
00:28:23 et puis essayer, et puis ça ne va pas du tout ça,
00:28:26 il faut que ces gens commencent à comprendre
00:28:29 que c'est nous,
00:28:32 les gens importants, leurs employeurs,
00:28:36 vous voyez, ils ont des idées qu'ils ne veulent plus travailler,
00:28:39 il y a eu le Covid, etc., et il a dit expressément,
00:28:42 Tim Garner, "nous devons voir de la douleur
00:28:45 dans l'économie, nous devons rappeler aux gens
00:28:49 que c'est pour l'employeur et non l'inverse.
00:28:52 Il y a eu un changement systématique, même systémique,
00:28:55 toujours Tim Garner qui parle, où les employés estiment
00:28:58 que l'employeur est extrêmement chanceux de les avoir
00:29:01 par opposition à l'inverse. Ah ben non, non, non,
00:29:04 ça ne va pas du tout, dit Tim Garner,
00:29:08 c'est une dynamique qui doit changer. Et la dynamique,
00:29:11 comment elle va changer ? Eh ben, je vais vous dire,
00:29:14 dit Tim Garner, en Australie à ses auditeurs,
00:29:17 à 40 à 50 % de chômage, comme ça les gens vont avoir
00:29:20 vraiment la trouille, ils vont voir que c'est pas facile,
00:29:24 les fins de mois, et ils vont voir
00:29:27 grâce à qui ils sont employés, grâce à nous,
00:29:30 grâce à nous, voilà, nos employeurs, etc.,
00:29:33 il faut, il faut, et puis moins qu'ils vont,
00:29:36 donc voilà, ils se laissent aller, ils se laissent aller ces gens.
00:29:40 Alors moi la question que je me pose, est-ce que ce n'est
00:29:43 qu'en Australie qu'un certain nombre de gens pensent comme ça
00:29:46 ? Eh ben, écoutez, personne en Europe ne le dira
00:29:49 comme ça, avec aussi brut de décoffrage,
00:29:52 mais après tout, il faudrait savoir si ça ne circule pas
00:29:57 chez certains économistes non atterrés,
00:30:00 chez certains idéologues,
00:30:03 chez certains membres de l'élite, voilà, effectivement,
00:30:06 non mais, posons-nous la question, on fera un débat là-dessus.
00:30:09 On travaille assez, on ne travaille pas assez, on cherche la facilité,
00:30:13 on ne cherche pas la facilité. En tout cas, Garner,
00:30:16 mais à revanche, alors une chose sur Garner, il veut avoir
00:30:19 de l'immigration, parce que l'Australie ne fonctionne pas
00:30:22 sans immigration, et si nous ne grandissons pas, nous sommes morts.
00:30:25 Et l'immigration, c'est génial, surtout s'ils sont sans papier,
00:30:29 comme ça, ils vont travailler à n'importe quel prix,
00:30:32 et puis ils savent que s'ils ne travaillent pas, ils auront des problèmes.
00:30:35 Mais voilà la solution, des sans-papiers
00:30:38 par millions ! Je provoque,
00:30:41 mais c'est intéressant d'écouter cet entrepreneur
00:30:45 australien, non ?
00:30:48 - Oui, S.O.S. Voilà, des choses
00:30:51 qui se passent, et on se dit "oui, c'est comme ça, c'est la vie",
00:30:54 non, non, c'est pas la vie. Jeudi dernier,
00:30:57 un homme d'origine allemande, un touriste, a été retrouvé mort
00:31:01 dans sa voiture jeudi à Gassin, près de Saint-Tropez.
00:31:04 Il a attendu plus de 4 heures aux urgences pour des douleurs sévères
00:31:07 avant de quitter l'hôpital. Alors voilà ce qui s'est passé, il avait 57 ans,
00:31:10 c'est... racontons cela, donc,
00:31:14 BFM Toulon-Var qui le raconte, confirmant une information
00:31:17 de Nice matin. Donc, cet homme se présentait
00:31:20 très tôt jeudi au centre hospitalier, donc de Gassin,
00:31:23 pour de fortes douleurs. Mais, c'est très important
00:31:26 de savoir ce qui se passe en France,
00:31:29 mais l'établissement fonctionnait à ce moment-là en mode adapté,
00:31:33 c'est-à-dire qu'il ne prenait en charge que les personnes
00:31:36 dont le pronostic vital est engagé, sur recommandation
00:31:39 du SAMU ou du SMUR. Alors, on ne sait pas
00:31:42 si les médecins lui ont demandé de quitter l'établissement,
00:31:45 ou s'il est parti volontairement, on ne le sait pas,
00:31:49 mais on lui a conseillé d'attendre l'ouverture à 10 heures
00:31:52 du centre de soins non programmés du pôle de santé.
00:31:55 En tout cas, il ne s'y est pas présenté, aucune enquête n'a été ouverte,
00:31:58 et il faut savoir que les urgences de Gassin ont connu
00:32:01 9 épisodes de fermeture depuis le début de l'été.
00:32:05 Donc, 9 épisodes de fermeture,
00:32:08 et elles devraient connaître d'autres fermetures
00:32:11 dans les jours à venir. Voilà, alors c'est
00:32:14 assez terrible, et vous savez, on a parlé de cette enquête
00:32:17 sur les urgences, etc. Combien ? 42%, près de 50%
00:32:21 ont fermé ponctuellement cet été, faute de personnel,
00:32:24 et 70% des SMUR répondants ont été amenés
00:32:27 à fermer au moins une ligne durant l'été.
00:32:30 Voilà, on en est là, donc le seul conseil
00:32:33 qu'on vous donne, c'est ne tomber malade,
00:32:37 n'ayez pas d'accident,
00:32:40 ne faites rien, restez chez vous,
00:32:43 pour le moment on vous confine pas, mais
00:32:46 on y pense, ça va peut-être éliminer les risques,
00:32:49 voilà, ne faites rien, surtout, respirez,
00:32:53 mais juste, et puis comme ça on attendra
00:32:56 de voir comment on peut réparer, comment on peut retrouver
00:32:59 ce système qui, je le rappelle, il y a 20 ans
00:33:02 a été considéré comme le meilleur système de santé du monde.
00:33:05 Ici sur Sud Radio, l'heure de ce Face à Face
00:33:09 avec aujourd'hui l'invité d'André Bercoff, Patrice Romain,
00:33:12 ancien principal de collège et auteur de ce nouveau livre
00:33:15 "Omerta dans l'éducation nationale", c'est aux éditions Cherche Midi,
00:33:18 c'est disponible en librairie, bonjour. - Bonjour.
00:33:21 - Bonjour Patrice Romain, on vous connaît, j'avais lu,
00:33:25 et je ne suis pas le seul, vous avez écrit beaucoup de livres
00:33:28 sur l'éducation nationale, et notamment quelques best-sellers,
00:33:31 évidemment, les mots d'excuses, formidables quand même,
00:33:34 les parents qui écrivent aux enseignants, vous en avez dit plus rien,
00:33:38 vous avez écrit "Requiem pour l'éducation nationale",
00:33:41 c'est vrai qu'en ce moment, je dirais, les avis qui tiennent lieu
00:33:44 de faire part se multiplient, on va en parler de toute façon
00:33:47 assez longuement, mais juste, Patrice Romain,
00:33:50 vous avez fait tout le circuit de l'éducation nationale,
00:33:53 vous avez été instituteur, directeur d'école, enfin principal de collège,
00:33:57 aujourd'hui vous êtes à la retraite, et nous avons reçu
00:34:00 il y a quelques minutes le secrétaire général du syndicat national
00:34:03 des personnels de direction de l'éducation nationale.
