Ça vous regarde - Écolos radicaux : jusqu'où la violence ?

  • l’année dernière
- Grand témoin : Cyrielle Chatelain, députée EELV de l'Isère et Présidente du groupe écologiste à l'Assemblée nationale

LE GRAND DÉBAT / Ecolos radicaux : jusqu'où la violence ?

« Le chrono de Blako » par Stéphane Blakowski

Le mercredi 21 juin 2023, le décret de dissolution du collectif écologiste « Soulèvements de la Terre » a été adopté en Conseil des ministres. Cette procédure a été engagée par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et réclamée par le chef de l'Etat, suite aux violents affrontements de Sainte-Soline sur les méga-bassines, en mars 2023. Gérald Darmanin avait d'ailleurs fustigé « l'écoterrorisme » des auteurs. Si pour le collectif, cette dissolution renvoie l'exécutif à sa propre inaction climatique, pour le gouvernement « aucune cause ne justifie qu'on ne blesse des policiers et des gendarmes ». Mais le collectif, qui a acquis une aura médiatique et des soutiens de plus en plus nombreux, ne compte pas abandonner sa lutte : il entend engager un recours. Dans ce bras de fer entre l'exécutif et les Soulèvements de la Terre, qui cédera en premier ? Un compromis est-il envisageable ?

Invités :
- Florent Boudié, député Renaissance de Gironde
- Dominique Bourg, professeur honoraire de l'université de Lausanne et directeur de la revue « La Pensée écologique »
- Paloma Moritz, journaliste, réalisatrice, responsable de l'écologie au média « Blast »
- Antoine Oberdorff, journaliste à « La Croix »

LE GRAND ENTRETIEN / Cyrielle Chatelain : la voix de l'écologie à l'Assemblée
En juin 2022, Cyrielle Chatelain est choisie pour devenir la Présidente du groupe écologiste à l'Assemblée nationale. Cette ancienne cadre de la fonction publique, députée de l'Isère, de nature assez discrète se fait petit à petit une place dans l'hémicycle. Elle est engagée depuis ses 18 ans chez les Verts. Héraut des combats du 21ème siècle, elle veut faire de l'écologie une thématique universelle. Les différentes polémiques au sein d'EELV ont-elles entravé son travail de parlementaire ?

- Grand témoin : Cyrielle Chatelain, députée EELV de l'Isère et Présidente du groupe écologiste à l'Assemblée nationale

BOURBON EXPRESS :
- Valérie Brochard, journaliste LCP

LES AFFRANCHIS :
- Thomas Lestavel, journaliste économique
- Léa Chamboncel, journaliste féministe, fondatrice du podcast « Popol »

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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Transcript
00:00 *Musique*
00:05 Bonsoir et bienvenue, ça vous regarde en direct.
00:08 Notre grand témoin ce soir est une écologiste de l'Isère.
00:12 Elle revient de la vallée de la Maurienne où elle était ce week-end pour dénoncer le projet de tunnel ferroviaire Lyon-Turin.
00:18 Bonsoir, Cyril Hachette-Lain.
00:19 Bonsoir.
00:20 Et merci d'être là. Vous pilotez le groupe des 23 députés écolos à l'Assemblée.
00:24 On va parler de votre bilan un an après l'élection de la nouvelle Assemblée.
00:29 Aiguillon vert au sein de la NUP.
00:31 Mais avec quel succès sur le fond ?
00:33 Vous nous le direz, la NUP qui connaît pas mal de fractures, tout de même, depuis un an.
00:37 On en parlera.
00:38 Mais on commence avec l'écologie radicale ce soir.
00:42 La dissolution du collectif des soulèvements de la terre a été prononcée par décret ce matin en Conseil des ministres.
00:48 Et pour Gérald Darmanin, ce collectif est à l'origine de violences répétées à Sainte-Solil,
00:53 notamment contre les mégabassines.
00:55 Dissolution politique pour les écologistes.
00:57 Alors y a-t-il vraiment une menace pour la sécurité des Français ?
01:00 La radicalité sert-elle ou décert-elle la cause climatique ?
01:04 Grand débat dans un instant avec mes invités, avant de retrouver nos affranchis pour leur parti pris.
01:09 Et puis un Bourbon Express spécial en direct des jardins de l'hôtel de la Cey au Palais Bourbon,
01:15 où la fête de la musique bat son plein.
01:17 Voilà pour le programme ce soir. Vous me suivez, Cyrielle Chatelain, c'est parti.
01:22 *Musique*
01:33 Il est devenu le mouvement emblématique de la radicalisation de l'écologie.
01:38 Les soulèvements de la terre ont donc été dissous par décret en Conseil des ministres.
01:42 Aujourd'hui, on va revenir sur cette décision, qui est à la fois juridique, très politique et même symbolique.
01:47 Alors l'écologie radicale est-elle une menace dans notre pays ?
01:51 Est-il normal en démocratie de faire interdire un mouvement qui appelle au sabotage et à la désobéissance ?
01:57 Bonsoir, Florent Boudier.
01:58 - Bonsoir.
01:59 - Et merci d'être là. Vous êtes député Renaissance de Gironde,
02:01 et vous êtes le rapporteur de la commission d'enquête sur les groupuscules violents en manifestation,
02:05 qui a été créée à l'Assemblée il y a environ 15 jours.
02:08 Vous débattez ce soir avec Dominique Bourg. Bonsoir.
02:11 - Bonsoir.
02:12 - Merci d'être là, philosophe, professeur honoraire à l'Université de Lausanne,
02:15 directeur de la revue "La Pensée écologique" et auteur de "Désobéir pour la Terre",
02:20 un titre parfaitement adapté à ce débat, c'est aux éditions PUF.
02:24 Bonsoir, Paloma Moritz.
02:25 - Bonsoir.
02:26 - Et merci d'être avec nous. Vous êtes journaliste, vous êtes réalisatrice également,
02:31 et vous êtes responsable de l'écologie au Média Blast,
02:34 auteur d'un documentaire sur les violences policières contre les activistes et les militants pour le climat.
02:40 Enfin, bonsoir, Antoine Auberdorff.
02:41 - Bonsoir.
02:42 - Merci d'être là, ravi de vous retrouver. Vous êtes journaliste à La Croix,
02:45 vous avez enquêté sur ce collectif, sur ses origines, son organisation,
02:49 et vous les avez d'ailleurs suivis longuement, à Sainte-Seline, dans les Deux-Sèvres.
02:53 Cyriel Chatelain, vous y étiez, vous, dans la vallée de la Morienne, on va y revenir.
02:56 Les écologistes dénoncent ce soir une dissolution politique dans un communiqué.
03:01 Vous nous direz en quoi, selon vous, elle est dangereuse, cette dissolution, pour vous.
03:05 On va commencer par planter le décor.
03:07 Qui sont-ils, ces soulèvements de la Terre ?
03:09 Il a 200 secondes, le chrono de Blaco, pour démarrer. C'est parti.
03:12 - Bonsoir, mon cher Stéphane.
03:17 - Bonsoir, Myriam. Bonsoir à toutes et tous.
03:19 - Alors, en pleine forme pour un jeudi soir, pour nous parler de ces militants ?
03:23 - Oui, ça va. Commençons par le début, ça commence fin mars.
03:26 Gérald Darmanin, c'était après les déchaînements de violences à Sainte-Seline,
03:30 c'était engagé, c'était même à l'Assemblée, à faire interdire,
03:34 donc à dissoudre le mouvement, les soulèvements de la Terre.
03:37 Eh bien, depuis ce matin, c'est fait, la décision a été prise en Conseil des ministres.
03:41 Explication d'Olivier Véran.
03:43 - Ce n'est pas la liberté d'expression, ni la liberté de manifestation qui est en question.
03:48 Ce n'est pas davantage des idées qui sont sanctionnées,
03:51 c'est le recours répété à la violence.
03:55 - Alors, évidemment, comme on pouvait s'y attendre,
03:58 cette décision a suscité l'indignation de l'ensemble de la gauche,
04:02 et plus particulièrement de la patronne de Europe Écologie Les Verts, Marine Tondelier,
04:06 qui disait que Darmanin cherche à criminaliser les écologistes.
04:11 Donc, Marine Tondelier pointe du doigt Gérald Darmanin,
04:13 mais il est loin d'être le seul à criminaliser les écologistes radicaux.
04:17 C'est exactement pareil en Allemagne.
04:19 Regardez, il y a un mouvement qui s'appelle "Letzt Generation",
04:22 qui a commencé au mois d'octobre en balançant de la peinture dans les musées sur des toiles de maître,
04:27 et puis qui s'est encore un petit peu radicalisé en projetant des sabotages,
04:31 et aujourd'hui, donc fin mai, la justice allemande a décidé de considérer Letzt Generation
04:36 comme une organisation criminelle, comme quoi il y a une vraie radicalisation des mouvements écolos.
04:42 Et d'ailleurs, si on veut être honnête, il n'y a pas que les écolos.
04:45 Tout le monde se radicalise un petit peu en ce moment.
04:47 Regardez ce que disent les sondages, ça date de ce mois-ci, enfin de dernier trimestre,
04:52 un tiers des Français pensent que oui, le recours à la violence est parfois nécessaire pour faire avancer ses idées.
04:58 Donc ça dépend évidemment beaucoup de votre orientation politique,
05:01 et on remarque, ce qui n'est pas non plus une surprise, que chez les filles où on parle volontiers d'insurrection,
05:06 il y a une majorité de sympathisants qui pensent que parfois, oui, ça peut être utile d'avoir recours à la violence.
05:13 Alors évidemment, il y a toujours des gens comme moi qui vont vous dire "la violence, c'est pas bien".
05:18 Oui, je sais, c'est un peu basique comme position, mais cela dit, même si c'est pas bien, ça peut quand même être très efficace.
05:25 Souvenez-vous comment ça s'est passé à Notre-Dame-des-Landes, à la ZAD.
05:29 Donc je rappelle un peu les événements.
05:31 Il y a eu plus de 180 décisions de justice, déposées par les zadistes, qui ont toutes été rejetées.
05:36 La droite et la gauche étaient d'accord sur le projet.
05:38 La droite, c'était Jean-Yves Le Drian, président de la région Bretagne, et... non, la gauche plutôt,
05:43 et la droite, Bruno Retailleau, président de la région Vendée.
05:45 On a consulté les habitants.
05:47 55% par référendum ont dit "oui, on est favorable au projet".
05:51 Au cas où ça n'aurait pas suffi, le président de la République lui-même avait fait une promesse qu'on réécoute.
05:56 Je nomme un médiateur, parce que je pense que ça peut faire descendre la pression,
06:00 mais je le nomme pour six mois maximum.
06:05 Et à l'issue de ces six mois, je ferai évacuer la zone, avec les forces de l'ordre qui s'imposent,
06:10 si on n'a pas réussi à faire baisser la pression.
06:12 Le résultat, on le connaît, il n'a rien fait, évacué du tout.
06:16 Finalement, la violence des zadistes l'a emporté.
06:18 Le projet a été abandonné.