00:34:06 Ce sont ces chefs d'établissement qui vous ont écrit,
00:34:09 on va en parler suite à votre demande, et dans ce livre que je conseille
00:34:13 parce qu'il est très révélateur, "Omerta dans l'éducation nationale"
00:34:16 et ce qu'ont à dire ces chefs d'établissement,
00:34:19 évidemment, dans l'anonymat, ils ont un devoir de réserve,
00:34:22 mais vous avez écouté, alors apparemment, oui, c'est vrai
00:34:25 que Gabriel Attal a dit "Oui, il y aura un professeur,
00:34:31 un enseignant devant chaque élève, etc."
00:34:34 Ce n'est pas du tout le cas de l'enquête du syndicat,
00:34:37 mais voilà, il faut quand même y aller doucement,
00:34:41 il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain,
00:34:44 99% sont présents, etc.
00:34:48 Il y a quand même une espèce de décalage
00:34:51 entre votre livre que j'ai lu et les représentants
00:34:55 du personnel de direction de l'éducation nationale.
00:34:58 - Oui, vous savez, le syndicat des personnes de direction
00:35:03 n'a pas la réputation d'être le plus vindicatif des syndicats.
00:35:07 Alors, je ne sais pas si ça a un rapport avec le fait
00:35:09 que tous ces dirigeants sont nommés par le ministère
00:35:12 sur d'excellents postes, mais en tout cas,
00:35:15 on connaît des syndicats plus vindicatifs.
00:35:18 - Alors, qu'est-ce qui se passe ? Parlons de votre livre.
00:35:21 Moi, ça m'a vraiment frappé, encore une fois,
00:35:24 on se rappelle les livres de Chiche, d'autres,
00:35:27 des Vavaguerlans, les professeurs qui parlent,
00:35:29 beaucoup de professeurs en ce moment prennent la parole,
00:35:32 ils sortent des livres et se disent "écoutez, ça ne va pas".
00:35:35 Alors, que vous disent, et je voudrais qu'on fasse un peu l'inverse,
00:35:38 que vous disent ces chefs d'établissement ?
00:35:39 D'abord, qu'est-ce qui vous donnez l'idée de leur écrire ?
00:35:42 - Eh bien, tout au long de ma carrière,
00:35:44 j'ai malheureusement côtoyé un tas de collègues
00:35:48 qui étaient en burn-out, qui n'en pouvaient plus,
00:35:50 coincés entre une hiérarchie qui donne des consignes hors sol
00:35:54 et puis des professeurs qui aimeraient bien qu'on les laisse tranquilles
00:35:56 pour exercer leur métier sereinement.
00:35:58 Et à la retraite...
00:36:00 - Depuis toujours ça ?
00:36:02 Depuis toujours vous avez...
00:36:03 - Oui, ça s'accentue.
00:36:05 - D'accord.
00:36:06 - Et donc, j'ai voulu savoir si c'était général,
00:36:10 donc à la retraite, j'envoyais un mail à tous les personnels de direction de France.
00:36:14 - À tous ?
00:36:15 - À tous, oui.
00:36:16 Et j'ai reçu des centaines de réponses,
00:36:19 et j'ai été effaré de voir le contenu de ces réponses,
00:36:23 c'est-à-dire de voir à quel point il y avait un mal-être
00:36:26 chez les personnels de direction.
00:36:28 Et j'ai recueilli tous ces témoignages
00:36:32 que j'ai rassemblés dans ce livre "Omerta dans l'éducation nationale"
00:36:36 parce que naturellement, les chefs d'établissement sont soumis au devoir de réserve,
00:36:40 et donc là, comme ils parlaient de manière anonyme,
00:36:43 je leur avais promis l'anonymat,
00:36:45 ils ont pu parler vrai.
00:36:47 Vous savez, c'est le slogan de Sud Radio,
00:36:49 mais ça devrait être, si seulement ça pouvait être,
00:36:52 le slogan de l'éducation nationale "parlons vrai".
00:36:54 Donc là, ces gens de terrain qui, chaque jour,
00:36:58 sont obligés d'appliquer des consignes stupides,
00:37:03 ont parlé.
00:37:04 Et ce qui ressort de tout cela,
00:37:08 et de ce que j'ai ressenti pendant plusieurs décennies,
00:37:10 c'est que beaucoup de problèmes viennent du management de l'éducation nationale.
00:37:16 Parce que les chefs d'établissement, pour progresser dans leur carrière,
00:37:21 dépendent uniquement de leur supérieur hiérarchique.
00:37:24 - Ah oui, c'est ça.
00:37:26 - Oui, le pouvoir, c'est le supérieur hiérarchique.
00:37:29 - Voilà.
00:37:30 Donc, à chaque fois qu'il y a un problème,
00:37:31 et comme le mantra de la hiérarchie, c'est "tout va bien",
00:37:36 - Pas de vagues.
00:37:38 - Pas de vagues, surtout pas, surtout pas de vagues,
00:37:39 à chaque fois qu'il y a un problème dans un établissement,
00:37:41 qu'un professeur va voir son chef d'établissement pour lui dire
00:37:45 "voilà, un tel m'a insulté" ou "un autre est harcelé", etc.
00:37:50 Le chef d'établissement contacte sa hiérarchie,
00:37:53 et sa hiérarchie, qui ne veut pas faire de vagues,
00:37:55 demande au chef d'établissement de taire tous les incidents.
00:37:59 - C'est systématique, ça.
00:38:00 - Quasiment.
00:38:01 En tout cas, moi je l'ai vécu pendant 22 ans.
00:38:05 Et donc, soit le chef d'établissement comprend le professeur,
00:38:09 soutient le professeur, parce qu'il sent bien que le professeur
00:38:12 ne raconte pas de carabissous et qu'il y a un réel problème,
00:38:14 et donc là, il est placardisé, parce que c'est un mauvais chef d'établissement,
00:38:19 parce qu'il remonte de mauvais chiffres.
00:38:20 Soit, effectivement, le chef d'établissement pense à sa carrière,
00:38:24 donc fait pression sur le professeur, pour que le professeur lui-même
00:38:28 mette un mouchoir sur son amour propre et accepte d'être traité comme moins que rien.
00:38:33 - D'être humilié, d'être maltraité, etc.
00:38:36 - Voilà, voilà.
00:38:38 - En fait, pour le chef d'établissement, c'est où ?
00:38:40 "Moi, ce qui compte, c'est ma carrière, ma hiérarchie,
00:38:43 et puis je ne veux pas fâcher mes supérieurs",
00:38:45 ou je prends le moraudant et je dis "écoutez, ça ne va pas".
00:38:48 Et vous dites que c'est très minoritaire, ceux qui prennent le moraudant
00:38:51 et qui font se remonter à la hiérarchie,
00:38:53 ou alors ils sont eux-mêmes placardisés, sanctionnés, maltraités ?
00:38:58 - Voilà, c'est exactement ça.
00:39:00 Alors, ils ne sont pas sanctionnés, parce que dans l'éducation nationale,
00:39:06 tout se fait discrètement.
00:39:08 Tout est oral. A chacun qui a un souci, c'est oral.
00:39:10 Moi, par exemple...
00:39:12 - Il n'y a pas de notes ?
00:39:13 - Ah non, non, non, non, non.
00:39:14 Je ne sais pas, lorsque par exemple, un recteur veut faire pression...
00:39:19 Enfin, donc, un élève, un lycéen, est surpris à vendre de la drogue dans son lycée,
00:39:24 que le proviseur veut passer cet élève en conseil de discipline,
00:39:29 qu'il s'avère que cet élève est le fils du responsable départemental
00:39:32 d'une association de parents d'élèves,
00:39:34 que ce responsable appelle le recteur,
00:39:36 que le recteur, courageux mais pas téméraire,
00:39:39 voit très bien où est son intérêt,
00:39:42 et donc passe un coup de fil au proviseur pour que l'affaire se tasse,
00:39:48 et bien là, effectivement, il faut beaucoup de courage au proviseur pour agir.
00:39:52 Dans ce cas présent, le proviseur était bientôt à la retraite,
00:39:55 et donc il s'est assis sur la pression du recteur.
00:39:58 - Une histoire que vous avez vécue, enfin connue.
00:40:01 - Oui, exactement.
00:40:02 Donc, on est toujours coincé.
00:40:05 Les chefs d'établissement sont schizophrènes.
00:40:09 - Très intéressant, on va continuer, c'est passionnant.
00:40:12 On va inventorier ce livre, encore une fois que je vous recommande,
00:40:16 "Omerta dans l'éducation nationale", parce que l'Omerta doit être levée,
00:40:19 c'est ce qu'on fait ici, et ce que fait Patrice Romain,
00:40:22 après cette pause.
00:40:23 - Et puis on va continuer de parler d'Omerta avec vous aussi.
00:40:26 Au 0826 300 300, vous avez une question, une interrogation, une remarque.
00:40:30 À notre invité du jour, Patrice Romain, pour parler de l'Omerta
00:40:33 dans l'éducation nationale, vous connaissez le numéro 0826 300 300.
00:40:36 - C'est un véritable guide, c'est le guide Michelin,
00:40:39 dans l'éducation nationale, et Patrice Romain, juste,
00:40:42 a donné ses toques, ses toques ou ses étoiles,
00:40:45 et puis ses dénominations, c'est très intéressant.
00:40:49 Le ministre de l'éducation nationale
00:40:52 s'appelle le sinistre de la désinstruction nationale,
00:40:55 parce que la seule évolution par rapport à l'époque de Louis XIV,
00:40:58 les hauts fonctionnaires de son ministère se prennent encore plus au sérieux,
00:41:01 je cite Patrice Romain, que les courtisans du château de Versailles.
00:41:05 Les inspecteurs généraux, bien sûr,
00:41:08 ils se surent que la parole du ministre est bien respectée
00:41:11 dans toute la France, tout va bien, puisque quand même
00:41:14 leur métier, c'est plutôt agréable.
00:41:17 Donc voilà, ils sont appelés Roger, Liger, IG,
00:41:21 comme inspecteurs généraux, les recteurs, c'est Béatrice,
00:41:24 la rectrice, représentante directe du ministre,
00:41:27 en fait, tout vient du ministre, tout. - Oui, oui, c'est très pyramidal,
00:41:30 la hiérarchie de l'éducation nationale. - C'est totalement pyramidal, c'est ça.
00:41:33 - C'est un peu l'armée mexicaine aussi. Vous savez d'ailleurs,
00:41:37 d'honneurs de leçon qui viennent limite harceler les professeurs,
00:41:42 on vient de dire qu'on manquait de professeurs, mais puisque ces inspecteurs
00:41:45 sont si extraordinaires, pourquoi on ne les remettrait pas
00:41:48 pour une partie de leur temps face aux élèves ?
00:41:51 Donc non seulement ça résoudrait en partie le manque de professeurs,
00:41:56 mais en plus, ça leur permettrait d'éclairer de leur bon conseil
00:42:00 leurs collègues professeurs incompétents qu'ils jugent régulièrement.
00:42:03 - Eh oui, ce serait pas mal.
00:42:06 Les inspecteurs, donc, les directeurs académiques,
00:42:09 "Influencer les médias dans les sens, calmer les parents",
00:42:13 Arsène Ledazen, directeur académique des services d'éducation nationale,
00:42:17 les inspecteurs pédagogiques régionaux,
00:42:20 quelle hiérarchie, quel degré, c'est un gratte-ciel, dites-moi.
00:42:24 - C'est un gratte-ciel, il ne faut pas oublier que ce sont
00:42:27 des cadres supérieurs avec la paix qui va avec.
00:42:31 - Combien est payé un recteur, un directeur académique, un IPR ?
00:42:36 - Ecoutez, là je vous dirai des bêtises, ce que je sais,
00:42:39 c'est que le directeur académique touche 50 000 euros de prime annuelle.
00:42:43 - Ah oui, en plus de son salaire.
00:42:46 - Et puis les chefs d'établissement, les patrons d'établissement,
00:42:52 qui vous ont répondu, effectivement.
00:42:55 Alors, qu'est-ce qui ressort le plus de ce que vous avez reçu,
00:42:59 de cette moisson de lettres, de mails, de témoignages que vous avez eus ?
00:43:04 Encore une fois, je disais, c'est un miroir qui réfléchit,
00:43:08 c'est une feuille de température de la France, votre livre, Patrice Romain.
00:43:14 Qu'est-ce qui paraît le plus ? C'est quoi ?
00:43:16 C'est le mal-être, c'est ce sont...
00:43:19 Alors on parle toujours des salaires, d'accord, mais c'est quoi ?
00:43:22 Qu'est-ce qui apparaît ?
00:43:23 - La solitude, le désespoir. Pas le salaire.
00:43:28 Mais psychologiquement, c'est extrêmement difficile.
00:43:32 Vous prenez une décision, vous sentez que ça va être difficile,
00:43:37 vous appelez votre supérieur hiérarchique,
00:43:39 qui vous dit "oui, oui, vous avez raison, je vous approuve".
00:43:43 Vous prenez la décision, ça fait quelques remous,
00:43:46 et aussitôt votre supérieur hiérarchique rétropédale vous appelle
00:43:50 et vous dit "ouais, qu'est-ce que vous avez fait ?
00:43:51 C'est de n'importe quoi, faites le contraire de ce que je vous ai dit".
00:43:54 Et ça, c'est extrêmement difficile à vivre.
00:43:56 - Sans du tout voir qu'il se contredit complètement
00:43:58 par rapport à 24 heures plus tôt à une décision.
00:44:01 - Non, non, puisque la gouvernance, c'est avant tout ne pas faire de vagues.
00:44:08 Donc si dire blanc, ça provoque plus de vagues que dire noir,
00:44:11 bon, n'y noir, visir ça.
00:44:13 - Alors justement, il y a ça, la solitude,
00:44:17 alors se sentir effectivement abandonné,
00:44:19 j'ai vu, on a reçu des témoignages de professeurs très divers,
00:44:24 sans aller jusqu'à l'extrémité, sans aller jusqu'au drame, à l'horreur.
00:44:27 - C'est terrible, vous savez, excusez-moi de vous interrompre,
00:44:30 mais justement, tous ces professeurs que vous recevez,
00:44:32 qui eux aussi ont un mal-être, sont désespérés.
00:44:35 Ça vient en grande partie justement du management général.