06:20 Sachant que les fondateurs des soulèvements de la terre viennent de Notre-Dame-des-Landes,
06:24 on se dit qu'ils ont certainement l'intention d'employer les mêmes méthodes
06:28 pour empêcher d'autres projets qui ne leur plaisent pas,
06:31 comme par exemple le tunnel ferroviaire Lyon-Turin.
06:35 C'est exactement comme Notre-Dame-des-Landes.
06:37 Tous les recours en justice ont été épuisés.
06:39 On fait des sondages.
06:40 Il y a une très large majorité de la population locale qui est favorable à cette liaison.
06:44 D'un point de vue démocratique, les représentants du peuple,
06:47 il y a 59 maires dans la métropole lyonnaise,
06:50 donc 70% lancent un appel pour défendre le projet.
06:53 Donc vous voyez, c'est exactement pareil.
06:55 Mais peut-être qu'effectivement, si des activistes,
06:57 convaincus de leur bon droit, se mobilisent par la violence,
06:59 ils feront plier les pouvoirs publics.
07:01 Mais est-ce que ça sera vraiment une victoire pour l'écologie ?
07:03 Je vais vous laisser débattre.
07:04 Mais juste avant, je vous fais le petit bémol de François Jemen,
07:08 qui vraiment est incontestable, un membre du GIEC,
07:11 et qui lui dit "bah non, on croit en faisant plier le gouvernement
07:14 une fois qu'on rend service à l'écologie, c'est exactement le contraire.
07:16 Les violences, ça décourage les gens de s'engager dans l'écologie.
07:20 Ça donne une très mauvaise image de cette cause."
07:22 Bon, le débat est ouvert.
07:23 Fallait-il dissoudre les soulèvements de la Terre ?
07:26 Merci beaucoup Stéphane.
07:28 Je vais commencer avec vous, Antoine Oberdorf.
07:30 Vous avez enquêté sur ce collectif, sur cette galaxie, sur cette nébuleuse.
07:35 Il faut expliquer, ça vient au départ de la ZAD de Notre-Dame-de-la-Honde.
07:40 Qui sont-ils ? Parce qu'on a l'impression qu'il y a très peu de structures.
07:42 C'est un rassemblement d'associations. C'est quoi précisément ?
07:45 Il est parfois qualifié de nébuleuse, de galaxie.
07:49 Le gouvernement le nomme "groupement de faits".
07:51 En réalité, ce qui s'est passé à Notre-Dame-de-la-Honde en 2015,
07:54 c'est la structuration autour d'un enjeu local environnemental,
07:59 avec des associations environnementales vraiment in situ,
08:02 qui à un moment donné ont éprouvé le moyen, le besoin,
08:06 pour des besoins opérationnels, de faire appel à d'autres structures,
08:10 à d'autres forces militantes.
08:12 C'est là qu'interviennent les soulèvements de la Terre.
08:14 C'est ce qui s'est également produit dans le cas des bassines,
08:16 où Bassines non merci étaient une cause.
08:19 Le fait de faire reculer ces retenues d'eau qui pompent indûment,
08:23 selon certains écologistes, dans les nappes phréatiques,
08:25 et privatisent ainsi l'eau.
08:27 Bassines non merci, portée par l'un de ses fers de l'an,
08:29 Julien Legay, plaidait depuis de très nombreuses années
08:32 contre l'arrêt, un moratoire sur les bassines.
08:35 Ça a pris un tout autre tour, lorsqu'en mars dernier,
08:38 et même déjà en 2022, des soulèvements de la Terre,
08:42 avec un appareil militant conséquent, certes gazeux,
08:46 mais militant et déterminé, arrivent sur place
08:50 et effectivement obtiennent des succès,
08:54 à minima, de court terme, par le fait de braquer
08:58 les projecteurs médiatiques sur la problématique des bassines.
09:01 Ce qui est intéressant, c'est qu'ils n'ont pas de structure.
09:03 Ça n'est pas une association.
09:04 Vous l'avez dit, c'est le groupement de faits
09:06 et un article du Code de la sécurité
09:08 qui permet juridiquement de fonder cette dissolution.
09:11 Ils disent qu'ils militent pour une écologie sans transition.
09:15 La radicalité fait partie de leur ADN.
09:17 Quels rapports entretiennent-ils précisément avec la violence ?
09:21 Je pense qu'il est important de comprendre
09:23 que ce sont des gens qui...
09:25 Léna Lazar, par exemple, qui est l'une des porte-parole
09:28 des soulèvements de la Terre...
09:29 On va entendre tout à l'heure, dans un reportage.
09:31 Absolument. Ce sont des gens qui ont fait le deuil
09:33 des voies institutionnelles.
09:35 L'ère du plaidoyer est terminée pour ces gens-là.
09:38 Léna Lazar a participé aux grèves du climat.
09:41 Elle en a tiré un constat d'échec.
09:44 Et effectivement, la montée en puissance de la radicalité
09:47 qui apparaît aujourd'hui inexorable,
09:49 vient de ces échecs passés.
09:51 C'est la raison pour laquelle, sur la violence,
09:54 et il faut se mettre d'accord sur ce qu'on entend par violence,
09:57 ces militants, ces activistes, préconisent un désarmement
10:01 de ce qu'ils appellent les structures écocidaires,
10:03 c'est-à-dire des structures qui remettent en cause
10:05 nos conditions de vie sur Terre.
10:06 -Le désarmement, je l'ai lu, le communiqué de la dissolution,
10:09 si j'ose dire, c'est quoi, précisément ?
10:11 Il y a une pluralité de tactiques, de la résistance,
10:14 mais il y a aussi du sabotage et des blocages.
10:16 -Le désarmement, pour ne pas...
10:19 -Il faut, voilà, sans euphémisme, parce qu'on ne comprend pas.
10:22 -C'est arrivé sur une bassine, comme à Sainte-Soline,
10:25 et lacérer des bâches d'étanchéité,
10:27 de manière à mettre, selon les mots des militants,
10:29 hors d'état de nuire, mais aux yeux des agriculteurs
10:32 que j'ai rencontrés sur place,
10:34 bousiller leur outil de travail
10:36 pour qu'ils ne puissent plus pomper dans les nappes phréatiques
10:39 et faire remonter l'eau à cette surface
10:41 et qu'elle soit disponible pour l'irrigation des cultures.
10:43 Le désarmement, c'est ni plus ni moins que ça.
10:45 Ça donne lieu à des bâches lacérées sur des bassines.
10:48 -Donc dégradation de matériel ? -Absolument.
10:50 -Atteinte aux personnes aussi ?
10:52 -C'est là qu'on touche la limite.
10:54 C'est la ligne constante des soulèvements de la Terre
10:57 que de dire qu'il n'y aura jamais, dans leur doctrine,
10:59 d'agression des personnes physiques.
11:01 Or, le gouvernement, aujourd'hui, a engagé la dissolution
11:03 sur la base d'agressions physiques des forces de l'ordre répétées.
11:07 C'est là tout le problème.
11:09 La capacité des soulèvements de la Terre,
11:11 mouvements non structurés,
11:13 à maîtriser des éléments incontrôlables en son sein
11:16 qui menacent les forces de l'ordre.
11:18 -Florent Boudier, on est sur une ligne de crête.
11:21 On entendait Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement,
11:24 expliquer que ce ne sont pas les idées
11:26 qui sont dissoutes aujourd'hui.
11:28 C'est une organisation qui, aussi nébuleuse soit-elle,
11:32 incite, participe, cautionne,
11:34 notamment sur les réseaux sociaux, des actions violentes.
11:38 Il y a des arrestations, des garde-à-vue, c'est sûr.
11:41 Mais vous trouvez justifiée cette dissolution
11:44 de ce mouvement un peu multiforme ?
11:46 -Il y avait un terme de Marine Tendolie dans le tweet
11:49 qui a été montré à quelques instants,
11:51 "criminalisation de l'écologie".
11:53 Ca n'est évidemment pas le sujet.
11:55 Je pense que là-dessus, le ministre a raison,
11:58 Olivier Véran, sur ce point en particulier.
12:01 C'est un groupement de faits.
12:03 Cela a été dit, on passe par une disposition
12:06 du Code de sécurité intérieure, article 212-1,
12:09 que nous avons révisé à l'occasion de la loi séparatisme.
12:12 -On sent que ça a mis du temps pour parvenir
12:15 à justifier en droit cette dissolution.
12:17 Ca fait deux mois qu'elle a été annoncée.
12:19 Pour bétonner la dissolution, juridiquement.
12:21 -Je n'acquiesce pas, sur ce que vous remarquez.
12:23 Sur les agissements violents envers les personnes et les biens.
12:27 L'Etat veut faire la démonstration
12:29 à travers ce décret de dissolution
12:31 qu'il y a une contribution, une participation directe,
12:34 à des agissements violents contre les biens et les personnes.
12:37 J'ai cru comprendre qu'un recours serait porté
12:39 devant le Conseil d'Etat.
12:41 On sera dans la situation allemande.
12:43 C'est le juge, in fine, qui décidera si oui ou non.
12:46 Il y a eu, par le passé, des dissolutions
12:49 qui ont été cassées par le juge administratif.
12:52 Et il y a aujourd'hui un débat qui aura lieu...
12:55 -C'est comparable, pour vous,
12:57 à des dissolutions de groupuscules, d'ultra-droite,
13:00 comme on a pu en voir après la manifestation en mai,
13:03 comme on peut voir aussi d'autres groupuscules par le passé.
13:07 Pas forcément de l'ultra-droite.
13:09 Le CCIF, par exemple, après l'assassinat de Samuel Paty,
13:12 a été dissous. Baraka City aussi.
13:14 Tout ça, ça reste à distinguer ?
13:17 -Bien sûr qu'il faut distinguer.
13:19 On ne peut pas tout mettre dans le même panier.
13:22 On a des logiques très différentes, des contextes différents.
13:25 Il y a une chose qui m'apparaît très importante,
13:28 qui sera au coeur du débat ce soir.
13:30 La violence en politique est aujourd'hui
13:33 un phénomène qui s'amplifie.
13:35 Un certain nombre de digues ont été abattus.
13:38 Un certain nombre de tabous ont été levés.
13:41 Il y a un certain nombre de responsables politiques
13:44 qui ne sont pas illégitimes de dire,
13:46 même s'ils portent l'écharpe bleu-blanc-rouge,
13:49 qu'une fois que la colère ne trouve pas de débouché institutionnel,
13:53 la violence est une solution.
13:55 Nous en sommes là, au fond, du débat démocratique français.
13:58 C'est extrêmement important.
14:00 Il y a le débat autour des soulèvements de la terre,
14:03 de savoir s'ils ont participé ou pas.
14:05 Je termine là-dessus. Commission d'enquête,
14:07 vous l'avez dit, nous avons auditionné à huis clos
14:09 un certain nombre de services de renseignement,
14:11 y compris sur la situation à Seine-Souligne,
14:13 sur d'autres situations.
14:15 Vous l'avez dit, la ligne de quête est étroite.
14:17 Il y a des individus qui ont clairement participé
14:20 à des actes violents. C'est une certitude.