00:44:38 C'est-à-dire que si la hiérarchie ne mettait pas une pression énorme
00:44:42 sur les chefs d'établissement, les rapports entre la direction
00:44:45 des établissements scolaires et les professeurs seraient apaisés,
00:44:49 et les professeurs pourraient travailler dans de bonnes conditions.
00:44:52 Vous savez, quand une entreprise ne fonctionne pas,
00:44:55 hors contexte économique, on n'accuse pas l'ouvrier
00:44:58 de ne pas le serrer le boulon. On remet en cause les dirigeants.
00:45:01 On leur dit "ah, ils n'ont pas su s'adapter", etc.
00:45:05 Et là, à l'Éducation nationale, on accuse les parents
00:45:08 qui sont trop intrusifs, les élèves qui ne travaillent plus,
00:45:11 les professeurs qui sont incompétents, mais qui remet en cause
00:45:15 la gouvernance ? Personne. A priori, il n'y a que la gouvernance qui fonctionne.
00:45:19 - Mais enfin, les premiers excités, il y a aussi un problème d'intrusion,
00:45:23 de parents abusifs, etc. Ça existe. - Évidemment.
00:45:26 - Vous dites "le reste, oui, on passe sous silence".
00:45:29 - On passe tout sous silence. Tous les problèmes.
00:45:34 Moi, ça m'est arrivé personnellement d'être menacé de mort,
00:45:38 j'en informe ma hiérarchie, aucune réponse.
00:45:43 Je me débrouille tout seul.
00:45:46 J'ai reçu des collègues qui ont lu le livre,
00:45:50 qui me remercient d'être un lanceur d'alerte,
00:45:55 et il y en a un qui me dit "j'ai vu Monsly, qui m'a confirmé que l'éducation nationale,
00:45:59 c'était l'administration qui broyait le plus ses personnels".
00:46:04 - Carrément, oui. Et d'ailleurs, vous mettez en dos de couverture de votre livre,
00:46:10 vous avez eu un témoignage d'une madame ex-chef d'établissement
00:46:14 qui dit "ceci, tout le monde me considère comme la principale du collège,
00:46:18 sauf la hiérarchie qui pense que je suis secondaire". C'est ça ?
00:46:23 - C'est exactement ça, le livre fourmi de propos de collègues.
00:46:27 - Alors justement, des situations, c'est des situations très diverses,
00:46:32 et qui toutent, parce qu'il y a quand même, on peut espérer,
00:46:36 quand il y a un malade d'un professeur pour des tas de raisons,
00:46:40 qu'elle soit de sécurité, d'humiliation, de ceci, de cela,
00:46:44 il n'y a pas d'oreilles qui écoutent, ou alors qui écoutent mais qui ne font rien,
00:46:49 il n'y a pas de gens qui réagissent quand même ?
00:46:51 - On vous écoute, on vous écoute. - On vous écoute, oui.
00:46:53 - On vous écoute. Merci, au revoir.
00:46:55 - On vous reçoit, on écoute vos doléances, comme on dit.
00:46:59 - Non, les chefs d'établissement, non.
00:47:02 Non, parce que si un chef d'établissement qui est mal dans sa peau,
00:47:06 c'est que c'est forcément un mauvais chef d'établissement.
00:47:09 - Ah d'accord. On n'analyse pas les raisons pour lesquelles il peut être mal dans sa peau.
00:47:13 - Vous savez jusqu'à quel point ça va ?
00:47:18 Une principale de collège qui fait un conseil de discipline,
00:47:22 le conseil de discipline décide de l'exclusion de l'élève.
00:47:25 Donc un conseil de discipline, c'est un vote à bulletin secret.
00:47:28 C'est-à-dire que la principale n'est pas plus responsable de l'exclusion définitive
00:47:31 que les autres membres du conseil de discipline,
00:47:33 c'est-à-dire parents, élèves, personnages à tôt, élus, etc.
00:47:37 - C'est ça, c'est parents, c'est élèves, professeurs.
00:47:39 - Voilà, c'est une instance officielle.
00:47:41 Et puis, après la décision, il y a des parents et des professeurs
00:47:45 qui sont montés au créneau parce qu'ils n'étaient pas d'accord avec cette décision.
00:47:49 Mais l'instance officielle avait pris la décision.
00:47:52 Donc ils ont diffamé la collègue, et ça s'est terminé par son suicide.
00:47:59 La collègue s'est suicidée.
00:48:01 Et le recteur était tellement mal à l'aise qu'il a tout de suite imputé ce suicide au travail.
00:48:09 - Ah oui, l'ouverture du travail, le stress...
00:48:14 - Non, non, non, non, c'est imputable au service.
00:48:17 C'est le terme qu'il a employé.
00:48:19 Mais si le recteur avait été courageux et avait reçu les parents et les professeurs
00:48:28 qui n'étaient pas contents en leur disant "écoutez, ça a été voté, c'est de la démocratie, c'est tout",
00:48:32 ça aurait mis fin au débat et la collègue serait toujours de ce monde.
00:48:35 C'est inanimable, c'est écœurant.
00:48:38 Et des exemples comme ça, alors ça c'est évidemment un exemple extrême,
00:48:41 mais il y en a un tas d'autres dans le livre.
00:48:43 Et c'est pour ça que justement je l'ai intitulé "Omerta dans l'éducation nationale"
00:48:47 parce qu'il faut que tout ça se sache.
00:48:51 - Mais comment il se fait, alors la question que je vous pose, naïve peut-être et de l'extérieur,
00:48:57 comment il se fait qu'à un moment donné un certain nombre de professeurs ne se réunissent pas
00:49:01 parce que s'ils sont un bien sûr, la hiérarchie peut les jeter ou les écarter, etc.
00:49:06 Et s'ils sont 10, 20, 100, 1000, vous connaissez le nombre exact,
00:49:11 ils sont quand même plus en dizaines de milliers, pourquoi il n'y a-t-il jamais eu,
00:49:14 je ne dis pas une "class action" comme on parle dans les avocats aux Etats-Unis,
00:49:18 mais pourquoi il n'y a-t-il pas eu un mouvement en disant,
00:49:21 il y a eu des mouvements bien sûr sur les revalorisations, etc., les horaires, tout ça,
00:49:28 mais là, sur ce dont vous parlez, qui est quand même la blessure intime et apparemment collective,
00:49:32 pourquoi il n'y a-t-il pas eu de prise de parole ?
00:49:36 - Il y en a, mais c'est très rarement dirigé contre les hauts fonctionnaires
00:49:41 parce que les professeurs sont face au chef d'établissement.
00:49:46 Donc ce sont les lampistes.
00:49:48 Et encore une fois, toutes les décisions, tous les ordres un petit peu limites,
00:49:52 sont dits oralement.
00:49:54 Et ensuite, si effectivement les professeurs se réunissent, ça fait du bruit,
00:50:00 ensuite le haut fonctionnaire aura beau jeu de dire "non, non, non, mes consignes ont été mal interprétées".
00:50:05 Et donc va rétro-pédaler si ça fait un petit peu trop de bruit.
00:50:08 - D'accord. On va en parler et on va parler comment ça impacte effectivement l'éducation nationale,
00:50:13 l'enseignement et tout ce qu'on vit aujourd'hui,
00:50:16 tout ce qu'on voit vivre aujourd'hui après cette petite pause.
00:50:20 - Oui, après cette petite pause avec vous, au 0826 300 306,
00:50:23 on continue de parler de l'OMERTA dans l'éducation nationale avec notre invité Patrice Romain.
00:50:27 A tout de suite sur Sud Radio.
00:50:29 - Patrice Romain, quand même, justement, on parlait de ça et vous décrivez très bien
00:50:34 l'état des lieux et l'état d'esprit, mais comment ça se traduit ?
00:50:37 Alors justement, par rapport à ce qu'on vit aujourd'hui,
00:50:40 par exemple, en ce moment avec l'histoire de la Baïa qui a fait fleuresse,
00:50:47 on parle de la laïcité, comment ça se traduit ?
00:50:49 Le niveau scolaire, on se plaît beaucoup du niveau scolaire.
00:50:51 Est-ce que ce que vous écrivez, ce que vous décrivent les chefs d'établissement,
00:50:55 les lampistes ou autres, est-ce que ça joue immanquablement et très fortement
00:51:00 et pratiquement directement sur tous ces problèmes qui font, si vous voulez,
00:51:05 presque notre quotidien, en tout cas dans les médias et partout ?
00:51:08 Et donc, on ne parle pas de ce côté caché, du côté, je veux dire,
00:51:14 du côté couvert de l'iceberg ?
00:51:17 - Bien sûr. Je pense très sincèrement que toutes les émeutes du printemps,
00:51:23 tous les problèmes que la société française connaît actuellement,
00:51:27 provient en grande partie, justement, de l'éducation nationale
00:51:30 et donc de la frilosité de sa gouvernance qui n'ose pas, tout simplement, appliquer la loi.
00:51:37 Vous parlez de la Baïa, mais il y a eu tout un débat sur la Baïa,
00:51:42 mais la loi de 2004 est claire ?
00:51:44 Aucun signe ostentatoire religieux dans les établissements scolaires ? Point.
00:51:48 Sauf que depuis 2004, en ce qui me concerne, à chaque fois que j'ai remonté à ma hiérarchie
00:51:55 un problème de laïcité, à chaque fois, on m'a demandé de camoufler l'affaire.
00:52:01 - Ah bon, à chaque fois ? - Oui, à chaque fois, puisque tout va bien.
00:52:05 Lorsque vous avez 96% de réussite au baccalauréat, le niveau est bon.
00:52:11 Vous vous rendez compte ? Il y a des résultats extraordinaires.
00:52:13 Donc pourquoi porterait-on des efforts alors que le niveau est exceptionnel ?
00:52:19 Et c'est ça le gros problème, c'est qu'à toujours vouloir camoufler la vérité,
00:52:24 on crée l'inverse de ce que l'on souhaiterait.
00:52:27 C'est-à-dire, on camoufle les problèmes, donc on ne peut pas s'y attaquer.
00:52:32 - Et donc, les professeurs ont peur de parents qui viennent dire
00:52:40 "Vous avez exclu notre fils ou notre fille, vous allez voir ce qui va vous arriver."
00:52:45 Et donc il a peur, et puis comme il sent qu'il ne va pas être aidé,
00:52:48 il va pas être renforcé, il se tait.
00:52:51 - C'est exactement ça, et ça c'est très compliqué à vivre pour les professeurs.
00:52:56 Et si le professeur refuse quelque chose à l'élève, le parent va voir le principal.
00:53:02 Et si le principal refuse, le parent va voir le directeur académique.
00:53:05 Donc il y a bien un échelon à un moment donné où on cède parce qu'on a peur du supérieur.
00:53:10 J'ai même un directeur académique qui était furibard,
00:53:14 parce que les parents avaient écrit directement au ministre.
00:53:18 Et donc, eux ils l'avaient zappé.
00:53:20 - Eh bien oui mon grand garçon, mais nous ça nous arrive régulièrement.
00:53:23 - On nous zappe aussi.
00:53:25 - Voilà, voilà.
00:53:28 - Donc ce que vous dites vous, Patrice Romain, et vous le montrez en tout cas dans votre livre,
00:53:33 vous dites que c'est la plus mauvaise des conseillères, la peur, qui règne en maîtresse.
00:53:38 - Oui, oui, c'est la peur, et puis le désir de poursuivre sa petite carrière.
00:53:44 Vous savez, moi, je parlais de mon expérience de stepper-pompier volontaire,
00:53:52 moi j'avais des chefs chez les pompiers, mais ils me disaient n'importe quoi,
00:53:55 je leur obéissais et je leur faisais une confiance absolue.
00:53:59 Et la comparaison est cruelle pour les chefs de l'éducation nationale.
00:54:03 Parce qu'il y en a beaucoup qui ne sont absolument pas exemplaires.
00:54:07 Donc comment pouvez-vous ensuite entraîner les chefs d'établissement, les professeurs et les élèves,
00:54:13 si vous n'êtes pas exemplaires ?
00:54:14 - L'exemplarité vient d'en haut, sinon rien n'existe.
00:54:17 - Évidemment. Tous les hauts fonctionnaires qui prônent,
00:54:21 alors ils prônent plus l'égalitarisme que l'égalité,
00:54:24 mais tous ces hauts fonctionnaires qui disent "oui, il faut s'occuper des enfants à problème", etc.
00:54:31 Où mettent-ils leurs enfants ? Où les mettent-ils ?
00:54:34 - Bonne question, oui, oui. On se rappelle d'un certain ministre de l'éducation nationale,
00:54:39 il n'y a pas si longtemps, qui avait mis ses trois enfants à l'école privée.
00:54:42 Et il n'est pas le seul.
00:54:44 - Bien sûr, il est loin d'être le seul.
00:54:47 Il y a un autre ministre de l'éducation nationale aussi, qui avait pendu une réforme.
00:54:53 Il avait un enfant en lycée, les professeurs du lycée avaient dit "non, nous n'appliquerons pas la réforme, c'est une mauvaise réforme".
00:55:03 Le proviseur avait dit "je suis d'accord avec les professeurs, nous n'appliquerons pas la réforme".
00:55:07 Et le ministre n'a rien dit.
00:55:09 Parce qu'il savait très bien que sa réforme, c'était bon pour le petit peuple,
00:55:13 mais pas pour son enfant, qui lui, devait suivre un enseignement de qualité.
00:55:17 - C'est intéressant. Faites ce que je dis, faites pas ce que je fais.
00:55:20 - Alors là, on est en plein là-dedans. On privilégie le paraître à l'être.
00:55:25 - Et c'est ce que vous ont dit, enfin, tous ces témoignages que vous avez rassemblés, ils vont tous dans le même sens.
00:55:33 - Oui, alors maintenant je vais être honnête, c'est-à-dire ceux qui ne partageaient pas mes convictions,
00:55:38 ça n'a pas valeur de sondage, et ceux que ça n'intéressait pas n'ont pas répondu.
00:55:43 - Bien sûr, bien sûr. Mais les motivés ont répondu.
00:55:46 Et en tout cas, vous m'avez dit en tête, quand on a commencé cet entretien,
00:55:51 Patrice Roumain, vous avez dit "j'étais étonné de recevoir autant quand même de témoignages".
00:55:55 - Oui, et puis des témoignages terribles, je ne pensais pas que...
00:55:59 - Comme par exemple, vous avez donné un exemple.
00:56:03 - Eh bien, dans le livre, il y en a un qui a dit "mon métier m'a coûté un divorce, mais ne m'a rien rapporté".