14:22 -Dominique Bourg, aucune cause ne justifie
14:24 que l'on blesse des policiers ou des gendarmes,
14:27 a répété Gérald Darmanin. Le décret explique clairement
14:30 que ce collectif, les soulèvements de la terre,
14:32 ne condamne pas les violences,
14:34 et qu'il les incite d'une certaine façon,
14:37 qu'il les cautionne, en y participant,
14:39 même indirectement. Vous êtes d'accord avec ça ?
14:42 -Ca me semble assez décalé par rapport à la réalité.
14:46 Quand on voit ce qui s'est passé à Seine-Souligne,
14:48 où il y avait deux grenades par manifestant,
14:51 alors qu'on ne blesse pas la police,
14:53 ça paraît une évidence,
14:55 mais quand vous prenez des quads et des grenades sur la figure,
14:58 les choses changent un peu. En plus,
15:00 quand on bombarde un cortège pacifique
15:03 avec famille et enfants, apparemment par erreur,
15:06 on n'est pas très sérieux dans cette histoire.
15:08 Pour ma part, il y a un énorme problème
15:10 avec le mot "violence".
15:12 Parce que, si vous voulez, la violence,
15:14 à proprement parler, c'est la violence faite aux personnes.
15:18 Et là, dans tout le mouvement écologique,
15:21 il est très clair que ça, c'est un interdit.
15:23 -Que vous condamnez. -Personne n'en vit de le franchir.
15:26 -Quand on regarde le communiqué, le décret lui-même,
15:30 il décrit les soulèvements de la terre,
15:32 notamment à Seine-Souligne, en mars dernier,
15:34 avec des talkie-walkies, des mégaphones,
15:36 pour se coordonner, avec, sur le terrain, des activistes
15:40 qui obéissent aux préconisations de ce mouvement,
15:43 et armés, surarmés,
15:45 cocktails Molotov, boules de pétanque,
15:48 bombes incendiaires, machettes,
15:50 et j'en passe dans la liste du décret.
15:52 -Attendez, premièrement, si franchement,
15:55 notre cher ministre était soucieux de l'ordre public,
15:59 il devrait déjà dissoudre la FNSEA.
16:02 Parce que ça fait des décennies
16:04 qu'elle pratique une violence contre les personnes,
16:08 contre le patrimoine,
16:10 sans qu'il n'y ait jamais de sanctions.
16:12 Étonnant, non ?
16:14 -Contre des élus, aussi.
16:16 -Contre des élus, en plus.
16:18 Oui, alors, le sac, en 99,
16:20 du bureau de la ministre à l'époque,
16:22 qui était Mme Voinet...
16:24 Bon, donc, non, là, on n'est franchement pas sérieux.
16:27 Ensuite, j'en ai rajouté deux choses.
16:29 Non, on cherche à dissoudre une idée.
16:31 -Absolument pas. -Bien sûr que si.
16:33 -Mais c'est un écrit d'or, le dire ça.
16:35 -Cette idée, elle est très belle,
16:37 puisque vous avez l'expression "soulèvement de la terre".
16:40 -Je vais intervenir. -Vous allez répondre ?
16:43 Je vous redonne la parole.
16:45 -Vous allez tous répondre.
16:47 -On s'écoute.
16:49 -A Saint-Sauline, sur 8 000 personnes,
16:51 il y en a 1 000 qui sont radicalisés.
16:53 C'est-à-dire qu'il y a une personne sur huit
16:55 qui est présente sur site,
16:57 qui est venue, pour certains,
16:59 avec l'idée d'en découdre physiquement
17:01 avec les forces de l'ordre,
17:03 et d'autres, de venir en découdre,
17:05 pas forcément par la violence physique,
17:07 mais de participer à un mouvement qui sera in fine et violent.
17:10 Vous ne pouvez pas régler le sujet
17:12 en renvoyant à d'autres violences
17:14 commises par d'autres organisations.
17:16 -La violence, c'est quelque chose de relativement dialectique.
17:19 -C'est relatif, en effet, pour vous l'évoquer.
17:22 -Avec une mobilisation, une telle mobilisation absurde,
17:25 des forces de l'ordre,
17:27 qui a coûté beaucoup plus cher
17:29 qu'on aurait coûté la réfection de la méga-machine,
17:32 c'est pas du tout le sujet,
17:34 mais ça aurait coûté beaucoup moins cher.
17:37 C'est ridicule.
17:39 Quand vous faites ça, vous incitez.
17:41 En plus, justement, ça avait été très clair,
17:43 il y avait des cortèges non violents,
17:45 et il y avait un cortège, oui, effectivement,
17:47 qui revendiquait cette chose-là.
17:49 Après, quand vous organisez une manifestation comme ça,
17:52 vous ne la contrôlez pas totalement,
17:54 et en revanche, vous savez très bien
17:56 que si on vous oppose une force énorme,
17:58 il y aura des débordements.
18:00 J'aurais juste rajouté une chose.
18:02 Ca me gêne beaucoup ce qui a été dit
18:04 sur l'aéroport à Notre-Dame-des-Landes.
18:06 Parce qu'en fait...
18:08 -Ca a payé, en fait.
18:10 -Ce qui a vraiment payé, aussi,
18:12 c'était les arguments de la commission.
18:14 Je vous rappelle, il y avait deux arguments
18:16 qui l'ont fait tomber.
18:18 D'une part, le coût de réhabilitation de l'aéroport
18:21 avait été totalement surévalué,
18:23 et l'évaluation du bruit, si vous voulez,
18:25 était fausse, elle ne prenait pas en compte
18:28 l'évolution du bruit des avions.
18:30 -Les zadistes, pour vous, ne sont pas
18:32 les seuls pour expliquer l'abandon du projet.
18:35 -Simplement ça.
18:37 Si vous imaginez que sur le Lyon-Turin,
18:39 il y ait le même genre de commission,
18:41 eh bien, je ne sais pas
18:43 si on continuerait à défendre le projet.
18:46 -Bon, on verra.
18:48 -La zad, effectivement, il y a une présentation
18:51 qui est très limitée, qui voudrait dire
18:53 que la zad de Notre-Dame-des-Landes,
18:55 c'est la violence. C'est pas ça, la zad.
18:57 C'était quelque chose de beaucoup plus large.
18:59 C'était presque un contre-projet de société.
19:01 Il y avait des agriculteurs, un boulanger...
19:03 -Forcément, on est succincts, parce qu'on retourne en arrière.
19:06 -Vous avez dit qu'on ne blâme pas...
19:08 J'étais en Morienne. On ne blâme pas les gendarmes.
19:11 On a eu une heure de discussion avec un commandant de gendarmerie
19:14 qui était à l'écoute pour trouver des solutions,
19:16 pour avoir un passage et permettre qu'on défile dans le calme.
19:19 C'était ça, la volonté partagée.
19:21 -Justement, vous étiez dans la vallée de la Morienne,
19:24 à la chapelle en Savoie, et les équipes
19:26 de nos confrères de quotidien y étaient aussi, pour TMC.
19:29 Ils vous ont rencontré, regardez.
19:35 -Journaliste, terroriste, journaliste, terroriste !
19:39 Journaliste, terroriste...
19:41 -Vous avez ça à chaque fois ? Agir dans ces manifs-là, c'est dommage.
19:45 -J'avais jamais eu un italien. -Ah, c'est ça ?
19:47 -Interroger les militants n'a pas toujours été facile.
19:50 -Vous bravez l'interdiction de manifester. Pourquoi ?
19:53 -On brave l'interdiction de manifester
19:55 parce que c'est un droit de manifester,
19:57 c'est un droit fondamental. -Allez, bouge ! Allez, allez !
20:00 -Faites une vidéo ! -Non !
20:02 -On va faire un ensemble. On met tous la caméra, là !
20:05 -Doucement ! Non, non, non !
20:07 -Voilà, journaliste, terroriste.
20:09 Vous étiez mal à l'aise, on le voit.
20:11 -Clairement. -Vous avez jamais dit
20:13 "qu'est-ce que je fais là ?" -Ils coupent au moment
20:15 où je leur dis que c'est dommage. Pour moi,
20:17 la liberté de la presse, c'est le barrage contre le fascisme.
20:20 J'étais profondément en désaccord. Mais c'était pas le sujet.
20:23 C'est pas pour ça qu'il y avait plusieurs milliers de personnes.
20:26 -Ca plante quand même à le décor, ça dit des choses sur l'atmosphère.
20:30 -C'est une manifestation. -De tous les slogans.
20:33 J'ai fait de nombreuses manifestations.
20:35 Ce qui nous rassemble, c'est un mot d'ordre.
20:37 Le mot d'ordre, il était simple.
20:39 C'était "non" à un projet qui est aujourd'hui climaticide,
20:42 qui va artificialiser 1 500 hectares de terres naturelles
20:46 et agricoles et qui va les drainer l'eau
20:48 pour aller fracturer la montagne.
20:50 -Et qui est démocratique. C'est tout ça, l'enjeu aussi.
20:53 -Oui, mais la question, c'est... -Pour le moment,
20:56 il a été accepté, validé, discuté.
20:58 Le débat démocratique est, en vrai, quand même, moi,
21:01 très mal présenté. On nous dit que c'est les camions
21:04 ou le rail. Je suis pour le rail.
21:06 On dit pas aux gens... Par contre, quand vous mettez sur le rail,
21:09 est-ce que vous voulez moderniser la ligne existante
21:12 ou faire un nouveau projet qui va avoir des impacts colossaux
21:15 en termes environnementaux, qui va coûter 30 milliards d'euros,
21:18 qui va empêcher de faire d'autres rénovations
21:21 et qui, en plus, sera prêt en 2032 pour le tunnel de base
21:24 et en 2045 pour le reste du projet.
21:26 Ca, on le dit jamais. C'est-à-dire qu'on dit
21:28 "le camion ou le rail". Nous, on veut le rail,
21:30 mais on veut le rail tout de suite.
21:32 -On va faire le débat, sûrement, voilà,
21:34 pas aujourd'hui sur Lyon-Turin, mais c'était bien d'en parler.
21:37 -C'était le sujet. -Il est aussi politique,
21:39 ce débat. Il est juridique, mais il y a aussi
21:41 des arrières-pensées politiques. Gérald Darmanin, il incarne
21:44 l'Ordre, c'est le ministère de l'Intérieur.
21:46 Il avait dit ça au lendemain de Sainte-Soline,
21:48 lors d'une conférence de presse.
21:50 -Une quarantaine de personnes fichées S à l'ultra-gauche
21:53 ont été repérées dans cette manifestation,
21:55 avec des mots d'opératoire qui relèvent,
21:57 je n'ai pas peur de le dire, de l'écoterrorisme
22:00 que nous devons absolument combattre.
22:02 -Voilà, c'est un mot qu'il a réutilisé
22:04 dans le journal du dimanche. -En fait, c'est un mot
22:07 extrêmement choquant, parce que parler d'écoterrorisme,
22:10 c'est une gifle au visage de toutes les vraies victimes
22:13 de terrorisme. Et en fait, on voit aujourd'hui
22:15 qu'il y a à la fois une criminalisation
22:17 des militants écologistes, et je n'ai pas peur
22:19 d'utiliser ce mot, par les mots, c'est-à-dire
22:21 d'un écoterroriste, de Khmer Vert, d'Ayatollah Vert ou autre,
22:24 mais aussi par l'action de l'État.
22:26 C'est-à-dire qu'on voit que depuis 2015,
22:28 il y a vraiment une escalade répressive de l'État
22:30 qui a commencé en fait avec l'état d'urgence,
22:32 c'est-à-dire qui est arrivé au moment
22:34 des manifestations pour la COP 21,
22:36 où on avait la COP 21 à Paris, et on a eu,
22:38 et en fait, toutes les mesures qui devaient lutter
22:41 contre l'islamisme radical et le terrorisme
22:43 ont trouvé comme première application
22:45 les militants écologistes qui ont été assignés à résidence
22:47 ou qui ont été interdits de manifester.
22:49 Et depuis, en fait, la loi n'a fait qu'évoluer.
22:51 Et à chaque fois, quand on voulait lutter
22:53 contre le terrorisme, la loi séparatisme,
22:55 le but de la loi séparatisme au début,
22:57 c'était de lutter contre le terrorisme.
22:59 Et on voit en fait que c'est en vertu de la loi,
23:01 et c'est en vertu de la loi séparatisme,
23:03 si je peux terminer, c'est en vertu de la loi séparatisme
23:05 que les soulèvements de la terre ont été dissous,
23:07 et d'une nouvelle disposition du camp d'intérieur.
23:10 Et c'est exactement la même chose avec le contrat
23:12 d'engagement républicain. Aujourd'hui,
23:14 on a des associations écologistes dont on va menacer
23:17 leur subvention en vertu de ce contrat d'engagement républicain.
23:21 Donc on voit en fait qu'on a un arsenal
23:23 juridique, policier, administratif,
23:25 qui est de plus en plus important.
23:27 Et ce qui est dommage, parce que vous parlez de questions démocratiques,
23:29 c'est que justement, au lieu d'écouter les alertes des militants écologistes,
23:31 parce qu'il y a quelque chose, je pense, qu'il faut rappeler ce soir,
23:33 c'est que, il y a peu de temps, c'est l'urgence de la situation,
23:36 c'est de dire comment est-ce qu'on crée un dialogue,
23:38 comment est-ce qu'on va s'accorder pour un nouveau projet de société
23:41 qui va nous permettre d'avoir des conditions de vie habitables.
23:43 C'est ça, le sujet.
23:45 - Alors, je sais que vous avez condamné,
23:47 qui est très politique, l'éco-terrorisme,
23:49 je voudrais quand même vous soumettre ce qui se passe en Provence,
23:51 à Bouc-Belaire.
23:53 Vous avez vu les très gros dégâts contre le cimentier Lafarge.
23:56 Ce sont des dérives terroristes qui sont, là je pèse les mots,
23:59 redoutées par le gouvernement.
24:01 Les services antiterroristes qui sont mobilisés...
24:03 - Le nerf de l'anti-terrorisme !
24:05 - Ils ont financé Daech !
24:07 - Non mais à un moment, il faut remettre les choses...
24:09 - Dans le cas des soulèvements de la terre, ils sont mobilisés.
24:11 Et vous avez, parmi les inspirateurs,
24:13 je vous prête la contradiction, vous êtes là pour débattre,
24:15 un Suédois qui s'appelle Andrès Malm,
24:17 qui appelle ouvertement,
24:19 dont on dit que c'est l'inspirateur de ces mouvements de soulèvement de la terre,
24:22 à dépasser le pacifisme, je le cite,
24:25 et user de tous les moyens pour abattre le capitalisme responsable
24:28 de la catastrophe écologique.
24:30 Ce genre de discours, là,
24:32 vous, la militante, vous le congéssez pas,
24:34 - Je suis journaliste.
24:36 - Vous êtes journaliste, vous avez aussi une cause à défendre,
24:38 et c'est totalement légitime, même quand on est...
24:40 - Ce n'est pas une cause, c'est une cause qui nous...
24:42 - Ça nous concerne absolument toutes et tous,
24:44 on va bientôt vivre une canicule.
24:46 Je pense, en fait, que, là encore,
24:48 il faut revenir sur le terme de violence et des moyens d'action.
24:51 Aujourd'hui, on a une situation qui est de plus en plus grave,
24:54 on le voit absolument partout,
24:56 on va bientôt avoir une canicule,
24:58 récemment, il y a une étude qui est sortie
25:00 qui montre que la planète menace de devenir inhabitable.
25:02 - Monsieur Andrès Malm, ce genre de discours-là,
25:04 est-ce que vous connaissez votre distance ?
25:06 - Juste par rapport à ça, en fait, la question, c'est de dire,
25:08 par rapport à l'appréciation de la gravité de la situation que l'on a,
25:10 on ne va pas apprécier de la même manière les modalités d'action.
25:13 Quand on voit que les militants écologistes
25:15 ont absolument épuisé tous les recours pour se faire entendre,
25:18 eh bien, potentiellement, oui, à un moment,
25:20 ils vont avoir d'autres recours qui vont être des dégradations matérielles,
25:23 parce qu'encore une fois, il n'y a aucune violence
25:25 qui est appelée envers les modiés.
25:27 - Vous légitimez la violence ?
25:29 - Non, mais ce n'est...
25:31 - Vous vous amalgamez les violences...
25:33 - Non, non, je crois...
25:35 - Allez, on s'écoute, on s'écoute.
25:37 - Je crois essayer, justement, d'aucune amalgame.
25:39 Il n'y a aucune mesure sur le terrorisme, aucune.
25:41 J'en étais le rapporteur, je connais le texte par cœur,
25:43 c'était la laïcité, l'islamisme éventuellement politique.
25:45 - C'était vendu comme une loi qui permettait de lutter contre les aides de la République.
25:49 - Il n'y a pas une ligne sur les menaces terroristes,
25:51 il n'y a aucune ligne sur les menaces terroristes.
25:53 Et ensuite, votre discours, pardon de vous le dire,
25:55 on ne se connaît pas, donc première rencontre,
25:57 elle sera désagréable, mais toutes mes excuses, enchanté.
26:00 Moi, je considère que votre discours
26:02 est une forme de légitimation évidente, manifeste de la violence.
26:06 Alors, vous dites, une fois que les recours juridiques, par conséquent,
26:10 une fois que les scrutins électoraux sont passés,
26:13 et qu'on a le sentiment d'un empêchement à agir,
26:15 ou d'aboutir, et d'atteindre l'objectif que l'on souhaite atteindre,
26:18 la cause environnementale en particulier,
26:20 alors si ça ne fonctionne pas, oui, la violence est possible,
26:23 par les dégradations matérielles, mais il faut imaginer...
26:26 - Ce n'est pas de la violence.
26:27 - Je termine là-dessus, après je laisserai la parole, si vous permettez.
26:29 Il faut imaginer comment certains de nos concitoyens
26:31 prennent cette parole, certains d'entre eux
26:33 le prennent au pied de la lettre, madame,
26:35 et considèrent qu'en effet, s'il y a un empêchement à agir,
26:39 si par exemple la majorité n'est pas la leur, politique,
26:42 si le juge n'a pas décidé tel qu'il le souhaite,
26:45 alors maintenant, j'ai des élus, j'ai des journalistes,
26:48 j'ai des députés parfois, et je ne parle pas de vous,
26:50 madame la présidente, évidemment, je connais vos déclarations,
26:53 qui considèrent que la violence est une solution,
26:56 c'est ce que je viens de dire, est une solution,
26:58 et qu'elle est au fond acceptable.
27:00 Ça, je pense que c'est extrêmement dangereux.
27:02 Vous avez vu tout à l'heure, je tourne M. Bourg, en l'occurrence,
27:06 vous avez eu des propos qui me semblaient, eux aussi,
27:09 d'une certaine façon, être à la très grande limite
27:13 de l'incitation à la violence.
27:15 Et ensuite, il y a cette question, qu'est-ce que la violence ?
27:17 Comment je m'en suis arrivé là ?
27:19 - Alors, Dominique Bourg, Antoine Auberdorc,
27:21 et ensuite, je vous montrerai quand même la réaction
27:23 des soulèvements de la terre, parce qu'ils ont des portes paroles.
27:25 - Je tiens à répondre de façon très ferme,
27:29 et je vous dis tout de suite, Andréas Malm,
27:32 franchement, je n'éprouve pas beaucoup de sympathie
27:36 pour ce genre de posture,
27:38 et je renvoie les auditeurs et les auditrices
27:40 à un très bon article d'un journaliste
27:42 du journal "Les Croissances", qui s'appelle Pierre Tesset.
27:45 Alors là, vous allez voir, c'est une critique au vitriol,
27:48 que je partage de A à Z.
27:51 Dans certaines conditions, la violence a conduit
27:54 à sélectionner les pires.
27:56 Maintenant, on voit très bien entre nous
27:58 que la violence, c'est quelque chose
28:00 de relativement métaphorique.
28:02 Chaque fois qu'on emploie le mot, personne ne met le même sens,
28:05 et on ne peut pas isoler la violence, si vous voulez,
28:07 du cadre général dans lequel on s'exprime.
28:09 Vous avez un gouvernement qui s'est engagé
28:11 à baisser de 4 % ses émissions, les émissions nationales,
28:14 au terme de la loi. En fait, cette année, c'est moins d'1 %.
28:18 Ça, c'est une extrême violence,
28:21 quand vous connaissez le dossier scientifique.
28:23 Alors évidemment, c'est pas M. Darmanin
28:25 qui le connaît vraiment bien, c'est le moins qu'on puisse y dire.
28:27 Quand vous savez exactement...
28:29 - La violence de l'inaction.
28:31 - L'inaction des pouvoirs publics,
28:34 c'est une espèce de démission
28:36 par rapport à la fonction première qu'est la leur,
28:39 qui est d'assurer la sécurité...
28:41 - On entend le philosophe, Antoine Auberdof.
28:43 Ensuite, je vous montre la réaction des soulèvements de la Terre.
28:46 - L'État d'apprêt, c'est d'écouter, finalement,
28:48 les citoyens et d'agir réellement.
28:50 - Antoine Auberdof.
28:51 - C'est un peu, en vérité, dans cette direction que je vais aller,
28:53 mais c'est le seul moyen que je connaisse en tant que journaliste,
28:55 en tout cas pour dépasser la violence,
28:57 l'instrumentalisation de la violence par les uns, par les autres,
29:00 le fait de renvoyer FNSEO et Confédération Paysanne dos à dos,
29:04 c'est de retourner sur le terrain
29:07 et s'apercevoir que dans les Deux-Sèvres, par exemple,
29:09 dans le Marais-Poitvin,
29:10 on a affaire à des acteurs qui sont pris en étau totalement,
29:14 avec d'une part des militants du collectif PASSY de NONMERCI,
29:19 qui, je pense, sont de FNE17,
29:21 qui sont sincèrement inquiets pour l'état du Marais-Poitvin,
29:24 la dégradation de la biodiversité,
29:26 et par ailleurs, des gens qu'ils fréquentaient,
29:28 y compris étant gamins dans cette région magnifique des Deux-Sèvres,
29:31 à qui ils ne parlent plus parce que ce sont des agriculteurs
29:34 qui eux-mêmes se demandent ce qu'ils ont fait,
29:36 parce que, étant agriculteurs érigants,
29:38 il y a aussi des éleveurs chevriers, par exemple,
29:41 qui ne comprennent pas pourquoi ils sont pris pour cible aujourd'hui.