00:56:10 Des situations personnelles terribles, c'est-à-dire des gens qui quittent la famille
00:56:15 parce que l'administration leur demande d'exercer dans tel collège,
00:56:19 et puis on les utilise pendant 2-3 ans, ensuite on les jette, c'est...
00:56:23 Ça regorge de témoignages humains, humainement, c'est terrible.
00:56:31 Moi, je ne peux pas rester insensible quand j'entends mes collègues parler de cette manière.
00:56:35 - Alors Patrice Roumain, l'instituteur, le principal, l'écrivain que vous êtes,
00:56:40 le directeur d'établissement que vous avez été, etc.
00:56:43 Qu'est-ce qu'on peut faire ?
00:56:47 Parce qu'on dit "bon, c'est pas bouché, sinon c'est fini, sinon on n'a qu'à jeter
00:56:52 toute l'éducation nationale avec l'eau du basque",
00:56:57 vous avez parlé de l'eau du basque, vous avez parlé de l'eau du basque,
00:57:01 vous avez parlé de l'eau du basque, vous avez parlé de l'eau du basque,
00:57:05 vous avez parlé de l'eau du basque, vous avez parlé de l'eau du basque,
00:57:08 vous avez parlé de l'eau du basque, vous avez parlé de l'eau du basque,
00:57:11 vous avez parlé de l'eau du basque, vous avez parlé de l'eau du basque,
00:57:14 vous avez parlé de l'eau du basque, vous avez parlé de l'eau du basque,
00:57:17 vous avez parlé de l'eau du basque, vous avez parlé de l'eau du basque,
00:57:20 vous avez parlé de l'eau du basque, vous avez parlé de l'eau du basque,
00:57:24 l'éducation nationale, quoi qu'on en dise, a les moyens,
00:57:26 elle a les moyens humains et les moyens financiers,
00:57:28 simplement il faut les mettre aux bons endroits.
00:57:31 Moi j'ai en début d'année un recteur qui nous disait
00:57:34 "faites-nous n'importe quel projet, on a trop d'argent, on vous en donnera".
00:57:37 Donc non, il y a les moyens financiers, on a les personnels,
00:57:41 maintenant c'est une question de mentalité.
00:57:43 Et je crois qu'il faut arrêter justement de se voiler la face.
00:57:48 Encore une fois, Sud Radio, parlons vrai, là c'est ça, il faut parler vrai.
00:57:53 Il ne faut pas être managé sur des chiffres.
00:57:55 Un professeur il est face à ses élèves,
00:57:57 si l'élève n'y arrive pas, on va dire qu'il n'y arrive pas.
00:58:01 Il faut arrêter de mépriser les élèves en les surnotant
00:58:06 et en demandant au professeur de dire que tout va bien.
00:58:11 Il faut dresser un état des lieux objectif
00:58:13 et arrêter de dire que tout va bien.
00:58:16 Une fois qu'on aura détecté tous les problèmes,
00:58:18 on pourra réellement s'y atteler.
00:58:20 - Oui, mais ça, ça va déplaire aux parents, ça va déplaire à l'électeur.
00:58:24 Vous oubliez l'électeur, mon cher Patrice Romain.
00:58:27 On va être élu, comme on fait si on commence à dire
00:58:30 "Oui, vos enfants, ça ne va pas".
00:58:31 Mais effectivement, sur le fond, il faut peut-être créer des écoles intermédiaires.
00:58:35 Mais je retiens une chose très intéressante,
00:58:38 vous avez dit beaucoup de choses intéressantes,
00:58:40 c'est de dire peut-être qu'il ne serait pas mal
00:58:43 qu'un certain nombre de professionnels de la hiérarchie,
00:58:45 de fonctionnaires de la hiérarchie,
00:58:46 retrouvent le chemin de l'école.
00:58:49 - Moi, je pense, je pense que beaucoup d'inspecteurs
00:58:51 devraient, pour une partie de leur temps,
00:58:53 être face aux élèves,
00:58:54 mais mettre un peu les mains dans le cambouis.
00:58:57 Ça les ramènerait sur terre
00:58:58 et je pense que ça dégonflerait le melon de pas mal d'entre eux.
00:59:02 - On va en parler avec nos auditeurs, Estéban.
00:59:05 - Oui, on en parle avec Philippe qui nous appelle du Calvados de Caen.
00:59:08 Bonjour Philippe.
00:59:09 - Bonjour Philippe.
00:59:10 - Bonjour André, bonjour M. Romain.
00:59:12 Écoutez, vous l'avez esquissé un tout petit peu,
00:59:15 moi j'aimerais soulever un problème de fond.
00:59:18 C'est le problème de la gestion des personnels
00:59:20 dans l'éducation nationale
00:59:21 et là, je vais raccrocher le wagon avec Claude Allègre
00:59:25 qui a voulu faire cette démarche qui n'a pas été comprise du tout
00:59:29 parce que l'éducation nationale, je vous mets au défi, André,
00:59:33 et M. Attal, M. le ministre,
00:59:36 de donner l'effectif complet global
00:59:40 des personnels travaillant dans l'éducation nationale.
00:59:44 Ils ne savent même pas combien ils sont.
00:59:46 - Vous voulez dire qu'ils ne connaissent pas le chiffre, le vrai chiffre ?
00:59:50 - Oui, oui, renseignez-vous André Lagithien,
00:59:54 vous allez voir que là, vous allez être surpris.
00:59:56 Alors après, je viens sur quelque chose,
00:59:58 c'est réformer les postes administratifs,
01:00:00 donc trop nombreux, ça c'est clair,
01:00:02 et puis mettre, recruter des surveillants comme on avait.
01:00:07 On n'arrivait pas en retard, on allait dans les classes d'attente,
01:00:10 en tout cas on était mis un peu sur la touche avant de faire n'importe quoi.
01:00:14 Et puis peut-être aussi, là, commencer à mettre,
01:00:19 alors ça peut être choqué, mais mettre des primes de résultats
01:00:23 au niveau des professeurs, etc.
01:00:25 - Évaluation, évaluation, c'est ça ?
01:00:27 - Voilà, et puis tout simplement, on va dire switcher un petit peu
01:00:32 la surprime que j'ai entendue du directeur d'académie et autres,
01:00:36 et bien la mettre au service des gens de terrain,
01:00:39 des professeurs de terrain,
01:00:41 mais en contrepartie avoir des objectifs à atteindre.
01:00:47 - Très bien, alors sur les chiffres, je vous ai vu réagir Patrice Romain.
01:00:51 - Oui, parce que Philippe parlait du ministre,
01:00:53 mais il peut mettre également chaque recteur au défi de connaître
01:00:57 le nombre d'employés de son propre rectorat.
01:01:00 - Ah carrément ?
01:01:01 - Ah oui, oui, oui.
01:01:02 - Vous voulez dire que si je demandais à un recteur tel ou tel,
01:01:04 dans les CV, il ne les connaît pas ?
01:01:07 - J'en suis convaincu.
01:01:08 - C'est quand même, c'est énorme ça.
01:01:10 Et le reste par rapport à...
01:01:12 Alors sur l'évaluation, vous avez quelque chose à dire ?
01:01:14 Vous avez les primes, etc.