29:43 - La question, c'est sortir du face-à-face.
29:45 - Exactement.
29:46 - Alors, on va quand même les entendre, les soulèvements de la terre.
29:48 On disait que c'était gazeux, qu'il n'y avait pas de structure,
29:50 pas de bureau, pas de financement, en tout cas officiel,
29:53 et pourtant, ils ont des porte-parole.
29:55 C'est Clément Perreault qui les a rencontrés.
29:57 Reportage.
29:58 - L'ENA-Lazare est l'une des porte-parole des soulèvements de la terre.
30:06 Pour elle, le gouvernement cherche d'abord à criminaliser l'écologie radicale.
30:11 - On ne s'attaque pas du tout à un mouvement qui est,
30:14 comme souhaite le dire le ministère de l'Intérieur,
30:17 un groupuscule d'ultra-gauche violent, etc.
30:20 On mène des actions de désobéissance civile impactantes,
30:23 mais elles ont toujours fait partie des palettes d'action des mouvements sociaux.
30:28 - Des actions de désobéissance civile impactante
30:32 qui ont tourné aux affrontements violents avec les forces de l'ordre,
30:35 comme ici à Sainte-Soline au mois de mars,
30:38 en opposition à un projet de méga-vaccine agricole.
30:41 - On ne réfute pas toute accusation de violence,
30:43 dans le sens où, en effet, on a eu des manifestations
30:46 où une partie des manifestants a riposté de manière violente
30:51 aux dispositifs policiers.
30:53 Après, pour moi, c'est quelque chose qu'on observe
30:56 dans toutes les grandes manifestations ces dernières années.
30:59 S'ils assurent ne pas appeler à la violence physique contre les personnes,
31:03 les membres des soulèvements de la terre estiment
31:05 que l'urgence climatique justifie une certaine radicalité.
31:09 - Toutes les grandes victoires qu'ont eues les mouvements sociaux,
31:11 ça passait par des actions qui étaient illégales,
31:14 qui sortaient du cadre que donnait l'Etat à la contestation.
31:17 Les militants écologistes ont essayé beaucoup de choses.
31:19 On a fait des manifestations massives, on a fait des recours en justice,
31:23 on a fait d'autres actions de désobéissance civile
31:25 qui ont peut-être été jugées moins offensives,
31:27 mais on voit que la voie institutionnelle semble totalement bouchée
31:31 et que là, on a du mal à faire en sorte que le gouvernement agisse réellement.
31:35 - En riposte à cette dissolution, les soulèvements de la terre
31:39 ont appelé à des rassemblements ce soir un peu partout en France.
31:43 Ils comptent aussi déposer des recours judiciaires
31:46 et se disent prêts à saisir la cour européenne des droits de l'homme.
31:50 - Antoine Oberdorf, c'est incroyable la jeunesse de ces porte-parole.
31:53 Ça fait partie de la stratégie ?
31:56 - Je ne crois pas que ce soit tellement une stratégie concertée.
32:00 Effectivement, les Nalazar, Basile Duterte, sont tous extrêmement jeunes.
32:05 Mais comme je le disais précédemment, c'est la génération climat
32:09 qui s'est investie dans les grèves du climat,
32:11 qui a été pleine d'espoir au moment de l'affaire du siècle
32:15 et qui a déchanté, très clairement.
32:18 - D'ailleurs, Greta Thunberg est venue les soutenir.
32:21 - Pour autant, sur la voie juridique,
32:24 et j'avais l'occasion d'en parler avec des avocats encore aujourd'hui,
32:27 elle demeure très intéressante.
32:29 Pourquoi ? Au mois de janvier dernier,
32:33 des procès ont pu se tenir avec des militants écologistes à La Rochelle et New York.
32:36 Ça a donné lieu à des mobilisations de soulèvements de la terre,
32:39 qui nous ont remercié.
32:41 Et un véritable débat contradictoire a pris place grâce au Sénat.
32:45 - Dans le cadre judiciaire ? - Absolument.
32:47 Avec des magistrats qui ont joué le jeu
32:49 et qui ont manié cette notion juridique encore à définir
32:53 d'état de nécessité écologique.
32:55 C'est-à-dire la capacité que l'on se donne à agir,
32:59 y compris illégalement, face à l'imminence du danger climatique.
33:03 - Alors ça, c'est intéressant, Florent Boudier.
33:05 Au fond, est-ce que ce n'est pas ça, le lieu de la maillotique
33:07 pour sortir du face à face ?
33:09 Ces débats judiciaires, dans le cadre de plaintes,
33:11 plutôt qu'une dissolution ?
33:13 En fait, les soulèvements de la terre, c'est un texte.
33:15 On doit les définir, c'est un texte.
33:17 Nous sommes les soulèvements de la terre,
33:19 rédigés en 2021 par, on l'a dit,
33:21 les historiques de Notre-Dame-des-Landes.
33:23 Ça avait recueilli 110 000 signatures.
33:25 Il y a toutes sortes de gens, des particuliers,
33:27 des syndicats, des chercheurs.
33:29 Il y a même l'écrivain Alain Damasio, de science-fiction.
33:31 On peut dissoudre des gens ?
33:33 Est-ce que vous ne croyez pas qu'il va y avoir
33:35 ce qu'ils appellent déjà une repousse,
33:37 sous un autre nom, dès ce soir ?
33:39 Premièrement, la dissolution d'un groupement de faits,
33:43 par définition, elle n'aboutit pas à un impact immédiat.
33:47 Les gens existent toujours,
33:49 et leur mode d'action aussi.
33:51 Et personne n'est naïf.
33:53 Mais qu'est-ce qu'ils ont en cours, ceux qui s'en prévalent ?
33:55 Tout le monde en a parfois conscience.
33:57 Mais ce que recherche l'État, à travers une dissolution,
33:59 notamment d'un groupement de faits,
34:01 au fond, c'est une forme de déstabilisation
34:03 qui est en train d'entrer dans une phase
34:05 que j'estime, pour ma part, violente,
34:07 et pas tous, certains d'entre eux,
34:09 les plus radicalisés des radicalisés,
34:11 déstabilisation, faire en sorte qu'il y ait aussi
34:13 un débat en interne entre ceux qui considèrent
34:15 que la voie de la violence est légitime
34:17 et celles et ceux qui considèrent qu'il faut s'interroger,
34:19 et que c'est peut-être une ligne de partage
34:21 qu'il faut réinstaller.
34:23 Je termine sur un point.
34:25 Moi, je suis extrêmement inquiet quand j'entends cela.
34:27 Je ne parle pas de la cause elle-même.
34:29 Je ne parle pas de la notion d'état de nécessité.
34:31 Je parle de ce qui a été dit sur l'urgence à agir.
34:33 Je suis député, puis je suis citoyen aussi,
34:35 et j'ai les deux casquettes.
34:37 Mais j'entends dans le pays
34:39 deux types de discours
34:41 qui me semblent très dangereux.
34:43 Il y a ceux qui, basés sur un discours environnementaliste,
34:45 je ne parle pas de l'écologie politique,
34:47 disent qu'il faut aller plus loin dans la violence.
34:49 Et puis, il y a une partie
34:51 très radicalisée aussi,
34:53 qui a un discours immigrationniste,
34:55 et qui a le même discours, en disant
34:57 "la France est envahie, elle est au bord de la submersion,
34:59 et par conséquent, il faut la violence".
35:01 Moi, ces ultras-là,
35:03 je les trouve dangereux pour la démocratie,
35:05 et au fond, en tant que député,
35:07 je pense que Siah-le-Châtain va être d'accord avec moi sur ce point,
35:11 je trouve que c'est d'abord et avant tout l'échec du politique.
35:13 - Le débat s'achève.
35:15 Je vais vous donner chacun, mais très rapidement, la parole.
35:17 J'ai une question pour vous.
35:19 Quand on utilise les voies légales,
35:21 par exemple, la condamnation de la France
35:23 pour inaction climatique,
35:25 Corinne Lepage, le maire de Grande-Synthe,
35:27 il y a plein de choses qui ont été faites.
35:29 Pour vous, est-ce que c'est plus efficace
35:31 que cette voie des soulèvements de la Terre ?
35:33 - Mais il faut les deux.
35:35 Et d'ailleurs, il y a des personnes
35:37 qui ont contribué au recours juridique
35:39 qui sont également membres des soulèvements de la Terre.
35:41 Je voudrais juste revenir... - L'un n'exclut pas l'autre, pour vous.
35:43 - Non.
35:45 Et c'est même des mouvements qui se connaissent,
35:47 qui se parlent et qui agissent ensemble.
35:49 Et pour répondre, moi, je pense que
35:51 cette question de la nécessité...
35:53 Pourquoi est-ce qu'on appelle "soulèvement" ?
35:55 C'est 100 000 personnes.
35:57 C'est 100 000 personnes aux soulèvements de la Terre,
35:59 ça sera sans doute bien plus.
36:01 Pour revenir à l'introduction,
36:03 je crois à la force du nombre.
36:05 Et je crois, effectivement, que c'est par le nombre.
36:07 - Et à la non-violence.
36:09 Vous avez 10 secondes chacun,
36:11 on explose les temps pour conclure ce débat.
36:13 - L'expression "soulèvement de la Terre" est magnifique
36:15 et l'exprime un état d'esprit.
36:17 Un état d'esprit, ça ne se dissout pas.
36:19 En essayant de le réprimer,
36:21 on va le développer. Merci, monsieur Darmanin.
36:23 - Palloma Moritz, pour terminer.
36:25 - C'est la limite de cette répression qui augmente en Europe
36:27 et sur laquelle les experts de l'ONU
36:29 ont alerté le 15 juin dernier,
36:31 en disant qu'il y avait une criminalisation
36:33 et une répression de plus en plus forte envers les militants écologistes.
36:35 Et c'est quelque chose qui doit nous inquiéter
36:37 sur l'état de notre démocratie en Europe et en France.
36:39 - Merci beaucoup. On va s'arrêter là.
36:41 Vous étiez un peu en minorité, je le confète, ce soir.
36:43 Mais c'était passionnant de vous écouter.
36:45 On aurait pu continuer longtemps.
36:47 Vous restez avec moi, Cyrielle Chatelain,
36:49 dans une dizaine de minutes, les partis prises de nos affranchis.
36:51 La féministe Léa Chamboncel lance un avis de recherche.
36:53 Où est passée la proposition de loi
36:55 sur l'inscription de l'IVG dans la Constitution ?
36:57 Pourtant, votée ici au Palais Bourbon.
36:59 Et puis Thomas Lestavelle va ouvrir
37:01 le catalogue des technosolutions.
37:03 Ça va vous faire réagir, Cyrielle Chatelain,
37:05 ce soir, la captation de CO2 sous la mer.
37:07 Et puis, un Bourbon Express ce soir.
37:09 Où êtes-vous, Valérie Brochard ?
37:11 (musique)
37:13 - Oui, je suis, Myriam,
37:15 dans la cour de l'hôtel de la Seine
37:17 pour la fête de la musique.
37:19 Évidemment, on en parle tout à l'heure.
37:21 - Merci. À tout à l'heure, Valérie.
37:23 On parle de vous et de votre groupe à présent,
37:25 Cyrielle Chatelain.
37:27 Ça fait un an pile que vous pilotez
37:29 ces 23 députés écolos à l'Assemblée
37:31 au sein de la NUPES.
37:33 Comment avez-vous pesé ?
37:35 Quelles sont vos victoires et vos échecs ?
37:37 On voit cela dans l'invitation signée ce soir par Stéphanie Lépière.
37:39 Merci à vous.
37:41 (musique)
37:43 - Si on vous invite, Cyrielle Chatelain,
37:45 c'est pour faire le bilan du groupe écologiste à l'Assemblée.
37:47 Membre de la NUPES.
37:49 Tout juste élue députée de l'ISER,
37:51 vous prenez les rênes du groupe
37:53 en duo avec le parisien Julien Bayou.
37:55 Après sa mise en retrait en septembre,
37:57 vous restez seule aux commandes.
37:59 Encartée à 18 ans, cadre dans des collectivités locales,
38:01 spécialiste du logement,
38:03 vous décrochez un premier mandat l'année dernière.
38:05 Vous dirigez 23 députés
38:07 avec des personnalités qui font le buzz,
38:09 comme Sandrine Rousseau,
38:11 y compris contre son propre camp
38:13 lorsqu'elle déclenche la fête de la musique
38:15 qui fera pschitt.
38:17 A l'automne,
38:19 vous défendez la motion de censure
38:21 déposée par la NUPES
38:23 après le premier 49.3 d'Elisabeth Borne
38:25 sur le budget.
38:27 - Nous ne lâcherons rien.
38:29 Nous proposerons,
38:31 et nous proposerons encore,
38:33 la taxe sur les super-profits,
38:35 une fiscalité qui intègre le principe pollueur-payeur,
38:37 la création d'un ISF climatique.
38:39 - Cette année,
38:41 votre groupe a systématiquement voté
38:43 contre tous les projets du gouvernement,
38:45 sur le nucléaire, évidemment,
38:47 mais aussi sur les énergies renouvelables.
38:49 Vous vous êtes abstenu.
38:51 Cet hiver, pendant la bataille des retraites,
38:53 vous jouez collectif avec la NUPES.
38:55 - L'unité dans la rue,
38:57 l'unité à l'Assemblée nationale,
38:59 sachez que chacune des heures, chacun des jours,
39:01 sera dédiée à démonter les fausses informations
39:03 du gouvernement.
39:05 - Mais le débat n'avance pas, le chahut dans l'hémicycle,
39:07 les provocations, les insultes,
39:09 ce n'est pas votre genre.
39:11 - Les divergences de stratégie avec les Insoumis
39:13 sont de plus en plus visibles.
39:15 Au dernier jour des discussions,
39:17 vous jetez un pavé dans la NUPES.
39:19 Dans une interview,
39:21 vous fustigez un raté stratégique
39:23 de la France Insoumise.
39:25 Un raté qui n'a pas permis, selon vous,
39:27 d'avoir un vote sur l'article 7,
39:29 celui sur les 64 ans.
39:31 La bataille des retraites a laissé des traces
39:33 dans la NUPES.
39:35 Elle devrait se fissurer un peu plus
39:37 avec les européennes de 2024.
39:39 - Vous ne voulez pas de liste commune,
39:41 les communistes non plus.
39:43 Alors, Cyrille Chatelain,
39:45 n'est-ce pas le signe que cette alliance
39:47 est en péril ?
39:49 - Réponse ?
39:51 - Non, absolument pas.
39:53 Oui, on a eu des désaccords tactiques
39:55 pendant la réforme des retraites.
39:57 Mais on voulait aller à l'article 7.
39:59 On pensait qu'il fallait aller à ce débat
40:01 et potentiellement même aller au vote.
40:03 - Vous pensez que les Insoumis
40:05 ont une part de responsabilité ?
40:07 - Je pense que ça faisait débat
40:09 même chez eux, même entre eux.
40:11 - Ou alors, on va dire autrement,
40:13 les mélanchonistes de l'Assemblée.
40:15 - La question qui nous animait
40:17 tous à ce moment-là, c'était comment
40:19 représenter au mieux à l'Assemblée
40:21 le mouvement qu'il y avait dans la rue.
40:23 On a conscience de l'ampleur de cette réforme,
40:25 de l'impact qu'il va avoir sur la vie des gens.
40:27 Nous, on pensait que c'était en ayant le débat.
40:29 Eux, ils pensaient que c'était en ne lâchant rien,
40:31 point par point, et en ne permettant pas
40:33 qu'un coup d'éclat,
40:35 ils puissent obtenir un vote qui permettrait
40:37 de légitimer quelque chose. - Et vous avez perdu.
40:39 - Oui, mais nous, on a enlevé nos amendements.
40:41 C'est ça, la nupèce.
40:43 Chacun, on se parle,
40:45 on construit des choses, et après,
40:47 s'il y a des moments de désaccord, chacun suit sa stratégie.
40:49 Nous avons enlevé nos amendements. Le PS a enlevé ses amendements.
40:51 Le PCR a enlevé ses amendements.
40:53 Et oui, on a eu un désaccord. - Vous avez un désaccord
40:55 qu'on a bien compris. - Mais c'était ponctuel.
40:57 - Ponctuel, dites-vous,
40:59 sur les retraites, vous l'avez assumé.
41:01 Alors ponctuel aussi sur les européennes.
41:03 Vous savez ce que disait Mathilde Panot à votre place
41:05 il y a quelques jours ? Elle disait que si la nupèce
41:07 faisait cause commune aux européennes,
41:09 tous les sondages le montrent,
41:11 la nupèce arrive en tête devant le RN.
41:13 Les derniers sondages la mettent à 27%.
41:15 Sacrée, quand même, une sacrée dynamique à gauche, non ?
41:17 - Mais moi, je pense que la dynamique
41:19 à gauche, c'est d'envoyer
41:21 le plus de parlementaires européens
41:23 siégés en Europe pour faire face à la droite
41:25 et à l'extrême droite européenne.
41:27 Aujourd'hui, c'est d'avoir des listes
41:29 qui représentent chacune
41:31 des différentes identités de la gauche
41:33 et des écologies, ce qu'ils permettent.
41:35 Par contre, là où on doit continuer,
41:37 et on fait notre travail commun,
41:39 c'est de construire un projet pour 2027.
41:41 Et je pense que c'est force, là,
41:43 qu'on va aller puiser chacun...
41:45 - Alors, l'Europe fait partie aussi des projets pour 2027.
41:47 - Mais bien sûr.
41:49 - Est-ce qu'il y a de gauches irréconciliables
41:51 sur l'Europe, encore aujourd'hui ?
41:53 - Non, il n'y a pas de gauches irréconciliables sur l'Europe.
41:55 La preuve, par exemple, le travail qu'on a fait
41:57 sur la loi de programmation militaire.
41:59 On a réussi à travailler des amendements communs
42:01 avec le chef de file Léphy
42:03 et la chef de file d'UPS pour, par exemple,
42:05 travailler sur l'augmentation des coopérations
42:07 avec les autres pays européens.
42:09 - C'est pas exactement la même chose, la question européenne,
42:11 même si ça y participe, la loi de programmation militaire.
42:13 - Non, parce que nous, ce qu'on portait
42:15 au sein de la loi de programmation militaire,
42:17 c'était l'Europe de la défense.
42:19 Et donc, c'est sur ce sujet-là, justement,
42:21 c'est sur les coopérations européennes en matière de défense,
42:23 en matière d'industrie militaire, qu'on arrive à avancer.
42:25 - Et la position sur la Russie, sur Poutine,
42:27 sur les critiques des traités, tout ça, vous êtes au diapason
42:30 avec les insoumis sur l'Europe ?
42:32 - C'est sur ça qu'on vous dit, c'est la question de la coalition.
42:34 Chacun des fonds, ses points de vue,
42:36 et après, on construit du commun,
42:38 on construit des positions communes.
42:40 Et c'est pour ça que je pense, dès qu'on a un désaccord,
42:42 on parle de fragilité. Moi, je pense aujourd'hui
42:44 d'une démocratie mature, comme ça se fait
42:46 chez tous nos collègues européens.
42:48 On assume nos différences et on monte démocratiquement.
42:50 On arrive à construire des solutions.
42:52 - Vous auriez pu en construire aux Européennes,
42:54 avec les socialistes. Pourquoi vous les acceptez pas
42:56 ou pas ? - Là, vous pensez pareil sur l'Europe.
42:58 - Non, mais la question, aujourd'hui, nous,
43:00 on porte une liste écologiste, parce qu'on pense
43:02 qu'on a un message écologiste sur l'Europe.
43:04 Et moi, ce que je pense, c'est que chacun doit pouvoir porter
43:06 son message et que surtout, on doit dire
43:08 "Mais en fait, si vous vous êtes reconnus parmi nous,
43:10 "aux Européennes, nous aurons un seul candidat
43:12 "ou une seule candidate en 2027 et on vous amène
43:14 "à voter pour nous pour changer de majorité en France."
43:16 - Qui sera chef de file ?
43:18 Qui sera chef de file des écologistes haute-européenne ?
43:20 - Alors ça, on le saura bientôt,
43:22 sans doute mi-juillet.
43:24 On a deux candidats,
43:26 David Cormand,
43:28 Marie Toussaint, voilà, ça va être décidé
43:30 par la démocratie interne.
43:32 - Décidé par la démocratie interne, tout à fait.
43:34 - C'est facile de piloter ce groupe écolo,
43:36 aujourd'hui.
43:38 Est-ce que c'est facile de faire cohabiter, par exemple,
43:40 Sandrine Rousseau et Julien Baillot, aujourd'hui ?
43:42 - Mais en tout cas, c'est...
43:44 Il y a quelque chose d'une évidence,
43:46 chez nous, c'est qu'en fait, on n'a pas le droit
43:48 à l'erreur. On n'a pas le droit à l'erreur
43:50 parce que le débat qu'on vient d'avoir
43:52 montre l'urgence du moment.
43:54 Et en fait, quels que soient
43:56 les désaccords qu'on peut avoir,
43:58 les désaccords interpersonnels...
44:00 - Mais c'est de là que je vous cite,
44:02 Syria Chatelain, Rousseau-Baillot,
44:04 ils ne parlent plus aujourd'hui, c'est polaire, entre eux.
44:06 - Mais en fait, la question, c'est qu'on travaille ensemble,
44:08 parce qu'on a le même objectif.
44:10 Et en fait, ces questions-là,
44:12 aujourd'hui, nous, à l'Assemblée nationale,
44:14 la question, c'est de tracer la voie et de dire
44:16 à toutes les personnes qui s'inquiètent pour leur avenir
44:18 par rapport au réchauffement climatique,
44:20 nous nous battons pour nous.
44:22 - On ne va pas y passer trop de temps,
44:24 mais quand même, est-ce que vous regrettez
44:26 ce qu'a fait Sandrine Rousseau dans l'affaire Baillot ?
44:28 Est-ce qu'elle a commis une faute ?