01:01:16 - Alors, je ne suis pas d'accord pour fixer des objectifs aux enseignants
01:01:21 et leur donner des primes de résultats,
01:01:24 parce que enseigner, c'est une tâche noble,
01:01:30 c'est, oserais-je dire, un sacerdoce,
01:01:33 et je suis favorable au fait de recruter des professeurs de qualité
01:01:40 mais une fois que le professeur de qualité est recruté,
01:01:44 de lui faire confiance,
01:01:46 parce que le professeur de qualité va donner le maximum
01:01:49 et le professeur ne peut pas tout maîtriser.
01:01:54 Le professeur en primaire,
01:01:56 globalement on arrive à être plus fort que les parents
01:02:00 parce que l'élève est 7h par jour à l'école,
01:02:04 mais au collège, les professeurs n'ont plus la main,
01:02:07 ils voient l'élève quelques heures dans la semaine, c'est tout.
01:02:09 Le reste du temps, c'est les parents et c'est la rue.
01:02:11 Et c'est compliqué.
01:02:12 - Alors, justement, peut-être qu'on peut prendre Sarah avant la publicité.
01:02:15 - Je pense qu'on va retrouver Sarah après la publicité.
01:02:18 Juste pour une petite précision,
01:02:19 vous avez parlé du chemin de retour à l'école pour les ministres,
01:02:21 il y a Gabriel Attal et son cabinet qui vont passer 3 jours en immersion
01:02:25 dans un lycée de l'Est de la France, ça a été annoncé vendredi dernier.
01:02:28 - Ils ont prévu les gilets pare-balles et les casques à poing.
01:02:31 - Voilà, remportaire de guerre, Gabriel Attal,
01:02:33 dans un lycée de l'Est de la France.
01:02:34 A tout de suite sur ce drapeau, on continue à en parler.
01:02:36 Et puis, nous avons Sarah qui a composé le 0826 300 300
01:02:40 qui nous appelle du Gard.
01:02:41 Bonjour Sarah.
01:02:42 - Oui, bonjour Sarah.
01:02:43 - Bonjour Sarah.
01:02:45 - Sarah, est-ce qu'elle est là ?
01:02:47 Non, elle n'est plus là.
01:02:48 Est-ce qu'elle est là, Sarah ?
01:02:50 Non.
01:02:51 Oui, vous êtes là, mais on ne vous entend pas, cher Sarah.
01:02:54 Qu'est-ce qui se passe ?
01:02:56 On ne vous entend pas, on vous entend très feutré, là.
01:02:59 Donc, bon alors on prend...
01:03:02 - On va retrouver Jean-Claude qui nous appelle du Rhône.
01:03:05 On nous appelle au standard aujourd'hui.
01:03:06 0826 300 300.
01:03:08 Bonjour Jean-Claude.
01:03:09 - Bonjour.
01:03:10 - Oui, bonjour Jean-Claude.
01:03:11 - Oui, bonjour André.
01:03:12 Alors, pour commencer André, je voudrais simplement vous dire
01:03:16 à regret que vous serez bientôt licencié de ceux de radio.
01:03:19 - Ah bon ?
01:03:20 - Parce que je pense qu'en 2027,
01:03:22 nous aurons besoin de vous à la présidence.
01:03:24 - C'est ça.
01:03:26 - Avec Olivier Delamarche, ministre de l'Economie,
01:03:29 Bruno Langlois à l'intérieur, etc.
01:03:33 - Très peu de plaisanteries André.
01:03:35 Je voulais réagir un peu sur ce qui se dit
01:03:37 entre les policiers et l'éducation, etc.
01:03:39 Je pense, moi, de mon avis personnel, bien sûr,
01:03:43 que tout cela...
01:03:46 Enfin, je ne sais pas ce que vous en pensez,
01:03:48 mais je pense que tout cela a un fil conducteur.
01:03:51 On dirait que l'on veut détruire l'hôpital,
01:03:54 la justice, l'éducation.
01:03:57 On dirait qu'on veut que les gens
01:03:59 soient bêtes et indisciplinés
01:04:02 afin qu'on puisse mieux les asservir.
01:04:05 - Les guérnir.
01:04:06 - J'ai un petit peu l'avis de votre invité
01:04:08 et le vôtre sur ce sentiment
01:04:11 qui, je crois, se généralise.
01:04:13 - Est-ce qu'on veut, effectivement,
01:04:15 vous savez, c'est...
01:04:16 Oui, justement, c'est intéressant
01:04:18 que le professeur, que le principal,
01:04:20 Patrice Roumain, le dise,
01:04:22 mais sans aller jusqu'à, effectivement, tout lier,
01:04:25 mais quand même, on a l'impression
01:04:27 d'une espèce de...
01:04:29 On voit de lâchage complet,
01:04:31 mais de toute structure.
01:04:33 Il n'y a pas de structure,
01:04:34 il y a des sentiments et des émotions
01:04:36 et puis on les manipule,
01:04:38 on les laisse manipuler comme on veut.
01:04:40 - Oui, alors c'est aussi à l'image de la société,
01:04:42 ce n'est pas spécifique à l'éducation nationale.
01:04:44 - Non, c'est ce que disait Jean-Claude.
01:04:46 - Moi, je ne pense pas que ce soit une volonté délibérée,
01:04:48 mais je crois tout simplement que les...
01:04:51 Donc, les hauts fonctionnaires de l'éducation nationale
01:04:54 n'ont aucun intérêt à améliorer les choses en profondeur
01:04:57 puisqu'encore une fois,
01:04:59 leur propre progéniture est ce qu'elle a.
01:05:01 Elle est scolarisée dans les établissements d'élite.
01:05:03 Donc, ils s'en moquent.
01:05:04 Mais ce qui est sûr,
01:05:05 je ne sais pas si c'est une volonté,
01:05:07 mais ce qui est sûr,
01:05:08 c'est qu'on est en train de détruire l'éducation nationale.
01:05:10 - Alors, c'est après moi le déluge quand même.
01:05:13 - Ah oui.
01:05:14 - Parce que si ces gens-là sont irresponsables,
01:05:17 il y a un côté...
01:05:18 C'est très joli.
01:05:19 Parfois, on les a mis là et on les paye,
01:05:21 soi-disant, pour le collectif.
01:05:23 Donc, le collectif n'existe plus pour eux.
01:05:25 - Je pense.
01:05:26 Je pense, oui.
01:05:27 C'est l'intérêt personnel qui prime.
01:05:29 - Qui prime, oui. Bravo.
01:05:31 Est-ce que nous n'avons pas Sarah, qui a redisparu ?
01:05:33 Juste, alors, Patrice Romain,
01:05:35 quelque chose, parce que je vous dis qu'on est là-dessus.
01:05:39 Au fond, est-ce que c'est le côté...
01:05:43 Vous savez, vous vous rappelez que pendant le Covid,
01:05:45 il y a eu des infirmières qui ont jeté leur uniforme,
01:05:49 il y a eu des policiers, par exemple,
01:05:51 qui ont jeté leur menottes.
01:05:53 Il y a eu énormément de corps de métier qui ont dit
01:05:56 "On ne peut plus exercer notre métier",
01:05:59 comme, parce qu'eux ont le sens du collectif,
01:06:00 beaucoup d'entre eux,
01:06:01 comme on devrait l'exercer.
01:06:03 Bien. L'Education nationale,
01:06:05 vous venez d'en parler, on vient d'en parler,
01:06:07 encore une fois, je renvoie à votre livre,
01:06:09 parce qu'il dit beaucoup, beaucoup de choses là-dessus.