44:30 Elle ne regrette rien des propos qu'elle a tenus
44:32 sur le plateau de ses tavous
44:34 accusant de violence ou de harcèlement,
44:36 plutôt, psychologique,
44:38 de Julien Baillot à l'encontre d'une ancienne campagne.
44:40 Compagne, pardonnez-moi.
44:42 Ca, ça laisse des traces ou pas ?
44:44 - Aujourd'hui,
44:46 on en a beaucoup débattu.
44:48 On a eu des semaines du temps
44:50 qu'on a, nous, pour travailler.
44:52 Aujourd'hui, cette question-là...
44:54 - Allez. - Non, mais on a un groupe qui fonctionne.
44:56 - Vous ne me répondez pas, mais ce n'est pas grave.
44:58 - Je ne vois pas l'intérêt de déterrer les débats
45:00 d'il y a un an. - Alors, on ne déterre pas,
45:02 on avance. - On a un groupe qui fonctionne.
45:04 - Vous n'êtes pas tendre avec le gouvernement
45:06 qui a quand même repris l'idée de planification écologique
45:08 que vous défendiez.
45:10 Il parle désormais d'adaptation
45:12 au réchauffement climatique.
45:14 Vous en parlez. De sobriété,
45:16 ça n'est plus un gros mot.
45:18 Il va mettre des milliards sur la table dans le cadre de France 2030
45:20 pour investir massivement
45:22 dans la transition.
45:24 Tout ça, ce n'est pas bien.
45:26 - Prenons l'exemple de la planification.
45:28 Aujourd'hui, la planification
45:30 revient... Enfin, Elisabeth Borne
45:32 l'a présentée. C'était plutôt
45:34 un état des lieux. J'appelle ça un état des lieux
45:36 parce qu'une planification, ça donne des objectifs
45:38 et ça donne des moyens pour l'atteindre.
45:40 Au même moment, on a le décret
45:42 qui sort sur l'interdiction des liaisons intérieures.
45:44 Il y en a trois qui sont interdites.
45:46 La Convention citoyenne pour le climat,
45:48 c'était les vols, s'il y avait une alternative...
45:50 - 4 heures. - 4 heures.
45:52 Là, c'est trois liaisons interdites. - 2h30 seulement.
45:54 - Mais ce n'est même pas 2h30.
45:56 On a trouvé le moyen de ces 2h30 de regarder
45:58 comment on pouvait impacter le moins possible
46:00 le déplacement aérien.
46:02 Un autre exemple. Il y a encore une semaine,
46:04 on a voté une autoroute qui fait 16 km
46:06 en Savoie.
46:08 Ça ne fonctionne pas.
46:10 Il n'y a que des mots.
46:12 - C'est une hypocrisie pour vous.
46:14 - Il y a même une capitulation sur la question environnementale.
46:16 C'est ça que je constate.
46:18 - Capitulation, vous êtes célèbre.
46:20 - Mais 2030, pour réduire drastiquement
46:22 nos émissions de gaz à effet de serre,
46:24 on n'a plus le temps
46:26 de se payer le mot.
46:28 - Le projet de loi industrie verte,
46:30 l'idée de ramener des usines pour construire
46:32 par exemple dans l'hydrogène,
46:34 pour les énergies vertes, le solaire,
46:36 l'éolien offshore,
46:38 les batteries électriques, ça ne va pas dans le bon sens.
46:40 - C'est favorable à la réindustrialisation
46:42 puisqu'il faut aujourd'hui être face à l'impact environnemental
46:44 de nos modes de vie. Par contre,
46:46 il faut aller sur la sobriété.
46:48 Quels sont les objectifs en termes
46:50 de réduction des impacts en eau ?
46:52 Quels sont les objectifs en termes de réduction des impacts en terre ?
46:54 Comment on fait sur les minerais
46:56 et tous les mineraux rares ?
46:58 C'est cette question-là qui est au cœur du débat sur l'industrie verte.
47:00 Elles ne sont pas dans le projet de loi.
47:02 Et il manque un volet consommation.
47:04 Oui, pour réindustrialiser, par contre,
47:06 on doit poser la question de quoi a-t-on besoin ?
47:08 Est-ce qu'on a besoin, pour continuer
47:10 à faire fonctionner cette machine à consommer,
47:12 d'avoir des outils dont la qualité est dégradée
47:14 pour faire de l'obsolescence programmée ?
47:16 - J'entends que sous ce volet,
47:18 rendez-vous de l'hémicycle,
47:20 vous pourriez voter ?
47:22 - On aura beaucoup de propositions.
47:24 Charles Fournier, notre chef de file, va sortir un manifeste
47:26 sur la question de la réindustrialisation.
47:28 Oui, on a besoin de penser comment on produit
47:30 dans le respect de nos limites planétaires.
47:32 - On verra ça. Vous reviendrez pour parler de ce projet de loi.
47:34 - Avec grand plaisir.
47:36 - On a parlé de la loi climat,
47:38 la lutte contre le tout béton,
47:40 les aides et feux, on voit qu'il faut encore convaincre les gens.
47:42 - Et toutes les questions aussi sociales,
47:44 on se bat sur la question du pouvoir d'achat également.
47:46 Aujourd'hui, il faut donner des moyens
47:48 aux gens de pouvoir acheter aussi de qualité,
47:50 de pouvoir s'alimenter.
47:52 Il faut que le bio, ça ne devienne plus quelque chose pour les riches.
47:54 Il faut que ça soit accessible à tous.
47:56 - C'est ambitieux comme programme.
47:58 Vous restez avec moi, Cériel Chatelain.
48:00 C'est l'heure d'accueillir les partis pris,
48:02 les affranchis.
48:04 On les accueille tout de suite.
48:06 La féministe Léa Chamboncel,
48:08 les journalistes fondatrices du podcast "Popol"
48:10 et Thomas Lestavelle.
48:12 Bonsoir.
48:14 Vous nous parlez ce soir d'une innovation anglaise,
48:16 britannique.
48:18 On verra ce qu'il en est.
48:20 On commence avec vous, Léa.
48:22 Avis de recherche, je le disais.
48:24 Où est passée cette proposition de loi
48:26 qui devait inscrire l'IVG dans la Constitution
48:28 le 8 mars dernier, lors de l'hommage à Gisèle Halimi ?
48:30 Emmanuel Macron promettait de préparer
48:32 un projet de loi.
48:34 Où en est-on ?
48:36 - Nulle part, nous dit la sénatrice socialiste
48:38 Laurence Sosignol, qui, avec d'autres femmes
48:40 parlementaires, comme la députée Eléphie Mathilpano
48:42 ou la sénatrice écolo Mélanie Vogel,
48:44 viennent d'interpeller le chef de l'Etat
48:46 pour, je cite,
48:48 "l'exhorter à agir et à cesser de procrastiner".
48:50 En effet, côté exécutif,
48:52 cela fait 15 semaines
48:54 que c'est totalement silence radio,
48:56 alors que les parlementaires ont trouvé un accord
48:58 pour constitutionnaliser ce droit.
49:00 Une proposition de loi, présentée par Mathilpano,
49:02 a été adoptée ici même,
49:04 à l'Assemblée nationale, en novembre 2022,
49:06 et le Sénat a également adopté
49:08 une version un petit peu remaniée
49:10 du texte, en février dernier.
49:12 Mais, bon, sommes-nous surpris de ce silence ?
49:14 Eh bien, non, pas tout à fait, car
49:16 Emmanuel Macron semble être un peu coutumier
49:18 du fait, étant donné qu'il avait déjà émis
49:20 le souhait d'inscrire ce droit à l'avortement
49:22 dans un texte à valeur supralégislative,
49:24 alors que la France présidait
49:26 l'Union européenne. C'était en janvier
49:28 dernier, au Parlement européen,
49:30 là où il avait prononcé ses mots devant
49:32 Roberta Metzola, qui était la présidente
49:34 anti-choix de l'institution, alors fraîchement
49:36 élue. Je cite.
49:38 Bon, alors, après, c'est plus compliqué,
49:50 pour, au niveau européen,
49:52 convaincre l'ensemble des Etats membres.
49:54 Oui, effectivement, allez,
49:56 ça décharge, laissons-lui le bénéfice
49:58 du doute, mais peut-être que c'est
50:00 pour cette raison que le chef de l'Etat a préféré
50:02 porter ce projet au niveau national et non plus
50:04 au niveau européen. Mais comment expliquer
50:06 ce silence depuis le 8 mars dernier ?
50:08 Pour être tout à fait honnête avec vous,
50:10 Mériam, je dois partager ici mon
50:12 inquiétude, parce que le président
50:14 de la République a quand même cette facilité
50:16 à se montrer soi-disant féministe
50:18 quand ça l'arrange. Il est un peu opportuniste
50:20 sur ce créneau. Par ailleurs,
50:22 il a annoncé que cette inscription de l'IVG
50:24 dans la Constitution serait faite
50:26 via une réforme constitutionnelle plus globale.
50:28 Et étant donné les forces politiques en ce moment
50:30 et la majorité politique toute relative
50:32 à l'Assemblée nationale, on peut craindre
50:34 que cette réforme ne passe pas.
50:36 Il y a pourtant urgence, comme en témoignent
50:38 d'ailleurs les récentes attaques du planning
50:40 familial et les campagnes de désinformation
50:42 qui sont menées par les anti-IVG.
50:44 Alors, ce soir, nous avons aussi
50:46 de quoi nous inquiéter et je voudrais demander
50:48 à monsieur le président de la République
50:50 de bien vouloir, pour une fois, tenir ses promesses.
50:52 -Eh bien voilà, en voilà un parti pris.
50:54 Un message au sommet de l'Etat.
50:56 Vous vous étonnez aussi d'une forme, quoi,
50:58 d'attentisme sur ce sujet ?
51:00 -Non, parce que
51:02 cette hypocrisie, on le voit sur d'autres sujets.
51:04 Moi, je sais que c'est porté par des parlementaires
51:06 de la NUPES de grande qualité. Je sais qu'elles vont
51:08 continuer ce combat-là. On parlait
51:10 de désobéissance civile. Je voudrais juste me souvenir
51:12 qu'aujourd'hui, si on a le droit à l'avortement
51:14 en France, c'est parce que des femmes ont désobéi.
51:16 Si on a le droit de vote, c'est parce que des femmes ont désobéi.
51:18 Et donc, la désobéissante, elle est inscrite
51:20 dans nos modes d'action et elle a souvent amené
51:22 à des progressions et à des droits nouveaux.
51:24 -Allez, Thomas Lestavelle, vous allez faire réagir
51:26 Cyriel Sattelin. Bonsoir à vous.
51:28 La captation de CO2, projet
51:30 séduisant sur le papier qui nous vient du Royaume-Uni.
51:32 -Effectivement. Alors Londres
51:34 a annoncé hier un plan à 20 milliards
51:36 de livres, donc à peu près 20 milliards d'euros,
51:38 pour développer la captation de CO2.
51:40 Alors concrètement, il s'agit en fait de stocker
51:42 du carbone sous la mer du Nord et le
51:44 potentiel sur le papier est énorme. On parle
51:46 de 70 milliards de tonnes de CO2
51:48 qui pourraient être logées. -Alors, ça paraît
51:50 assez logique comme idée, mais comment ça marche ?