01:06:12 Est-ce que, quelque part, cette démission,
01:06:16 est-ce que c'est une démission,
01:06:18 ou est-ce que c'est, je reviens à Jean-Claude Sante,
01:06:20 je ne crois pas du tout qu'il était...
01:06:22 Ce n'est pas un complot, bien sûr,
01:06:23 ce n'est pas une intention délibérée,
01:06:25 mais est-ce que tout pouvoir,
01:06:28 j'y bien quel que soit,
01:06:29 a envie quand même d'avoir plutôt des gens soumis
01:06:32 que des gens insoumis,
01:06:34 et je ne parle pas politique là,
01:06:36 et en disant "Bah écoutez, voilà, c'est comme ça,
01:06:40 il vaut mieux avoir peur",
01:06:42 c'est ce que fait la peur, le management parle à peur,
01:06:44 ça existe, il faut relire la Boétie,
01:06:47 le traité de la servitude volontaire,
01:06:49 ce n'est pas nouveau.
01:06:50 Voilà, alors je crois juste,
01:06:52 je crois que nous avons Simone, Esteban,
01:06:54 Simone de Castel-Sarrazin,
01:06:56 non, on n'a pas encore.
01:06:57 - Bon, la question que vous posez,
01:07:00 ce serait un très bon sujet
01:07:01 pour le bac de philo 2024.
01:07:03 - Oui, et même tout de suite.
01:07:06 - C'est bon, nous avons rétabli la connexion avec Simone.
01:07:09 Bonjour Simone.
01:07:10 - Oui, bonjour.
01:07:12 - Vous vous appelez d'où Simone ?
01:07:14 - J'appelle de Castel-Sarrazin,
01:07:16 et je voulais simplement dire,
01:07:18 je n'étais pas d'accord avec ce qu'il se disait,
01:07:19 mais ça va même plus loin.
01:07:20 Je pense qu'on est en train de construire,
01:07:22 on déconstruit l'éducation nationale sur la section,
01:07:25 on déconstruit tout le reste,
01:07:26 les enfants ne sont plus éduqués,
01:07:28 et il n'y a plus beaucoup de respect,
01:07:31 on se libère de tout ce qui est des contraintes,
01:07:35 on fait ce qu'on veut, tout le monde fait ce qu'il veut.
01:07:37 Et moi, je pense que ce qui évolue,
01:07:39 c'est dans le sens où plus on a une population
01:07:41 qui ne réfléchit pas,
01:07:43 qui est terminée, mais on puisse écrire et lire,
01:07:45 mais voilà, la culture, on la met de côté,
01:07:48 ce qu'on était aussi, on la met un peu de côté,
01:07:51 et avec une population comme ça,
01:07:54 il y a un certain nombre de gouvernants et autres
01:07:56 qui sont contents, et qui veulent.
01:07:58 - Vous voulez dire qu'on peut les manipuler
01:08:00 et on peut les diriger comme on veut ?
01:08:02 - Absolument.
01:08:04 Tout commence par l'éducation.
01:08:08 Et ensuite, vous soignez mal les gens.
01:08:11 Pas seulement vous les éduquez mal,
01:08:13 mais de plus en plus, on les soigne mal.
01:08:15 Je pense que tous ceux qui sont en haut,
01:08:19 ils se soignent bien,
01:08:21 ils mettent leurs enfants dans les écoles privées.
01:08:23 Je l'ai vu, j'habitais le 14 juillet,
01:08:29 j'ai envoyé mon fils à l'école
01:08:31 où on voyait tous nos socialistes à l'époque
01:08:34 qui envoyaient leurs gosses,
01:08:36 à l'école publique,
01:08:38 j'avais vu, je ne les connais plus,
01:08:40 il avait un juillet, alors c'est bon quoi.
01:08:42 - Simone, c'est les deux poids ou les dix poids de mesure.
01:08:47 On a Delphine qui nous appelle de Montpellier dans les Rous.
01:08:51 Bonjour Delphine.
01:08:53 - Bonjour, je suis professeure depuis un certain nombre d'années
01:08:57 et nous avons lu le livre de monsieur.
01:09:01 - De Patrice Romain, oui.
01:09:03 - Oui, tout à fait.
01:09:05 Et on va dire qu'on regrette un petit peu
01:09:08 qu'il prêche un peu trop pour sa paroisse uniquement,
01:09:11 c'est-à-dire les chefs d'établissement,
01:09:13 et pas assez pour les enseignants.
01:09:17 - Oui, Patrice Romain, dite.
01:09:21 - Alors, le livre est constitué de témoignages
01:09:26 de personnels de direction.
01:09:28 C'est la raison pour laquelle il n'est pas essentiellement
01:09:31 de personnels de direction.
01:09:33 Mais si vous n'en êtes pas convaincu,
01:09:36 moi j'affirme haut et fort
01:09:39 que tout ce que subissent les professeurs,
01:09:43 les pressions que subissent les professeurs,
01:09:46 parfois de la part de l'équipe de direction des enseignants,
01:09:49 sont réelles, et ce livre, normalement,
01:09:53 explique les raisons pour lesquelles elles existent.
01:09:56 Elle ne les cautionne pas, mais elles existent.
01:09:58 Mais j'ai parfaitement conscience
01:10:01 de ce que subissent au quotidien les professeurs.
01:10:04 Delphine, vous voulez ?
01:10:06 - Oui, alors est-ce qu'éventuellement,
01:10:09 alors après c'est peut-être un jugement,
01:10:12 est-ce qu'éventuellement dans ces raisons,
01:10:15 il n'y aurait pas tout de même l'avidité
01:10:18 d'être un chef d'établissement ?
01:10:20 - L'avidité ?
01:10:22 C'est une évidence, c'est une évidence.
01:10:24 Un chef d'établissement c'est quelqu'un d'humain
01:10:27 et il y en a qui veulent faire carrière,
01:10:29 donc qui sont prêts à tout pour faire carrière,
01:10:31 évidemment, vous avez raison.
01:10:33 - Oui, comme un peu partout,
01:10:36 et là ça n'excuse rien, mais ça explique exactement.
01:10:39 Patrice Romain, moi je voudrais simplement dire
01:10:42 que c'est très important, en tout cas,
01:10:44 et peut-être demain Delphine,
01:10:46 quelqu'un ou Patrice Romain lui-même ou d'autres
01:10:49 écriront justement l'OMERTA de l'éducation nationale
01:10:51 avec les professeurs qui parlent.
01:10:53 Moi je peux vous dire qu'à l'émission,
01:10:55 à Sud Radio et dans mon émission,
01:10:57 on reçoit énormément de professeurs
01:10:59 et ils prennent la parole,
01:11:01 et ils sont en active et ils prennent la parole,
01:11:03 vous voyez, malgré leur devoir de réserve
01:11:05 et ils font des livres tout à fait passionnants.
01:11:07 Voilà, donc Patrice Romain,
01:11:10 en tout cas vraiment,
01:11:12 cette OMERTA, vous l'avez en grande partie levée
01:11:15 et je crois qu'on doit vous en savoir gré.
01:11:17 Merci beaucoup d'avoir été avec nous Patrice Romain.
01:11:19 Je rappelle ce livre,
01:11:21 OMERTA dans l'éducation nationale,
01:11:23 c'est disponible en livrairie,
01:11:24 c'est aux éditions du Cherche-Midi tout de suite.