51:52 Capter le CO2 sous la mer ?
51:54 -Oui, alors en fait, le principe est simple,
51:56 effectivement. On a des industriels très polluants,
51:58 donc par exemple les fabricants de ciment ou d'acier,
52:00 qui vont verdir leur méthode
52:02 de production, mais il y a une limite et ils
52:04 continueront malgré tout à émettre un peu, voire
52:06 beaucoup de carbone. Pour ces émissions
52:08 résiduelles, eh bien, qu'est-ce
52:10 qu'on peut faire ? Eh bien, on peut les annuler,
52:12 donc c'est un peu cette idée de capturer le CO2.
52:14 Alors le GIEC lui-même, ce collectif
52:16 de scientifiques qui rédige le fameux rapport
52:18 de référence sur le changement climatique,
52:20 le dit, la séquestration de CO2
52:22 fait bien partie des outils qui nous permettront
52:24 d'atteindre la neutralité carbone
52:26 en 2050. -Je ne vous sens pas très
52:28 emballée. -Alors, effectivement, Myriam.
52:30 Déjà, une chose, c'est que la captation de carbone,
52:32 c'est joli sur le papier, mais pour l'instant, c'est totalement anecdotique.
52:34 On a seulement quelques milliers de tonnes
52:36 de CO2 qui ont été retirées de l'atmosphère
52:38 grâce à cette techno, et les
52:40 besoins, c'est 5 à 10 milliards de tonnes
52:42 chaque année qu'il faudrait retirer pour
52:44 respecter les accords de Paris, donc on en est
52:46 très très loin. Alors, vous allez me dire,
52:48 laissons le temps au temps, ça va monter en puissance,
52:50 ok, mais les ONG sont assez
52:52 sceptiques, et moi aussi je dois l'avouer, sur certains
52:54 procédés. Une start-up américaine
52:56 qui s'appelle Running Tide, qui veut
52:58 planter des algues au fond des océans pour
53:00 stocker le carbone. On a plusieurs scientifiques
53:02 qui faisaient partie de cette société, qui ont démissionné,
53:04 car ils s'inquiètent sur l'impact sur
53:06 la biodiversité. Et plus près de chez nous,
53:08 on a en Allemagne ou au Pays-Bas des projets, mais
53:10 des fortes oppositions dériverains
53:12 qui ne veulent absolument pas qu'on stocke du CO2
53:14 sous terre près de chez eux. Bon, il y a pas mal de résistances,
53:16 des obstacles, on l'entend. Faut renoncer
53:18 pour vous, carrément ? Alors,
53:20 soyons clairs, aucune piste doit être écartée
53:22 quand on parle de lutte contre le réchauffement planétaire,
53:24 mais l'idée de pouvoir annuler, entre guillemets,
53:26 les émissions de carbone, c'est assez dangereux.
53:28 Si on regarde des entreprises comme Orange
53:30 ou Holcim, qui clament qu'elles atteindront
53:32 le zéro carbone en misant notamment
53:34 sur la séquestration de CO2, on peut s'interroger.
53:36 Cette techno n'a pas encore fait ses preuves,
53:38 et surtout, ça nous donne une impression qui peut
53:40 être totalement illusoire, qu'on peut finalement un peu
53:42 relâcher les efforts, et c'est absolument
53:44 pas le cas. Alors, il y a un levier de décarbonation
53:46 très simple, très efficace, vous en avez
53:48 parlé, ça repose sur nous tous, ça s'appelle
53:50 la sobriété dans les modes de vie.
53:52 Et triste rappel, l'an dernier, les émissions
53:54 de CO2 d'origine fossile ont encore
53:56 battu un record, donc la captation carbone,
53:58 pourquoi pas, ça se tente, mais gare
54:00 au greenwashing et surtout, attention
54:02 au mirage du solutionnisme technologique.
54:04 Ah, ça va vous plaire, vous avez 10 secondes, vous avez pris
54:06 plein de notes, mais vous avez 10 secondes.
54:08 C'est une manière de ne pas affronter le sujet,
54:10 et ne pas changer de modèle,
54:12 et un modèle qui est extrêmement producteur
54:14 d'émissions. C'est vrai que le mot
54:16 "démission résiduelle" pour des très
54:18 grands pollueurs, en fait, ce n'est pas ça la question,
54:20 il faut complètement changer le modèle.
54:22 C'est pas cette captation qui le résoudra,
54:24 et il faut affronter la question.
54:26 Allez, on rejoint comme promis Valérie Brochard
54:28 en ce 21 juin. Bonsoir Valérie.
54:30 Vous êtes dans les jardins de l'hôtel
54:32 de la Sey, quel est le programme, et
54:34 quelle est l'ambiance sur place ?
54:36 (musique)
54:38 (musique)
54:40 Wow, wow, Myriam !
54:42 Non, évidemment, je ne vais pas chanter, on va éviter
54:44 de faire venir la pluie ici
54:46 dans la cour de l'hôtel de la Sey,
54:48 où est organisée la fête de la musique.
54:50 Une fête de la musique
54:52 qui s'est voulue très
54:54 éclectique, avec une
54:56 programmation très originale voulue par
54:58 la présidente de l'Assemblée nationale.
55:00 Tout a commencé à 18h30
55:02 avec un groupe de swing,
55:04 et là, vous l'entendez juste en face
55:06 de moi, c'est la fanfare, les "Beautiful
55:08 People" qui mettent une ambiance
55:10 de folie ici dans la cour de la
55:12 Sey. Je vous laisse en profiter quelques
55:14 secondes avant de rejoindre
55:16 des mélomanes,
55:18 des députés mélomanes,
55:20 et notamment vous,
55:22 Sébastien Jumel, vous êtes député communiste.
55:24 Alors, vous êtes là ce soir pour
55:26 profiter de la fête de la musique. Dites-moi,
55:28 ça change un petit peu de l'ambiance rock'n'roll qu'il y a
55:30 souvent dans l'hémicycle ?
55:32 - Un peu de musique dans ce monde de brut, ça peut pas faire de mal.
55:34 Un peu d'humanité.
55:36 La musique, c'est tout ça.
55:38 Cette belle initiative de la fête de la
55:40 musique pousse les murs de l'Assemblée.
55:42 Ça me rend heureux.
55:44 Après, vous dire que je préférerais pas être
55:46 à Diable, je vous mentirais.
55:48 Mais c'est une belle initiative qu'il faut saluer.
55:50 Les gens ont l'air bien,
55:52 les gens ont l'air d'être heureux.
55:54 Poser, peser.
55:56 Peut-être que ça devrait nous donner
55:58 de l'énergie pour les vacances.
56:00 - Super, merci beaucoup.
56:02 On vous laisse profiter de la fanfare.
56:04 On va retrouver tout de suite
56:06 les musiciens de la Batoukada.
56:08 Je vous en ai pas parlé, mais plus tard,
56:10 à 21h, il y aura une Batoukada
56:12 ici aussi, dans
56:14 l'enceinte de l'Assemblée nationale.
56:16 Dites-moi,
56:18 est-ce que ça vous fait quelque chose
56:20 de jouer ce soir dans cet endroit emblématique ?
56:22 La maison du peuple, ce soir.
56:24 - Bien sûr.
56:26 Très fier d'ouvrir l'été,
56:28 de faire connaître la musique,
56:30 de faire connaître la culture brésilienne,
56:32 grâce à Aquarela, la plus vieille école de samba de Paris.
56:34 Si on peut partager du samba,
56:36 du bonheur, c'est tout gagné.
56:38 - Est-ce que, pour être invité
56:40 à jouer ce soir dans l'Assemblée nationale,
56:42 est-ce qu'il a fallu passer une audition ?
56:44 Est-ce que vous avez passé une audition
56:46 avec la présidente de l'Assemblée nationale ?
56:48 - Notre audition s'est passée il y a 40 ans,
56:50 à travers un vieil ami qui nous connait très bien,
56:52 qui connait très bien l'école de samba
56:54 à Aquarela,
56:56 et qui nous a invités ce soir.
56:58 - On vous écoutera évidemment tout à l'heure,
57:00 Myriam aussi, évidemment.
57:02 Et puis, vous savez quoi ?
57:04 J'ai envie de vous parler aussi du public.
57:06 Bien sûr, nous sommes quelques centaines
57:08 de personnes réunies dans l'hôtel,
57:10 dans la cour de l'hôtel de la Seine.
57:12 Il y a des membres du personnel
57:14 de l'Assemblée nationale, évidemment,
57:16 mais il y a aussi des citoyens,
57:18 comme vous et moi, qui avaient envie de profiter
57:20 également de cette formidable initiative,
57:22 dont Quentin.
57:24 - Quentin, ne bouge pas !
57:26 Est-ce que cette fête de la musique,
57:28 elle est réussie ?
57:30 - Oui, je pense qu'elle est réussie,
57:32 mais personnellement, je préfère le deuxième groupe
57:34 au premier, mais oui, elle est réussie.
57:36 Vous avez rassemblé beaucoup de monde,
57:38 et ça, c'est plutôt bien.
57:40 - Ce n'est pas la première fois, toi,
57:42 que tu fais la fête de la musique ?
57:44 - Non, je l'ai fait plusieurs fois,
57:46 pas ici, mais voilà, là, c'est la première fois
57:48 que je la fais ici.
57:50 Mais sinon, oui, je la fais autre part,
57:52 à plusieurs endroits.
57:54 Est-ce que tu fais aussi,
57:56 parce qu'on aimerait un petit peu qu'il y ait de la musique
57:58 derrière toi, donc évidemment, la fanfare
58:00 se prépare, parce que j'ai appris
58:02 que tu étais aussi danseur.
58:04 - Oui.
58:06 - Qu'est-ce que tu fais exactement comme danse ?
58:08 - J'ai fait 6 ans de classique,
58:10 et puis là, en ce moment,
58:12 je fais du jazz, et je suis admis
58:14 à un collège, J. Van Le Tak.
58:16 - Tu sais quoi ? Le mieux, c'est que tu nous fasses
58:18 une petite démonstration, comme ça, Myriam
58:20 et tous vos invités en plateau, je vous laisse terminer
58:22 en musique et en danse.
58:24 [Musique]
58:34 - Ah, génial !
58:36 Formidable !
58:38 - Génial, le petit silence avant.
58:40 [Musique]
58:46 - Oh, c'est formidable !
58:48 Wow !
58:50 Attention, quand même !
58:52 [Musique]
58:54 - La chaise !
58:56 - Génial !
58:58 - Trop mignon.
59:00 - Merci, merci un immense
59:02 merci à la géniale
59:04 Valérie Brochard pour ce moment.
59:06 On y va, Cyril Chatelain ?
59:08 On les rejoint, ce soir ?
59:10 Vous aimez la musique ?
59:12 - C'est parti ! - Et la danse.
59:14 - Merci à vous d'être venus en direct sur le plateau
59:16 de la TV, les Affranchis, à très vite,
59:18 c'est la fin de cette émission, très belle fête de la musique.
59:20 Et à demain, la mieux-même.
59:22 [Musique]
59:36 Merci.

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